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Sénènmout et Néferourê – Musée Egyptien du Caire
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Son origine
Néferourê (Nfrw RA)
est une Princesse, ou une Reine d’Égypte de la
XVIIIe dynastie. Elle fut
la fille du Roi Thoutmôsis II (1492-1479) et
de la Reine Hatchepsout (1479-1457). Elle naquit en l’an
10/11 du règne de Thoutmôsis II. Elle fut
peut-être une des épouses de son demi-frère
Thoutmôsis III (1479-1425). Cette théorie est
fondée sur deux inscriptions où le nom de la
Grande Épouse Royale de
ce dernier, Satiâh (ou
Sitiah ou Sit-aoh ou Sit-Iah ou Sat-Iah) fut remplacé par celui de Néferourê. Une des inscriptions est
associée au titre Grande Épouse Royale, l’autre avec celui d’Épouse de Dieu.
À partir de là, quelques
spécialistes, dont Ian Shaw, mais
ils sont loin de faire l’unanimité, avancent que Néferourê fut une épouse de ce Roi et la mère de son fils,
le Prince Amenemhat (ou Aménémès). Toutefois, il n’existe pas de preuve concrète pour affirmer avec certitude
que Néferourê fut bien mariée à
Thoutmôsis III et encore moins qu’elle fut
la mère de son fils.
Christian Leblanc réfute le fait qu’elle fut sa conjointe car, dit t-il,
jamais la mention d’Épouse du Roi (Hmt-nswt)
ou Grande Épouse Royale (Hmt-nswt wrt)
n’accompagnent ses représentations.
Son histoire
Au delà des
différents exposés ci-dessus, il semble que Néferourê eut un rôle
exceptionnellement important à la cour, dépassant le rôle joué normalement par
une Princesse royale, d’où le fait que certains chercheurs,
dont
Joyce Anne Tyldesley, la considèrent comme ayant sûrement été Reine. L’égyptologue précise :
"Normalement les rejetons royaux passent leur enfance
à l’ombre de leur nursery. Néferourê n’aurait pas fait exception à la règle du vivant de son père. mais,
après le couronnement de sa mère, elle aurait joué un rôle inhabituel pour une
Princesse, celui d’une Reine dans la vie publique".
C’est peut-être pour cette raison qu’elle reçut les titres de :
Maîtresse [Souveraine] de Haute et de Basse-Égypte (Hnwt Smaw mHw) et
Dame des Deux Terres (nbt tAwy). Il semble que sa mère, qui on
le sait joua un rôle très fort dans l’administration du pays, va s’efforcer de placer sa propre
fille dans la même position.
Sénènmout et Néferourê – Musée du Louvre
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Une scène représentée dans la chapelle rouge
d’Hatchepsout,
dans le temple de Karnak, suggère que pendant le règne de celle-ci,
Néferourê porta le titre d’Épouse du Dieu Amon (Hmt-ntr-imn).
Ce dernier lui étant abandonné par sa mère lorsque celle-ci devint Reine "Pharaon".
Ce titre et cette fonction avaient été tenus par plusieurs Reines de la dynastie. Dans cette chapelle la
Princesse est représentée sous les traits d’une femme adulte, se prêtant aux rites de sa fonction.
Selon quelques égyptologues, Néferourê était prévue pour succéder à sa mère et devenir le
prochain "Pharaon". C’est pour cette raison
qu’Hatchepsout lui donna un rôle de premier
plan à la cour et une excellente formation.
Christian Leblanc nous dit que part sa charge d’Épouse du Dieu, elle se vit confier
la gestion de l’institution des Divines Adoratrices. À ses côtés, pour l’aider dans le
gouvernement de cette vaste entreprise, se retrouvèrent des hauts fonctionnaires du royaume tel que,
entre autres, Sénènmout ou Senmout)
et Minhotep, Grand Intendant de la cour et Gouverneur de sa maison et des domaines qui lui sont rattachés.
Joyce Anne Tyldesley avance que l’éducation de la Princesse constitua visiblement un enjeu important.
Elle recevra d’abord les enseignements d’un tuteur (Père nourricier),
Ahmès-Pennekhbet,
l’ancien tuteur de sa mère, puis aura comme précepteur et tuteur,
Sénènmout (ou Senmout), qui aura semble
t-il une relation amoureuse avec Hatchepsout
et enfin par l’administrateur Senmen, que quelques spécialistes donnent comme le
frère de Sénènmout.
Ce dernier qui est aussi premier conseiller de la Reine, accumule richesses et titres et
abuse petit à petit de sa confiance. Il finit par être découvert et la Reine
lui retire tous ses titres, et il disparaît mystérieusement. Il semble qu’à peu
près à la même époque Néferourê décède.
Ses représentations
La Princesse/Reine est représentée dans plusieurs endroits,
bien que bizarrement elle n’apparait que très rarement dans l’iconographie officielle, ou dans les
tombes des contemporains du règne, que ce soit de sa mère ou de son supposé époux.
On trouve sa trace dans le
temple funéraire de
sa mère à Deir el-Bahari ;
sur des statues de Sénènmout et
Senmen ; sur des stèles à Karnak et à Serabit el-Khadim (ou Sérabit el-Khadem), une localité située dans le
Sud-ouest de la péninsule du Sinaï. Selon Eric Cline et
David O’Connor, cette
dernière stèle donne à son sommet l’année de sa construction, mais aucune mention n’est faite du nom du Pharaon.
