Vue des tombeaux d’Hégra |
Hégra (ou Al-Hijr)
est identifiée aujourd’hui au site de Madâin Sâlih (ou Madain Saleh ou Madâ’in Saleh,
en arabe : مدائن صالح).
Il est situé au Nord-ouest de l’Arabie Saoudite, à 400 km de Médine, au Nord de l’oasis d’Al-`Ula (20 km.), et au carrefour entre la péninsule Arabique,
la Syrie, la Jordanie et la Mésopotamie.
Le site constitue le plus méridionale et la plus grande colonie du royaume Nabatéen après
Petra, sa capitale.
L’oasis était située sur route commerciale caravanière Nabatéenne
reliant Pétra au Hedjaz.
Comme à Pétra, les Nabatéens y ont
construit, au premier siècle av.J.C des tombeaux rupestres sculptés dans la roche, Hégra en compte 138 monumentaux
avec leur façades ornementée minutieusement. Les tombes rupestres sont également mentionnées dans le Coran.
On pense qu’Hégra était une ville à caractère caravanier et militaire, son apogée se situant autour du Ier siècle de notre ère.
Des traces Lihyanites (Royaume de Lihyan ou Lihyân), l’ancienne ville de Dadan (ou Dedan ou Dedân) dans l’actuelle oasis d’Al-‘Ula, et Romaines
montrent une occupation de leurs parts avant et après le règne des Nabatéens.
Le Coran met le peuplement de la région par les Thamūd (ou Thamoud, ancien peuple arabe) après Noé, mais avant
Moïse.
Selon les textes islamiques, les Thamūd, qui taillèrent leur maison dans les montagnes, furent punis par Allah pour leur pratique de
l’adoration des idoles et furent frappés par un tremblement de terre et la foudre. Ainsi, le site gagna une réputation de lieu maudit, une image que le
gouvernement actuel tente de surmonter du fait qu’il cherche à développer Madâin Sâlih pour son tourisme.
La longue histoire de la ville et la multitude de cultures qui occupèrent le site lui ont donné plusieurs noms.
Le plus ancien semble être Hégra. Le nom actuel signifie “villes de Sâlih“, en référence au Prophète Coranique Sâlih (ou Saleh).
Le nom de Al-Hijr (En arabe : الحجر “endroit rocheux“),
a également été utilisé pour faire allusion à sa topographie.
Autre vue des tombeaux d’Hégra |
L’histoire…….
On sait aujourd’hui que le site d’Hégra
fut longtemps sous la domination du royaume arabe de Lihyan (ou Lihyân, en arabe :
لحيان), l’ancienne ville de Dadan (ou Dedan ou Dedân) dans l’actuelle
oasis d’Al-‘Ula. Ce fait est connu grâce à des anciennes inscriptions arabes datant de cette époque, du VI au IVe siècle av.J.C.
De ce fait le terme Dadanite est utilisé pour la phase la plus ancienne de l’histoire de ce royaume. Selon Dan Gibson,
les Lihyanites devinrent plus tard les alliés des Nabatéens.
En fait, encore aujourd’hui, on connaît peu ce royaume. Les généalogies arabes considèrent les Lihyanites descendant d’Ismaël.
Carrefour commercial caravanier, Hégra se spécialisa dans le commerce de
la myrrhe, qui était l’un des articles de luxe qui passait par le territoire Nabatéen
pour être négociée ailleurs. Au cours du Ier siècle de notre ère, la ville devint une colonies
Nabatéenne. Elle fut rattachée à ce royaume sous le règne de son Roi
Arétas IV Philopatris
(ou Harthah ou Haritha ou Harétat ou Harithath, en arabe :
حارثة "Ami de son peuple", 9 av.J.C à 40 ap.J.C), qui en fit la deuxième capitale du royaume,
après Petra, dans le Nord.
Le site jouit alors d’une énorme urbanisation le transformant en une grande cité. La ville prospéra également grâce au commerce de l’encens et des épices.
Située sur l’itinéraire caravanier qui la reliait à la mer Rouge, elle fut le principal relais sur cette route Nord-sud. On retrouve dans la cité les caractéristiques de l’architecture des Nabatéens
avec leurs maisons et tombeaux taillés dans la roche. Il faut dire que la géologie du lieu fournit le moyen parfait pour la sculpture monumentale
de ses établissements. Les Nabatéens développèrent également l’agriculture dans l’oasis.
Pour cela, ils créèrent des puits et des réservoirs d’eau de pluie dans la roche.
Ils construisirent des lieux de culte dans les affleurements de grès. Des structures similaires sont présentes dans leurs autres colonies,
allant du Sud de la Syrie au Nord, en passant au Sud par le Néguev et la zone immédiate du Hedjaz.
Le Qasr al Farid, dans le site archéologique Madâin Sâlih |
En 106 ap.J.C, le royaume Nabatéen
fut annexé par l’Empire Romain.
Le Hedjaz, qui englobait Hégra, devint une partie de la province d’Arabie cette même année.
Une épigraphe Romaine monumentale datant de 175-177 ap.J.C a été découverte récemment dans la cité.
L’itinéraire commercial des caravanes fut décalé de l’axe Nord-sud par voie terrestre sur la péninsule arabique, par la voie maritime, à travers la mer Rouge et
Hégra perdit de ce fait ses principaux revenus. Sans ressource la ville régressa rapidement conduisant à son abandon.
Soutenu sur la base des études archéologiques, par l’absence de développements ultérieurs, les experts ont émis
l’hypothèse que le site avait perdu toutes ses fonctions urbaines à compter de la fin de l’antiquité (principalement en raison de la désertification).
