Statuette de Tétishery – Musée du Caire
(voir ci-dessous)
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Son origine
Tétishery (ou Tétishéri ou Tetischeri –
&tj Srj) est une Reine de
Thèbes sous de la
XVIIe dynastie.
Elle fut la fille de Tienna (ou Tjenna) et et Néfrou (ou Neferu) qui n’étaient pas titulaire d’élite héréditaire.
Sa mère avait la qualité de "Maîtresse de maison" et son père la fonction de "Juge".
Christian Leblanc nous
dit que son ascendance nous est connue par trois linges de momification recueillis dans la tombe cachette
DB320 de
Deir el-Bahari.
Elle fut choisie comme épouse, en dépit de sa descendance non royale, par le Roi
Sénakhtenrê (ou Taâ I, 1559-1558) qui en fit sa
Grande Épouse Royale.
Il faut toutefois préciser que l’on a pas de preuve contemporaine confirmant cette union.
Elle sera la mère, ou la grand-mère ? de
Kamosé (1553-1549)
et la grand-mère d’Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24),
le fondateur de la XVIIIe dynastie, qui libérèrent le pays
des Hyksôs.
Son histoire
Les détails de la vie de Tétishery sont assez mal connus et la plupart
des conclusions avancées par les spécialistes sont de l’ordre de la spéculation, ou du peu que l’on a pu tirer de
la stèle monumentale d’Abydos érigée à son nom.
Christian Leblanc avance
que les monuments sur lesquels la Reine est représentée ou mentionnée, prouvent qu’elle survécut à son époux.
Le couronnement de son fils eut pour effet de renforcer sa position dans les affaires du royaume puisqu’elle
fut pour un temps seule à décider du destin du pays.
Leblanc précise que ses
titres : Grande Épouse Royale et Mère du Roi lui furent donnés après sa mort.
Ce fait serait confirmé par la stèle monumentale provenant
d’Abydos et conservée aujourd’hui au
musée du Caire, dont le texte fut rédigé
sous le règne d’Ahmès I.
Tétishery vécu environ jusqu’à l’âge de 70 ans, jusque sous le règne de son
petit-fils, auquel elle fut associée sur la stèle d’Abydos où l’on voit
Ahmès I faire des offrandes à la Reine.
Sur cette
stèle commémorant cet important fait, la Reine est coiffée de la couronne de vautour surmontée de deux hautes plumes.
Elle est assise sur un trône pour recevoir l’offrande de son petit-fils.
Sénakhtenrê va accorder à Tétishery
beaucoup de privilèges comme jamais précédemment il a été donné à une Reine. Elle sera reconnue par décret
pour ses services rendus à l’Égypte pendant la période de trouble que traversa le pays lors de la reconquête contre les
Hyksôs. En effet, la Reine joua un rôle important dans
le maintien de l’ordre à la cour de Thèbes.
Il est aujourd’hui évident qu’après la mort de Sénakhtenrê,
celle précoce de Séqénenrê (ou Taâ II),
Tétishery mena conjointement avec Iâh-Hotep I (ou
Ahhotep I) les affaires de l’État, et elle fut même probablement encore très
influente lors du règne d’Ahmès I (ou Ahmosis I), qui
serait monté sur le trône à environ 5/7 ans. Les deux femmes sont d’ailleurs représentées sur les monuments de cette
période souvent derrière le Roi. Tétishery semble donc avoir joué un rôle central à la cour.
Stèle monumentale d’Ahmès I
à la Reine Tétishery – Musée Égyptien du Caire
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Ahmès I lui
offrit une tombe prestigieuse, découverte en 1902, ainsi qu’une chapelle cénotaphe, à
Abydos au milieu de son propre complexe funéraire.
Le monument était doté d’un lac, de vergers, de terre, de bétail et disposait de fermiers. Un culte et un service
d’offrandes y avaient été instaurés et étaient assurés par une corporation de Prêtres. Cette structure en briques
fut découvert en 1902 par l’Egypt Exploration Fund, et contenait la stèle monumentale (cité ci-dessus) détaillant
le dévouement d’Ahmès I pour Tétishery. Un
Livre
des Morts, provenant d’Abousir
porte sur son verso un texte indiquant que la Reine possédait d’autres propriétés foncières. Sur ce document son
nom est associé à celui d’Ahmès-Satkamosé (ou Satkamès), une des épouses
d’Ahmès I.
Sa sépulture, sa momie
Aucun tombeau à
Thèbes ne lui a encore été identifié d’une manière concluante, certains spécialistes avancent la tombe
KV41 qui fut découverte en 1899
par Victor Loret.
Il faudra attendre 1991 pour que ce tombeau soit fouillé de nouveau par l’IFAO (Institut Français d’archéologie orientale)
en association avec la faculté d’archéologie de l’université du Caire. Selon quelques spécialistes le tombeau aurait été
construit pour elle par son petit-fils Ahmès I.
Dessin du haut de la stèle d’Abydos
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À aujourd’hui rien ne vient confirmer d’une manière concluante ce fait. Il n’a jamais été fini et il semble même ne jamais
avoir été utilisé, on y a d’ailleurs retrouvé aucun objet. Il est situé derrière
Deir el-Bahari dans un endroit nommé
la "vallée des puits". Il se compose d’un puits d’environ 11.20 m de profondeur. Il n’a aucune
chambre latérale et une longueur totale d’un peu plus d’1,60 m.
Une momie trouvée avec
d’autres de la famille royale, dans la cachette de la tombe
DB320, de
Deir el-Bahari, appelée la Femme inconnue B
(CG61056), pourrait lui être attribuée. Elle fut découverte en 1881 par
Gaston Maspero qui l’identifia,
à tort, comme étant celle de Ramsès I (1295-1294).
