Les Mycéniens
De  vers  1450  à  vers  1200
 

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  Pour plus de détails voir aussi : Mycènes, Pylos, Tirynthe

 


 

Ruines du site de Mycènes

   La situation de Mycènes, qui domine à la fois la mer et l’Argolide, lui permit de contrôler le commerce dans une grande partie de la mer Égée. D’après la légende, deux dynasties se succédèrent sur son trône, celle des Perséides, qui auraient soumis les Pélasges, puis celle des Pélopides (ou des Atrides). La Grèce Mycénienne était divisée en royaumes, chacun d’entre eux étant dirigé par un Roi, appelé wa-na-ka. La légende fait régner vers 1200, le Roi Agamemnon. Les autres grandes cités autour de Mycènes furent : Tirynthe et Pylos dans le Péloponnèse et Athènes et Iolkos sur la côte de Thessalie.
 
   Les Mycéniens, attirés par ses richesses, envahirent la Crête et finirent de ruiner l’Empire Minoen déjà sur le déclin. Puis, ils poussèrent jusqu’à Chypre. En plus de la Crête, d’autres îles de la mer Égée, comme dans les Cyclades et Rhodes, virent l’implantation des Mycéniens. On retrouve aussi leurs traces sur des sites en Asie Mineure et des objets Mycéniens furent retrouvés même en Europe centrale et jusque dans les Îles Britanniques.
 
   L’écriture Mycénienne, est appelé "Linéaire B" c’est une variante de l’écriture Grecque primitive issue du Linéaire A des Minoens. L’analyse linguistique des textes en linéaire B amalgame la langue Mycénienne à des dialectes Grecs des époques ultérieures. Le monde Mycénien connut une disparition assez brutale, dont on ignore réellement la cause, ce qui eut pour effet de plonger la Grèce dans des âges sombres, qui durèrent quatre siècles.
 
   Cette civilisation fut révélée à la fin du XIXe siècle par les fouilles d’Heinrich Schliemann à Mycènes en 1874 et Tirynthe en 1886. Schliemann pensait avoir retrouvé le monde décrit par Homère dans l’Iliade et l’Odyssée. Dans une tombe de Mycènes, il mit au jour un masque en or qu’il identifia au Roi Agamemnon. Il fallut attendre les recherches d’Arthur Evans, au début du XXe siècle, pour que le monde Mycénien soit reconnu comme entités par rapport au monde Minoen de Schliemann. Aucune source écrite provenant d’un site Mycénien ne nous a indiqué comment ce peuple se nommait lui-même.

 


 

Masque (et ci-dessous) en or
provenant de tombes royales

L’histoire…….

 
   On appelle cette civilisation Mycénienne car la plus importante des cités était Mycènes. Malgré la légende et la puissance de la ville, il semble impossible que l’ensemble de la Grèce ait été gouverné par un souverain unique durant cette période. Rien ne prouve non plus que celle-ci ait formé une seule communauté ethnique ou linguistique. La chronologie de la civilisation Mycénienne a été attestée par Arne Furumark, en se basant sur la typologie des objets découverts sur les sites fouillés. Cette classification est très controversée par quelques spécialistes mais reste encore utilisée aujourd’hui. On emploie pour ces périodes le terme : Helladique Récent (HR).

  • 1550–1500 : Helladique Récent I – tombes A et B de Mycènes,
  • 1500–1450 : Helladique Récent II A,
  • 1450–1425 : Helladique Récent II B – arrivée probable des Mycéniens à Cnossos  ?,
  • 1425–1380 : Helladique Récent III A1 – destruction de Cnossos, début des palais Mycéniens, archives en linéaire B de Pylos
  • 1380–1300 : Helladique Récent III A2 – apogée de la construction des palais Mycéniens,
  • 1300–1250 : Helladique Récent III B1 – expansion et apogée de la civilisation Mycénienne,
  • 1250–1200 : Helladique Récent III B2 – destruction des palais Mycéniens, archives de Cnossos,
  • 1200–1125 : Helladique Récent III C1,
  • 1125–1100 : Helladique Récent III C2.

   Le monde Mycénien fut constitué d’une multitude de petits royaumes qui formèrent un ensemble de peuples, ancêtres des Achéens, des Ioniens, etc… Ces petits royaumes rivalisèrent par leur richesse. Homère dans l’Iliade, divise la Grèce en plusieurs États : Argos, Athènes, Mycènes, Pylos, Orchomène, Tirynthe, Cnossos qui sont attestés par l’archéologie et les textes en linéaire B, mais il faut peut-être rajouter Sparte et Ithaque.
 
