Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille de Pylos –
Bataille de Sphactérie
 

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Sommaire
 

Présentation
Contexte et prélude
Le déroulement
Bibliographie

Bataille  de  Pylos été 425
   

 


 

Hoplite Athénien
image avant retouches : cgsociety.org

Présentation

 
   La bataille navale de Pylos (ou Machē tēs Pylos, en Grec : Μάχη της Πύλου) se déroula en 425 av.J.C. durant la Guerre du Péloponnèse (431-404). Elle fut un affrontement entre Sparte et Athènes qui vit la victoire de cette dernière. Elle se déroula près de la presqu’île de Pylos, sur l’actuelle baie de Navarin (ou Palio-Navarino), en Messénie, dans le Sud-ouest du Péloponnèse. Une flotte Athénienne avait été conduite à accoster à Pylos par une tempête, et, à l’instigation d’un dénommé Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec : Δημοσθένης, Général Athénien fils de Alcisthènes, † 413), les soldats Athéniens fortifièrent la péninsule, et une petite force fut laissée là lorsque la flotte repartit.
 
   L’établissement d’une garnison Athénienne sur un territoire Spartiate effraya les dirigeants de la ville qui réagirent immédiatement. L’armée Spartiate qui venait de ravager l’Attique sous le commandement du Roi Agis II (En Grec : Aγις Β’, 426-398) partit de Corcyre (ou Kerkura, aujourd’hui Corfou) et navigua vers Pylos. Démosthène envoya deux de ses trirèmes pour avertir la flotte Athénienne du danger qui arrivait.
 

   De ce fait se retrouvant en infériorité numérique il échoua trois autres trirèmes et débarqua les équipages et les armes. Il plaça la plus grande partie de ses forces en un point fortifié face à la terre donnant l’impression de délaisser la mer. Les Spartiates frappèrent par le Sud-ouest, là où il avait laissé son mur de protection le plus faible pour les attirer. Les Athéniens repoussèrent l’ennemi pendant un jour et demi. Puis les Spartiates installèrent un siège et cessèrent leurs tentatives d’assaut de Pylos.
 
   À ce moment une flotte Athénienne de 50 trirèmes de renfort arriva, alors que les préparatifs de siège des Spartiates étaient en cours. Leurs navires étaient accostés et bloquer à l’entrée du port, de sorte que les Athéniens furent en mesure de les prendre par surprise. La flotte Spartiate fut vaincue de manière décisive, et les Athéniens prirent le contrôle du port. Les Athéniens firent de nombreux prisonniers ce qui mit le gouvernement Spartiate en panique.
 
   Les membres du gouvernement se déplacèrent alors sur les lieux et négocièrent un armistice. L’ensemble de la flotte Spartiate fut remise aux Athéniens en garantie de la bonne conduite des Spartiates, et des ambassadeurs furent envoyés à Athènes pour discuter d’une paix permanente. Cependant les négociations échouèrent. Le conflit se poursuivit et les Athéniens gardèrent Pylos qui fut utilisée comme base pour les raids en territoires Spartiates.
 

Contexte  et  prélude

 
   Au printemps 425 av.J.C., Sparte aida la cité de Messine à se révolter contre Athènes. Dans le même temps, elle lança une invasion de l’Attique menée par un de ses deux Rois, Agis II (En Grec : Aγις Β’, 426-398). L’été de 425, les Athéniens réagirent et envoyèrent 50 trirèmes en Sicile sous le commandement d’Eurymédon (Stratège Athénien, † 413) et de Sophocle (ou Sophokles, homme d’État et tragédien Athénien, v. 497/6-v.406/5), avec l’ordre de rétablir la démocratie à Corcyre (aujourd’hui Corfou) que Sparte avait envahi. L’Athénien Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec : Δημοσθένης, fils de Alcisthènes, † 413) prit place à bord d’un des navires en tant que conseiller. Il ne tenait aucune position officielle à ce moment, mais était un Stratège de la ville élu pour l’année hellénique qui commencerait en plein été 425.
 

