Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille de Tégyres –
Bataille de Leuctres
 

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            Bataille  de  Tégyres  375

 

Présentation

 
   La bataille de Tégyres (ou Tegyrae ou Naumachia tēs Tegyra, en Grec : Ναυμαχία της Τεγύρα) fut une bataille qui se déroula en 375 av.J.C. Elle eut lieu près du village de Tégyres, situé à environ 5 km. au Nord du lac Copaïs, en Béotie orientale, à l’emplacement de l’actuelle Pyrgos, près d’Orchomène de Béotie. Elle fut une confrontation entre Thèbes et Sparte et vit la défaite de ces derniers. Dans cette bataille, l’armée Thébaine sous le commandement de Pélopidas (En Grec : Πελοπίδας, Stratège Thébain v.420-364) fut contestée par une force Spartiate sensiblement plus grande. La bataille marque la première fois dans les dossiers historiques qu’une force Spartiate, dans une bataille rangée, fut vaincue par un ennemi numériquement inférieur.
 

Contexte  et  prélude

 
   Les seules sources fiables pour cette période sont les écrits de Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125 ap.J.C) qui donne un compte rendu détaillé de la période. Après une insurrection en 379 et 378, la mainmise de Sparte sur Thèbes fut annulée et cette dernière réaffirma alors son contrôle sur la Ligue Béotienne. Au cours de plusieurs années de campagne, les Thébains réussirent à expulser les garnisons Spartiates de toutes les villes de Béotie, sauf à Orchomène de Béotie. Selon Plutarque, en 375, Pélopidas (En Grec : Πελοπίδας, Stratège Thébain v.420-364), apprenant que la garnison Spartiate d’Orchomène de Béotie était allée en expédition en Locride, il partit avec le Bataillon Sacré (ou Hiéros Lokhos, en Grec : ἱερὸς λόχος; corps d’élite, peut-être mythique, de l’armée Thébaine) et une petite force de cavalerie, avec l’intention de prendre enfin la ville qui résistait depuis si longtemps, alors qu’elle était sans surveillance.
 
   Toutefois, lorsque les Thébains approchaient de la ville, ils apprirent qu’une force importante avait été envoyée de Sparte pour renforcer la garnison de la cité, et que celle-ci n’était plus très loin. Pélopidas décida alors de se retrancher avec sa force sur le village de Tégyres (Situé à environ 5 km. au Nord du lac Copaïs). Cependant avant que les Thébains puissent atteindre la sécurité du village, ils furent interceptés par la garnison Spartiate qui revenait de Locride. Pélopidas mit alors ses forces en ordre de bataille.

 

Le déroulement

 
   La force Thébaine était fortement en infériorité numérique lorsque les Spartiates se présentèrent en face d’eux. Le Bataillon Sacré ne comptait que quelque 300 hoplites, tandis que la garnison Spartiate se composait de deux contingents, ce qui signifie qu’ils devaient disposer d’entre 1.000 et 1.800 hoplites. Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125 ap.J.C) rapporte qu’un soldat Thébain, en voyant la force de l’ennemi, dit Pélopidas “Nous sommes tombés dans les mains de nos ennemis“, auquel Pélopidas répondit : “Et pourquoi pas lui dans les nôtres ?”. Le Commandant Thébain ordonna alors à sa cavalerie de charger pour que son infanterie ait le temps de se mettre en ordre de bataille mais dans une formation très dense. Juste à temps lorsque les Spartiates se ruaient sur elle.
 

  Lorsque les deux phalanges entrèrent en contact, la formation ion Thébaine, beaucoup plus compacte, franchit les lignes Spartiates au point de rencontre, ce qui eut pour effet de rompre leur phalange. Puis elle se retourna pour attaquer les flancs vulnérables des Spartiates de chaque côté. La phalange Lacédémonienne s’en retrouva complètement dispersée et les soldats n’eurent plus que la fuite pour sauver leur vie.
 
  Les Thébains ne les poursuivirent pas longtemps du fait de la proximité d’Orchomène de Béotie. La victoire Thébaine de Tégyres n’eut une importance militaire immédiate que minime, car la force Spartiate se reforma rapidement en se regroupant dans Orchomène ce qui eut pour effet d’empêcher Pélopidas d’exploiter l’avantage qu’il venait de gagner.

  Néanmoins, la victoire fut un événement d’une importance symbolique pour les deux parties. Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) rapporte que la victoire à Tégyres marqua la première fois où les Thébains érigèrent un trophée à la victoire sur une force Spartiate, parce que lors des précédentes fois où ils avaient pris le dessus ce n’était pas de grandes batailles, tout au plus des escarmouches.
 
