Rev I le juste (ou Rew ou Rev Mart’ali, en Géorgien :
რევ I
მართალი, 189 à 216 ap.J.C)
fut porté au pouvoir sur le trône d’Ibérie par son père le Roi d’Arménie,
Vologèse II
(180-191, futur
Vologèse V des
Parthes), après la défaite de son oncle
Amazap II, à la demande des nobles Ibères. Il n’est connu exclusivement que des Chroniques Médiévales Géorgiennes.
Il inaugura la dynastie Arsacide d’Ibérie. Il aurait épousé une Princesse
Grecque, Sephelia
(ou Sepelia), qui est dit avoir apporté une idole d’Aphrodite en Ibérie, qu’elle fit ériger dans la capitale Mtskheta,
mais on a retrouvé à aujourd’hui aucune indication d’un culte local de cette Déesse
Grecque.
Selon la tradition Rev I, quoique païen, était favorable à la doctrine de la Chrétienté et aurait interdit les sacrifices
humains en Ibérie, d’où son surnom de “Juste”. Selon certains spécialistes il
aurait été vaincu et tué lors d’une révolte de ses sujets.
Son fils Vatché I (ou Vač’e ou Vache ou Vach’e ou Watche, en Géorgien :
ვაჩე I, 216 à 234) lui succéda.
Il n’est lui aussi connu exclusivement que des Chroniques Médiévales Géorgiennes bien qu’il eut un règne relativement long.
Lui succéda son fils Bakour I (ou Bakur ou Bacurius, en Géorgien :
ბაკურ I, 234 à 249)
dont on ne sait rien, puis le fils de celui-ci, Mihrdat II (ou Mirdat ou Mithridate, en Géorgien :
მირდატ II, 249 à 265
ou 249 à 269) arriva sur le trône.
Tombeaux de Mirian III et Nana dans
l’église Samtavro à Mtskheta |
Cyrille Toumanoff avance l’hypothèse qu’il dut faire face entre 260 et 265 à un autre prétendant pour le trône Ibérique, ,
Amazap III (ou Amazasp ou Amzasp ou Amazaspus ou Amazaspo, en Géorgien :
ამაზასპ III, 260 à 265) descendant de la dynastie Artaxiade et placé par le Roi
Perse Sassanide,
Châhpûhr I
(ou Šāpūr ou Sapor ou Shāhpur, 241-272). Cet Amazap est connu des inscriptions
Sassanides, mais n’est pas attesté
dans les sources littéraires Géorgiennes. Dans l’inscription de
Châhpûhr I, à
Naqsh-e Rostam,
il est mentionné comme “Amazasp, Roi de Géorgie” après les autres Rois vassaux comme : Ardachêr
d’Adiabène, Ardachêr de Carmanie, Dênak, Reine de Mésène etc…
Aspagour (ou Aspagur ou Asfagur ou Asphagur ou Asp’agur ou Aspacures ou Aspacoures,
en Géorgien :
ასფაგურ I, 265 à 284), le fils de Mihrdat II reprit le pouvoir.
Avec les Arméniens, il résista à l’expansion des
Sassanides dans le Caucase.
Son règne probablement coïncida avec la réaffirmation temporaire des Romains et leur contrôle sur la région sous les Empereurs
Aurélien (269-275) et Carus Marcus Aurelius (282-283). C’est à partir de son
règne que beaucoup de spécialistes comptent la création du royaume de Géorgie
(remplaçant celui d’Ibérie). Aspagour aurait été battu par une invasion Iranienne et serait mort en
exil chez les Alains. Selon les Chroniques Médiévales Géorgiennes, il fut
le dernier Roi Arsacide dans la ligné, mais sa
fille, Abeshura (ou Abechoura), est prétendue avoir épousé Mirian III, qui lui succéda sur le trône.
Mirian III
(ou Mihran ou Mirvan ou Meribanes, en Géorgien :
მირიან III, 284 à 361), fut sûrement de fils du Roi Sassanide
Châhpûhr I
(ou Šāpūr ou Shapur ou Sapor, 284-361) et d’une concubine
Grecque. Il épousa Abeshura
(ou Abechoura) la fille d’Aspagour, qui, selon Cyril Toumanoff, mourut alors qu’il n’était âgé que de 15 ans, en 292,
puis Nana la fille du Roi du
Bosphore Cimmérien Thothorsès Tibérius Julius (279-308).
