Son origine
Nesbanebdjed I (ou Nesibanebdjedet ou Nesoubanebdjedet)
ou Smendès (ou Smendês) comme l’appelle
Manéthon (Africanus,
Eusebius), nom sous lequel il est généralement
connu aujourd’hui, est le premier Pharaon de la
XXIe dynastie.
L’historien lui compte 26 ans de règne (Africanus, Eusebius). Prince de
Tanis, son
origine est encore aujourd’hui très débattue. Il fut pour certains spécialistes sûrement le fils du
Grand Prêtre d’Amon
Hérihor et de la Reine
Nedjemet.
D’autres avancent qu’il fut peut-être un fils d’une dénommée Hereret (ou Herere). Celle-ci
fut Surveillante du Harem d’Amon-Rê
et probablement la femme d’un Grand Prêtre d’Amon. Il
fut Pharaon de 1069 à 1054, puis co-Pharaon de 1054 à 1043 avec
Pinedjem I.
Son arrivée au pouvoir, son Règne
À la fin de la
XXe dynastie, le règne des Ramsès, vit la décomposition morale et matérielle de l’Égypte avec une aggravation, des récoltes dans le Delta,
de la misère, des pillages des tombes royales, de la ruine de
Pi-Ramsès et de l’influence croissante
du clergé d’Amon, qui mena à la crise définitive.
Le pays entier devint vite incontrôlable et Ramsès XI ne
posséda bientôt plus aucun pouvoir, seule l’armée royale lui resta fidèle. En l’an 18/19 le Pharaon envoya trois nouveaux officiers,
Hérihor (1080-1074), Smendès I et
Piânkh pour mener la
guerre dans le but de reprendre Thèbes
aux mains du vice-Roi de Nubie, le Général Panéhésy (ou Panehesy) et rétablir son autorité. Ce dernier fut
battu, Hérihor le repoussa
en Nubie, au Sud d’Assouan.
Par sa victoire ce dernier acquit le contrôle sur toute la Haute-Égypte. Certains égyptologues pensent que c’est à cette
occasion que les Libyens prirent une place importante dans l’armée. Il récupéra le postulat de
Grand Prêtre d’Amon,
puis il profita de ses prérogatives, où il accumulait les fonctions économiques, militaires et religieuses et
s’attribua en 1080 des titres royaux en proclamant la renaissance basée à
Thèbes.
Bien qu’il fit inscrire son nom dans un
cartouche et qu’à Karnak il
fut représenté en prenant une iconographie royale, en s’associant avec le Dieu
Amon,
les avis divergent entre les spécialistes sur le fait qu’il fut vraiment Roi.
Haut de statue de Smendès I
|
Quoi qu’il en fût, il fonda ainsi un contre pouvoir dans
le Sud, aux mains des Grands
Prêtres d’Amon, qui allait cohabiter dix ans avec
Ramsès XI et qui subsista pendant tout le début de la
Troisième Période Intermédiaire.
Cette période fut officiellement appelée "l’ère de la Renaissance" (ou
whm mswt : Ouehem Mesout) par les Égyptiens.
Hérihor
fut le premier
"Roi-prêtre" de la dynastie des
Grands Prêtres d’Amon à Karnak, qui
fut
parallèle à la XXIe Dynastie. En Basse-Égypte, Smendès I devint l’administrateur du Roi
pour la province, qu’il dirigea depuis Tanis. Il
donna une importance telle à la ville qu’elle supplanta
Pi-Ramsès et contrôla toute la région.
Les aventures d’Ounamon, un récit qui date de la fin de la
XXe dynastie (An 5
de la renaissance ou 23 de
Ramsès XI), nous confirment qu’un certain Smendès gouvernait
la Basse-Égypte à partir de Tanis.
Le Pharaon n’y est cité que par son
nom de
naissance, sans
cartouche.
Ounamon raconte qu’il dut se rendre de
Tanis et présenter personnellement ses lettres de créance à
Smendès afin de recevoir l’autorisation de ce dernier de voyager du Nord vers le Liban dans le but d’un approvisionnement
en bois de cèdre précieux pour les grands temples
d’Amon à
Thèbes. Smendès
répondu par l’envoi d’un navire pour le voyage d’Ounamon vers la Syrie et le Levant.
Si la Reine Tanoutamon II semble avoir résidé dans
la nouvelle "capitale", le Pharaon lui habita toujours à
Pi-Ramsès.
Lors des dernières années de règne de
Ramsès XI,
Tanis s’embellit sonnant la fin de
Pi-Ramsès
et on assista au déménagement des temples et sanctuaires de celle-ci vers
Tanis qui prit le surnom de "Thèbes
du Nord". En 1069,
Ramsès XI et la
XXe dynastie ramesside s’éteignirent.
Smendès I naturellement reprit la succession et le titre de Pharaon et il fonda la XXIe dynastie.
