Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille de Cynocéphales –
Bataille de Pydna
par  © Alvise Czarnocki Lucheschi   
 

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Sommaire
 

Présentation
Le contexte
Les effectifs
Le prélude
Le déroulement
Après la bataille
Bibliographie

Bataille  de  Cynocéphales

197

Libre interprétation de la
bataille de Cynocéphales 
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Présentation

 
   La bataille de Cynocéphales (ou Cynoscéphales ou Cynoscephalae ou Kynoskefalos ou Naumachia tēs Kynoskephalai, en Grec : Ναυμαχία της Κυνός Κεφαλών) se déroula en 197 av.J.C, au cours de la Deuxième Guerre Macédonienne (200-197). Elle eut lieu au Nord de Pharsale, le long de la route de Larissa, en Thessalie, entre les petits villages Zoodochos et Chalciades, au lieu-dit Kynoskefalos (En Grec : Κυνοσϰέϕαλος : “tête de chien“). Elle fut la confrontation entre l’armée Romaine menée par Titus Quinctius Flamininus (Homme politique et Général Romain, 228-174) et l’armée Macédonienne dirigée par le Roi de Macédoine Philippe V (En Grec : Φίλιππος Ε’, 221-179).
 

Le contexte

 
   Avant même de déclarer la guerre à Philippe V (En Grec : Φίλιππος Ε’, 221-179), Rome essaya de choisir une voie diplomatique. Pour les Romains, l’accord était simple, le Macédonien devait arrêter d’harceler les villes Grecques ainsi que les alliés de Rome et il devait payer une compensation pour les dommages infligés au Roi de Pergame Attalos I Sôter (ou Attale ou Attalus). Philippe V se montra, très arrogant. En effet, la Première Guerre Macédonienne n’avait pas apporté de grandes pertes à son royaume et il s’imaginait aussi qu’après la guerre avec Carthage, Rome ne serait plus capable d’intervenir de manière efficace sur le sol Grec.
 
   Or, en 200, elle réussit, tout de même, à envoyer deux légions sous le commandement de Publius Sulpicius Galba Maximus (Consul en 211), qui cantonna, pendant l’hiver, près de la ville d’Apollonie d’Illyrie (Sur la rive droite de la Vjosa actuelle). La stratégie que Galba voulait utiliser pour battre Philippe V, était une stratégie en “pinces”. Son idée était d’attaquer le royaume Macédonien sur plusieurs fronts. Malheureusement pour lui, il n’eut aucun succès avec cette stratégie. À part une petite bataille, il n’arriva jamais à engager un vrai combat avec l’armée Macédonienne. Son successeur, Publius Villius Tappulus (Consul en 199), n’eut d’autre choix que de rester dans ses quartiers hivernaux. En 198, Philippe V positionna son armée dans une gorge près de la rivière Aous (ou Aoös, aujourd’hui Vjosa, au Nord-ouest de la Grèce, dans la Montagne du Pinde). Sa stratégie était d’empêché une avancée Romaine en territoire Macédonien.
 


 

Pezhetairos Macédonien tardif

   Lorsque Villius apprit cela, il décida d’attaquer Philippe V, mais il fut remplacé par Titus Quinctius Flamininus (Homme politique et Général Romain, 228-174). Celui-ci réussit, avec l’aide des guides locaux, à contourner la gorge avec environ 4.000 soldats. Pour ne pas être pris au piège, Philippe V fut obligé de se retirer, Le Macédonien repositionna ses troupes dans la vallée de Tempé et prépara la résistance contre Rome. L’hiver obligea les légions Romaines à se retirer vers le golfe de Corinthe et de construire là leurs quartiers. Les quelques succès de Flamininus convainquirent la Ligue Achéenne (Alliée alors à Philippe V) de se rallier elle aussi à Rome. La situation du Roi devenant dès lors très critique, il négocia un traiter de paix. Flamininus, qui arrivait vers la fin de sa charge, accepta. Cette fois ci, pourtant, la chance ne sourit pas à Philippe V.
 