  Une fois que la flotte fut en mer, Démosthène révéla son plan, qu’il avait précédemment gardé secret. Il voulait accoster à Pylos, un port naturel sur la côte du Péloponnèse, à environ 70 km. de Sparte et la fortifier. Il pensait la ville être site particulièrement prometteur pour un poste avancé et encourager une rébellion des Hilotes. Les Généraux rejetèrent son plan, mais Démosthène eut à ce moment un coup de chance. En cours de route, la flotte Athénienne fut prise dans un orage et fut obliger pour se protéger d’accoster à Pylos.
 
   Alors même que les Généraux refusaient d’ordonner la fortification du promontoire où ils avaient accosté, pensant que c’était une perte de temps et d’argent, Démosthène en appela directement aux troupes et subordonna les Commandants. Ces derniers étaient las d’attendre la fin de la tempête et n’ayant rien à faire, pensèrent que fortifier la position serait une bonne occupation pour leurs troupes. Le promontoire fut fortifié et défendable en six jours. La tempête passée, Démosthène resta sur l’île avec cinq navires pour défendre le nouveau fort, tandis que la flotte poursuivit sa mission vers Corcyre (ou Corfou) et la Sicile, où une flotte de 60 navires Spartiates cantonnaient.

   Lorsque les dirigeants Spartiates apprirent qu’un de leur territoire, aussi près de leur ville, venait d’être annexé par Athènes ils eurent bizarrement dans un premier temps une attitude indifférente, supposant que les Athéniens allaient partir. Mais au bout de quelques jours ils changèrent d’avis certains que Démosthène et ses hommes étaient décidés à se maintenir sur le site. Ils réagirent et l’armée Spartiate, sous le commandement d’Agis II, partit de Corcyre (oui Corfou) et navigua vers Pylos avec une flotte de soixante vaisseaux et une sommation fut envoyée aux États alliés dans le Péloponnèse d’envoyer des troupes en appuis.
 
   Démosthène anticipa son arrivée et l’attaque Spartiate et envoya deux de ses navires avertir la flotte Athénienne du danger qui arrivait sur Pylos. La cité fut quant à elle renforcée par, l’arrivée d’un navire corsaire avec une cargaison d’armes qui furent distribués aux marins, et par une pinasse (Petit bâtiment de charge qui doit son nom au pin qui permet sa construction) Messénienne, avec plus de 40 hoplites. Donald Kagan affirme que ces arrivées apparemment fortuites furent en fait le résultat d’une planification par Démosthène ?.

 
   Pour faire face à l’attaque Spartiate imminente, Démosthène divisa ses forces. Il échoua trois autres trirèmes et débarqua les équipages et les armes. Il plaça la plus grande partie de ses forces en un point fortifié face à la terre donnant l’impression de délaisser la mer à l’endroit où le promontoire touchait le continent, et 60 hoplites et quelques archers face à la mer où le mur Athénien était le plus faible, pensant que les Spartiates allaient saisir l’occasion et voudraient y débarquer. Le port de Pylos était une grande baie dont l’ouverture était presque complètement bloquée par l’île de Sphactérie. Il n’existait qu’un passage étroit de chaque côté de l’île pour entrer dans la baie. Les Spartiates prévoyaient de faire un blocus terrestre et maritime de la forteresse de Pylos, de contrôler les deux entrées du port afin d’empêcher la flotte Athénienne d’entrer et de débarquer une troupe sur l’île. Le Commandant Spartiate Epitadas et une troupe de 440 hoplites furent débarqués sur Sphactérie, tandis que le reste de l’armée se préparait à prendre d’assaut les fortifications Athéniennes de Démosthène. Si cette première attaque échouait, ils seraient obligés de se préparer à un long siège.
 

Le déroulement

 
   Les Spartiates frappèrent par le Sud-ouest, là où Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec : Δημοσθένης, † 413) avait laissé son mur de protection le plus faible pour les attirer. Malgré cela l’accostage fut difficile de sorte que seuls 43 trirèmes Spartiates, commandées par les Généraux Thrasymelidas et Brasidas (En Grec : Βρασίδας, †422), essayèrent d’organiser un débarquement et purent approcher la plage. Les Spartiates assaillirent les fortifications Athéniennes de Démosthène sur terre, là où il l’avait prévu et les troupes Athéniennes tinrent leurs positions, aidées en cela par la côte rocheuse. Les autres capitaines Spartiates, suivant l’exemple de Brasidas, conduisirent leurs navires vers la côte rocheuse pour donner à leurs hommes une chance de débarquer et de repousser les Athéniens, mais les défenseurs se battirent avec acharnement et les vagues répétées d’attaques Spartiates échouèrent.
 


