Localisation
Chypre (ou Kypros ou Kupros ou Kýpros, en Grec : Κύπρος,
en Turc : Kıbrıs Kirsch, en
Hébreu :
קפריסין, en
Arménien :
Կիպրոս),
est une île située dans le bassin Levantin qui constitue la partie la plus orientale de la mer Méditerranée,
souvent considérée comme Européenne, mais elle est située au Sud de l’Asie Mineure,
en face de la Syrie. Elle fut dès l’Antiquité au carrefour d’importants courants commerciaux, assimilant au fil des siècles différentes cultures provenant des
Minoens et des
Mycéniens.
Dieu cornu en bronze retrouvé à Enkomi |
Étymologie
La référence à Chypre est attestée
dès le XVe siècle av.J.C. On lui connait plusieurs noms au cours de son histoire. Les
Égyptiens la nommaient : Alachia
ou Danan en fonction des périodes, les
Assyriens : Iatnana et les
Phéniciens : Enkomi,
Son nom Grec : Kypros ou Kupros signifie cuivre, en référence aux importants gisements de ce métal,
qui assurèrent sa renommée et sa prospérité dans l’ensemble du bassin Méditerranéen.
Georges Dossin, suggère que le nom a donc des racines dans le mot
Sumérien pour le cuivre (Zubar) ou pour le bronze (KUBAR).
Dans le même ordre d’idée, grâce au commerce outre-mer, l’île donna son nom en Latin classique au mot cuivre Cyprium, “métal de Chypre”,
plus tard réduit à Cuprum. Son nom en Grec Mycénien :
ku-pi-ri-jo, signifie chypriote (en Grec : Κύπριος), écrit en
linéaire B.
L’étymologie du nom est inconnue. Certains spécialistes avancent quelques suggestions :
– Le mot Grec pour l’arbre de cyprès (Cupressus sempervirens), κυπάρισσος (Kyparissos)
– Le nom Grec du henné (Lawsonia alba), κύπρος (Kýpros)
– Chypre, plus précisément le bord de mer à Paphos (ou Baf), fut également l’un des berceaux donnés dans la mythologie Grecque
pour Aphrodite, qui était connu sous le nom de Kypria. Les termes Chypriote et Cyprien sont également utilisés, bien que moins fréquemment.
Les principales cités de l’île
Au cours de sa longue histoire, Chypre vit se développer sur son sol de nombreuses cités, qui eurent pour certaines,
comme Salamine, un très grand pouvoir politique.
À une période beaucoup de ces villes s’érigèrent en cité-État avec leur propre Roi. Les plus
importantes furent :
▪
Amathonte (ou Amathus, en Grec : ‘Aμαθοũς) fut l’une des plus anciennes villes royales de Chypre.
Elle se situait sur la côte Sud en face d’Agios Tychonas, à l’Ouest de Larnaca et à l’Est de Limassol (ou
Lemeˈsos ou Limasol).
Son culte d’Aphrodite était le plus important, après Paphos (ou Baf), de l’île, son pays d’origine.
Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie
d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2. ▪
Cition (ou Kition ou Kitim ou Qart Hadasht, en
Grec : Κίτιον, en
Phénicien : kty, en Latin : Citium,
actuellement Larnaca) est une cité de la côte Sud-est de Chypre. Malgré son importance durant l’Antiquité, elle demeure assez mal connue, en partie parce
que l’actuelle Larnaca fut bâtie sur le site de l’ancienne cité. La ville, qui n’a pratiquement jamais cessé d’être habitée durant
quatre millénaires est déjà mentionnée dans la Bible sous la forme Kitim.
▪ Chytri (ou Chytroi ou Ki-it-ru-si ou Kythrea ou Degirmenlik, en Grec : Χũτροι)
qui était située dans le centre de l’île, sur le territoire de Chytraea, à l’Ouest de la Plaine de la Mésorée
(ou Mesaoria). Elle correspond à la ville moderne de Kythrea. Elle fut l’un des
dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie
d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
Tête d’une statue d’homme casqué – trouvée à Idalion – VIIe – VIe s. av.J.C –
Neues Museum – Berlin
|
▪ Dhikomo (ou Dikomo, en Grec : Δίκωμο, en Turc : Dikmen) qui était située à environ
mi-chemin entre Nicosie et Kyrenia. La ville se compose de deux parties : Kato Dikomo (ou Aşağı Dikmen) etPano Dikomo (ou Yukarı Dikmen).
▪ Enkomi (En Grec : ‘Eγκωμη, en Turc : Tuzla) qui est
un village et un site archéologique situé près de Famagouste. Le site est constitué d’une importante ville entourée de remparts cyclopéens.
La phase d’occupation s’étend du XIXe siècle av.J.C. jusqu’au XIe siècle av.J.C. C’est à ce moment-là que la cité fut abandonnée au profit
de la ville voisine de Salamine.
▪ Idalion (ou Idalium ou E-di’-il ou Ed-di-al ou Edalion ou Dali, en Grec : Ιδάλιον)
qui correspond à la ville moderne Dali, dans le District de Nicosie. La cité fut fondée sur le commerce du cuivre au IIIe millénaire. Son nom au VIIIe siècle
était Ed-di-al tel qu’il apparaît sur la stèle du Roi d’Assyrie
Sargon II
(722-705) en 707 av.J.C, et un peu plus tard elle fut l’un des dix royaumes de
l’île énumérés sur le prisme du Roi
d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon,
681-669) en 673/2.
