L’Ourartou
L’histoire
Du  IXe  siècle  à  vers  585  av.J.C
 

Nous avons besoin de vous

 

 Pour plus de détails voir aussi :  L’Ourartou, la civilisation l’Arménie

 

   Au Ier millénaire av.J.C, les tribus Hourrites de la région du Lac de Van se regroupèrent en une nouvelle entité politique pour lutter contre les Assyriens, leurs turbulents et puissants voisins qui avaient des visées sur leurs territoires, en créant ainsi le royaume d’Ourartou, qui comprit la totalité du plateau Arménien, depuis le Kurdistan jusqu’au versant méridional des Alpes Pontiques. Cet État était appelé Biai ou Biainili par ses habitants, Uruatri et Urartu dans les sources Assyriennes. Le processus d’unification des tribus montagnardes dura longtemps et n’aboutit qu’au IXe siècle. Ce fut en 855, qu’apparut pour la première fois l'”Ourartou” dans les tablettes Assyriennes, avec la mention d’un Roi un certain “Aramu d’Ourartou". Les conflits armés et la rivalité entre la puissance Assyrienne et Ourartéenne s’alternèrent avec des périodes d’ententes. Certains Rois Ourartéens firent composer des annales, à l’image de leurs homologues Assyriens où ils commémoraient leurs exploits militaires et leurs grands travaux. Les textes les plus anciens furent rédigés en langue Assyrienne, les plus récents en Ourartéen.
 

   Au début du Ier millénaire, les Arméniens / Hayasa-Azzi, en provenance d’Anatolie occidentale, atteignirent les vallées du Haut Euphrate. À cette époque, le territoire de l’Arménie historique était occupé comme dit plus haut par des tribus Hourrites. Entre 1200 et 800, une grande partie de l’Arménie fut unie dans le cadre d’une confédération de royaumes, que les sources Assyriennes appelèrent, Nihriya (ou Nairi ou Mahri ou Nari “Terre des cours d’eau“, région proche du lac de Van). L’Empereur d’Assyrie, Téglath-Phalasar I (1116-1077) fit ériger une stèle à Yoncali, à l’extrémité Ouest de la plaine de Bulanik (Ville de la province orientale de Mus en Turquie) qui commémorait sa victoire sur 23 “Rois” de Nihriya. Selon quelques spécialistes ce sont sans doute ces gens de Nihiriya qui s’unirent et fondèrent le royaume de l’Ourartou pour faire face à la pression Assyrienne. C’est semble t-il à partir du IXe siècle que l’on peu parler d’entité politique et de royaume de l’Ourartou qui allait prospérer dans le Caucase et l’Est de l’Asie Mineure sur le plateau dans le territoire Arménien.
La datation des souverains de l’Ourartou est loin de faire l’unanimité. (Pour d’autres renseignements voir aussi Ourartou, la civilisation, L’origine).
 
   La tradition retient Aramu (ou Arame, en Arménien : Արամ, 880 à 844 ou 860 à 843 ou 860 à 840 ou 858 à 844 ou vers 855 à 844 ou 850 à 840) comme le fondateur du royaume. Il aurait unit toutes les principautés Arméniennes et Hourrites, qu’il ajouta à son territoire et se donna le titre de “Roi des Rois“, titre qui deviendra traditionnel des Rois de l’Ourartou. Ce fut en 855 (on trouve aussi 858), qu’apparut pour la première fois le nom Ourartou dans les tablettes Assyriennes, avec la mention d’Aramu. Ces tablettes, qui sont les annales de l’Empereur Salmanazar III (859-824), racontent les campagnes de ce dernier contre Kakia, Roi de Nihriya (ou Nairi ou Mahri ou Nari). Certains spécialistes, comme Mirjo Salvini, pensent que le nom “Aramu” peut signifier “Syriens” et ne serait donc pas un nom propre. Salmanazar III lança trois campagnes contre Aramu, la dernière la 15è année de son règne, mais sans victoire totale. Dans les Annales il raconte comment il obtint allégeance de Daiaeni (ou Daiēni ou Daiani) qui était un membre de l’alliance des tribus de Nihriya, puis qu’il combattit et prit, vers 840, la ville royale d’Aramu, Arzashkun (ou Arzaškun). Aramu fuit alors sa capitale devant la puissance des armées Assyriennes dans la montagne Adduri.
 


