L’Achaïe et les Achéens
La Ligue Achéenne
 

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Sommaire

 
Localisation
L’histoire
La Ligue Achéenne
       La première Ligue
       La deuxième Ligue
Liste des Stratèges
Bibliographie

 Pour plus de détails voir aussi les cités Achéennes :
Dymé, Égion, Égire, Hélicé, Patras

 

Localisation

 
   L’Achaïe (ou Akhaia ou Achaea ou Achaïa, en Grec : Aχαιοί ou Αχαΐα), fait partie de la région de la Grèce de l’Ouest et est située dans la partie Nord-ouest de la péninsule du Péloponnèse. Elle est délimitée par Elis au Sud-ouest, l’Arcadie au Sud et Corinthe au Sud-est. Le golfe de Corinthe se trouve sur son Nord-est, et le golfe de Patras à son Nord-ouest. Le mont Panachaiko (ou Vodias, 1926 m.) qui n’est pas le plus élevé de l’Achaïe), domine la zone côtière près de Patras. Les monts les plus élevées se trouvent dans le Sud, comme Aroania (2341 m) et Erymanthos (2224 m). Les principales cours d’eau de la région sont : Le Larissos, le Tytheus (ou Tythefs), le Peiros (ou Acheloos), le Charadros, le Sélinountas et le Vouraïkos (ou Erasinos).
 


 

Vue d’Egion (ou Aigion)

L’histoire….

 
   Traditionnellement l’Achaïe est réputée pour avoir été peuplée par les Pélasges, peuple indigène de la Grèce, et tirer son nom du Roi de Sicyone, Égialée. Toutefois, dans l’Iliade, le Catalogue des vaisseaux (Iliade, II, 275), la région de l’Égiale est mentionnée comme rattachée à la cité de Mycènes, sous le commandement d’Agamemnon. Elle fut selon la mythologie Grecque, le berceau des Achéens (ou Akhaioi [ou peut-être Ahhiyawa ?]). Ces derniers furent l’un des premiers peuples Indo-européens à avoir envahi la Grèce.
 
   Ils y apparurent vers 1900. Ils étaient originaires des régions plus septentrionales et arrivèrent par l’Ouest. Ils s’installèrent d’abord en Épire, puis descendirent en Thessalie. Ils chassèrent les premiers habitants, les Pélasges, grâce à leur suprématie militaire (Usage de l’épée au lieu du poignard, usage du bronze). Ils dominèrent ensuite les populations de Béotie, d’Attique et enfin du Péloponnèse où ils s’arrêtèrent en Argolide.
 
   Un groupe alla même former la population Ionienne d’Asie Mineure. Les similitudes linguistiques sont là pour le prouver. Homère (Poète Grec de la fin du VIIIe siècle av.J.C) parle ainsi d’"Achéens" ou d’"Argiens" pour désigner l’ensemble des Grecs rassemblés devant Troie. Les Grecs distinguaient les Achéens de Phthie (ou Akhaioi hoi phthiôtai, en Grec : ‘Aχαιοi οi φθιται) de ceux du Péloponnèse. Cette partie de l’Achaïe était peuplée, selon Homère, par les Myrmidons, commandés par Achille (ibid., II, 683–684).
 
   Pour Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425, Livre I, 145), l’Achaïe fut d’abord occupée par les Ioniens, puis constitua pour les Achéens un refuge, à la fin du IIe millénaire av.J.C., face à l’invasion des Doriens. L’ancêtre éponyme des Achéens fut Achaïos, fils de Xouthos et de Créüse, demi-frère d’Ion (Ancêtre éponyme des Ioniens). Selon quelques spécialistes, le terme Hittite "Ahhiyawa" qui désignait un royaume mentionné dans des chroniques se référerait aux Achéens de la tradition Homérique. Le débat est toujours ouvert à l’heure actuelle, un certain nombre de spécialistes des Mycéniens contestant toujours ce fait. Au Nord-ouest de l’Argolide, une région montagneuse appelée "Achaïe", tient aussi pour avoir abrité un florissant développement de la civilisation Achéenne dans des cités comme Sicyone, Patras, Érymanthe et plus au Sud, Élis (Capitale d’Élide) et Olympie.