Récemment Il a été découvert que les légions Romaines de l’Empereur Trajan (98-117) occupèrent la région montagneuse du Nord de la ville.
L’histoire d’Hégra du déclin de l’Empire Romain jusqu’à l’émergence de l’Islam demeure inconnue.
Le site archéologique
Le site archéologique d’Hégra
est situé sur une plaine, au pied d’un plateau basaltique, qui forme la partie Sud-est des montagnes du Hedjaz.
Il couvre une surface d’environ 500 hectares (13 km²) de désert. Les parties Ouest et Nord-ouest contiennent une nappe d’eau qui peut atteindre à
une profondeur de 20 m.
Appelé site archéologique d’Al-Hijr par l’UNESCO, en 2008, ce fut le premier site du pays à être inscrit sur la liste du patrimoine mondial. Les premiers voyageurs Européens à avoir vu et documenté Hégra sont Antonin Jaussen et Raphaël Savignac, Frères Dominicains et
archéologues basés à Jérusalem, qui défrichèrent et explorèrent la
ville de 1907 à 1910.
Ils datèrent les inscriptions sur les tombes du Ier siècle. Les plus raffinées étant celles sous le règne du Roi
Nabatéen Arétas IV Philopatris
(ou Harthah ou Haritha ou Harétat ou Harithath, en arabe :
حارثة "Ami de son peuple", 9 av.J.C à 40 ap.J.C).
Depuis 2001, les fouilles ont permis de trouver de petits monuments inédits. Les chercheurs ont essayé de comprendre les pratiques
cultuelles des anciens Nabatéens.
Le site a fait l’objet de recherches effectuées par une mission archéologique Française, dirigée par Laïla Nehmé, membre du CNRS.
Le programme de fouilles a continué jusqu’en Janvier 2008.
Autre vue des tombeaux d’Hégra
Photo avant retouches :
wikipedia.org |
Il fut mis au jour un sanctuaire rupestre, le Qasr Al-Ajuz au Sud-ouest de Jabal Ithlib (al-Hijr).
Il se compose d’une salle creusée dans une colline garnie de niches à bétyles. Au sommet ont y a découvert des vestiges inédits.
Creusées sur la surface rocheuse ont été dégagées également 11 niches horizontales, qui devaient être des autels.
À cet endroit, se trouvent également des fosses peu profondes, des cupules et des petits canaux, certainement des places de sacrifices.
D’après les spécialistes, l’ensemble formait une voie processionnelle où des groupes d’adorateurs se réunissaient.
Les chercheurs ont conclu que l’intérieur était un haram, à accès restreint, et, à la différence de
Pétra, ce sanctuaire était un centre cultuel, espace limité et partagé pour des divinités différentes.
Comme Pétra,
Hégra était une grande ville pour l’époque, possédant des places,
des rues et un important réseau d’irrigation pour les terres agricoles des alentours, ainsi que des aqueducs et des puits amenant de l’eau en ville.
Elle servit sûrement aussi de poste militaire, étant à 20 km. au Nord du royaume de Lihyan (ou Lihyân, des Lihyanites), l’ancienne ville de Dadan
(ou Dedan ou Dedân) dans l’actuelle oasis d’Al-‘Ula, à environ 150 km. au Sud-ouest de Tayma dans la province de Médine.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Abdul Rahman Ansary et Ḥusayn Abu Al-Ḥassān :
– The civilization of two cities : Al-ʻUlā & Madāʼin Sāliḥ, Dar Al-Qawafil,
Riyad, 2001.
Mohammed Babelli :
– Mada’in Saleh, Desert Publisher, Riyad, 2003-2005-2006-2009 – M. Babelli, Riyad, 2007.
Dan Gibson :
– Qur’anic geography: A survey and evaluation of the geographical references in the Qur’an with suggested solutions for various problems and issues,
Independent Scholars Press, Canada, 2011.
Ole Kristian Grimnes :
– Kampen om Hegra 1940, Forsvarets Pressetjeneste, Oslo, 1980.
John F.Healey :
– The Nabataean tomb inscriptions of Mada’in Salih, Journal of Semitic Studies Supplement 1, Oxford, 1993.
Antonin Jaussen et Raphaèl Savignac :
– Mission archéologique en Arabie (Mars-Mai 1907). II2, El-Ela, d’Hégra à Teima, Harrah de Tobouk, Supplément Coutumes de Fuquara,
E.Leroux, Paris, 1914.
Rolf Mowinckel :
– En pergamentkalender fra Hegra, Trondhjem Brun in Komm, 1928
Laïla Nehmé :
– Explorations récentes et nouvelles pistes de recherche dans l’ancienne Hégra des Nabatéens, moderne al-Hijr/Madāʾin Sālih
(Arabie du nord-ouest),
pp : 631–682, Comptes rendus des séances Académie des inscriptions et belles-lettres, 2004.
Sigurd Magnar Røvik :
– Hegra 1940-45, slik sivile og militære så det, Sigurd Magnar Røvik, Stjørdal, 2010.
Andreas Schmidt-Colinet :
– Neue forschungen in der nabatäischen nekropole von Hegra in Saudi-Arabien, pp : 38–40, Nürnberger Blätter zur Archäologie 3, 1986–1988.
Humberto Silveira, Jane Taylor, Christopher Tuttle et Laïla Nehmé :
– Hegra, King Abdulaziz Public Library, Riyad, 2013.
David W.Tschanz :
– The Nabataeans : A brief history of Petra and Madain Saleh, Al Amer, Amman, 1998 – Medina Publishing, Surbiton, Surrey, 2012.
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