 

Détail du bouclier de Sarduri II

   Salmanazar III détruisit la ville, comme c’est indiqué sur l’obélisque noir (Trouvé à Nimrud, et actuellement au British Museum). La destruction d’Arzashkun est également exposée sur les portes de bronze d’Imgur-Enlil (ou Balawat aujourd’hui). L’emplacement d’Arzashkun est inconnue, cette ville est située différemment en fonction des spécialistes, soit : Dans la région de lac Ourmia ; dans celle du lac de Van à Malazgirt, ou à Bostankaya entre Malazgirt et Patnos, ou encore à l’Ouest ou au Nord du lac de Van. Selon Robert H.Hewsen, Arzashkun se trouvait sur la rive Nord du lac de Van, probablement près de l’emplacement de l’ancienne Arjesh, aujourd’hui inondée par les eaux du lac. On ne sait pas ce que devint Aramu, mais il est certain qu’à partir de lui la formation d’un État centralisé d’Ourartou fut sûrement une réaction aux attaques Assyriennes de plus en plus importantes. Richard David Barnett considère la perturbation des routes commerciales à travers l’expansion Assyrienne comme un facteur décisif pour la lutte pour les ressources. Ce fut vraiment à partir du successeur d’Aramu que le territoire Ourartéen commença à s’étendre. Selon David Marshall Lang, le souvenir de ce Roi aurait inspiré le personnage du héro légendaire de la tradition Arménienne, Ara le Beau (en Arménien : Արա Գեղեցիկ)
 
   La succession d’Aramu n’est pas claire, la majorité des spécialistes placent après lui un dénommé Lutipris (ou Lutipri, 844 à 834), dont on ne sait rien, sauf une inscription qui affirme qu’il fut le père de son successeur. Il régna dans une période d’obscurité après la destruction de l’ancienne capitale Arzashkun (ou Arzaškun) par Salmanazar III, et avant la fondation par son fils de la nouvelle capitale à Tushpa (site de Van Kalesi, sur les bords du lac de Van). Sarduri I (ou Sapur ou Seduru ou Sarduris, en Arménien : Սարդուրի Ա, 840 à 830 ou 834 à 828 ou 833 à 825 ou 832 à 825) monta sur le trône et en 832 il transféra sa capitale d’Arzashkun à Tushpa. Il enregistra sur les murs de la nouvelle capitale une inscription, qui le décrit comme : “Roi des Rois, Roi de la terre de Nairi, Puissant Roi, Roi de l’Empire, Courageux dans la bataille, Roi qui soumet les rebelles, Roi qui reçoit l’hommage de tous les Rois“, sur le modèle des souverains de son grand voisin l’Assyrie. Cette inscription est écrite en cunéiforme Akkadien. Il eut lui aussi à combattre Salmanazar III qui envoya une expédition contre lui vers 832. Pendant son règne l’Ourartou devint un royaume fort et organisé et Sarduri I imposa des tributs très lourds aux pays voisins. Son fils lui succéda.


 