▪ Karpasia (ou Carpasia ou Karpasion) qui est dit avoir été fondée par le Roi
Phénicien Pygmalion de
Tyr,
près du cap Sarpédon à l’extrémité de la péninsule de Karpas, sur la rive Nord-est de Chypre, au Nord et à courte distance de la ville moderne de
Rizokarpasso.
▪ Kouklia (ou Palaepaphos, en Grec : Κούκλια, en Turc : Kukla) qui est un village
dans le district de Paphos (ou Baf), à environ 16 km. de la ville de Paphos. Il fut construit dans la zone de Palaepaphos Vieux Paphos,
berceau mythique d’Aphrodite. Le mythe de la fondation de cette Déesse fit que vers 1200 av.J.C, Kouklia fut un centre religieux important et
le centre de son culte dans le monde antique.
▪
Kourion (ou Curias ou Ku-ri-i ou Kurion ou Kaloriziki, en Grec : Κούριον,
en Latin : Curium) fut une riche cité de Chypre. Elle fut peuplée de l’Antiquité jusqu’au début du Moyen Âge. Elle était située sur la côte
Sud de l’île à l’Ouest de la rivière Lycus (aujourd’hui Kouris), non loin d’Amathonte. Elle est répertoriée par de nombreux auteurs antiques.
Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi
d’Assyrie
d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
▪ Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia, en Grec : Κερύνεια, en Turc : Girne)
fut une ville et un port situé au Nord de l’île, faisant face à la Turquie. Bien qu’il existe des preuves montrant qu’elle fut peuplée depuis 5800 av.J.C,
il est traditionnellement admis que la cité fut fondée par les
Achéens du Péloponnèse après la guerre de Troie.
Le théâtre de Kourion |
▪ Lapithos (ou Lapethos, en Grec : Λάπηθος, en Turc : Lapta) qui selon
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) fut fondée par
Sparte. Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi
d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon,
681-669) en 673/2. Au cours de la domination Perse,
Lapithos fut colonisée par les Phéniciens.
Le dernier Roi indépendant, Praxippos fut détrôné par le Roi d’Égypte
Ptolémée I Sôter (305-282), en 312
av.J.C.
▪ Ledra (ou Ledrae ou Ledrai ou Li-di-ir ou Nicosie ou Levkoşa, en Grec : Λήδρα) qui était située
dans le centre de l’île, près de Nicosie aujourd’hui. Elle fut créée en 1050 av.J.C.
Aux alentours de 280 av.J.C, la cité fut rebaptisé Leukotheon. Ledra fut l’un
des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie
d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
▪ Limassol (ou Lemeˈsos ou Leymosun ou Da-mu-u-si / su, en Grec :
Λεμεσός, en Turc : Limasol), autrefois appelée Némosie, est aujourd’hui la deuxième ville la plus importante de Chypre.
Elle est située sur la baie d’Akrotiri, sur la côte Sud de l’île.
▪ Marion (ou Pu-su-su, en Grec : Μάριον)
qui était située dans le Nord-ouest de l’île, près de l’actuelle ville de Polis. Elle fut fondée au VIIe siècle av.J.C
et s’est enrichie du commerce du cuivre et de l’or de ses mines à proximité.
Elle fut finalement détruite en 312 av.J.C par le Roi d’Égypte
Ptolémée I Sôter
(305-282) et fut ensuite remplacé par la ville voisine d’Arsinoé.
Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi
d’Assyrie
d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
▪ Morphou (ou Morfou, en Grec : Μόρφου, en Turc : Omorfo ou Güzelyurt) qui était située
dans le Nord de l’île, à l’extrémité occidentale de la plaine de la Mésorée, à 8 km. de la mer (Baie de Morphou).
La ville aurait été fondée par les
Spartiates.
▪ Paphos (ou Pa-ap-pa, en Grec : Πάφος, en Turc : Baf) qui est située sur la côte occidentale de l’île.
Elle était consacrée dans l’Antiquité à la Déesse Aphrodite. Sur le site de Kato Paphos, situé à côté du vieux port, de nombreux vestiges archéologiques de
l’Antiquité Grecque dont de magnifiques mosaïques représentant Aphrodite, Artémis ou Dionysos, ont été découverts.
▪ Rizokarpasso (ou Rizokarpaso, en Grec : Ριζοκάρπασο,
en Turc : Dipkarpaz) qui est située sur la péninsule de Karpas dans la partie Nord de l’île.
La zone de Rizokarpasso contient quelques-uns des plus anciens lieux habités de l’île. Ceux-ci comprennent les anciennes cités de Karpasia et Aphendrika.
Salamine – Vue du sanctuaire |
▪ Salamine
(ou Salaminia ou Ki(i)-su, en Grec : Σαλαμίνα ou Σαλαμίς)
est située sur la côte Est de l’île, au bord du Pediaeos. Les débuts de la ville sont liés aux fondations mythiques
établies à Chypre après la Guerre de Troie par les héros Grecs. Son excellent
port lui assura rapidement le premier rang des cités de l’île.
