Hetephérès II et sa fille Méresânkh III –
Musée de Boston |
Son origine
Hetephérès II (ou Hetep-Hérès –
htp-hr.s) est une Reine d’Égypte de la
IVe dynastie. Elle fut la fille du Roi
Khoufou (ou Khéops, 2551-2528) et de la Reine Méritâtès I
(ou Meritit ou Mérititès). Un fragment de titulature, trouvé dans le tombeau de Méritâtès I indique que celle-ci serait
bien la mère d’Hetephérès II. Cependant il faut noter que quelques spécialistes rejette quand même cette filiation.
Elle semble avoir été l’un des membres de la famille royale de la
IVe dynastie qui vécu le plus longtemps,
puisqu’elle serait née sous le règne de son grand-père
Snéfrou (2575-2551) et mourut au début du règne de
Shepseskaf (ou Chepseskaf, 2472-2467).
Elle aurait, de ce fait, été témoin des règnes de Sept Rois de la
IVe dynastie.
Son histoire
Hetephérès I épouse en premières noces, sûrement
pendant le règne de son père, son frère (ou oncle, les avis sont partagés ?) Kaouâb I (ou Kouaf), fils héritier de
Khoufou, qui est assassiné peu après.
Roman Gundacker affirme que selon des recherches récentes, Kaouâb I serait le 2e fils de
Snéfrou et de la Reine
Hetephérès I. Puis elle épouse son autre frère
Djédefhor,
cette filiation est très incertaine et controversée. Puis, (plus sûrement) son demi-frère
Djédefrê (2528-2518).
Quelques inscriptions indiquent qu’elle fut bien une de ses épouses royales. Enfin après le décès de
Djédefrê, elle devient la femme de son oncle Ânkhhaf.
Là encore cette union est controversée. L’hypothèse repose seulement sur le fait que l’on est sur qu’Ânkhhaf eut une
épouse du nom Hetephérès, il lui a, de ce fait, été rattachée Hetephérès II, mais beaucoup de spécialistes pensent
qu’il s’agit de la Princesse Hetephérès (ou Hetephérès A), la tante de celle-ci.
Sphinx représentant la Reine, retrouvé sur le site
de la pyramide de Djédefrê à Abou Rawash. Cette statue est considérée par certains
comme le premier exemple d’un Sphinx – Musée Égyptien du Caire
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Ce dernier occupera la fonction de Vizir lors du règne de son neveu
Khafrê (ou Khéphren, 2518-2492).
Hetephérès II n’a jamais eu de fils héritier au trône ce qui fait qu’elle n’a jamais reçu le titre de :
Mère du Roi (mwt nswt). Ânkhhaf se fait édifier un mastaba à
Guizèh (G7510) dans le cimetière oriental près
de la pyramide de son frère
Khoufou (ou Khéops). On y a mis au jour notamment
un buste le représentant, qui est conservé aujourd’hui au Museum of fine arts de Boston.
Bien qu’elle ne fût plus l’épouse royale
après le décès de Djédefrê, Hetephérès II
fut quand même capable de garder son influence qui lui permettra de maintenir une position d’une certaine importance
à la cour. Un de ses fils deviendra directeur du Palais, tandis qu’un autre sera trésorier du Roi.
Le plus grand honneur ira cependant à sa fille
Méresânkh III qui deviendra plus tard
l’épouse royale de son oncle Khafrê (ou
Khéphren), le demi-frère d’Hetephérès II.
Hetephérès II meurt, selon une inscription, en l’an 1 d’un souverain dont le nom est malheureusement
inconnu. Il s’agit peut-être de la première année du règne de
Menkaourê (ou Mykérinos, 2492-2472).
Cependant, certains égyptologues ont émis l’hypothèse qu’elle pourrait avoir
survécu jusqu’à la première année du règne de
Shepseskaf (2472-2467), ce qui lui ferait logiquement plus de 70 ans.
Chapelle souterraine de la tombe de Méresânkh III
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Sa sépulture
Hetephérès II eut plusieurs sépultures qui correspondent aux différentes
étapes et mariages au cours de sa vie. Elle avait initialement prévu de se faire inhumer dans le tombeau commun, G7110 et
G7120, avec son premier époux Kaouâb I (ou Kouaf), où la construction de sa chambre funéraire y fut commencée,
mais ne fut jamais terminée. Puis, avec son deuxième mariage, elle se fit construire un mastaba dans la nécropole de
Guizèh et y fit placer un sarcophage en granit noir.
La tombe est connue sous le nom, G7530-7540, et est célèbre pour la richesse de ses ornements.
Elle fut découverte en Avril 1927
par George Andrew Reisner.
Dans le tombeau, Reisner
découvrit, entre autres, des sculptures, dont une, qui représente un groupe de femmes de différents âges, qui
divise les égyptologues quant à sa signification. Certains proposent qu’il
s’agisse de la succession des femmes de la dynastie : Hetephérès II et ses deux filles,
Néferhétepès et
Méresânkh III, puis les filles de celle-ci, dont Shepsesetkaou, puis
Rekhetrê et sa fille
Khentkaous I,
puis Khentkaous II et
Méresânkh IV.
Cependant sa fille
Méresânkh III,
décéda avant elle, la Reine décida
alors de lui céder son tombeau où
Méresânkh III fut inhumée. Pour elle-même,
Hetephérès II se fit construire un nouveau mastaba, qui sera beaucoup plus simple et nettement
moins bien décoré. On ne sait donc pas avec certitude qu’elle fut la dernière
demeure d’Hetephérès II qui reste encore a retrouver. De plus, la découverte à
Abou Rawash (ou Abou Roach ou Abu Roache) d’éléments à son nom pourrait indiquer qu’elle y possédait une sépulture,
que son époux Djédefrê avait probablement prévu à
proximité de son complexe pyramidal.