Au début de son règne Mirian III fut vassal des
Sassanides où les souverains issus de la même famille que lui se succédaient.
Selon Pierre le Patrice (ou Pierre le Magistre, haut fonctionnaire, diplomate et historien Byzantin, † 565), il fut également
reconnu par Rome en 298 lors de la
Paix de Nisibe qui prévoyait qu’il recevrait des Romains les insignes royaux.
Puis, Mirian III se rapprocha ensuite de l’Arménie, dont
son fils aîné Rev II (ou Rew ou Rev Mart’ali, en Géorgien :
რევ II, 345 à 361 ap.J.C), co-Roi avec lui de 365 à 341, épousa
Salomé la fille du Roi Tiridate III (287-330),
et l’Empereur Romain Constantin I (305-337) reçut son autre fils Varaz-Bakour I (ou Bakar, Roi 363-365),
comme otage à Rome. Pour beaucoup de
spécialistes, Mirian III correspond au Roi Méribane d’Ibérie qui, selon l’historien Ammien Marcellin
(ou Ammianus Marcellinus, v.330-v.395), reçut vers 360 des présents de Rome, qui souhaitait obtenir son alliance
contre les Sassanides.
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La légende de Sainte Nino
Elle aurait vécu en
Colchide au IVe siècle et y aurait propagé la foi Chrétienne. La légende veut
qu’elle soit venue au chevet de l’épouse de Mirian III, la Reine Nana, qui était
mourante et qu’elle l’ait guérie. La Reine lui proposa en récompense de l’or et
de nombreux présents, Nino refusa mais demanda en échange la conversion de la
Reine. Elle l’obtint, puis le Roi fit de même, ainsi que tout le royaume.
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En 337, Mirian III se convertit, ainsi que son épouse Nana, au Christianisme qui devint la
religion du royaume. Il fut le premier Roi Chrétien d’Ibérie. Il construisit une église à Mtskheta à l’emplacement ou
sera érigée au XIe siècle la cathédrale de Svetitskhoveli (ou Svétitskhovéli).
La conversion du souverain et de son épouse qui bénéficia d’une guérison miraculeuse, est longuement
décrite dans les Chroniques Médiévales Géorgiennes. Elle est attribuée à l’action de Sainte Nino (ou Nina) de Géorgie.
En se convertissant au Christianisme, au-delà du choix spirituel, Mirian III fit un choix politique
car il s’affranchit du puissant clergé païen de l’époque et obtint le soutien, contre les menaces d’invasions
Sassanides, de la
puissante communauté Chrétienne implantée déjà dans de nombreuses villes de l’Empire Romain.
Sa conversion favorisa également la croissance du gouvernement royal central, qui confisqua les propriétés des temples païens
et les donna à la noblesse et à l’église Chrétienne. Les Chroniques Géorgiennes Médiévales témoignent de la façon dont
la monarchie et la noblesse propagèrent activement le Christianisme et de la résistance qu’ils rencontrèrent parmi la
population des montagnes. L’historien Romain Rufin (ou Tyrannius Rufin ou Rufin d’Aquilée ou Rufin Aquileiensis, 340/345-410)
ainsi que les annales Géorgiennes rapportent que, après leur conversion,
les Ibères demandèrent au clergé de l’Empereur Constantin I de l’aide, qui répondit favorablement et envoya des Prêtres et
des Saintes Reliques en Ibérie. Selon la tradition, Mirian III et son épouse Nana
furent enterrés au couvent Samtavro
à Mtskheta, où leurs tombeaux sont toujours visibles.
