Quelques Rois Importants :
Bardylis I
 
393 – 358
 

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Sommaire
 

Son origine
Son règne
      Son début de règne
      Première campagne Macédonienne
      Campagne en Épire
      Deuxième confrontation Macédonienne
Bibliographie

 

    

 

Son origine

 
   Bardylis I (ou Bardytys ou Bardyllis ou Vardylis, en Grec : Βάρδυλις ou Βάρδυλιν ou Βάρδυλλις, en Latin : Bardulis) fut un Roi Dardanien  d’Illyrie de 393 à 358 ou 385 à 358 ou 385 à 356 av.J.C qui lança l’unification du pays. Selon certains spécialistes, il naquit autour de 448 et devint Roi, malgré ses origines humbles. Mineur et charbonnier, il devint chef d’une bande de voleurs avant d’être proclamé Roi. Il sut acquérir la sympathie des guerriers Dardaniens car il divisait le butin de guerre de façon équitable et impartiale. Bardylis I n’était pas l’héritier de Sirras (ou Sirrhas, en Grec : Σίρρας, v.435 à v.393) son prédécesseur des Enchéléiens, mais du Roi d’Illyrie précédent qui est juste connu pour avoir passé un traité de paix avec le Roi de Macédoine, Amyntas II Micros (394) pour le contrôle de Lyncestie.
 

Son règne


 

Tétradrachme argent du règne de Bardylis I –
v.380 – Damastion

 
            Son début de règne
 
   Bardylis I réussit à unifier diverses tribus en une seule organisation ce qui lui apporta une formidable puissance dans les Balkans et ce qui entraîna un changement des relations avec la Macédoine. Plus rien ne s’opposait à sa volonté de conquête. Il prit pour capitale Skodra (ou Scodra ou Shkodra ou Scutari, aujourd’hui Shkodër au Nord de l’Albanie), ce fut la principale ville de la région au bord du lac du même nom, le plus grand lac des Balkans. Contrairement aux Rois d’Illyrie précédents, Bardylis I sut combiner les actions militaires et les développements économiques.

 

 
   Il commença à émettre une monnaie d’argent à partir de vers 393, frappée dans la ville de Damastion. Il exporta également de l’argent sous forme de lingots. Une autre monnaie fut produite à partir de 365 à Daparria, une ville minière au Kosovo. La répartition des monnaies retrouvées montre que Bardylis I construisit un large espace commercial dans le centre des Balkans et le Nord du Danube, qui étaient loin de la région dominée par le commerce Grec. Il est aussi probable que ce fut Bardylis I qui construisit quelques villes fortifiées, comme Lychnides (ou Lychnidus) et Pélion (ou Pelium ou Pílio ou Pēlion) dans la région des lacs.

 
            Première campagne Macédonienne
 
   Une légende raconte qu’après avoir vu un signe dans un rêve, Bardylis I entreprit une série de campagnes militaires qui lui permirent d’étendre sa domination sur les Molosses, tribu dominante de l’Épire et d’autres tribus, aussi loin que les frontières de la Macédoine. Quoi qu’il en fut, en 393, il s’opposa à l’accord avec Amyntas II et son prédécesseur et envahit la Macédoine. Il remporta une bataille décisive contre son Roi Amyntas III (393-370/369) et pilla le Nord et l’Ouest du pays. Amyntas III chercha des alliés, mais il ne reçut d’aide que de l’oligarchie des Aleuades de Larissa, la Macédoine l’ayant aidée quelques années plus tôt et de la Ligue Chalcidienne, dirigée par la cité d’Olynthe et encore, en échange de territoire qu’il dut leur céder.


 

Statère argent d’Amyntas III

 
   Ce renfort fut insuffisant et Bardylis I renversa Amyntas III qu’il remplaça par un Roi fantoche nommé Argaeus II (ou Argaios ou Argée 393-392), un fils d’Archélaos I, pour à peine deux ans car Amyntas III retrouva son trône avec l’aide des Thessaliens. Afin de garantir sa frontière Nord-ouest, Amyntas III épousa une Princesse d’origine Illyrienne, Eurydice. Il réclama alors aux Chalcidiens, les terres qu’il leur avait cédées lors de l’invasion Illyrienne, mais ces derniers refusèrent et une guerre éclata. Vers 382, Sparte fut appelée à l’aide par d’autres cités de la région, que l’essor de la Ligue Chalcidienne inquiétait. Cette aide militaire permit à Amyntas III, dont l’infanterie était à l’époque en mauvais état, de retourner la situation et Olynthe finit par capituler.