   En effet, Rome voulait que, ce dernier, abandonne tous ses territoires en Illyrie et en Grèce, Attalos I en voulait une partie pour les dommages causés à son royaume, Rhodes voulait que le Macédonien abandonne ses conquêtes en Asie Mineure et la Ligue Étolienne demandait les territoires perdus lors de la Première Guerre Macédonienne. Étrangement, Philippe V fut prêt à accepter une grande partie de ces conditions mais il refusa d’abandonner trois forteresse stratégiques pour lui : Démétrias (ou katharevousa ou Dimitrias, en Magnésie, dans la partie orientale de la Thessalie), Chalcis et Acrocorinthe (L’acropole de Corinthe). Dans le même temps, Flamininus fut élu Proconsul pour l’an suivant et ainsi le Sénat décida de le laisser au commandement de l’armée en Grèce. Les négociations, au sujet des forteresses, échouèrent et la guerre continua. En 197, la bataille décisive que les Romains avaient tant souhaitée, allait finalement avoir lieu à Cynocéphales (ou Cynoscéphales).

 

Les effectifs

 
   Les effectifs de chaque camp pour la bataille de Cynocéphales (ou Cynoscéphales), sont encore aujourd’hui discutés. On trouve des chiffres différents en fonction des sources. Les spécialistes retiennent en grande partie cette description :
Le Général Titus Quinctius Flamininus (Homme politique et Général Romain, 228-174), aurait eu une armée avec un total d’environ 32.400 ou 32.900 hommes :
– De base, 2 légions, mais avec un nombre de légionnaires dépassant la moyenne, soit 22.000 légionnaires (20.000 fantassins, 2.000 hommes d’infanterie légère) ; 2.000 cavaliers (on trouve aussi selon les sources 2.500) ; 6.000 hommes de l’infanterie Étolienne ; 400 cavaliers Étoliens ; 1.200 fantassins Athamaniens ; 800 hommes d’infanterie Crétoise et 20 éléphants de guerre Numides.
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) et Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.) donnent respectivement 24.500 et 26.500 hommes.
De son côté, le Roi de Macédoine Philippe V (En Grec : Φίλιππος Ε’, 221-179), possédait environ 24.000 ou 27.000 hommes :
– 16.000 phalangistes ; 4.000 hommes infanterie légère (2.000 peltastes et 2.000 hommes d’infanterie Thrace) ; 2.000 (5.000 selon
Plutarque) mercenaires venant de Crète, d’Illyrie et de Thrace ainsi qu’environ 2.000 cavaliers Macédoniens et Thessaliens.
 

Le prélude

 
   L’armée de Titus Quinctius Flamininus (Homme politique et Général Romain, 228-174) s’approcha lentement de celle de Philippe V (En Grec : Φίλιππος Ε’, 221-179), près de la ville de Phères (En Thessalie). Ils envoyèrent tous les deux des éclaireurs. Ceux-ci se rencontrèrent et engagèrent le combat avant de se retirer chacun dans son camp. Les deux chefs d’armée voulaient éviter d’engager le combat sur un terrain défavorable à leurs troupes, mais aussi à cause de la pluie et du brouillard qui minimisait la visibilité. Leurs armées continuèrent donc à marcher pratiquement parallèlement. Arrivées au lieu-dit de Cynocéphales, elles s’arrêtèrent et montèrent leurs camps pour la nuit. Au matin, les deux Généraux décidèrent d’envoyer un détachement d’infanterie légère comme avant-garde sur une colline, pour y prendre position. À nouveau, les détachements se rencontrèrent sur le sommet de celle-ci et engagèrent un combat qui fut remporté par les Macédoniens.


 

Buste de Philippe V –
Palazzo Massimo – Rome

 
   Lorsque Flamininus vit que son détachement avait perdu l’avantage, il décida de faire sortir toute son armée du camp et il la positionna en formation de bataille. Du côté Macédonien, suite à la victoire sur la colline, les officiers et messagers de Philippe V lui apportèrent le message suivant : "Roi, les ennemis sont en fuite : ne négligez pas une occasion si belle. Les barbares ne peuvent nous résister. À nous aujourd’hui les chances, à nous la victoire" (Polybe, Livre XVIII, 18.23.). Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C) décrivit les hauteurs de Cynocéphales comme raides, inégales et élevées et il n’avait pas tort, c’est pour cette raison que Philippe V hésitait à engager le combat du fait du terrain défavorable. De plus, il ne s’était pas encore bien préparé pour la bataille. Cependant l’excitation qui se créa avec et tous les espoirs mit dans cette bataille prirent le dessus et le Macédonien décida à son tour de positionner ses troupes pour affronter les légions Romaines.
 
