Quelques  grandes  villes :
Hiérakonpolis
 

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Sommaire
 

▪  Noms, localisation
▪  L’histoire
▪  L’archéologie sur le site
▪  Bibliographie

  ou   Nekhen  ou 
 
Nekhen   Nhn

 

Noms  et  Localisation

 
   Hiérakonpolis (ou Hiéraconpolis, en Grec : ‘Iεράκων πόλις hierakōn polis "ville des faucons", en Égyptien : Nekhen Nhn, en arabe : الكوم الأحمر  Al-Kom Al-Ahmar, “butte rouge“) fut le nom donné par les Grecs à deux villes d’Égypte où l’on adorait le Dieu faucon Horus dès l’époque préhistorique. L’ancienne Nekhen se situait dans le 3e nome de Haute-Égypte, le nome "de la Forteresse" ou "Le Rural" ou "les deux plumes" (nxn), à environ 100 km au Nord d’Assouan. Nekhen fut le centre principal du culte du Dieu Horus sous sa forme Horus de Nekhen. Il fut mis au jour en 1894 dans la ville un des temples les plus anciens d’Égypte. La cité conserva son importance en tant que centre de culte de cette divinité longtemps après qu’elle eut perdue toute importance politique dans le pays.
 


 

Palette dite "au taureau" –
Musée du Louvre

Histoire

 
   Les premières traces de peuplement sur le site de Nekhen datent de la culture connue sous le nom Nagada Iab (Aujourd’hui Ombos), vers 4400 av.J.C, ou à la fin de la culture néolithique nommée Badarien (ou Prédynastique ancien, 4400-3900). Certains spécialistes suggèrent des dates d’occupation qui devraient commencer un milliers d’années plus tôt ?. Avec la fin de la période Nagada, Nekhen perdit de l’importance, mais plus tard, lors de la Période Pré-dynastique (v.3500-v.3150), des petits pouvoirs locaux émergèrent et deux royaumes se constituèrent en deux principaux centres : Au Nord (Basse-Égypte) la ville de Bouto, symbolisée par la couronne rouge, ayant pour emblème l’abeille et se plaçant sous la protection de la Déesse cobra Ouadjet.
 
   Au Sud (Haute-Égypte) la ville de Hiérakonpolis, symbolisée par la couronne blanche, ayant pour emblème le roseau et pour Déesse tutélaire la Déesse vautour Nekhbet. Hiérakonpolis finit par s’imposer sur les autres chefferies locales dans le but de s’approprier les richesses comme le contrôle de la gestion de l’eau, la production agricole et l’accès aux mines et aux carrières. L’autorité centrale fut dirigée par un Roi et les premiers souverains furent sacrés à Hiérakonpolis, comme les Rois Scorpion I / II et Narmer (v.3040-v.2995).


 

Peigne en ivoire – Nagada II,
Trouvée dans une tombe
de Hiérakonpolis

 
   Hiérakonpolis fut l’un des plus grands centres urbains le long du Nil. Lors de son apogée, à partir de 3400, la ville comptait au moins 5.000 habitants, voire pour certains égyptologues près de 10.000. Elle devint la capitale religieuse et politique de Haute-Égypte à la fin de la Période Pré-dynastique et aussi au cours du début de la période dynastique, notamment sous le règne du dernier Roi de la IIe dynastie, Khâsekhemoui (2674-2647), puis plus tard, malgré la diminution de son importance, elle fut tout de même la capitale du 3e nome de Haute-Égypte. Ce fut l’un des principaux centres commerciaux, grâce principalement au commerce de l’ébène, de l’ivoire et de l’or.
 