Lui succéda, son petit fils,
Saurmag II (ou Sauromaces ou Sayurmak ou Saourmag, en Géorgien :
საურმაგ II, 361 à 363, puis Diarche d’Ibérie
de 370 à 378 ap.J.C) pour un règne assez court. Il est ignoré par les Chroniques Médiévales Géorgiennes,
mais il est mentionné par l’historien Ammien Marcellin (ou Ammianus Marcellinus, v.330-v.395). Il fut le premier fils de Rev II
et de Salomé et le frère de Tiridate I (Roi, 394-406). Il poursuivit la politique pro-Romaine, mais en 363, il fut évincé par
le Roi Sassanide,
Châhpûhr II
(ou Šāpūr ou Shapur ou Sapor, 309-379) qui installa Varaz-Bakour I (ou Aspacures II
ou Aspagour ou Aspagur ou Varaz-Bakur ou Varaz-Bakar, en Géorgien :
ვარაზ-ბაკურ I, 363 à 365) à sa place. Ce dernier était
l’oncle paternel de Saurmag II. Il fut décrit comme “un homme impie et un ennemi de la foi” par le chroniqueur Géorgien
Leonti Mroveli et qu’il avait des sympathies religieuses pour le Zoroastrisme, ce qui connote son orientation politique pro-Iranienne. Cette intervention
Sassanide dans le Caucase suscita une
réaction Romaine et en 370, l’Empereur Romain Valens (364-378) envoya dans la
région douze légions, soit environ 12.000 hommes
commandées par Terentius. Varaz-Bakour I fut vaincu et proposa la paix à son cousin, sur la base d’un partage du royaume.
Il précisait toutefois qu’il serait obligé de garder sa vassalité aux
Sassanides, car son fils, Vitra, était otage
à la cour de Châhpûhr II. Rome accepta le
compromis et en 370 la Géorgie se trouva partagée en deux zones : La Géorgie occidentale (ou la Lazique) et les régions proches
de la frontière Arménienne, qui fut gouvernée par
Saurmag II, vassale des Romains, et la Géorgie orientale, vassale des
Sassanides et qui restait la propriété
de Mihrdat III (ou Mirdat ou Mithridate, en Géorgien :
მირდატ
III, 365 à 380), le fils et successeur de Varaz-Bakour I.
Cependant Châhpûhr II refusa de reconnaître
cet état de fait qu’il considérait comme un motif de guerre et au début de 371, il envoya son Général Suréna combattre les
troupes Romaines laissées à Saurmag II. En 378, une offensive générale des Goths sur le Danube contraignit Rome à abandonner
Saurmag II. Valens ne put intervenir car il était rappelé en Europe où il périt à la bataille d’Andrinople, le 31 Août 378.
Comme le précise Ronald Grigor Suny, Saurmag II fut vaincu et il disparut de l’histoire, ce fut la fin de l’équilibre précaire
mis en place en Géorgie, sa partie de royaume cessa d’exister et passa tout ou presque, sous la suzeraineté
Sassanide.
Varaz-Bakour II (ou Aspacures III ou Aspagour ou Aspagur
ou Varaz-Bakur ou Varaz-Bakar, en Géorgien :
ვარაზ-ბაკურ II, 380 à 394) qui lui succéda
récupéra donc un royaume unifié, mais vassal des
Sassanides.
Il fut le fils de Mihrdat III et fut marié à la fille de Tiridate I, son successeur. Au cours de son règne, l’Empire
Romain signa la paix d’Acilisène (Généralement daté de 387) avec les
Sassanides, dans laquelle ils admirent
la perte de l’Ibérie et d’une grande partie de l’Arménie.
Les Chroniques Médiévales Géorgiennes précisent que le Roi de
Perse Sassanide envoya contre
Varaz-Bakour II une armée et qu’il dut céder les territoires du Ran et du Mowaca
(ou Mowacan) et lui payer un tribut.
De son union avec la fille de Tiridate I il eut deux fils : Mihrdat IV (Roi, 409-411) et Tiridate (ou Tirdat ou Trdat).
Toujours selon les Chroniques, il aurait épousé une seconde femme, la fille de Bacurius I, Vitaxe
(vice-Roi) de Gogarène (ou Gougark ou Gugark, province d’Arménie) et d’une
fille de Miriam III, qui fut la mère de Pharasman IV (Roi, 406-409).
À sa mort, ses deux fils étant encore trop jeunes pour régner, son beau-père Tiridate I
(ou Tirdat ou Trdat ou Tiridates, en Géorgien :
თრდატი, 394 à 406) lui succéda. Il fut le deuxième fils de Rev II et de Salomé
et le frère de Saurmag II. Selon Stephen H.Rapp,
les Chroniques Médiévales Géorgiennes louent sa piété et le créditent de la construction d’églises à
Roustavi (ou Rustavi, ville dans le Sud-est de la Géorgie) et Nekresi (ou Nerkres,
qui est une ville en Kakheti, aujourd’hui Kvareli).
Elles précisent aussi “qu’il sut calmer les
Perses auxquels il payait tribut”.
