Les citées Achéennes :
Hélicé  et  Patras
 

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 Pour plus de détails voir aussi les autres cités Achéennes :  Dymé, Égion, Égire

 

Hélicé

 


 

Vue d’une partie des fouilles du site d’Hélicé

Localisation  et  généralités

 
   Hélicé (ou Helice ou Hélice ou Helike, en Grec : ‘Eλίκη) fut une ville d’Achaïe située à deux kilomètres du Golfe de Corinthe près de la ville de Bura  (ou Boura ou Bira). Hélicé fut célèbre depuis l’époque Homérique pour son temple dédié à Poséidon. Dans l’Iliade, Homère (Poète Grec de la fin du VIIIe siècle av.J.C) dit de la ville qu’elle était grande et que Poséidon en était le maître. Ce fut l’une des douze villes de la Ligue Achéenne.
(Voir carte du Péloponnèse).
Lorsque les Héraclides envahirent le Péloponnèse, ils refoulèrent la descendance d’Eurysthée jusqu’en Achaïe. Tisamène, fils d’Oreste, qui mourut lors d’une bataille, fut enterré à Hélicé.

 

L’histoire….

 
   Hélicé fut fondée à l’âge du bronze, devenant la principale ville d’Achaïe. Homère (Poète Grec de la fin du VIIIe siècle av.J.C) indique que la ville participa à la guerre de Troie avec un seul navire. Plus tard, au Ve siècle, elle fit partie de la première Ligue Achéenne, association de douze villes voisines d’Achaïe. Hélicé, sous cette confédération devint un centre culturel et religieux important et frappa sa propre monnaie. On a d’ailleurs mis au jour sur le site quelques pièces de monnaie de cuivre datant du Ve siècle qui sont conservées au Musée Staatliches à Berlin. Une face représente la tête de Poséidon, le Patron de la ville et l’autre son trident. Il y avait d’ailleurs dans la cité un temple dédié à cette divinité.
 
   Son temple panhellénique et sanctuaire de Poséidon étaient connus à travers le monde classique, et fut le deuxième en importance religieuse après de Delphes. Hélicé fonda des colonies, dont Sybaris en Italie du Sud et Priène en Asie Mineure, en Ionie. Toutefois pour cette dernière il faut signaler que d’autres sources donnent comme fondateurs des habitants d’Athènes ou encore de Thèbes ?.
 
   En 373, par une nuit d’hiver, Hélicé fut détruite dans un grand tremblement de terre, puis un énorme tsunami se précipita dans le golfe de Corinthe et inonda la ville. La ville de Bura (ou Boura, ou Bira, en Grec : Βοũρα), plus à l’intérieur, fut également détruite dans ce tremblement de terre. Plusieurs événements ont été interprétés rétrospectivement comme ayant mis en garde les habitants de la cité contre la catastrophe, des écrits disent : Des immenses colonnes de flamme sont apparues, et cinq jours auparavant, tous les animaux et la vermine ont fuit la ville, en allant vers Cérynée (ou Kyrenia ou Ceryneia, en Grec : Κερύνεια). La ville et un espace de 12 stades (environ 2 km.) en dessous s’enfonçaient dans la terre et furent recouverts par la mer. Tous les habitants périrent sans laisser de trace, et la cité fut complètement submergée à l’exception de quelques fragments de construction en saillie de la mer. Dix navires Spartiates ancrés dans le port furent engloutis. Yves Lafond précise, qu’une tentative impliquant 2.000 hommes pour récupérer les corps échoua.
 
   La catastrophe fut attribuée à la vengeance de Poséidon, dont la colère fut incitée parce que les habitants d’Hélicé avaient refusé de donner leur statue de Poséidon aux colons Ioniens en Asie Mineure, ou même de leur fournir une copie. Selon certaines sources, les habitants d’Hélicé et Bura (ou Boura) auraient même assassiné des ambassadeurs Ioniens. C’est aujourd’hui l’un des plus grands objectifs pour l’archéologie sous-marine de la région. La recherche archéologique confirme la catastrophe qui détruisit et submergea la ville. Dans un effort pour protéger le site contre la destruction, le World Monuments Fund à inclus Hélicé en 2004 et 2006 dans la liste des 100 sites les plus menacés.
 
   Après cette catastrophe ce fut Égion qui prit possession de son territoire et qui fut le siège où se tenaient les assemblées générales de la Ligue. Environ 150 ans après la catastrophe, Eratosthène (Astronome, géographe, philosophe et mathématicien grec, v.276-v.194) visita le site et indiqua que la statue en bronze debout de Poséidon était immergée “tenant d’une main un hippocampe“, où elle constituait un danger pour ceux qui pêchaient avec des filets. Autour de 174, Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) visita un site côtier encore appelé Hélicé, situé à 7 km. au Sud d’Égion (ou Aigion) et indiqua que les murs de l’ancienne ville étaient encore visibles sous l’eau, “mais pas si clairement à cette époque que par le passé, parce qu’ils étaient détériorés par l’eau de mer”.
 
