Autres  royaumes  et  villes :
la
  Messénie
 

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Sommaire

 
Localisation et généralités
Les principales possessions de la Messénie
L’histoire
Les Guerres de Messénie
       La 1ère Guerre de Messénie
       La 2e Guerre de Messénie
       La 3e Guerre de Messénie
Bibliographie


 
Fontaine d’Arsinoé – Messène

 

  Limite de la Messénie à son apogée

 
 

Localisation et généralités

 
   La Messénie (ou Messinia ou Messēnía, en Grec : Μεσσηνία ou Μεσσήνη Messnē) est une région du Sud-ouest du Péloponnèse chevauchant plus ou moins la région de la moderne Messénie de la Grèce. Au Nord, elle avait une frontière avec les territoires de la vile d’Elis, et avec l’Arcadie le long de la rivière Néda. De là, la frontière avec l’Arcadie courait le long des sommets des monts Elaeum et Nomia et ensuite plongeait vers le Sud en traversant les contreforts de la Taygète (ou Taÿgetos, chaîne de montagnes située du Péloponnèse séparant la Laconie de la Messénie).
 
  La frontière orientale avec la Laconie courait le long des crêtes de la Taygète jusqu’à la rivière Koskaraka, puis le long de cette rivière vers la mer, en direction de la ville d’Abia et redescendait un peu au Sud pour englober les villes de Gérènes (ou Gerena) et Kardamyli (ou Kardamyle ou Cardamyle). La Messénie était très fertile et prospère. Elle eut quelques bons ports, malgré son long littoral, mais ne joua aucun rôle majeur dans l’histoire maritime de la Grèce. Seulement Pylos dans le Sud-ouest avait une certaine importance à ce niveau.
 
   Le noyau riche de l’ancienne Messénie se situait dans le golfe de Messénie et la vallée de la rivière Pamissos et de ses affluents, une zone qui était la partie la plus densément peuplée de la région. C’était une région très fertile, où jusqu’à aujourd’hui on cultivait en grande quantité et de bonne qualité, des fruits (oranges, citrons, amandes, figues) "La porteuse de beaux fruits", comme l’appelait Euripide, des légumes primeurs, des oliveraies et des vignobles.
 
   Dans la mythologie, elle portait le nom de royaume d’Apharée. Son Roi offrit l’asile et plus tard légua son royaume, au Roi de Pylos, Nélée (Le fils de Poséidon et de Tyro), lorsque ce dernier fut chassé de Thessalie. Après Nélée ce fut son fils Nestor, qu’il avait eu de la Reine de Chloris, qui dirigea le royaume. Puis elle prit le nom de Messénie. La région se trouvait, à l’époque de la guerre de Troie, faire partie intégrante de la Laconie et comme telle, elle était sous la domination du Roi de Sparte Ménélas (ou Ménélaos, le frère d’Agamemnon).
 
   On l’appelait alors Messène. La ville qui porte ce nom aujourd’hui et qui eut longtemps pour acropole le mont Ithômé, n’était pas encore construite. Puis elle prit le nom de Messénie. Elle continua son existence sans changement de nom et avec peu de changement de territoire jusqu’à l’unité régionale moderne de la Grèce, avec encore le même nom. La population est restée Grecque mais il y eut une certaine immigration de Slaves, d’Albanais et de Turcs à diverses périodes.

 

Les principales possessions de la Messénie

 
   La région, relativement riche, posséda à son apogée plusieurs grandes cités :
 

• Abia (ou Avia, en Grec : Αβία, aujourd’hui West Mani) dont Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) mentionna, dans sa Description de la Grèce, que la ville fut rebaptisée Abia par Cresphontès, le Roi de Messène, d’après Abia, la nourrice de son grand-père Hyllos, fils d’Héraclès. Abia fut âprement disputée entre les Messéniens et les Spartiates. Elle devint un membre de la Ligue Achéenne en 181 av.J.C.
 


 

Vue des ruines du sanctuaire
de l’Asclépiéion – Messène

  • Andania (ou Andanie) située près de Messène, elle fut dans l’Antiquité la résidence des Rois Lélèges de Messénie. On y célébra pendant un temps les mystères des grandes Déesses (Cérès et Proserpine). La localisation du site antique fut longtemps hypothétique, on considère actuellement qu’il s’agit du village de Polichni, appartenant au district municipal de Meligalas. Ce fut la patrie d’Aristomène.
 