▪ Soles (ou Soloi ou Si-il-li/LU, en Latin : Soli, en Grec : Σόλοι) dont les
ruines sont situées au fond de la baie de Morphou, près du village de Potamos tou Kampou (en Turc : Yedidalga).
L’origine de la cité n’est pas connue avec certitude. D’après la tradition rapportée par
Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec,
46-v.125), elle aurait succédé à une ville plus ancienne nommée Aïpéia, qui avait été fondée par Démophon, fils de Thésée.
▪
Tamassos (ou Tamasos ou Ta-moi-si/su, en Grec : Ταμασσός,
en Latin Tamassus ou Tamasus) fut une des principales villes de l’île de Chypre.
Elle était située dans la grande plaine centrale de l’île, au Sud-est de Soles (oi Soloi), sur la route de cette dernière à Tremithus.
Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi
d’Assyrie
d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
L’histoire
Préhistoire
L’occupation humaine de Chypre remonte au paléolithique (connu comme l’âge de pierre).
La position géographique de l’île la mit très vite sous l’influence de différentes civilisations de la Méditerranée orientale au cours des millénaires.
Les habitants coexistaient avec différentes espèces animales, comme des éléphants nains et des hippopotames nains.
Il y a des artefacts de cette faune à Aetokremnos près de Limassol, sur la côte Sud de Chypre.
La première colonisation incontestée eu lieu au cours du IXe (ou peut-être Xe) millénaire venant du Levant.
Ces premiers colons étaient des agriculteurs, mais ne produisaient pas encore de poterie (acéramique néolithique).
Les chiens, les moutons, les chèvres et peut-être les bovins et les porcs furent introduits, ainsi que de nombreux animaux sauvages tels que le
renard (Vulpes) et le daim Persan (Dama de mesopotamica) qui étaient jusque-là inconnue de l’île.
Les preuves de bétail, telles que celles attestées à Shillourokambos (6 km. à l’Est de Limassol dans le Sud de l’île) sont rares.
Ces colons construisirent des maisons rondes avec des sols en terre de chaux brûlée.
Il faut noter qu’en 2004, les vestiges d’un chat de 8 mois furent mis au jour, enterrés avec son propriétaire humain, sur un site archéologique de l’île
datant du néolithique. La tombe est estimée à 9.500 ans, soit antérieure à la civilisation
Égyptienne et repousse l’association significative
la plus tardive connue entre félin et humain.
Tête représentant Apollon –
Bronze – vers 460 av.J.C. Découverte en 1836 à Tamassos – British Museum
|
Âge du bronze
Une civilisation originale se développa, à l’âge du bronze (5000 à 3000 av.J.C.) sur l’île au carrefour des
voies de passages entre le Proche-Orient et le monde Méditerranéen, grâce aussi à la présence de mines de cuivre, ressource qui fut largement négociée. Des Grecs
Mycéniens furent sans aucun doute les habitants de l’île à la fin de cette
période, tandis que le nom Grec de l’île est attesté dès le XVe siècle av.J.C. écriture en
linéaire B.
Dès 2100-1900, la population s’installa sur les côtes Nord comme Vouni (ou Vuni) ou Lapithos (ou Lapethos ou Lapta) et Sud, comme Limassol
(ou Lemeˈsos ou Limasol ou Leymosun ou Da-mu-u-si / su) et de grandes nécropoles se développent dans lesquelles
on a mis au jour de nombreuses poteries : Vases avec figures humaines et têtes d’animaux, cruches à grands cols, bols accolés.
L’écriture Chypro-syllabique (ou syllabaire Chypriote) ne fut utilisée que dans les premières phases de l’âge du bronze tardif.
C’est à cette époque qu’apparaissent les premiers textes écrits, dont les caractères ressemblent à ceux du
linéaire A Minoen,
on parle d’écriture cypro-minoenne dans laquelle on distingue au moins trois
syllabaires différents. Entre 1900 et 1600, les sites habités se multiplièrent
et certains furent même fortifiés, comme Krini (ou Pınarbaşı) et Dhikomo (ou Dikomo
ou Dikmen). Durant le bronze récent (1600-1200), de nouveaux sites se développèrent. À cette époque les premières villes furent construites, comme
Enkomi (ou Tuzla), Hala Sultan Tekké (ou Hala Sultan Tekkesi),
Cition (ou Kition ou Citium), Morphou (ou Güzelyurt ou Omorfo ou Güzelyurt) et
Paphos (ou Baf).
L’influence Syrienne fut importante dans le domaine religieux. On construisit des temples orientaux dans les villes et les
sacrifices d’animaux furent courants. Dans ces vastes ensembles architecturaux, on trouvait une grande salle à piliers, un autel en plein air,
des tables à offrandes et libations, des ateliers et des réserves car les temples furent aussi des lieux économiques.
Un sanctuaire avec un autel construit à partir de pierre de taille fut trouvée à Myrtou-Pigadhes,
d’autres temples sont situés à Enkomi (ou Tuzla),
Cition (ou Kition) et Kouklia (ou Palaepaphos).
Des tombeaux furent utilisés par plusieurs générations d’une même famille et furent groupés à l’écart des habitations et marqués par un tumulus de terre.