Détail d’un casque de Sarduri II

 
   Ishpuhini (ou Ishpuinis ou shpouhini ou Išpuini, en Arménien : Իշպւինի, 830 à 810 ou 828 à 810 ou 825 à 810 ou 825 à 806 ou 824 à 806) arriva sur le trône et partit de suite en campagne. Il prit la cité-État de Musasir (ou Mutsatsir, en Arménien : Մուծածիր, en Assyrien : Mu-ṣa-ṣir, en Ourartéen : Ardini), qui devint la ville Sainte de l’Empire, lieu de culte du Dieu Haldi (ou aldi ou Khaldi), qu’en générale on situe au Sud-ouest d’Ourmia, bien que sa localisation exacte n’a pas été attestée. Elle fut la capitale d’une petite principauté, située à la charnière entre les zones d’influences de l’Assyrie et de l’Ourartou d’où son importance pour Ishpuhini. Les textes de ces deux royaumes plaident pour une localisation dans les zones montagneuses du Kurdistan Irakien, peut-être vers l’actuelle ville de Rowanduz. Il a également été proposé par quelques spécialistes d’identifier cette ville avec le site archéologique de Rabat Tepe, situé dans le Nord-ouest de l’Iran. Puis le Roi s’empara du pays de Parsua, habité alors par les Mèdes et les Mannéens. Il mit en place les fondations du royaume dont son fils profitera. Sous son règne, les frontières se déplacèrent en direction de l’Araxe et du cours supérieur de l’Euphrate jusqu’aux rives du lac d’Ourmia.
 
   Il fut attaqué par l’Empereur d’Assyrie, Shamshi-Adad V (824-810) qu’il aurait vaincu. Dans ce conflit, l’Assyrie perdit une grande partie de ses zones d’influence au Nord-est, au profit de l’Ourartou qui contrôla les routes commerciales et les états vassaux dont l’Assyrie dépendait en matière de main d’œuvre et d’approvisionnement en métaux et chevaux. Vers la fin de son règne Ishpuhini mena une campagne avec son fils et successeur dans la partie Sud et Ouest du lac Ourmia. Ils luttèrent contre Uiteruhi (ou Uierui), Lusa et Katarza dans la vallée de l’Araxe, ainsi que contre le Roi d’Etiuni (ou Etiui ou Uērue) qui était une coalition tribale en Ararat au niveau de la partie supérieure de la vallée de l’Araxe en Transcaucasie. Il est généralement admis qu’ils sortirent vainqueur. Certains spécialistes avancent qu’il aurait eu un co-règne avec son fils pendant les dix dernières années de son règne. Selon Gérard Dédéyan il eut deux enfants : Menoua (ou Menuas ou Meinua), qui lui succéda et Inushpua.


 

Tablette en cunéiforme histoire de la fondation
de la forteresse d’Erebouni par Argishti I –
Erebuni museum – Erevan

 
   Menoua (ou Menua ou Menuas ou Meinua ou Menona ou Minua, en Arménien : Մենուա, 810 à 786 ou 810 à 785 ou 806 à 788), arriva au pouvoir et sous son règne, l’Ourartou devint encore plus puissant. Le Roi partit en conquête et prit la région du Alzi (Appelé Alshe) entre le haut-Tigre et l’Euphrate, puis il traversa le fleuve et soumit le Roi de Milid (ou Melid ou Arslantepe dans les faubourgs de Malatya aujourd’hui), au Gurgum (ou Kahramanmaraş). Il mena aussi de nombreuses expéditions, enregistrées dans des inscriptions, à la frontière avec le Hatti, où il reçut hommage du Roi de Mélitène (Ville dans l’Est de la Cappadoce, située sur la rive d’un affluent de l’Euphrate). Les frontières de l’Ourartou atteignaient maintenant : Des abords de l’Araxe, où il construisit un palais à Mesta (Ville dans le Sud ou l’Ouest de lac Ourmia), au cours supérieur de l’Euphrate, jusqu’aux rives du lac d’Ourmia.
 
   Cette extension territoriale s’accompagna d’un renforcement de l’autorité centrale qui s’appuyait sur une classe dirigeante naissante. Menoua fut aussi un grand bâtisseur, il construisit des temples et des villes avec de grandes forteresses, comme Menuakhinili (ou Menuakhinil ou Menuachinili) sur le mont Ararat et Qalatgah (au Sud-ouest du lac Ourmia). Il continua le développement du système d’irrigation commencé sous le règne de son père. Supérieur à 70 km. de longueur, le plus grand et le plus important canal d’irrigation fut le canal Menoua (ou Shamiram), qui fournit l’eau douce à la capitale de l’Ourartou, Tushpa. Il laissa sur tout son royaume un grand nombre d’inscriptions, plus de 90, en utilisant les écritures cunéiformes Mésopotamiennes dans la langue Ourartéenne. Il épousa une dénommée Tariria, son nom est connu d’une inscription, et son fils lui succéda.