• Asiné (ou Arsine, en Grec : ‘Aσίνη) qui abrite une acropole, sur un promontoire au bord du golfe Argolique. Elle est mentionnée par Homère (Poète Grec, fin du VIIIe siècle) dans l’Iliade (II, 560). Les vestiges de l’établissement Mycénien ont été fouillés par une mission archéologique Suédoise en 1922. Selon William Smith, en 740, les Argiens détruisirent la ville parce que ses citoyens avaient aidé les Spartiates dans la guerre contre Argos. Après la destruction, les habitants quittèrent la cité et établirent une ville du même nom en Messénie sur la terre qui leur avait été donnée par les Spartiates.
 
• Cyparissie (ou Kyparissia ou Cyparissia ou Cyparissiae ou Cypaarissium, en Grec : Κυπαρισσία, ou Arkadia ou Arcadia [Moyen-âge]) dans le Nord-ouest de la Messénie, sur le golfe du même nom, une baie de la mer Ionienne. Le village ancien de Cyparissia fut déjà mentionné par Homère (Poète Grec, fin du VIIIe siècle) dans son Iliade. Il possédait probablement un port artificiel.
 
• Gérènes (ou Gerena ou Gerenia ou Gerēnios, en Grec : Γερήνιος) entre Abia et Kardamyli, où la mythologie veut que Nestor ait emprunté son surnom de Gérénien pour y avoir à une époque cherché et trouvé asile. Elle ne fut pas tout le temps possession Messénienne. On peut voir dans les environs de Gérènes un temple d’Esculape Triccéen, ainsi nommé parce qu’il est la copie exacte de celui de Tricca en Thessalie.
 
• Kardamyli (ou Kardamyle ou Cardamyle ou Kardhamíli ou Kardamili ou Skardamoula, en Grec : Καρδαμύλη) située en bord de mer à 35 km. au Sud-est de Kalamata (ou Dentheliatis). Elle fut le siège de la municipalité de Lefktro dans la région de Messénie sur la péninsule de Mani. Dans l’Iliade (Livre 9), Homère (Poète Grec, fin du VIIIe siècle) cite Kardamyli comme l’une des sept villes offertes par Agamemnon à Achille comme condition pour rejoindre la lutte au cours de la guerre de Troie. Le village conserve son ancien nom.
 
• Koroni (ou Coron ou Corone, en Grec : Κορώνη) au Sud du Péloponnèse. Elle appartint longtemps aux Vénitiens. La ville fut fondée au VIe et VIIe siècles av.J.C et plus tard une forteresse qui occupait le promontoire à l’Est de la ville moderne fut érigée sur les ruines de l’ancienne cité. Cette forteresse fut occupée sans interruption jusqu’à aujourd’hui.


 

Forteresse de Navarino – Pylos

 
• Leuctrum (ou Leuctres ou Leuctra, en Grec : Λεκτρα), qui est une colonie de Leuctres en Béotie. Suivant la tradition, Pélops (Le fils de Tantale et Dioné) qui fut l’ancêtre des Atrides à Mycènes et qui donna son nom au Péloponnèse, aurait fondé Leuctrum, ainsi que Charadre et Thalamai (ou Thalamee, Aujourd’hui Boeoti). Il les aurait créés à l’occasion du mariage de sa sœur Niobé et Amphion, avec l’aide d’un certain nombre de colons ramenés de Béotie.
 
• Messène (ou Messini, en Grec : Μεσσήνη), la ville fut construite à la place de l’ancienne forteresse d’Ithômé (Sur le mont du même nom). Il ne subsiste que quelques éléments du mur d’enceinte. La partie la plus conservée se trouve au Nord, de part et d’autre de la porte d’Arcadie. Il reste quelques vestiges aussi du temple d’Esculape. Cette forteresse après avoir été ruinée par les Lacédémoniens, fut restaurée, une première fois par les Thébains. Plus tard par le Roi de Macédoine Philippe II (359-336) la restaurera. Seules les deux acropoles sont demeurées inhabitées.
 
• Méthone (ou Methóni ou Modon, en Grec : Μεθώνη), la Pédase d’Homère (Poète Grec, fin du VIIIe siècle) qui selon quelques spécialistes fut l’une des sept villes promises par Agamemnon à Achille. Ce fut à Méthone où il était entré en force avec sa flotte, que le Général Romain Agrippa (Marcus Vipsanius Agrippa, 63-12) après la bataille d’Actium (Le 2 Septembre 31), fit mettre à mort le partisan de Marc Antoine (83-30), Bogus, Roi de Manrusie.
 
• Le promontoire du mont Acritas, qui succède immédiatement à Méthone, marque l’entrée du golfe de Messénie. Il est appelé quelquefois aussi golfe Asinéen du nom de la petite ville d’Asiné. Le golfe commence aux îles Thyrides.
 