Pharasman IV (ou Parsman ou Pharasmane, ou P’arsman, en Géorgien :
ფარსმან
IV, 406 à 409) lui succéda. Selon les Chroniques Médiévales Géorgiennes, il fut le fils du Varaz-Bakour II et
de sa deuxième épouse une Princesse Géorgienne dont on ne connait pas le nom. Caractérisé comme un pieux monarque
et un guerrier exceptionnel, il se serait révolté contre l’hégémonie
Perse après avoir demandé de
l’aide à l’Empire Romain qui lui accorda. Il est également crédité de la construction de Bolnissi (Ville dans la région de
Kvemo Karthlie). Mihrdat IV (ou Mirdat ou Mithridate, en Géorgien :
მირდატ IV, 409 à 411), son demi-frère, lui succéda.
Les Chroniques Médiévales Géorgiennes lui reprochent son impiété et sa négligence envers l’entretien des
bâtiments religieux, voire même l’absence de construction d’église, et nous informent qu’il s’opposa aux deux grands
Empires, les Romains et les Sassanides. Il fut
vaincu par ces derniers, capturé et déporté en
Perse, où il mourut.
Son fils Artchil I (ou Archil ou Artschil, en Géorgien :
არჩილი I, 411 à 435) lui succéda.
Les deux principales versions des Chroniques Médiévales Géorgiennes (La conversion de
la Karthlie et La vie de la Karthlie)
comportent des versions contradictoires du règne d’Artchil. Une nous indique que sous son règne la position du
Zoroastrisme, la religion
Sassanide, prit de
l’ampleur sur le Christianisme, aidée par le Roi, ce qui est un témoignage à l’hégémonie des
Perses sur le pays. L’autre raconte
la rébellion réussie d’Artchil contre ces derniers et sa victoire sur une force punitive et un raid de représailles
en Arran (Aujourd’hui basses-terres du Karabakh en Azerbaïdjan, situées entre les rivières Kura et Araxe).
Avec l’aide des Grecs et
de son fils il aurait récupéré les provinces de Ran et de Mowaca (ou Mowacan), perdues sous les règnes précédents, contrôlées par
le Prince Barzabod. Le conflit se serait finalement terminé par l’union du Prince héritier Mihrdat V avec Sagduht (ou Sagdukht ou
Sagdoukh), la fille de Barzabod. L’authenticité de ce dernier compte est mise en doute par beaucoup de chercheurs modernes.
Artchil I est aussi attesté par Moïse de Khorène (ou Movsès Khorenatsi ou
Movsēs Xorenac‘i, historien Arménien, 410-v.490) qui le nomme Ardzil et en fait un contemporain de Saint Mesrop
(ou Mesrop Machtots, en Arménien : Մեսրոպ
Մաշտոց, 362-440).
Il est également connu comme le constructeur de l’église Saint-Étienne à Mtskheta.
Pendant son règne moururent les trois Évêques successifs de Géorgie : Ioané († 429), Grigol († 434) et Basili
(† 436). C’est le Roi qui aurait installé leur successeur. Artchil I épousa Marie, une
Grecque
qui serait de la famille de l’Empereur Jovien (363-364), toutefois fois ce fait n’est pas avéré aujourd’hui. Elle
lui donna un fils qui fut son successeur.
Vakhtang I à Tbilissi
|
Mihrdat V (ou Mirdat ou Mithridate, en Géorgien :
მირდატ V, 435 à 447 ou 435 à 452) arriva au pouvoir.
Les Chroniques Médiévales Géorgiennes le louent pour sa piété, mais ne fournissent pas de détails sur son règne.
Il fut marié à Sagduht (ou Sagdukht ou Sagdoukh), fille de Barzabod, Prince de Gardam en Aghbanie (ou Albanie du Caucase,
royaume couvrant le territoire actuel de la république d’Azerbaïdjan). Elle lui donna trois enfants : Deux filles : Khwarandzé,
qui naquit vers 436 et qui épousa Bacurius II (vers 455), Vitaxe (vice-Roi) de Gogarène (ou Gougark ou Gugark, province
d’Arménie) ; Mihrandoukht (ou Mirandoukht) qui naquit vers 441 et qui fut mariée à un Roi
Sassanide.
Un fils : Vakhtang I (ou Waran-Khosro-Tang),
qui succéda à son père. Il fut le dernier Roi de Géorgie de la dynastie Sassanide.
