Le Mitanni
La  civilisation
 

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  Pour d’autres de détails voir aussi les articles sur : Les Hourrites, L’histoire du Mitanni

 

Sommaire
 

Les différents noms
L’origine
La localisation
Les ressources
Les cités Mitanniennes
La religion
        Le panthéon
        Les mythes
Bibliographie

   

 

Les  différents  noms

 
   Le Mitanni (ou Mitani ou Mittani ou Mittannis), le nom propre était Ma-i-ta-ni, fut un État dans le Nord de la Syrie, de vers 1600/1580 jusque vers 1270 av.J.C. Les Égyptiens le nommaient le Naharina (Nhrn) du mot Assyro-akkadien Aram-Naharaim, qui signifie "rivière". Il était connu des Hittites sous le nom de Maryannou. Les Assyriens l’appelaient Hanigalbat ou Khanigalbat ou anilgabat. Selon Michael C.Astour ces trois noms étaient équivalents et interchangeables. Dans les annales Hittites de cette période on trouve la trace d’un peuple appelé Hourri (ou Hurri hu-ur-ri ou uru ou Hurri), qui était situé au Nord-est de la Syrie. Un fragment Hittite, probablement de l’époque de Moursil II (ou Mursil ou Mursili, 1321-1295), mentionne un "Roi de Hurri".
 
   Toujours selon C.Astour, l’Empereur Tushratta (ou Toushratta ou Touchratta, v.1380-v.1350), s’intitule "Souverain du Mitanni" dans sa correspondance avec le Roi Amenhotep III (1390-1353/52) et se réfère à son royaume du nom d’Hanigalbat. Le nom Mitanni se trouve pour la première fois, vers 1480, dans les mémoires des guerres Syriennes de l’astronome du Roi Thoutmôsis I (1504-1492), Amememhet, qui revenaient du "pays étranger appelé me-ta-ni". C’est effectivement en l’an 4/5 du règne de ce Roi, que les Égyptiens furent confrontés pour la première fois au Mitanni. Dans les " lettres d’Amarna ", (Important recueil retrouvé dans la cité, de la correspondance des souverains Égyptiens avec leur voisins, généralement composées en Akkadien, la langue diplomatique à cette époque) on trouve l’orthographe : Mi-ta-un-ni (EA 21), Mi-i-ta-un-ni (EA 23), Mi-i-ta-a-un-ni (EA 22), Mi-i-il-ta-un-ni (EA 19) ou encore Mi-it-ta-a-une-n [i] (EA 28).

 

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L’origine

 
   L’origine ethnique du peuple du Mitanni, les Hourrites, est difficile à cerner. Un traité sur le dressage des chevaux de char de combat cite un certain nombre de régions. Annelies Kammenhuber suggère que le vocabulaire qui y est employé provienne de la langue Indo-iranienne, mais Manfred Mayrhofer a démontré qu’il fallait tenir compte précisément des caractéristiques régionales qui étaient présentes. Les noms de l’aristocratie Mitannienne, issue des Hourrites, sont souvent justement d’origine régionale.
 
  Plus sûrement, leurs divinités montrent des racines Indo-européennes (Mitra, Varuna, Indra etc…). Certains spécialistes, comme Georges Roux, pensent qu’ils sont liés probablement aux Kassites, peuple asiatique dont l’origine est, elle aussi, encore incertaine. On lui attribue communément le fait qu’il fut soumis par un clan Indo-européen, qui prit son nom et s’établit dans le Zagros méridional (Sans doute vers la région de l’actuel Luristan). Ils appuient leur théorie sur le fait que la langue Hourrite n’est ni Indo-européenne, ni Sémitique.
 
  Un passage en Hourrite dans les "lettres d’Amarna" (Important recueil retrouvé dans la cité, de la correspondance des souverains Égyptiens avec leur voisins, généralement composées en Akkadien, la langue diplomatique à cette époque), indique que la famille royale du Mitanni parlait le Hourrite, ce qui confirmerait la proposition de Roux. On pourrait alors extrapoler leur origine car une population porteuse de noms dans la langue Hourrite est attestée dans une large zone de la Syrie et du Levant du Nord. Par contre cette zone est clairement à l’extérieur de celle de l’entité politique connue de l’Assyrie sous le nom d’Hanigalbat.
 