 

Vue du théâtre d’Égire (ou Égira)

 
   Leurs principaux centres furent les cités d’Argos, Tirynthe, Pylos, mais surtout la capitale de ce royaume Achéen qui fut Mycènes. Cette cité fut le plus grand centre de la civilisation préhellénique, à laquelle elle donna son nom, la civilisation dite "Mycénienne". On ne sait pas exactement ce qui causa la rapide montée en puissance des Mycéniens vers 1600. La chute de la domination Achéenne est traditionnellement attribuée à l’invasion Dorienne, mais on pense désormais que la grande invasion fut plutôt une suite de petites incursions, espacées dans le temps.
 
   Beaucoup plus tard, l’Achaïe, qui était organisée en villages, parfois protégés par des murs d’enceinte, vit ces derniers se regrouper pour former des villes. Ainsi, selon la tradition, Patras fut formée par la réunion de sept villages. Selon Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), en 688, la ville d’Hyperesia (en Grec : ‘Yπερησία, ou Égire ou Aigeira ou Égira) fut menacée par une armée de Sicyone. Les habitants défendirent leur ville en plaçant des torches enflammées sur les cornes de leurs chèvres.
 
   Sicyone se retira et les habitants rebaptisèrent leur ville Égire (ou Aigeira, en Grec : Aίγειρα) pour honorer les chèvres (Aiges en Grec). Ce mouvement de concentration aboutit, au Ve siècle av.J.C., à la création de la première Ligue Achéenne, rassemblant 12 cités, dont nous avons très peu de connaissance, mais qui avaient sûrement des fonctions culturelles et religieuses communes importantes. Lors des Guerres Médiques (499-479), les villes d’Achaïe restèrent neutres et le furent généralement aussi dans les luttes entre Athènes et Sparte qui suivirent. L’Achaïe ne commença réellement à faire parler d’elle qu’au cours des siècles suivants.
 
   En 373, la ville Achéenne d’Hélicé (ou Helice ou Helike, en Grec : ‘Eλίκη) fut détruite dans un grand tremblement de terre, puis un énorme tsunami se précipita dans le golfe de Corinthe et inonda la ville. Tous les habitants périrent. La ville de Bura (ou Boura, ou Bira, en Grec : Βοũρα), plus à l’intérieur, fut également détruite dans ce tremblement de terre. En 367, Épaminondas (Général et homme politique Béotien de Thèbes, 418-362) lors de la troisième invasion du Péloponnèse, passa une alliance avec les villes Achéennes. Mais des Oligarques reprirent les cités d’Achaïe et s’allièrent avec Sparte contre Épaminondas. En 362, à la bataille de Mantinée, ils prirent même une part très active, alliés à Sparte, Athènes et Mantinée, contre Thèbes.
 
   Plus tard, en 338, les Achéens firent partie de l’alliance Grecque dirigée par Thèbes et Athènes qui fut défaite par le Roi de Macédoine, Philippe II (359-336) à la bataille de Chéronée. Après cette défaite l’Achaïe fut contrôlée par la Ligue de Corinthe (ou Ligue des Hellènes) dominée par la Macédoine. Celle-ci avait pour but de renforcer l’hégémonie de Philippe II sur la Grèce. La première Ligue Achéenne fut dissoute par le Roi de Macédoine, Cassandre (301-297) et Démétrios I Poliorcète (294-287) imposa aux cités des garnisons et souvent, des Tyrans sous le contrôle des Macédoniens.
 


 

Vue d’une partie du site d’Hélicé

   La Ligue Achéenne (Deuxième Ligue) fut reconstituée vers 281/280 par quatre cités : Dymé, Patras, Pharès et Tritée. Elle fut dirigée contre l’expansion Macédonienne. Cette fois, elle se dota de solides institutions fédérales. Sous son Stratège Aratos de Sicyone (ou Aratus, 271–213), elle se développa fortement et rivalisa avec Sparte pour la suprématie en Grèce. Malgré son importance, elle ne parvint pas à unifier complètement le Péloponnèse sous son égide. Lors de la guerre d’Achaïe, la dissidence de Sparte et son manque de tactique sous le Stratège Philopoemen (ou Philopoímên ou Philopœmen, 253-183) conduisirent à sa dissolution.
 
   La Ligue disparut en 146 avec la défaite à la bataille de Leucopétra (ou de Corinthe du fait de sa proximité) qui livra la Grèce aux Romains. Corinthe, fut prise et pillée après un court siège par Général Romain Lucius Mummius Achaicus (Consul en 146). Une partie des cités furent soumises au tribut et placée sous l’autorité du Promagistrat de Macédoine, tandis que les cités restées fidèles aux Romains, ou neutres, conservèrent leur autonomie interne, mais ne purent plus conduire de politique extérieure indépendante.
 