   Mycènes fut le plus prestigieux, d’où sa place privilégier dans l’épopée Grecque. L’organisation politique générale du monde Mycénien n’est pas connue avec certitude. Nous sommes renseignés sur l’organisation intérieure des royaumes par les archives de Pylos et Cnossos en linéaire B, qui révèlent une organisation économique complexe et centralisé autour des palais. Les Rois Mycéniens exercaient leur pouvoir militaire, juridique et religieux sur des grands territoires, les te-me-no (ou Témenos, en Grec : Tέμενος), possédant de bonnes récoltes, des troupeaux, mais aussi sur la production et le commerce des métaux. Chaque souverain constituait sa cour d’officiers (Chevaliers ou compagnons) les e-qe-ta (ou Equetai), de dignitaires les te-re-ta (ou Telestai), d’aristocrates et de fonctionnaires.
 


 

Dame de Mycènes, fresque du XIIIe siècle retrouvée
à Mycènes représentant une Déesse –
Musée national archéologique d’Athènes

   Il était secondé par le ra-wa-ke-ta (ou Lawagetas), sans doute le chef de l’armée. Le royaume de Pylos était divisé en deux grandes provinces : La de-we-ra ka-ra-i-ja, la province proche, autour de Pylos et la Pe-ra-ko-ra-i-ja, la province éloignée. Pour diriger les districts qui faisait la sous division d’un royaume, le Roi nommait un Gouverneur le ko-re-te (ou Koreter) et un sous-Gouverneur le pro-ko-re-te (ou Prokoreter).
 
   Mycènes, comme le firent les Romains plus tard, se relia aux autres cités par un réseau de routes. La ville dominait à la fois une partie de la mer Égée et l’Argolide, ce qui lui permettait de contrôler le commerce. Son économie reposait sur l’agriculture et le tribut que versaient les royaumes assujettis. Les paiements se faisaient sous la forme de bovins et d’étoffes. À part Mycènes les royaumes important étaient Athènes, Pylos, Tirynthe et Thèbes.
 
   Vers 1450, les Mycéniens envahirent le centre de la Crête et la ville de Cnossos fut occupée. Ils prirent, de ce fait, le contrôle sur la mer Égée ce qui leur permit d’étendre leur puissance au premier rang des peuples de la Méditerranée orientale. L’influence des Minoens sur les Mycéniens fut importante, ils adoptèrent en premier lieu leur écriture, le linéaire B.
 
   Les palais permettaient le stockage des productions de coton, de lin pour les vêtements, de céréales (Blé et l’orge), d’oliviers, de figuiers, de vigne et d’huile qui étaient échangés contre des matières premières absentes du territoire telles que l’étain pour la fabrication des armes.
 

Couronne et masque provenant de tombes royale
 

   L’élevage était surtout axé sur les moutons et les chèvres. On sait aussi par des découvertes archéologiques que les Mycéniens possédaient des industries dans le domaine des parfums (Huile parfumée à la rose, à la sauge, etc…) et du bronze (Fabrication d’épées). Mais également des ateliers dépendants du palais qui comprenaient des ivoiriers, des orfèvres, des potiers. L’industrie textile était l’un des principaux secteurs de l’économie Mycénienne.
 


 


 

Vase à étrier Mycénien trouvé à Ougarit,
XIIIe siècle – Musée du Louvre

   Les tablettes de Cnossos permirent de suivre toute la chaîne de production, des troupeaux de moutons au stockage des produits finis dans les magasins du palais. Le palais de Pylos comptait environ 550 ouvrières du textile et près de 900 à Cnossos. L’influence commerciale des Mycéniens fut très grande puisque l’on sait qu’ils commerçaient avec Chypre, l’Égypte, des cités en Asie Mineure comme Milet, Halicarnasse ou Cnide, jusqu’à des îles comme Lemnos ou Cythère.
 
   On a retrouvé leurs poteries jusqu’en Syrie et Palestine, mais aussi plus à l’Ouest en Sicile, ou même en Europe Centrale et jusqu’en Grande-Bretagne. De grandes jarres ayant contenu de l’huile ont été retrouvées à Thèbes, en Béotie. Nous disposons de peu d’informations sur le circuit de distribution des textiles, on sait juste que les tissus fins partaient pour l’Égypte.
 