   Rien n’indique que ces personnes devaient allégeance à l’entité politique du Mitanni. Depuis le XVIe siècle av.J.C, de nombreuses cités-États dans le Nord de la Syrie et du pays de Canaan étaient gouvernées par des Hourrites. Elles formèrent une entité plus grande politiquement, le Mitanni, avec pour origine commune la langue Hourrite. Comme on le voit le problème reste complexe et le fait est certain qu’avec les données aujourd’hui en notre possession aucune théorie ne peut être confirmée, il convient donc de ne pas être trop affirmatif. Il est communément admis, pour l’instant, une origine que l’on localise dans les régions situées au Sud du lac de Van, les Hourrites appartiendraient dans ce cas au même groupe que les Ourartéens. Les souverains du Mitanni étaient souvent mentionnés comme "Roi des guerriers Hourrites" (Roi des Hommes Hurri).

 


 

Lettre de l’Empereur
Tushratta  à Amenhotep III 
– British Museum

La  localisation

 
   À partir de 1600/1580, tous les petits royaumes Hourrites dans le Nord-est de la Syrie, le Nord de la Mésopotamie et ceux du pays de Canaan, vont fusionner progressivement et n’en former qu’un que les textes Assyriens appelèrent : Hanigalbat (ou Khanigalbat). Les archives des Empereurs du Mitanni nous sont inconnues et aucune source historique de leur règne n’a été retrouvée à aujourd’hui. Pour reconstituer l’histoire du pays, les spécialistes s’appuient sur les écrits des royaumes voisins : Les Assyriens, les Hittites et les Égyptiens, dont "les lettres d’Amarna". Le Mitanni originel était centré autour du triangle du fleuve Khābūr (ou Habur, actuelle Haut-Djézireh), dans l’extrême Nord de la Syrie, à l’Est de l’Euphrate. Au début du XIVe siècle av.J.C ses frontières incluront aussi tout le Nord de la Mésopotamie. Il s’étendait alors :
• Au Nord, jusqu’au dessus de Milid (ou Melid ou Arslantepe dans les faubourgs de Malatya aujourd’hui), capitale du royaume du Gurgum ;
• À l’Est, jusqu’à Nuzi et Samara, située près du Tigre au Sud-ouest de Kirkouk en Irak, dans le royaume d’Arrapha ;
• Au Nord-ouest, jusqu’au royaume du Kizzuwatna, aux pieds des monts Taurus en Anatolie ;
• À l’Ouest, il englobait le royaume du Yamkhad et sa capitale Alep, jusqu’à la mer, en incluant la ville d’Alalah et le royaume du Mukish ;
• Au Sud-Ouest, sur une grande partie de la Syrie et de la Phénicie, englobant le Niya, jusqu’entre Ougarit et Byblos et le royaume d’Amourrou ;
• Enfin, au Sud, il s’étendait en dessous d’Alep sur tout le Nuhashshe (ou Nukhashshe ou Nuhasse ou Nuhašša, petit royaume au Sud d’Alep), jusqu’à la ville Amorrite de Mari sur l’Euphrate.

 

Les ressources

 
   Le Mitanni contrôlait les routes de commerce du Khābūr et de l’Euphrate, de Mari jusqu’à Karkemish (ou Carcemish ou Charchamesh, aujourd’hui Djerablus). Il avait aussi la main mise sur le Tigre supérieur et les ressources de ses grandes villes comme : Ninive, Arbil, Assur et Nuzi. Ses alliés commerciaux incluaient le Kizzuwatna dans le Sud-est de l’Anatolie, le Mukish qui s’étirait jusqu’à Qatna à l’Ouest de l’Oronte et le Niya qui contrôlait la rive de l’Est de l’Oronte jusqu’à la mer et s’étirait jusqu’en dessous de Kadesh sur l’Oronte.