Vakhtang I
(ou Waran-Khosro-Tang ou Saint Vakhtang Gorgasali "Tête de Loup",
ვახტანგ I
გორგასალი, 440 à 502 ou 447 à 502 ou 447 à 522
ou 452 à 502),
va marquer l’histoire du royaume. Il fut le fils de Mihrdat V et la Reine Sagduht (ou Sagdukht ou Sagdoukh), et succéda à son
père à l’âge de 7 ans. Ses dates de règne sont encore aujourd’hui très discutées. Selon Cyril Toumanoff, il fut appelé
Gorgasali (ou Gorgasal, transcription Géorgienne pour Gorgaslan ou
Gorgasar en Persan : "Tête de loup") par les
Perses en raison de la forme du casque qu’il
portait qui a été rendue au VIe siècle par l’historien Byzantin Procope de Césarée (ou Prokópios Kaisareús, vers 500-560).
Selon le récit la vie de Vakhtang Gorgasali, le Roi reçut à sa naissance un nom Iranien, Varazkhosrovtang, rendu en
Géorgien Vakhtang. À partir de la fin du XIIIe siècle, de nombreux Princes et Rois Géorgiens prirent le nom Vakhtang.
Au-delà de la vie de Vakhtang Gorgasali, les Chroniques Médiévales Géorgiennes
ne mentionnent Vakhtang I que brièvement. En dépit de son caractère épique
semi-légendaire, la vie de Vakhtang Gorgasali,
fournit toutefois de nombreux détails importants, qui peuvent être combinée avec les sources proches de la période en question,
comme les écrits de Lazare de Pharbe (ou Lazare de Parpi ou Ghazar Parpetsi ou Ghazar de Parpi ou Lazar Parpetsi,
chroniqueur et historien, v.442- début du VIe siècle) et Procope.
Comme dit plus haut, à la mort de son père il était trop jeune
pour régner et ce fut sa mère qui prit la régence pendant sa minorité. L’auteur de la vie de Vakhtang Gorgasali
décrit ensuite la situation grave dans laquelle se trouvait le royaume à ce moment-là, troublé par les
Sassanides, et des raids des
Ossètes du Nord (Désignation Géorgienne pour les Alains).
À l’âge de 16 ans, Vakhtang I aurait mené une guerre de représailles victorieuse contre ces derniers,
gagner en un seul combat et aurait libéré sa sœur Mihrandoukht (ou Mirandoukht) en captivité.
Il mena donc également la lutte de libération du pays alors sous le joug des
Sassanides
et étendit son royaume à toute la Transcaucasie (Géorgie,
Arménie, Azerbaïdjan aujourd’hui). Alors qu’il n’avait que 19 ans, le Roi
Perse,
Hormizd III
(ou Ormizd ou Ormuz, 457-459) lui donna sa fille, Balenduxt (ou Balendoukht) en mariage afin de l’amadouer.
En 460, il fonda la ville de Tbilissi et en fit la capitale. Il fit proclamer l’autocéphalie de l’Église Orthodoxe Géorgienne
et l’Église Apostolique.
Vakhtang I –
Représentation iconographique |
À la demande du Roi
Perse, Vakhtang
I prit part à une campagne en “Inde”, probablement celle manquée de
Pérôz I (457-484)
contre les Huns Hephthalites vers 460, et contre l’Empire Romain en 472, dans lequel il aurait gagné contrôle
de l’Egrissi (ou Lazica ou Lazistan, l’ancienne Colchide) et de l’Abkhazie (ou Abasgia).
Vers 477, de retour dans son royaume, Vakhtang I prit une série de mesures visant à renforcer l’autorité royale.
Sentant l’empiétement de l’Iran sur son indépendance, il inversa son orientation politique et effectua un rapprochement
avec le gouvernement Romain. Il épousa Hélène, qui serait une fille de l’Empereur Zénon (474-491), et reçut la permission de
Constantinople d’élever à la tête de l’Église Ibérique, Petré (ou Pierre), l’Évêque de Mtskheta, au rang de Catholicos, qu’il
envoya avec 12 Évêques, pour être consacré à
Antioche. Vakhtang I devint ainsi le fondateur du Catholicosat d’Ibérie qui existe encore aujourd’hui.