Grafton Elliot Smith
en reprit l’étude en 1909 et révéla qu’il s’agissait en fait de la
momie d’une femme, qui
était partiellement chauve, avec les cheveux blancs en nattes tressées et qui mesurait 1.57 m.
Gabriele Höber-Camel précise que cette femme mourut à un âge très avancé et qu’elle avait une structure osseuse délicate.
Ce fut Georges Daressy et
Margaret Alice Murray qui mirent
au jour que certains bandages de la momie, portaient le
nom de Tétishery. D’autres chercheurs confirmèrent qu’elle datait bien de la
XVIIe dynastie et devait être celle de la Reine. Toutes ces
caractéristiques sont largement propices à façonner l’idée qu’il s’agit bien de la
momie de la
Reine Tétishery.
Sa famille
Tétishery a plusieurs enfants avec
Sénakhtenrê qui lui sont attribués,
mais dont les sources ne sont pas attestées :
Masque en bois doré de Satdjéhouti – Thèbes Ouest
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▪ Séqénenrê (ou Taâ II)
qui succéda à son père de 15558 à 1554, et qui épousa sa sœur
Iâh-Hotep I (ou Ahhotep I).
Il faut souligner que cette filiation n’est pas confirmée à ce jour.
▪ Ahmès-Inhâpy (ou
Ahmose-Inhapi – JaH ms JnHapj), dont la tombe (QV47) se trouve dans la
vallée des Reines, mais sa
momie fut retrouvée dans la cachette de la tombe
DB320 de
Deir el-Bahari,
découverte en 1881 et se trouve aujourd’hui exposée au
musée Égyptien du Caire. Cette dernière tombe
lui est quelques fois attribuée. La Princesse est mentionnée dans une copie du
Livre des Morts possédée par sa fille et dans le tombeau d’Amenemhat (TT53),
Intendant du Temple d’Amon.
Ahmès-Inhâpy aurait épousé
Séqénenrê, son
frère, ou demi-frère selon les sources ?.
▪ Kamosé
qui succèdera à Séqénenrê de 1553 à 1549.
Il est de plus en plus souvent donné comme le fils de ce dernier plutôt que celui du couple
Sénakhtenrê/Tétishery.
▪ Satdjéhouti (ou Sathedjhotep ou Sit-Djehuti ou Sitdjehuti ou Satdjehutisatibu ou
Sitdjehutisitibu – SAt ©Hwty – "Fille de
Thot") dont la
momie fut découverte vers 1820, avec son cercueil,
le masque d’or et un scarabée de cœur. Elle portait les titres de :
Fille du Roi (sAT-nswt) ;
Épouse du Roi (hmt-nswt) ;
Sœur du Roi (snt-nswt).
Elle aurait épousé Séqénenrê, son frère ou demi-frère ?.
(Voir à Séqénenrê).
▪ Iâh-Hotep II (ou Ahhotep II), qui est donnée par
Christian Leblanc,
il est d’ailleurs pratiquement le seul, comme une fille de la Reine Tétishery et du Roi
Sénakhtenrê. Il faut souligné que cet égyptologue est
aussi en opposition avec ses collègues sur Iâh-Hotep I.
Elle est aussi donnée comme épouse de Kamosé, entre autres, par :
Claude Vandersleyen,
Alfred Grimm,
Sylvia Schoske,
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton. Selon
Dodson cette union est confirmée par
un sarcophage pouvant en réalité appartenir
à Iâh-Hotep I. Il n’y a aucune attribution claire du
lieu de sépulture de cette "Reine".
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Cette statuette de pierre à chaux
(Photo ci-dessus) inscrite avec le nom de Tétishery du Musée Égyptien du Caire, a
longtemps été considérée comme une pièce importante de la sculpture de la fin de
la XVIIe dynastie. Cependant, il y a un important débat entre les spécialistes,
car il est aujourd’hui prouvée de façon convaincante que cette statuette est une
contrefaçon moderne. L’institut Français du Caire possède une autre statue
inscrite de Tétishery, presque identique, mais qui est elle très abimée.
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Bibliographie
Pour d’autres détails
sur la Reine voir les ouvrages de :
Kim Steven Bardrum Ryholt et
Adam Bülow-Jacobsen :
– The political situation in Egypt during the second intermediate period, c.1800-1550 B.C.,
CNI publications 20, University of Copenhagen, Museum Tusculanum Press, Copenhagen, 1997 et Février 1998.
William Vivian Davies :
– The statuette of Queen Tetisheri : A reconsideration, British Museum, London, 1984.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Alfred Grimm et
Sylvia Schoske :
– Im Zeichen des Mondes. Ägypten zu Beginn des Neuen Reiches, Staatliche Sammlung Ägyptischer Kunst, München, 1999.
Gabriele Höber-Kamel :
– Von den Hyksos zum Neuen Reich, Kemet, Heft 2, 2003.
Christian Leblanc :
– Reines du Nil au Nouvel Empire, Bibliothèque des introuvables, Juillet 2010.
Daniel Polz :
– Der Beginn des neuen reiches : Zur vorgeschichte einer zeitenwende. de Gruyter, Berlin, 2007.
Joyce Anne Tyldesley,
Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
– Chronicle of the queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd,
Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre,
Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008 – En Allemand, Die königinnen des alten Ägypten :
Von den frühen dynastien bis zum tod Kleopatras, Koehler + Amelang Gmbh, Février 2008.
Herbert Eustis Winlock :
– On Queen Tetisheri, grandmother of Ahmose I, Ancient Egypt 6, Macmillan, London, 1921.
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