 

Hoplite Spartiate
au Ve siècle av.J.C

   La tactique d’essayer de débarquer des troupes sur une plage face à la résistance d’hoplite était reconnue notoirement difficile à cette époque. Ces attaques se poursuivirent pendant toute une journée, puis une partie de la suivante. Brasidas fut blessé et l’armée Spartiate, incapable d’enlever les fortifications de la plage, fut repoussée par les troupes Athéniennes. Les Spartiates se résignèrent alors à débuter un siège. Trois jours plus tard, ils envoyèrent plusieurs navires pour amener du bois pour construire des engins de siège. Cependant, le troisième jour, le reste de la flotte Athénienne revint. Ayant été renforcée par dix navires, elle comptait cinquante bateaux. Il était trop tard ce jour-là pour attaquer, de sorte que les Athéniens passèrent la nuit sur une île voisine, dans l’espoir d’attirer les Spartiates sur mer. Ces derniers ne tombèrent pas dans le piège Ils n’avaient pas bloqué les entrées de la rade et se préparaient à affronter la flotte Athénienne dans celle-ci. Ils pensaient en effet que l’étroitesse de la baie compenserait les plus grandes qualités maritimes de leur ennemi.
 
   Le lendemain matin, les Athéniens naviguèrent vers les deux entrées du port, où les Spartiates espéraient les bloquer. La flotte Athénienne engagea la première le combat et anéantit les navires Spartiates. Donald Kagan a suggéré que le fait que les Spartiates voulaient bloquer les entrées indique qu’ils savaient qu’ils ne pouvaient pas faire face, mais leur plan était voué à l’échec dès le départ. La poursuite des navires Spartiates en déroute était limitée par l’étroitesse du port, mais les Athéniens capturèrent quand même quelques trirèmes en mer. Une lutte acharnée suivit, dans laquelle ils furent finalement incapables de saisir d’autres navires et ils se retirèrent après de lourdes pertes subies par les deux côtés. Toutefois, à la fin de la bataille, les Athéniens contrôlaient le port, et purent naviguer librement autour de l’île de Sphactérie où avait été débarquée des troupes terrestres Spartiates, mais les hoplites sur l’île étaient totalement isolés. Les navires Athéniens établirent alors une surveillance rapprochée de Sphactérie afin d’empêcher les Spartiates de s’enfuir ou d’être ravitaillés.
 
   Les nouvelles des défaites et de la crise à Pylos choquèrent le gouvernement de Sparte, et des membres du gouvernement furent immédiatement dépêchés sur les lieux pour négocier un armistice. Après négociations avec les Généraux Athéniens, les Spartiates furent autorisés à distribuer de la nourriture aux hommes sur l’île. L’ensemble de la flotte Spartiate fut remise aux Athéniens en garantie de la bonne conduite des Spartiates, et des ambassadeurs furent envoyés à Athènes pour discuter d’une paix permanente et négocier le retour de la garnison de l’île. Cette réaction importante du gouvernement Spartiate à la capture potentielle de seulement ce que l’on estime à 420 soldats peut sembler extrême, mais est expliquée par le fait que les 120 soldats de l’île composaient probablement un dixième de cette classe d’élite, sur laquelle se reposait le gouvernement de Sparte.
 