Cette décision ne passa pas en douceur et le Roi dut surmonter l’opposition, en particulier en la personne de
Michel I (ou Mikel), l’Évêque déchut de Mtskheta. Selon la légende, celui-ci lui aurait donné un coup de pied alors qu’il
recevait la communion.
En épousant la politique pro-Romaine, Vakhtang I, outre le fait qu’il s’aliéna la noblesse qui préféraient le
soutien des Perses, en 482, fit mettre à mort son
vassal le plus influent, Varsken, le Vitaxe (vice-Roi) de Gogarène (ou Gougark ou Gugark, province d’Arménie), parce qu’il s’était
converti au Zoroastrisme et avait fait exécuter son épouse Chrétienne, Shoushanik (ou Shushanik ou Chouchanik Mamikonian),
fille du Prince Arménien,
Vardan II Mamikonian (en Arménien :
Վարդան Բ Մամիկոնյան).
Elle est considérée aujourd’hui comme une martyre de l’Église Orthodoxe de Géorgie.
Par cet acte, la Roi se plaça en confrontation ouverte avec son suzerain
Perses.
Vakhtang I appela les Princes Arméniens et les Huns
à le soutenir. Après quelques hésitations, les Arméniens
sous le commandement du neveu de Vardan II, Vahan I Mamikonian (en Arménien :
Վահան Ա Մամիկոնյան)
unirent leurs forces au Géorgien. Cependant en 483 et 484, le pays fut ravagé par des expéditions punitives des
Perses forçant Vakhtang I à un court exil en Lazica
Romaine (Géorgie occidentale moderne).
Après la mort de Pérôz I
en 484, son successeur Palash (ou Balash,
484-488) rétablit le calme dans le Caucase et Vakhtang I fit la paix avec les
Perses et revint en Karthlie.
Toutefois, comme nous le précise Ronald Grigor Suny, il ne trahit pas sa ligne pro-Romaine
et il refusa de se joindre à eux dans une nouvelle campagne militaire contre Byzance et en 522, le Roi
Perse,
Kavadh II (ou Kavad ou Kobad ou Cabades, 502-531) attaqua la Karthlie. Les Ibériens combattirent bravement et défendirent
leurs frontières dans une bataille qui dura quatre jours, alors qu’ils étaient
trois fois moins nombreux que les Perses.
Le Roi passa les dernières années de sa vie en guerre et en exil, appelant en vain à l’aide les Romains.
La chronologie de cette période est confuse, mais en 518, un vice-Roi Iranien fut installé dans la ville Ibérique de Tbilissi.
Selon la vie de Vakhtang Gorgasali, Vakhtang I mourut en combattant une armée d’invasion
Perse des mains d’un
de ses esclaves renégat, qui tira sur lui à travers un défaut à l’aisselle de son armure. Le Roi blessé fut transporté
dans son château d’Ujarma où il mourut. Il fut enterré dans la cathédrale de Mtskheta. Certains spécialistes mettent la mort de
Vakhtang I en 502. Si l’identification de Cyril Toumanoff est vraie (Ce qui fait actuellement l’unanimité), le Roi aurait terminé
son règne en 522 en se réfugiant en Lazica Romaine, où il mourut probablement à la même époque.
Les Chroniques Médiévales Géorgiennes précisent que Vakhtang I eut deux épouses :
• Balenduxt (ou Balendoukht), Princesse Perse,
fille du Roi Hormizd III
(ou Ormizd ou Ormuz, 457-459). Elle donna au Roi un fils : Vatché II (ou Dachi ou Datchi) et, selon Cyrille Toumanoff,
une fille, mais dont nous ne connaissons pas le nom.
• Hélène, Princesse Byzantine, qui serait une fille de l’Empereur Zénon (474-491). Elle donna deux enfants au Roi :
Léon, qui mourut avant 534, co-Archiduc d’Ibérie occidentale en 522 et ancêtre des Gouaramides (Branche cadette de l’antique
maison d’Ibérie) ;
Mihrdat, co-Archiduc d’Ibérie occidentale en 522, puis Prince de Djavakhétie-Calarzène (Principauté au Nord-est de la Turquie
actuelle), en 534. Ces deux lignées ont survécu dans la péninsule Ibérique jusqu’au VIIIe siècle.
Selon Cyril Toumanoff elle lui aurait donné un fils et deux filles ?.