 
            Campagne en Épire
 

 

   Un peu avant, en 385, les Illyriens avaient formé une alliance avec Denys l’Ancien (405-367), le Tyran de Syracuse. Le but de cet accord était la restauration au trône d’Épire d’Alcétas I (390 370) qui était en exil. Les deux parties étaient intéressées dans cette alliance qui leur garantissait de pouvoir affaiblir l’impact des Spartiates et des Macédoniens qui était conséquent en Épire. Denys I envoya un contingent de 2.000 hommes et 500 paires d’armures pour soutenir l’action. La coalition rassembla toutes ses forces et traversa l’Épire pour atteindre le pays des Molosses où elle ne rencontra que peu de résistance.
 
   Elle pilla la région ainsi que la totalité de l’Épire et réussit à remettre Alcétas I au pouvoir. Toutefois, une résistance Molosse s’étant rassemblés en corps d’armée, leur livra combat, mais les Illyriens furent vainqueurs et tuèrent plus de 15.000 hommes. À ce stade Bardylis I avait étendu les frontières de son État aussi loin au Sud que la mer Ionienne. Cependant, les Lacédémoniens apprenant les dommages que le peuple d’Épire avait endurés, leur envoyèrent des secours grâce auxquels ils repoussent l’incursion des envahisseurs et le bref règne de Bardylis I sur le Nord de l’Épire fut terminé.

 
            Deuxième confrontation Macédonienne
 
   Bardylis I profita des conflits auxquels les Macédoniens étaient confrontés et les Illyriens lancèrent des raids sur les frontières septentrionales de leur royaume. En 372, grâce à ces invasions continues, le Roi força Amyntas III à lui payer un tribut annuel. En 370/369 le Macédonien mourut. Son mariage avec Eurydice avait produit plusieurs enfants dont l’aîné des garçons qui lui succéda fut Alexandre II (370/369-368). En 369, Bardylis I empêcha Alexandre II d’éliminer les Dardaniens de Macédoine en lançant une nouvelle invasion au Nord-ouest du pays. En 365 Alexandre II fut remplacé par son frère Perdiccas III (368-359). À cette époque les Péoniens commencèrent une série de raids contre les Macédoniens à l’appui d’une invasion des Dardaniens du Nord.
 
   Perdiccas III humilié et indigné d’avoir à rendre hommage aux Dardaniens, marcha vers le Nord au printemps de 359, étant bien décidé à régler le problème en une bataille. Malheureusement pour lui, Bardylis I fut vainqueur et le Roi lui-même fut parmi les 4.000 morts Macédoniens. De plus le restant de son armée, pris de panique devant l’armée Illyrienne, perdit courage et déserta. Il s’agit de la pire perte subie par les Macédoniens dans la gamme de leurs efforts pour se libérer des Illyriens. Les Dardaniens forts de leur victoire, suivirent leur progression en étendant leur contrôle vers le Sud du lac d’Ohrid (ou Okhrid) et vers l’Ouest en Haute-Macédoine.


 

Buste de Philippe II –
Ny Carlsberg Glyptotek –
Copenhague

 
    Par ses actions, Bardylis I avait porté la Macédoine au bord de l’effondrement, lorsque Philippe II (359-336), le plus jeune frère de Perdiccas III monta sur le trône. Ce dernier pensait que son royaume devait s’affranchir de la tutelle des royaumes voisins, Les Péoniens et les Illyriens et il était déterminé à les mater une fois pour toutes. Fort d’une armée qu’il avait reformée, en 359, Philippe II revint sur le champ de bataille contre les Illyriens car d’importantes zones de la Haute-Macédoine étaient sous le contrôle de Bardylis I. Dans un premier temps, afin de se concentrer sur la lutte interne nécessaire pour assurer sa couronne, Philippe II réaffirma le traité que les Dardaniens avaient imposé à la Macédoine par la force des armes et scella l’alliance par son mariage avec Audata, la fille (on trouve aussi le nièce ?) de Bardylis I.
 
   Au printemps 358, ses forces bien recomposées, Philippe II fut en mesure de répondre à l’occupation du Nord-ouest de la Macédoine par Bardylis I. Lorsque ce dernier appris les intentions du Macédonien et la mobilisation de son armée, il proposa à Philippe II qu’ils signent un traité qui maintiendrait le statu quo, à la condition que les deux parties gardent les villes qui étaient déjà en leur possession. Proposition qui fut, bien sûr, inacceptable pour Philippe II car il n’était pas prêt à accepter des conditions autres que le retrait complet de son pays des Dardaniens.
 
