Sparte
Les  institutions
 

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  Pour plus de détails voir aussi : Sparte, l’histoire des Agiades, Sparte, l’histoire des Eurypontides

 

Sommaire

 
Nom et localisation
Son développement
La Ligue du Péloponnèse
Les structures sociales

La constitution
La citoyenneté
Les Homoioi
Les Périèques
Les Hilotes
Les Éphores
La Gérousie

L’éducation Spartiate – L’agôgê

Les garçons
Les filles

L’armée

Origine
Composition et tactiques
Vêtements et armement
La marine
Les hoplites

Bibliographie


 
Léonidas aux Thermopyles, par Jacques-Louis David (1814)

 

Noms  et  localisation

 
  Sparte est généralement évoquée par les anciens Grecs sous le nom de Lacédémone (ou Lakedaimon, en Grec : Λακεδαίμων, ou Lakedaimonia  Λακεδαιμονία, ou Spártē  Σπάρτη, en Dorien : Σπάρτα Spárta). Ce sont aussi les noms communément utilisés dans les œuvres d’Homère et par les historiens Athéniens tel que, Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) ou Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395). Hérodote semble toute fois distinguer l’antique citadelle de Therapné de la partie basse de la ville de Sparte.
 


 

Ruines de Sparte

   La cité se situe dans le Péloponnèse, sur les rives d’un fleuve principal, l’Eurotas, sur un plateau entre la chaîne de montagne Taygète (ou Taÿgetos, en Grec : Ταΰγετος) et le Parnon (Montagne qui sépare la Laconie de l’Arcadie). La région immédiate qui entoure la ville est communément appelée Laconie et Sparte en fut la capitale. Elle comprend deux régions principales, séparées par les montagnes. Le terme de Laconie est parfois utilisé pour désigner toutes les régions qui furent sous le contrôle direct Spartiate, y compris la Messénie. Lacédémone est aujourd’hui le nom d’une province Grecque dans la préfecture de Franconia.
 
   Sparte s’est constituée probablement vers la fin du IXe siècle, début du VIIIe, par le synœcisme (regroupement) de quatre villages d’origine Dorienne : Limnai, Kynosoura, Mesoa et Pitana, un cinquième, Amyclées, distant de quelques kilomètres, viendra s’y ajouter à une époque toujours inconnue. Sparte fut l’une des cités-États Doriennes les plus puissantes de la Grèce antique, avec Athènes et Thèbes.
 
   Selon Thucydide, l’État Spartiate s’étendit au Ve siècle av.J.C, sur les deux cinquièmes du Péloponnèse, soit près de 8.500 km², le triple de sa rivale Athènes. La Laconie au sens strict du terme fut en fait le territoire délimité à l’Ouest par le Taygète, au Sud et à l’Est par la mer Méditerranée. La frontière Nord fut la plus changeante.

 

Son développement

 
   Au VIIIe siècle, la poussée démographique entraîna Sparte à la recherche de nouvelles terres. La cité conquérit d’abord la Messénie voisine qu’elle soumit (Voir la Première Guerre de Messénie, fin du VIIIe siècle) et contraint ses habitants à devenir ses Hilotes. À cette époque Sparte rayonna sur l’Hellade, entretenant le commerce avec la Grèce, l’Égypte et l’Asie Mineure. Dès lors, sa principale rivale fut Argos. En 669, à la bataille d’Hysiaï, le Tyran d’Argos, Pheidon défit Sparte. Les Messéniens profitèrent de la faiblesse de cette dernière pour se révolter, ce qui brisa l’expansion de la cité. Cependant les Messéniens furent de nouveau soumis (Deuxième Guerre de Messénie, 685-668 ou 670-657 ou v.650-620). En politique extérieure, Sparte édifia la puissante Ligue du Péloponnèse.
 


 
Lycurgue par Joseph T. Duryea

   Après sa victoire sur la Messénie, Sparte agrandit encore son territoire et devint maître de toute la partie qui s’étendait à l’Est du Parnon, bordée au Nord par la vallée de la Nedha, jusqu’à la Méditerranée. La vallée de Messénie à proprement parler était arrosée par la rivière Pamissos. On distingue la plaine du Stényclaros au Nord de la crête de Scala et la plaine côtière appelée Macaria "la Bienheureuse", au Sud. En 545, à la bataille des Champions Sparte défit Argos et domina alors le plateau de Thyréatide (ou Kynourie). À cette époque les limites de la région couvraient les environs de Thyrée (ou Thyréa, près de l’actuelle Astros), le Sud du mont Parthénion, le bassin versant de l’Eurotas, englobant la Skiritide, puis les territoires aux pieds du mont Chelmos (Identifié comme la Belminatide). Elle s’assura l’hégémonie sur l’ensemble du Péloponnèse, qu’elle conserva jusqu’aux Guerres Médiques (499-490 et 480-479).
 
   Face à l’expansion de l’Empire Athénien, l’affrontement entre les deux puissances devint inévitable. Pour conserver son territoire elle dut lutter dans la Troisième guerre de Messénie (464-454). Puis Sparte triompha d’Athènes dans la Guerre du Péloponnèse (431-404) et décida d’imposer son propre impérialisme. En 394, les Grecs se soulevèrent contre elle avec la coalition d’Athènes, Thèbes, Argos et Corinthe. En 387, Sparte accepta l’arbitrage par la Perse et la "paix d’Antalcidas" ou "paix du Roi" fut signée entre les belligérants. Sparte céda les cités Grecques d’Asie Mineure qu’elle avait conquise aux Perses. En 376, Athènes coula sa flotte militaire, mettant de fait un terme à son hégémonie navale. En 371, les Athéniens et Lacédémoniens passèrent un accord se reconnaissant mutuellement leurs confédérations, afin de lutter contre la Ligue Béotienne, aussi appelée Confédération Béotienne.


 
Sacrifice à Aphrodite à Sparte – Musée du Louvre

 
   La même année les Spartiates, toujours avide d’expansion, marchèrent sur Thèbes. Mais ce fut cette dernière, nouvelle puissance montante, qui lui porta le coup final avec le désastre de la bataille de Leuctres, le 6 Juillet 371. L’hégémonique de Sparte fut rompue et il faut ajouter à son échec l’indépendance de la Messénie en 369. En 362, Sparte eut un sursaut et à la bataille de Mantinée redressa la situation en brisant la suprématie Thébaine, mais sa victoire demeure sans lendemain.
 