   Flamininus organisa son armée en deux "corps". Celui de gauche, occupé par une légion et la cavalerie (Protégeant l’aile de gauche) et celui de droite avec les éléphants, positionnés devant la deuxième légion et la cavalerie (Protégeant l’aile droite). L’armée de Flamininus se trouvait à la base de la colline, tandis que Philippe V occupait les hauteurs de celle-ci. Pourtant, son armée n’était pas complète lorsqu’il engagea le combat. En effet, il était parti en avance avec sa première phalange et la cavalerie et avait laissez sa deuxième phalange sous le commandement du Général Nicanor (ou Nikánôr, en Grec : Nικάνωρ), surnommé “l’éléphant“, qui devait encore positionner ses troupes sur l’aile gauche Macédonienne.

 

Le déroulement

 
   Titus Quinctius Flamininus (Homme politique et Général Romain, 228-174) avança avec son côté gauche vers la colline, tandis que son côté droit (Avec les éléphants) resta, au début, en arrière. Philippe V (En Grec : Φίλιππος Ε’, 221-179) répondit immédiatement en attaquant les forces de Flamininus qui avançaient avec sa première phalange et sa cavalerie. Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C) décrit ainsi la scène :
"Les deux armées se heurtèrent avec une violence et un fracas épouvantables ; chacun poussa en même temps le cri de guerre, et les troupes restées en dehors du combat encourageaient par leurs clameurs celles qui y étaient engagées. C’était une scène imposante et terrible" (Polybe, Livre XVIII, 18.25.).
 
   Cependant, vu que Philippe V attaquait du haut de la colline, les pezhetairoi Macédoniens eurent le dessus sur les soldats Romains. Pourtant, la légion manipulaire combattait de façon beaucoup plus libre, que la phalange Macédonienne très compacte. Ainsi, la première légion put manœuvrer plus efficacement, même si l’ennemi la repoussait lentement vers le bas de la colline. De plus, les hastati Romains de la première ligne, pouvaient, avec leurs grands boucliers, facilement se protéger face aux lances adverses en serrant simplement les rangs. Les pezhetairoi Macédoniens, de leur côté, durent faire face aux javelots Romains. N’ayant aucune vraie protection, les phalangistes étaient une cible facile pour les pila Romains et les morts causés par ces derniers, rendirent l’avancée de la phalange difficile.
 
   Les hastati Romains n’avaient pas non plus de difficultés à déjouer les lances Macédoniennes et ainsi engager, dans certains cas, un combat à l’épée, où ils étaient beaucoup plus expérimentés que les Macédoniens. Quoi qu’il en soit, tandis que sur le côté gauche, la bataille faisait rage, le côté droit Romain resta inactif. À un certain moment, pourtant, Flamininus ordonna à ce dernier d’attaquer la deuxième phalange qui ne s’était pas encore formée. Lorsque celle-ci vit les éléphants et les hastati, princeps et triarii Romains charger, les phalangistes préférèrent se retirer plutôt que de former les rangs et résister à l’attaque.
 
   C’est à ce moment que, selon Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.) et Polybe, environ 2.500 soldats de la deuxième légion, menés par un Tribun, firent volte-face et attaquèrent l’arrière de la première phalange qui combattait encore contre la première légion. Rapidement la panique se propagea à travers les lignes Macédoniennes, qui ne purent engager le combat, avec leurs lances, sur l’arrière. Philippe V, voyant la situation désespérée, décida de fuir, plutôt que de rester sur le champ de bataille. Bien que la première légion fut celle qui eut le plus de morts, la perte totale Romaine tourna autour des 700 hommes, tandis que du côté Macédonien, les pertes furent d’environ 8.000 hommes et 5.000 prisonniers. On peut donc conclure que ce fut le manque d’organisation, ainsi que la négligence de la cavalerie, qui causèrent la défaite de Philippe V de Macédoine.

 

Après la bataille

 
   Le Roi Philippe V (En Grec : Φίλιππος Ε’, 221-179) comprenant que la bataille était perdue réussit à s’enfuir malgré une première poursuite des hommes de Titus Quinctius Flamininus (Homme politique et Général Romain, 228-174). Selon Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C) et Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.), 8.000 Macédoniens furent tués et 5.000 furent fait prisonniers. Comme pour les effectifs, les chiffres en fonction des sources changent nettement puisque certaines affirment 32.000 Macédoniens tués, voire d’un autre auteur le chiffre exagéré de 40.000. Aujourd’hui la majorité des spécialistes pensent que Polybe est la source la plus digne de confiance sur cette question.
 

    Les Romains perdirent environ 2.000 hommes et eurent beaucoup de blessés. Il est généralement admis (Avec plus tard la bataille de Pydna), que cette défaite démontra la supériorité des légions Romaines sur les phalanges Macédoniennes. La phalange, bien que très puissante et compacte, n’était pas aussi flexible et rapide que la formation manipulaire Romaine et donc incapable de s’adapter aux conditions changeantes du champ de bataille ou de rompre rapidement un engagement si nécessaire.
 