   Pour les Spartiates, leur défaite marqua la première fois de leur histoire où une de leurs formations fut vaincue par une force de taille inférieure. Pour ces raisons, Plutarque voit dans la victoire de Pélopidas un “prélude à la victoire de Leuctres” qui allait arriver quelques temps plus tard.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
John Buckler et Hans Beck :
Central Greece and the politics of power in the fourth century BC, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2008.
Paul A.Cartledge :
Sparta and Lakonia : A Regional History 1300-362 BC, Routledge, 2001.
The Spartans : The world of the warrior-heroes of ancient Greece, from utopia to crisis and collapse, Overlook Press, Woodstock, New York, Janvier 2003.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999. 
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
John V.A.Fine et Rogers D.Spotswood :
The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1983.
John Francis Lazenby :
The Spartan army, Aris & Phillips, Warminster, 1985.

 

 

        Bataille  de  Leuctres

6 Juil.
371

 

Présentation

 
   La bataille de Leuctres (ou Naumachia tēs Leûktra, en Grec : Ναυμαχία της Λεκτρα) fut une bataille qui se déroula le 6 juillet 371 av.J.C. Elle eut lieu à Leuctres, un village de Béotie, situé au Sud-ouest de Thèbes, sur le territoire de Thespies (ou Thespiai). Elle fut une confrontation entre les Thébains dirigés par le Béotarque (Général et Magistrat de la Ligue Béotienne), Épaminondas (ou Epameinốndas, en Grec : ‘Eπαμεινώνδας, 418-362) et Sparte dirigée par le Roi Cléombrotos II (ou Cléombrote ou Kleómbrotos, en Grec : ou Κλεόμβροτος Β’, 380-371) et vit une sévère défaite de ce dernier. Cette bataille est considérée par beaucoup comme une révolution tactique pour l’emploi de l’ordre oblique. La bataille de Leuctres marqua un tournant dans les rapports entre cités Grecques. L’hégémonie Spartiate fut mise à mal et la cité ne s’en releva pas. Thèbes au contraire commença une domination qui dura 10 ans jusqu’à la mort d’Épaminondas, tué à la bataille de Mantinée (Le 4 ou 13 Juillet 362).
 

Contexte  et  prélude

 
   La bataille de Leuctres fut un des résultats de l’instabilité politique qui fit suite à la Guerre du Péloponnèse (431-404). Après sa victoire sur Athènes en 404, Sparte imposa à travers toute la Grèce de multiples régimes hostiles à la démocratie. Cette politique impérialiste effraya les autres grandes cités Grecques et un fort sentiment anti-Spartiate se répandit en Grèce. En 395, une coalition fut finalement formée par Argos, Athènes, Corinthe et Thèbes pour s’opposer à Sparte, qui mena à la Guerre de Corinthe (395-386). Thèbes était la cité la plus importante de la coalition, et, de ce fait, fut la cible de plusieurs campagnes militaires Spartiates. Le Roi Agésilas II (ou Agesilaos, en Grec : ‘Aγησίλαος Β’, 398-360), mena plusieurs expéditions en Béotie à partir de 394.
 

   En 386, la Guerre de Corinthe achevée, la querelle entre les deux cités fut loin d’être enterrée. Sparte n’était pas parvenu à écraser militairement Thèbes, tout juste à l’empêcher de dominer la Béotie. En 382, Sparte finalement triompha de Thèbes, lorsqu’elle profita d’une expédition contre la cité d’Olynthe pour s’emparer de Thèbes et renverser le pouvoir en place. De nombreux dirigeants Thébains furent alors exilés.
 
   En 379, cependant, quelques-uns de ces exilés parvinrent à libérer la cité avec l’aide d’Athènes et massacrèrent la garnison Spartiate qui s’y trouvait. La même année, Sparte reprit alors l’initiative d’organiser plusieurs campagnes contre Thèbes, menées par Cléombrotos II (ou Cléombrote ou Kleómbrotos, en Grec : ou Κλεόμβροτος Β’, 380-371), le second Roi de Sparte et elle attaqua en territoire Thébain.

    De ce fait, Thèbes fut encouragée à accroitre sa puissance, notamment par la formation d’une puissante armée. En 376, craignant que les Thébains ne prennent le contrôle de toute la Béotie, Sparte organisa une nouvelle expédition toujours sous le commandement de Cléombrotos II (ou Cléombrote). Cependant, les Spartiates furent repoussés au mont Cithéron, point d’accès à la Béotie que les Thébains occupaient.
 