   Les Mycéniens, témoignaient d’originalité dans leur architecture, ils construisirent de nombreux monuments à Argos, Dendra, Mycènes, Pylos et Tirynthe. Les principales villes Mycéniennes furent toutes fortifiées. À côtés de ces citadelles, on a aussi trouvé des forteresses, servant sans doute au contrôle militaire des territoires. Les plus beaux palais Mycéniens furent semble t-il ceux de Mycènes, Pylos et Tirynthe. Sur le plan architectural, ils héritèrent des palais Minoens, mais aussi de l’influence des grandes résidences bâties en Grèce continentale.
 
   Le cœur du palais était le mégaron qui était la salle du trône entouré de quatre colonnes. Ils étaient organisés autour d’un ensemble de cours ouvrant sur plusieurs salles de différentes dimensions, dont des magasins, des ateliers, des salles de réception et de résidence. Les palais Mycéniens ont livré un mobilier important, ainsi que des fresques peintes.

 

Le déclin et la fin

 
   Malgré sa puissance, le monde Mycénien connut une disparition relativement brutale sans que l’on ne puisse en expliquer précisément les raisons. La fin de la suprématie Mycénienne pose beaucoup de problèmes qui ne sont toujours pas résolus, du point de vue chronologique et de l’interprétation des événements. Des recherches récentes à Mycènes et Thèbes nous ont appris qu’il subit un premier choc vers 1280 (HR III B1). À partir de cette date, en peu de temps, tous les palais du Sud de la Grèce furent brûlés, y compris celui de Mycènes.
 
   Les habitations hors de la ville de Mycènes furent détruites, le palais de Thèbes fut ravagé. Puis vers 1200 (HR III C), les grands palais furent détruits : Mycènes, Pylos, Tirynthe. La période vit une baisse importante du nombre de sites en Grèce, 9/10e des sites de Béotie disparurent, 2/3 en Argolide. Quelles sont les causes du déclin de la civilisation Mycénienne à cette période ?. Plusieurs hypothèses ont été avancées concernant cette disparition de "l’Empire". Ces faits étaient traditionnellement attribués aux invasions des Doriens, des Grecs du Nord, bien que beaucoup d’historiens doutent maintenant que cette invasion eut lieu.

Fresque de Mycènes représentant un bouclier
symbole de la Déesse de la guerre –
Musée national archéologique d’Athènes

 

 
   En fait les causes peuvent être à la fois :
 
• Externes du fait de facteurs naturels comme le changement climatique, des tremblements de terre qui sont peut-être l’origine du déplacement de sources d’eau et des populations, bien que ces propositions soient aujourd’hui rejetées en masse. Amos Nur fait pourtant valoir que les tremblements de terre ont joués un rôle majeur dans la destruction de Mycènes et de nombreuses autres villes à la fin de l’âge du Bronze. Une autre théorie est qu’il se serait produit une grande et longue sécheresse qui aurait causé le déclin de Mycènes, mais il n’y a pas de preuve climatologiques de ces faits.
 
• Externes du fait de raids de nouvelles populations comme effectivement les Doriens ?. Mais cette proposition est elle aussi désormais écartée par beaucoup de spécialistes. On sait aujourd’hui que les Doriens étaient déjà présents en Grèce continentale auparavant. Une autre hypothèse encore est que la fin du palais de Mycènes, lieu du pouvoir de la cité, fut liée aux "Peuples de la mer".
 
   Les populations qui ont été en grande partie la cause de la destruction de l’Empire Hittite et des attaques sur la XIXe, puis XXe dynasties de l’Égypte. Ceux-ci rasant les grandes villes d’orient, auraient empêché tout commerce. L’économie Mycénienne, ne reposant que sur les échanges, se serait d’un coup écroulée. Les palais sans aucun revenu auraient été dans l’impossibilité de faire face à cette crise.
 
• Internes, au cours de conflits sociaux une administration trop centralisée et trop rigide aurait été incapable de surmonter de nouvelles crises. Les couches sociales les plus défavorisées auraient rejeté le système palatial qui finit par s’appauvrir à la fin de l’Helladique Récent. Cette hypothèse rejoint parfois la précédente.