   Lorsque les négociateurs parvinrent à Athènes, ils firent un discours devant l’assemblée Athénienne dans lequel ils soutinrent que les Athéniens devraient profiter de l’occasion qu’ils avaient pour faire la paix en bons termes. Cette proposition, cependant, fut prise avec dérision par un des Généraux et homme d’État Athénien, Cléon (ou Kleon, en Grec : Κλέων, † 422), qui exigea des conditions beaucoup plus sévères. Il souhaitait que Sparte laissa à Athènes le contrôle de Mégare et que plusieurs alliés de Sparte abandonnent la Ligue du Péloponnèse. Dans son discours, il rappela les concessions qu’Athènes avait été forcée de faire dans la paix de Trente ans, en 445, lorsque les Athéniens avaient été dans une situation similaire. Les Spartiates demandèrent à examiner ces propositions, mais les refusèrent. Les Athéniens restèrent 72 jours à Pylos, période durant laquelle les Ambassadeurs échouèrent à faire la paix. Les Ambassadeurs Spartiates rentrèrent chez eux et l’armistice à Pylos pris fin. Le conflit se poursuivit et les Athéniens gardèrent Pylos qui fut utilisée comme base pour les raids en territoires Spartiates. Ils alléguèrent que les Spartiates avaient violé les termes de l’armistice en attaquant leurs murs, et qu’ils refusaient de remettre leurs navires. Le sort des soldats de Sphactérie devint bien vite très sombre. Les Athéniens envahirent finalement l’île et capturèrent la garnison (Voir la bataille de Sphactérie).
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Paul A.Cartledge :
After Thermopylae : The oath of Plataea and the end of the Graeco-Persian wars, Oxford university press, Oxford, New York, 2013.
Peter Connolly :
Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Tommy Inglesby :
The battle of Pylos, 425 BC : A scientific reinterpretation of an historical source, 1998.
Laurent Joffrin :
Les grandes batailles navales : De Salamine à Midway, Éditions du Seuil, Paris, 2005. 
Donald Kagan :
The Peloponnesian war, Viking, New York, 2003-2004.
John Francis Lazenby :
Pylos, bataille de (425 BC), The Oxford Companion to Military History, Janvier 2001.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth,, Baltimore, 1972.

 

 

Sommaire
 

Présentation
Le contexte
Le prélude
Le déroulement
Bibliographie

Bataille  de  Sphactérie 425
   

 

Présentation

 
   La bataille de Sphactérie (ou Sphacteria ou Sphagia, nom moderne Sfaktiria ou Machē tēs Sfaktirias en Grec : Μάχη της Σφακτηρίας) fut une bataille terrestre qui se déroula en 425 av.J.C., sûrement à la fin de l’été ou au début de l’automne, durant la Guerre du Péloponnèse (431-404). Elle fut une confrontation entre Sparte et Athènes et vit la victoire de cette dernière. Ce fut une étape importante de l’histoire militaire, puisqu’une troupe d’infanterie légère vainc une phalange d’hoplites. Après la bataille de Pylos et les négociations de paix suivantes qui avaient échouées, un certain nombre de soldats Spartiates s’étaient réfugiés sur l’île de Sphactérie. Une force Athénienne sous le commandement des Généraux et hommes d’État Athénien, Cléon (ou Kleon, en Grec : Κλέων, † 422) et Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec : Δημοσθένης, Général Athénien fils de Alcisthènes, † 413) les attaquèrent et les forcèrent à se rendre.
 

Le contexte

 
   Au printemps 425 av.J.C., Sparte aida la cité de Messine à se révolter contre Athènes. L’été de 425, les Athéniens réagirent et envoyèrent 50 trirèmes en Sicile sous le commandement d’Eurymédon (Stratège Athénien, † 413) et de Sophocle (ou Sophokles, homme d’État et tragédien Athénien, v. 497/6-v.406/5), avec l’ordre de rétablir la démocratie à Corcyre (aujourd’hui Corfou) que Sparte avait envahi. L’Athénien Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec : Δημοσθένης, fils de Alcisthènes, † 413) prit place à bord d’un des navires en tant que conseiller. En cours de route, la flotte Athénienne fut prise dans un orage et fut obliger pour se protéger d’accoster à Pylos et Démosthène fit fortifier la position. La tempête passée, il resta sur l’île avec cinq navires pour défendre le nouveau fort, tandis que la flotte poursuivit sa mission vers Corcyre (ou Corfou) et la Sicile. Lorsque les dirigeants Spartiates apprirent qu’un de leur territoire, aussi près de leur ville, venait d’être annexé par Athènes ils réagirent et l’armée Spartiate, sous le commandement du Roi Agis II (En Grec : Aγις Β’, 426-398), partit de Corcyre (oui Corfou) et navigua vers Pylos avec une flotte de soixante vaisseaux.
 

