Oushebtis au nom de Takélot II
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Son origine
Takélot II (ou Takeloth) est le
6e Pharaon de la XXIIe dynastie (si l’on compte
Sheshonq II comme régnant). Manéthon l’appelle
Takélôtis ou Takélôthis et lui compte treize ans de règne (Africanus, Eusebius). Il fut le fils
d’Osorkon II mais le nom de sa
mère n’est pas connu. Son père le nomma comme corégent lors de sa 23e année de règne.
Sur la base de deux dates lunaires appartenant à ce Pharaon,
Rolf Krauss,
Erik Hornung et
David Warburton avancent qu’il dût monter sur le trône ou en 845 ou en 834.
Il dirigea le pays depuis
Tanis tandis que son demi-frère
Nimlot II,
Grand Prêtre d’Amon, se proclama Roi de
Thèbes et
d’Héracléopolis (855-845).
Les avis des spécialistes concernant ce souverain sont extrêmement partagés. Un exemple, l’opinion de
certains, depuis une vingtaine d’années, comme Kenneth Anderson
Kitchen, Aidan Marc Dodson et
Dyan Hilton, est que Takélot II serait bien le 6e Pharaons de la dynastie, entre Osorkon II
et Sheshonq
III. Tandis que
David Al Aston le considère comme
le premier Roi de la XXIIIe dynastie et l’insère avant
Pétoubastis I (ou Padibastet I, 818-793).
Beaucoup d’égyptologues aujourd’hui, dont Gérard P.F.Broekman,
Jürgen von Beckerath,
M.A.Leahy et Karl Jansen-Winkeln se rangent sur une partie de l’hypothèse de
Aston et pensent que
Sheshonq III fut le véritable successeur
d’Osorkon II à
Tanis, plutôt que Takélot II.
On le voit donc la position de Takélot II dans la dynastie pose de nombreux problèmes aux égyptologues.
Les quelques attestations de ce Pharaon proviennent uniquement de Karnak et nous pouvons aussi mentionner : Le graffito de
Hori daté de l’an 11 ; Une stèle de donation à la Princesse Karoma (ou Karomama
-Le Caire jE36159) datée de l’an 25 ; Quelques
fragments des annales des Prêtres de Karnak ; Un socle en argent d’une petite triade au nom de Takélot II. Les maigres restes
du mobilier funéraire trouvé dans la tombe d’Osorkon II à
Tanis au nom d’un Roi
Takélot sont aujourd’hui attribués à
Takélot I.
Son Règne
La mort de
Nimlot II, provoqua
une lutte de succession à Thèbes et Takélot II tenta de
nommer son fils (?), le
Prince Osorkon à la charge de
Grand Prêtre d’Amon
(845-835). Ce dernier, bien que l’héritier, n’accéda jamais au trône de
Tanis qui fut pris par
Sheshonq III, en grande partie
parce que les deux hommes statuèrent sur deux royaumes qui étaient devenus bien distinct. La
XXIIe
dynastie ne contrôlait que la Basse-Égypte où Takélot II est monumentalement attesté et
Osorkon régnait sur la plupart de la Haute-Égypte à partir
d’Héracléopolis Magna
jusqu’à Thèbes.
En 1983, une stèle fut découverte par une équipe Japonaise à Tehna qui révèle qu’un Osorkon était
Grand Prêtre d’Amon
à cette période. Il ne peut s’agir que du
Prince Osorkon car
aucun autre Grand Prêtre
Thébain ne
porta le nom d’Osorkon. Le seul sera un demi-siècle plus tard sous le règne de
Takélot III (775-764)
et il sera Roi de
Léontopolis (787-759).
Titulature de Takélot II sur le montant gauche de la porte de la cour du temple
de Ptah à Karnak.
Image avant retouche :
Wikipédia.org
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Le règne de Takélot II vit à la nomination de son fils
l’éclatement d’une guerre civile qui marqua
le début de la dislocation du régime Libyen. Le Pharaon épousa alors Karoma III,
qui serait selon certain égyptologues la fille de son demi-frère
Nimlot II et il réunit ainsi
plus ou moins sous son autorité
Héracléopolis
et Thèbes. Les relations entre
cette dernière et Tanis, de ce fait,
se pacifièrent légèrement durant cette période. Cependant, comme le confirme
David Al Aston,
en l’an 11 de son règne, une insurrection commença,
dirigée par Pétoubastis I (ou Padibastet)
– un Prince Bubaste qui se proclamera plus tard Roi de
Léontopolis
– dont les adeptes défièrent le peu d’autorité que Takélot II avait à
Thèbes.