À Karnak, son effigie est celle d’une très pette fille, notamment dans la scène qui la montre
en présence de sa mère et de Thoutmôsis II, ou
au contraire, d’une Princesse adulte, comme l’indique sa taille sur deux autres monuments.
À Deir el-Bahari, où il semble
que la décoration du sanctuaire principal fut exécutée vers l’an 13 ou 14 du règne de sa mère,
ses traits sont encore ceux d’une adolescente. Sur les statues avec
Sénènmout, elle est montrée avec
le crâne rasé et porte comme toutes les petites Égyptiennes de l’époque, la mèche latérale symbole de l’enfance.
Sénènmout est
coiffé d’une perruque aux lourdes tresses et adopte des postures typiquement féminines, portant la petite Princesse
dans ses bras, ou la tenant sur ses genoux. Peter Dorman a soutenu que le sphinx représentant une Reine, daté du règne
de Thoutmôsis III, dépeint Néferourê.
Il n’existe aucune inscription pour prouver ou réfuter cette proposition d’identification. Déjà qu’il n’est pas
certain qu’elle fut l’épouse Thoutmôsis III.
Néferourê est mentionnée également dans le premier tombeau de
Sénènmout, construit en l’an 7 du règne de sa mère.
Sénènmout et Néferourê – Musée du Caire
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Elle est ensuite dépeinte sur une stèle
à Serabit el-Khadim en l’an 11, mais elle n’est pas mentionnée dans le deuxième tombeau de
Sénènmout (Deux tombeaux qu’il n’a jamais occupé),
daté de l’an 16. Son décès se situe donc entre l’an 11 et 16
d’Hatchepsout, mais sans certitude absolue. Car, comme le
précise
Christian Leblanc, rien parmi les sources ne s’oppose vraiment au fait qu’elle ait pu survivre à
sa mère quelques temps. On ne connait donc pas exactement la date de sa mort et son lieu de sépulture
est encore sujet à débats.
Selon
Aidan Marc Dodson, il est possible que Néferourê fut enterrée dans un
tombeau à l’ouâdi Gabbanat el-Gouroud
(ou Wadi Qubbet el-Qurud), à
Thèbes, qui aurait été construit pour elle. Les trois Princesses Syriennes épousées par
Thoutmôsis III,
Menhet,
Ménoui
(ou Menouay) et Merti
(ou Mertet) y furent enterrées.
L’Ouâdi, s’enfonçant dans la montagne
Libyque proche de la vallée des Rois,
est plus connu sous le nom de vallée des singes ou vallée de l’Ouest (West valley), d’où le nom des
tombes (WV) qui y furent retrouvées. La tombe fut mise au jour par l’archéologue
Howard Carter en 1904. Elle est située au sommet d’une simple falaise à pic et elle est
pour l’essentiel vide. Il est a noté que la sépulture avait sûrement été utilisée puisque
les archéologues ont retrouvé des traces de peinture ocre jaune qui avait dû servir à quelques décorations ?.
Des égyptologues qui ont inspecté le tombeau sont certains que Néferourê n’a pas survécu à sa mère.
Toutefois,
Christian Leblanc précise qu’excepté un fragment de statue trouvé à proximité portant son
cartouche, il n’y a malheureusement pas d’autre indice qui puisse étayer le fait
qu’elle fut bien inhumée en ce lieu. Aucune
momie retrouvée dans la cachette de
la tombe DB320 de
Deir el-Bahari n’a pu
lui être attribuée et fait plus troublant encore, aucune pièce de son mobilier funéraire n’a encore été mis au
jour. En somme, l’énigme reste entière. Contrairement à
Hatchepsout, aucune persécution n’eut
lieu contre son nom, ou son image.
Bibliographie
Pour plus de détails sur la Reine voir les ouvrages de :
Janet R.Buttles :
– The queens of Egypt, A. Constable, London, 1908.
Eric Cline et
David O’Connor :
– Thutmose III : A new biography, The University of Michigan Press, Mars 2006.
Christiane Desroches Noblecourt :
– La Reine mystérieuse Hatchepsout, Pygmalion, Paris, Mars 2002 – Flammarion, collection : J’ai lu, Août 2008.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Michel Gitton :
– Les divines épouses de la XVIIIe dynastie, Centre de recherches
d’histoire ancienne, Annales littéraires de l’université de Besançon, Les Belles-Lettres, Paris, 1984 et 1989.
Jean-Claude Goyon et Mohamed A.El-Bialy :
– Les Reines et Princesses de la XVIIIe dynastie a Thèbes-Ouest, Atelier national de reproduction des thèses, Lille, 2005.
Peter Kaplony :
– Denkmaler der Prinzessin Neferure und der Konigin Ti-Mienses in der Sammlung A. Ghertsos, Leroux, Paris, 1970.
Kenneth Anderson Kitchen :
– A long-lost portrait of princess Neferure from Deir El-Bahri, Egypt
Exploration Society, London, 1963.
Christian Leblanc :
– Reines du Nil au Nouvel Empire, Bibliothèque des introuvables, Juillet 2010.
Gay Robins :
– Women in ancient Egypt, Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1993.
Kurt Heinrich Sethe :
– Urkunden des ägyptischen Altertums, vol. IV : Urkunden der 18. Dynastie,
Hindrich’sche Buchhandlung, Leipzig, 1932 (posthume) 1961.
Zbigniew E.Szafrański :
– Neferure, Daughter of Kings Tuthmosis II and Hatshepsut,
Études et travaux 21, Varsovie, 2007.
Joyce Anne Tyldesley,
Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
– Chronicle of the Queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd,
Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre,
Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008.
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