Les  cités  d’Eubée  :
Chalcis  et  Érétrie

 

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Chalcis

 

Localisation et généralités

 
   Chalcis (ou Chalkis ou Chalkida ou Khalkís ou Halkídha, en Grec : Χαλκίς ou Χαλκίδα) est la principale ville de l’île (et aujourd’hui du district régional) d’Eubée. Elle est située sur le détroit de l’Euripe (ou Europos ou Euripos). Elle est le siège d’un évêché de l’Église de Grèce : La Métropole de Chalcis.


 

Drachme argent de Chalcis

 
   Le nom de Chalcis, conservé de l’Antiquité, est dérivé du Grec : χαλκός khalkós “cuivre, bronze” et de ses fabriques d’armes dans ces matières, bien qu’il n’y ait aucune trace de mines dans la région. À la fin du Moyen-âge, elle fut connue sous le nom de Négrepont (en Grec : Νεγροπόντε, en Latin : Negroponte, “pont noir“), un nom donné par les Vénitiens qui fut appliqué aussi à l’ensemble de l’île d’Eubée.
 
   Aristote (Philosophe Grec, 384-322), mourut sur l’île en 322 av.J.C après avoir quitté Athènes pour la succession de la famille de sa mère à Chalcis. Chalcis fut la patrie d’Isée (ou Isaĩos, en Grec : ‘Iσαος, v.420-v.340 av.J.C.) qui fut l’un des dix orateurs attiques ; de Xénophile de Chalcis (En Grec : Ξενόφιλος, IVe siècle av.J.C.) qui fut un philosophe pythagoricien et musicien Grec ; de Lycophron de Chalcis (ou Lukóphrôn ho Khalkideús, en Grec : Λυκόφρων Χαλκιδεύςv.290-v.250) qui fut un Grammairien et poète.

 

L’histoire ……..

 
   La plus ancienne mention de Chalcis est enregistrée dans l’Iliade (Iliade II – 537), où elle fut mentionnée sur la même ligne que sa rivale Érétrie. Il est également établi que des navires au départ pour la guerre de Troie, commandés par Elephenor, se réunirent à Avlis, la rive Sud du détroit à proximité de la ville. Des chambres de tombeaux datant de l’époque Mycénienne (v.1450-v.1200) furent excavées par Geōrgiou A.Papavasiliou en 1910.
 
   Dès le IXe siècle av.J.C. Chalcis fut une cité puissante dirigées par des Grecs Ioniens d’Attique, d’où partirent au VIIIe et VIIe siècle de nombreux colons qui fondèrent de nombreuses colonies dans la Grande-Grèce (ou Magna Grecia ou hê megálê Hellás ou Magna Græcia, côtes méridionales de la péninsule Italienne) et la Sicile, comme Cumes, Rhegium (ou Reggio de Calabre), Catane et Lentini (ou Léontinoï), et sur la côte de la Macédoine, en Chalcidique et dans le Nord de la mer Égée où elle fonda plus de trente cités. Cela ouvrit de nouvelles routes commerciales et permit à la cité d’exporter son produit minéral, le travail des métaux, de la pourpre et de la poterie parmi ces établissements. Les produits étaient distribués dans toute la Méditerranée dans les navires de Corinthe et de Samos.
 


 

Musée archéologique de Chalcis

   Chalcis et Érétrie furent des cités rivales et semblent avoir été aussi puissante l’une que l’autre pendant un certain temps. Comme le précise Victor Parker, un des premiers grands conflits militaires dans l’histoire Grecque eut lieu entre elles vers 700 av.J.C., et est connu sous le nom Guerre Lélantine, dans lequel de nombreuses autres cités Grecques prirent également part. Chalcis défit sa rivale et à la suite de cette victoire domina tout Eubée. Vers 506 av.J.C., la prospérité de la ville fut brisée, Chalcis fut complètement détruite par les Athéniens, à la suite de la défaite de la coalition réunissant les Béotiens et Chalcidiens.
 
   Les Athéniens chassèrent l’aristocratie au pouvoir et établirent une clérouquie sur le site (Assignation par tirage au sort de lots de terre civique (kleros) à des soldats-citoyens). Après ce conflit, Athènes implanta 4.000 colons Attiques en Chalcidique et colonisa tout Eubée affaiblie par la guerre interne entre Chalcis et Érétrie et les villes furent réduites à une dépendance Athénienne pendant plusieurs siècles. Chalcis devint ensuite un membre forcé de la Ligue de Délos (ou 1ère et 2ème Confédération Athénienne, en Grec : Δηλιακή συμμαχία, 477-404).
 
   Vers 480 av.J.C., lors de la Deuxième Guerre Médique, la bataille navale du cap Artémision, situé au Nord-est de l’ile d’Eubée, la flotte Grecque commandée par Thémistocle (525-460) et Eurybiade de Sparte tint tête trois jours à la flotte Perse et se replia à l’annonce de la mort du Roi de Sparte Léonidas I (490-480) aux Thermopiles, à l’île de Salamine où devait avoir lieu une autre bataille navale le 29 Septembre 480. Chalcis participa à cette dernière avec 80 navires et envoya un contingent à la bataille de Platées. Chalcis et Érétrie qui pendant les Guerres Médiques avaient réussi à se libérer de la tutelle Athénienne, perdirent de nouveau progressivement leur influence au détriment de cette dernière, qui vit Eubée comme un territoire stratégique. L’île était une source importante de céréales et de bétail, et son contrôle signifiait qu’Athènes pouvait empêcher l’invasion de l’Attique et mieux protéger ses routes commerciales de la piraterie.
 