   Cette remarque est contestée par certains spécialistes qui soulignent que les Romains n’obtinrent la victoire que du fait que l’aile gauche Macédonienne n’eut pas le temps de complètement se former, mais cela peut également confirmer la lourdeur de la phalange par rapport à la légion.

   Dans tous les cas, le résultat de la bataille de Cynocéphales fut un coup fatal aux aspirations politiques de Philippe V. En 196, le Roi accepta les termes du traité de paix précédent et abandonna ses prétentions sur les trois forteresses : Démétrias (ou katharevousa ou Dimitrias, en Magnésie, dans la partie orientale de la Thessalie), Chalcis et Acrocorinthe (L’acropole de Corinthe), qu’il voulait absolument maintenir. De plus il dut payer une indemnité de 1.000 talents, rendre la majeure partie de sa flotte et fournir un certain nombre d’otages, y compris son plus jeune fils Démétrios, comme garantie pour la paix. La Macédoine ne fut plus en mesure pendant plus de 20 ans de contester l’expansion géopolitique de Rome. Bien que la paix permit à Philippe V de garder son royaume intact, Flamininus proclama que d’autres États Grecs précédemment sous domination Macédonienne étaient maintenant libres.

 
Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Ryan R.Abrecht :
Flamininus, Titus Quinctius (c.228–174 bce), The Oxford Encyclopedia of Ancient Greece and Rome, Oxford University Press, Oxford, New York, January 2010.
Frank Ezra Adcock :
The Greek and Macedonian art of war, University of California Press, Berkeley, 1957.
Gregory S.Aldrete :
The decisive battles of world history, Teaching Co., Chantilly, VA, 2014.
Peter Connoly :
– Greece and Rome at War, Greenhill Books, Londres, 1981 et 1998. 
Robert Malcolm Errington :
A history of Macedonia, University of California Press, Berkeley, 1990.
Andrew Erskine :
Cynoscephalae, Battle of, Oxford University Press, Oxford, New York, 1997.
Andrea Frediani :
Le grandi battaglie di Roma Antica : I combattimenti e gli scontri che hanno avuto come protagonista la città eterna, Newton Compton, Roma, 2009. 
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond et Frank William Walbank :
A history of Macedonia : Volume III : 336-167 B.C., Clarendon Press, Oxford, 1972 et New York, 1988.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond :
The campaign and the battle of Cynoscephalae in 197 BC, pp : 60-82, Journal of Hellenic Studies 108, 1988.
René Ginouvès :
La Macédoine : De Philippe II à la conquête Romaine, CNRS Éditions, Paris, 1993.
Adrian K.Goldsworthy :
Cynoscéphales, bataille de (197 bc), The Oxford Companion to Military History, Oxford University Press, Oxford, New York, 2001.
Jessica Homan Clark :
Triumph in defeat : Military loss and the Roman republic, Oxford University Press, Oxford, New York, 2014.
John Thornton :
Le guerre macedoniche, Carocci editore, cop., Roma, 2014
Frank William Walbank :
Philip V of Macedon, University of Cambridge. Hare prize, University Press, Cambridge, 1940.
Valerie M.Warrior :
The initiation of the Second Macedonian War : An explication of Livy Book 31, F. Steiner, Stuttgart, 1996.

 

 

Sommaire
 

Présentation
Le contexte
Les effectifs
Le prélude
Le déroulement
Après la bataille
Bibliographie

Bataille  de  Pydna

22 Juin
168

Libre interprétation de la
bataille de Pydna 

 

Présentation

 
   La bataille de Pydna (ou Púdna ou Pydnai, en Grec : Πύδνα ou Naumachia tēs Pydnai, en Grec : Ναυμαχία της Πύδνας) se déroula la 22 Juin 168 av.J.C, au cours de la Troisième Guerre Macédonienne (172-168). Elle eut lieu près de Pydna, ville la plus importante de Piérie dans le Nord de la Grèce, dans le golfe de Thessalonique. Elle fut la confrontation entre l’armée Romaine menée par le Consul Lucius Aemilius Paullus Macedonicus (ou Paul Émile le Macédonique, Général et homme d’État, v.230-160), et l’armée Macédonienne dirigée par le Roi de Macédoine Persée (ou Perseus, en Grec : Περσεύς, 179-168). Elle mit fin à la Troisième Guerre Macédonienne par la défaite totale de Persée. Elle entraîna la chute de la monarchie des Antigonides et la division du royaume de Macédoine en quatre républiques indépendantes. Elle fut également une étape importante dans l’expansion de l’Empire Romain à l’Est de la Méditerranée. Cette bataille a montré également la suprématie de la légion Romaine sur la rigidité de la phalange Macédonienne.
 

