Localisation
Priène
(ou Priēnē, en Grec :
Πριήνη, en Turc : Prien) était une ville
d’Ionie, avec un port
qui était autrefois sur la côte près de l’embouchure du Méandre, au pied du mont Mycale, à
25 kilomètres de l’ancienne Milet. Ce fut cette cité, ville portuaire,
qui fut la Priène originelle, mais petit à petit, le fleuve combla le port qui perdit de son importance pour enfin disparaître.
Cette situation de dépôts d’alluvions à l’embouchure causa des difficultés insurmontables pour l’environnement. La ville fut
progressivement coupée de la mer par les dépôts, transformant la baie en lac insalubre. Les habitants assaillis par des
essaims de moustiques et autres parasites des marécages furent contraints de déplacer la cité au fur et à mesure que les
alluvions se déposaient et bouchaient l’estuaire du fleuve en direction de la mer Égée (vers l’Ouest), pour
renouveler son utilité en tant que port.
Le temple d’Athéna au pied du mont Mycale
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La ville, visible aujourd’hui sur les pentes abruptes et escarpées et les terrasses
du mont Mycale fut construite selon un plan qui date du IVe siècle av.J.C. Elle s’étendait jusqu’au niveau de la mer depuis
une hauteur de 380 mètres au sommet de l’escarpement. La situation exacte de la toute première Priène n’est pas encore identifiée
car il est supposé qu’elle se trouvait à l’endroit aujourd’hui occupé par des terres agricoles.
La bonne connaissance de la moyenne des taux de comblement de l’embouchure servira à estimer la position
de la ville au fil des siècles. La cité se trouve à proximité du village actuel de Gullubahce, dans la
province d’Aydın (Turquie), à 15 kilomètres de la mer, soit environ neuf de plus que lors de sa création.
Aujourd’hui, après plusieurs siècles de changements dans le paysage, il s’agit d’un site intérieur. Au IVe siècle av.J.C
Priène était une ville portuaire en eau profonde avec deux ports sur la baie de
Milet et un peu plus à l’Est se trouvaient les marais du Delta du Méandre.
L’histoire…….
Le théâtre de Priène |
L’emplacement
le plus ancien de la ville, découvert aujourd’hui, situe une occupation dès le IIe millénaire.
Selon la tradition la cité fut vraisemblablement fondée au XIe siècle par des
Ioniens dirigés par Æpytos (ou Ægyptus) un fils de Belus et petit-fils du
17e et dernier Roi d’Athènes, Codros (ou Kodros).
D’autres sources donnent comme fondateurs des habitants d’Hélicé,
d’Athènes ou encore de
Thèbes. Puis,
plus tard, Priène fit partie d’une
confédération Ionienne
regroupant douze cités :
Chios (ou Chio ou Kios),
Clazomènes,
Colophon,
Éphèse,
Érythrée,
Lébédos,
Milet,
Myonte,
Phocée,
Samos et
Téos.
Smyrne (ou Izmir) fut ensuite rattachée à la confédération et
Halicarnasse
les rejoignit après avoir été chassée pour impiété de la sienne.
Priène ne joua pas un rôle politique important, mais elle occupa une place prépondérante dans la
confédération car, selon Strabon
(Géographe Grec,
v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C – Livre XIV, 3), elle devint rapidement un important centre religieux.
Elle accueillait en effet le Panionion, sanctuaire commun à tous les
Ioniens, qui était situé à quelques kilomètres de la ville. On y trouvait
aussi un temple dédié à Athéna et un à Déméter. La ville organisait également de somptueuses "fêtes
Panioniennes" en l’honneur de Poséidon Heliconios. L’emplacement du sanctuaire n’a pas, à ce jour, été localisé.
Au VIIIe siècle av.J.C elle dut subir les attaques des Cimmériens. Puis, celle du Roi de
Lydie, Ardys I (ou Ardus ou Ardyssos I, 797-761).
Comme petit à petit toutes les cités d’Ionie,
elle passa vers 700 sous protectorat des Lydiens.
Cette domination dura près d’un siècle et demi puisque après la défaite du dernier Roi
Lydien,
Crésus (ou Kroisos, 562-546 ou
561-547) devant le Roi Perse
Cyrus II (559-529),
les riches cités d’Ionie passèrent sous le contrôle des
Achéménides.
Priène se joignit ensuite aux autres cités Grecques
lors de la grande révolte de 499 à l’origine des
Guerres Médiques (499-479) et elle envoya 15 trières à la
bataille de Ladé,
à l’été 494, près de
Milet. Elle fut cependant battue et soumise par les
Perses ainsi que les autres cités de
la coalition, ce qui lui valut d’être totalement détruite par le Roi
Darius I (522-486) en représailles.