   Ce qui est sûr c’est que durant des siècles après la catastrophe, les ruines immergées pouvaient encore être vues. Des touristes Romains ont souvent navigué sur le site, en admirant la statuaire de la ville. Plus tard, le site ensablé sur son emplacement fut perdu à la mémoire. Adalberto Giovannini a fait valoir que la submersion d’Hélicé aurait inspiré Platon (Philosophe Grec, 427-346) pour écrire son histoire de l’Atlantide ?. Les chercheurs antiques et écrivains qui ont visité les ruines comprennent : Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) ; Pausanias ; Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) ; Claude Élien (ou Claudius Aelianus ou Klaúdios Ailianós, historien et orateur Romain de langue Grecque, v.175-v.235) et Ovide (ou Publius Ovidius Naso, poète Latin, 43 av.J.C-17/18 ap.J.C).

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Hélicé voir les ouvrages de :
 
Ignazio Didu :
La fine della Confederazione achea, Università degli studi di Cagliari, Istituto di storia antica, Cagliari, 1993.
Marcel Dubois :
Les ligues étolienne et achéenne : Leur histoire et leurs institutions : Nature et durée de leur antagonisme, E. Thorin, Paris, 1885.
Adalberto Giovannini :
Peut-on démythifier l’Atlantide ?, pp : 151–156, Museum Helveticum 42, Schwabe, 1985.
Yves Lafond :
Die katastrophe von 373 V. Chr. Das und der stadt versinken Helike en Achaïe, pp : 118-123, Stuttgarter Kolloquium zur historischen Géographie des Altertums 6, Steiner, Stuttgart, 1998.
Klaus Scherberich :
Koinè symmachía : Untersuchungen zum Hellenenbund Antigonos’ III. Doson und Philipps V. (224-197 v. Chr.), F. Steiner, Stuttgart, 2009.

 

 

Patras

 

Localisation  et  généralités

 
   Patras (en Grec : Πάτρα ou Patrai, en Grec : Πάτραι, en Latin : Patras), fut une ville d’Achaïe au Nord de la péninsule du Péloponnèse, c’était une des plus peuplée de la région. La cité se situe à l’Ouest du golfe de Patras et à l’Est des contreforts du mont Panachaiko (ou Panajaicós, en Grec : Παναχαϊκό), dont le sommet s’élève à 1926 m. Le plus grand fleuve de la région est le Glafkos, qui coule au Sud de Patras. Les sources de la rivière sont sur le mont Panachaiko.
(Voir carte du Péloponnèse).
 
   L’explication la plus courante pour le nom de la ville est donnée par la mythologie. Il viendrait de “Patreus (ou Patreo)“, le nom du fondateur légendaire de la cité. Cependant, en Grec, le mot Patra est étymologiquement lié à “patris“, qui signifie patrie. L’Achaïe, qui était organisée en villages, parfois protégés par des murs d’enceinte, vit ces derniers se regrouper pour former des villes, Patras fut formée par l’association de sept villages Mycéniens dont trois, Antheia (En Grec : Ανθεία), Aroe (En Grec : Αρόη) et Mesatis (En Grec : Μεσάτις) sont connus.
  

L’histoire….

 
  
Patras fut habitée depuis l’âge préhistorique. Les premières traces d’occupation du site datent du IIIe millénaire et elle constitua un centre important de l’ère Mycénienne (v.1450-v.1200). Selon la tradition, mythologique, après l’invasion Dorienne, un groupe d’Achéens de Laconie qui fuyaient Sparte, dirigé par l’éponyme Patreus (ou Patreo ou Patreas, en Grec : Πατρέας), fonda la ville vers le XIIe siècle. L’ancien village d’Aroe qui constitua la ville est considérée s’être trouvé dans ce qui est aujourd’hui le château de Patras. Il est dit qu’il ne tomba pas sous la domination Dorique bien que certaines légendes ont prouvé que le dialecte local fut influencé par le dorique.
 
   Patras, elle même commença réellement à prendre de l’importance vers le Ve siècle, où, en tant que ville portuaire, elle fut rapidement l’une des premières parmi les douze villes de la Ligue Achéenne qui venait d’être créée. La première mention historique de la ville apparaît avec Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) où elle appelée Patris (En Grec : Πάτρεις). Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.400/395) fera référence à la participation de la ville dans la Guerre du Péloponnèse (431-404), lorsqu’elle fut la seule des villes Achéennes qui fut alliée à Athènes. Pendant cette guerre, en 419, Alcibiade (450-404) convaincu les citoyens de la cité de relier la ville et son port par des murs sur le style de ceux érigés à Athènes. Elle suivit ensuite l’histoire de la région.
 