Le contexte

 
   Sans aucun doute, les premières batailles de la Troisième Guerre Macédonienne (172-168) auraient déjà pu commencer en 172. En effet, avec son armée, le Roi de Macédoine Persée (ou Perseus, en Grec : Περσεύς, 179-168) aurait pu attaquer les garnisons Romaines en Grèce et prendre position près de la côte Ouest de la péninsule Grecque. Pourtant, il ne fit pas cela et décida de choisir la voie diplomatique et de trouver un accord favorable. Cependant, en 171 les premières troupes Romaines (Composés de deux légions ainsi que d’un grand nombre d’auxiliaires) débarquèrent au port d’Apollonia (ou Sosopolis, en Grec : Σωσόπολις, sur les côtes de Thrace). À leur tête, se trouvait le Consul Publius Licinius Crassus (Préteur en 176, Consul en 171, à ne pas confondre avec celui du triumvirat). Très rapidement, les différents “peuples” Grecs commencèrent à choisir leurs camps : Les Thessaliens, les Étoliens, les Boétiens ainsi que les Achéens furent favorable à Persée, tandis que Rome se retrouva avec ses anciens alliés, notamment Pergame et Rhodes et, dans un premier temps, le Roi d’Illyrie Genthios (ou Gentios ou Gentius, en Grec : Γένθιος, 180-168).


 

Représentation d’un
triarius Romain

 
   À Pella, capitale Macédonienne, Persée (Convaincu par ses Généraux) annonça finalement devant son conseil que la guerre commençait. Le but premier de Rome était d’atteindre la Thessalie. Or, Persée les attendait près de Larissa (Importante ville de Thessalie) et réussit, en 171, durant la bataille de Callinique (ou Callinicos ou Kallinikos ou Callinicus, en Grec : Καλλίνικος), à battre les troupes Romaines. Cette victoire solidifia l’alliance d’une grande partie du monde Grec avec la Macédoine. Dans le même temps, le Préteur Romain Marcus Lucretius s’occupa avec sa flotte d’attaquer les villes portuaires de Béotie. L’armée Romaine battue, marcha à travers les régions de la Thessalie, mais, sous l’ordre de Publius Licinius Crassus, évita tout contact avec l’armée Macédonienne. En 170, Persée, de son côté, réussit à signer un accord de paix avec Genthios (ou Gentios ou Gentius) d’Illyrie, qui s’était retourné contre Rome.
 
   Pour cette dernière, la situation commençait à devenir de plus en plus critique. En 169, ce fut Quintus Marcius Philippus (Préteur en 189, Consul en 186 et 169) qui fut nommé à la tête des Romains. Le but de celui-ci, étaitt d’engager Persée dans une grande bataille. Au début, le sort sembla être favorable à Rome. Philippus réussit à traverser le passage de Lapathus (Près du Mont Olympe) et à se diriger vers la Macédoine. Persée dut alors reformer ses troupes en toute hâte près de la ville fortifiée de Pydna (ou Púdna, en Grec : Πύδνα, ville la plus importante de Piérie), pour arrêter l’armée Romaine, mais cette dernière n’atteignit pas son but car elle dut se retirer pour manque de nourriture. En 168 le Sénat décida d’envoyer un nouveau Consul en Grèce : Lucius Aemilius Paullus Macedonicus (ou Paul Émile le Macédonique, Général et homme d’État, v.230-160), fils du Lucius Aemilius Paullus mort durant la bataille de Cannes.
 
   Paullus allait avoir du succès là, où ses prédécesseurs avaient échoué. Il réussit à engager le combat contre Persée. Il posa ce dernier face à un dilemme, soit il affrontait l’armée Romaine, soit il risquait la présence des légions en pleine Macédoine. Bien que l’armée Macédonienne adoptait une technique de défense et de fuite durant les deux dernières années, cette fois-ci les légions de Paullus réussirent à la pousser au combat. Le 22 Juin 168, l’armée Macédonienne affronta les Romains près de Pydna.    