• Pharae (ou Phara ou Faras, en Grec : Φαραί), située près de la rivière Peiros à environ 11 km. de la mer et 23,5 km. de la ville de Patras. Elle est connue comme l’une des quatre grandes villes qui dirigea la restauration de la Ligue Achéenne en 280 av.J.C.
 
Pylos (ou Pilos, en Grec : Πύλος, en Italien : Navarin ou Navarino) qui était établie sur un promontoire (Koryphos) et qui commandait l’entrée Nord de la baie (À 4 km au Nord de la ville moderne de Messénie) au pied même de l’Aegaléôn, mais elle fut détruite complètement et ce fut au pied du Coryphasium qu’une partie des habitants rebâtit la cité neuve.
 
• Sphactérie (ou Sphacteria ou Sphagia ou Sfaktiria ou Sphaktêriê, en Grec : Σφακτηρίη), qui est située à l’entrée du golfe de Pylos, fut l’un des plus importants ports de Grèce. Durant l’Antiquité, pendant la Guerre du Péloponnèse (431-404), elle fut le lieu de la bataille de Sphactérie (425). Les Lacédémoniens y eurent 440 des leurs assiégés et 292 capturés par les Athéniens.

 

L’histoire …….

 
   Les premiers habitants de la Messénie sont traditionnellement considérés par les Grecs de l’époque classique à avoir été les Pélasges, comme dans d’autres régions de la Grèce. Les poèmes Homériques suggèrent que pendant la période Mycénienne, le Sud de la Messénie fut sous la domination du Roi Sparte Ménélas (ou Ménélaos), tandis que la côte Ouest fut sous celles des Nélides de Pylos Après la mort de Ménélas (ou Ménélaos), ses successeurs, les Rois de Laconie, virent leur pouvoir décliner petit à petit. Les Nélides en profitèrent pour étendre leur autorité sur la Messénie même et repousser les limites de leurs frontières aussi loin que les contreforts de la Taygète (ou Taÿgetos, chaîne de montagnes située du Péloponnèse séparant la Laconie de la Messénie). Presque certainement, à cette époque, la ville Mycénienne de Pylos se trouvait en Triphylie (Partie méridionale de l’Élide. Située entre l’Alphée au Nord et le Néda au Sud) et non sur le site de la Messénie, qui dans les temps historiques portait ce nom.
 
   Les fouilles de Pylos et Nichoria (En Grec : Νιχώρια, site près de la moderne Rizomylos, à l’angle Nord-ouest du golfe de Messénie) ont révélé pour la fin de l’Âge du Bronze de la Messénie (vers 1300), un royaume à Pylos. Les Messéniens parlaient le Grec Mycénien, et adoraient les Dieux Grecs dans les sanctuaires locaux comme à Sphagianes. Lors du retour des Héraclides et du partage de la région, la Messénie devint indépendante sous son Roi Mélanthos (ou Mélanthus, en Grec : Μέλανθος). Il fut le fils d’Andropompos (ou Andropompus). Il fut parmi les descendants de Nélée expulsés de la Messénie, par les descendants d’Héraclès, dans le cadre du légendaire retour des Héraclides et finalement échoua à Athènes et devint Roi de l’Attique. Son fils Codros (ou Codrus ou Kódros, en Grec : Κόδρος) fut après lui Roi de l’Attique.
 
   Après l’invasion Dorienne, vers 1150, la Messénie fut dirigée par le Roi Héraclide Cresphontès (ou Cresphonte ou Kresphontès ou Kresphóntês, en Grec : Κρεσφόντης), en provenance de l’Arcadie. Il prit comme capitale Stényclaros (ou Stenyclarus) dans la plaine du Nord et étendit ensuite sa suzeraineté, puis sa domination sur l’ensemble du district. Il épousa Mérope (En Grec : Μερόπη), la fille du Roi d’Arcadie, Cypsélos (ou Kypsélos). Puis son plus jeune fils Æpytos (ou Épytos ou Aepytus ou Aipytos, en Grec : Απυτος), lui succéda et donna son nom à la lignée royale de Messénie. Cresphontès et ses autres fils furent assassinés au cours d’une insurrection, seul Æpytos, qui faisait ses études dans la maison de son grand-père Cypsélos, échappa au massacre. On trouve aussi, selon d’autres sources, que le trône de Cresphontès fut dans l’intervalle occupé par l’Héraclide, Polyphontès (ou Polyphonte ou Polyphóntês, en Grec : Πολυφόντης), qui força Mérope à l’épouser. Quand Æpytos arriva à l’âge adulte, avec l’aide de son beau-père, il retourna dans son royaume, punit les meurtriers de son père et mit Polyphontès à mort. Il laissa un fils, Glaucos (ou Glaucus, en Grec : Γλακος) qui lui succéda.
 