   Lors de la période de Nagada II (3400-3200), Nekhen fut le premier centre de production du pays pour la céramique. Ce fut dans la cité que l’on retrouva les plus anciens vestiges conservés de celle de la Période Pré-dynastique. L’égyptologue Michael Allen Hoffman a divisé le développement de la ville en six étapes :
La colonisation, qu’il situe entre 4000 et 3800/3700, avec l’implantation d’une colonie dans le désert, la fabrication d’outils en pierre et le début de l’agriculture et de l’élevage.
La croissance, qu’il situe entre 3800/3700 et 3500/3400, avec le développement d’une ville et le début de l’industrie de la céramique.
La centralisation qu’il situe entre 3500/3400 et 3200, Hiérakonpolis devient la capitale de la Haute-Égypte.
L’hégémonie, qu’il situe entre 3200 et 2900, avec la domination militaire et la supériorité dans le domaine de l’industrie.
La provincialisation, qu’il situe entre 2900 et 2800/2700.
La chute, qu’il situe entre 2800/2700 et 2600/2500.
Après le Nouvel Empire (1549-1080), Hiérakonpolis fut jumelé avec El Kab sur la rive opposée du Nil.

 


 

Palette de Narmer – Musée Égyptien du Caire

Archéologie

 
   L’exploration du site commença avec la campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte en 1798. Au cours de cette expédition conduite par Dominique Vivant Demon, plusieurs études de la vie animale et végétale furent faites. Ce fut aussi lui qui fit la première carte topographique de Hiérakonpolis/Nekhen. Comme la plupart des bâtiments furent construits avec de la boue séchée du limon di Nil, il trouva la cité dans un état de grande dégradation. Néanmoins, Nekhen dévoila les plus anciens vestiges conservés de la Période Pré-dynastique (v.3500-v.3150). En 1894, fut mis au jour son temple dédié au Dieu Horus.
 
   C’est l’un des temples les plus anciens d’Égypte. Lors de la période 1897 à 1900, la ville fut fouillée une seconde fois par les archéologues Anglais James Edward Quibell et Frederick Grenn. Les fouilles du temple livrèrent un grand nombre d’objets sacrés remontant à la Période Pré-dynastique. Les archéologues mirent notamment au jour, entre autres choses, la fameuse palette dite de Narmer (v.3040-v.2995), ainsi que la palette au taureau et une tête de massue portant le nom du Roi Scorpion, des céramiques diverses et quelques sculptures en ivoire et faïence. La majorité de ces artefacts datent de la Ière dynastie (v.3040-2828) à la IIIe dynastie (2647-2575).
 
   Dans les années 1905/06 les fouilles furent effectuées par John Garstang et Harold Jones, le Service des antiquités Égyptiennes et l’Université de Liverpool. En 1907/08 Jacques Jean Marie de Morgan réalisa des fouilles pour le Musée de Brooklyn. En 1934, Ambrose Lansing creusa autour d’une centaine de tombes pour le Metropolitan Museum. Il mit au jour au cours de ces fouilles une stèle du Grand Prêtre d’ Horus de Nekhen, Horemhauet. Puis le site fut plus ou moins laissé à l’abandon. Les recherches ne reprirent qu’en 1958 où, jusqu’à 1961, l’archéologue Allemand Werner Kaiser entreprit de nouvelles fouilles. Plus récemment, la concession fut fouillée plus amplement par une équipe internationale d’archéologues, d’égyptologues, de géologues et membres d’autres sciences, qui fut coordonnée par Michael Allen Hoffman jusqu’à sa mort en 1990, puis par Barbara Adams de l’University College de Londres jusqu’à sa mort en 2001, et depuis, par le Docteur Renée Frances Friedman représentant l’University of California, Berkeley et le British Museum.
 


 

Tête de massue du Roi Scorpion

 

   Les archéologues ont mis au jour à Nekhen une enceinte en briques, d’une épaisseur de mur de cinq mètres et d’une hauteur conservée de douze mètres, appelée improprement "le fort". Elle fut construite par le dernier Roi de la Deuxième dynastie (v.2850-2647), Khâsekhemoui (2674-2647) comme l’indique un des piliers de granit gravés dans les points d’entrée. Cette enceinte est érigée (peut-être dans l’idée d’un fort ?) sur un plan similaire à celle d’Abydos, mais il n’y a aucune fonction militaire apparente. Son utilisation réelle reste donc inconnue, mais elle semble être liée aux rituels de la royauté et au culte.
 