   Bardylis I de son côté n’était pas disposé non plus à renoncer à ses gains quitte à en arriver à la guerre. Philippe II mobilisa tous les soldats valides de Macédoine pour la bataille. Bien que les deux armées furent presque du même nombre, 500 cavaliers et 10.000 fantassins pour Bardylis I, contre 600 cavaliers et 10.000 fantassins pour Philippe II, les Macédoniens étaient bien mieux formés et équipés. Les armées se rencontrèrent dans une bataille dans une plaine de la vallée de l’Érigon, près de Bitola (Au Sud-ouest de la République de Macédoine actuelle), juste au Sud de l’État Dardanien. La bataille fit rage un long moment sans qu’aucune partie ne prenne le dessus. Finalement, les soldats de Philippe II réussirent à pénétrer le flanc droit des Dardaniens ce qui désordonna la formation de Bardylis I qui fut rapidement brisée.
 
   Ce dernier fut écrasé et 7.000 Illyriens périrent sur le champ de bataille, dont Bardylis I. Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) décrivit cet événement et précise que le Roi qui avait 90 ans montait encore à cheval. Toutefois, Philippe II vit qu’il n’était pas en mesure de poursuivre les soldats Illyriens qui fuyaient et il les laissa partir. Les Illyriens plus tard envoyèrent des représentants pour discuter des conditions de paix en échange de la libération de toutes les villes de Macédoine qu’ils avaient conquises. Grâce à cette victoire, Philippe II étendit ses frontières Nord-ouest en annexant le territoire Dardanien jusqu’au lac d’Ohrid (ou Okhrid). Le successeur de Bardylis I fut Grabos (ou Grabus, 358 à 356).
 
   On ne connait pas le nom de son épouse, ni le nombre de ses enfants. On sait qu’il eut un fils, Clitos (ou Kleitos ou Cleitus, en Grec : Κλετος) qui fut Roi en 335.

 

Bibliographie

 
   Pour plus de détails sur le Roi voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Zofia Halina Archibald :
– The Central and Northern Balkan Peninsula, Wiley Library, 2006.
Hermann Bengtson :
Herrschergestalten des Hellenismus, C.H.Beck, München, 1975. 
Danièle Berranger-Auserve et Pierre Cabanes :
Epire, Illyrie, Macédoine : Mélanges offerts au professeur Pierre Cabanes, Université de Clermont-Ferrand II, Centre de recherches sur les civilisations antiques, Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2007.
Pierre Cabanes :
L’Illyrie méridionale et l’Epire dans l’Antiquité : Actes du Colloque international de Clermont-Ferrand, 22-25 octobre 1984, Adosa, Clermont-Ferrand, 1987.
Les Illyriens de Bardylis à Genthios : IVe-IIe siècles avant J.-C, SEDES, Paris, 1988.
Pierre Cabanes et Faïk Drini :
Corpus des inscriptions grecques d’Illyrie méridionale et d’Épire, École Française d’Athènes, Fondation D. et E. Botsaris, Athènes, 1995.
Jeff Champion :
Pyrrhus of Epirus, Pen & Sword Military, Barnsley, 2009.
Jean-Nicolas Corvisier :
Aux origines du miracle Grec : Peuplement et population en Grèce du Nord, Presses universitaires de France, Paris, 1991.
Jean Baptiste Évariste Charles Pricot de Sainte-Marie :
Les slaves méridionaux : Leur origine et leur établissement dans l’ancienne Illyrie, Armand Le Chevalier, Paris, 1874 – F. Fetscherin et Chuit, Paris, 1886.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond et Frank William Wallbank :
A history of Macedonia / Vol. 3, 336-167 B.C., Clarendon Press, Oxford, 1972-1988.
Don Nardo :
– Leaders of ancient Greece, CA : Lucent Books, San Diego, 1999.
Saimir Shpuza, Roland Étienne et Shpresa Gjongecaj :
La romanisation de l’Illyrie méridionale et de l’Épire du Nord (IIe siècle avant notre ère – IIe siècle de notre ère), Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 2009 – Atelier National de Reproduction des Thèses, Lille, 2009.
John Joseph Wilkes :
The Illyrians, B. Blackwell Publishers Limited, Oxford, 1992, 1995.
Edouard Will :
Histoire politique du monde hellénistique : 323-30 av. J.-C., Impr. Berger-Levrault, Nancy, 1966 – Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1979 et 1982 – Editions du Seuil, Paris, 2003.

 

 
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