   La situation changea au début du Ier siècle avec les Guerres Mithridatiques. De nombreuses cités Grecques se rallièrent au Roi du Pont, Mithridate VI Eupator (120-63), dans l’espoir de se libérer de la tutelle Romaine. La contre-attaque de cette dernière fut menée par le Général et Consul Romain Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla Felix, 138-78), qui obligea Mithridate VI à battre en retraite et à abandonner la Grèce. Les villes qui avaient accueilli le Roi perdant furent condamnées à une indemnisation de 20.000 talents avec cinq ans d’arriérés d’impôts ce qui les endetta pour une très longue période. Les rétorsions Romaines pour toutes les villes d’Achaïe furent lourdes et les terribles campagnes militaires sur le territoire Grec laissèrent le cœur de la Grèce centrale en ruines.
 


 

Vue de l’odéon Romain de Patras
Photo avant retouches : wikipedia.org

   Après la défaite du Général Romain et Consul Marc Antoine (83-30) et de la Reine d’Égypte, et Cléopâtre VII (51-30) en 31, l’Empereur Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) réorganisa les provinces Romaines et créa la province Sénatoriale d’Achaïe. C’est parce que l’Achaïe était plus proche de Rome géographiquement que d’autres provinces, qu’il lui fut donné des avantages politiques et une plus grande autonomie au sein de l’Empire.
 
   La direction de l’Achaïe à cette époque fut attribuée par le Sénat à un Proconsul Prétorien nommé comme son Gouverneur qui établit son siège administratif à Corinthe. Cependant, Rome n’exerçait qu’un contrôle assez léger sur l’Achaïe, par exemple aucune garnison Romaine n’y séjournait, et les groupes religieux et sociaux indigènes furent largement tolérés par les Romains, et le sentiment général de libre détermination chez les Grecs était monnaie courante.
 
   Après le règne d’Auguste la province d’Achaïe fut combinée avec la Macédoine à partir des années 15 jusqu’en 44, coïncidant avec les problèmes frontaliers. Cette nouvelle province de rang Impériale fut supervisée par un Gouverneur placé en Mésie le long du Danube. En l’an 67, l’Empereur Néron (54-68) déclara la Grèce politiquement libre dans l’Empire Romain et les Grecs commencèrent leur propre gouvernement autonome.
 
   Toutefois, l’autorité Romaine sur la Grèce fut rétablie peu après avec l’Empereur Vespasien (69-79), qui plaça la province d’Achaïe une fois de plus dans les mains du Sénat Romain. Au fil du temps, la Grèce se reconstruisit lentement, avec sont apogée durant le règne de l’Empereur Hadrien (117-138). Avec le savant Grec Hérode Atticus (ou Lucius Vibullius Hipparchus Tiberius Claudius Atticus Herodes, 101-177), Hadrien entreprit un vaste programme de reconstruction. Il embellit Athènes et la plupart des villes Grecques.

 

La Ligue Achéenne
(ou Ligue Hellénistique)

 
   La Ligue Achéenne (En Grec : κοινòν τν ‘Aχαιν ou tò Achaïkón en Grec : τὸ Ἀχαϊκόν) ou quelques fois Ligue Hellénistique, fut originellement un groupement en confédération de douze villes de la côte Nord-est du Péloponnèse (en Achaïe).
 
               La première Ligue
 
   Elle fut créée au Ve siècle. Nous avons très peu de connaissance concernant cette première Ligue, notamment quels étaient les liens qui unissaient les cités. Quelques spécialistes penchent pour une association plus religieuse que politique, centrée autour du culte de Zeus Homagyrios (ou Homario). En 373, la principale ville (ou Helice ou Helike) fut complètement détruite par un tsunami suite à un tremblement de terre. Égées (ou Égéai ou Aigéai ou Æeges ou Aigáí), Olénos (ou Olenos ou Olenus ou Oleno) et Rhypes furent également abandonnées en raison de leur très mauvais état. Le siège de la Ligue fut alors transféré à Égion (ou Aigion ou katharévousa ou Aigio) et devint le siège des Dieux tutélaires Zeus et Déméter.
 