   Plusieurs révoltes des cités Eubéennes contre Athènes furent réprimées au cours du Ve siècle. Une autre lutte entre les villes d’Eubée et la cité de l’Attique éclata en 446. Dirigés par Périclès (v.495-429), lorsque les Eubéens formèrent la Ligue Eubéenne, les Athéniens écrasèrent la révolte et prirent Histiée (ou Talantia ou Istiée ou Histiaea ou Istiaía ou Istiea) dans le Nord de l’île. Finalement, profitant des déboires d’Athènes pendant la Guerre du Péloponnèse (431-404), ces villes retrouvèrent leur indépendance en 411/410 après une dernière révolte menée par Érétrie.
 
   Puis, à la toute fin du Ve siècle et au IVe siècle eurent lieu sur l’île d’Eubée des tentatives de constituer un État fédéral, qui se rapprocha des Thébains, la nouvelle puissance qui dominait la région. La situation politique fut ensuite marquée par une instabilité, avec des périodes de Tyrannie dans les villes d’Érétrie et de Chalcis, et des dissensions internes entre les partisans d’Athènes et de la démocratie et les partisans de la Macédoine en pleine ascension. Vers 402 av.J.C., on enregistre à Chalcis un Tyran au nom d’Antiléon, dont parle Aristote (Philosophe Grec, 384-322). L’auteur nous dit ensuite que vers 400 av.J.C., Phoxus (ou Phobius selon Plutarque) fut tué par le peuple. Vers 387, Ménésarque qui avait insulté les Athéniens, demanda secours pour le défendre aux Thébains. Il fut le père de deux fils, Taurosthène et Callias qui lui succéda.
 
   À Érétrie, le Tyran Plutarque (ou Ploutarchos) fut chassé par une intervention Athénienne dirigée par Phocion (ou Phokion, Stratège et orateur Athénien, 402-318). La démocratie fut progressivement rétablie dans l’île d’Eubée à partir de 341 lorsqu’une nouvelle intervention Athénienne chassa les Tyrans, Clitarque (ou Cleitarchus ou Cleitarchos ou Kleitarchos) d’Érétrie, qui avait succédé à Plutarque (ou Ploutarchos) et Philistidès d’Oraioi (ou Oréos ou Oreus ou Oréi). Vers 340, le Tyran de Chalcis Callias, qui succéda à son père Ménésarque, prit parti contre les Athéniens il fut également vaincu par Phocion (ou Phokion), il demanda modestement la paix et de ce fait il réussit à conserver une relative souveraineté de sa ville jusqu’à sa mort. On ne sait si son frère lui succéda ou mourut avant lui.
 


 

Forteresse Kanithos (ou Karababa) – Chalcis

   Chalcis participa aux affaires Grecques jusqu’à ce qu’elle tombe sous le contrôle de Philippe II (359-336) de Macédoine après la bataille de Chéronée en 338 av.J.C. À cette époque la ville gagna de l’importance car établie en tant que forteresse. Elle fut l’une des bases stratégiques des Macédoniens pour le contrôle de la Grèce centrale et joua un rôle lors des Guerres des Diadoques. En 207 av.J.C les Romains, conduits par Servius Sulpicius Galba, attaquèrent Eubée qui était dépendante de la Macédoine du Roi Philippe V (221-179) dans leurs guerres contre ce dernier, mais sans succès. Au début, seule la ville d’Histiée, à l’extrémité Nord de l’île fut touchée directement par les opérations. Puis Chalcis, en 199, subit une attaque du Légat Caius Claudius.
 
   Puis l’année suivante, en 198, les habitants d’Érétrie et ceux de Carystos furent confrontés aux armées Romaines. Arrivés par voie de mer avec une flotte importante, les Romains prirent les cités, aux mains de garnisons Macédoniennes. Selon Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.) les cités se livrèrent aux vainqueurs. Les opérations militaires furent conduites par Lucius Quinctius Flamininus, frère du Consul Titus Quinctius Flamininus de 198, mais ce fut ce dernier qui mena finalement les négociations en vue de définir pour les cités un nouveau statut. Chalcis ne fut formellement libérée de la tutelle Macédoniennes qu’en 196.
 
   En 194, après avoir fait partir toutes les garnisons Romaines, Titus Quinctius Flamininus créa en Eubée, avec Chalcis pour capitale et Amarynthos comme centre religieux, un véritable État fédéral, dont l’existence est confirmée par des inscriptions et des monnaies. Mais en 192, cette nouvelle Confédération Eubéenne sombra dans la Guerre dite "Antiochique", qui vit le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187), intervenir en Grèce aux côtés de la Ligue étolienne, ennemis de Rome. Chalcis où, pourtant se trouvait une importante faction proromaine, ouvrit ses portes au Roi libérateur, et les Eubéens furent obligés de suivre le mouvement, qui les mettait subitement au centre d’un conflit, qui fut assez vite réglé au profit des Romains. La même année les Romains réoccupèrent Chalcis et tuèrent ses habitants. Grâce à l’intervention de l’ancien Consul Flamininus, les autres cités Eubéennes, qui avaient aidé le Séleucide furent épargnées par le vainqueur. Toujours selon Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.), en 191, Antiochos III au cours de son séjour à Chalcis tomba amoureux d’Eubée (ou Euboea ou Euboia, en Grec : Εύβοια), la fille du premier citoyen de Chalcis, Kleoptolème (ou Kléoptolémou), qu’il épousa.
 
