Présentation
La bataille de Sphactérie (ou Sphacteria ou Sphagia, nom moderne Sfaktiria ou Machē tēs Sfaktirias en
Grec : Μάχη της
Σφακτηρίας) fut une bataille terrestre qui se
déroula en 425 av.J.C., sûrement à la fin de l’été ou au début de l’automne, durant la
Guerre du Péloponnèse (431-404).
Elle fut une confrontation entre Sparte
et Athènes et vit la victoire de cette dernière.
Ce fut une étape importante de l’histoire militaire, puisqu’une troupe d’infanterie légère vainc une phalange
d’hoplites.
Après la bataille de Pylos et les négociations de paix suivantes qui avaient échouées,
un certain nombre de soldats Spartiates s’étaient réfugiés sur
l’île de Sphactérie. Une force Athénienne sous le commandement
des Généraux et hommes d’État Athénien, Cléon (ou Kleon, en
Grec : Κλέων,
† 422) et Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec :
Δημοσθένης, Général Athénien
fils de Alcisthènes, † 413) les attaquèrent et les forcèrent à se rendre.
Le contexte
Au printemps 425 av.J.C.,
Sparte aida la cité de Messine à se révolter contre
Athènes. L’été de 425, les Athéniens réagirent et envoyèrent 50 trirèmes en Sicile sous le
commandement d’Eurymédon (Stratège Athénien, † 413) et
de Sophocle (ou Sophokles, homme d’État et tragédien Athénien,
v. 497/6-v.406/5), avec l’ordre de rétablir la démocratie à Corcyre (aujourd’hui Corfou) que
Sparte avait envahi.
L’Athénien Démosthène (ou Dêmosthénês, en
Grec : Δημοσθένης,
fils de Alcisthènes, † 413) prit place à bord d’un des navires en tant que
conseiller. En cours de route, la flotte Athénienne fut prise dans un orage et fut
obliger pour se protéger d’accoster à Pylos
et Démosthène fit fortifier la position. La tempête passée, il resta sur l’île avec cinq navires pour défendre le nouveau fort, tandis que la flotte poursuivit
sa mission vers Corcyre (ou Corfou) et la Sicile. Lorsque les dirigeants
Spartiates apprirent qu’un de
leur territoire, aussi près de leur ville, venait d’être annexé par Athènes
ils réagirent et l’armée Spartiate,
sous le commandement du Roi Agis II (En
Grec : Aγις Β’, 426-398),
partit de Corcyre (oui Corfou) et navigua vers Pylos
avec une flotte de soixante vaisseaux.
Démosthène anticipa son arrivée et l’attaque
Spartiate
et envoya deux de ses navires avertir la flotte Athénienne
du danger qui arrivait sur Pylos.
Puis pour faire face à l’attaque Spartiate imminente, il divisa ses forces.
Il plaça 60 hoplites et quelques archers face à la mer où le mur
Athénien
était le plus faible, pensant que les Spartiates
allaient saisir l’occasion et voudraient y débarquer.
Le port de Pylos était une grande baie dont
l’ouverture était presque complètement bloquée par l’île de Sphactérie.
Il n’existait qu’un passage étroit de chaque côté de l’île pour entrer dans la baie.
Les Spartiates prévoyaient de faire un blocus terrestre et maritime de la
forteresse de Pylos, de contrôler les deux entrées du port
afin d’empêcher la flotte Athénienne d’entrer et de débarquer une troupe sur l’île.
Le Commandant Spartiate Epitadas et une troupe de 440
hoplites furent débarqués sur Sphactérie, tandis que le reste de l’armée se préparait à
prendre d’assaut les fortifications Athéniennes
de Démosthène. Si cette première attaque échouait, ils seraient obligés de se
préparer à un long siège.
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L’accostage fut difficile de sorte que
seuls 43 trirèmes
Spartiates, commandées par les Généraux Thrasymelidas et Brasidas (En
Grec : Βρασίδας, †422), essayèrent d’organiser un débarquement et purent approcher la plage.
Les Spartiates
assaillirent les fortifications Athéniennes de Démosthène sur terre,
là où il l’avait prévu et les troupes Athéniennes
tinrent leurs positions et se battirent avec acharnement et les vagues répétées d’attaques
Spartiates échouèrent.
Brasidas fut blessé et l’armée Spartiate,
incapable d’enlever les fortifications de la plage, fut repoussée par les troupes
Athéniennes.
Les Spartiates se résignèrent alors à
débuter un siège. Trois jours plus tard, ils envoyèrent plusieurs navires pour amener du bois pour construire des engins de siège.
Cependant, le troisième jour, le reste de la flotte Athénienne
revint. Les Spartiates n’avaient pas bloqué les
entrées de la rade et se préparaient à affronter la flotte Athénienne dans celle-ci.
Ils pensaient en effet que l’étroitesse de la baie compenserait les plus grandes qualités maritimes de leur ennemi.