   Notre principale source pour l’histoire de l’alliance est Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C). En 338, La Ligue Achéenne fit partie de l’alliance Grecque dirigée par Thèbes et Athènes qui fut défaite par le Roi de Macédoine, Philippe II (359-336) à la bataille de Chéronée. Après cette défaite l’Achaïe fut contrôlée par la Ligue de Corinthe (ou Ligue des Hellènes) dominée par la Macédoine. Celle-ci avait pour but de renforcer l’hégémonie de Philippe II sur la Grèce. Cette première Ligue Achéenne fut dissoute par le Roi de Macédoine, Cassandre (301-297) et Démétrios I Poliorcète (294-287) imposa aux cités des garnisons et souvent, des Tyrans sous le contrôle des Macédoniens.

Cliquez sur un nom de ville ou de région

 

         Elle comprenait les cités de :
Bura (ou Boura ou Bira, en Grec : Βοũρα), située sur une hauteur au Sud-est d’Hélicé. Il est dit qu’elle tira son nom de la fille d’Ions et d’Hélice.
Dymé (ou Dyme ou Dymis ou Dimi, en Grec : Δύμης ou Δύμη). C’était la ville la plus à l’Ouest des cités Achéennes, située sur la côte Nord-ouest, près du Cape Araxo.
Égées (ou Égéai ou Aigéai ou Æeges ou Aigáí, en Grec : Αγάί) qui fut une ville et un port d’Achaïe, sur la côte Nord du Péloponnèse, sur la partie méridionale du Golfe de Corinthe. Son temple de Poséidon était célèbre.
Égion (ou Aigion ou katharévousa ou Aigio, en Grec : Αγιον, en Latin : Aegium, ou Egio ou Egion), au Nord du Péloponnèse, sur le golfe de Corinthe. Il s’y tenait les assemblées générales de cette Ligue.
Égire (ou Égira ou Ægira ou Aigeira ou Paleocastro, en Grec : Αγειρα), ville et port d’Achaïe dans le Nord du Péloponnèse. Elle reçut les habitants d’Aigéai, après que celle-ci eut été ruinée par une inondation.
Hélicé (ou Helice ou Helike, en Grec : ‘Eλίκη), située à deux kilomètres (12 stades) du Golfe de Corinthe. L’ancienne ville fut immergée par un tsunami dans la nuit au cours de l’hiver 373 av.J.C suite à un tremblement de terre. C’est l’un des plus grands objectifs pour l’archéologie sous-marine de la région.
Patras (ou Patrai, en Grec : Πάτραι), au Nord de la péninsule du Péloponnèse, c’était une des plus peuplée. Elle fut habitée depuis l’âge préhistorique et constitua un centre important de l’ère Mycénienne.
Pharès (ou Pharée ou Farres ou Pharai ou Phara, en Grec : Φαρά), située à environ 17 km de Patras dans l’Ouest de l’Achaïe.
Pellène (En Grec : Πελλήνη), fut la cité la plus à l’Est de l’Achaïe de la Ligue, près du golfe de Corinthe, à la frontière de l’Argolide. Les ruines de la ville se situent au Sud-ouest de Xylokastro.
Olénos (ou Olenos ou Olenus ou Oleno, en Grec : Ώλενος) située entre Dymé et Patras.
Rhypes (En Grec : Ρύπες), située sur le golfe de Corinthe. Sa localisation exacte est encore débattue aujourd’hui.
Tritée (ou Tritaia, en Grec : Τριταία), située dans le Sud-ouest de l’Achaïe. La ville aurait été fondée par Mélanippos, fils d’Arès et de Triteia, la fille du Dieu marin Triton.
Égées et Rhypes vont quitter la Ligue par la suite et seront remplacées par : Cérynée (ou Kyrenia ou Ceryneia, en Grec : Κερύνεια), située à 6 km au Sud d’Égion et 7 km à l’Ouest de la Diakopto. La ville de Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia) dans le Nord de Chypre, fut fondée par les Achéens, probablement à partir Cérynée ; et Leontion (ou Léontion, ou Leontium, en Grec : Λεόντιον).