    Au cours du IIe siècle av.J.C, Chalcis put reconstituer une partie de ses ressources, puisqu’elle fut avec Athènes et Érétrie la seule cité de Grèce à pouvoir émettre, vers 180-170, une monnaie d’argent. Elle fut ensuite touchée par la Guerre d’Achaïe, soulèvement, en 146, de la Ligue Achéenne et de la Béotie presque tout entière contre le pouvoir de Rome, suivi de répressions féroces par le Consul Lucius Mummius Achaicus qui acheva la conquête de la Grèce. La ville fut une alliée des Achéens dans la guerre et elle fut reconquise et détruite par le Consul Lucius Mummius Achaicus.
 
   Toutes les cités d’Eubée furent incorporées dans la république Romaine. Sous sa domination, Chalcis retrouva la prospérité commerciale mais elle souffrit de la guerre entre Rome et le Roi du Pont Mithridate VI (120-63) en 88 qui la conquit et s’en servit comme base pour envahir la Grèce. Après la chute de ce dernier, la cité redevint propriété de Rome et une assez importante cité provinciale. En 27 av.J.C. les citées d’Eubée furent officiellement intégrées dans l’Empire Romain avec la création de la province d’Achaïe. Elle suivit alors l’histoire de la région ne jouant plus une place prépondérante dans la politique. Au cours des IVe et Ve ap.J.C. elle subit les attaques des Goths. Elle fut restaurée par l’Empereur Justinien le Grand (527-565 ap.J.C.). À partir de ce VIe siècle, elle servit encore comme forteresse pour la protection de la Grèce centrale contre les envahisseurs du Nord.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Chalcis voir les ouvrages de :
  
Jack Martin Balcer :
The Athenian regulations for Chalkis : Studies in Athenian imperial law, Franz Steiner Verlag, Wiesbaden, 1978.
Simon Cornelis Bakhuizen et Rob Kreulen :
Chalcis-in-Euboea, iron and Chalcidians abroad, E.J.Brill, Leiden, 1976.
Jack M.Balcer :
The Athenian regulations for Chalkis : Studies in Athenian imperial law, F.Steiner, Wiesbaden, 1978.
Hermann Bengtson :
Herrschergestalten des Hellenismus, C.H.Beck, München, 1975.
Simon Cornelis Bakhuizen et Rob Kreulen :
Chalcis-in-Euboea, iron and Chalcidians abroad, E.J.Brill, Leiden, 1976.
Denis Knoepfler :
Les relations des cités eubéennes avec Antigone Gonatas et la chronologie delphique au début de l’époque étolienne, Bulletin de correspondance hellénique, PERSEE, 1995.
Victor Parker :
Untersuchungen zum Lelantischen krieg und verwandten problemen der frühgriechischen geschichte, F.Steiner, Stuttgart, 1997.
Olivier Picard :
Chalcis et la Confédération eubéenne : Étude de numismatique et d’histoire, IVe-Ier siècle, École Française d’Athènes, Athènes, 1979 – Diffusion de Boccard, Paris, 1979.
Richard Glen Vedder :
Ancient Euboea : Studies in the history of a Greek island from earliest times to 404 B.C., University Microfilms International, Ann Arbor, 1978.
Edouard Will :
Histoire politique du monde hellénistique : 323-30 av.J.C., Impr. Berger-Levrault, Nancy, 1966 – Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1979 et 1982 – Editions du Seuil, Paris, 2003.

 

 

 

Érétrie

 


 

Vue des vestiges du théâtre

Localisation et généralités

 
   Érétrie (ou Eretria, en Grec : Ερέτρια) était située sur la côte occidentale de l’île d’Eubée et elle contribua largement au développement et au rayonnement de la civilisation Grecque. Les premières fouilles archéologiques sur son site eurent lieu en 1885 par la société archéologique d’Athènes et l’École Américaine. Depuis 1964, elle fait l’objet de recherches archéologiques conduites par l’École Suisse d’archéologie en Grèce (ESAG) et de publications dans le cadre de la collection Eretria, Fouilles et Recherches. La vie politique d’Érétrie fut marquée par la figure du philosophe Ménédème (v.350–v.277, philosophe Grec).
 

L’histoire …….