La période 1400-1200 fut un temps de prospérité locale. Des villes comme Enkomi, reconstruites sur un plan rectangulaire,
se virent parées de nombreux grands bâtiments. Ces grands bâtiments officiels furent construits à partir de pierre de taille.
Certains contenaient des installations de traitement et de stockage de l’huile d’olive.
La disposition régulière des villes et les nouvelles techniques de maçonnerie trouvent leurs parallèles les plus proches en
Phénicie, en particulier à
Ougarit.
Des textes Ougaritiques
mentionnent le nom Assyrien de Chypre,
qui semble donc avoir été en usage déjà dès la fin de l’âge du bronze. Au bronze final Chypre fit partie de l’Empire
Hittite, mais elle fut un État client
et en tant que tel ne fut pas envahie mais fit simplement partie de l’Empire et régit par les Rois au pouvoir à
Ougarit.
Il faut juste noter que lors du règne de Tudhaliya II (ou Tudhalia ou Touthalija ou Duhalijas ou Tudhalijaš, v.1400 à ?),
l’île fut brièvement envahie par les
Hittites soit pour des raisons
de sécurisation des ressources du cuivre, soit comme un moyen d’empêcher la piraterie.
Mosaïque représentant Léda et le cygne –
Sanctuaire d’Aphrodite de Paphos – IIIe siècle ap.J.C – Musée de Chypre –
Nicosie
|
Dans la phase de la fin de l’âge du bronze (de 1200 à 1100 av.J.C) de grandes quantités de poterie de type
Mycénienne furent produites localement.
On en a retrouvé de grandes quantités en Palestine.
De nouveaux éléments architecturaux endémiques sur Chypre agrémentèrent les murs cyclopéens.
Après une période de paix assez longue sous l’Empire
Hittite, peu avant 1200, l’île fut le théâtre de destructions nombreuses. On les attribue aux
Peuples de la Mer dont l’identité est difficile à définir.
Beaucoup de Grecs Achéens vécurent à Chypre à partir du XIVe siècle,
la plupart d’entre eux habitèrent l’île après la guerre de Troie. Mais la colonisation fut surtout entre 1200
et 1000 av.J.C. Une autre vague de colonisation Grecque est censée avoir eu lieu
au siècle suivant (1100-1050), indiquée, entre autres choses, par un nouveau type de tombes.
Âge du
fer
L’âge du fer suit la période Submycénienne (1125-1050 av.J.C)
ou âge du bronze récent et est divisé en deux catégories, géométrique 1050-700 et archaïque 700-525.
On y retrouve la fondation de mythes documentés par les auteurs classiques se rapportant à la base de nombreuses villes Chypriotes, comme les héros Grecs
immigrés dans le sillage de la guerre de Troie. Par exemple, Teucros (ou
Teucrides ou Teucer), le frère d’Ajax est censé avoir fondé
Salamine et l’Arcadien Agapénor (ou Agapếnôr) de Tégée, avoir fondé Paphos
(ou Baf). Certains chercheurs voient une mémoire d’une colonisation Grecque déjà au XIe siècle.
De cette période 49 tombes à Kouklia (ou Palaepaphos),
et trois obélisques de bronze avec des inscriptions en écriture
Chypro-syllabique (ou syllabaire Chypriote) ont été mis au jour, dont l’un porte le nom d’Opheltas.
C’est la première indication de l’utilisation de la langue Grecque de l’île.
Les premiers enterrements avec crémations et cendres dans des vases de bronze ont été trouvés à
Kourion
(ou Curias ou Curium), près de l’actuelle Limassol, tombe 40, et datent de la première
moitié du XIe siècle. Autrefois considérée comme la tombe royale des premiers fondateurs de
Kourion (ou Curias ou Curium), elle est aujourd’hui
interprétée comme la tombe d’un Cypriote natif de l’île ou un Prince
Phénicien.
Au VIIIe siècle, plusieurs colonies Phéniciennes
ont été fondées, comme
Cition (ou Kition, aujourd’hui Larnaca) et
Salamine.
Le plus ancien cimetière de cette dernière contenait des sépultures d’enfants dans des urnes
Cananéennes, indication claire de la présence
Phénicienne
déjà dès le XIe siècle. Des jarres-sépultures similaires ont été mises au jour dans les cimetières à
Kourion (ou Curias ou Curium) et Kouklia (ou Palaepaphos).
L’historien de la Grèce antique, Hérodote (484-v.425) affirme que la ville de
Kourion (ou Curias ou Curium), fut fondée par des colons
Achéens d’Argos.
Des vestiges de la ville, dont de la poterie, indiquent que des colons
Mycéniens se sont mêlés à
une population existante dans cette partie de l’île dès le XIIe siècle av.J.C.
Un royaume de Kourion (ou Curias ou Curium) à Chypre est enregistré sur
une inscription datant de la période du Pharaon Ramsès III (1184-1153).
Période Assyrienne et des cités-États
Des sources écrites du début de l’histoire Chypriote mentionnent la nation sous la gouvernance
Assyrienne.