   En 371, la lutte entre les deux cités prit un nouveau tournant, la démocratie nouvellement établit à Thèbes élut 4 Béotarques, le titre traditionnel des Généraux et Magistrat de la Ligue Béotienne, et ainsi proclama son intention de reconstituer la Ligue que Sparte avait dissoute.

 
   Athènes craignit alors une hégémonie Thébaine et décida d’entamer des négociations de paix avec Sparte. Cette dernière prêta serment de respecter le traité, en son nom et au nom de ses alliés. Thèbes, exigea alors la reconnaissance de son hégémonie en Béotie. Jugeant ces conditions inacceptables, les Spartiates montèrent une nouvelle expédition contre Thèbes, dont Cléombrotos II (ou Cléombrote), partant de Phocide, prit la tête. Plutôt que de prendre, pour gagner la Béotie, le parcours facile par l’habituel défilé, les Spartiates passèrent par les collines de Thisbé (ou Thisbae) et ils prirent la forteresse de Creusis (ou Creusa, en Grec : Κρεũσις) avant que les Thébains ne soient au courant de leur présence. Puis ils se dirigèrent sur Leuctres où ils allaient être confrontés à l’armée Béotienne.
 
   Au départ, les six Généraux Béotiens (ou Béotarques) furent divisés sur la tactique à adopter face à cette situation, fallait-il ou non attaquer. Épaminondas (ou Epameinốndas, en Grec : ‘Eπαμεινώνδας, 418-362) était le principal défenseur en faveur d’une bataille immédiate. Ce fut seulement lorsqu’un septième Général arriva qui était de l’avis d’Épaminondas que la décision fut prise. En dépit d’une armée numériquement inférieure et de la loyauté douteuse de ses alliés Béotiens, les Thébains décidèrent d’engager la bataille dans la plaine avant la ville.

 

Le déroulement

 
   Plusieurs auteurs anciens donnent des chiffres pour l’une ou l’autre des armées, mais malheureusement, ils sont contradictoires et dans certains cas, presque inimaginables. Les estimations des spécialistes aujourd’hui donnent entre 6.000 à 7.000 hoplites et 1.500 cavaliers pour la force Béotienne. Pour le côté Spartiate les chercheurs favorisent la version de Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125 ap.J.C) de 10.000 à 11.000 hoplites et 1.000 cavaliers.
 

  La bataille s’ouvrit avec les mercenaires Spartiates peltastes qui attaquèrent et refoulèrent leurs homologues du camp Béotien. Selon Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), les partisans des Béotiens essayèrent de quitter le champ de bataille, car ils n’avaient pas l’intention de se battre. Cette action Spartiate eut pour effet de les refouler dans l’armée Thébaine, par inadvertance, la rendant plus forte. Il y eut alors un engagement de cavalerie.
 
   Ces dernières se déployèrent de part et d’autre devant leurs phalanges respectives et se chargèrent. Le fait est assez rare pour être souligné car les cavaleries s’affrontaient très rarement lors des batailles hoplitiques. Dans cette action, les Thébains furent nettement supérieur défaisant rapidement leurs adversaires qu’ils chassèrent hors du champ de bataille. Cet affrontement préalable fut décisif pour la suite des événements.

   L’infanterie Spartiate fut de suite envoyée dans la débâcle de leur cavalerie pour les soutenir, mais les cavaliers Spartiates vaincus s’enfuirent en traversant les lignes de leur propre phalange, gênant sa cohésion et perturbant la tentative du Roi Cléombrotos II (ou Cléombrote, en Grec : Κλεόμβροτος Β’, 380-371) de déborder l’aile gauche Thébaine et son Bataillon Sacré (ou Hiéros Lokhos, en Grec : ἱερὸς λόχος; corps d’élite, peut-être mythique, de l’armée Thébaine) dirigé par Pélopidas (En Grec : Πελοπίδας, Stratège Thébain v.420-364).
 
   À ce stade, cette aile gauche Thébaine frappait le flanc droit Spartiate. Quant à la cavalerie Thébaine, elle reprit sa position en avant de sa phalange ce qui eut pour effet de dissimuler aux Spartiates le positionnement qu’étaient en train de prendre les Thébains, et de cacher son aile gauche.