   Au cours de la période archaïque, au VIIIe siècle, la richesse relative de la Messénie, grâce, entre autres, à son sol fertile et son climat favorable, attira les voisins Spartiates. Officiellement, la Première Guerre de Messénie éclata à la suite de l’assassina du Roi Agiade de Sparte Télècle (ou Téléclos ou Teleclus, en Grec : Τήλεκλος, v.760-747), tué par les Messéniens dans le temple d’Artémis Limnatis dans des circonstances controversées. Les Lacédémoniens soutenaient que Télècle tentait de défendre les Messéniens qui avaient violé des Lacédémoniennes, tandis que les Messéniens accusaient Télècle de leur avoir tendu un piège à l’aide de guerriers déguisés en femmes. Cette version est discutée, ce qui est sûr c’est que la guerre naquit de griefs réciproques entre Sparte et la Messénie. Il semble que ce fut surtout Sparte qui chercha un prétexte pour attaquer la Messénie, afin de récupérer des terres supplémentaires pour assurer sa croissance. Malgré la résistance de deux de ses Rois, Euphaes (756 à 744) et son successeur Aristodème la Messénie fut soumise par Sparte.
 
   Aristodème (ou Aristodemos ou Aristódêmos, en Grec : ‘Aριστόδημος, de αριστος aristos “meilleur” et δημος dêmos “peuple”), 744 à 724 ou 736 à 716 ou 736 à 714, fut l’un des héros de cette Première Guerre de Messénie. Il tint une résistance acharnée pendant près vingt ans contre Sparte. Une légende raconte que dans la sixième année de cette Première Guerre, les Messéniens envoyèrent Tisis, un Ambassadeur, à Delphes pour consulter l’Oracle. Il rapporta en réponse que s’ils voulaient être vainqueurs, ils devaient faire le sacrifice au Dieu Hadès d’une vierge appartenant à la maison Æpytide (ou Épytide). Il fut choisi par tirage au sort le nom de la fille de Lyciscos, un noble appartenant à cette famille, mais le Devin aveugle Epébolos déclara que la jeune fille n’était pas la fille de Lyciscos. Ce dernier en profita et avec toute sa famille se sauva et se réfugia dans la ville ennemie, Sparte. Cependant, l’Oracle avait ajouté que si, pour une raison quelconque, il n’était pas possible de sacrifier la jeune fille tirée au sort, il serait possible de choisir une autre vierge à sa place.


 

Vue du village de Mavromati, en face
du mont Ithômé en arrière-plan

 
   Aristodème, vaillant guerrier qui appartenait aussi à la maison Æpytide (ou Épytide), s’avança et offrit de sacrifier sa propre fille pour gagner la libération du pays. Un jeune Messénien qui aimait la jeune fille, afin de la sauver dit qu’elle n’était plus vierge, mais enceinte de lui. Furieux de cette déclaration, Aristodème tua sa fille lui même et lui ouvrit le ventre pour montrer l’absence de grossesse. Le Devin Epébolos contesta la validité du sacrifice, ce qui nécessitait le sacrifice d’une autre jeune fille, affirmant que la fille d’Aristodème n’avait pas été sacrifiée au Dieu, mais tuée par son père pour le bien de son honneur.
 
  Toutefois, Euphaes, le Roi des Messéniens, réussit à convaincre les gens que la demande de l’Oracle de Delphes était remplie. Pendant ce temps, à Sparte, on eut connaissance de la prophétie de l’Oracle et la façon dont elle fut accordée aux Messéniens. Les Lacédémoniens ne voulant surtout pas aller contre cette divine prédiction furent découragés pour cinq ans d’attaquer les Messéniens, jusqu’à ce que d’autres Oracles qui leurs étaient favorables pour le coup les encouragèrent à se lancer dans une nouvelle campagne contre la forteresse Messène, Ithômé (Sur le mont du même nom).
 