Une stèle, mise au jour en 1845, dans la ville de
Cition (ou Kition), commémore la victoire du Roi
d’Assyrie
Sargon II (722-705), en 709, sur sept Rois de “Ia”
(ou Iadnana ou Atnana). La terre de “Ia” (ou Iadnana ou Atnana) est supposée être le nom
Assyrien
pour Chypre, et certains chercheurs suggèrent que ce dernier peut signifier "île des Denyens " (ou Dananéens, Achéens).
Il existe d’autres inscriptions faisant référence à la terre de “Ia” dans le palais de
Sargon II à
Dûr-Sharrukîn
(ou Khorsabad).
Vue d’une partie du site de Kourion |
Les dix royaumes énumérés par le prisme
d’Assarhaddon
(ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2 ont été identifiés comme étant :
Soles (ou Soloi ou Si-il-li/LU), Salamine (ou Ki(i)-su),
Paphos (ou Pa-ap-pa ou Baf),
Kourion (ou Curias ou Curium ou Ku-ri-i ou Kurion ou Kaloriziki),
Amathonte (ou Amathus) et
Cition (ou Kition ou Qart Hadasht) sur la côte,
Tamassos (ou Tamasos ou Tamassus ou Ta-moi-si/su), Ledra
(ou Ledrae ou Ledrai ou Li-di-ir ou Nicosie ou Levkoşa), Idalion (ou Idalium ou E-di’-il ou Edalion ou Dali) et
Chytri (ou Chytroi ou Ki-it-ru-si ou Kythrea ou Degirmenlik) à l’intérieur de l’île.
Une autre inscription y ajouta, plus tard : Marion (ou Pu-su-su), Lapithos (ou Lapethos) et Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia).
Ces cités-États de Chypre obtinrent leur indépendance entre 669 et 663. Les cimetières de cette période sont principalement des
tombes taillées dans la roche. Ils ont été trouvés, entre autres lieux, à
Tamassos (ou Tamasos ou Tamassus), Soles (ou Soloi), Patriki et Trachonas.
Ces tombes rupestres “royales” à Tamassos,
qui furent construites vers 600 av.J.C., imitent des maisons en bois. Leurs piliers montrent une influence
Phénicienne.
Certaines tombes contiennent les vestiges de chevaux et de chars. Les cités-États
développèrent le même culte. La principale divinité de la Chypre antique fut la grande Déesse,
Phénicienne Astarté, connue plus tard sous le nom
Grec d’Aphrodite. Elle fut appelée “la Cypriote” par Homer.
Les portraits d’Aphrodite apparaissent sur les monnaies de Salamine,
démontrant ainsi, que son culte eut une influence régionale plus large. En outre, le Roi de Paphos (ou Baf) fut le Grand Prêtre d’Aphrodite.
D’autres Dieux à cette période furent vénérés comme : Anat, Baal, Eshmoun, Reshep et Melkart et les
divinités l’Égyptiennes :
Hathor, Thot,
Bès et Ptah,
comme l’attestent des amulettes. Le Sanctuaire d’Agia Irini (ou Ayia Irini) contenait plus de 2000 figurines.
Période Égyptienne et Perse
La période d’indépendance totale des cités de l’île dura en fait peu de temps au regard de son histoire
car dès 570 av.J.C., Chypre fut conquise par l’Égypte sous
son Pharaon Amasis (ou Ahmosis II,
XXVIe dynastie, 570-526).
Cette brève période de domination Égyptienne marqua son
influence principalement dans les arts, en particulier la sculpture, où la rigidité et la robe de style
Égyptien peuvent être observées.
Les artistes Chypriotes laissèrent plus tard ce style Égyptien
en faveur de prototypes Grecs. Les statues en pierre montrent souvent un mélange des deux l’influences, alors que la céramique récupérées dans l’île
montrent l’influence de la Crète. On retrouve des influences aussi dans les vêtements et les hommes portaient des perruques
Égyptiennes et la barbe de style
Assyrien.
Vue d’une partie du site de
Paphos |
En 526 av.J.C., le Roi
Perse Achéménide
Cambyse II (ou Cambise ou Cambises, 529-522) conquit Chypre.
Sous les Perses, les Rois de
Chypre conservèrent toutefois leur indépendance, mais devaient rendre hommage à leur suzerain.
Les cités-États commencèrent à frapper leur propre monnaie à la fin du VIe av.J.C., en utilisant le système de poids
Perse.
Le Roi Évelthôn (ou Evelthon ou Euelthôn, 560-526/5) de Salamine
fut probablement le premier dans l’île à utiliser argent et bronze pour ses pièces de monnaie.
Les pièces avaient avec un bélier sur l’avers et un ankh (symbole
Égyptien) sur le revers.
Des palais royaux de cette période ont été fouillés à Kouklia (ou Palaepaphos) et Vouni (ou Vuni) sur le territoire de Marion sur la côte Nord.
Dans leur architecture ils prirent en exemple sur les palais
Perses comme celui de Persépolis.
Celui de Vouni (ou Vuni), sur une colline, fut construit autour de 520 av.J.C et détruit en 380 av.J.C.
Il contenait des chambres royales d’audience, des cours ouvertes, des bains publics et des magasins.
Les villes de Chypre, au cours de cette période, s’enrichirent avec des constructions en briques crues, sur des murs de fondation de
pierre et bastions rectangulaires. Les maisons étaient construites de cette manière, alors que les bâtiments publics étaient érigés en pierre de taille.