Autre vue du temple d’Athéna
|
Ce ne fut qu’après les victoires sur les
Perses des cités de la
Grèce continentale : En 490 à
Marathon, qui mit fin à la
Première Guerre Médique, puis
celles des
batailles de Salamine,
le 29 Septembre 480, et de
Platées,
le 27 Août 479, et du
cap Mycale en
Août (ou Septembre) 479, qui mirent fin à la
Deuxième Guerre Médique
(480-479), que les cités Ioniennes retrouvèrent leur liberté.
Priène, comme les autres, fut débarrassée à ce moment de la tutelle des
Perses. Cette liberté fut de courte durée
car ce fut au tour d’Athènes, qui avait joué un rôle
prépondérant dans la victoire, de tirer profit de la région avec en 478 la fondation de la
Ligue de Délos,
qui entreprit de constituer un Empire maritime assurant l’hégémonie de la cité sur la mer Égée et sa domination sur
le monde Grec.
Priène comme beaucoup de villes Ioniennes entra dans la
Ligue, mais qu’à partir de 450.
En 412, sur l’instigation
d’Alcibiade
(450-404), Priène
se révolta avec d’autres cités Ioniennes. L’aventure fut de courte durée,
l’Ionie fut ramenée à l’obéissance vers 411/410 par la cité Attique. En
407, le Sparte,
Lysandre battit la flotte
Athénienne à
la
bataille d’Aigos Potamos.
Après sa victoire,
toutes les cités restées fidèles à
Athènes avant la bataille lui firent défection et se soumirent à
Lysandre.
En 404 l’hégémonie Athénienne
n’exista plus et la
Ligue de Délos fut dissoute. Les cités d’Ionie
passèrent alors de nouveau sous la tutelle des
Perses.
En 395 le Roi de Sparte,
Agésilas II (398-360) lança une campagne
en Asie Mineure contre le
Satrape Perse de
Lydie et de
Carie,
Tissapherne (v.413-395).
La campagne d’Agésilas II se solda par
la libération des cités d’Ionie de la tutelle
Perse, dont Priène.
Elles subirent ensuite la domination de Sparte,
mais pour un temps très court. Le climat politique était très tendu et en 387/386,
Sparte menacée de tous côtés,
conclut la paix d’Antalcidas
ou paix du Roi avec les Perses et
tous les Grecs.
Elle acceptait la domination des
Achéménides et leur céda des cités
Grecques d’Asie Mineure. Après un sursaut de
Sparte, en juillet 371, à la
bataille de Leuctres la suprématie
Spartiate sur le monde Égéen fut définitivement terminée. L’hégémonie du vainqueur,
Thèbes qui s’ensuivit n’eut que peu d’impact
sur le monde Anatolien. Les Perses,
profitant du cahot du monde Grec, reprirent
possession de l’Ionie. Leurs nouvelles dominations, physique et politique,
sur les cités furent similaires à celles qui précédaient les
Guerres Médiques, en
particulier sur les très lourds impôts. Priène, toutefois, s’en sortit relativement bien et devint
presque une colonie Perse.
Le Prytaneion de Priène |
Vers 350, elle passa sous le contrôle d’un allié des
Perses, le
souverain d’Halicarnasse
Mausole (ou Maussollos, 377-353) qui
décida de la reconstruire sur le même plan que Milet,
un plan hippodamien. Il voulait une magnifique ville sur les pentes du mont Mycale où il espérerait construire un port en
eau profonde. Le début de l’ère Hellénistique avec la conquête de l’Anatolie par le Roi de
Macédoine,
Alexandre le Grand (336-323),
après sa victoire du Granique, ouvrit une période de refondation de la cité, dégagée des influences
Perses.
En 334, Alexandre se rendit à Priène où,
avec l’or du Pactole, il fit une offrande pour la construction d’un grand sanctuaire en l’honneur d’Athéna,
alors qu’il assiégeait la cité de Milet non loin de là.
Le temple lui sera plus tard dédié.
Les citoyens les plus importants de la cité ne tardèrent pas à lui emboîter le pas et investirent dans la
construction. La plupart des bâtiments publics de la cité furent construits avec des fonds privés et portent les noms des
donateurs. Après la mort d’Alexandre en 323,
l’Asie Mineure fut disputée entre les différents Diadoques, mais resta au début en grande partie
Macédonienne.
Cependant, en 301, après la
bataille d’Ipsos, en
Phrygie, contre
Antigonos I
Monophtalmos (306-301), Priène tomba sous la domination du Roi de
Thrace,
Lysimaque (322-281).