   C’est le plus ancien lieu de culte connu en Égypte. James Edward Quibell y trouva en 1905 un fragment de statue faite de lapis-lazuli, qui représente le Roi Khâsekhemoui. Selon Renée Frances Friedman ce fut probablement le sanctuaire de la couronne de la Haute-Égypte. L’enceinte se trouvait dans un état de ruine important et pendant deux ans, en 2005 et 2006, l’équipe dirigée par Renée Frances Friedman essaya de stabiliser la structure existante et de soutenir les zones menacées avec de nouvelles briques. Elle porte le nom scientifique HK29A et fait 3705 m².
 
   Sur le site d’excavation fut mise au jour la plus vieille brasserie connue du monde antique. Quatre tonneaux d’une capacité chacun de 390 litres ont été datés de Nagada-Ib/IIa (v.3800-v.3400). Les archéologues ont aussi trouvé les vestiges d’une boulangerie. Sur une colline proche, de nombreux tessons de poterie ont été excavés, ce qui indique une importante activité de la ville dans la production de la céramique en Haute-Égypte.
 


Masque d’une momie de chat –
Cimetière de Hiérakonpolis

   On a découvert aussi un important cimetière protodynastique, avec des tombes peintes et les vestiges d’une ville remontant presque au début de la civilisation de Nagada. Les fresques représentent des scènes religieuses et des images qui comprennent des chiffres qui apparaitront dans la culture Égyptienne pendant trois mille ans, un cortège funéraire de barques et, on suppose, une Déesse debout entre deux lionnes. Dans les années 1905/06, sur le bord Est en arrière de l’entrée du “fort”, John Garstang découvrit 188 tombes datant de la période Nagada II (v.3500). Des tombes de la période Nagada III (à partir de 3200) se trouvent principalement dans la partie Nord de l’enceinte.
 
        Compte tenu de sa proximité avec la ville et de sa distance éloignée du cimetière des notables, les spécialistes pensent que le lieu de toutes ces tombes marque le cimetière des habitants de Nekhen. Au cimetière des ouvriers, situé en bordure Sud du site, des traces de momification primitive d’humains et d’animaux (Des chiens et même un éléphant d’Afrique) et de rites funéraires ont été préservés grâce à la sécheresse du sable. Enfin dans le cimetière des notables, situé dans le ouâdi, on a découvert des masques, des objets en ivoire et lapis-lazuli, des statues en pierre et une construction funéraire datée environ de 3500 av.J.C. Ce cimetière est situé à près de 2,5 kilomètres au Sud-ouest de la ville. Il possède dans les 200 sépultures datant pour les plus anciennes de la période Nagada Ib (v.4000).
 

Pour plus de détails sur l’archéologie dans la cité voir :
Excavations à Hiérakonpolis par Renée Frances Friedman – (archéologie.org)