 

Palais Mitannien à Nagar (Tell Brak – Zone HH)

 
   C’était un pays riche au sol fertile. Il recevait des pluies suffisantes qui permettaient à la fois l’agriculture et l’élevage des bovins, ovins et caprins. Dans les zones irriguées, deux récoltes par an étaient possibles. La région d’Arrapha par contre avait un niveau de rendement des champs de blé assez bas et elle fit de la culture de l’orge sa spécialité. Les marchandises circulaient ensuite dans tout l’Empire qui s’auto suffisait au niveau alimentaire. Le Mitanni était aussi célèbre dans l’antiquité pour l’élevage et le dressage des chevaux, ainsi que pour la conduite des chars de guerre.
 
   Un texte célèbre, découvert en 1906, dans la capitale Hittite, Hattousa, traite de l’entraînement de ces chevaux. L’homme qui en était responsable était appelé en Hourrite, Kikkouli, il vivait au XVe siècle av.J.C. Dans ce texte, il se décrit comme "aššuššanni (a-aš-šu-uš-ša-an-ni, Entraîneur de chevaux). Il nous raconte aussi en détail l’élevage, l’alimentation, le dressage et l’entraînement des animaux qui doivent être utilisés devant le char. Le programme de formation durait pendant plusieurs mois. (voir Culture et société des Hourrites).

 

Les cités Mitanniennes

 
   Les villes étaient généralement gérées par des proches de l’Empereur, mais il y avait aussi une réunion des anciens (Sorte de Sénat). Le palais et le grand temple avaient leurs propres terres, des troupeaux de bovins et des vergers. Les agriculteurs devaient gratuitement offrir une partie de leur temps pour le travail des champs du palais. Le Mitanni avait deux capitales :
Wassouganni (ou Washshukanni ou Waššukanni ou Ushshukana dans les textes Assyriens), qui n’a jamais été découverte, mais certains spécialistes l’ont identifié au site de Tell Fahariya (Tell Fekheriye) à Ra’s al-‘Ayn, qui correspond à la ville de Sikanni à l’époque Assyrienne. Shaushtatar I (ou Shaushatar ou Sausatatar ou Shanshatat ou Šauštatar, v.1440-v.1410) y fit construire un magnifique palais.
 
Taidu (ou Taite dans les textes Assyriens) qui fut la capitale vers la fin de l’Empire. Elle non plus n’est pas localisée avec précision. Certains spécialistes avancent l’idée qu’elle pourrait être identifiée au site de Tell al-Hamidya (ou Tall Hamidiya).


 

Vue du Tell de Kahat


   Outre ses deux capitales, le Mitanni avait plusieurs villes importantes :  
Amasakku, qui comme pour les capitales à sa localisation exacte inconnue. Khaled Nashef la situe entre Al-Hasaka et Ra’s al-‘Ayn au Nord de la Syrie.
 
Eluhat, la cité fut conquise par l’Empereur d’Assyrie, Salmanazar I (1275-1245).
 
Harranu, qui était une forteresse et qui tomba également lors de cette même campagne de Salmanazar I.
 
Irridu, en plein centre du Khābūr (ou Habur, actuelle Haut-Djézireh), entre Qattara et Taidu, elle est peut-être identifiable au site de Tell Bender. La ville fut complètement détruite, sous le règne de l’Empereur Wasashatta (v.1300-v.1280), par l’armée de l’Empereur d’Assyrie Adad-Nirâri I (1308-1275), et selon la légende ils auraient semé du sel dessus. La diffusion du sel sur les villes conquises symbolisait une malédiction sur les nouvelles éventuelles habitations.
 