   Il s’en suivit une bataille acharnée, au cours de laquelle le Roi Euphaes perdit la vie, et comme il n’y avait pas d’autres héritiers au trône, Aristodème fut élu Roi par les Messéniens, malgré l’opposition du Devin Epébolos qui croyait qu’Aristodème n’était pas digne du trône à la suite de l’assassina de sa fille. Au contraire, Aristodème se montra digne de la confiance qu’on avait placée en lui. Il continua la guerre contre les Lacédémoniens et en 724 remporta une grande victoire sur eux. Cependant, il fut quand même vaincu par le co-Roi de Sparte, Théopompe (v.720-v.675), après avoir résisté héroïquement à un siège au mont Ithômé. La forteresse qui s’y trouvait était alors la dernière défense des Messéniens. Aussitôt prise par les Spartiates elle fut rasée et les Messéniens furent réduits à l’état d’Hilotes. Aristodème, pour obéir à un Oracle, ou cédant à son désespoir, les Spartiates le convainquant que la Messénie était vouée à la destruction, se suicida en se transperçant de son épée sur la tombe de sa fille. Par la suite, Ithômé joua un rôle important dans l’histoire des Hilotes Messéniens.
 

   De 670 à 657 (ou v.650-620) la contrée se révolta une nouvelle fois contre Sparte, ce fut la Deuxième Guerre de Messénie. Bien que les Messéniens prirent pour alliés les Arcadiens, les Argiens et les Pisates et pour chefs le Roi d’Orchomène, Aristocrates II (v.680-v.670), après des premiers succès ils furent Battus. Malgré ses deux premières guerres gagnées par Sparte, la Messénie n’était encore qu’imparfaitement soumise.
 
   En 464, un grand tremblement de terre secoua la Laconie. Presque toutes les maisons de Sparte furent détruites. Les Messéniens profitent de cette faiblesse passagère de leurs ennemis et se révoltèrent à nouveau, ce fut la Troisième Guerre de Messénie (464-454). Sparte, affaiblie, fit appel à ses alliés et les Hilotes Messéniens se réfugièrent une nouvelle fois à Ithômé, où ils résistèrent pendant 10 ans.
 
   Les Spartiates furent incapables de les expulser de leur fief et, en 454, la guerre s’acheva sur un compromis, avec Athènes dans le rôle du médiateur. Ceux qui tenaient la forteresse d’Ithômé durent quitter le Péloponnèse, ils furent réinstallés à Naupacte (ou Naupaktos ou Lépante, en Grec : Ναύπακτος), ancienne cité de Locride, située sur la côte septentrionale du golfe de Corinthe.

   Pendant la Guerre du Péloponnèse (431-404) une partie des Messéniens fut encouragée à la révolte par les Athéniens. Cette menace accrut l’inquiétude de Sparte d’un soulèvement général. En 425, sous l’archontat de Stratoclès, lors de la seconde expédition des Athéniens en Sicile, Pylos fut occupée par le corps d’armée d’Eurymédon et devint, sous le contrôle des Athéniens, une sorte de boulevard dirigé contre les Spartiates. Le port de Sphactérie, qui était situé à l’entrée du golfe de Pylos fut le lieu d’une bataille où les Lacédémoniens eurent 300 des leurs assiégés et capturés par les Athéniens. (Voir batailles de Pylos et de Sphactérie).
 
   La Messénie fut libérée totalement des Spartiates en 369, grâce au Général Thébain Épaminondas (418-362), qui venait de remporter une grande victoire sur eux à la bataille de Leuctres (Juillet 371). Il la proclama indépendante et il invita les Messéniens exilés dispersés en Italie, en Sicile, en Afrique et ailleurs à revenir dans leur pays. La ville de Messène fut fondée en 369 et devint la capitale du pays, et, comme Mégalopolis (ou Megalópoli) pour l’Arcadie elle fut un frein puissant à un éventuel sursaut de Sparte. D’autres villes furent ainsi créées ou reconstruites à cette époque, mais une grande partie de la Messénie resta très peu peuplée.


   Les Messéniens demeurèrent quand même les adversaires de Sparte, même à travers toutes les vicissitudes politiques de l’époque Hellénistique, mais, bien que tout à fait indépendante, elle ne fut jamais vraiment puissante ou capable de lutter sans aide extérieure. Après la chute de la domination Thébaine, à qui elle avait dû sa fondation, elle devint une alliée du puissant Roi de Macédoine Philippe II (359-336 ) et évita ainsi de nouveaux conflits au cours du IVe siècle.
 
   Ensuite, les Messéniens se joignirent à la Ligue Achéenne, et, en 222, leurs troupes combattirent avec elle et le Roi de Macédoine, Antigonos III Dôson (229-221) à la bataille de Sellasie (ou Sellasia, été 222) une ancienne cité de Laconie, située entre Tégée et Argos, contre le Roi de Sparte, Cléomène III (ou Cléomènes, 235-219). Le successeur d’Antigonos III, Philippe V (221-179) envoya en 214 le co-Roi d’Illyrie
Démétrios de Pharos (228/7-219) prendre Messène, mais la tentative échoua et coûta la vie de Démétrios. Peu de temps après le Tyran de Sparte Nabis (207-192) réussit à prendre la ville, mais il fut contraint à l’abandonner par l’arrivée opportune du Stratège de la Ligue Achéenne, Philopoemen (ou Philopoímên ou Philopœmen, Homme politique et Général Grec, 253-183). Philopoemen, obligea alors Sparte à adhérer la Ligue Achéenne et devint le véritable dirigeant de la ville.
 