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Le lendemain matin, les
Athéniens
naviguèrent vers les deux entrées du port, où les Spartiates
espéraient les bloquer. La flotte Athénienne engagea la première le combat
et anéantit les navires Spartiates, à la fin de la bataille, les Athéniens contrôlaient le port,
et purent naviguer librement autour de l’île de Sphactérie où avait été débarquée des troupes terrestres
Spartiates,
mais les hoplites sur l’île étaient totalement isolés.
Les navires Athéniens établirent alors une surveillance rapprochée de Sphactérie
afin d’empêcher les Spartiates de s’enfuir ou d’être ravitaillés.
Les nouvelles des défaites et de la crise à Pylos
choquèrent le gouvernement de Sparte,
et des membres du gouvernement furent immédiatement dépêchés sur les lieux pour négocier un armistice, ainsi que des Ambassadeurs à
Athènes
pour discuter d’une paix permanente et négocier le retour de la garnison de l’île. Un des Généraux
et homme d’État Athénien, Cléon (ou Kleon, en
Grec : Κλέων,
† 422), exigea des conditions de reddition drastiques qui furent refusées par
les Spartiates.
Les Ambassadeurs échouèrent à faire la paix, les Spartiates rentrèrent chez eux
et l’armistice à Pylos pris fin.
Le conflit se poursuivit et les Athéniens gardèrent
Pylos qui fut
utilisée comme base pour les raids en territoires Spartiates.
Le prélude
Dans le sillage des négociations de paix qui échouèrent,
Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec :
Δημοσθένης, fils de Alcisthènes, † 413) tenta d’abord d’affamer les plus de 400
Spartiates
réfugiés sur Sphactérie, mais il fut incapable de faire un blocus total de l’île.
À Athènes, on craignait l’approche de l’hiver qui obligerait de stopper le blocus,
à moins d’un règlement rapide du conflit. Il devenait clair que les Spartiates
seraient en mesure de tenir plus longtemps que prévu. En offrant la liberté aux
Hilotes et des récompenses monétaires aux hommes libres qui se porteraient volontaires pour
amener de la nourriture à travers l’île,
les Spartiates furent en mesure d’apporter des petites quantités
de ravitaillement à leurs soldats.
Certains de ces hommes atteignirent l’île en s’approchant par la mer de nuit pendant des
tempêtes,
d’autres nagèrent avec des sacs jusqu’au rivage. Les Athéniens, quant à eux,
bien que libre de mouvement, se trouvèrent également souvent à court de rations et dépendaient d’un seul point d’eau douce.
Dans ces circonstances défavorables, ils commencèrent à douter qu’ils pouvaient résoudre le problème par un siège avant l’hiver et seraient donc forcés
comme dit plus haut de lever leur blocus. Cette tournure négative des évènements fut la source de beaucoup d’inquiétudes à
Athènes
et la population commença à regretter d’avoir refusé l’offre de
paix de Sparte.
Notant cette opinion populaire, le politicien Cléon (ou Kleon, en Grec :
Κλέων, † 422), qui avait été le principal défenseur du rejet de l’offre de paix, affirma que les rapports en provenance de
Pylos sur la situation
devaient être inexacts.
Lorsque le Stratège Nicias (ou Nikias, en Grec :
Νικίας, homme politique et Général Athénien,
v.470-413), un de ses adversaires politiques, proposa d’envoyer une commission afin de vérifier les rapports
de Pylos, Cléon l’attaqua en disant que cette perte de temps
devrait plutôt être utiliser pour attaquer l’île. Nicias, contré par cette poussée rhétorique, proposa alors de se tenir à l’écart en tant que Général,
et permit à Cléon de prendre le commandement d’une force expéditionnaire pour se rendre à
Pylos.
Cléon proclama qu’avec la force qui lui avait été donné, il serait en mesure de tuer ou capturer les
Spartiates dans les vingt jours. Il sortit alors les renforts
d’Athènes et partit de la ville avec une force composée de marins et
des navires transportant peltastes et archers afin de les unir aux forces de Démosthène.
Le déroulement
Démosthène (ou Dêmosthénês, en
Grec : Δημοσθένης, fils de Alcisthènes, † 413) avait déjà planifié une attaque contre Sphactérie,
car les circonstances l’avaient conduit à douter de la viabilité d’un siège prolongé.
En outre, un incendie sur l’île, provoqué accidentellement par des marins
Athéniens, avait dénudé une partie de végétation ce qui permettait à Démosthène
d’avoir, de sa position, une vue à la fois des contours de l’île et du nombre et de la disposition des défenseurs ennemis. Vu que seuls 30
Spartiates avaient été affectés pour garder l’extrémité Sud de l’île,
loin de Pylos,
Démosthène approcha ses navires de la côte et fit débarquer ses 800 hoplites en pleine nuit.
La petite garnison Spartiates, pensant que les vaisseaux
Athéniens étaient seulement amarrés là pour prendre un poste de surveillance nocturne,
ne se méfièrent pas, ils furent pris au dépourvu et tout l’avant-poste fut massacré.