 

Argishti I sur son char – Musée d’Erevan

 
     Argishti I (ou Argištiše ou Argišti ou Argischtis, en Arménien : Արգիշտի Ա, 786 à 764 ou 786 à 754 ou 785 à 766 ou 785 à 763 ou 785 à 756 ou 785 à 753) continua l’expansion du royaume commencée par son père Menoua. Dès ses premières années il mena une campagne vers l’Ouest, cherchant à s’emparer des principales routes commerciales contrôlées par les Assyriens et se procurer un accès à la Méditerranée. Il conquit la cité néo-Hittite de Lattaquié (ou Latakiyah ou Ladhiqiyya ou Laodicée ou Laodikeia ou Laodiceia) qui était la principale ville portuaire de la Syrie et parvint jusqu’à Byblos en Phénicie. Il déporta en Transcaucasie, les populations Hittite et Sophène qui auraient pu se révolter et lui reprendre le territoire qui lui assurait l’accès à la mer Méditerranée.
 
   Il construisit en 782 la ville d’Erebouni (ou Irbuni ou Arin-Berd ou Erebuni, actuelle Erevan) à l’aide de 6.600 prisonniers de guerre (La plaque de la fondation est d’ailleurs conservée) pour servir de fort et de citadelle de protection contre les attaques en provenances du Nord du Caucase. Dans le même temps il lança une expédition vers le Nord jusqu’au lac Sevan où il défit la coalition de tribus Diauehi (ou Diaokhi). Il occupa la haute vallée de l’Araxe, en Transcaucasie et y fonda des villes telles qu’Argishtikhinili (ou Armavir ou Sardarapat ou Hoktemberyan de nos jours) en 776. Selon Georgij Aleksandrovič Melikišvili, une inscription du Roi, à la forteresse d’Elar, à 20 km. au Nord d’Erevan, sur la route entre Erevan et le lac Sevan, mentionne sa victoire sur le pays Etiuni (ou Etiui ou Uērue) qui était une coalition tribale en Ararat au niveau de la vallée de l’Araxe en Transcaucasie et sur la ville de Darani dans le pays Uluani. L’Ourartou atteignit alors son maximum d’expansion territoriale, alors que l’Assyrie connut une période de régression politique. (Voir Mésopotamie, Assyrie). Son fils lui succéda.


 

Argishti I

 
   Sarduri II (ou Sapur ou Seduru ou Sarduris, en Arménien : Սարդուրի Բ, 766 à 733 ou 764 à 735 ou 763 à 735 ou 760 à 733 ou 756 à 730 ou 753 à 735) hérita d’un royaume puissant. Il profita de l’affaiblissement des Assyriens pour étendre ses territoires vers le Sud, il y ajouta le Gurgum et sa capitale Milid (ou Melid ou Arslantepe dans les faubourgs de Malatya aujourd’hui) et le Kummuhu (ou Commagène) et sa capitale Harran, sur la rive droite de l’Euphrate. Le Roi de Kummuhu soumis dut payer à Sarduri II en hommage, 40 mines d’or, 800 mines d’argent, 3.000 pièces de textiles, 200 boucliers en bronze etc. Vers le Nord, ses annales, gravées dans la falaise de l’acropole de Van, nous racontent qu’il mena deux campagnes (750-748 et 744-741) vers le lac Sevan, contre le pays de Kulha (ou Qulha, la Colchide). Lors de la première, il battit et fit prisonnier le Roi de Khouchalkhi, Khakhani et lors de la seconde, il prit, pilla et incendia la ville d’Idalmoucha, dont il déporta la population. Il défit la confédération d’États d’Uduri-Etiuni à l’extrémité Sud-est du Lac. Pour commémorer ses victoires et affirmer sa supériorité, Sarduri II fit ériger des stèles dans les principales cités de Colchide et fit graver sur une plaque en fer ses hauts faits. Pendant cette période, il poursuivit la politique de construction et d’embellissement du royaume commencée par son père.
 