   Après cela une nouvelle guerre éclata cette fois contre la Ligue Achéenne, au cours de laquelle Philopoemen fut capturé et mis à mort par les Messéniens (183), mais, l’année suivante, le Stratège suivant, Lycortas de Mégalopolis prit Messène et elle rejoignit de nouveau la Ligue Achéenne, cependant très affaiblie par la perte d’Abia (ou Avia), Thouria (ou Thuria) et Pharae (ou Phara ou Faras), qui lui appartenaient, mais qui se détachèrent et entrèrent dans la Ligue en tant que membres indépendants.
 
   Puis ce fut les Romains qui devinrent la puissance dominante en Grèce. La Messénie fut annexée avec le reste de la Grèce, par Rome en 146. Tous les domaines de la Ligue Achéenne, y compris la Messénie, sous l’administration provinciale de la Macédoine, furent donc Romains. Pendant des siècles, il y eut un différend entre la Messénie et Sparte pour la possession de la pente Ouest de la chaîne de montagnes Taygète (Dentheliale ou Ager Dentheliales). La question fut réglée en 25 ap.J.C par l’Empereur Tibère (14-37 ap.J.C) et le Sénat en faveur des Messéniens. La Messénie entra dans la Province Romaine d’Achaïe à la réforme de l’Empire par l’Empereur Dioclétien (284-305). Le Christianisme, partit de Corinthe se propagea très tôt dans la région. En 395 ap.J.C, la Messénie fut comme tout le Péloponnèse ravagée par les Ostrogoths et vers 600 elle fut envahie par les Slaves. Des noms de lieux portant des noms Slaves témoignent de cette incursion. À partir de cette époque ce fut la fin de l’ancienne Messénie.

 

Les  Guerres  de  Messénie

 
   Les guerres de Messénie sont un ensemble de trois guerres, voire quatre, menées par Sparte contre les Messéniens, puis contre les Hilotes. Les sources relatant leurs faits sont assez rares. Nous disposons de textes du poète Tyrtée (Poète de Sparte, VIIe siècle), de passages de Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), qui lui-même s’appuie sur Myron de Priène et sur Rhianos et enfin d’écrits de Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C – Livre VIII, 4). Selon ce dernier, le temple de Diane situé à Limnae, sur la frontière de la Laconie et de la Messénie, fut le témoin d’un attentat des Messéniens sur ces vierges Lacédémoniennes venues pour assister à un sacrifice. Jusque-là les deux peuples avaient toujours tenu en ce lieu une assemblée annuelle et ils offraient en commun le sacrifice à la Déesse Diane. Après l’outrage, les Messéniens auraient refusé, toutes nouvelles réunions et la guerre aurait éclaté. C’est de cette ville de Limnae que le temple de Diane à Sparte a pris le nom de Limnaeum. La guerre aurait recommencé à plusieurs reprises par suite des insurrections des Messéniens.
 
           Première Guerre de Messénie  fin du VIIIe siècle  (ou  743-724  ou  v.736-720)
 
   Elle date de la fin du VIIIe siècle. Selon Tyrtée (ou Tyrtaĩos, poète Spartiate du VIIe s. av.J.C), elle dura 19 ans et eut lieu deux générations avant lui : "Du temps des pères de nos pères", écrit-il dans ses poèmes. Officiellement, la Première Guerre de Messénie éclata à la suite de l’assassina du Roi Agiade de Sparte Télècle (ou Téléclos ou Teleclus, en Grec : Τήλεκλος, v.760-747), tué par les Messéniens dans le temple d’Artémis Limnatis dans des circonstances controversées. Les Lacédémoniens pensaient que Télècle tentait de soutenir les Messéniens qui avaient violé des Lacédémoniennes, tandis que les Messéniens accusaient Télècle de leur avoir tendu un piège  en déguisant des guerriers en femmes pour les faire accuser. Cette version est discutée, ce qui est sûr c’est que la guerre naquit de griefs réciproques entre Sparte et la Messénie. Il semble que ce fut surtout Sparte qui cherchait un prétexte pour attaquer la Messénie, afin de récupérer des terres supplémentaires pour assurer sa poussée démographique importante.
 