En 284, Lysimaque dut se heurter à
une confédération de cités d’Ionie lorsqu’une partie de l’Asie Mineure se
rebella, suite à l’exécution par le Roi de son propre fils. Son principal, rival qui soutenait les cités, fut le Roi
Séleucide
Séleucos I Nikâtor (305-280).
En 283, une querelle frontalière, autour de la cité de Dryussa, opposa Priène à
Samos, mais personne ne sortit vainqueur.
Séleucos I était en guerre contre
Lysimaque et en Février 281, à la
bataille de Couroupédion (ou Corupedion ou Curupedion, en Lydie),
Lysimaque
fut vaincu et tué. Ses territoires d’Asie Mineure, devinrent alors possession
Séleucide, ils le
restèrent jusqu’en 190 à la
bataille de Magnésie
du Sipyle.
Autre vue du théâtre
|
En 277, Priène subit l’invasion des Galates qui entraîna beaucoup de
destructions dans la cité. Bien que puissance dominante, les
Séleucides n’avaient
pas entièrement la main mise sur l’intégralité de l’Asie Mineure et Priène se retrouva au centre des conflits d’influences
et d’intérêts entre : Les Séleucides
à l’Est, les Rois de Pergame au Nord et les
Ptolémée
d’Égypte au Sud. Le Roi de
Pergame,
Eumène II (ou
Eumènès, 197-159) s’étant allié aux Romains
pour contrer l’expansion Séleucide vers
la mer Égée, obtint après la victoire, par la
paix d’Apamée en 188, le contrôle d’une partie
de l’Asie Mineure. Priène se trouva dans la région nouvellement attribuée et resta sous la domination des
Attalides jusque sous le règne
d’Attalos III Philométor (ou Attale, 138-133).
En 155 av.J.C, La ville fut attaquée et incendiée par le Roi de
Cappadoce,
Ariarathès V Eusèbe Philopator
(163-130), désireux de s’emparer du trésor de la cité. Les accords de 196 et de 188 visant à régler le conflit frontalier avec
Samos devinrent inefficaces et le conflit reprit. Ce ne fut que par
l’intervention d’un tribunal Romain, en 135, que Priène obtint gain de cause, puisque la cité
de Dryussa lui fut attribuée. Lorsqu’Attalos III
mourut sans enfant mâle, il légua son royaume à la République Romaine et l’Anatolie, dont Priène, passa dans le
monde Romain. La cité connut ensuite une période de troubles liés à la piraterie, très répandue à cette époque. Elle retrouva
sa tranquillité à la fin du Ier siècle ap.J.C, sous le règne de l’Empereur Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C). Mais, coupée de son
accès à la mer, après que le bras qui la reliait au Méandre ait disparu, la cité perdit peu à peu de son attrait commercial
et commença à décliner victime une nouvelle fois de l’envasement. Toutefois,
bien qu’elle perdit bon nombre d’habitants
qui rejoignirent Milet, on enregistre encore une certaine activité.
À l’époque Byzantine, elle devint une cité épiscopale. Elle fut complètement désertée au milieu du Moyen Âge.
L’archéologie et les monuments
Autre vue du théâtre
|
Les fouilles
Les ruines de la ville sont généralement
reconnues pour être le plus spectaculaire exemple d’une ancienne ville
Grecque intacte, mise à part les outrages
du temps. Elle fut construite à proximité de carrières de marbre sur le mont Mycale et des forêts qui servirent pour des éléments
tels que les toits et les planchers. Les ruines, réparties en terrasses successives, firent l’objet de fouilles de la part de
missions Anglaises de la Society of Dilettanti en 1765 et 1868. Tout ce qui a été mis au jour est aujourd’hui au British Museum.
D’autres furent également soigneusement menées par l’égyptologue Allemand Theodor Wiegand en 1895, 1899 et début du XXe siècle
par de nouvelles équipes Allemandes.
Les pièces mises au jour sont maintenant visibles au
musée de Berlin.
La ville fut reconstruite sur un nouveau site au cours du IVe siècle av.J.C et fit l’objet d’un aménagement selon
un plan rectangulaire, en damier dit "plan hippodamien". La zone escarpée faisait face au Sud et
l’acropole dominait la cité à une hauteur de 200 m. La ville était ceinte d’un mur de 2 m. d’épaisseur, avec des tours
à intervalles réguliers.
La cité possédait 3 portes principales et 6 grandes rues de 6 mètres de large la
desservaient selon un axe Est-ouest. L’agora était traversée par une des rues principales. Le quadrillage se faisait par
15 rues plus petites, d’environ 3 mètres de large, à angle droit et régulièrement espacées, délimitant un ensemble de 80 pâtés
de maisons (ou insulæ). Chaque pâté (ou Insula) possédait 8 maison privées. Les maisons présentent de nombreuses
ressemblances avec les plus anciennes villas de Pompéi. On distingue encore très bien les systèmes d’arrivée et d’écoulement
des eaux.