 
                La deuxième Ligue
 
   Elle fut constituée vers 281/280 par quatre cités : Dymé, Patras, Pharès et Tritée. Elle fut dirigée contre l’expansion Macédonienne. Elle fut créée lorsque le Roi de Macédoine, Antigonos II Gonatas (277-239), fils de Démétrios I et de la Reine Phila I, tenta de reprendre le trône de Macédoine à la mort de Ptolémée Kéraunos (281-279). Les Achéens profitèrent de la confusion qui entourait cette succession pour chasser de leurs cités les garnisons Macédoniennes et les Tyrans qui leur avaient été imposés. Ils dotèrent la Ligue d’un gouvernement fédéral où toutes les cités furent sur un pied d’égalité. Elles furent toutes dirigées par ce gouvernement et elles n’avaient pas le droit de négocier séparément avec d’autres cités.
 
   L’État fédéral semblait alors la seule manière de tenir tête aux États hellénistiques. D’autres cités rejoignirent les quatre premières au cours des trois décennies suivantes : Égion (ou Aigion), Bura, Leontion, Pellène et Sicyone. À partir de 255, le magistrat principal fut un Stratège, rééligible. La Ligue se développa rapidement sous son Stratège Aratos de Sicyone (ou Aratus, 271–213). Il obtint même le soutien financier de l’Égypte. Pendant son exercice, Épidaure, Megalopolis, Mégare, Mycènes et Trézène rallièrent la Ligue.
 
   En 243 Aratos (ou Aratus) libéra Corinthe de la garnison Macédonienne qui l’occupait. Puis, Trézène et Épidaure rejoignirent la Ligue, ainsi que Mégare, cité de l’Attique, située à l’extrémité Est de l’isthme de Corinthe. Entre 239 et 235, elle affronta la Macédoine. En 235, le Tyran de Mégalopolis (Ville du Péloponnèse, dans la vallée de l’Alphée) Lydiadas rejoignit la Ligue, dont il devint par la suite plusieurs fois le Stratège. Il s’opposa parfois à Aratos (ou Aratus). En 229 Aratos (ou Aratus) réussit à faire adhérer Corinthe. La même année la Ligue profita des difficultés de la Macédoine et de la mort de Démétrios II l’Étolique (239-229) pour récupérer Mégare qui, avec Corinthe, devint la capitale. Elle reçut également l’adhésion d’Égine (île de la mer Égée) et d’Argos (au Nord-est du Péloponnèse), dont le Tyran Aristomachos déposa volontairement son pouvoir en adhérant à la confédération, imité peu après par les Tyrans de Phlionte (ou Phleious ou Phlius, en Grec : Φλειος) et Hermione (en Grec : ‘Eρμιόνη).
 


 

Monnaie de la Ligue frappée à Sicyone

   En 229, Aratos (ou Aratus) ne réussit pas à faire adhérer Athènes à la Ligue, bien qu’il l’aie aidée à se libérer des Macédoniens, par contre Salamine la rejoignit. Au cours de cette année, les relations se dégradèrent avec la Ligue Étolienne qui se rapprocha de Sparte et à qui elle confia quatre cités Arcadiennes qui étaient entrées dans son alliance : Caphyée (ou Kaphyai ou Caphyae), Mantinée, Orchomène et Tégée. Ce fut l’apogée de la Ligue, qui contrôlait tout le Péloponnèse à l’exception des villes ci-dessus.
 
   Les relations entre les deux puissances, Sparte et la Ligue, du fait de l’expansionnisme des deux côtés, amenèrent à ce que la guerre éclata fin 229 entre les deux belligérants. Les premières années du conflit furent marquées par des succès de Sparte et de son alliée, Elis avec les batailles du mont Lycaeum et de Laodicea en 227 et de Dymé en 226. Ces insuccès Achéens, qui mirent en péril l’existence de la confédération, poussèrent Aratos (ou Aratus) en 227 à s’allier avec le Roi de Macédoine, Antigonos III Dôson (229-221). En 225/4, en échange de son aide contre le Roi de Sparte, Cléomène III (235-219) il lui rétrocéda, Corinthe. Séparée alors du reste de la Ligue Achéenne, Mégare rejoignit la Ligue Béotienne. Les défections de certaines autres cités furent réprimées par la force, comme en 223, Mantinée qui fut détruite.
 
   À l’été 222 (Peut-être en Juillet) le rapport de force changea avec la défaite de Sparte à Bataille de Sellasie (ou Sellasia), où les armées de Cléomène III furent massacrées par celles d’Antigonos III et de la Ligue. La cité fut prise et Cléomène III dut s’enfuir en Égypte où il fut emprisonné. Il se suicida en 219. Cette défaite marqua la fin de l’indépendance de Sparte et d’importants troubles politiques s’ensuivirent dans la cité. Cela permit également à la Ligue de retrouver une grande partie de son extension, mais sa souveraineté fut amoindrie par l’influence de plus en plus grande de la Macédoine dans le Péloponnèse, qui abrita alors à nouveau quatre garnisons Macédoniennes : Corinthe, Héraia (ou Heraea, en Arcadie), Orchomène d’Arcadie et Sparte.
 