 
   Les plus anciennes traces de fréquentation du site remontent à la fin du Néolithique (Néolithique Récent v.3500-3000). Elles sont attestée par quelques tessons de céramique et par des objet en pierre taillée, recueillis sur le sommet de l’acropole, ainsi qu’en plaine, tout près du littoral. La période qui suivit, l’Helladique Ancien (v.3000–2000), est mieux connue. L’occupation du site se densifia, particulièrement dans la plaine. Un important établissement succéda au précédent sur les côtes et dura près d’un millénaire. Datant de l’Helladique Moyen (v.2000-1600), divers bâtiments ont été mis au jour, dont l’un a été interprété comme un grenier. Un four de potier mis au jour, exceptionnellement bien préservé, est aujourd’hui exposé au Musée d’Érétrie. L’établissement devait être étendu, si l’on en juge par de récentes découvertes faites dans le sanctuaire d’Apollon Daphnéphoros, distant d’environ 150 m. L’occupation du site côtier diminua vers 2000, ce que corroborent les analyses de sédiments pour se réinstaller plus haut sur l’acropole.
 
   Un habitat de type village y prospéra, avec des maisons et des ruelles, des tombes, implantées dans les cuvettes naturelles de la roche ont été mises au jour. La céramique trouvée de cette période se compose essentiellement de vaisselle à usage domestique et de quelques vases plus fins en argile lissée. L’occupation de l’acropole perdura à l’époque Mycénienne (v.1450-v.1200 av.J.C) où Eubée tomba sous sa domination. Toutefois seuls quelques tessons de céramique de cette époque et une petite structure que l’on interprète comme un poste d’observation érigé sur des soubassements plus anciens ont été mis au jour. La plus ancienne mention écrite d’Érétrie est enregistrée dans l’Iliade (Iliade II – 537), où elle fut mentionnée dans le catalogue des vaisseaux sur la même ligne que sa rivale Chalcis, fournissant des navires et des troupes à Agamemnon en vue de l’expédition contre Troie.


 

Ruines des murs ouest de la ville –
Photo avant retouches : École Suisse d’Archéologie

 
   Au cours de la période dite “âges sombres” (ou Période Intermédiaire – XIe-Xe siècles av.J.C.), qui fit suite, l’absence de vestiges dans les environs d’Érétrie donne l’impression d’un abandon du site, dont il reste à déterminer s’il fut total ou partiel. Au IXe siècle av.J.C., des tombes et de la céramique témoignent d’une présence peu importante, puisqu’aucun habitat contemporain n’a été mis au jour jusqu’ici. Au cours du VIIIe siècle av.J.C. apparaissent les marques d’un habitat beaucoup plus important. Les constructions se multiplièrent signe d’un accroissement rapide de la population. Comme celui du site proche de Lefkandi décline à la même période, un transfert d’habitants est à envisager. L’habitat s’étendit du bord de la mer au pied de l’acropole. Il semble qu’à cette époque Érétrie passa à une société de type “polis”.
 
   Beaucoup pensent que comme sa rivale Chalcis, Érétrie fut dirigée par des Grecs Ioniens d’Attique, d’où partirent au VIIIe et VIIe siècle de nombreux colons qui fondèrent de nombreuses colonies dans la Grande-Grèce (ou Magna Grecia ou hê megálê Hellás ou Magna Græcia, côtes méridionales de la péninsule Italienne), la Sicile et en Chalcidique. On sait que la ville fut active dans l’établissement de relations commerciales avec l’Orient et durant les premières étapes de cette colonisation Grecque. Les objets d’origine Égéenne, orientale ou Égyptienne découverts dans la ville indiquent qu’Érétrie était reliée à plusieurs réseaux d’échanges commerciaux. D’autre part, l’écriture alphabétique fit une apparition précoce à Erétrie, sous la forme de graffiti sur la céramique. La cité constitua l’un des foyers de diffusion dans le monde Grec de cette importante innovation.
 
   Dans la seconde moitié du VIIIe siècle av.J.C., Érétrie évolua rapidement et sa communauté se dota de nouveaux lieux de culte. Les dernières décennies du VIIIe siècle, virent la ville prendre un essor important. Chalcis et Érétrie furent des cités rivales et semblent avoir été aussi puissante l’une que l’autre pendant un certain temps. Comme le précise Victor Parker, un des premiers grands conflits militaires dans l’histoire Grecque eut lieu entre elles vers 700 av.J.C., et est connu sous le nom Guerre Lélantine, dans lequel de nombreuses autres cités Grecques prirent également part. Chalcis défit Érétrie et à la suite de cette victoire domina tout Eubée. Au cours de la seconde moitié du VIe siècle av.J.C., Érétrie entra dans une phase particulièrement mouvementée de son histoire. Ce fut au milieu de ce siècle que la cité se dota de remparts. Vers 540 av.J.C, elle accueillit le Tyran d’Athènes Pisistrate (ou Peisitratos ou Peisistratus ou Pisistratus, en Grec : Πεισίστρατος, v.600-527), et ses fils, en exil, qui y récoltèrent des fonds et y levèrent des mercenaires en provenance de toute la Grèce pour reprendre le pouvoir à Athènes. Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) ce fut à Erétrie que Pisistrate et les siens s’embarquèrent pour reconquérir le pouvoir en Attique.
 