 
   Le Général et Stratège Épaminondas (ou Epameinốndas, en Grec : ‘Eπαμεινώνδας, 418-362), contrairement à la tactique traditionnelle (Chez les Grecs en général) qui voulait que les troupes d’élites d’infanterie lourdement armée soient placées à l’aile droite, avait déployer ses meilleures hommes sur son aile gauche. De ce fait ceux-ci se retrouvèrent face à Cléombrotos II (ou Cléombrote) et l’élite de la phalange Spartiate. Cette disposition des meilleures troupes sur l’aile gauche est un exemple sans précédent qui constitua un bouleversement et les spécialistes encore aujourd’hui s’interrogent sur le pourquoi de ce choix. Peut-être que conscient de son infériorité numérique, le Stratège aurait décidé de tenter de vaincre l’élite Spartiate par une tactique audacieuse ?. Puis l’aide droite défaite, le reste de la phalange se romprait pour s’enfuir. Victor Davis Hanson avance qu’Épaminondas aurait eu la volonté de préserver ses alliés, peu enthousiastes à combattre et qui auraient sans doute déserté si on les avait poussé à affronter l’élite Spartiate.
 
   Toujours dans le même état d’esprit d’une aile gauche puissante, en plus de l’élite de son armée placée là, Épaminondas prit la décision de la renforcer démesurément, afin d’accroitre l’efficacité de son attaque. Le Stratège disposait ainsi sur sa gauche d’une phalange colossale et compacte d’environ 2.000 hoplites alignés sur 50 rangs, ce qui constitue un record absolu et rarement approché, car généralement, la phalange hoplitique ne dépassait jamais les 12 boucliers de profondeur (Dispositif adopté d’ailleurs par les Spartiates lors de cette bataille). À cela s’ajouta également la décision d’Épaminondas de privilégier un front étroit. Le dernier changement important du Thébain, fut de dégarnir son centre et son flanc droit afin d’avoir les effectifs nécessaire pour renforcer sa grande phalange à gauche, mais cela mettait le phalange avec un flanc droit très faible et que les Spartiates pouvaient aisément percer.
 
   Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) nous dit que pour remédier à cela, Épaminondas ordonna à son aile droite de ne pas engager le combat et même d’effectuer un lent mouvement de recul à l’approche des Spartiates afin de les attirer. Le Stratège disposait ainsi d’un flanc gauche d’une puissance énorme et d’un flanc droit faible qui devait attirer et contenir les Spartiates lui faisant face, ce qui faisait qu’une aile reculait, tandis que l’autre montait à l’assaut, ce que Diodore de Sicile appela une “phalange oblique“.

 

   Suivant le succès de sa cavalerie, l’immense phalange gauche Thébaine s’avança à l’assaut de l’aile droite Spartiate afin de la briser. Selon Xénophon, le Roi Cléombrotos II (ou Cléombrote) se serait alors avancé à la rencontre de l’ennemi de façon précipitée, ses troupes manquant de cohésion. Persuadé qu’avec ses troupes d’élites il pouvait facilement anéantir une aile gauche qui normalement devait être plus faible.
 
   Mais bien sûr ce ne fut pas le cas. Les Spartiates avec seulement une formation de douze boucliers de profondeur sur leur aile droite réussirent toutefois à soutenir l’impact lourd de leurs adversaires très longtemps. Xénophon et Diodore de Sicile vantent la valeur des Spartiates, qui semblent même un moment victorieux selon le premier.

   Le flanc droit Spartiate finit par rompre avec une perte d’environ 1.000 hommes, dont 400 étaient parmi les soldats les plus expérimentés de Sparte, y compris le Roi Cléombrotos II (ou Cléombrote) qui décéda ainsi que d’autres chefs Spartiates qui l’entouraient. Leur aile droite battue et la mort de presque tous leurs commandants provoquèrent un choc émotionnel terrible chez les Spartiates.
  
   La phalange se disloqua, mais Diodore de Sicile nous dit que certains soldats auraient préféré se faire massacrer sur place. Selon les deux auteurs, les Spartiates, purent juste repousser les Thébains pendant un instant, pour ramasser le corps de leur Roi, avant de fuir. Selon Xénophon l’aile gauche des Lacédémoniens voyant l’aile droite reculer, céda elle aussi et prit la fuite.