   En 221, la Ligue Étolienne rivale, vit ses cités alliées d’Élis et de Messène commencer à se rapprocher des Achéens. Pour contrer ces mouvements, elle envoya des troupes dans le Péloponnèse, provoquant en 220 une déclaration de guerre, appelée “Deuxième guerre des alliés“, avec la Ligue Achéenne et l’entrée de Messène dans cette dernière. Les batailles furent violentes et destructrices. Dans le Péloponnèse, les Étoliens alliés également aux Spartiates ravagèrent les territoires dépendant de la Ligue Achéenne. En Grèce centrale et en Épire les sanctuaires furent pillés par les Étoliens. L’armée Achéenne, commandée par Aratos (ou Aratus), fut écrasée à Kaphiai en Arcadie.
 
   Les Achéens durent se tourner de nouveau vers la Macédoine et son Roi, Philippe V (221-179), successeur d’Antigonos III. La guerre fut décidée lors d’une conférence panhellénique tenue à Corinthe. L’un des buts de la guerre était aussi de soustraire le sanctuaire de Delphes à l’influence Étolienne. Hormis quelques États restés neutres comme Athènes, toute la Grèce fut concernée par ce conflit. En 218, Philippe V mit à sac la capitale fédérale Thermos. À l’été 217, il remporta une autre victoire sur les Étoliens en s’emparant de la place forte de Thèbes de Phtiotide, mais préoccupé de la situation en Illyrie, il proposa la paix aux Étoliens, dite “Paix de Naupacte“. Les négociations se firent sur la base du statu quo, chacun conservant ses acquisitions. Cette paix satisfaisante pour aucune des deux parties ne constitua en réalité qu’une trêve.


 

Monnaie de la Ligue frappée à Dymé vers 85 av.J.C

 
   Libéré du front Étolien, Philippe V put se tourner vers l’Illyrie, ce qui aboutit peu après à la Première Guerre Macédonienne (214-205) contre Rome alliée à ce royaume. Pendant ce temps, à partir de 209, Philopoemen (ou Philopoímên ou Philopœmen, 253-183) devint l’homme d’État le plus influent de la Ligue Achéenne. Sous son commandement, celle-ci renoua avec les succès et s’étendit progressivement de nouveau sur l’ensemble du Péloponnèse. De 200 à 197 se déroula la Deuxième Guerre Macédonienne. D’abord neutre, vers 198 la Ligue se rangea tout compte fait aux côtés des Romains.
 
   Bien lui en fit puisqu’elle obtint en 195 leur aide dans sa lutte contre Sparte et son Tyran Nabis (207-192). La défaite des Spartiates lui permit de récupérer Argos et d’obtenir un protectorat sur une confédération de cités Laconiennes côtières dont le contrôle fut retiré à Sparte. La guerre entre Nabis et les Achéens reprit début 192. Ce dernier demanda alors de l’aide aux Étoliens, mais Aleximène, le chef des 1.000 hommes qu’on lui envoya, l’assassina, après l’avoir accusé de trahison. Philopoemen, obligea alors Sparte à adhérer la Ligue Achéenne et devint le véritable dirigeant de la ville. Ceci-dit la cité n’eut de cesse de vouloir retrouver son indépendance et le plan de Philopoemen ne fonctionna pas totalement. Les Spartiates mirent à mort les Étoliens qui avaient commencé à piller la cité.
 
   Les Achéens restèrent fidèles à l’alliance Romaine en 192 lorsque éclata la guerre entre elle et le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187) et ses alliés Étoliens et Grecs. Les seules cités échappant encore à son contrôle, Élis (Capitale d’Élide) et Messène, rejoignirent contre leur gré la Ligue après la victoire Romaine en Grèce centrale en 191. L’apogée territorial de la Ligue se situe autour de 190. Malgré son importance, elle ne parvint pas à unifier complètement le Péloponnèse sous son égide, n’exerçant qu’un protectorat sur les cités côtières de Laconie. De plus, des mouvements sécessionnistes furent brutalement réprimés à Sparte, où des partisans de Nabis avaient repris le pouvoir en 191.
 