   Secouée par des graves crises internes, en 337, la ville se montra incapable de faire face à l’expansion de la Macédoine et de son Roi Philippe II (359-336). Ses tentatives de révolte contre la Macédoine furent systématiquement écrasées (265 et 222). Elle perdit tous ses territoires. Puis elle s’allia à Rome contre la Ligue Étolienne et dut lutter aussi contre la Ligue Achéenne. En 146, Sparte, définitivement ruinée par les invasions, fut intégrée à l’Empire Romain et cessa pour toujours d’être une puissance conquérante.
 

  Pour plus de détails voir : L’histoire de Sparte

 
Ligue du Péloponnèse

 
   Le terme "Ligue du Péloponnèse" est une expression contemporaine inventée par les historiens, à l’époque les membres étaient appelés "les Lacédémoniens (Sparte) et leurs alliés". Cette ligue fut constituée dans un but défensif à la fin du VIe siècle et dura jusqu’aux invasions Thébaines de 370-369, mais elle permit surtout à Sparte de concentrer son effort militaire contre Argos. Les cités membres étaient indépendantes (autonomia) et contrairement à la Ligue de Délos, elles ne payaient aucun tribut (phoros). Il est difficile de mesurer l’exacte étendue de la Ligue, d’autant que tous les alliés de Sparte n’en faisaient pas partie, mais presque tous les États du Péloponnèse, sauf l’Argolide et l’Achaïe, y étaient adhérant. La Ligue participa à la Deuxième Guerre Médique et bien sur à la Guerre du Péloponnèse.
 
   Selon Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395), la Ligue disposait d’un mode de fonctionnement que l’on pourrait qualifier de démocratique. L’assemblée fédérale se réunissait généralement à Sparte à la seule initiative des Lacédémoniens et les propositions qui étaient soumises à discussion étaient généralement d’origine Spartiate. La ville prit également le commandement de toutes les forces alliées, y compris sur mer, malgré les prétentions des cités, comme Corinthe. Chaque cité disposait d’une voix. Sparte n’avait qu’une voix comme les autres, mais la cité avait une très grande influence et disposait d’une certaine hégémonie. Aucune action n’était possible si elle n’avait pas été votée par Sparte. Corinthiens et Mégariens se plaignirent régulièrement de la tutelle Spartiate au sein de la Ligue. À plusieurs reprises, Sparte ne respecta pas l’autonomie de ses alliés.  Dès 404, la cité leur imposa sa politique d’intervention en Asie Mineure, en Grèce du Nord et en Béotie. En 402, elle obligea Élis (Capitale d’Élide), à accorder l’indépendance à ses cités Périèques et à Corinthe à rompre avec Argos.
 
   Les décisions (La guerre, la paix, les alliances) étaient prises à la majorité des suffrages. Elles engageaient tous les alliés, sauf si certains invoquaient, pour garder leur liberté d’action, des empêchements religieux ou des stipulations contraires à des traités antérieurs. En cas de guerre, l’assemblée fixait les contingents à lever, ou les sommes à payer pour le rachat des prisonniers et édictait des amendes pour les défaillants. Les membres de la Ligue ne pouvaient se faire la guerre entre eux tant que l’armée commune était en expédition. En dehors de ces périodes, le rythme des conflits inter-cités était régulier. Au Ve siècle, Corinthe et Mégare étaient fréquemment en guerre l’une contre l’autre. Toutes les cités restèrent fidèles à Sparte, sauf pendant la Guerre du Péloponnèse ou certaines refusèrent le traité de paix avec Athènes (Paix de Nicias), mais après la victoire de Mantinée, la Ligue se reconstitua.
 

Les  structures  sociales
 
La constitution

 
   L’État Dorique de Sparte fut la copie de l’État Dorique Crétois. Entre le VIIIe et le VIIe siècle av.J.C, les Spartiates connurent une période d’anarchie et de guerre civile, retracée plus tard à la fois par Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) et Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395). Suite à cela les Spartiates lancèrent une série de réformes politiques et sociales de leur société. Ces réformes marquèrent le début de l’histoire de la Sparte classique. Par ces dernières, la ville se distingua des autres cités par son modèle social, où l’on trouvait différentes strates. On comptait trois groupes sociaux principaux :

• La minorité du peuple était les citoyens, elle était constituée par les Homoioi (ou les Égaux ou Hómoioi, en Grec : Oμοιοι “les Semblables” ou “les Pairs“).
• L’activité économique fut assurée par les Périèques (ou Períoikoi, en Grec : Περίοικοι), population libre mais non-citoyenne.
• Puis on trouvait les Hilotes (ou Ilotes ou Heílôtes, en Grec : Εïλωτες), dont le statut s’apparente aux serfs du Moyen Âge occidental.

 
   L’éducation était obligatoire, collective et organisée par la cité, elle visait à former des soldats disciplinés, efficaces et attachés au bien de la cité. Ces réformes menées par Lycurgue au IXe ou VIIIe siècle (Personnage mythique pour certains spécialistes) furent un véritable tournant pour la ville. Les institutions originelles établissaient la souveraineté à tous citoyens, elles étaient équilibrées par une double monarchie, représentée par deux familles : La branche de Proclès dites des “Eurypontides ou Proclides” et celle d’Eurysthène (jumeaux) dites “Agiades ou Eurysthènides“.
 


 

Sparte avec les montagnes Taygète en arrière-plan

   Le régime politique était donc composé de deux Rois. Ils éraient à égalité au niveau de l’autorité, de sorte que l’un ne pouvait pas agir contre le veto de son collègue. Les origines des pouvoirs exercés par l’assemblée des citoyens sont pratiquement inconnues en raison du manque de documentation historique et du secret d’État. Les devoirs des Rois étaient essentiellement religieux, judiciaires et militaires. Ils étaient aussi les Grands Prêtres de l’État et étaient également tenu de maintenir la communication avec le sanctuaire de Delphes, qui exerça toujours une grande autorité dans la politique Spartiate.
 