 

Les effectifs

 
   Les effectifs de chaque camp pour la bataille de Pydna (ou Púdna, en Grec : Πύδνα), sont encore aujourd’hui discutés. On trouve des chiffres différents en fonction des sources. Les spécialistes retiennent en grande partie cette description :
Le Consul Lucius Aemilius Paullus Macedonicus (ou Paul Émile le Macédonique, Général et homme d’État, v.230-160), aurait aligné un total d’environ 30.000 à 39.000 hommes :
– 2 légions complètes ; Un grand nombre d’infanterie auxiliaire, venant des cités Grecques alliées et de l’Italie ; 4.000 cavaliers, avec auxiliaires inclus et 22 éléphants de guerre de Numide.
De son côté, le Roi de Macédoine Persée (ou Perseus, en Grec : Περσεύς, 179-168), avait un total de 47.000 hommes (on trouve aussi 44.000) :
– 23.000 phalangistes ; 4.000 cavaliers Thraces et Macédoniens ; 4.000 hypaspistes et 16.000 mercenaires Thraces et Helléniques.

 

Le prélude

 
   Dans un premier temps le Roi de Macédoine Persée (ou Perseus, en Grec : Περσεύς, 179-168) avait pris position près du Mont Olympe, tandis que les Romains avaient fait leur camp au Sud de la ville d’Héraclée (Se trouvant aux bords du Mont Olympe). Le Consul Lucius Aemilius Paullus Macedonicus (ou Paul Émile le Macédonique, Général et homme d’État, v.230-160) décida alors d’envoyer un contingent de 8.000 hommes et 120 cavaliers, sous le commandement de Publius Cornelius Scipio Nasica (Consul en 191) et Quintus Fabius Maximus Aemilianus (Consul en 145), pour contourner le Mont Olympe et ainsi prendre l’armée de Persée à revers, tandis que le gros de son armée l’attaquerait de face. Or, un déserteur Romain informa le camp Macédonien du plan de Paullus. Persée envoya alors immédiatement un détachement de 12.000 hommes pour bloquer les troupes de Nasica et Maximus Aemilianus, mais il fut battu et renvoyer vers son camp.

Statère or de Persée

 
   Si Persée n’agissait pas immédiatement il courrait le risque d’être prix en tenailles par les Romains. Il décida donc de lever le camp et de se retirer quelques kilomètres au Nord près de Pydna, dans un plaine qui était favorable aux mouvements de ses phalanges. De plus, l’avant et l’arrière de son armée étaient protégés par deux rivières : La première était la rivière Leukon et la deuxième la rivière Aeson. Lorsque l’armée de Paullus arriva à bouts de forces (Du fait d’une longue marche forcée), le Commandant ordonna de préparer un camp sur une colline proche.
 
   Selon Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.), cette même nuit, il y eut une éclipse de lune. Tandis que les officiers Romains surent rassurés leurs soldats en leur disant qu’il s’agissait d’un phénomène naturel, “les Macédoniens, au contraire, y virent un présage funeste, annonçant la ruine du royaume et l’anéantissement de leur nation. Ce prodige s’accordait d’ailleurs avec les prédictions de leurs devins. Aussi, de leur camp ne cessa de retentir des cris et des hurlements, jusqu’à ce que le disque de la lune eût reparu”;
 
   Le jour d’après, les Commandants des deux armées ordonnèrent à leurs hommes de se tenir prêts pour le combat. Cependant, aucun des deux n’osait faire le premier pas. Chez Paullus l’organisation et la construction du camp n’était pas encore terminée et chez Persée l’occasion de pouvoir attaquer des troupes fatiguées et épuisées, de la longue marche, était passée. Ainsi une grande partie de la matinée s’écoula sans combat majeur.

 

Le déroulement

 
   À un certain moment de l’après-midi, des contingents des deux armées allèrent chacun vers les deux rives respectives de la rivière Leukon, pour chercher de l’eau. Selon Selon Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.), tout à coup, un cheval s’échappa du côté Romain et voulut traverser la rivière. Trois soldats Romains voulurent le récupérer, mais rencontrèrent au milieu du fleuve deux soldats Thraces qui voulaient faire la même chose. Les Romains tuèrent un des Thraces avant de retourner dans leur camp. Furieux, le contingent Thraces passa la rivière et engagea le combat contre le contingent Romain. Ceci fut l’étincelle, qui déclencha la bataille.
 