La ville Phénicienne de
Karpasia (ou Carpasia ou Karpasion), près de Rizokarpasso (ou Dipkarpaz), avait des maisons construites en moellons, avec des blocs de pierre carrés
formant les coins. Les temples et les sanctuaires furent construits principalement dans un style
Phénicien. Soles (ou Soloi) avait un petit
temple avec un plan Grec. Au cours de la domination Perse, l’influence
Ionienne sur les sculptures s’intensifia.
La poterie dans l’île conserva ses influences locales, bien que certaines poteries Grecques fussent importées.
L’obligation la plus importante des Rois de Chypre aux Rois de
Perse était le paiement d’un tribut et l’approvisionnement des armées et des navires pour leurs campagnes à l’étranger.
Ainsi, en 480 av.J.C., lorsque Xerxès I (486-465) envahit la Grèce,
Chypre contribua à hauteur de 150 navires dans l’expédition militaire. Sauf pour la ville royale d’Amathonte (ou Amathus), les royaumes Chypriotes prirent
part à la révolte Ionienne en 499 av.J.C.
En 498, la révolte dans l’île fut menée par Onésilos de Salamine, frère du Roi de
Salamine Gorgos, qu’il détrôna parce qu’il ne voulait pas se battre pour l’indépendance et
se rallia aux Ioniens.
Les Perses écrasèrent les armées Chypriotes et assiégèrent les
villes fortifiées la même année. À Paphos (ou Baf), les vestiges d’une rampe de siège
Perse et d’un tunnel
creusé à la porte Nord sont encore visibles. Soles (ou Soloi) se rendit après un siège de cinq mois.
Autour de 450,
Cition (ou Kition) annexa Idalion (ou Idalium) avec l’aide des
Perses. L’importance de la ville augmenta de nouveau lorsqu’elle acquit
les mines de cuivre de
Tamassos (ou Tamasos ou Tamassus). Salamine
joua un rôle de premier plan dans les affrontements qui opposèrent les
Perses aux Grecs. Comme le montre des textes littéraires et des inscriptions, les Rois de
Cition (ou Kition), alliés des
Perses, affrontèrent les Rois de
Salamine qui soutenaient la politique Grecque, chacun s’efforçant d’agrandir son territoire
aux dépens de l’autre. Vers 400, les deux cités connurent un développement urbanistique considérable. Pour
Salamine, on le sait par les textes des auteurs Grecs (Dont
Isocrate, 436–338, orateur Athénien). Lors de cette période, la ville
sous son Roi Évagoras I (ou Euagoras, 410-374) pendant près de quarante ans,
jusqu’à sa mort en 374, domina la politique Chypriote.
Stater argent d’Évagoras I
|
Au début, Évagoras I eut de bonnes relations avec les
Perses, reconnaissant leur suzeraineté, ce qui
lui garantit l’aide des Rois
Darius II (423-404), puis d’Artaxerxès II
Mnémon (404-359), contre Sparte.
Puis il se brouilla avec ce dernier lorsqu’il agrandit son royaume sur des terres appartenant aux
Phéniciens,
alliés des Perses et l’étendit à presque
toute l’île. Orontès, Gendre (?)
d’Artaxerxès II, qui fut placé
à la tête de l’armée et Tiribaze qui commandait une flotte de 300 trirèmes, furent alors chargés de conduire une
campagne militaire contre Évagoras I.
Ce dernier avait recueilli le Général Athénien
Conon (444-390) après la
bataille d’Aigos Potamos, en 405, ce qui lui valut l’aide d’Athènes.
En 394, Évagoras I
prit part à la bataille Cnide et
contribua à la victoire des Athéniens,
au cours de laquelle la flotte Spartiate fut défaite. Il prit plusieurs villes en
Phénicie
et en Syrie, et d’autres comme
Amathonte (ou Amathus)
dans l’île, acquises aux Perses.
En 385, les Généraux Perses, Tiribaze et Orontès, réussirent enfin
à envahir Chypre, avec une armée beaucoup plus importante que celle qu’Évagoras I
commandait. Celui-ci, poursuivit seul la lutte mais conscient de son infériorité militaire, refusa l’affrontement direct.
Il multiplia les escarmouches mais il fut battu sur mer à la bataille de
Cition (ou Kition) et il fut contraint de se réfugier à
Salamine où il fut assiégé.
Évagoras I réussit toutefois à tenir la place et il profita d’une querelle
entre les deux Généraux Perses pour, en 376, conclure la paix.
Il obtint de rester Roi sur la cité, mais vassal de la Perse,
à qui il devait payer un tribut annuel. Il dut également renoncer à ses conquêtes et à son ambition de réaliser l’unité Chypriote.
Évagoras I fit de
Salamine un des principaux centres politiques et culturels du monde Grec
et il introduisit l’alphabet Grec à Chypre. Dans d’autres parties de l’île, l’écriture
Phénicienne (de
Cition) ou l’alphabet
Chypro-syllabique (ou syllabaire Chypriote) furent encore utilisés. En 350, avec l’Égypte et la
Phénicie, Chypre se rebella à nouveau contre la domination
Perse, cependant, en 344, le soulèvement fut écrasé par le Roi Perse
Artaxerxès III (358-338).
