Quelques grands Rois d’Arménie :
Pap
370  à  374
 

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….Retour à la dynastie Arsacide  

 

  Sommaire
 

Son origine
Son règne
     Avant sa prise de pouvoir
     Après sa prise de pouvoir
Sa famille
Bibliographie

    DATES  de  RÈGNE
  370 – 374
369-374

 

Son origine

 
   Pap (ou Bab ou Pab, en Arménien : Պապ, en Latin : Papes ou Papas) fut un Roi de la dynastie Arsacide d’Arménie de 369 à 374 ou 370 à 374 ap.J.C selon les sources, cette dernière étant généralement la date retenue. Il naquit en 360 et il fut le fils d’Arsace II et de la Reine Pharantzem (ou Parandzem) et il succéda à son père. Il est surtout connu pour avoir empoisonné son neveu, le Catholicos (ou Patriarche) Nersès I le Grand.  
 

Tête probablement de
Châhpûhr II – Metropolitan
Museum of Art

Son règne

 

Avant sa prise de pouvoir

 
   Le Roi Perse, Châhpûhr II (ou Shapur, 309-379) lors de son invasion de l’Arménie, dès 368, avait assiégé l’épouse d’Arsace II, Pharantzem (ou Parandzem) retranchée avec leur fils Pap et le trésor de l’Arménie dans la forteresse d’Artogerassa qui était défendue par une troupe de Azatk (En Arménien : ազատ , Singulier Azat, classe de la noblesse Arménienne).

 

 
   Selon Ammien Marcellin (ou Ammianus Marcellinus, historien Romain, 325/330-v.391), les forces Perses d’invasion étaient commandées par deux déserteurs Arméniens, les Gouverneurs, Cylax (ou Cylaces) et Artaban (ou Artabanes). Châhpûhr II voulait remplacer la monarchie Arsacide Arménienne par un Nakharark (En Arménien : Նախարար, ou Nakhararq "Premier né") Diarchy (Société ou une organisation avec deux dirigeants sur un même rang) Arméniens non Arsacide. Faustus de Byzance (En Arménien : Փավստոս Բյուզանդ, Historien Arménien du Ve siècle) dans son épopée mentionne également deux Nakhararks Arméniens, Mérouzhan Artzruni (ou Merujan Ardzrouni ou Arçrouni) et Vahan Mamikonian à des postes de direction sous la suzeraineté de Châhpûhr II.
 
   Durant le siège, la Reine Pharantzem (ou Parandzem) lança un appel à Cylax et Artaban au nom de son mari pour organiser la fuite de Pap. On ne sait pas si ils l’aidèrent, mais Themistius (Homme d’État et philosophe, 317-387) signale l’arrivée de Pap à la cour de l’Empereur Romain Valens (364-378) à la juridiction du monastère de Marcianopolis (ou Marcianople ou Devnya en Bulgarie aujourd’hui, sur la rive droite du Danube) où celui-ci était en hivernage. Valens lui ordonna de se cacher à Niksar (ou Neokaisáreia ou Neocaesarea ou Néocésarée) ville du Pont Polémoniaque, à trois cents kilomètres de la frontière Arménienne.

L’Empereur Valens

 
   En 369, une députation conduite par Cylax et Artaban vint demander à Valens de les aider à rétablir Pap sur le trône Arménien. Valens accepta et chargea le Général Terentius, qui interviendra également pour le compte d’un autre candidat Romain, Saurmag II (ou Sauromaces, 361-363), mais pour le trône d’Ibérie/Géorgie, de reconduire Pap en Arménie. Toutefois l’Empereur demanda à son Général de ne pas appuyer Pap avec un corps d’armée Romain et de ne pas le considérer avec un statut royal afin de ne pas violer un traité antérieur signé par Jovien (Flavius Iovianus, 363-364), en Juillet 363, avec la Perse. Mouchel Mamikonian (ou Musel ou Mouchegh ou Muchel ou Moušeł, en Arménien : Մուշեղ Մամիկոնյան) fut nommé Sparapet (ou Général) à la place de son défunt père Vasak Mamikonian, tué avec Arsace II au “Château de l’Oubli” et, selon Ammien Marcellin (ou Ammianus Marcellinus), Pap obtint à ce moment la reconnaissance du Catholicos (ou Ptriarche) Nersès I le Grand.
 