   Lors de la Première Guerre Médique, en 499, le Roi Perse Darius I (522-486) dut faire face à la révolte des cités d’Ionie et de Carie. Une escadre d’Erétrie de dix navires se porta avec la flotte Athénienne au secours des Milésiens et des autres Grecs d’Ionie. En 493 Darius I décida de se venger d’Athènes et d’Érétrie pour leur soutien à la révolte et il prépara une expédition punitive contre les cités. En 490, l’armée Perse, dirigée par les Généraux : Artapherne, pour l’armée de terre et Datis pour la flotte, traversa la mer Égée et se dirigea sur l’Attique avec 600 navires et entre 25.000 et 50.000 soldats. L’armée atteignit la pointe Sud d’Eubée s’empara de Carystos et pilla la ville. Érétrie menacée à son tour, demanda l’aide d’Athènes qui envoya 4.000 colons Athéniens de Chalcis. Cependant, les Érétriens, divisés, capitulèrent après six jours de siège.


 

Ruines du Heroon
Photo avant retouches : École Suisse d’Archéologie

 
   La ville fut pillée, et sa population en partie déportée en captivité près de Suse, leur présence y est attestée jusqu’au début du IVe siècle av.J.C. Cependant pour beaucoup de spécialistes il n’est guère facile d’évaluer l’impact de cet événement sur les habitants et les édifices de la cité. Car si les sanctuaires furent incendiés, rien ne prouve que toute la ville fut rasée ou réduite en cendres. D’autre part, la déportation ne toucha qu’une partie réduite de la population, beaucoup d’Érétriens ayant pu trouver refuge dans les zones montagneuses du territoire, restées inaccessibles à l’armée Perse. Continuant sur sa lancée, en Septembre 490, l’armée débarqua, sur les conseils de l’ancien Tyran d’Athènes, Hippias (527-510), sur la côte orientale, sur la plage qui borde la plaine de Marathon, à environ 40 km. d’Athènes qui devait affronter seule l’envahisseur. 
 
   Après la bataille de Marathon (Septembre 490) Érétrie fut reconstruite un peu plus loin de son emplacement d’origine, mais même si elle fut en mesure de maintenir son classement comme deuxième ville la plus importante de l’île, elle ne retrouva jamais son ancienne prépondérance. Aristagoras (494-?) de Milet Souleva les Cités Grecques d’Ionie contre les Perses. Il s’empara de plusieurs navires Achéménides et Phéniciens et il proclama ensuite l’égalité des cités Ioniennes. Mais cette alliance manquait toutefois de moyen et de stratège militaire. Les cités demandèrent alors de l’aide aux Grecs du continent.
 
   Sparte, qui était divisée par la rivalité de ses deux Rois Cléomène I (ou Cléomènes, 520-490) et Démarate (v.515-491), refusa. Seules Athènes avec 20 bateaux et Érétrie avec 5 bateaux acceptèrent. Cette coalition Ionienne, malgré son faible effectif, on pense qu’elle n’avait pas plus de 2.000 hommes, tint tête aux Perses et les premiers combats lui furent même favorables. Les Érétriens participèrent, tant sur mer que sur terre, à la lutte contre l’invasion du Roi Perse Xerxès I (486-465)  lors de la Seconde Guerre Médique en 480 et 479. Des émissions monétaires en argent, frappées dès le milieu du Ve siècle av.J.C. et jusque vers 430/425 av.J.C., attestent d’une certaine prospérité.
 
   Cependant, après ce conflit, tout comme les autres Eubéens, les Érétriens eurent à compter avec les ambitions d’Athènes qui transforma progressivement en un empire autoritaire la Ligue où beaucoup de cités adhéraient, fondée en 478. La cité Attique colonisa tout Eubée et les villes furent réduites à une dépendance Athénienne pendant plusieurs siècles. Chalcis et Érétrie qui pendant les Guerres Médiques avaient réussi à se libérer de la tutelle Athénienne, perdirent de nouveau progressivement leur influence au détriment de cette dernière, qui vit Eubée comme un territoire stratégique. L’île était une source importante de céréales et de bétail, et son contrôle signifiait qu’Athènes pouvait empêcher l’invasion de l’Attique et mieux protéger ses routes commerciales de la piraterie. Plusieurs révoltes des cités Eubéennes contre Athènes furent réprimées au cours du Ve siècle.


 

Ruines des murs de l’acropole

 
   Une de ces luttes entre les villes d’Eubée et la cité de l’Attique éclata en 446. Dirigés par Périclès (v.495-429), lorsque les Eubéens formèrent la Ligue Eubéenne, les Athéniens écrasèrent durement la révolte et prirent Histiée (ou Talantia ou Istiée ou Histiaea ou Istiaía ou Istiea) dans le Nord de l’île. Finalement, profitant des déboires d’Athènes pendant la Guerre du Péloponnèse (431-404), notamment l’issue catastrophique de l’expédition Athénienne en Sicile, les Érétriens, dès 413, préparèrent une nouvelle révolte. Le renversement de la démocratie à Athènes vers 411, suivie de peu par la défaite, devant le port d’Érétrie, d’une escadre Athénienne face à la flotte Péloponnésienne commandée par un Amiral de Sparte, leur fournit l’occasion de réaliser leur projet. Les villes d’Eubée retrouvèrent leur indépendance en 411/410 après une dernière révolte menée par Érétrie.
 