En 522, la Géorgie fut divisée en deux pays : La Géorgie orientale qui
fut ajouté au royaume de Karthlie et la Géorgie occidentale, qui correspondait à l’ex Colchide et qui prit le nom de
royaume de Lazique (ou Lazica). Vakhtang Gorgasali devint le héros national des Géorgiens. De nombreuses légendes
et chansons folkloriques sur furent créées en son honneur et perdurent encore aujourd’hui. Il est considéré comme un Saint de
l’Église Orthodoxe Géorgienne. Il est fêté le 30 novembre.
La légende de la création de
la capitale, Tbilissi
Le Roi Vakhtang Gorgasali était
entrain de chasser dans la forêt et son faucon attaqua un faisan. L’oiseau tomba
dans une source d’eau chaude et le Roi vit de la vapeur sortir de l’eau. Étonné
par l’abondance d’eau chaude, Vakhtang I donna l’ordre de construire une ville sur
cet emplacement et l’appela Thbili (ou Tphilisi: Tbilissi en Géorgien
"l’emplacement des sources chaudes").
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Son fils Vatché II (En Géorgien :
ვაჩე II ou Dachi ou Datchi ou Datschi
დაჩი
ou Darchi დარჩი ou Darchil
დარჩილი,
502 à 514 ou 502 à 534 ou 522 à 534) lui succéda. Il lança une rébellion avortée contre l’hégémonie
Perse, puis il prit une ligne plus conciliante
avec ses suzerains Iraniens. De son château d’Ujarma en Kakheti, il fit des efforts particuliers avec l’aide de missionnaires
pour Christianiser ses sujets des montagnes. Il est également crédité d’avoir agrandi la ville de Tbilissi et terminé la
construction de sa citadelle qui avait été fondée par son père. Le Catholicos Petré (ou Pierre), étant mort, le Roi installa
son successeur Samuel (ou Samouel) à Mtskheta, l’ancienne capitale royale qui devint désormais le centre religieux du pays.
Son fils, Bakour II (ou Bakur ou Bacurius, en Géorgien :
ბაკურ II, 514 à 528 ou 534 à 547) lui succéda.
Les informations sur sa vie étant rares, on ne connaît pas de détails sur sa biographie, non seulement avant son accession
au trône mais aussi durant son règne.
Selon le chroniqueur Médiéval Géorgien Juansher, lorsqu’il décéda ces deux enfants étaient encore mineurs :
Pharasman V qui lui succèdera et un fils (mort avant 561), père de Pharasman VI,
et la Géorgie tomba sous
le contrôle Sassanide.
Pharasman V (ou Parsman ou Pharasmane, ou P’arsman, en Géorgien :
ფარსმან
V, 528 à 542 ou 547 à 561) arriva sur un trône complètement sous le contrôle
Perse. Selon les Chroniques Médiévales
Géorgiennes, sous son règne, les Ossètes (Désignation Géorgienne pour les Alains) attaquèrent et ravagèrent
la Karthlie, incitant le Roi à se placer sous la protection des
Perses sur les termes d’une vassalité totale.
Il eut comme successeur son neveu Pharasman VI (ou Parsman ou Pharasmane, ou P’arsman, en Géorgien :
ფარსმან
VI, 542 à 547 ou 561 à ?). La longueur de son règne est inconnue. Le pouvoir royal était nominal à cette époque
et largement dominé par l’Empire Sassanide.
Il fut suivit sur le trône par son fils, Bakour III (ou Bakur ou Bacurius, en Géorgien :
ბაკურ III, 547 à 580 ou ? à 580) dont l’autorité fut plus que
limité et ne se prolongeait guère au-delà de sa forteresse d’Ujarma tandis que la capitale Tbilissi était
régie directement par les Sassanides.
Il fut le dernier Roi de Géorgie, à sa mort, en 580, la domination Iranienne vint à bout de la royauté, qui fut abolie, et
partagera le pays en principautés vassales de la
Perse. Bakour III eut d’une épouse inconnue un fils : Adarnassé I (ou Adarnersé ou Atrnerseh, en Géorgien :
ადარნასე I), qui fut Prince (ou Eristaw)
de la principauté de Kakheti.
Cyrille Toumanoff lui attribue deux fils hypothétiques supplémentaires : Vahan et Brzmeh.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur l’Ibérie et la Géorgie voir à :
Colchide, Ibérie, bibliographie générale.
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