Kahat, qui est identifiée au site de Tell Barri sur l’Ouâdi Djaghdjagh, un affluent du fleuve Khābūr, dans le Nord-est de la Syrie. Le site de Tell Barri fut habité depuis le IVe millénaire av.J.C. Au XVIIIe siècle av.J.C., la ville est attestée par des archives du Palais de Mari. Elle apparait comme un centre religieux important, lors de l’occupation du Mitanni. Le temple au Dieu Teshub y est expressément mentionné dans le traité de l’Empereur Shattiwazza (v.1350-v.1320).
 
Katmuhu (ou Katmui), ville et petit État à la fois situé dans la région à l’Est du Tigre, qui est maintenant appelée la plaine de Silopi (Province de Şırnak de la Turquie actuelle). La ville de Utku, proche, en était la forteresse. Vers 1200, elle fut une des dernières cités du Mitanni, avec Paphu, à résister à l’invasion des Mosques (Mushki ou Moushkis ou Mushku) et d’autres tribus, dont les Gasgas (ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske). Le souverain de Katmuhu fut capturé lors de l’invasion Assyrienne, par l’Empereur Assur-Dan I (1179-1133).

Figurine en albâtre "Idole aux yeux"
trouvée sur le site de Nagar (Tell Brak) – Musée de Deir ez-Zor (Syrie)

 
Nabula, qui est identifiée au site de Girnavaz près de Nusaybin (ou Nisibe ou Nisêbîn), dans la montagne Kašiari (ou Tur Abdin), en amont du Tigre, au Sud-est de la Turquie actuelle dans la province de Mardin. La cité était pour les Assyriens le croisement des routes royales et, de ce fait, elle était d’une grande importance militaire. De plus son contrôle donnait l’accès aux gisements de cuivre d’Ergani et à la plaine fertile de Diyarbakir. Ce fut l’Empereur d’Assyrie, Adad Nirâri I (1308-1275) qui la conquit la première fois. Selon Karlheinz Kessler, à l’époque de l’Empereur d’Assyrie Assurbanipal (669-631 ou 626), il y avait des vignobles autour de la cité et le vin faisait partie de l’hommage rendu aux souverains Assyriens. Ils étaient encore cultivés au XIXe siècle. Les fouilles sur le site indiquent que l’endroit fut occupé en continu de 4000 à 700 av.J.C. De nombreuses découvertes y ont été faites : Des poteries, des sculptures en céramique, en forme de bulle ou de cylindre, ainsi que des vestiges architecturaux de la fin de l’Empire Assyrien. Girnavaz reflète toutes les caractéristiques pertinentes de la culture de la Mésopotamie supérieure.
 
Nagar, qui est située dans la vallée du Djaghdjagh (ou Jaghjagh l’ancien Mygdonios), sur la rive droite de la rivière, un des principaux affluents du fleuve Khābūr, à l’Est de l’Euphrate. La ville est identifiée avec le site actuel de Tell Brak. Il comprend plusieurs tells, le principal occupant une surface de 43 hectares. Outre celle du Mitanni, on constate une occupation néo-Assyrienne (ou second Empire, 912-609) et plus tard une à l’époque Romaine.
 
Nahur, qui est identifiée au site de Tell Fekheriyeh, près de Tell Halaf (Aujourd’hui en Syrie du Nord). Lors de la période des royaumes Amorrites la cité tomba sous la domination de la ville de Mari. Pendant cette occupation on sait que d’importantes révoltes eurent lieues, comme celle menée avec les cités de Kahat et Ashlakka dans le haut pays, contre le Roi de Mari, Zimri-Lim (1775-1761/60). Après plusieurs campagnes, les souverains de ces cités acceptèrent de reconnaître Yarim-Lim, le Roi d’Alep (1780-1765), beau-père de Zimri-Lim, comme leur souverain. Celui-ci pratiqua une politique matrimoniale en mariant ses nombreuses filles.
 
Paphu, qui lors de la domination Assyrienne, sous le règne de l’Empereur Assur-Nirâri III (1204-1198) vers 1200, fut une des dernières cités du Mitanni avec Katmuhu (ou Katmui) à résister à l’invasion des Mosques (Mushki ou Moushkis ou Mushku) et d’autres tribus, dont les Gasgas (ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske).