   À l’époque d’Hérodote leurs fonctions judiciaires fut limitées aux affaires d’héritages, d’adoptions et des routes publiques. Les affaires civiles et pénales étaient soumises à l’approbations d’un groupe de fonctionnaires, sorte de conseil des Anciens, connu sous le nom d’Éphores (ou Ephoroi ou éphoroi, en Grec : Eφοροι "Surveillants"), ainsi qu’à une assemblée, la Gérousie (ou Gérousia ou Gerousía, de gérôn, en Grec : γέρων "le vieillard").
 
   Les Éphores étaient un directoire de cinq Magistrats annuels, ils formaient le véritable gouvernement. La Gérousie se composait de 28 personnes âgées de plus de 60 ans, élues à vie et, en général, une partie de la famille royale. Les hautes affaires de l’État et les décisions politiques étaient examinées par ce conseil qui pouvait alors proposer des mesures alternatives à l’Assemblée (ou Apella), l’organe collectif des citoyens Spartiates, qui choisissait l’une des options proposée par vote. L’Assemblée rassemblait l’ensemble des citoyens Homoioi et était donc chargée de voter les lois, mais son rôle précis est encore aujourd’hui mal connu. Elle était réunie à dates fixes. Les projets mis en forme par la Gérousie lui étaient soumis. Elle les approuvait ou non, sans discuter les amendements proposés par les Éphores. Elle votait les décisions par acclamations, mais son vote ne liait pas la Gérousie qui pouvait considérer que le peuple s’était trompé.
 
   L’Assemblée élisait également les Éphores et les Gérontes. On ignore si tous les Spartiates pouvaient y prendre la parole, par exemple pour proposer une loi ou un amendement, ou si l’assemblée se contentait d’élire les Éphores. Pour Aristote (Philosophe Grec, 384-322), l’Assemblée avait un pouvoir si faible qu’il ne la mentionne même pas comme élément démocratique du régime Spartiate. Il faut noter aussi que les prérogatives royales furent réduites au fil du temps. À la période des Guerres Médiques (499-490 et 480-479), le Roi perdit le droit de déclarer la guerre et était accompagné sur le terrain par deux Éphores. Il fut dès lors supplanté par ceux-ci dans le contrôle de la politique étrangère. Au fil du temps, les Rois devinrent de simples figures de têtes, sauf en leur qualité de Général. Le véritable pouvoir fut transféré aux Éphores et à la Gérousie. Cette organisation fut pendant des siècles la force de la cité. Cependant au IIIe siècle, les difficultés dues à son système sociopolitique et au déclin de sa population d’Homoioi entraînèrent de nouvelles réformes. Ces essais de réformes intérieures menées par les Rois Agis IV (245-241) et Cléomène III (235-219) échouèrent.  

 

La citoyenneté

 
   Tous les habitants de Sparte n’étaient pas considérés comme des citoyens. Seuls ceux qui avaient entrepris le processus d’éducation Spartiate connu sous le nom d’agôgê (ou agōgē, en Grec : ‘Aγωγή) étaient éligibles. De plus les seules personnes admissibles à recevoir l’agôgê devaient être Spartiates, né de l’union légitime de deux Spartiates, ou des personnes qui pouvaient prouver que leurs ancêtres étaient à l’origine des habitants de la ville.

kylix Laconien – 590-550 av.J.C
– Staatliche Antikensammlungen – Munich

 

 
   Il y avait cependant deux exceptions :
• Les Trophimoi (En Grec : τρόφιμοι “Pupilles” ou “Les nourris“, de trophós en Grec : τροφός “Nourriture“), étaient des enfants de non-Spartiates, Périèques ou étrangers, qui étaient autorisé à subir l’agôgê. Les Trophimoi étaient adoptés à titre temporaire par un Oikos Spartiate (Sorte de parrain). Les Trophimoi fils de Périèques, à l’instar des Néodamodes et des Nothoi (Fils bâtards de citoyens et d’esclaves), constituaient une classe intermédiaire de Sparte. Ils pouvaient accéder au statut de citoyen.
 
   Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), le Roi Agis IV (245-241) entendait ainsi compléter le corps civique, devenu insuffisant pour les besoins militaires de Sparte :
“Par tous les Périèques et les étrangers qui auraient été élevés en hommes libres et qui par ailleurs seraient bien faits de leur personne et dans la fleur de l’âge” (Vie d’Agis, VIII, 3).
 
   Les Trophimoi étrangers repartaient généralement après leur éducation dans leur pays d’origine où ils augmentaient ainsi l’influence de Sparte. Sur l’invitation du Roi Agésilas II (398-360), Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355) fit élever ses fils à Sparte. Cependant, certains Trophimoi choisirent de rester dans la cité, voire de combattre dans l’armée civique. Ce fut par exemple le cas en 381, dans le siège que tint Agésilas II contre Phlionte (Cité Grecque du Péloponnèse, située au Sud de Sicyone et au Sud-ouest de Corinthe).
 
• L’autre exception étaient les fils d’Hilotes qui pouvaient être inscrit comme des Syntrophoi (Élevé avec) si des Spartiates les adoptaient officiellement et leurs payaient leurs études. Si un Syntrophos était exceptionnellement bon dans sa formation, il pouvait être parrainé pour devenir un Spartiate. Ils devenaient de ce fait fils de bonne famille et pouvaient être élevés dans certains cas avec les enfants royaux. Syntrophos était un titre qu’ils gardaient toute leur vie.
 
   Lorsque les citoyens Spartiates mourraient, seule une pierre tombale était accordée aux soldats qui étaient morts au combat au cours d’une campagne victorieuse, ou pour les femmes qui étaient mortes en service, soit lors d’un office divin ou en couches.  

 

Autre vue du site – L’acropole

 

Les  Homoioi

 
   Les citoyens de Sparte (ou égaux ou semblables) étaient appelés les “homoioi” (ou Hómoioi, en Grec : Oμοιοι  “les Semblables” ou “les Pairs” la traduction classique reprise lors de la Révolution Française, est en fait inexacte). Il n’est pas certain que tous les Spartiates furent des homoioi. On estime leur nombre à 1.200 au moment de la défaite de Sparte, en 371, le 6 Juillet, face à l’armée de Thèbes à la bataille de Leuctres.
 