Vue d’une partie du site de Salamine |
Période Hellénistique
Après de longs efforts soutenus pour renverser la domination
Perse qui s’avérèrent infructueux,
Chypre resta un vassal de l’Empire Perse jusqu’à la défaite
de celle-ci devant le Roi de Macédoine
Alexandre le Grand (336-323).
Les différents royaumes de Chypre devinrent des alliés d’Alexandre
après ses campagnes victorieuses, à la
bataille du Granique (Mai 334), la
bataille d’Issos (Novembre 333) et sur les côtes
d’Asie Mineure,
de Syrie et Phénicie, où se trouvaient des bases navales
Perses.
Les Rois Chypriotes, sachant que tôt ou tard Alexandre serait le nouveau
Gouverneur de l’île, allaient l’aider à l’occupation de Chypre, qui était nécessaire, ainsi que celle de la
Phénicie, pour ouvrir les lignes de communication
avec l’Égypte et l’Asie.
Ce fut pour cette raison qu’ils se soulevèrent contre leur seigneur Perse
et mirent à la disposition de la flotte d’Alexandre
les navires autrefois au service de la Perse.
Il y avait une communauté d’intérêts :
Alexandre augmentait la capacité de sa flotte, et les Rois Chypriotes obtenaient une certaine indépendance politique.
Dans la zone de la Phénicie, il n’y eut que
Tyr qui résista au contrôle
d’Alexandre, et il en entreprit
le siège.
La flotte Chypriote, avec des ingénieurs Chypriotes, contribua beaucoup à la prise de cette ville hautement fortifiée.
En effet, le Roi Pnytagoras (351-331) de Salamine,
Androclès d’Amathonte (ou Amathus) et Pasikratis de Soles (ou Soloi), prirent une part personnelle dans le
siège de Tyr.
La cité, alors la plus importante de Phénicie,
était construite sur une petite île à 700 mètres de la rive et avait deux ports. Les Rois Chypriotes, à la tête de 120 navires,
chacun avec un équipage très expérimenté, fournirent une aide substantielle à
Alexandre dans l’attaque de la ville, qui dura sept mois.
Au cours de la dernière attaque, les Chypriotes réussirent à occuper un des deux ports et la partie Nord de la ville, tandis que les
Phéniciens
fidèles à Alexandre occupaient le deuxième port.
(Voir le
siège de Tyr).
Alexandre
avait attaqué également la ville avant avec des engins de siège
en construisant une bande de terre de la côte opposée à Tyr,
à l’île. Dans cette opération, il fut aidé par de nombreux ingénieurs Chypriotes. Bien qu’ils perdirent beaucoup de quinquérèmes, les Chypriotes réussirent
à aider le Roi à prendre la cité. La reconnaissance d’Alexandre
fut importante comme, par exemple, l’aide qu’il donna à Pnytagoras, qui semble avoir été le principal moteur de cette initiative
pour le soutenir, pour incorporer le territoire du royaume Chypriote de
Tamassos dans celui de sa ville
Salamine. Le royaume de
Tamassos fut ensuite dirigé par le Roi Poumiaton (ou Pumiathon, 361-312) de
Cition (ou Kition) qui l’avait acheté pour 50 talents à son Roi Pasikypros.
En 331, tandis qu’Alexandre revenait
d’Égypte, il resta pendant un certain temps à
Tyr,
où les Rois Chypriotes, qui souhaitent lui réaffirmer leur confiance et leur soutien, firent un grand spectacle en son honneur.
Autre vue du sanctuaire de Salamine |
Chypre était une nation maritime expérimentée et Alexandre utilisa
la flotte Chypriote lors de sa campagne en Inde, parce que le pays avait beaucoup de rivières navigables. Elle comprenait un nombre important de
constructeurs de navires et de rameurs indispensables dans son expédition militaire. Les forces Chypriotes furent menées par les Princes de l’île tels que
Nikoklis, fils du Roi Pasikratis de Soles (ou Soloi) et Nifothona, fils du Roi Pnytagoras de
Salamine.
Alexandre
promut pour leur loyauté des Chypriotes à de hautes fonctions et de grandes responsabilités, en particulier, Stasanor de Soles (ou Soloi)
qui fut nommé Satrape en 329.
L’espoir d’une indépendance complète de Chypre, à la suite de la chute de l’Empire
Perse, fut cependant lent à se réaliser.
La politique d’Alexandre sur Chypre et ses Rois était claire :
Les libérer de la domination Perse,
mais les mettre sous sa propre autorité. Cependant, loin des côtes de l’île, les royaumes intérieurs furent laissés en grande partie indépendants et les souverains maintinrent leur autonomie,
sauf dans les questions telles que les droits miniers.
Alexandre abolit les différentes monnaies des royaumes Chypriotes,
en les remplaçant par la frappe de ses propres pièces. La mort du souverain, en 323, mit fin aux aspirations Grecques pour la domination mondiale.
L’Empire qu’il avait créé fut divisé entre ses Généraux (ou Diadoques) et ses successeurs, qui immédiatement entrèrent en conflit
entre eux pour le pouvoir. Dans ce partage Chypre fut transmise au Roi
d’Égypte
Ptolémée I Sôter (305-282).