   Démosthène anticipa son arrivée et l’attaque Spartiate et envoya deux de ses navires avertir la flotte Athénienne du danger qui arrivait sur Pylos. Puis pour faire face à l’attaque Spartiate imminente, il divisa ses forces. Il plaça 60 hoplites et quelques archers face à la mer où le mur Athénien était le plus faible, pensant que les Spartiates allaient saisir l’occasion et voudraient y débarquer. Le port de Pylos était une grande baie dont l’ouverture était presque complètement bloquée par l’île de Sphactérie.
 
   Il n’existait qu’un passage étroit de chaque côté de l’île pour entrer dans la baie. Les Spartiates prévoyaient de faire un blocus terrestre et maritime de la forteresse de Pylos, de contrôler les deux entrées du port afin d’empêcher la flotte Athénienne d’entrer et de débarquer une troupe sur l’île. Le Commandant Spartiate Epitadas et une troupe de 440 hoplites furent débarqués sur Sphactérie, tandis que le reste de l’armée se préparait à prendre d’assaut les fortifications Athéniennes de Démosthène. Si cette première attaque échouait, ils seraient obligés de se préparer à un long siège.

  L’accostage fut difficile de sorte que seuls 43 trirèmes Spartiates, commandées par les Généraux Thrasymelidas et Brasidas (En Grec : Βρασίδας, †422), essayèrent d’organiser un débarquement et purent approcher la plage. Les Spartiates assaillirent les fortifications Athéniennes de Démosthène sur terre, là où il l’avait prévu et les troupes Athéniennes tinrent leurs positions et se battirent avec acharnement et les vagues répétées d’attaques Spartiates échouèrent. Brasidas fut blessé et l’armée Spartiate, incapable d’enlever les fortifications de la plage, fut repoussée par les troupes Athéniennes.
 
   Les Spartiates se résignèrent alors à débuter un siège. Trois jours plus tard, ils envoyèrent plusieurs navires pour amener du bois pour construire des engins de siège. Cependant, le troisième jour, le reste de la flotte Athénienne revint. Les Spartiates n’avaient pas bloqué les entrées de la rade et se préparaient à affronter la flotte Athénienne dans celle-ci. Ils pensaient en effet que l’étroitesse de la baie compenserait les plus grandes qualités maritimes de leur ennemi.

 
   Le lendemain matin, les Athéniens naviguèrent vers les deux entrées du port, où les Spartiates espéraient les bloquer. La flotte Athénienne engagea la première le combat et anéantit les navires Spartiates, à la fin de la bataille, les Athéniens contrôlaient le port, et purent naviguer librement autour de l’île de Sphactérie où avait été débarquée des troupes terrestres Spartiates, mais les hoplites sur l’île étaient totalement isolés. Les navires Athéniens établirent alors une surveillance rapprochée de Sphactérie afin d’empêcher les Spartiates de s’enfuir ou d’être ravitaillés. Les nouvelles des défaites et de la crise à Pylos choquèrent le gouvernement de Sparte, et des membres du gouvernement furent immédiatement dépêchés sur les lieux pour négocier un armistice, ainsi que des Ambassadeurs à Athènes pour discuter d’une paix permanente et négocier le retour de la garnison de l’île. Un des Généraux et homme d’État Athénien, Cléon (ou Kleon, en Grec : Κλέων, † 422), exigea des conditions de reddition drastiques qui furent refusées par les Spartiates. Les Ambassadeurs échouèrent à faire la paix, les Spartiates rentrèrent chez eux et l’armistice à Pylos pris fin. Le conflit se poursuivit et les Athéniens gardèrent Pylos qui fut utilisée comme base pour les raids en territoires Spartiates.