Art Mycénien

 
   L’hypothèse interne est renforcée par le fait que dans les tablettes Mycéniennes, le nom du magistrat chargé de l’administration des villages change et devint une forme ancienne d’un nom dont aurait pu dériver le titre d’archonte (Roi-Prêtre de la Grèce archaïque). Ce qui signifierait que l’administration Mycénienne se désintégra au point que les citoyens ne reconnurent plus que les magistrats locaux comme souverains et autorité suprême.
 
   D’un autre côté l’hypothèse externe est, elle, basée sur le fait que l’on constate à cette époque, que beaucoup d’étrangers parlant le Grec Dorique entrèrent en Grèce. Par ailleurs, certaines populations Mycéniennes, qui plus tard parleront un dialecte Dorien, quittèrent la superstructure Mycénienne et s’installèrent dans de nombreuses régions anciennement contrôlées par elle et les populations déplacées échappèrent aux pouvoir Mycénien.
 
  En fait, plusieurs facteurs se sont sûrement conjugués, car aucune preuve concluante n’a été avancée pour confirmer que telle ou telle théorie est la raison pour laquelle la citadelle Mycénienne et d’autres autour d’elle tombèrent à cette époque. Ce que l’on constate de sur c’est qu’à cette période appelé "submycénien", Mycènes n’était plus une grande puissance. Ses céramiques et leurs styles décoratifs changèrent rapidement. L’artisanat et l’art diminuèrent nettement. La citadelle fut abandonnée à la fin du XIIe siècle, du fait qu’elle n’était plus un lieu stratégique et était trop éloignée de la cité. Quoi qu’il en soit le riche monde Mycénien ne se releva jamais quand les sites de Mycènes et de Tirynthe furent détruits. Toute la Grèce en subit les conséquences ouvrant la période des "âges sombres", qui dura pendant quatre siècles.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur les Mycéniens voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
John Chadwick :
The Mycenaean world, Cambridge University Press, 1976.
Le déchiffrement du Linéaire B, Gallimard, Paris, 1983.
Corpus of Mycenaean inscriptions from Knossos, 4 vol., Cambridge University Press, 1987–1999.
John Chadwick et Michael Ventris :  
Documents in Mycenæan Greek, Cambridge University Press, 1955, 1974 (2e édition).
Léonard Cottrell :
Civilisations disparues, Flammarion, Paris, 1974.
Pascal Darcque :
Les Mycéniens, Éditions Faton, Dijon, 1994.
Jan Driessen et Alexandre Farnoux :
La Crète Mycénienne : Actes de la table ronde internationale organisée par l’École Française d’Athènes, 26-28 mars 1991, École Française d’Athènes, Athènes, 1997 – De Boccard-Diffusion, Paris, 1997.
Maitland A.Edey :
Antiques civilisations Egéennes, Time-Life International, Nederland, 1975.
Alexandre Farnoux :
Les Mycéniens : Des Grecs du IIe millénaire, Faton, Dijon, 1994.
Arne Furumark :  
The chronology of Mycenaean pottery, vol.I, K. Vitterhets, historie och antikvitets akademien, Stockholm, 1941. 
The Mycenaean pottery, analysis and classification, vol. II, Kungl. Vitterhets, historie och antikvitets akademien, Stockholm, 1941. Ces deux volumes ont été réédités sous le nom : Mycenaean pottery, 1972-1992.
Reynold Higgins :
L’art de la Crète et de Mycènes, Thames & Hudson, Londres, 1995 (1ère édition 1967).
Francis Joannès :  
Les premières civilisations : De la Grèce mycénienne à l’Indus, Collection : Universitaire, Belin, Avril 2006.
Laurence Lhommedet et Claude Merle :
Le monde Grec : Des Mycéniens à Alexandre le Grand, Éditions Autrement, Paris, 2001.
Friedrich Matz :
Le monde Egéen : Troie, Crète, Mycènes, Correa, Buchet/Chastel, Paris, 1956.
Isabelle Ozanne :  
Les Mycéniens, paysans, pillards et poètes, Errance, Paris, 1990 – Collection : Civilisations U, Armand Colin, Paris, 1992.
Jean-Claude Poursat :
Les ivoires Mycéniens : Essai sur la formation d’un art Mycémien, École Française d’Athènes, Athènes, 1977
Stefan Przeworski :
– Les problèmes Mycéniens et les textes Hittites. II, Sumptibus Pol. soc. philologae, Leopoli, 1925.
Henri Van Effenterre :
Mycènes, vie et mort d’une civilisation : La seconde fin du monde, Éditions Errance, Paris, 1985.

 

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