   En 743, l’Assyrie sortit de sa période sombre et il dut faire face à l’expansionnisme de son Empereur Téglath-Phalasar III (745-727). Ce dernier, en 735, s’attaqua à l’Ourartou. Sarduri II forma alors une coalition avec les souverains : Matu-Ilu d’Arpad (Ville de Syrie au Nord-ouest d’Alep appelée actuellement Tell Rifat), Sulumal de Milid (ou Melid ou Arslantepe dans les faubourgs de Malatya aujourd’hui) et Tarhulara d’une autre partie du Gurgum (ou Kahramanmaraş). Cependant l’Assyrien remporta une importante victoire sur Sarduri II et ses alliés Syriens et marcha sur la capitale Tushpa qui fut prise la même année et le royaume fut dévasté. Certains spécialistes avancent que Téglath-Phalasar III ne put prendre la capitale. Le récit de la campagne fait, entre autres choses, partie d’une inscription fragmentaire (en argile cuite) de la stèle de Tasmetu (ou Tašmetu-Sarrat) dans le temple de Nabû à Nimrud (ou Kalkhû – ND 4301 + 4305) qui fut découverte en 1955. On apprend aussi que le souverain y trouva des chevaux inégalés pour ses chars de guerre. À Ulluba (Près de Kumme dans le Nord de la Mésopotamie) il fit construire une nouvelle forteresse, Ashur iqiša, que des habitants de Samal (ou Ja’udi ou Ya’udi) dirigèrent. L’Ourartou, qui malgré cette défaite restait une grande puissance tenta de remonter une coalition et Tyr, Sidon, Ascalon (ou Ashkelon) se soulevèrent, mais furent battues l’année suivante. On ne sait pas ce que devint Sarduri II, son fils lui succéda.
 

Limite  du  royaume  d’Ourartou  sous  Sarduri II
 

 

Cliquez sur un nom de ville ou de région

 


 

Bouclier de Sarduri II
Musée d’histoire de l’Arménie
– Erevan.

   Rousa I (ou Rusa, en Arménien : Րւսա Ա, 735 à 714 ou 733 à 714 ou 730 à 714) hérita d’un royaume complètement ruiné et à reconstruire, ce qu’il s’empressa de faire pendant une période de relative paix avec les Assyriens, le nouvel Empereur, Salmanasar V (727-722) devant affronter des querelles de succession. Les inscriptions le décrivent comme un grand bâtisseur et un guerrier courageux, fondateur de la nouvelle ville de Rushahinli (ou Rusakhinli), Rousa II est aussi crédité de cette construction ?. Il renonça à des revendications territoriales sur la Syrie, mais une intrigue du Tabal (ou Tubal, en dessous de la Cappadoce) à Musasir (ou Mutsatsir, en Arménien : Մուծածիր, en Assyrien : Mu-ṣa-ṣir, en Ourartéen : Ardini) pour un conflit frontalier avec l’Assyrie, et le pays des Mannéens (Royaume de Mannea) le força à réprimer plusieurs révoltes provinciales et à réduire le pouvoir des Gouverneurs pour exercer un contrôle plus étroit. Il dut aussi combattre les hordes de Cimmériens, qui traversèrent le Caucase et attaquèrent le Nord du lac Ourmia. À la suite de ces attaques, l’équilibre entre l’Ourartou et l’Assyrie fut définitivement modifié.
 