 

Le prélude

 
   Dans le sillage des négociations de paix qui échouèrent, Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec : Δημοσθένης, fils de Alcisthènes, † 413) tenta d’abord d’affamer les plus de 400 Spartiates réfugiés sur Sphactérie, mais il fut incapable de faire un blocus total de l’île. À Athènes, on craignait l’approche de l’hiver qui obligerait de stopper le blocus, à moins d’un règlement rapide du conflit. Il devenait clair que les Spartiates seraient en mesure de tenir plus longtemps que prévu. En offrant la liberté aux Hilotes et des récompenses monétaires aux hommes libres qui se porteraient volontaires pour amener de la nourriture à travers l’île, les Spartiates furent en mesure d’apporter des petites quantités de ravitaillement à leurs soldats.
 
   Certains de ces hommes atteignirent l’île en s’approchant par la mer de nuit pendant des tempêtes, d’autres nagèrent avec des sacs jusqu’au rivage. Les Athéniens, quant à eux, bien que libre de mouvement, se trouvèrent également souvent à court de rations et dépendaient d’un seul point d’eau douce. Dans ces circonstances défavorables, ils commencèrent à douter qu’ils pouvaient résoudre le problème par un siège avant l’hiver et seraient donc forcés comme dit plus haut de lever leur blocus. Cette tournure négative des évènements fut la source de beaucoup d’inquiétudes à Athènes et la population commença à regretter d’avoir refusé l’offre de paix de Sparte. Notant cette opinion populaire, le politicien Cléon (ou Kleon, en Grec : Κλέων, † 422), qui avait été le principal défenseur du rejet de l’offre de paix, affirma que les rapports en provenance de Pylos sur la situation devaient être inexacts.
 
   Lorsque le Stratège Nicias (ou Nikias, en Grec : Νικίας, homme politique et Général Athénien, v.470-413), un de ses adversaires politiques, proposa d’envoyer une commission afin de vérifier les rapports de Pylos, Cléon l’attaqua en disant que cette perte de temps devrait plutôt être utiliser pour attaquer l’île. Nicias, contré par cette poussée rhétorique, proposa alors de se tenir à l’écart en tant que Général, et permit à Cléon de prendre le commandement d’une force expéditionnaire pour se rendre à Pylos. Cléon proclama qu’avec la force qui lui avait été donné, il serait en mesure de tuer ou capturer les Spartiates dans les vingt jours. Il sortit alors les renforts d’Athènes et partit de la ville avec une force composée de marins et des navires transportant peltastes et archers afin de les unir aux forces de Démosthène.

 

Le déroulement

 
   Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec : Δημοσθένης, fils de Alcisthènes, † 413) avait déjà planifié une attaque contre Sphactérie, car les circonstances l’avaient conduit à douter de la viabilité d’un siège prolongé. En outre, un incendie sur l’île, provoqué accidentellement par des marins Athéniens, avait dénudé une partie de végétation ce qui permettait à Démosthène d’avoir, de sa position, une vue à la fois des contours de l’île et du nombre et de la disposition des défenseurs ennemis. Vu que seuls 30 Spartiates avaient été affectés pour garder l’extrémité Sud de l’île, loin de Pylos, Démosthène approcha ses navires de la côte et fit débarquer ses 800 hoplites en pleine nuit. La petite garnison Spartiates, pensant que les vaisseaux Athéniens étaient seulement amarrés là pour prendre un poste de surveillance nocturne, ne se méfièrent pas, ils furent pris au dépourvu et tout l’avant-poste fut massacré.
 

   Donald Kagan nous précise, qu’à l’aube, le reste de la force Athénienne mis pied à terre. Elle comprenait quelque 2.000 hommes de troupes légères et archers et quelques 8.000 rameurs de la flotte, armés de toutes les armes qui avaient pu être trouvées. Le gros des forces Spartiates, sous le commandement du Général Epitadas, avança vers les Athéniens pour tenter de repousser leurs hoplites à la mer. À ce moment Démosthène détacha de ses troupes des petits contingents légèrement armés, d’environ 200 hommes, pour occuper les points hauts et harceler l’ennemi avec des tirs de flèches.
 
   Les hoplites Spartiates ne purent engager les hoplites Athéniens de peur que les Peltastes ennemis n’attaquent leurs flancs et leurs arrières. Les Peltastes, que n’encombraient ni armure ni lourds boucliers, esquivaient facilement les charges des hoplites Spartiates. De plus, ceux-ci étaient harcelés sans arrêt, sous une pluie de projectiles de fronde, de flèches et de javelots, tous ces projectiles lancés depuis les points hauts.