 

Vue de l’odéon Romain de Patras
Photo avant retouches : wikipedia.org

   Plus tard, après la mort du Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323) et des luttes pour le pouvoir qui s’en suivirent entre ses anciens Diadoques, la ville ainsi que d’autres en Achaïe comme Dymé, tomba sous le contrôle de Cassandre (Roi 301-297), mais, en 314, ses troupes furent expulsées par Aristodème de Milet (ou Aristodemos ou Aristódêmos) Général d’Antigonos I Monophtalmos (306-301).
 br>   En 281/280, elle fut une des cités créatrice de la Deuxième Ligue Achéenne, qui fut reconstituée avec trois autres cités : Dymé, Pharès (ou Pharée ou Farres ou Pharai ou Phara, en Grec : Φαρά) et Tritée (ou Tritaia, en Grec : Τριταία) et qui expulsa les Macédoniens.  En 279, Patras envoya une aide à la Ligue Étolienne, lorsque son pays fut envahi par les Celtes. Lors de la guerre sociale (220-217) le Roi de Macédoine, Philippe V (221-179) se servit du port de Patras pour monter ses expéditions dans le Péloponnèse.
 
   Lors de la guerre entre les Romains et les Achéens, la ville souffrit beaucoup et fut partiellement dépeuplée. La destruction de Corinthe en 146 et la désintégration de Dymé et Égion en firent toutefois de nouveau un centre d’une certaine importance au contact de plus en plus important avec le monde Romain. Après la bataille de Pharsale, entre les troupes de Jules César (100-44) et celles de Pompée (106-48), le 9 Août 48 av.J.C, pendant la guerre civile Romaine, elle fut occupée par Caton d’Utique (ou Marcus Porcius Cato Uticencis ou Caton le Jeune, homme politique Romain, 95-46), mais remise à Quintus Fufius Calénus († 40 av.J.C, Consul en 47), Lieutenant de Jules César.
 
   Marc Antoine (83-30) y passa l’hiver de 32 à 31 afin de préparer sa guerre contre Auguste (Empereur 27 av.J.C-14 ap.J.C). Juste avant la bataille d’Actium, le 2 Septembre 31, qui opposa les deux hommes, elle fut conquise par Marcus Vipsanius Agrippa (Général et homme politique Romain, v.63-12 av.J.C). Après sa victoire, Auguste décida d’y établir une colonie de soldats vétérans de la XIIe Légion Fulminata et de la Xe Légion Equestris. Les habitants des villes voisines et en particulier Dymé, Pharès (ou Pharée ou Farres ou Pharai ou Phara, en Grec : Φαρά), Rhypes (En Grec : Ρύπες) et Tritée (ou Tritaia, en Grec : Τριταία) y furent également transférés, et son territoire fut englobé dans la nouvelle cité qui fut créée et appelée, Colonia Augusta Achaica Patrensis (ou Colonia Augusta Aroe Patrensis).
 
   Elle battit monnaie sous ce nom. Auguste créa ainsi l’une des plus importantes colonies de la Grèce Romaine. Les principaux bâtiments qui reflètent ces faits furent construits tout au long de la domination Romaine grâce à des dons de bienfaiteurs locaux. Patras posséda également une des premières communautés Chrétiennes du pays et avec Corinthe fut le point de départ pour la Christianisation de la péninsule. Selon une légende l’Apôtre André y aurait été crucifié. À cette époque, la ville se caractérisait par une certaine spécialisation dans le travail du linge.
  

L’archéologie

 
   Parmi les bâtiments de l’époque antique encore visibles aujourd’hui on trouve :
• L’Odéon Romain, qui est le monument le plus important de l’ancienne Patras. Il est situé dans la ville haute et fut construit autour de 160 ap.J.C, sous le règne soit de l’Empereur Antonin le Pieux (138-161) ou celui de Marc Aurèle (161-180). Il avait une capacité de 3.000 spectateurs. Il fut restauré et partiellement reconstruit et est utilisé encore aujourd’hui comme théâtre en plein air pour des spectacles et des concerts l’été.
• Le Château, situé dans l’ancienne acropole surplombant la ville. Il fut initialement construit au VIe siècle de notre ère par l’Empereur Justinien (527-565). Il eut au cours des siècles de nombreux ajouts. Son contour actuel remonte au deuxième règne Vénitien de la ville (1687-1715). Aujourd’hui, son intérieur est utilisé comme un jardin public.
• L’amphithéâtre Romain , près de l’Odéon, datant du Ier siècle ap.J.C. Il fut construit lors de la période du plus grand développement de la cité. Sa superficie n’a été que partiellement fouillé.
• Les vestiges de l’aqueduc Romain. Il mesurait 6,5 km. Sur la plus grande partie de cette distance, l’eau passait à travers un tuyau souterrain construit par l’homme. Certaines parties de ses arcades sont encore debout.
• Le pont Romain sur la rivière Milichos, qui date de 114 ap.J.C. Il se trouve dans la banlieue Nord de la ville.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Patras voir les ouvrages de :
    
Marcel Dubois :
Les ligues étolienne et achéenne : Leur histoire et leurs institutions : Nature et durée de leur antagonisme E. Thorin, Paris, 1885.
Catherine A. Morgan :
Patrae, Oxford University Press, 2001-2004.
Athanasios D.Rizakis :
Achaïe : III, Les cités Achéennes épigraphie et histoire, De Boccard, Paris, 2008 – Centre de recherches de l’Antiquité grecque et romaine, Athènes, 2008 – Fondation nationale de la recherche scientifique, Paris, 2008.

 

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