Le Pharaon réagit en demandant à son fils le
Prince Osorkon
de réprimer le soulèvement. Ce dernier réussit à garder le contrôle de la ville et brûla le corps des rebelles afin
d’empêcher à leurs âmes tout espoir d’une autre vie. Malheureusement, quatre ans plus tard, en l’an 15 de
Takélot II, une nouvelle révolte éclata et cette fois les forces du
Prince Osorkon
furent expulsées de Thèbes par
Pétoubastis I (818-793).
Cela provoqua une longue période de troubles et d’instabilité en Haute-Égypte
et une lutte prolongée éclata entre les factions rivales pour le contrôle de la
Thébaïde. Ce conflit dura 27 longues années,
de l’an 15 de Takélot II jusque sous le règne de
Sheshonq III. La Chronique du
Prince Osorkon, est sculptée sur le
portail Bubastis à Karnak. Pour Takélot II une brève année 25 est attestée par une stèle faite par son fils
Osorkon peu avant
la mort du Pharaon. Selon
Kenneth Anderson Kitchen, elle accordait des terres à une Princesse Karoma (ou Karomama) sœur du
Grand Prêtre. Quelques objets appartenant à
Takélot II ont survécu jusqu’à nous, mais le souverain n’a pas laissé de monument.
Kenneth Anderson Kitchen pensent
qu’il fut enterré dans l’antichambre du tombeau de son père à
Tanis. Toujours selon ce dernier Takélot II, suite à l’insurrection
de l’an 15, avait élevé Sheshonq III au statut de
Corégent, vers l’an 17/18 et la disparition de Takélot II en l’an 25 aurait favorisé l’émergence de
Pétoubastis I.
Kitchen propose donc que l’an 25 de
Takélot II corresponde à l’an 8 de
Sheshonq III et à l’an 1 de
Pétoubastis I.
Cette proposition ne fait pas l’unanimité des chercheurs.
Sa famille
Takélot II eut plusieurs épouses en fonction des spécialistes :
• Karoma III Méritmout, qui serait selon certain égyptologues la fille de son demi-frère
Nimlot II
et de Dame Tanetsepeh (ou Tentsepeh). Karoma III est surtout connue par la Chronique du
Prince Osorkon et les
textes du niveau du Nil datant du règne de ce dernier. Elle donna plusieurs enfants à Takélot II.
Filiations qui ne sont pas reconnues par tous les spécialistes :
▪
Sheshonq III (ou Sheshonq Mériamon Netjer Heqaiounou –
SSnq mri-imn nTr HqA-iwnw) “Sheshonq l’aimé d’Amon, Dieux
Seigneur d’Héliopolis” qui succède à “son père” de 825 à 773.
▪
Osorkon (ou
Prince Osorkon),
Grand Prêtre d’Amon à
Thèbes de 845 à
835, filiation donnée entre autres par
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton.
Quelques égyptologues, dont
Kenneth Anderson Kitchen,
ne sont pas d’accord avec cette théorie qui considère le
Prince Osorkon,
Grand Prêtre d’Amon, comme le fils de Takélot II.
▪
Bakenptah, qui est donné par
quelques spécialistes, dont
David Al Aston.
Il nous dit qu’il fut Général Gouverneur d’Héracléopolis
(v.790-v.785).
Il serait mentionné dans un texte datant du règne
d’Osorkon III où il est dit être un frère du Roi,
mais comme il est loin d’être certain que ce dernier soit un fils de Takélot II, ?.
Autre vue de la porte |
• Une femme dont le nom n’est que partiellement préservé : Tashep […]. Ils eurent un fils :
▪ Nimlot, qui selon
David Al Aston, est mentionné
sur une stèle en bois (Turin 1468/Vatican 329) comme "fils du Roi Takelot et Tashep[…]". il n’est absolument
pas certain qu’il s’agisse de Takélot II.
• Tabektenasket I, qui est donnée par
Aidan Marc Dodson,
Dyan Hilton et
David Al Aston, elle aurait
eut une fille avec Takélot II :
▪ Isetoueret II (ou Isetweret). Qui fut mariée avec le Vizir
Thébain Nakhtefmout.
Ils sont connus par les cercueils de leurs fils et fille Ânkhpakhered et Tabektenasket II (Berlin 20132 et 20136).
D’autres enfants sont donnés par certains spécialistes comme fils
ou filles de Takélot sans qu’il soit précisé
le nom de la mère :
▪
Osorkon III
(XXIIIe dynastie) qui est donné par
David Al Aston, mais
il y a peut-être confusion justement avec
Osorkon (ou Prince Osorkon) ?
▪ Djedptahiefânkh (ou Djedptahefanch), qui est donné entre
autres par Bengt
Julius Peterson, il serait le plus jeune fils de
Takélot II. Un Roi d’Héracléopolis
portera ce nom (845).
▪ Shebensopdet II, qui sera mariée au 4e Prophète
d’Amon Djedkhonsouefânkh. Selon
Kenneth Anderson Kitchen et
David Al Aston,
elle est connue d’une statue aujourd’hui au
musée du Caire (CG 42211).