 

Tablette en Akkadien, trouvée sur le site de Nuzi,
contemporaine des "Lettres d’Amarna"

 
Nuzi (ou Nuzu), qui est identifiée aujourd’hui avec le site de Yorghan Tepe, situé au Sud-ouest de Kirkouk en Irak, près du Tigre. Ce nom est celui que la ville portait au IIe millénaire. Auparavant, elle était connue sous le nom de Gasur. Le site a livré environ 5.000 tablettes en écriture cunéiforme datant de la période des XVe et XIVe siècles av.J.C., époque où Nuzi était une petite ville du royaume d’Arrapha (aujourd’hui Kirkouk) et était peuplée majoritairement de Hourrites.
 
Shuduhu, dont l’emplacement n’est pas identifié avec certitude. Compte tenu que la cité avait de grosses ressources en grain on pense qu’elle devait peut-être se trouver dans la région du fleuve Khābūr.
 
Shuru, elle aussi n’est pas identifiée avec certitude, c’est peut-être la cité de Savur au Nord de Tur-‘Abdin, dans la province actuelle de Mardin, en Turquie.
 
Sudu, qui était une forteresse dans la montagne de Kašiari (ou Tur Abdin, Sud-est de la Turquie) et qui tomba lors de la campagne de Salmanazar I.
 
Tell Rimah, qui fut une des cités les plus au Sud de l’Empire. Le site est soit la ville de Qattara, soit celui de Karana. À l’époque néo-Assyrienne, la ville se nommait Zamahe.
 
Tell Sabi Abyad, qui est située dans l’actuelle Syrie du Nord, dans la vallée du Balikh. Elle fut par la suite le siège du Gouverneur Assyrien. Cependant on ne sait pas comment ces derniers la nommaient.
 
Urkesh (ou Urkeš), qui est identifiée aujourd’hui au site de Tell Mozan, en Haute-Mésopotamie. Ce fut le berceau de la civilisation Hourrite dont elle fut la capitale. Le Dieu Hourrite, Kumarbi (ou Kummarbi ou Kummurwe), Dieu de la Nature et père des Dieux, avait selon la mythologie Hourrite, son lieu de résidence dans la cité.

 


 

Le Dieu Teshub

La religion

 
   Du fait de la forte imbrication des civilisations au Proche-Orient, les mêmes divinités furent souvent vénérées par plusieurs peuples, qui leur attribuaient des noms différents. Lorsqu’une civilisation en dominait une autre, son panthéon venait souvent se mêler, voir se substituer, à celui du peuple conquis. C’est le phénomène du syncrétisme. Dans cet ordre d’idée, les Hourrites ont emprunté des divinités aux Sumériens et aux Akkadiens, et ils ont eux mêmes, par la suite, influencé les religions Anatoliennes, dont celle des Hittites. Pour les mythes, il en fut de même. Ceux des Hourrites sont d’ailleurs connus grâce à leur traduction en Hittite. La religion Hourrite fut donc très proche des bases de celle que l’on trouve en Asie Mineure. Les Dieux Hourrites ne semblent pas avoir eu de temples particuliers avec leurs Prêtes, dans le style de ceux de la religion Mésopotamienne ou de la religion Égyptienne.
 
   Par contre, certains centres de culte importants ont été identifiés comme à : Kummanni (ou Kummeni, "Le sanctuaire"), la capitale du Kizzuwatna et le centre cultuel rupestre de Yazilikaya, au pays Hatti, où une représentation du panthéon Hittite donne aux divinités leur nom Hourrite écrit en Hittite. Harran (ou Carrhae ou Carrhes), au Sud-est de la Turquie actuelle, capitale du royaume de Kummuhu (ou Commagène), sera plus tardivement un centre religieux pour le Dieu lune Kushukh (ou Kushuh ou Kušuh) et la Déesse Shaushka (ou Šawuška ou Shawushka, Šauska) avait un temple important à Ninive, où la ville fut un temps sous la domination Hourrite. Un temple dédié à Nergal fut construit à Urkesh à la fin du IIIe millénaire.