   Certains citoyens, considérés comme des lâches au combat, furent soumis à toutes sortes de brimades et de vexations. Tous les citoyens pouvaient participer à l’autorité populaire. Ils ne représentaient donc qu’une petite minorité de la population Lacédémonienne. Les critères de la citoyenneté Spartiate étaient particulièrement sélectifs. Pour faire partie de cette élite, il fallait : Être né de l’union légitime de deux Spartiates. Les bâtards étaient distingués des citoyens à part entière ; Posséder un domaine (ou kléros) permettant de payer son écot, ils avaient l’obligation de participer au banquet des citoyens (ou le syssition) quotidiennement, en y apportant leur cote part de nourriture (ou en la payant).
 
   Enfin, pour avoir le statut d’homoioi, les individus devaient avoir subi et réussi l’agôgê (L’éducation Spartiate du citoyen). Les Homoioi étaient des guerriers et ne pouvaient être ni commerçants, ni ouvriers. La perte d’influence de Sparte au IIIe siècle av.J.C. serait liée à cette restriction du nombre des homoioi, phénomène désigné par les historiens sous le nom d’oliganthropie (Étymologiquement La disette d’humains. Ce terme désigne la décroissance démographique extrême d’une population humaine, menaçant cette dernière d’extinction).

 

Les  Périèques

 
   Les Périèques (ou Períoikoi, en Grec : Περίοικοι) étaient les habitants libres mais non citoyens de la Laconie et de la Messénie. Leur origine est incertaine. La théorie la plus souvent admise est qu’ils furent les descendants des Laconiens. Cette thèse ancienne fait des Périèques les anciens Achéens envahis par les Doriens. C’est là que les Achéens de la plaine seraient devenus les Hilotes et ceux des montagnes seraient devenus les Périèques. Leur nom signifie Ceux qui habitent autour. Ils étaient des hommes libres et ils bénéficiaient de droits civils et ils participaient à l’administration de leur ville. Ils firent partie de l’État Lacédémonien, mais n’étaient pas des citoyens Spartiates, ils n’avaient aucun droit politique dans la cité et étaient soumis à sa suzeraineté. Les Périèques devaient le service militaire en tant qu’Hoplites dans l’armée de terre, ou en tant qu’Épibates dans l’infanterie de marine. Ils payaient l’impôt à Sparte.
 


 

Autre vue du site – Le théâtre

  Leur territoire, la Perioikis (En Grec : Περίοικις), faisait partie à part entière du territoire Spartiate. On ne sait pas comment étaient organisées les cités Périèques. Il semble qu’elles devaient avoir adopté un système oligarchique. Leurs villes furent décrites comme des cités (ou poleis) par Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425 – Livre VII, 234), Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395 – Histoire de la guerre du Péloponnèse, Livre V, 54, 1) et Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355, Helléniques, Livre VI, 5, 21).
 
   Les Périèques avaient le droit de posséder des terres et faisaient partie de l’armée civique au même titre que les Homoioi. Ils ne pouvaient être Magistrats, ni même participer à l’assemblée. Leurs activités principales étaient : Le commerce, l’industrie et la culture des terres de la perioikis. Ils travaillaient aussi pour l’armée, dans la confection des uniformes et des armes. Dans toutes les circonstances ils restèrent fidèles à Sparte, les premières défections n’eurent lieues qu’a l’invasion Thébaine de 370-369. 

 

Les Hilotes

 
   Les Hilotes (ou Ilotes ou Heílôtes, en Grec : Εïλωτες) étaient les serfs. Le nom vient, selon une partie de la tradition, de la bourgade d’Hélos (En Grec : Eλος), située au Sud de Sparte. Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180, livre III – Description de la Grèce) déclare : “Ils furent les premiers appelés Hilotes”. Le nom serait donc une simple ethnie. L’explication est peu plausible sur le plan historique et semble impossible sur le plan phonétique. Certains auteurs ne considèrent pas le mot comme un simple ethnique, mais comme un nom à connotation servile. Il est certain qu’une partie de l’hilotisme fut issu des conquêtes militaires. Ce fut le cas des Messéniens, réduits à ce rang au VIIIe siècle av.J.C.
 
   Pour ce qui est des premiers Hilotes avant eux, la situation n’est toujours pas de nos jours élucidée. Selon la tradition, ils seraient les descendants des habitants initiaux, Achéens, que les Doriens auraient soumis ?. Mais tous les Achéens ne furent pas réduits à l’hilotisme. D’autres auteurs antiques proposent des théories alternatives. Selon Antiochos de Syracuse, les Hilotes furent à l’origine les Lacédémoniens qui ne participèrent pas aux Guerres de Messénie.
 


 

Autre vue du site

   Pour Éphore de Cymé (ou Éphore de Cumes, historien Grec, IVe siècle av.J.C) c’étaient des Périèques de Hélos, révoltés qui furent réduits à l’esclavage. L’historiographie moderne privilégie la thèse d’Antiochos de Syracuse. Le statut juridique des Hilotes est lui aussi assez complexe. Ils n’étaient pas libres et ne possédaient aucun droit politique. Ils appartenaient à l’État et étaient attachés à un lot de terre ce qui les rapprochaient du serf médiéval. Ils avaient un maître, mais ce dernier ne pouvait ni les affranchir, ni les vendre, ni les maltraiter ou les tuer.
 
   Avec ce statut d’esclave leur seule fonction était de cultiver les kleros de terre des Homoioi, à qui ils devaient fournir une partie des récoltes (céréales, vin et huile). On les rencontrait aussi dans l’armée, comme auxiliaires dans l’infanterie légère ou dans la flotte, dans le rang des rameurs. Avec la diminution du nombre de citoyens, les hilotes suite à leur service comme hoplites dans l’armée Lacédémonienne furent affranchis par l’État, on les appela alors Néodamodes. Les Éphores pouvaient les faire mettre à mort, selon Thucydide, en 425, 2.000 hilotes auraient été massacrés en secret. Ce qui est sûr c’est qu’ils étaient particulièrement mal traités par les Spartiates. L’hilotisme se rencontre également dans d’autres sociétés Grecques, comme la Thessalie, la Crète, ou encore la Sicile.