   La guerre éclata en 189 et la ville fut prise en 188 et ses murailles abattues. En 184, Messène tenta en vain à son tour de reprendre son autonomie et Philopoemen mourut en 183 lors de la guerre qui s’ensuivit. La domination de la Ligue ne dura cependant pas longtemps. Au cours de la “Troisième Guerre de Macédoine” (171-168), elle eut l’idée d’une alliance avec le Roi de Macédoine, Persée (179-168). Les Romains la punirent en prenant plusieurs otages pour s’assurer de son bon comportement, y compris Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126). Les divergences de la Ligue avec Rome ne s’arrêtèrent pas là.
 
   En 148, les Achéens attaquèrent Sparte, qui voulait toujours se libérer de son inclusion dans la Ligue et qui fut battue. Les Spartiates s’opposaient de plus en plus à la puissance de la Ligue soutenus par leurs relations avec les Romains. En 147 Rome intervint et afin d’affaiblir la puissante confédération, lui ordonna par décret du Sénat (Senatus-consulte) de donner l’indépendance à plusieurs villes de la Ligue, dont Sparte, mais aussi d’autres cités comme Argos et Corinthe. Les Achéens refusèrent bien sûr d’obtempérer et se préparèrent pour la guerre dans une révolte ouverte contre la domination Romaine, appelée “la guerre des Achéens“.
 
   Rome semble alors avoir eu à cette époque peu de sympathisants en Grèce, plusieurs villes restèrent neutres dont Sparte qui pourtant était largement opposée à la Ligue. Certaines cités s’allièrent à la Ligue contre Rome, notamment des cités de Béotie, comme Thèbes. Rome envoya le Général Quintus Caecilius Metellus Macedonicus (v.210-115, Consul en 143), qui infligea une défaite à la coalition près de la ville d’Héraclée de Trachis, à l’Ouest des Thermopyles, juste au Sud du golfe Maliaque. Le Commandant de l’armée de la Ligue, Critolas (ou Critolao, en Grec : Κριτόλαος, mourut lors de la bataille de Scarphée (ou Skarphia ou Scarpheia).
 
   Cependant cela ne suffit pas à mettre fin à la guerre. Les Achéens organisèrent la défense de Corinthe et prirent des mesures exceptionnelles, dont l’affranchissement et l’armement de 12.000 esclaves. Le Général Metellus fut alors remplacé par Lucius Mummius Achaicus (Consul en 146). À la tête de 23.000 fantassins et 3.500 cavaliers, il battit le Général (Stratège) Achéens, Diaeos de Mégalopolis (ou Diaeus), à la bataille de Leucopétra (146) sur l’Isthme. Puis il parvint après un court siège, à prendre Corinthe. La ville fut mise à sac, pillée et rasée et ses habitants tués ou réduits en esclavage et son territoire fut déclaré appartenir au peuple Romain (Ager publicus). Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C) en témoigna en ces termes :

    “J’y étais, j’ai vu des tableaux foulés aux pieds ; les soldats s’installaient dessus pour jouer aux dés”.
 
   André Piganiol précise que le Sénat Romain, craignant une renaissance démocratique de cette grande ville, ordonna qu’elle fût livrée aux flammes et son sol, consacré aux Dieux infernaux. La Ligue dissoute, une partie des cités d’Achaïe fut soumise au tribut et placée sous l’autorité du Promagistrat de Macédoine, tandis que les cités restées fidèles aux Romains ou neutres conservaient leur autonomie interne, mais ne pouvaient plus conduire de politique extérieure indépendante. Sparte fit partie du camp des vainqueurs, mais perdit quand même ses cités Périèques, qui formaient de leur côté le koînon (Alliance) des Lacédémoniens qui fut intégré à l’Empire Romain.