   Valens dépêcha Flavius Arintheus (ou Arinthaeus, politicien Romain et officier de l’armée, † 378) en Arménie au moment ou Châhpûhr II envahissait le pays et Pap fut caché près de la frontière Romaine en Lazica (ou Laziǩa ou Lazikē ou Lazistan ou Yeger, nom donné à la Colchide au cours de la période Romaine). Pendant ce temps Terentius rétablit sur le trône d’Ibérie/Géorgie, Saurmag II (ou Sauromaces), mais le Roi nommé par les Perses, Mihrdat III (ou Mirdat, 365-380) conserva le contrôle de la partie orientale de ce royaume. Comme nous le précise Noël Lenski, au lieu de rechercher Pap, Châhpûhr II concentra son attaque sur le siège de la forteresse d’Artogerassa qui tomba pendant l’hiver 369/370, le trésor royal fut volé par les Perses et la Reine Pharantzem (ou Parandzem) fut violée et assassinée. Châhpûhr II commença également à persécuter systématiquement les Chrétiens locaux. Le Roi Perse contacta Pap, qui restait dans la clandestinité, et essaya de le persuader de venir à ses côtés. Au printemps de 370 Châhpûhr II prépara une invasion massive de l’Arménie qui fut réalisée au printemps 371.  L’Empereur Romain Valens envoya ses Généraux Traianus et Vadomarius rencontrer les forces Perses en Arménie.

Nersès I le Grand

 
   Dans une bataille au Bagrévand (ou Bagavan), non loin du village appelé Dzirav, les Romains sortirent victorieux. Au cours d’autres batailles des territoires furent conquis sur les Perses, y compris l’Arzanène (ou Aghdznik ou Altzniq ou Ałjnik, en Arménien : Աղձնիք, région au Sud-ouest Grande Arménie) et la Corduène (Aujourd’hui au Sud-est de la Turquie et au Nord de l’Irak) qui avaient été cédées aux Perses par l’Empereur Jovien en 363. À la fin de l’été Châhpûhr II se retira dans sa capitale à Ctésiphon et Valens retourna à Antioche. Châhpûhr II ne fut plus en mesure de faire face à l’accumulation massive de légions Romaines en Arménie, surtout qu’il dut affronter dans l’Est de son Empire l’attaque de l’Empire des Kouchan (ou Kushan). Si la paix revint avec la Perse, la situation à l’intérieur en l’Arménie commença à s’effondrer.
 

Après sa prise de pouvoir

 
   Pap, en récupérant le pouvoir eut du mal à gouverner un royaume qui avait été récemment démantelé par Châhpûhr II, ses actions pour maintenir un contrôle strict sur ​​le pouvoir allait conduire à sa chute. De plus, le Roi, qui fut voué à sa naissance par sa mère aux Devs (Génies malfaisants), s’adonnait à la débauche et à la luxure et il subit rapidement les réprimandes du populaire Catholicos (ou Patriarche) Nersès I le Grand. Le 25 Juillet 373, lors d’un banquet tenu dans sa résidence royale, Pap fit empoisonner Nersès, qui était un très proche allié des Romains. Cette exécution du Patriarche était l’une des mesures que Pap prit pour limiter le pouvoir excessif de l’Église, qui comprenait également la confiscation des terres riches qui étaient attachés au Saint-Siège. Il proposa ensuite pour remplacer Nersès I la candidature d’un certain Houssik (ou Husik ou Yusik), de la famille d’Albianos, le premier Évêque consacré par Grégoire I l’Illuminateur et l’envoya pour la consécration à Césarée (ou Ceasarea ou Kayseri aujourd’hui, centre de la Turquie), mais l’Évêque de Césarée, Basile (ou Saint Basile le Grand) refusa de consacrer le candidat et demanda à l’Empereur Valens de résoudre rapidement la situation en trouvant un nouveau candidat acceptable pour tout le monde. Pap n’accepta pas de coopérer avec Basile ce qui provoqua la colère de l’Empereur Valens. Le Roi remit également en cause les réformes mises en place par Nersès I et décida de rompre l’alliance avec les Romains. En outre, il exigea le contrôle de Césarée et de douze autres villes, notamment certaines aux mains des Romains, comme Edesse sous le prétexte qu’elles furent fondées par des Arméniens.

Cavalerie lourde (scutarii) Sassanide

 
   Valens décida d’exécuter Pap et il l’invita à une réunion à Tarse. Pap arriva avec 300 accompagnateurs, mais il découvrit rapidement que l’Empereur n’était pas là, il s’enfuit alors en Arménie. Terentius (l’ex allié de Pap) envoya deux Généraux, un Arménien nommé Danielus et un Ibérique nommé Barzimeres avec de la cavalerie lourde (ou scutarii), qui connaissaient bien la région, pour retrouver Pap. Ils localisèrent le Roi mais n’arrivèrent pas à l’attraper et à l’exécuter. Une légende raconte qu’ils donnèrent comme prétexte à leur échec que Pap utilisa des pouvoirs magiques pour éviter sa capture et qu’il fit apparaitre un nuage noir pour masquer ses partisans. L’Empereur Valens demanda alors à Terentius d’essayer de gagner la confiance de Pap et de l’assassiner.
 