 

Les Éphores

 
   Les Éphores (ou éphoroi, en Grec : Eφοροι), dont le nom veut dire “les surveillants“, étaient un directoire de cinq Magistrats annuels, dont ils formaient le véritable gouvernement. On ne connait pas exactement la date de leur création, ils existent déjà au VIe siècle av.J.C. Les différentes sources ne s’accordent pas sur ce point. Pour Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) et Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355) ce fut une création de Lycurgue. Pour Aristote (Philosophe Grec, 384-322), au contraire, l’institution fut créée par le Roi Théopompe (v.720-v.675) des Eurypontides. L’éphorat fut supprimé en 227 par Cléomène III, puis rétabli par le Roi de Macédoine Antigonos III Dôson (229-221) avant d’être définitivement aboli par l’Empereur Romain Hadrien (117-138). Il y avait cinq Éphores, qui étaient élus pour un an parmi les citoyens et ne pouvaient être réélus, ils exécutaient les décisions de l’assemblée et les décisions étaient prises à la majorité.
 
   Ils avaient juré fidélité au Roi mais étaient chargés de surveiller ses agissements en temps de guerre et vérifier que ce dernier appliquait bien la constitution. Ils contrôlaient également, les Hilotes, les Périèques et les Magistrats. Ils représentaient la souveraineté nationale et avaient en charge : La politique étrangère, dirigeaient la police et surveillaient les citoyens dont ils exigeaient une parfaite obéissance. Ils pouvaient révoquer des personnes s’ils les estimaient incompétentes, quel que soit le poste occupé. Ils avaient même le pouvoir de faire emprisonner un Roi. Ils jugeaient aussi les affaires de droit civil et pouvaient distribuer des amendes.

 


 

Autre vue du site

La Gérousie

 
   La Gérousie (ou Gérousia ou Gerousía, de gérôn, en Grec : γέρων “le vieillard“) fut l’équivalent Spartiate du Sénat, ce fut une assemblée aristocratique, par opposition à celle du peuple. C’était un conseil de 28 hommes âgés de plus de 60 ans, les Gérontes (En Grec : γέροντες), élus à vie, par acclamation, présidé par les deux Rois. Les Gérontes étaient recrutés dans les plus grandes familles. La procédure de recrutement est décrite par Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) dans sa “Vie de Lycurgue“. Cette limite d’âge correspondait à la fin de l’astreinte du service militaire.
 
   Le statut de Géronte était censé être réservé aux hommes les plus dignes. Une fois élu, le nouveau Géronte, la tête couronnée, visitait les sanctuaires Spartiates, accompagné d’un cortège de jeunes gens qui célébraient ses mérites. La Gérousie exerçait de grands pouvoirs politiques et judiciaires et constituait le tribunal suprême. Elle jugeait les crimes graves (Meurtres, procès politiques). En association avec les Éphores, elle pouvait juger aussi les Rois et départager des rivaux au cours d’une succession royale.
 
   C’est elle qui dirigeait la politique étrangère et formulait les propositions soumises à l’assemblée dont elle pouvait casser le vote en usant de son droit de veto. Dans la réalité, l’importance de la Gérousie fut assez exagérée dans les textes des auteurs anciens. Démosthène (Homme d’État Athénien, 384-322), Eschine (Homme politique Athénien, v.390-314), Pindare (Poète lyrique Grec, 518-438), Platon (Philosophe Grec, 427-346) etc… insistent sur le pouvoir et l’autorité des Gérontes, mais leur rôle politique était assez limité. Les textes anciens évoquent rarement la Gérousie et on trouve peu de traces de son intervention dans le domaine législatif. La politique étrangère étant généralement décidée par les Rois ou les Éphores, la Gérousie semble donc avoir eut, un pouvoir assez faible.

 

L’éducation  Spartiate

 
   Sparte était avant tout un état militariste et l’accent était mis sur l’aptitude militaire presque à la naissance. Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), peu de temps après celle-ci, la mère de l’enfant le baignait dans le vin pour voir si le nourrisson était fort. S’il survivait, il était porté devant la Gérousie par son père. Celle-ci décidait ensuite s’il devait être élevé ou non. S’il était jugé “chétif et difforme”, le nouveau-né était considéré comme une bouche inutile et une charge pour la cité et était jeté dans un gouffre, sur le mont Taygète, appelé par euphémisme : apothètes (ou apothetæ ou apothetēs, en Grec : ποθέτης” dépôts“). C’était une forme primitive d’eugénisme (Amélioration des caractères héréditaires de l’espèce humaine par une intervention délibérée).
 
   Il existe des preuves de ces pratiques sur des enfants non désirés dans d’autres régions de Grèce, notamment à Athènes. Mais pour Sparte cette affirmation, étant rapportée par le seul Plutarque, elle est aujourd’hui remise en doute par quelques archéologues, qui n’ont trouvé aucun ossement d’enfant à l’endroit indiqué. L’éducation par la suite était obligatoire, collective et organisée par la cité, elle visait à former des soldats disciplinés, efficaces et attachés aux biens de la cité. De ce fait, l’armée Spartiate était renommée comme la plus puissante du monde Grec. Lorsque les Spartiates mourraient, seule une pierre tombale était accordée aux soldats qui étaient morts au combat au cours d’une campagne victorieuse.

 


 

Statuette d’un athlète Spartiate
 – Musée du Louvre

Les garçons, l’agôgê

 
   L’éducation Spartiate ou agôgê (ou agōgē, en Grec : γωγή) était accessible aux hommes citoyens de Sparte. Elle présentait les particularités d’être obligatoire, collective et organisée par la cité. Les garçons jugés robustes, après avoir été élevés par des nourrices commençaient leur formation militaire à l’âge de sept ans, âge où ils étaient enlevés à leur famille et entraient dans le système agôgê. L’agôgê était conçue pour encourager la discipline et la résistance physique et souligner l’importance de l’État Spartiate. Cette forme d’éducation est établie par Lycurgue et ne prendra fin qu’à l’époque Romaine. Cependant elle reste encore mal connue. La plupart des sources en notre possession sont tardives. Nous savons que l’agôgê a connu au moins une interruption, imposée par la Ligue Achéenne au IIe siècle av.J.C.
 