   * Il convient de préciser que, certains historiens sont, sur cette histoire du cheval, d’opinion différente de celle de Tite-Live. Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), par exemple, prétend que la fuite du cheval avait été causée intentionnellement par Paullus, pour obliger les Macédoniens à attaquer
 
   Le Roi de Macédoine Persée (ou Perseus, en Grec : Περσεύς, 179-168) ordonna immédiatement à ses troupes de se former et de se diriger vers le Leukon. Paullus voyant cela, ordonna aux siennes de descendre la colline et de se former rapidement près de la rivière. Les deux armées, utilisaient leurs tactiques de formation typiques. D’un côté, les Macédoniens placèrent les pezhetairoi au centre de leur formation, les hypaspistes sur le côté droit, entre la cavalerie lourde (Les "Compagnons", commandés par Persée) et la phalange, tandis que les peltastes et l’infanterie légère et Thrace occupaient le côté gauche de la formation Macédonienne. Le reste de la cavalerie prit position sur l’aile gauche. Les Romains de leur côté, placèrent les manipules au centre, tandis que les auxiliaires et la cavalerie occupaient les deux côtés respectifs des légions. Les éléphants se trouvaient sur l’aile droite. Plutarque nous décrit que l’avancement de l’armée Macédonienne laissa les Romains "bouche bée". En effet, cette masse de lances et de boucliers reflétant les rayons du soleil, ne pouvait qu’intimider une armée adversaire. Il est dit que même Paullus en fut impressionné.

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Persée se rendant à Paullus,
par Jean-François Pierre Peyron – 1802 –
Musée des Beaux-arts – Budapest

 
   Les phalanges Macédoniennes passèrent le Leukon. Paullus, voyant que son aile droite, avec l’infanterie alliée, ainsi que les éléphants et la cavalerie, n’était pas encore formée, ordonna aux deux légions centrales, ainsi qu’à son aile gauche, d’avancée et d’engager en les phalanges qui arrivaient. Cependant, face au mur de lances que présentaient les Macédoniens, les hastati eurent d’énormes difficultés à les traverser. Il y avait trop de lances qui décimaient les hommes ayant le courage de se rapprocher. Plutarque nous décrit dans la ” Vie de Paul-Émile (Chapitre XVIII, 57)», ” […] la solidité de cette haie de boucliers et la dureté du choc des piques.
 
   Toute tentative d’assaillir l’aile droite Macédonienne fut empêchée par les 4.000 hypaspistes qui combattaient avec courage. Le centre de l’armée Romaine était repoussé lentement et Paullus fut obliger de faire retirer ses hastati pour laisser la place aux principes. À ce moment-là, eurent lieu deux faits qui changèrent le sort de la bataille. Premièrement, l’aile droite Romaine réussit à se former et attaqua immédiatement l’aile gauche Macédonienne. La cavalerie Macédonienne ainsi que les Thraces et les peltastes furent terrassés par la charge de la l’aile gauche Romaine, notamment par les éléphants. Deuxièmement, la phalange Macédonienne, en repoussant les manipules Romaines se rapprocha de plus en plus de la colline, dont le terrain était accidenté. Les pezhetairoi eurent des difficultés à maintenir les formations. Les Romains, se trouvant maintenant sur une position plus haute par rapport aux Macédoniens, réussirent à pénétrer les phalanges à différents endroits.
 
   Les phalangistes n’eurent aucune chance, dans le combat rapprocher, contre les manipules Romaines et durent laisser tomber leurs lances pour pouvoir utiliser l’épée. Ces faits provoquèrent une réaction en chaîne. Attaquée sur plusieurs côtés (et surtout par les éléphants sur leur revers), l’armée Macédonienne fut littéralement massacrée. Le plus étonnant, pourtant, fut que Persée et ses “Compagnons” n’engagèrent pas du tout (Ou sans influence majeure sur le sort de la bataille) le combat. Dès que celui-ci vit l’évolution de la bataille, il se retira avec sa cavalerie, abandonnant les hypaspistes à leur triste destin (Les vraies raisons de sa retraite ne sont, encore aujourd’hui pas claires).
 
   Les 4.000 hypaspistes furent massacrés et l’armée Macédonienne subit d’énormes pertes. Comme pour les effectifs les chiffres sont très différents en fonction des sources. On retient côté Macédonien entre 20.000 et 25.000 soldats tués et 11.000 prisonniers. Tandis que les Romains n’en perdirent que quelques milliers, le nombre le plus commun est 1.000 morts, mais on trouve aussi 700 morts et 400 blessés. Ce fut (Comme pour la bataille de Cynocéphales) le manque d’intervention de la cavalerie, ainsi que le changement de terrain de combat, qui causa la perte de l’armée Macédonienne.