Les fouilles du site étant toujours en cours, des découvertes à venir permettront certainement d’éclaircir ce point.
Sa famille
Hetephérès II a trois ou quatre époux qui lui sont attestés en fonction des
spécialistes :
• Kaouâb I à qui elle donne quatre enfants :
Une fille :
▪ Méresânkh III qui
épousera le Roi Khafrê (ou Khéphren, 2518-2492).
Bien que son père ne fut jamais devenu un Roi, elle portait le titre de
Fille du Roi (s3T-nswt) parmi sa titulature.
Ce titre peut être interprété différemment et indiquer Petite-fille du Roi. Selon certains spécialistes elle
serait probablement née à la fin du règne de Khoufou,
et devait être très jeune lorsque son père décéda.
Trois fils :
▪ Douaenhor (ou Duaenhor) qui fut enterré dans le mastaba G 7550. Il portait les titres
de : Fils du Roi de son corps, Compagnon de son père. Laurel Flentye, pense que sur la base de ses titres
il pourrait être un des plus jeune fils de
Khoufou (ou Khéops, 2551-2528). Toujours selon
Flentye, Douaenhor aurait eu une fille du nom de Nebtyhotep, qui est mentionnée sur sur la façade d’entrée de son tombeau.
▪ Kaemsekhem qui fut Directeur de palais. Il épousa Ka’aper (ou Kaemsekhem) qui lui
donna deux fils : Minkhaf et Raouer (ou Rawer). Son tombeau G 7660 est
situé à Guizèh. La chapelle fut bien décorée,
mais malheureusement les scènes sont endommagés.
▪ Mindjedef qui est aussi quelques fois donné comme un fils de
Khoufou. Il eut, entre autres titres, ceux de :
Fils du Roi de son corps, Prince héréditaire, Trésorier du Roi de la Basse-Égypte. Il épousa Khoufou-Ânkh
(ou Khufuaankh), qui lui donna un fils. Son tombeau, G 7760, est situé à
Guizèh.
Mindjedef et Khoufou-Ânkh sont dépeints avec un petit garçon dans la chapelle, mais son nom n’est pas conservé.
• Djédefhor qui à peut-être régné un temps.
Cette union est très contestées entre les spécialistes.
On n’en connait pas d’enfant.
• Djédefrê, son demi-frère qui devient Roi de 2528
à 2518 et à qui elle donna une fille :
▪
Néferhétepès (ou Neferhetepes) dont le nom
nous est connu à partir d’un fragment de statue trouvé à Abou Rawash où son père avait son
complexe funéraire. Elle est la plus ancienne
Prêtresse d’Hathor attestée et
elle fut également Maîtresse du sycomore. Elle est identifiée aussi aujourd’hui à la femme du même nom qui fut
enterrée dans le petit complexe
funéraire à côté de celui d’Ouserkaf (2465-2458),
premier Roi de la Ve dynastie. Il y a beaucoup de controverses
sur cette Princesse qui est donnée, soit comme la mère
d’Ouserkaf, comme le propose entre autres
Nicolas Grimal, soit comme son
épouse et la mère de Sahourê ?.
• Ânkhhaf, sources incertaines. Cette hypothèse repose seulement
sur le fait que l’on est sur que le Vizir Ânkhhaf eut une épouse au nom d’Hetephérès, il lui a de ce fait
été rattachée Hetephérès II, mais beaucoup de spécialistes pensent qu’il s’agissait de la Princesse Hetephérès
(ou Hetephérès A), la tante d’Hetephérès II. Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la Reine voir les ouvrages de :
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Wolfram Grajetzki :
– Ancient Egyptian Queens : A hieroglyphic dictionary, Golden House Publications, London, 2005.
Nicolas Grimal :
– Histoire de l’Égypte ancienne, Fayard, Paris, Novembre 1988 et 1997, LGF, Livre de Poche, Janvier 1994 –
En Anglais, A History of Ancient Egypt, Blackwell Books, Oxford, 1992.
Laurel Flentye :
– The development of the eastern and GIS cemeteries at Giza during the fourth
dynasty, Miroslav Bárta, ed. The Old Kingdom Art and Archaeology,
Proceedings of the conference held in Prague, May 31-June 4, 2004. Prague, Institute of Egyptology, 2006.
Sarah M.Nelson :
– Ancient Queens – Archaeological explorations, Rowman Altamira, Lanham, Maryland, 2003.
Rosanna Pirelli, préface de Suzanne Moubarak :
– Les Reines de l’Égypte ancienne, Édition Wite Star S.p.A, Vercelli, Italie, 2008.
Silke Roth :
– Die königsmütter des alten Ägypten von der frühzeit bis zum Ende der 12. Dynastie, Otto Harrassowitz,
Wiesbaden, 2001.
Joyce Anne Tyldesley,
Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
– Chronicle of the queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra,
Thames & Hudson Ltd, Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte :
Des origines à la mort de Cléopâtre, Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008 –
En Allemand, Die königinnen des alten Ägypten : Von den frühen dynastien bis zum tod Kleopatras,
Koehler + Amelang Gmbh, Février 2008.
Christiane Ziegler,
Hartwig Altenmüller et Marine Yoyotte :
– Reines d’Égypte : D’Hetephérès à Cléopâtre, et en Anglais,
Queens of Egypt : From Hetepheres to Cleopatra, Somogy,
Paris, Juillet 2008 et Grimaldi forum, Monaco, Octobre 2008.
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