 

Liste des Stratèges de la Ligue
  

Margos de Cérynée
Aratos de Sicyone
Aratos de Sicyone
Ægialée (ou Aegialeas)
Aratos de Sicyone
Aratos de Sicyone
Aratos de Sicyone
Dioedas
Aratos de Sicyone
Lydiadas I de Mégalopolis
Aratos de Sicyone
Lydiadas II de Mégalopolis
Aratos de Sicyone
Lydiadas III de Mégalopolis
Aratos de Sicyone
Aristomachos d’Argos
Aratos de Sicyone
Hyperuatas
256-255
245-244
243-242
242-241
241-240
239-238
237-236
236-235
235-234
234-233
233-232
232-231
231-230
230-229
229-228
228-227
227-226
226-225
Aratos de Sicyone
Timoxenos
Aratos de Sicyone
Timoxenos
Aratos de Sicyone
Timoxenos
Aratos de Sicyone
Aratos le Jeune de Sicyone
Épiratos (ou Epiratus) de Pharée
Aratos de Sicyone
Timoxenos
Aratos de Sicyone
Aratos de Sicyone
Cycliadas de Pharae
Philopoemen de Mégalopolis
Cycliadas de Pharae
Aristaenos de Mégalopolis
Nicostrate (ou Nicostratos)
225/224
225-224
224-223
223-222
222-221
221-220
220-219
219-218
218-217
217-216
216-215
215-214
213-213
210-209
209-208
200-199
199-198
198-197
Aristaenos de Mégalopolis
Philopoemen de Mégalopolis
Diophanes de Megalopolis
Philopoemen de Mégalopolis
Aristaenos de Mégalopolis
Lycortas de Mégalopolis
Archon
Philopoemen de Mégalopolis
Lycortas de Mégalopolis
Callicratès
Xénarque (ou Xenarchos)
Archon
Menalkidas de Sparte
Diaeos de Mégalopolis
Démocrite
Diaeos de Mégalopolis
Critolaos de Mégalopolis
195-194
193-192
192-191
191-186
186-185
185-184
184-182
183-182
182-181
180-179
175-174
172-169
151-150
150-149
149-148
148-146
147-146

 

Bibliographie


   Pour d’autres détails sur les Achéens voir les ouvrages de :
 
John Kinloch Anderson :
Philopoemen’s Reform of the Achaean Army, pp : 104-106, Classical Philology 62, N°2, 1967.
André Aymard et Jeannine Auboyer :
Les premiers rapports de Rome et de la Confédération Achéenne (198–189 avant J.C.), Féret, Bordeaux, 1938 – E. de Broccard, Paris, 1938.
– Les stratèges de la Confédération Achéenne, Études d’histoire ancienne, PUF, 1967.
Andreas Bastini :
Der achäische Bund als hellenische mittelmacht. Geschichte des achäischen Koinon in der Symmachie mit Rom, Europäische Hochschulschriften. Reihe 3: Geschichte und ihre Hilfswissenschaften. Bd. 335, Lang, Frankfurt am Main, 1987.
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Le monde hellénistique de la mort d’Alexandre à la paix d’Apamée, 323-188, Collection : Points Histoire / Nouvelle histoire de l’Antiquité, Éditions du Seuil, Paris, Janvier 1995.
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Les ligues étolienne et achéenne : Leur histoire et leurs institutions : Nature et durée de leur antagonisme E. Thorin, Paris, 1885.
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Hittites et Achéens : Données nouvelles concernant le pays d’Ahhiyawa, Centre de recherches comparatives sur les langues de la Méditerranée ancienne 11, Université de Nice-Sophia Antipolis, Nice, 1990.
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Achaïe : III, Les cités Achéennes épigraphie et histoire, De Boccard, Paris, 2008 – Centre de recherches de l’Antiquité grecque et romaine, Athènes, 2008 – Fondation nationale de la recherche scientifique, Paris, 2008.
Klaus Scherberich :
Koinè symmachía : Untersuchungen zum Hellenenbund Antigonos’ III. Doson und Philipps V. (224-197 v. Chr.), F. Steiner, Stuttgart, 2009.
Thomas Schwertfeger :
Der Achaiische Bund von 146 bis 27 v. Chr., C.H. Beck, München, 1974.
Jean Theveny :
Le temps des Achéens : Histoire de la civilisation Achéenne selon l’Iliade et l’Odyssée : Essai, Elzévir, Paris, 2009.
Ralf Urban :
Wachstum und Krise des Achäischen Bundes : Quellenstudien zur Entwicklung des Bundes von 280 bis 222 v. Chr, F. Steiner, Wiesbaden, Janvier 1979.
Ernst Wahner :
De Achaeorum foederis origine atque institutis, J. Blumberg, Glogoviae, 1854.
Frank William Walbank :
Aratos of Sicyon, University Press, Cambridge, 1933.
Edouard Will :
Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av.J.C., Collection : Points Histoire, Éditions du Seuil, Paris, 2003.

 

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