   Les combats reprirent et encore plus rudes avec le nouvel Empereur Assyrien, Sargon II (722-705). La première campagne contre l’Ourartou de l’Assyrien, en 719, ruina tous les efforts de Rousa I à néant. Après avoir vaincu l’allié de l’Ourartou, le royaume de Mannea où régnait le Roi Aza, fils d’Iranzu, qui avait été déposé par Ullusunu avec l’aide des Ourartéens, la guerre culmina avec la célèbre “huitième campagne” de Sargon II de 714, dont on possède le récit détaillé dans une lettre adressée par l’Empereur au Dieu Assur. Sargon II y expose comment, après avoir envahit une partie du territoire, il récupéra un important butin : Une tonne d’or, cinq tonnes d’argent et des milliers d’objets. Malgré tout ce ne fut pas une victoire totale pour Sargon II qui ne parvint pas à s’emparer des citadelles Ourartéennes. C’est pourquoi quand Rousa I mourut (Certains spécialistes avancent qu’il se suicida), pendant la guerre contre l’Assyrie et que son royaume fut dévasté, ni la dynastie, ni l’Ourartou ne cessèrent vraiment d’exister.
 
   Le Roi suivant, son fils Argishti II (ou Argištiše ou Argišti ou Argischtis, en Arménien : Արգիշտի Բ, 714 à 685 ou 714 à 680 ou 714 à 678) reprit la lutte contre les Assyriens, mais sous son règne il eut aussi à faire avec de multiples attaques des Cimmériens sur l’Ourartou contre qui, selon Gérard Dédéyan, il aurait perdu une bataille en 707. Toutefois sa contre-offensive sur les Assyriens força ces derniers à se retirer au-delà de ses frontières et il reprit des grandes villes à proximité du lac d’Ourmia, y compris Musasir (ou Mutsatsir ou Mu-ṣa-ṣir ou Ardini), Tepe (ou Tappeh, Markazi) et Ochnavieh (ou Ushnu ou Oshnaviyeh ou Ushnūīyeh). Il conquit ensuite de nouveaux territoires aussi loin au Sud que Nimrud, sur le fleuve Tigre, à 35 km de la capitale Assyrienne, Ninive. Ses victoires forcèrent les Assyriens à accepter une paix durable et la cession de vastes étendues de terre au Nord du Tigre qui permirent à l’Ourartou de reprendre une longue période de prospérité économique. Il est crédité de la construction de la forteresse d’Altintepe (Identifiée au site d’Üzümlü dans le district de la province d’Erzincan dans l’Est de la Turquie actuelle). Son fils lui succéda.
 
   Rousa II (ou Rusa, en Arménien : Րւսա Բ, 685 à 645 ou 680 à 650 ou 680 à 645 ou 680 à 639 ou 678 à 645 ou 678 à 640) qui lui succéda fut un grand bâtisseur. Pendant son règne, l’Ourartou devint une des grandes puissances de l’époque. Il construisit une nouvelle capitale/forteresse, Toprakkale (ou Rusahinili “ville de Rousa", en Arménien : Րւսահինիլի), située près de la ville moderne de Van et d’impressionnantes forteresses : Ayanis située près du village d’Aÿartÿ, à 38 km. au Nord de Tushpa et à 300 m. des rives du lac de Van ; Teishebani (ou Teshebani ou Teishebaini ou Teišeba) identifiée au site de Karmir Blur près d’Erevan et Bastam, dans le Nord-ouest de l’Iran moderne, au dessus du lac d’Ourmia dans l’actuelle province d’Azerbaïdjan occidental. Ces sites sont aujourd’hui nos principales sources de connaissance sur la culture des Ourartéens. Il développa également l’élevage et l’agriculture en améliorant encore le réseau d’irrigation déjà bien avancé sous ces prédécesseurs. Il ordonna la construction d’un canal creusé à partir du pays d’Aza, dans la plaine de l’Ararat, jusqu’à Kuera, dans la vallée de Kuarlini (ou Quarlini, aujourd’hui Etchmiadzine). Il fut appelé l’Ildarunia dans l’inscription de Rousa II. Ildarunia était un ancien nom local de la rivière Hrazdan.
 