▪ Karoma (ou Karomama), qui selon
Aston fut Chanteuse d’Amon.
▪ Tanetsepeh (ou Tanetsepesh ou Tentsepeh) qui selon
Kenneth Anderson Kitchen et
David Al Aston, fut mariée à
Ptahoudjânkhef.
Morris Leonard Bierbrier suppose
lui qu’elle fut la fille d’Osorkon II (874-850).
▪ Irbastoudjatjaou, qui selon
Kitchen
fut mariée à Pakharou, le frère du Vizir Padiamonet.
▪ Diesenesyt, qui toujours qui selon
Kitchen,
fut mariée à Nespakashouty, le neveu du Vizir Padiamonet.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Pharaon voir les ouvrages de :
David Al Aston :
– Takeloth II : A King of the twenty third dynasty ?, pp : 139-153,
JEA 75, London, 1989.
Klaus Baer :
– The Libyan and Nubian Kings of Egypt : Notes on the chronology of dynasties XXII to XXVI, pp
: 4-25,
JNES 32, N° 1/2, Chicago, Janvier / Avril 1973.
Gérard P.F.Broekman,
Robert Johannes Demarée et Olaf E.Kaper :
– The Libyan period in Egypt : Historical and cultural studies into the 21st-24th dynasties : Proceedings of
a conference at Leiden University, 25-27 october 2007, Nederlands Instituut voor het Nabije Oosten
Leiden, 2009 – Peeters, Leuven, 2009.
Gérard P.F.Broekman :
– The Nile level records of the twenty-second and twenty-third dynasties in Karnak, pp
: 174-178,
JEA 88, London, 2002.
– The reign of Takeloth II : a controversial matter, pp : 21-33,
GM 205, Göttingen, 2005.
– The chronicle of Prince Osorkon and its historical context, pp : 209-234, Journal of Egyptian History 1, N° 2,
E.J.Brill, 2008.
Ricardo Augusto Caminos :
– The chronicle of Prince Osorkon, Pontifical Biblical Institute, Rome, 1958.
Peter A.Clayton :
– Chronicle of the Pharaohs : The reign-by-reign record of the rulers and dynasties of ancient Egypt, Thames and Hudson,
New York, 1994, 1996, Novembre 2006 et janvier 2007 – American University in Cairo Press, Le Caire, 2006 – En Français, avec
Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L’histoire règne par règne des souverains et des
dynasties de l’Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Norbert Dautzenberg :
– Bemerkungen zu Schoschenq II, Takeloth II und Pedubastis II,
GM 144, Göttingen, 1995.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Richard A.Fazzini :
– Egypt Dynasty XXII to XXV, E.J.Brill, Leiden, New York, 1988.
Erik Hornung,
Rolf Krauss et David Warburton :
– Handbook of ancient egyptian chronology, Handbook of Oriental Studies : Section 1, the Near & Middle East,
illustrated edition, E.J.Brill Academic Pubishers, Leiden, Décembre 2005 et Octobre 2006.
Karl Jansen-Winkeln :
– Die 22.-24. Dynastie, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 2007.
Kenneth Anderson Kitchen :
– The third intermediate period in Egypt (1100-650 BC), 3rd Édition. Warminster :
Aris Phillips Limited, Warminster, 1996.
Jean-Marie Kruchten et
Thierry Zimmer :
– Les annales des prêtres de Karnak (XXI-XXIIIes dynasties) et autres textes contemporains relatifs à l’initiation des
prêtres d’Amon,
OLA
32, Departement Oriëntalistiek, Leuven, 1989.
Bengt Julius Peterson :
– Djedptahefanch, sohn des Takeloth II, Zeitschrift für ägyptische Sprache und Altertunskunde 94 (1967),
Akademieverlag, Berlin, 1967.
Robert Kriech Ritner :
– The Libyan anarchy : Inscriptions from Egypt’s Third Intermediate Period,
Society of Biblical Literature, Atlanta, 2009.
Thomas Schneider :
– Lexikon der Pharaonen, Artemis, Zuürich, 1994 – Avec Arne
Eggebrecht, Deutscher Taschenbuch, München, 1996 – Artemis & Winkler,
Düsseldorf, 1997 – Albatros, Düsseldorf, 2002.
Martin Sieff :
– The Libyans in Egypt : Resolving the third intermediate period,
Catastrophism & Ancient History, Los Angeles, 1986.
Serop Simonian :
– Untersuchungen zum Bilderschmuck der ägyptischen Holzsµärge der XXI.-XXII. Dynastie,
Éditeur inconnu, Göttingen, 1973-1974.
Ad Thijs :
– The Lunar eclipse of Takelot II and the chronology of the Libyan period, pp
: 171-190, Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertumskunde 137, N°2, 2010.
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