   Il est donc difficile de savoir dans quelle mesure les descriptions Hellénistiques et Romaines peuvent également s’appliquer à la période archaïque et classique. En plus de l’apprentissage physique et de l’art de la guerre, où ils apprenaient à manier les armes, à marcher en formation, et surtout à obéir aveuglément aux supérieurs, les études des garçons portaient sur la lecture, l’écriture, la musique, la danse et le chant. Essentiellement, les élégies de Tyrtée, qui servaient de chants de marche.


 

Lanceur de javelot – 525-500 –
Temple d’Apollon Hypertéléatas
– Musée du Louvre

 
   Pendant l’adolescence, on mettait plutôt l’accent sur la pudeur, la décence. Vers l’âge adulte, on insistait sur l’émulation et la compétition, principalement pour devenir l’un des Hippeis “cavalier” de la garde royale. Ils vivaient à la dure, le crâne rasé et ils ne percevaient qu’un manteau (ou himation) par an et marchaient pieds nus. Bien que les garçons habitaient dans des sortes de “cantines” ils étaient sous-alimentés afin de les encourager à maîtriser leurs envies de vol de nourriture. Ils dormaient sur une paillasse de roseaux de l’Eurotas qu’ils avaient travaillé à la main. Des punitions spéciales étaient imposées, si les jeunes gens n’arrivaient pas à répondre à des questions sur leur éducation.
 
   Divers concours, combats rituels, flagellations au sanctuaire d’Artémis Orthia etc… visaient à mettre en avant les plus vigoureux et les plus endurants à la douleur. Cette éducation entendait former des soldats obéissants, efficaces et attachés à la cité, avant leur gloire ou leur bien-être personnel. À l’âge de douze ans, les garçons Spartiates, toujours dans le cadre de l’agôgê, étaient obligés de prendre un “ancien” comme mentor, généralement un homme célibataire. Il était prévu pour fonctionner comme une sorte de père de substitution et être un modèle à son partenaire, mais il a été également mis en avant que certains avaient des relations sexuelles entre eux (La nature exacte de la pédérastie Spartiate n’est pas entièrement claire).
 
   À l’âge de dix-huit ans, les jeunes garçons Spartiates devenaient membres de l’armée de réserve. En quittant l’agôgê après leur 20 ans, ils demeuraient embrigadés et intégraient les groupes de Sphareĩs (“joueurs de ballon“). Cet entraînement fit des Spartiates les soldats les plus redoutés de toute la Grèce classique. Après quoi certains étaient envoyés dans la nature avec seulement un couteau et étaient forcés de survivre grâce à leurs seules compétences et leur ruse. Cette autre formation était appelée la Krypteia. Les hommes Spartiates étaient tenus de se marier à l’âge de 30 ans, après avoir achevé la Krypteia. Plutarque rapporte les coutumes associées à la nuit de noces.

 

Les filles

 
   Nous avons moins d’informations concernant l’éducation des jeunes filles Spartiates, mais elles semblent avoir fait l’objet d’un assez vaste cycle d’éducation formelle, largement semblable à celui des garçons, mais avec bien sur moins d’accent sur la formation militaire. À cet égard, la Sparte classique est unique dans la Grèce antique. Dans aucune autre cité-État les femmes recevaient une éducation formelle. Cette éducation fut instituée à l’époque archaïque et elle se poursuivit à l’époque classique. Elle fut interrompue à l’époque Hellénistique et reprit probablement à l’époque Romaine. L’objectif était de faire des femmes Spartiates des mères capables de produire des enfants (surtout des mâles), sains et vigoureux, futurs soldats ou futures mères. L’éducation était dispensée à toutes les filles.
 


 

Vestiges d’un mur de la cité

   Contrairement aux garçons, elles restaient dans le foyer familial et disposaient donc d’une forme de loisirs et de vie privée. Les jeunes filles consacraient leur apprentissage, probablement auprès de leur mère et d’autres femmes de leur famille, à la danse et à la musique. Des figurines votives montrent des femmes jouant d’un instrument à vent, à cordes ou des percussions, et la poésie et le chant étaient appris en même temps. À l’époque archaïque, Sparte fit également venir des poètes, comme Alcman (Poète lyrique Grec), chargés d’apprendre aux jeunes filles à prendre part aux chœurs.
 
   À l’époque classique, on connaît quelques exemples de femmes sachant lire et écrire. Hérodote nous indique que ce fut le cas de la fille du Roi Cléomène I (520-490), Gorgô qui était la femme de son frère Léonidas I (490-480). Il raconte que lorsque le Roi Démarate (v.515-491) était en exil auprès du Roi Perse Xerxès I (486-465), il voulut prévenir les Grecs de la menace qui pesait sur eux, il envoya un message secret à Sparte, sous la forme d’une tablette de cire. Gorgô eut l’idée de faire gratter la cire, révélant ainsi le véritable message gravé sur le bois. D’après d’autres écrits il semble que les femmes Spartiates en général savaient effectivement lire.
 
   Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) cite également des lettres envoyées par des mères Spartiates à leurs enfants soldats. Même si le contenu édifiant de ces missives peut sembler douteux, il paraît raisonnable que mères et fils correspondaient par lettres pendant les conflits. On connaît deux poétesses Spartiates, toutes les deux de l’époque archaïque : Mégalostrata, citée par Alcman et Clitagora, mentionnée par Aristophane (Poète comique Grec, v.450-v.385) et Cratinos (Poète Grec, v.520-423). À l’époque classique, Chilonis, fille de Chilon, l’un des Sept Sages, fit partie des disciples de Pythagore (Mathématicien et Philosophe Grec, v.580-v.497) et Jamblique (Philosophe néo-platonicien, 242-325) mentionne 17 ou 18 pythagoriciennes Spartiates.
 
   Par le fait de leurs connaissances les femmes jouissaient d’un statut, d’un certain pouvoir et du respect, ce qui était inconnu dans le reste du monde classique. Elles contrôlaient leurs propres propriétés, ainsi que les propriétés des hommes de la famille lorsqu’ils étaient éloignés par l’armée. Il est estimé que les femmes étaient les seules propriétaires d’au moins 35% de toutes les terres et des biens de Sparte. Les lois concernant le divorce étaient les mêmes pour les hommes et les femmes. Contrairement aux femmes à Athènes, si une femme n’avait pas de frère elle devenait l’héritière de son père.

