Localisation
Phaistos
(ou Festòs ou Phaestos ou Phaistós, en Grec : Φαιστός, en Latin : Phaestus) est
une ancienne ville de Crète. Elle était située sur la côte Sud de l’île, sur une crête au-dessus de la plaine de la Messara,
à quelques 5,6 km. de la mer.
Homère décrit Phaistos comme "la ville au grand nombre d’habitants", ces derniers auraient participé à la
guerre de Troie. Selon la mythologie, Phaistos était gouvernée par Rhadamanthe (ou Rhadamante ou Rhadámanthus, en Grec :
‘Pαδάμανθυς), le fils de Zeus et d’Europe et le frère de Minos.
C’est l’un des sites les plus importants de la civilisation Minoenne.
Phaistos, avec Cnossos et Amnisos (ou Amnissos), font partie des noms
qui ont permis à Michael Ventris d’élaborer les grilles ayant mené au déchiffrement du linéaire B.
Le Palais de Phaistos s’étendait sur une surface de presque 8.400 m², il est le deuxième plus grand de l’île.
Selon Guy Rachet c’est avec celui de Cnossos le plus ancien des palais
Crétois. Il se trouvait près de la côte méridionale de la partie centrale de l’île, sur une crête au-dessus de la plaine fertile.
À une distance d’environ 2 km. au Nord-ouest de Phaistos on trouvait sur une colline un autre petit palais
Minoen. Les deux palais étaient reliés par un chemin pavé. L’ancien port de la colonie, Kommos, était situé à environ 6 km.
au Sud-ouest du palais de Phaistos, au Nord de l’actuelle Matala (En Grec : Μάταλα).
Vue du site
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L’histoire….
On pense
que le site était déjà occupé dès la fin du Néolithique vers 4000. Les plus anciens objets découverts,
des vestiges de maisons et d’outils, datent de la période Minoenne
début 3000. À partir du IIe millénaire, une agglomération se constitua. Avec l’essor de la civilisation
Minoenne, vers 1950/1900, un premier palais fut construit.
Ce premier palais à l’époque avait au moins la même importance que Cnossos.
Comme les trois autres palais de l’île de cette époque,
Cnossos, Malia et
Zakros, il reste mal connu. Ce premier palais fut détruit vers 1700,
probablement suite à un tremblement de terre. Certains chercheurs datent ce grand tremblement de terre de 1650 ?.
Dans tous les cas, au cours du XVIIe siècle, les premières tentatives de reconstructions sporadiques échouèrent.
Ce ne fut que vers 1600 que le second palais fut reconstruit, mais il semble que sa construction complexe
ne fut jamais achevée, ce qui fait qu’il fut de moindre importance. Car dans le même temps, le palais d’Haghia Triada (Site
archéologique au-dessus de la plaine de la Messara qu’il domine à l’Ouest tandis que Phaistos, distant de 4 km. la domine à
l’Est), lui était construit beaucoup plus riche. Il est donc présumé qu’Haghia Triada fut la résidence des nouveaux dirigeants,
et qu’il devint le centre rituel et économique de Phaistos.
Ce second palais, fut détruit de nouveau vers 1450/1430. Cette période
coïncide avec la conquête de l’île par les
Mycéniens. La destruction du palais de Phaistos est confirmée grâce à la découverte de traces importantes de feu.
En plus, la disparition d’autres palais en Crète tombe également à cette période.
Cependant, pour beaucoup, un lien avec des actes de guerre ne peut être accepté.
Certains historiens sont favorables à une catastrophe environnementale, comme un autre tremblement de terre ou une éruption
volcanique qui aurait conduit à la destruction des palais et de la culture
Minoenne. Mais cette théorie est contredite par la persistance
du Palais de Cnossos jusqu’à vers 1370 ?.
Dans tous les cas, le Palais de Phaistos après l’incendie en 1450/1430 ne fut jamais reconstruit.
Le site fut réoccupé par la suite à diverses époques :
– On a mis au jour des vestiges de fortifications et de maisons datées de l’époque
géométrique (900 à 750).
– Les restes d’un temple, dédié à Rhéa, et de routes ont également été dégagés et sont datés de l’époque
archaïque (Entre le
VIIIe s. et 480).
– Au-dessus de la cour à l’Ouest on a découvert une ancienne zone de vie de la période classique ultérieure (500 à 323)
– Au Sud et Sud-ouest du site, des maisons bâties à l’époque hellénistique (323 à 146), mais détruites au IIe siècle av.J.C.
– Vers 180 Phaistos fut contrôlée par la ville voisine orientale de Gortyne.
– Enfin, en 67 av.J.C, à l’époque Romaine le site fut occupé par des fermes.
Entrée Ouest du palais
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L’archéologie
Phaistos
fut localisée par Thomas Abel Brimage Spratt, vice-amiral, hydrographe et géologue Anglais, commandant
un bateau à aubes, dans le cadre de recherches, en 1853, qui portaient sur la topographie des sites et monuments de Crète.
Spratt suivit les descriptions et indications de
Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) et en militaire, il comprit immédiatement l’importance de l’emplacement.
Les premières fouilles sur le site ont commencé en 1900 par l’École Archéologique Italienne d’Athènes, mais
sans grands travaux de dégagements. Contrairement au site archéologique de
Cnossos, fouillé par Arthur Evans, qui a effectué des restaurations
parfois discutées, il est resté tel qu’il était lors de sa redécouverte par les archéologues Italiens.