   En 673, il dut lutter contre l’Empereur d’Assyrie, Assarhaddon (681-669) qui avait lancé une campagne contre le royaume. Rousa II se ​​targua dans une inscription du temple de sa forteresse de Toprakkale de sa victoire sur l’Assyrien. Dans une inscription de l’Empereur suivant, Assurbanipal (669-631 ou 626), il est appelé Jaja. Pendant son règne l’agitation croissante des Cimmériens et des Scythes devint une source permanente de préoccupation et fut précurseur des futures invasions de la fin du royaume au début du siècle suivant. Sa succession n’est pas claire, certains spécialistes avancent que ce fut peut-être Érimena qui aurait pu être son fils. Ce dernier est généralement donné comme un fils de Sarduri III ?. Cependant Érimena ne porta pas les noms royaux traditionnels, ce qui pourrait indiquer une rupture dans la succession dynastique ?. Les propositions d’ordre et de datation des Rois suivants sont donc très contestées.


 

Haut de carquois de Sarduri IIII
Musée de l’Ermitage
– Saint-Pétersbourg.

  
   Sarduri III (ou Sapur ou Seduru ou Sarduris, en Arménien : Արգիշտի Գ, 645 à 635 ou 639 à 635) fut le dernier Roi de l’Ourartou mentionné par les annales Assyriennes. À partir de son règne, l’Ourartou et l’Assyrie vont cesser de se combattre pour faire face à la nouvelle menace, l’association des Babyloniens et des Mèdes. Les victoires de ce Roi sont inscrites sur un monument érigé à un endroit appelé “la Porte du Trésor" à Tushpa, dans la citadelle de Van Kalesi. Lui suivit un Sarduri IV (en Arménien : Արգիշտի Դ, 635 à 625 ou 615 à 595), pour certains spécialistes son fils, dont on ne sait rien. Boris Borisovitch Piotrovskiĭ le donne comme le fils et successeur de Rousa III et frère de Rousa IV. Les capitales Assyriennes, Assur en 614 et Ninive en 612, tombèrent sous les coups des armées du Roi Mède, Cyaxare (633-585).
 
    En 609, sous le Roi Érimena (ou Erimena, 625 à 605 ou 635 à 629), peut-être un autre fils de Sarduri III, ou, selon Gérard Dédéyan, un frère de Rousa II, ce fut au tour de l’Ourartou de subir l’attaque des nouveaux envahisseurs Mèdes et Babyloniens. Ce Roi est très contesté, beaucoup pensent qu’il n’a jamais régné du fait de l’absence pour lui de noms royaux. Selon l’historien Arménien, Moïse de Khorène (ou Movsès Khorenatsi ou Movsēs Xorenac‘i, 410-v.490), Érimena est susceptible d’avoir aidé le Roi Cyaxare à conquérir l’Assyrie. Ce dernier en reconnaissance l’aurait nommé Roi de l’Ourartou nouvellement conquis. Une chronique Babylonienne cite une expédition dans la région montagneuse de Bit-Hanunya (ou Bit Hanounia) durant le règne du Roi Nabopolassar (626-605).
 
   En 590, le Roi Rousa III (ou Rusa ou Rusa Erimenai “Rousa fils d’Erimena“, 629 à 615 ou 629 à 590 ou 605 à 590 ou 605 à 585), fils d’Érimena, fut battu et la capitale, Toprakkale (ou Rusahinili) fut détruite par le Roi des Mèdes, Cyaxare allié aux Scythes. On ne sait pratiquement rien de son règne, son nom fut inscrit à Argishtikhinili (ou Armavir) et sur une série de boucliers en bronze du temple de Haldi trouvé à Toprakkale (ou Rusahinili), actuellement au British Museum. La fin de l’Ourartou reste méconnue. Pratiquement toutes les cités montrent des signes de destructions brutales où, semble-t-il, les Scythes prirent une part importante.
 
   En 585, Tushpa fut prise et le dernier Roi de l’Ourartou, Rousa IV (ou Rusa ou Rusa Rusai “Rousa, fils de Rousa“, 595 à 585 ou 590 à 585), vit son royaume envahit complètement par les Mèdes. De son règne les seules traces que nous avons sont des objets trouvés à Bastam et une tablette d’argile à Teishebani (ou Karmir Blur) mise au jour en 1955, son nom fut aussi trouvé à Toprakkale (ou Rusahinili). Dans les montagnes de l’Ourartou, une tribu Thraco-Illyrienne : les Haïkans (Les Arméniens) se retrouva fixée par ces derniers. Elle suivit leur destin lors de l’invasion Perse Achéménide juste après et en 331, elle forma le royaume d’Arménie. (Voir Arménie).
 