   En Septembre 405, le Lacédémonien Lysandre (Homme politique et Navarque de Sparte) infligea aux Athéniens l’ultime défaite navale à la bataille d’Aigos Potamos (Plus de 3.000 hommes furent faits prisonniers). Un chef d’escadre d’Érétrie, Autonomos, fils de Samios, se trouvait au nombre des Navarques vainqueurs. Cette libération du joug Athénien permit aux Érétriens d’étendre leur État en direction du Sud de l’île, aux dépens notamment de la petite ville de Styra, qui devint l’un des quelque soixante dèmes de l’Érétriade.
 
   Puis, à la toute fin du Ve siècle et au IVe siècle eurent lieu sur l’île d’Eubée des tentatives de constituer un État fédéral. Lors de ce renouveau politique, il est clair que les Érétriens ne pouvaient pas rester éternellement en conflit avec des voisins aussi proches que les Athéniens, économiquement et culturellement si influents. La réconciliation arriva dix ans après la fin de la Guerre du Péloponnèse (431–404). En 394 fut signé un traité de paix entre Athènes et Érétrie. Cette alliance connut des hauts et des bas dans les décennies suivantes.
 
   En 378/7, les Érétriens, comme leurs voisins de Chalcis et de Carystos, soutinrent Athènes en vue de reconstituer une nouvelle Ligue maritime, mais le renouveau de l’impérialisme Athénien après 375 ne tarda pas à les inquiéter. Ils se détachèrent alors de la cité Attique pour s’allier aux Thébains désormais en situation de force. Les Eubéens firent une première tentative pour constituer une Confédération de cités, comme le montrent des émissions de monnaies.
 
   La situation politique fut alors marquée par une instabilité, avec des périodes de Tyrannie dans les villes d’Érétrie et de Chalcis, et des dissensions internes entre les partisans d’Athènes et de la démocratie et les partisans de la Macédoine en pleine ascension. À partir de 366, date d’un coup de main d’Érétrie pour prendre la cité d’Oropos (Ville portuaire de l’Attique située à la frontière de la Béotie) avec l’appui de Thèbes, la situation de la cité commença à devenir très critique, tant sur le plan intérieur, que sur le plan international, toute la Grèce se trouvant alors en proie à d’interminables conflits. Les Érétriens furent ballottés entre oligarques et démocrates que conduisaient des chefs de faction n’aspirant en réalité qu’au pouvoir autoritaire, comme le Tyrans Plutarque (ou Ploutarchos).
 
   En 341, ce dernier fut renversé et chassé par une intervention Athénienne dirigée par Phocion (ou Phokion, Stratège et orateur Athénien, 402-318). La démocratie fut progressivement rétablie dans la ville et dans l’île d’Eubée à partir de cette date lorsqu’une nouvelle intervention Athénienne chassa les Tyrans, Clitarque (ou Cleitarchus ou Cleitarchos ou Kleitarchos) qui avait succédé à Plutarque (ou Ploutarchos) et Philistidès d’Oraioi (ou Oréos ou Oreus ou Oréi). Les Érétriens rétablirent la démocratie et ils promulguèrent une loi contre la Tyrannie et l’Oligarchie.

 


 

Ruines des temples dans
le sanctuaire d’Apollon Daphnéphoros –

Photo avant retouches : École Suisse d’Archéologie

   Érétrie participa aux affaires Grecques jusqu’à ce qu’elle tombe sous le contrôle du Roi de Macédoine, Philippe II (359-336) après la bataille de Chéronée en 338 av.J.C., où ce dernier remporta une grande victoire contre une coalition Grecque, dont faisaient partie les cités Eubéennes fédérées en une Confédération. La plupart des États de Grèce tombèrent sous la tutelle du Roi, puis, à partir de 336, sous celle de son fils Alexandre le Grand (336-323). Toutefois, Érétrie garda tout de même une petite marge de manœuvre sur le plan politique. Par exemple les Érétriens refusèrent, à l’annonce de la mort Alexandre, d’adhérer à l’insurrection d’Athènes et de plusieurs autres cités de Grèce, contre le pouvoir Macédonien. Par cet acte de soutient ils espéraient récupérer Oropos et ses territoires que les Athéniens avaient récupérés en 335, donnés par Alexandre et ce fut ce qui arriva.
 
   Entre la Guerre Lamiaque (ou guerre Hellénique), conflit qui se déclencha à la mort d’Alexandre le Grand en Juin 323 qui opposa des cités Grecques révoltées, parmi lesquelles Athènes, aux Macédoniens menés par Antipatros (Régent 321-319), et la Guerre Chrémonidéenne, conflit qui opposa de 268 à 261 une coalition de cités Grecques menée par Athènes et Sparte avec le soutien des Lagide contre la Macédoniens d’Antigonos II Gonatas (277-274 et 272-239), les Macédoniens maintinrent leur hégémonie sur la Grèce centrale. À cette époque, la vie politique d’Érétrie fut marquée par la figure du philosophe Ménédème (v.350–v.277, philosophe Grec) et jouit d’une période de relative indépendance. C’est de cette époque que l’on dispose du plus grand nombre d’inscriptions publiques, surtout des décrets honorifiques et des catalogues de citoyens où se dégage l’image d’une cité bien vivante et même prospère. On note la construction d’un nouveau théâtre et le début des travaux, vers 315, pour essayer d’assécher une étendue marécageuse située assez loin de la ville.
 