  

Le Panthéon

 
   Le Dieu principal du panthéon fut Teshub (ou Teššup). Il était le Dieu de l’Orage, de la guerre et des phénomènes climatiques comme, le vent, la foudre, le tonnerre, qui étaient ses armes. On peut le comparer à Adad en Mésopotamie, à Addu chez les Amorrites, à Baal (ou Ba’al) en pays de Canaan, à Tarhou (ou Tarhunta, mais aussi sous le nom de Teshub) chez les Hittites et à Teisheba (ou Tesheba) en Ourartou. Teshub deviendra la divinité principale en Syrie et en Anatolie au bronze récent. Il fut souvent représenté comme un taureau, qui était un symbole de fertilité, ou montré sur un char tiré par des taureaux. Il était vénéré notamment à Alep, où il fut assimilé à Addu, à Kummanni (ou Kummeni, "Le sanctuaire"), la capitale du Kizzuwatna, mais aussi à Arrapha et au sanctuaire rupestre Hittite de Yazilikaya.
 
   Teshub avait pour Parèdre (Du Grec : πάρεδρος / páredros, signifiant "qui est assis à côté de" et s’emploie pour qualifier une divinité associée dans le culte à un Dieu plus important), la Déesse Hebat (ou Chepat ou Hépatou Hepit). Elle était la Déesse du Soleil. Hebat était d’origine Syrienne et on peut aussi la trouver sous les noms : Hepatu ou Hepa et à l’époque Hellénistique Hipta (En Carie et en Lydie). Elle est identifiée à la Déesse Arinna chez les Hittites, où elle est souvent appelée "Reine du Ciel", à Huba en Ourartou, à Inanna chez les Sumériens, à Ishtar chez les Assyriens et les Babyloniens et enfin d’une certaine manière à Cybèle chez les Phrygiens. Son animal était le lion, elle était d’ailleurs souvent représentée assise sur lui. Elle avait les mêmes lieux de culte que Teshub. Ces deux divinités eurent un fils, Sharruma (ou Sarma ou Šarruma ou Sar-ru-um-ma ou LUGAL-ma, tsama) qui sera pris comme divinité protectrice par l’Empereur des Hittites, Tudhaliya IV (1234-1215). Ces principaux lieux de culte furent Uda et Kummanni. Dans le cortège des Dieux Hittites représentés à Yazilikaya, il se tient derrière sa mère sur un léopard. Sur le relief rupestre de Hanyeri, il est présenté sous la forme d’un taureau.


 

Le Dieu Sharruma et le
Roi Hittite Tudhaliya IV

 
   Les autres divinités importantes étaient : Astabis le Dieu de la Guerre. Il était identifié à Zababa (ou Zamama) chez les Hittites, à Ninourta (ou Ninurta) chez les Akkadiens. Dans le Sud de la Mésopotamie, Zababa était le Dieu tutélaire de la ville de Kish ; Hesui le Dieu de la chasse (et également de la guere), identifié aussi au Dieu Zababa des Mésopotamiens ; Ishara la Déesse de l’écriture et des serments. Dans les traditions Sémitiques et Hourrites, Ishara est aussi une Déesse de l’amour, souvent identifiée comme Hebat à Ishtar chez les Assyriens et les Babyloniens. Son culte fut d’une importance considérable à Ebla ; Kumarbi (ou Kummarbi ou Kummurwe), le Dieu de la Nature, fils d’Anu, et le père des Dieux, donc père de Teshub. Il est en partie identifié à Dagon chez les populations Sémitiques du Nord-Ouest, comme les Amorrites, les habitants d’Ebla, d’Ougarit, ou les Philistins.
 