   Celui-ci parvint à ses fins en 374. Il attira Pap à un banquet, qu’il avait organisé pour le Roi, au camp Romain de Khou, au Bagrévand, sous prétexte de négociations et le tua. Il faut signaler que les écrivains Arméniens, comme Fauste de Byzance (ou Faustus de Byzance ou Pavstos Buzand ou Pʿawstos Biwzandac̣i) ou Moïse de Khorène (ou Movsès Khorenatsi ou Movsēs Xorenac‘i, 410-v.490), considèrent que la mort de Pap fut un juste châtiment du ciel pour l’empoissonnement de Nersès I. L’historien Romain Ammien Marcellin (ou Ammianus Marcellinus) condamna lui ce meurtre car contraire aux intérêts de Rome. Les Arméniens Nakhararks bien que toujours fidèles à Pap n’eurent malheureusement pas grand-chose à protester face à une grande armée Romaine présente sur le territoire Arménien. Le nouveau candidat pour le trône présenté par les Romains pour succéder à Pap fut accepté par pratiquement tout le monde. C’était un autre Arsacide, au nom de Varazdat (ou Vasazdad ou Varasdates) qui commença à régner sous la régence de Mouchel Mamikonian (ou Musel ou Mouchegh ou Muchel ou Moušeł, en Arménien : Մուշեղ Մամիկոնյան). Les Mamikonian étaient notoirement pro-Romain. Châhpûhr II qui avait longtemps courtisé Pap fut furieux lorsqu’il fut assassiné et remplacé par un nouvel Arsacide qui était un neveu du Roi Pap.
 

Sa famille

 
   Pap n’a qu’une épouse connue :

• Zarmandoukht (ou Zarmandukht) qui fut la fille de Khosrô III le Petit. Certains spécialistes contredisent cette filiation arguant le fait que les historiens Arméniens ne fournissent aucune information sur l’origine familiale de la Reine ?. Elle parviendra à prendre le pouvoir de 378 à 379 avec ses fils. Elle lui donna deux enfants :

Arsace III (ou Arshak ou Archak ou Arsakes ou Aršak, en Arménien : Արշակ Գ, 384 à 389).
Valarsace (ou Valarchak ou Valarshak ou Valarsace d’Arménie, en Arménien : Վաղարշակը, 384 à 386) qui régnèrent ensemble.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le souverain voir les ouvrages de :
  
Krikor Jacob Basmadjian :
Chronologie de l’histoire de l’Arménie, Revue de l’Orient Chrétien, Bureaux des œuvres d’Orient, Tome IX (XIX), Paris, 1914.
Paul Bedoukian :
Coinage of the Armenia kingdoms of Sophene and Commagene, Los Angeles : Armenian Numismatic Society, 1985.
Mark Chahin :
The kingdom of Armenia, Routlege, 2001.
Marie-Louise Chaumont et Giusto Traina :
Les Arméniens entre l’Iran et le monde gréco-romain (Ve s. av.J.C.-vers 300 ap.J.C, Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007.
Gérard Dédéyan :
Histoire du peuple Arménien, Privat, Toulouse, 1986 et 2007.
René Grousset :
Histoire de l’Arménie des origines à 1071, Payot, Paris, 1947, 1973, 1984, 1995 et 2008.
Vahan M.Kurkjian :
A History of Armenia, Armenian General Benevolent Union, New York, 1958.
Noël Lenski :
Failure of Empire : Valens and the Roman State in the Fourth Century A.D, University of California Press, Los Angeles, 2003.
Annie et Jean-Pierre Mahé :
L’Arménie à l’épreuve des siècles, Gallimard, 2005.
Claire Mouradian :
L’Arménie, Presses universitaires de France, Paris, 1995.
Stephen H.Rapp :
Studies in medieval Georgian historiography : Early texts and Eurasian contexts, Peeters Bvba, Louvain, 2003.
Anne Elisabeth Redgate :
The Armenians, Malden, Blackwell Publishers, Oxford, 1999.
Cyrille Toumanoff :
Studies in Christian Caucasian history, Georgetown University Press, Georgetown, 1963.
Manuel de généalogie et de chronologie pour le Caucase chrétien (Arménie, Géorgie, Albanie), 1976.
Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome, 1990. 

 

 
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