   Toutefois, comme dit plus haut, les Macédoniens maintinrent leur hégémonie sur la Grèce centrale et le souci des hommes politiques de la ville fut de défendre les intérêts vitaux pour leur cité face aux successeurs d’Alexandre. C’est ainsi qu’Érétrie parvint à contrer les projets sur Eubée de Cassandre (Régent 317-306/305 et Roi 301-297) en prenant d’abord le parti du Régent Polyperchon (319-317). Avec son aide, en 318, la démocratie fut rétablie dans la cité après un intermède Oligarchique de plusieurs années. En 312, la ville elle fit face à Polémaios, Lieutenant d’Antigonos I (Roi 306-301). Cependant, en 304, elle dut, se soumettre au fils de ce dernier, Démétrios I Poliorcète (Roi 294-287). Grâce à Ménédème les contacts se firent plus étroits avec le fils de Démétrios I, Antigonos II Gonatas (277-274 et 272-239), qui alla jusqu’à se proclamer son élève. En 278, le Roi ayant repoussé une invasion Celte en Grèce du Nord, Ménédème s’empressa de faire voter par les Érétriens un décret en l’honneur du vainqueur.
 
   Cette politique, sur un fil, fit que pendant toutes ces années la position de la cité resta précaire. Comme le montrent les faits, vers 285 où Érétrie et sa voisine Chalcis, pour sortir de leur isolement, avaient décidé d’adhérer à la Confédération Béotienne alors en plein essor. Mais à partir de la fin de la décennie 280–270, Antigonos II, menaça l’indépendance retrouvée des cités Grecques, y compris Athènes qui pourtant avaient le soutien des Rois d’Égypte, Ptolémée I (305-282) et Ptolémée II Philadelphe (282-246). Un conflit s’engagea alors (La Guerre de Chrémonidès) entre les Athéniens, soutenus par divers alliés, dont précisément les souverains d’Égypte, et le Roi de Macédoine. Au tout début de celui-ci (voire juste avant en automne 268) Antigonos II mit le siège devant Érétrie qui fut prise au printemps 267. Malgré ses efforts, Ménédème, pourtant ami du Roi, ne parvint pas à obtenir le rétablissement de la démocratie et de son autonomie politique et il finit par se suicider, à l’âge de 83 ans. Peu de temps après, ce fut Athènes qui devait capituler devant le Macédonien.
 


 

Vue des vestiges des Tholos dans l’agora-
Photo avant retouches : École Suisse d’Archéologie

   Vers 255 av.J.C., certaines concessions furent accordées à la cité et elle obtint une plus large autonomie politique. Mais en 251, le Gouverneur d’Eubée pour le Roi Antigonos II, fils de Cratère, fit sécession et prit le titre royal. Ce royaume indépendant paraît avoir duré jusque vers 245. Les Érétriens furent donc de nouveau placés sous la tutelle directe du Roi de Macédoine.
 
   La dernière décennie du IIIe siècle av.J.C. vit l’intervention des Romains pour la première fois en Eubée, dans le cadre de la guerre qu’ils menaient en Grèce contre le Roi de Macédoine Philippe V (221-179), maître de la région. Au début, seule la ville d’Histiée, à l’extrémité Nord de l’île fut touchée directement par les opérations. Puis Chalcis, en 199, subit une attaque du Légat Caius Claudius. Puis l’année suivante, en 198, les habitants d’Érétrie et ceux de Carystos furent confrontés aux armées Romaines. Arrivés par voie de mer avec une flotte importante, les Romains prirent les cités, aux mains de garnisons Macédoniennes. Selon Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.) les cités se livrèrent aux vainqueurs. Les opérations militaires furent conduites par Lucius Quinctius Flamininus, frère du Consul Titus Quinctius Flamininus de 198, mais ce fut ce dernier qui mena finalement les négociations en vue de définir pour les cités un nouveau statut. Érétrie ne fut formellement libérée de la tutelle Macédoniennes qu’en 196.
 
   En 194, après avoir fait partir toutes les garnisons Romaines, Titus Quinctius Flamininus créa en Eubée, avec Chalcis pour capitale et Amarynthos comme centre religieux, un véritable État fédéral, dont l’existence est confirmée par des inscriptions et des monnaies. Mais en 192, cette nouvelle Confédération Eubéenne sombra dans la Guerre dite “Antiochique”, qui vit le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187), intervenir en Grèce aux côtés de la Ligue étolienne, ennemis de Rome. Chalcis où, pourtant se trouvait une importante faction proromaine, ouvrit ses portes au Roi libérateur, et les Érétriens, furent obligés, de suivre le mouvement, qui les mettait subitement au centre d’un conflit, qui fut assez vite réglé au profit des Romains. Grâce à l’intervention de l’ancien Consul Flamininus, les cités Eubéennes, qui avaient aidé le Séleucide furent épargnées par le vainqueur.
 