Les monuments
Priène comprenait
des monuments d’une rare qualité, dont on peut admirer les vestiges aujourd’hui, notamment :
▪ Le temple d’Apollon et le sanctuaire de Déméter qui se trouvait
sur les basses pentes de l’acropole.
Siège dans le théâtre
|
▪ Le gymnase supérieur qui se trouvait à 36 mètres
au-dessus du niveau de la mer.
Il était équipé de bains Romains.
▪ Le théâtre qui date du IVe siècle, mais qui fut
réaménagé au IIe siècle. Il est relativement bien conservé. Il pouvait accueillir 5.000 personnes et était utilisé pour
les spectacles mais aussi pour les réunions politiques. Cinq fauteuils au premier rang qui furent aménagés pour les
cinq plus importantes personnalités de la cité sont encore visibles. On y a mis au jour une clepsydre (Horloge à eau)
qui mesurerait le temps de paroles des orateurs. Un autel situé dans l’orchestre permettait de faire des offrandes au
Dieu Dionysos.
▪ Le temple d’Athéna Polias, qui se trouvait dans la moitié occidentale de la ville, sur
une grande terrasse au Nord de la rue principale, était accessible par un magnifique escalier. Le temple fut construit
vers 350 av.J.C par Pythis (ou Pytheos ou Pythius) qui fut l’un des architectes du
Mausolée d’Halicarnasse. C’était le plus ancien
et le plus important de la ville. Il fut construit entièrement en marbre sur le point le plus élevé de l’acropole.
Ses dimensions étaient de 38 mètres de long sur 20 mètres de large.
Il possédait 11 colonnes Ioniques sur les côtés et 6
aux extrémités. Il n’en reste aujourd’hui que 5 debout. Il s’ouvrait vers l’Est et abritait une grande statue de 7 mètres
de hauteur de la Déesse Athéna. Sous la base de la statue ont été mis au jour en 1870 des tétradrachmes en argent,
ainsi que des bijoux, probablement cachés là lors de l’attaque de la cité par le Roi de
Cappadoce,
Ariarathès V Eusèbe Philopator (163-130).
▪ Le Bouleutêrion, au Nord de l’agora, date de vers 200 av.J.C. C’était le siège de
l’assemblée des citoyens et du conseil de ville. Ressemblant à un petit théâtre il pouvait accueillir 640 personnes sur
des gradins disposés sur trois de ses côtés. Ses dimensions étaient de 21 m. x 20 m. et il était recouvert d’un toit à
charpente en bois. La tribune des orateurs, creusée dans le mur a disparu, mais l’autel est encore présent, il est orné de
reliefs sur les trois côtés avec des têtes de taureaux.
Le Bouleutêrion de Priène
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▪ Des temples dédiés à la Déesse
Égyptienne,
Isis ; au Dieu
Grec
de la médecine, Asclépios et au Dieu Zeus Olympien.
▪ Au Sud, au point le plus bas de la cité, mais tout de même à l’intérieur des murs, se
trouvait un grand stade, lié à un gymnase datant de l’époque hellénistique.
▪ Le Prytaneion qui fut le bureau de l’autorité civique, avait une cour avec des
chambres ouvertes. Il fut modifié à l’époque Romaine. Une table de marbre et d’un bassin d’eau peuvent être vue dans
la cour et dans l’une des chambres se trouve un grand foyer, peut-être le foyer d’une flamme citoyenne éternelle.
▪ L’église (ou basilique) qui se trouve au Sud du théâtre. Elle possède un hall
d’entrée en marbre avec un balcon, deux escaliers (ambon) et une abside. Une grande partie des pierres fut réutilisée
pour la construction d’autres bâtiments. Les autres parties de l’église et le chœur sont d’époque Byzantine.
▪ La maison
d’Alexandre le Grand qui est
appelée ainsi parce que le souverain
Macédonien l’aurait occupé en 334 durant
le
siège de Milet. Elle fut par la suite transformée en sanctuaire
accessible seulement à des fidèles habillés de blanc. On y a mis au jour une statue
d’Alexandre et un autel.
▪ L’agora, qui fut créée au IIIe siècle av.J.C, fut reconstruite en 125 av.J.C
par le Roi de Cappadoce Ariarathès VI Épiphane
Philopator (130-111) qui y fit rajouter des statues de marbre et de bronze. Elle était traversée par une des rues
principales et au centre se trouvait des portiques doriques, un autel y était consacré au Dieu Hermès. Sur le côté Est
avait été érigé au IIIe siècle av.J.C, un temple dédié au Dieu Zeus Olympien.
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