   La région partageait avec Sparte des terres communes sur sa frontière Est qui sont encore aujourd’hui assez mal définies. Sur cette zone avait lieu régulièrement une célébration commune entre les deux cités, au cours de laquelle les pâturages étaient distribués. Comme le note Tyrtée, la Messénie est "bonne à labourer, bonne à planter". À l’Ouest de l’Eurotas, elle possédait de riches plaines et de verts pâturages. Le co-Roi de Sparte, Polydore (ou Polydoros, v.700-v.665) affirma plus tard s’attaquer à la partie de ce territoire qui n’était pas encore allotie. La guerre fut en fait une série de coups de main ou de sièges, sans grande bataille décisive. Sparte fut assistée par des mercenaires de Crète et de Corinthe, alors que la Messénie bénéficia du soutien des Arcadiens, de Sicyone et de troupes envoyée par Argos. Selon Tyrtée le conflit dura 19 ans. C’est aussi la durée que l’on donne de la résistance du Roi Aristodème lors de son règne. L’issue en fut la victoire de Sparte. La forteresse de Messène, Ithômé, dernier bastion Messénien, fut détruite. L’aristocratie Messénienne s’enfuit dans les cités alentour, tandis que le peuple fut réduit à l’état d’Hilotes et fut obligé de verser la moitié de sa production agricole aux vainqueurs. Les terres furent divisées en lots et furent données à 3.000 Spartiates.
 
           Seconde Guerre de Messénie  685-668 ou 670-657 ou v.650-620  
 
   La guerre naquit du désir de revanche des Messéniens sur la domination de Sparte. Sa chronologie précise est encore sujette à discutions. Pausanias, donne des dates, mais qui en font trois périodes possibles. La troisième, qui donne la guerre de 670 à 657, paraît la plus vraisemblable et est celle aujourd’hui retenue. Cette Seconde Guerre suivit la révolte dans laquelle les Messéniens avaient pris pour alliés les Arcadiens, les Argiens et les Pisates et pour chefs le Roi d’Orchomène, Aristocrates II (v.680-v.670). Tandis que Sparte combattaient sous les ordres de Tyrtée lui-même, venu exprès d’Erinée pour les commander. Ils avaient profités que les Spartiates avaient subi une défaite contre Argos en 669 à la bataille d’Hysiai (ou Hysias) pour enflammer le conflit. L’une des grandes nouveautés de ce conflit fut l’apparition de la phalange hoplitique, qui favorisa d’abord les Messéniens.
 
   La guerre se porta alors sur le territoire Laconien et les Spartiates durent se battre avec acharnement. Finalement, ils se ressaisirent et l’emportèrent à la bataille dite "du Grand Fossé", suite en grande partie à une trahison du Roi Aristocrates II. La guerre devint alors une suite de raids et de coups de main, comme lors de la Première Guerre de Messénie. À l’issue de la guerre, la Messénie battue fut de nouveau annexée au territoire Spartiate. Les habitants des plaines furent une fois encore réduits à l’état d’Hilotes, tandis que les cités côtières restèrent dans les mains des Messéniens mais prirent le statut de cités Périèques.
 
           Troisième Guerre de Messénie  464-454 
 
   Après les deux premières guerres, la Messénie ne fut qu’imparfaitement soumise. La cité de Tégée, finançait la guérilla Messénienne, malgré un traité avec Sparte. En 464, un tremblement de terre ravagea la Laconie et presque toutes les maisons de Sparte furent détruites alors que les armées Spartiates étaient en route vers Thasos pour soutenir la cité dans sa révolte contre Athènes. Les Messéniens profitèrent de la situation et se révoltèrent. La coïncidence du soulèvement avec le tremblement de terre est solidement attestée, bien que des historiens Grecs ne soient pas d’accord sur l’interprétation de cet événement. Selon Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.400/395) les Hilotes Messéniens et les cités Périèques de la côte, Thouria (ou Thuria) et Aithaïa profitèrent du tremblement de terre, se révoltèrent et établir une position sur le mont Ithômé. Il ajoute que la plupart des rebelles étaient d’ascendance Messénienne, confirmant Ithômé comme un lieu historique de la résistance de Messénie. En revanche, les spécialistes en déduisent qu’une minorité des Hilotes étaient Laconiens, ce qui serait la seule et unique révolte de leur histoire.
 