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur l’histoire de l’Ourartou voir les ouvrages de :
 
Richard David Barnett :
Ancient oriental influences on archaic Greece, pp : 212–238, The Aegean and the Near East (FS Hetty Goldman), Locust valley, 1956.
Hermann Born et Ursula Seidl :
Schutzwaffen aus Assyrien und Urartu, Verlag Sammlung Guttman bei Verlag Philipp von Zabern, Mainz am Rhein, 1995.
Eugène Cavaignac :
Données à propos des Rois d’Ourartou, Maisonneuve, Paris, 1958.
Altan Çilingiroğlu :
Rusa son of Argishti. Rusa II or Rusa III ?, pp : 21–29, Ancient Near Eastern Studies 45, Louvain, 2008.
Gérard Dédéyan :
Histoire du peuple Arménien, Privat, Toulouse, 1986 et 2007.
Marc Desti :
Les civilisations Anatoliennes, PUF, Paris, 1998.
David Frankel :
The ancient kingdom of Urartu, Londres, 1979.
Roman Ghirshman :
La civilisation Achéménide et l’Urartu, éditeur inconnu, 1960.
Volkert Haas :
Das reich Urartu : Ein altorientalischer staat im 1. Jahrtausend v. Chr., Universitätsverlag, Konstanz, 1986.
Andreï Kanavshchikov :
Urart, Rubezh, Velikie Luki, 2004.
Stephan Kroll :
Rusa Erimena in archäologischem kontext, pp : 183-186, Stephan Kroll u.a. (Hrsg.): Biainili-Urartu. The proceedings of the symposium held in Munich 12-14 October 2007, Peeters, Louvain, 2012.
Georgij Aleksandrovič Melikišvili : (Giorgi Melikishvili)
Urartian cuneiform inscriptions (Урартские клинообразные надписи), Publishing House Of The Academy Of Sciences Of The Ussr (Издательство Академии Наук СССР), Moscou, 1960.
Filiz Özdem
Urartu, Yapi kredi Kuültür Sanat Yayincilik, Istanbul, 2003.
Boris Borisovitch Piotrovskiĭ :
The ancient civilization of Urartu, Cowles Book Co., New York, 1969.
Ourartou, Nagel, Genève, Paris, Munich, 1969 et 1970.
Les Scythes et l’Ourartou, Academy of Sciences of the Armenian S.S.R. Institute of Arts, Izd-vo AN Armi︠a︡nskoĭ SSR, Yerevan, 1978.
Boris Borisovitch Piotrovskiĭ et Peter S.Gelling :
Urartu the kingdom of Van and its art, Evelyn Adams & Mackay, Londres, 1967.
Michael Roaf :
Could Rusa son of Erimena have been king of Urartu during Sargon’s eighth campaign ?, pp : 187-216, Stephan Kroll u.a. (Hrsg.): Biainili-Urartu. The proceedings of the symposium held in Munich 12-14 October 2007, Peeters, Louvain, 2012.
Mirjo Salvini :
Nairi e Ur(u)atri : Contributo alla storia della formazione del regno di Urartu, Ed. dell’Ateneo, Rome, 1967.
Geschichte und kultur der Urartäe, Akademie-Verlag, Berlin, 1982 – Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1995.
Ursula Seidl :
Rusa son of Erimena, Rusa son of Argisti and Rusahinili/Toprakkale, pp : 177-181, Stephan Kroll u.a. (Hrsg.) : Biainili-Urartu, The proceedings of the symposium held in Munich 12-14 October 2007. Peeters, Louvain, 2012,
Ralf Bernhard Wartke :
Urartu, das reich am Ararat, Philipp von Zabern, Mainz, 1998.
 
Voir la bibliographie générale sur l’Ourartou dans : Ourartou, la civilisation, Bibliographie.

 

 

  Copyright © Antikforever.com