 
Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
 
Barbara Adams et Henry Sidney Smith :
Ancient Hierakonpolis, Aris & Phillips, Warminster, 1974.
Barbara Adams et Michael Allen Hoffman :
– The predynastic of Hierakonpolis : An interim report, Egyptian Studies Association 1, Cairo University Herbarium, Faculty of Science, 1982.
The fort cemetery at Hierakonpolis, Excavated by John Garstang, Studies in egyptology, KPI, London, 1987.
Barbara Adams et Renée Frances Friedman :
Imports and influences in the predynastic and protodynastic settlement and funerary assemblages at Hierakonpolis in the Nile Delta in transition, Edwin C.M. van den Brink, Tel-Aviv, 1992.
The followers of Horus : Studies dedicated to Michael Allen Hoffman, 1944-1990, Egyptian Studies Association publication 2, Oxbow Books, Oxford, 1992.
Barbara Adams :
Excavations in the locality 6 cemetery at Hierakonpolis, Archaeopress, London, 1979, 1985 et 2000.
Ancient Nekhen : Garstang in the city of Hierakonpolis, Egyptian Studies Association publication 3, SIA Publications, Surrey, 1990 et 1995.
Two more lions from upper Egypt : Hierakonpolis and Koptos, pp : 69-76, The Followers of Horus. Studies Hoffman, Oxford, 1992.
Early temples at Hierakonpolis and beyond, Uniwersytet Jagielloński, Cracow, 1999.
Guy Brunton :
– The predynastic town-site at Hierakonpolis (La ville-site prédynastique de Hierakonpolis), pp : 272-276, P. Glanville K. R. (ed.): Les études présentées au F. Ll. Griffith, Oxford University Press, Londres, 1932.
Renée Frances Friedman :
Predynastic settlement ceramics of Upper Egypt : A comparative study of the ceramics of Hemamieh, Nagada, and Hierakonpolis, Éditeur inconnu, London, Janvier 1994.
City of the hawk (Hierakonpolis), pp : 50-56, Archaeology 56, N°6, Novembre-Décembre 2003.
John Garstang :
Excavations at Hierakonpolis, at Esna and in Nubie, pp : 132-148, ASAE 8, Le Caire, 1907.
Michael Allen Hoffman :
Culture history and cultural ecology at hierakonpolis from palaeolithic times to the Old Kingdom, University Microfilms International, Ann Arbor, 1971.
New excavations at Hierakonpolis : A multidisciplinary approach to the origins of the Egyptian state, State University of New York at Stony Brook, 1981.
Before the Pharaohs : How Egypt became the world’s first nation-state, New York Academy of Sciences, New York, 1988.
Where nations began on Hierakonpolis, Science 4, N°8, Association for the Advancement of Science, Washington, Octobre 1983.
Michael Allen Hoffman et Hany A.Hamrouch et Ralph O.Allen :
The environment and evolution of an early Egyptian urban center : Archaeological and geochemical investigations at Hierakonpolis, John Wiley, New York, 1987.
Diane L.Holmes :
The Predynastic lithic industries of Badari, Nagada and Hierakonpolis, Upper Egypt, University of London, 1987.
The Predynastic lithic industries of upper Egypt : 2 parts, Cambridge Monographs in African Archaeology, British Archaeological Reports, Février 1989.
Chipped stone-working craftsmen, Hierakonpolis and the rise of civilization in Egypt, pp : 37-44, The Followers of Horus. Studies Hoffman, Oxbow Books, Oxford, Mars 1992.
Werner Kaiser :
Zur vorgeschichtlichen bedeutung von Hierakonpolis, pp : 183-192, MDAIK 16, Philipp Von Zabern, Mainz, 1958.
To the prehistoric importance of Hierakonpolis, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, Berlin, 1958.
Bericht über eine archäologisch-geologische felduntersuchung in Ober und Mittelägypten, pp : 1-53, MDAIK 17, Philipp Von Zabern, Mainz, Janvier 1961.
Barry J.Kemp :
Excavations at Hierakonpolis Fort, 1905 : A Preliminary Note, pp : 24-28, JEA 49, London, Décembre 1963.
James Edward Quibell :
Hierakonpolis. Part. I, Bernard Quaritch, London, 1898 – Histories and Mysteries of Man, Juin 1989 – Bernard Quaritch, BSAE 4, London, 1900 – Adamant Media Corporation, Février, 2001 – BiblioBazaar, Juillet 2009.
Hierakonpolis. Part II, Bernard Quaritch, London, 1902 – Histories and Mysteries of Man, Juin 1989 – BiblioBazaar, Juillet 2009.

 

 

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