   Son lieu de résidence tel qu’il est décrit dans la mythologie était la ville d’Urkesh ; Kushukh (ou Kushuh ou Kušuh) le Dieu de la lune, apparenté au Dieu Hittite Arman et au Dieu Mésopotamien Utu/Shamash. Il est représenté avec des ailes et un casque avec un croissant. Il ne joua qu’un rôle mineur dans les mythes Hourrites. Il sera vénéré tardivement à Harran (ou Carrhae ou Carrhes) ; Shaushka (ou Šawuška ou Shawushka, Šauska) la Déesse de la guérison et de l’amour, qui avait elle aussi une fonction semblable à la Déesse Mésopotamienne, Ishtar. Elle était également représentée sur un lion, mais contrairement à Hebat, souvent ailé. Elle avait un temple important à Ninive ; Shimegi le Dieu du soleil, chez les Hittites il est assimilé au Dieu soleil du Ciel, à Shiwini en Ourartou. Il était représenté vêtu comme un Roi. Enfin il y avait un Dieu dont nous ne connaissons le nom qu’en Babylonien, Nergal, son nom en Hourrite étant jusqu’à lors inconnu. C’était une divinité du monde souterrain.

 

Les mythes

 
   Les mythes se résument principalement en théogonies, tels que le Cycle de Kumarbi, (la Théogonie Hourrite). On y retrouve la plupart des grands Dieux du Proche-Orient. Ils nous sont connus par des textes en Hittite retrouvés en état très fragmentaire, dans leur capitale à Hattousa. Les textes décrivent l’ascension à la royauté divine, comment dans un premier temps la royauté du Ciel passa entre plusieurs Dieux par périodes de 9 ans. On arriva à Alala, qui se fit détrôner par Anu et envoyer dans l’au-delà. Neuf ans plus tard, ce fut au tour d’Anu de laisser sa place à Kumarbi, et rejoignit le Ciel. Arriva ensuite à la naissance de Teshub, mais la partie suivante du récit est manquante, il est cependant admis que Teshub détrôna Kumarbi. L’origine des récits reste discutée, bien qu’elle soit incontestablement Hourrite. Le cycle de Kumarbi est constitué de cinq récits, appelés aujourd’hui par les spécialistes : "chants" : Le Chant de la Royauté du Ciel ou Chant de Kumarbi ; le Chant de Lamma ; le Chant de l’Argent personnifié ; le Chant de Hedammou et le Chant d’Ullikummi (ou Ullikumi), qui nous racontent que Kumarbi, avide de revanche, créa un géant de pierre, Ullikummi. Teshub se lança à l’attaque contre lui avec l’aide de 70 Dieux, mais il fut vaincu et dut céder son trône à Kumarbi. La fin est en lacune, mais il est certain que Teshub récupéra son trône.


 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Mitanni voir les ouvrages de :
 
Michael C.Astour :
Hattusilis, Halab, and Hanigalbat, pp : 102–109, JNES 31.2, Chicago, April 1972.
Walter Alvarez, Frank Asaro et Helen V. Michel :
Neutron activation analysis and the location of Washshukanni, pp : 375–382, Orientalia 46, 1977.
Georges Contenau :
La civilisation des Hittites et des Hourrites du Mitanni, Éditeur inconnu, 1934 – Éditions d’Aujourd’hui, 1983.
Igor M.Diakonoff et Sergei A.Starostin :
Hurro-Urartian as an eastern Caucasian Llanguage, Münchner Studien zur Sprachwissenschaft, Beiheft 12, Kitzinger, München, 1986.
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Histoire du Mitanni, L’Harmattan, Paris, 2003.
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Aspects of ancient Near Eastern chronology (c. 1600-700 BC), Piscataway, NJ : Gorgias Press, 2010.
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The economic role of Hanilgalbat at the beginning of the Neo-Assyrian expansion, pp : 349–354. Mesopotamien und seine Nachbarn, Politische und kulturelle Wechselbeziehungen im Alten Orient vom 4. bis 1. Berliner Beiträge zum Vorderen Orient 1, Berlin, 1982.
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Zur grammatik des Mittani-Hurritischen, pp : 93-101, Zeitschrift für Assyriologie und Vorderasiatische Archäologie, De Gruyter, Berlin, 1990.
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