L’essentiel des efforts de ceux-ci, dirigés par Federico Halbherr et Luigi Pernier, fut centré sur le palais et les quais.
Ils mirent au jour les vestiges d’un vaste complexe de palais (Deux parties de l’ancien et du nouveau palais), avec la plupart
des vestiges préservés de bâtiments appartenant au nouveau palais. Les excavations prirent fin en 1904.
En 1950, les fouilles reprirent dirigées par Doro Levi. Il examina essentiellement
l’ancien palais et les zones de la ville. Depuis les années 1970, les travaux d’excavation sont concentrés sur la zone autour
de la colline palais de Phaistos sur une période couvrant après la destruction du palais et sur les maisons de l’époque
géométriques et hellénistique. Les fouilles ne sont pas encore terminées. La zone du palais est ouverte au public.
Le palais
L’entrée
du palais se faisait par la cour haute au Nord-ouest. C’est une cour dallée (Reste du premier palais).
Le second palais fut construit 8 m. en retrait du premier, ce qui permit de conserver une partie des éléments de cette
dernière construction. Autour de cette cour rectangulaire centrale, de 51,50 m. sur 22,30 m., s’organisaient les quartiers
fonctionnels comportant des magasins de stockage, des pièces à fonction religieuse et des salles d’apparat.
Ce sont ces dernières qui ont fait suggérer aux spécialistes un pouvoir central.
Bain à l’intérieur du palais
Photo avant retouches :
wikipedia.org
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Au pied de la cour on trouvait huit gradins de 22 m. de large, on suppose que le
public s’asseyait dans ces gradins pour assister à des spectacles de taurokathapsies (Des gens, hommes ou femmes, sautant
par-dessus les cornes d’un taureau) ou des cérémonies religieuses. Au Nord de la cour on trouvait une porte avec colonnes et
un couloir pour accéder aux appartements royaux qui comportaient mégaron (Désigne la pièce principale des habitations de
l’âge du bronze) et un hall à péristyle (Galerie de colonnes faisant le tour extérieur ou intérieur d’un édifice) où fut
utilisé l’albâtre entre autres matériaux.
Au Sud-ouest de la cour, on peut apercevoir tout un complexe de magasins et d’énormes silos.
Au Sud, le labyrinthe est un complexe de pièces à caractère sacré, on y trouve deux bains lustraux et des murs
gravés du symbole de la double hache. Le quartier Nord-est était un quartier d’habitations et d’ateliers. C’est dans un de
ces ateliers que l’on a retrouvé en 1908 le disque en argile dit “de Phaistos”, daté du XVIIe siècle et recouvert d’une
écriture hiéroglyphique. Il est aujourd’hui, comme beaucoup de céramiques trouvées à Phaistos, au musée
Archéologique d’Héraklion. L’existence de grands édifices à proximité de Phaistos, à Monastiraki, semble avoir hébergés des hauts
fonctionnaires.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur Phaistos voir les ouvrages de :
Stylianos Alexiou :
– A guide to the Minoan palaces : Knossos, Phaestos, Mallia,
Spyros Alexiou Sons, Heraclion, 1998.
Despoina Chatzē-Vallianou et William W.Phelps :
– Phaistos, Tameio Archaiologikōn Porōn kai Apallotriōseōn, Ministry of Culture,
Archaeological Receipts Fund, Athènes, 1989.
Kostis Davaras : ou Kōstēs Davaras
– Phaistos, Hagia Triada, Gortyne, Editions Hannibal, Athènes, 1980.
Jean Faucounau :
– Le déchiffrement du disque de Phaistos : Preuves et conséquences, Harmattan, Paris, 1999.
Louis Godart et Judith Lange :
– Le disque de Phaistos : L’énigme d’une écriture, Éditions Itanos, 1995.
Robin Hägg et Nanno Marinatos :
– The function of Minoan palaces. Proceedings of the fourth international symposium at the Swedish Institute in Athens,
10–16 June, 1984, Paul Åström, Stockholm, 1987.
Stella Kalogeraki :
– Phaestos : Ayia Triada, Mediterraneo Editions, 1 Décembre 2006.
Walther Kamm :
– Die konstruktion des neuen palastes von Phaistos, MBM Druck Team, St. Blasien, 1989.
Athanasia Kanta :
– Phaistos, Hagia Triada, Gortyn, Verlag Adam, Athènes, 1998.
Doro Levi :
– The recent excavations at Phaistos, C. Bloms, Lund, 1964.
Iannis A.Papapostolou, Vanna Hadjimihali et Béatrice Detournay :
– Crête : Cnossos, Phaestos, Mallia, Haghia Triada, Zakros et le musée d’HéraÉleion,
Editions Clio, Athènes, Paris, 1981.
Luigi Pernier et Luisa Banti :
– Il palazzo minoico di Festòs : scavi e studi della Missione archeologica italiana a Creta dal 1900 al 1950,
Istituto nazionale d’archeologia e storia dell’arte, Libr. dello Stato, Rome,
1935-1951.
Guy Rachet :
– Archéologie de la Grèce préhistorique : Troie, Mycènes, Cnossos, Gérard, Verviers, 1969.
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Grand escalier |
Le théâtre |
Entrée et cour centrale du palais |
Kommos – Port de Phaistos |
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