   Des commentateurs, tels qu’Étienne de Byzance (ou Stéphanos Byzántios ou Stephanus de Byzance, écrivain Byzantin du VIe siècle ap.J.C), suggèrent que cette ville d’Aithaïa était en Laconie, indiquant ainsi un soulèvement à grande échelle dans la région. La version des faits donnée par Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) est similaire. Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30 – Livre XI, 63,4 – 64,1), probablement influencé par Éphore de Cymé (ou Éphore de Cumes, historien Grec, IVe Siècle av.J.C), attribua le soulèvement également aux Messéniens. Enfin, certains auteurs donnent la responsabilité du début de l’insurrection aux Hilotes de Laconie. Ce fut le cas de Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) dans sa Vie de Cimon.
 
   Selon lui, ce fut les Hilotes de la vallée de l’Eurotas qui utilisèrent le tremblement de terre pour attaquer les Spartiates qu’ils pensaient désarmés. L’intervention du co-Roi de Sparte, Archidamos II (ou Archidamus, 469-426), qui appela les Lacédémoniens à la résistance, est enregistrée simultanément avec le tremblement de terre et l’attaque des Hilotes. Ces derniers se replièrent, mais la guerre ouverte fut rejointe par les Messéniens. Il est difficile de concilier ces versions. Il est néanmoins clair que, dans tous les cas, la révolte de 464 représente un événement traumatique majeur pour Sparte qui les surprit.
 
   Sparte eut du mal à contenir les Messéniens, et elle dut faire appel à ses alliés dont, Égine, Mantinée, Platées et même Athènes. La bataille de Stényclaros à elle seule coûta la vie à 300 Homoioi (ou égaux ou semblables, citoyens de Sparte). Les Hilotes Messéniens se réfugièrent une nouvelle fois à Ithômé, où ils résistèrent pendant 10 ans. La guerre s’acheva en 454 sur un compromis, avec Athènes dans le rôle du médiateur. Ceux qui tenaient la forteresse d’Ithômé durent quitter le Péloponnèse, ils furent réinstallés à Naupacte (ou Naupaktos ou Lépante, en Grec : Ναύπακτος), ancienne cité de Locride, située sur la côte septentrionale du golfe de Corinthe. La violence à l’égard des Hilotes redoubla ensuite, notamment dans le cadre de la kryptie ("caché, secret"). C’est une épreuve de l’agôgê (L’éducation Spartiate, dont la véritable nature est sujette à discussion parmi les spécialistes).

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la région voir les ouvrages de :
  
Janick Auberger et Michel Casevitz :
Livre IV, la Messénie de Pausanias, Les Belles Lettres, Paris, 2005.
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le Monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Ernst Baltrusch :
Sparta. Histoire, société, culture, 2e édition révisée, Beck, Munich, 2003.
Claude Baurain :
– Les Grecs et la Méditerranée orientale : Des “siècles obscurs” à la fin de l’époque archaïque, Presses universitaires de France, Paris, 1997.
Michel Casevitz et Janick Auberger :
Description de la Grèce de Pausanias / Tome IV. Livre IV, La Messénie, Les Belles Lettres, Paris, 2005.
Catherine Grandjean :
Les Messéniens de 370-369 au 1er siècle de notre ère : Monnayages et histoire, École Française d’Athènes, Athènes, 2003 – Diffusion de Boccard, Paris, 2003.
Le Péloponnèse d’Epaminondas à Hadrien : Colloque de Tours, 6-7 octobre 2005, Diffusion, de Boccard, Paris, 2008 – Ausonius, Bordeaux, Janvier 2008.
Linda-Marie Günther :
Griechische antike, Francke, Tübingen, 2008.
Yves Lafond :
– Messana, Messene 2, Der Neue Pauly (DNP), Band 8, Metzler, Stuttgart. 2000.
John Francis Lazenby :
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Edmond Lévy :
Sparte : Histoire politique et sociale jusqu’à la conquête Romaine, Éditions du Seuil, Collection Points Histoire, Paris, 2003.
Nino Luraghi :
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Nino Luraghi et Susan E.Alcock :
Helots and their masters in Laconia and Messenia : histories, ideologies, structures, Center for Hellenic Studies, Trustees for Harvard University, Cambridge, Distributed by Harvard University Press, 2003.
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Laetitia Phialon :
L’émergence de la civilisation mycénienne en Grèce Centrale, AEGAEUM (Liège) 32, Leuven, Peeters, Liège, 2011.
Carl Angus Roebuck :
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Griechische geschichte. 5. überarbeitete und erweiterte Auflage, Oldenbourg, München 2002
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Early history of Peloponnesus and Sparta to the end of the Messenian wars, B.C. 668, A Smaller History of Ancient Greece, Retrieved 7, Février 2008.
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Inscriptions de la Messénie, C.W.K. Gleerups Förlag, Lund, 1929.
Études topographiques sur la Messénie ancienne, C. W. Lindström, Lund, 1930.

 

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