L’autorité nominale du nouveau souverain sur la Haute-Égypte est attestée par une stèle
mise au jour dans une carrière à Ed-Dibabiya,
en face de Gebelein sur la rive droite du Nil, près de
Thèbes (Thèbes
Ouest), ainsi qu’une inscription sur un mur d’enceinte du temple de
Montou à Karnak.
Jaroslav Černý nous dit que la stèle décrit comment Smendès I, tout en résidant à Memphis,
entendu parler du danger pour le temple de Louxor contre les inondations et donna des ordres pour les réparations.
Toutefois les descendants
d’Hérihor firent
de Thèbes et sa région un
"royaume" presque indépendant et ce fut deux pouvoirs qui s’affrontèrent par la suite dans le pays.
Un en Haute-Égypte, basé à Thèbes, contrôlé par les
Grands Prêtres Roi et un en Basse-Égypte contrôlé par les Princes de
Tanis.
Piânkh (1074-1070), qui succéda à
Hérihor à la tête des
Grands Prêtres d’Amon,
confia à son fils Pinedjem I la charge
de Général à la tête des armées de la Haute-Égypte et de la Nubie. Lors de l’an
15 ou 16 de Smendès I, soit vers 1054,
Pinedjem I prit alors une titulature royale et
se proclama Pharaon sur la Haute-Égypte et dès lors régna conjointement
avec Smendès I. Smendès I fut enterré à Tanis.
Sa famille
Smendès I n’eut qu’une épouse attestée :
• Tentamon II (ou Tentamun ou Tanytamon – &nt-imn)
"Celle d’Amon", fille de
Ramsès XI et de la Reine Tentamon I
(ou Tanytamon ou Tentamun). Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
Elle est mentionnée avec son mari dans le Papyrus dit d’Ounamon,
"Les aventures d’Ounamon", un récit qui date de la fin de la
XXe dynastie.
Certains spécialistes lui attribuent une autre épouse,
Henouttaoui I, autre fille de
Ramsès XI, alors que
d’autres comptent cette dernière comme une de ses propres filles, fille de Tentamon II ?.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
Morris Leonard Bierbrier :
– The late New Kingdom in Egypt, c. 1300-664 B. C. : A genealogical and chronological investigation,
Aris & Phillips, cop, Warminster, 1975.
Gérard P.F.Broekman,
Robert Johannes Demarée et Olaf E.Kaper :
–
The Libyan period in Egypt : Historical and cultural studies into the 21st-24th dynasties : Proceedings of
a conference at Leiden University, 25-27 october 2007, Nederlands Instituut voor het Nabije Oosten
Leiden, 2009 – Peeters, Leuven, 2009.
Jaroslav Černý :
– Egypt : From the death of Ramesses III to the end of the twenty-first dynasty, University Press,
Janvier 1965 – En Français, L’Égypte de la mort de Ramsès III à la fin de la XXIe dynastie dans le Moyen-Orient
et la région Égéenne de 1380 à 1000, Cambridge University Press, Cambridge, 1965.
Willem Jan de Jong :
– Herihor, een omstreden farao : Smendes en Pianch, Sjemsoethot, Amsterdam, 1981.
Peter A.Clayton :
– Chronicle of the Pharaohs : The reign-by-reign record of the rulers and dynasties of ancient Egypt, Thames and Hudson,
New York, 1994, 1996, Novembre 2006 et janvier 2007 – American University in Cairo Press, Le Caire, 2006 – En Français, avec
Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L’histoire règne par règne des souverains et des
dynasties de l’Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
William Christopher Hayes et Frank H.Stubbings :
– Chronology : Egypt, to end of twentieth dynasty, Cambridge ancient history, University Press, 1962 et 1964.
Erik Hornung,
Rolf Krauss et David Warburton :
– Handbook of ancient egyptian chronology, Handbook of Oriental Studies : Section 1, the Near & Middle East,
illustrated edition, Brill Academic Pubishers, Leiden, Décembre 2005 et Octobre 2006.
Kenneth Anderson Kitchen et
Morris Leonard Bierbrier :
– The late New Kingdom in Egypt, c. 1300-664 B. C. : A genealogical and chronological investigation,
Aris & Phillips, Warminster, 1975.
Kenneth Anderson Kitchen :
– The Third Intermediate Period in Egypt (1100–650 BC), 3rd edition, Aris & Phillips Ltd, Warminster, 1986.
Donald Bruce Redford :
– Pharaonic king-lists, annals, and day-books : A contribution to the study of the Egyptian sense of history,
Society for the Study of Egyptian Antiquities, Février 1986 – Ontario Benben Publications, Mississauga, Ontario, Février 1986.
Edward Frank Wente :
– On the chronology of the twenty first dynastie, pp : 155-176,
JNES 26,
Chicago, 1967.
Karl Jansen-Winkeln :
– Das Ende des Neuen Reiches, Zeitschrift für ägyptische Sprache und Altertumskunde 119, 1992.
|