 


 

Dessin de Peter Connoly –
Greece and Rome at war –
London, 1981, p. 22

L’armée

 
   La force militaire de Sparte a fait de la ville l’une des principales cités-États de la Grèce. L’armée était au centre de l’État, dont l’obligation première des citoyens était d’être de bons soldats. Tous les citoyens en âge de porter les armes devenaient des hoplites (L’infanterie lourde des cités) à temps plein. Seule capable de mener à bien des manœuvres complexes sur le terrain, elle apparaît aux Grecs comme un modèle d’efficacité et de discipline. Grâce à leur formation dès la petite enfance, les Spartiates faisaient de leur armée l’une des plus disciplinées et la mieux entraînée. Ils étaient craints des forces militaires de tout le monde antique. À l’apogée de la cité, du VIe au IVe siècle av.J.C, il était communément admis qu’un Spartiate avait la valeur de plusieurs hommes d’un autre État.
 
   Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) écrit que la seule réputation des hoplites Spartiates : “Frappait d’effroi leurs adversaires qui, même avec des forces égales, ne se croyaient pas capables de lutter sur un pied d’égalité contre l’armée Spartiates“. Les citoyens Spartiates, les Homoioi, furent le noyau de l’armée, bien qu’au cours du Ve siècle, les Hilotes, qui normalement appartenait à la classe de serfs utilisés à cultiver les kleros Spartiates, furent enrôlés comme soldats dans des escarmouches. Ils participèrent même à l’Assemblée (ou Apella), ce qui est étrange car ils étaient censés être des soldats et rien d’autre, interdit d’apprendre ou d’exercer tout commerce.

 

L’origine

 
   Notre source principale pour l’organisation de l’Armée et les tactiques qu’elle utilisait est Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), qui admirait les Spartiates et dont la “Constitution de Sparte” offre un aperçu détaillé de l’État et la société Spartiate au début du IVe siècle av.J.C. D’autres auteurs, notamment Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395), vont nous fournir également des informations, mais elles ne sont pas toujours aussi fiables que celles de Xénophon. De ces écrits, il en ressort qu’en fait on sait peu de choses de l’ancienne organisation.
 
   Il y a encore aujourd’hui beaucoup de spéculations. Les premières formes d’organisation sociale et militaire (au VIIe siècle) semble avoir été les trois tribus : Hylleis, Dymanes et Pamphyloi qui apparaissent lors de la Deuxième Guerre de Messénie (685-668 ou 670-657 ou v.650-620). Une autre subdivision fut la fraternité (ou phratra). Finalement, ce système fut remplacé par cinq divisions territoriales, l’obai “villages“, qui fournissait un contingent de 1.000 hommes chacune. Cette organisation fut encore utilisée au cours des Guerres Médiques (499-490 et 480-479).

 

Composition  et  tactiques

 
   Sur le champ de bataille, les hoplites étaient donc groupés par sections, les énomoties, qui comptaient normalement un représentant de chaque classe mobilisée. Elles se déployaient par ordre d’âge croissant, les jeunes se trouvant au premier rang. Les changements dans l’organisation qui eurent lieu entre les Guerres Médiques contre les Perses et la Guerre du Péloponnèse (431-404) ne sont pas documentées, mais, selon Thucydide, qui décrivit de manière détaillée la composition de l’armée, à la bataille de Mantinée en 418 av.J.C :

   “Il y avait au combat …. 7 lochoi (ou loches ou lochos [bataillons]) subdivisés en 4 pentēkostys (ou pentécostyes [compagnie]) composées chacune de 4 groupes, les enōmotiai (ou énomoties) de 32 hommes, soit un total de 3.584 hommes. Pour chaque groupe, quatre hommes combattaient au premier rang. En ce qui concerne la profondeur, ils n’étaient pas tous rangés de la même manière, cela dépendait de chaque chef de bataillon, mais, en règle générale, ils se mirent sur huit rangs”.

 
   À la fin de la Guerres du Péloponnèse, la structure évolua, à la fois pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre et pour créer un système plus souple qui permettait d’envoyer des petits détachements sur la campagne ou en garnisons en dehors de leur patrie. Pour Xénophon qui, tout comme Thucydide, était un officier combattant, à cette époque, il n’y avait que 2 enōmotiai (ou énomoties) mais de 36 hommes, pour 1 pentécostyes (ou pentēkostys) et 2 pentékostyes pour 1 lochoi (ou loches ou lochos), et 4 lochoi pour un mora (ou more) “régiment” soit 576 hommes qui était commandé par un Polémarque et 6 moras formaient une armée en campagne, à laquelle s’ajoutaient les Skiritai (Habitant de la Skiritide) et les contingents d’États alliés.
 
   Au combat les Rois étaient accompagnées par un groupe de 300 hommes de la garde royale, qui étaient appelés hippeis “cavaliers“. En dépit de leur titre, les Rois étaient comme tous les hoplites dans l’infanterie Spartiates. En effet, les Spartiates ne vont pas utiliser de cavalerie jusqu’à la fin de la Guerres du Péloponnèse où de petites unités de 60 cavaliers vont être attachées à chaque mora.
 
   L’hippeis appartenait à la première mora et l’élite de l’armée Spartiate, déployée sur le côté droit de la ligne de bataille. Les hippeis étaient sélectionnés chaque année par un fonctionnaire spécialement accrédité, l’hippagretai, parmi les hommes qui avaient plusieurs fils, de sorte que sa lignée se poursuivait.
 
   Ce fut des hippeis qui accompagnèrent le Roi Leonidas (490-480) dans son célèbre dernier combat de la Bataille des Thermopyles. Comme les autres États Grecs, l’infanterie de l’armée Spartiate, avait une tactique dans la lutte basée sur la formation en phalange. Les Spartiates eux-mêmes n’ont pas introduit de changements importants ou d’innovations en matière de tactique guerrière, mais leur constante ténacité et la discipline leurs ont permis de faire de superbes phalanges beaucoup plus cohérentes et efficaces. Les Spartiates employaient la phalange dans le style classique, en une seule ligne, de manière uniforme avec une profondeur de 8 à 12 hommes.