   De plus, la poussière et les cendres de l’incendie récent déplacées par l’agitation, contribuèrent à rendre la situation encore plus difficile pour les les les les Spartiates en dissimulant leurs agresseurs tellement la nappe était épaisse. Il leur était impossible de progresser. Leur commandant Epitadas fut tué et son second Hippagretas fut blessé. Ils se retirèrent alors de leur avant-poste dans une certaine confusion, à l’extrémité Nord de l’île où ils creusèrent des fortifications et espéraient tenir.
 
   La bataille tomba alors dans une impasse, les Athéniens essayant, en vain, de déloger les Spartiates de leurs positions fortes. Ces derniers tinrent jusqu’au moment où Comon, un officier Messénien, conduisit un détachement de la force Athénienne, le long de l’arête d’une falaise laissée sans surveillance en raison de sa rugosité et déboucha sur leurs arrières. Il se rua sur les Spartiates qui, encerclés, abandonnèrent leurs défenses et capitulèrent. Les Athéniens se saisirent alors des abords du fort, la force de Sparte se tenant au bord de l’anéantissement.

 
   À ce stade, Démosthène refusa de pousser l’attaque plus loin, préférant faire autant de prisonniers Spartiates qu’il le pouvait. Un Commandant Athénien offrit aux Spartiates une chance de se rendre, et ceux-ci, jetant leurs boucliers, demandèrent à négocier. Démosthène rencontra le Commandant Spartiate Styphon (Styphon fut d’abord troisième Commandement, mais Epitadas ayant été tué et son premier successeur grièvement blessé et laissé pour mort, il avait pris le commandement), qui lui demanda la permission d’envoyer un officier sur le continent pour prendre de nouveaux ordres. Les Athéniens refusèrent de permettre à l’un des hommes pris au piège de partir, mais autorisèrent autant d’officiers du continent qui le voulaient à passer sur l’île.
 
   Aucun ne bougea, ils se contentèrent d’envoyer un messager à Styphon avec le message : “L’ordre de Sparte est de vous laisser faire comme vous voulez du moment que vous ne faites rien de déshonorant“. Styphon et ses hommes, sans espoir de victoire ou d’évasion se rendirent. Sur les 440 Spartiates qui avaient traversé vers Sphactérie, 292 hoplites furent faits prisonniers, dont 120 Homoioi. Les Athéniens ne perdirent que 50 hommes environ. Avec des otages Spartiates dans leurs mains, les Athéniens émirent un ultimatum, toutes invasions de l’Attique conduiraient à l’exécution de leurs prisonniers. Donald Kagan nous dit que les événements de Sphactérie firent grand bruit en Grèce car pour la première fois, des Spartiates préférèrent se rendre plutôt que de mourir. Maintenant, la présence d’un poste Athénien à Pylos mettait en danger l’ensemble du territoire Messénien, immobilisant ainsi une garnison Lacédémonienne dans la région. Pour la première fois depuis le début de la guerre, les Athéniens pouvaient cultiver leurs terres en toute sécurité.
 
   Les citoyens Spartiates qui avaient capitulé furent bannis de Sparte et spoliés de tous leurs biens, avant d’être réintégrés dans la cité. À Athènes, Cléon, sa folle promesse remplie, devint l’homme du moment. La bataille démontra de manière éclatante la valeur des troupes légères car les Spartiates furent vaincus sans que les troupes d’hoplites n’en viennent au combat.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Paul A.Cartledge :
After Thermopylae : The oath of Plataea and the end of the Graeco-Persian wars, Oxford university press, Oxford, New York, 2013.
Peter Connolly :
Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Tommy Inglesby :
The battle of Pylos, 425 BC : A scientific reinterpretation of an historical source, 1998. 
Donald Kagan :
The Peloponnesian war, Viking, New York, 2003-2004.
John Francis Lazenby :
Pylos, bataille de (425 BC), The Oxford Companion to Military History, Janvier 2001.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth,, Baltimore, 1972.

 

 

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