 

Après la bataille

 
   Le Roi de Macédoine Persée (ou Perseus, en Grec : Περσεύς, 179-168) se retira du champ de bataille et fuit alors à Pella, accompagné seulement par quelques fidèles et 500 mercenaires Crétois. Puis il tenta de gagner la Thrace par la mer, mais il échoua et fut contraint de se rendre et de se constituer prisonnier. Il fut traduit devant le Consul Lucius Aemilius Paullus Macedonicus (ou Paul Émile le Macédonique, Général et homme d’État, v.230-160) qui le traita avec bonté, puis l’année suivante, il fut amené à Rome ainsi que des dignitaires, pour participer au triomphe du Romain organisé le 30 Novembre 167.
 
   Il fut ensuite incarcéré à Alba Fucens (Colonie Romaine, à 105 km. de Rome, dans les Apennins, dans la région des Abruzzes, à quelques km au Nord du lac Fucin) dans un endroit inconnu. Il décéda deux ans plus tard dans sa prison, mort de faim, selon certains témoignages. Ce ne fut pas le dernier conflit entre les deux rivaux, mais il brisa tous pouvoirs Macédonien. Les conséquences politiques de la bataille perdue furent sévères. Après la bataille de Pydna, le royaume de Macédoine fut divisé en quatre États “républicains” soumis à l’autorité de Rome. Toute alliance entre ces quatre États était strictement interdite. Les nobles furent dépourvus de tous leurs pouvoirs. Pourtant, Rome décida de ne pas intégrer la Macédoine dans son territoire, elle se contenta de la voir comme “Protectorat”. Le Sénat pensait au début l’occupée comme “État conquit”, mais cette idée fut rejetée à cause du manque de troupes en Grèce.
 
   Même sur la péninsule Grecque, Rome montra sa puissance. Il y eut une purge impitoyable, en punissant tous les “Philomacédoniens”, citoyens prétendument anti-Romains dénoncés par leurs compatriotes et déportés en grand nombre (Chiffre estimé à 300.000). En 167, Paullus reçut l’ordre d’attaquer l’Épire, entraînant l’asservissement de 15.000 Épirotes. Cela eut lieu en dépit du fait que le royaume n’avait pas aidé à combattre Persée. La bataille de Pydna et ses conséquences politiques marquèrent la fin effective de l’indépendance Macédonienne, bien que l’annexion formelle ne fût que quelques années plus tard. Puis les troupes Romaines furent retirées de Grèce. Même si Rome ne montra pas d’intérêt direct pour la Grèce, elle montra tout de même son pouvoir et inspira de la crainte et de la méfiance chez les Grecs.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Frank Ezra Adcock :
The Greek and Macedonian art of war, University of California Press, Berkeley, 1957.
Peter Connoly :
– Greece and Rome at War, Greenhill Books, Londres, 1981 et 1998.
Mariano Desideri :
La Macedonia dopo la battaglia di Pidna, Studio bibliografico A.Polla, Roma, 1978.
Robert Malcolm Errington :
A history of Macedonia, University of California Press, Berkeley, 1990.
Andrew Erskine :
Pydna, Battle of, Oxford University Press, Oxford, 2004.
Nic Fields, Gerry A.Embleton, Sheila Embleton et Martin Windrow :
Roman battle tactics, 390-110 BC, Long Island City, Oxford, Osprey, 2010.
Andrea Frediani :
Le grandi battaglie tra Greci e Romani : Falange contro legione : Da Eraclea a Pidna, tutti gli scontri tra opliti e legionari, Newton Compton, Roma, 2012.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond et Frank William Walbank :
A history of Macedonia : Volume III : 336-167 B.C., Clarendon Press, Oxford, 1972 et New York, 1988.
Adrian K.Goldsworthy :
Pydna, battle of (168 bc), Oxford University Press, Oxford, 2004.
Jessica Homan Clark :
Triumph in defeat : Military loss and the Roman republic, Oxford University Press, Oxford, New York, 2014.
Panagiōtēs Kanellopoulos :
Apo ton Marathōna stēn Pydna ki hōs tēn katastrophē tēs Korinthou 490-146 p. Ch., Éditeur inconnu, Athènes, 1963.
Jerzy Lindersky
– Roman officers in the year of Pydna, pp : 53-71, American journal of philology 3, N°1, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1990.
John Rich et Graham Shipley :
War and society in the Greek world, Routledge, London, New York, 1993.
John Thornton :
Le guerre macedoniche, Carocci editore, cop., Roma, 2014
Frank William Walbank :
Philip V of Macedon, University of Cambridge. Hare prize, University Press, Cambridge, 1940.

 

 

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