Donald Kagan
nous précise, qu’à l’aube, le reste de la force
Athénienne mis pied à terre. Elle comprenait quelque 2.000 hommes de troupes légères et archers et quelques 8.000 rameurs de la flotte, armés de toutes les armes
qui avaient pu être trouvées. Le gros des forces Spartiates,
sous le commandement du Général Epitadas, avança vers les Athéniens
pour tenter de repousser leurs hoplites à la mer.
À ce moment Démosthène détacha de ses troupes des petits contingents légèrement armés, d’environ 200 hommes, pour occuper les points hauts et harceler l’ennemi
avec des tirs de flèches.
Les hoplites
Spartiates ne purent engager les
hoplites Athéniens de
peur que les Peltastes ennemis n’attaquent leurs flancs et leurs arrières.
Les Peltastes, que n’encombraient ni armure ni lourds boucliers, esquivaient facilement les charges des
hoplites
Spartiates. De plus, ceux-ci étaient harcelés sans arrêt, sous une pluie de projectiles de fronde, de flèches et de javelots,
tous ces projectiles lancés depuis les points hauts.
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De plus, la poussière et les cendres de l’incendie récent déplacées par
l’agitation, contribuèrent à rendre la situation encore plus difficile pour les les les les
Spartiates en dissimulant leurs agresseurs tellement la
nappe était épaisse. Il leur était impossible de progresser. Leur commandant Epitadas fut tué et son second
Hippagretas fut blessé. Ils se retirèrent alors de leur avant-poste dans une certaine confusion, à l’extrémité Nord de l’île
où ils creusèrent des fortifications et espéraient tenir.
La bataille tomba alors dans une impasse, les Athéniens essayant,
en vain, de déloger les Spartiates de leurs positions fortes.
Ces derniers tinrent jusqu’au moment où Comon, un officier Messénien,
conduisit un détachement de la force Athénienne, le long de l’arête d’une falaise
laissée sans surveillance en raison de sa rugosité et déboucha sur leurs arrières. Il se rua sur les
Spartiates qui, encerclés, abandonnèrent leurs défenses et capitulèrent.
Les Athéniens se saisirent alors des abords du fort, la force de
Sparte se tenant au bord de l’anéantissement.
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À ce stade,
Démosthène refusa de pousser l’attaque plus loin, préférant faire autant de prisonniers
Spartiates qu’il le pouvait.
Un Commandant Athénien offrit aux
Spartiates une chance de se rendre, et ceux-ci, jetant leurs boucliers,
demandèrent à négocier. Démosthène rencontra le Commandant Spartiate
Styphon (Styphon fut d’abord troisième Commandement, mais Epitadas ayant été tué et son premier successeur grièvement blessé et laissé pour mort,
il avait pris le commandement), qui lui demanda la permission d’envoyer un officier sur le continent pour prendre de nouveaux ordres.
Les Athéniens refusèrent de permettre à l’un des hommes pris au piège de partir,
mais autorisèrent autant d’officiers du continent qui le voulaient à passer sur l’île.
Aucun ne bougea, ils se contentèrent d’envoyer un messager à Styphon avec le message : “L’ordre de Sparte est de vous laisser faire
comme vous voulez du moment que vous ne faites rien de déshonorant“. Styphon et ses hommes, sans espoir de victoire ou d’évasion se rendirent.
Sur les 440 Spartiates qui avaient traversé vers Sphactérie,
292 hoplites furent faits prisonniers, dont 120
Homoioi. Les
Athéniens
ne perdirent que 50 hommes environ.
Avec des otages Spartiates dans leurs mains, les
Athéniens émirent un ultimatum, toutes invasions de l’Attique
conduiraient à l’exécution de leurs prisonniers.
Donald Kagan nous dit que les événements de Sphactérie firent grand bruit en
Grèce car pour la première fois, des Spartiates préférèrent
se rendre plutôt que de mourir. Maintenant, la présence d’un poste Athénien à
Pylos mettait en danger
l’ensemble du territoire Messénien, immobilisant ainsi une garnison
Lacédémonienne dans la région. Pour la première fois depuis le début de la guerre, les
Athéniens pouvaient cultiver leurs terres en toute sécurité.
Les citoyens Spartiates qui avaient capitulé
furent bannis de Sparte et spoliés de tous leurs biens,
avant d’être réintégrés dans la cité. À Athènes, Cléon, sa folle promesse remplie,
devint l’homme du moment. La bataille démontra de manière éclatante la valeur des troupes légères car les
Spartiates furent vaincus sans que les troupes
d’hoplites n’en viennent au combat.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
Paul A.Cartledge :
– After Thermopylae : The oath of Plataea and the end of the Graeco-Persian wars, Oxford university press, Oxford, New York, 2013.
Peter Connolly :
– Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
Jean-Nicolas Corvisier :
– Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Nic Fields :
– The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Tommy Inglesby :
– The battle of Pylos, 425 BC : A scientific reinterpretation of an historical source, 1998.
Donald Kagan :
– The Peloponnesian war, Viking, New York, 2003-2004.
John Francis Lazenby :
– Pylos, bataille de (425 BC), The Oxford Companion to Military History, Janvier 2001.
Denis Roussel :
– La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Rex Warner :
– History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth,, Baltimore, 1972.
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