 

Après la bataille

 
   Malgré ces terribles combats les pertes de part et d’autres semble avoir été relativement faibles. La plupart des sources, s’appuyant sur Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), s’accordent sur la perte de 1.000 hommes pour les Spartiates, 4.000 selon Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) ?, et pour les Thébains, 300 selon Diodore et 47 selon Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180). L’armée Spartiate était donc alors loin d’être anéantie et, selon Diodore, parvint même à se replier en bon ordre dans son camp que les Thébains hésitaient à attaquer. Xénophon nous dit d’ailleurs que les Spartiates étaient encore en état de lutter et que certains envisageaient même une reprise immédiate des combats, avant d’en être découragés par leurs alliés et surtout en analysant l’ampleur des pertes au sein de leur troupe d’élite (Parmi les 1.000, tués 400 étaient de cette dernière).
 
   Cette défaite Spartiate ne donna donc pas pour autant la victoire définitive de Thèbes sur sa rivale. Les deux camps décidèrent finalement d’une trêve, après quoi les Spartiates se retranchent provisoirement dans leur base. À ce moment, Thèbes, bien que victorieuse, ne put profiter de son avantage. En effet la cité comptait finir d’écraser Sparte avec l’arrivée de renforts, une armée Thessalienne commandée par le Tyran de Phérès, Jason (En Grec : Ιάσων, v.390-370) qui après avoir pillé la Phocide sur son chemin, venait de les rejoindre. Mais Jason n’eut pas l’attitude qu’espéraient les Thébains, au contraire. Craignant peut-être la montée en puissance de Thèbes, qui ne pouvait que s’accélérer après leur victoire, il s’interposa entre les deux belligérants pour négocier un armistice. S’il ne parvint pas à obtenir une trêve, son action rendit toute idée d’impact décisif des Thébains caduque. Ces derniers ne devaient composer qu’avec leurs alliés et ne pouvaient finalement pas se permettre de poursuivre les Spartiates vaincus lorsque ceux-ci rentrèrent en direction du Péloponnèse.
 
   Cette occasion manquée d’achever l’armée vaincue, les Thébains la doivent également à la réaction rapide de Sparte. Car, dès que la nouvelle de la défaite de Leuctres arriva à Sparte, ils décidèrent de rassembler une deuxième armée, regroupant tous les hommes mobilisables de moins de 60 ans, placée alors sous le commandement d’Archidamos III (ou Arkhidamos ou Archidamus, en Grec : Αρχίδαμος Γ’, 360-338), le fils du Roi Agésilas II (398-360). Cette seconde armée envoyée en renfort rejoignit les troupes du Roi Cléombrotos II (ou Cléombrote, en Grec : ou Κλεόμβροτος Β’, 380-371) en pleine retraite, avant de se replier avec elles dans le Péloponnèse, mettant ainsi un terme à la campagne de 371. Leuctres, bien que marquant un tournant par la victoire tactique Thébaine, ne put donc se transformer immédiatement en un succès stratégique.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
John Kinloch Anderson :
Military theory and practice in the age of Xenophon, University of California Press, Berkeley, 1970.
Nikos Birgalias :
La cohésion sociale à Sparte au IVe siècle, pp : 13-21, Dialogues d’histoire ancienne 11, Supplément 11, 2014.
John Buckler et Hans Beck :
Central Greece and the politics of power in the fourth century BC, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2008.
John Buckler :
The Theban hegemony 371-362 B.C., Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1973.
Paul A.Cartledge :
Sparta and Lakonia : A Regional History 1300-362 BC, Routledge, 2001.
The Spartans : The world of the warrior-heroes of ancient Greece, from utopia to crisis and collapse, Overlook Press, Woodstock, New York, Janvier 2003.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999. 
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Jean-Marie Giraud :
Xénophon et l’explication de la défaite spartiate, Dialogues d’histoire ancienne, Persee, 2000.
John V.A.Fine et Rogers D.Spotswood :
The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1983.
Victor Davis Hanson :
Les guerres grecques, 1400-146 av.J.C., Éditions Autrement, Paris, 1999.
John Francis Lazenby :
The Spartan army, Aris & Phillips, Warminster, 1985.
Gabriele Marasco :
La retra di epitadeo e la situazione sociale di Sparta nel IV secolo, L’antiquité classique, Persee, 1980.
David Gerard Rice et Donald Kagan :
Why Sparta failed : A study of politics and policy from the Peace of Antalcidas to the Battle of Leuctra, 387-371 B.C., Yale university, Department of history, University Microfilms International, High Wycombe, Ann Arbor, 1971.
Serge Van de Maele :
La retraite de l’armée Lacédémonienne après la bataille de Leuctres (371 av.J.C), pp : 204-205, Revue des Études Grecques 93, N°440, 1980.

 

 

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