 

Vêtements et armement

 
   Les Spartiates utilisaient le même type d’équipement pour leurs hoplites que leurs autres voisins Grec : Bouclier rond, casque souvent représenté portant une crête transversale de crin, cuirasse, lance, xiphos (Courte épée de 30 cm. environ servant d’arme secondaire) et cnémides (Éléments de protection des tibias). Les seules caractéristiques distinctives Spartiates étaient leurs tuniques (ou chiton) et un manteau court de couleur pourpre (ou himation). Les cheveux longs, que les Spartiates conservaient étaient commun à la plupart des Grecs. Pour les Spartiates cela représentait le symbole d’un homme libre. Une autre caractéristique très connue des hoplites Spartiates était le symbole, adopté en 420 av.J.C, la lettre lambda (Λ), peinte sur le bouclier, pour Laconie ou Lacédémone. Il semble que chaque cité avait adopté son propre signe.


 

Reconstitution d’une phalange Spartiate

 
   Il est souvent contesté, par quelques spécialistes, une armure de torse qu’auraient portée les Spartiates au cours des Guerres Médiques contre les Perses. Cependant cela semble très probable, qu’ils utilisaient des cuirasses de bronze sculptées du type linothorax. Au cours de la fin du Ve siècle av.J.C, quand la guerre est devenue plus souple et à grande échelle et que les affrontements de phalanges sont devenus rares, les Grecs ont abandonné la plupart des formes d’armure.
 
   Le Lacédémonien a adopté une nouvelle tunique, l’exōmis, qui était aménagée de telle façon que les bras à la hauteur de l’épaule soient plus libres d’action dans le combat. Les Spartiates ont conservé la phalange hoplite traditionnelle jusqu’aux réformes de Cléomène III (235-219) lorsqu’il a rééquipé l’armée avec la sarisse Macédonienne et reformé la phalange dans le même style.

 

La marine

 
   Les Les Spartiates furent une armée de terre par excellence. Au cours des Guerres Médiques contre les Perses, ils ont toutefois constitué une petite marine de 20 trirèmes, mais ils se reposaient pour la guerre navale en grande partie sur leurs alliés, principalement les Corinthiens. Ce fait signifie que, lorsqu’éclata la Guerre du Péloponnèse (431-404), les Spartiates eurent de suite la suprématie sur terre, alors que les Athéniens avaient la maitrise des mers. Les Spartiates ravagèrent l’Attique, mais les Athéniens réussirent à se maintenir grâce aux ravitaillements par la mer et purent pratiquer leurs propres raids autour du Péloponnèse avec leur marine.


 

Trirème – Mosaïque au Musée du Bardo – Tunis

 
    Ces faits poussèrent Sparte à la création, avec l’or Perse, d’une marine de guerre afin de contenir Athènes. Le Spartiate Lysandre en fut nommé Navarque (Commandant). Il écrasa la flotte Athénienne à la bataille d’Aigos Potamos en Septembre 405. La même année le Roi Agis II (426-398) mit le siège devant Athènes. La prédominance de cette cité en mer Égée fut rompue. La suprématie Spartiate sur mer fut cependant de courte durée et ne survécu à la Guerre de Corinthe. En 394 une bataille à Cnide, sur les côtes de Carie au bord du golf Céramique, opposa les flottes Perse et Spartiate.
 
   Ces derniers furent battus et perdirent 50 navires marquant la fin de leur brève suprématie navale. Le coup de grâce fut donné 20 ans plus tard, lors de la bataille de Naxos en 376. Une petite flotte fut mise sur pieds périodiquement par la suite, mais son efficacité resta limitée, la dernière renaissance de la puissance navale Spartiate se fit sous le Tyran Nabis (207-192) qui, avec l’aide de ses alliés Crétois créa une flotte pour contrôler les côtes de Laconie.

 


 

Buste d’un hoplite casqué –
Musée archéologique de Sparte.

Les hoplites

 
   L’hoplite (ou hoplítês, en Grec : Oπλίτης, de hóplon “arme“) fut un soldat lourdement armé, par opposition au gymnète qui fut un fantassin léger. Les hoplites constituèrent l’infanterie lourde des cités Grecques antiques. Ils combattaient en phalange, formation qui se répandit dans toute la Grèce, probablement de 700 à 650. Cette datation traditionnelle se fonde sur un passage de “la Politique” d’Aristote (Philosophe Grec, 384-322) évoquant le remplacement des combattants à cheval par la phalange hoplitique. Ce qui est certain c’est que des évolutions ont eu lieu à cette époque dans l’armement. La cuirasse fut modifiée, le bouclier se vit adjoindre une seconde courroie, permettant une meilleure prise.
 
   On assista aussi à l’incorporation de non nobles dans les hoplites et l’entraînement régulier requis pour pouvoir effectuer des manœuvres en formation donna à la classe moyenne un sens de cohésion qui eut d’importantes conséquences politiques : Les Hippeis (ou cavaliers) de la garde royale perdirent leur prestige et les hoplites réclamèrent un rôle plus grand dans le gouvernement. Puisque cette classe sociale participa à la défense de la cité, elle eut logiquement la parole lorsqu’il s’agit de partir en guerre. Les hoplites accédèrent également à d’autres domaines de la vie politique dans les cités démocratiques.
 
   L’équipement des hoplites, qui avoisine les 35 kg, comprenait : Un bouclier rond, un casque souvent représenté portant une crête transversale de crin, une cuirasse qui se répandit jusqu’en Étrurie et à Rome vers la fin du VIIe  siècle, une lance, une xiphos (Courte épée de 30 cm environ servant d’arme secondaire) et des cnémides (Éléments de protection des tibias). Presque tous les hommes célèbres de la Grèce antique, dont les philosophes et les dramaturges, ont combattu comme hoplites. Les plus connus étaient les hoplites Spartiates, qui étaient formés au combat et à l’art de la guerre dès l’enfance. Cette formation ajoutée à une très grande discipline ont donné aux hoplites Spartiates une incontestable suprématie pendant des siècles.

 

Pour plus de détails voir : L’hoplite
et la constitution militaire dans la Grèce classique

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
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Probouleusis, Sparta’s contribution to the technique of government, Clarendon Press, Oxford, 1954.
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L’odyssée de l’éducation spartiate, Historical publ. St D. Basilopoulos, Athènes, 1999.
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Voir la bibliographie sur l’histoire de Sparte à :
Sparte, les Agiades Sparte, les Eurypontides

 

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