   Au cours du IIe siècle av.J.C, Érétrie put reconstituer une partie de ses ressources, puisqu’elle fut avec Athènes et Chalcis la seule cité de Grèce à pouvoir émettre, vers 180-170, une monnaie d’argent. Érétrie, fut ensuite touchée par la Guerre d’Achaïe, soulèvement, en 146, de la Ligue Achéenne et de la Béotie presque tout entière contre le pouvoir de Rome, suivi de répressions féroces par le Consul Lucius Mummius Achaicus qui acheva la conquête de la Grèce. La ville adopta dans la guerre une attitude diamétralement opposée à celle de ses voisines immédiates et soutint Rome. Presque seule d’entre les Grecs à s’être rangée aux côtés de Lucius Mummius Achaicus, elle obtint du Consul une fois vainqueur quelques récompenses, comme le territoire d’Oropos, convoité depuis toujours. Malheureusement pour eux, les Érétriens un demi-siècle plus tard, en 87-86, jouèrent la mauvaise carte dans la guerre de Rome contre le Roi du Pont Mithridate VI (120-63), et perdirent non seulement cette possession continentale, mais leur statut privilégié et ils ne devaient jamais plus s’en relever tout à fait.
 


 

Drachme argent d’Érétrie

  En 27 av.J.C. les citées d’Eubée furent officiellement intégrées dans l’Empire Romain avec la création de la province d’Achaïe. Il fallut attendre près de deux générations pour qu’Erétrie se relève partiellement, avec l’avènement de l’Empereur Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C). Selon Dion Cassius (Historien Romain, v.155-v.235, Histoire Romaine, 68.30.2), en 21 av.J.C. Auguste affranchit Érétrie de la souveraineté Athénienne, à laquelle l’avait soumise, en 42, une décision du triumvir Marc Antoine (83-30 av.J.C.). La cité recouvrit ainsi une certaine autonomie et se vit surtout libérée de l’obligation de s’acquitter de lourdes taxes en faveur d’Athènes, ce qui favorisera un nouvel essor et les constructions se multiplient (Temples, bâtiments publics, gymnase, théâtre etc…).
 
   Érétrie frappa encore monnaie jusqu’à la fin du IIe siècle ap.J.C., ce qui suggère que les institutions civiques fonctionnèrent au moins jusqu’à cette période. On a longtemps pensé qu’Érétrie avait été peu à peu désertée à partir de la fin du IIIe siècle ap.J.C. et qu’un puissant séisme, en 365 de notre ère, avait sans doute achevé de dépeupler la cité. La récente découverte du temple du culte impérial, qui fut sans doute détruit par les Chrétiens au Ve siècle, et une série de sépultures datées très probablement du VIe siècle suggèrent toutefois qu’une communauté continua à vivre dans la ville, au moins jusqu’à cette époque. On sait qu’un séisme secoua à nouveau la région en 511, faisant peut-être fuir définitivement les derniers habitants.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Érétrie voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Paul Auberson :
Führer durch Eretria, Francke, Bern, 1972.
Hermann Bengtson :
Herrschergestalten des Hellenismus, C.H.Beck, München, 1975.
Andreas Blachopulos :
Archaeology, Euboea & Central Greece, Melissa Publishing House, Athènes, 2009.
Peter Connoly :
– Greece and Rome at war, Greenhill Books, Londres, 1981 et 1998.
Pierre Ducrey et Steven Rendall :
Eretria : A guide to the ancient city, Infolio Éditions, Gallion, 2004.
Sylvian Fachard :
La garde du territoire d’Érétrie. Étude de la chôra et de ses fortifications, Infolio Éditions, Gallion, 2012.
André Hurstn, Jean-Paul Descœudres et Paul Auberson :
Ombres de l’Eubée ?, Francke, Bern, 1976.
Alexandros Kalemēs :
Eretria kai Amarynthos : periēgēsē stē Kentrikē Euvoia, Euvoïkes Ekdoseis Kinētro, N. Pyrgos Hōreōn, 2007.
Denis Knoepfler :
Les relations des cités eubéennes avec Antigone Gonatas et la chronologie delphique au début de l’époque étolienne, Bulletin de correspondance hellénique, PERSEE, 1995.
Ingrid R.Metzger :
Die hellenistische Keramik in Eretria, Francke, Bern, 1969.
Ferdinand Pajor :
Eretria, Nea Psara : To chroniko mias politeias, Ekdot. Oikos Melissa : Elvetikē Archaiologikē Scholē stēn Hellada, Athànes, 2010.
Victor Parker :
Untersuchungen zum Lelantischen krieg und verwandten problemen der frühgriechischen geschichte, F.Steiner, Stuttgart, 1997.
Chantal Martin Pruvot, Karl Reber et Thierry Theurillat :
Cité sous terre : Des archéologues suisses explorent la cité grecque d’Erétrie, Infolio Éditions, Gollion, 2010.
Richard Glen Vedder :
Ancient Euboea : Studies in the history of a Greek island from earliest times to 404 B.C., University Microfilms International, Ann Arbor, 1978.
William P.Wallace :
The history of Eretria to 198 B.C., Johns Hopkins University, 1936.
Keith G.Walker :
Archaic Eretria. A political and social history from the earliest times to 490 BC., Routledge, London, 2004.
Edouard Will :
Histoire politique du monde hellénistique : 323-30 av. J.-C., Impr. Berger-Levrault, Nancy, 1966 – Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1979 et 1982 – Editions du Seuil, Paris, 2003.

 

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