Toujours sous l’influence Grecque, l’île obtint un accès complet à sa culture et
fut ainsi entièrement Hellénisée.
Les conflits et les guerres des successeurs d’Alexandre
inévitablement associèrent Chypre. Ils furent portés surtout sur deux souverains,
Antigonos I Monophtalmos (306-301) en Syrie, secondé par son fils
Démétrios I Poliorcète (294-287) et
Ptolémée I Sôter
d’Égypte.
Les Rois Chypriotes qui, jusqu’ici, avaient réussi en grande partie à maintenir l’indépendance de leurs royaumes, se retrouvèrent dans une position
nouvelle et difficile. En effet, du fait que Chypre devint le centre de la discorde entre les deux puissances, les Rois de l’île durent faire de nouveaux choix
d’alliances. Certains royaumes Chypriotes choisirent l’alliance avec Ptolémée I,
d’autres se rangèrent du côté d’Antigonos I, enfin, d’autres encore
essayèrent de rester neutre, ce qui les conduisit à la controverse inévitable et à la confrontation.
Salamine fut alors la plus grande ville et royaume de Chypre, dont le Roi était
Nicocréon (ou Nicocreonte ou Nikokréon, 331-310).
Nicocréon soutint fortement
Ptolémée I.
Selon Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de
Nicomédie, historien Grec
et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145) il eut l’appui de Pasikratis de Soles (ou Soloi), Nikoklis de Paphos (ou Baf) et Androclès
d’Amathonte (ou Amathus).
D’autres Rois de Chypre comme : Praxippos de Lapithos (ou Lapethos) et Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia),
Poumiaton (ou Pumiathon) de
Cition (ou Kition) et Stasioikos de Marion, se rallièrent à
Antigonos I.
Contre ceux-ci, Nicocréon mena des opérations militaires.
Ptolémée I
lui envoya un soutien militaire, en fournissant des troupes. En 315, Nicocréon
collabora activement avec les Généraux Lagides,
Séleucos et Ménélas (ou Ménélaos) pour écraser ces cités Chypriotes qui avaient pris le camp opposé. Il reçut du Roi
Égyptien en échange de sa fidélité les
territoires de Cition (ou Kition) assiégée vers 315,
Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia) et Lapithos (ou Lapathos) occupées et prises après un siège.
Mosaïque maison des gladiateurs – Kourion
|
En 312, Ptolémée I débarqua dans Chypre avec d’autres
forces militaires. Il captura et tua le Roi de
Cition (ou Kition) et arrêta les Rois pro-Antigonide de Marion et Lapithos/Kyrenia. Il détruisit la ville de
Marion et dissout la plupart des anciens royaumes de l’île. Cette intervention cruciale et décisive de
l’Égyptien donna plus de pouvoir
aux Rois de Soles (ou Soloi) et Paphos (ou Baf) et en particulier à Nicocréon de
Salamine, que Ptolémée I
semble avoir apprécié et qui gagna les villes et les richesses des Rois expulsés. Salamine étendit
ainsi son autorité sur l’île à l’ensemble Est, le centre et le Nord. En outre, Nicocréon,
avec la bénédiction de Ptolémée I, prit les fonctions de
Gouverneur Général de Chypre, ce qui fit de lui le maître incontesté de toute l’île.
Il faut noter toutefois que la situation étant relativement fluide, les dirigeants de Soles (ou Soloi) et Paphos (ou Baf) furent maintenu au pouvoir.
Mais rapidement, la même année, le Roi Nikoklis de Paphos (ou Baf) fut considéré comme suspecte dans un complot. Il fut assiégé et forcé au suicide, et
toute sa famille fut mise à mort.
Après l’intervention de Ptolémée I à Chypre, qui lui livra l’île,
Antigonos I et son fils
Démétrios I réagirent contre les assiégeants et
Démétrios I mena une vaste opération militaire dans l’île.
Souhaitant l’utiliser comme base pour des attaques contre l’Asie occidentale, il navigua de
Cilicie à Chypre avec une grande force
: De
l’infanterie, de la cavalerie et des navires de guerre. Sans rencontrer de résistance, il débarqua dans la péninsule de Karpas et occupa les villes de la région.
Pendant ce temps Ménélas (ou Ménélaos), qui était le nouveau Gouverneur de l’île après la mort de
Nicocréon, rassembla ses forces à
Salamine.
Démétrios I ayant quitté la flotte en toute sécurité, se déplaça contre lui.
En 306 une bataille eut lieu en dehors de Salamine
(La
troisième bataille de Salamine).
Ménélas (ou Ménélaos), écrasé, fuit dans la ville avec une petite partie de ses forces, tandis que d’autres furent capturées.
Démétrios I encercla la cité.
Ménélas (ou Ménélaos), conscient de ce qui l’attendait appela à l’aide Ptolémée I,
qui était en Égypte.
Immédiatement, le Roi organisa une expédition de secours et accosta à Paphos (ou Baf) avec des forces considérables, qui furent
rapidement rejointes par celles des villes Chypriotes vouant allégeance à
l’Égypte.
60 navires de Ménélas (ou Ménélaos) qui s’étaient échappés du port de Salamine
tentèrent de se joindre aux 140 navires de guerre et 200
navires de transports militaires de Ptolémée I.
Le déroulement des événements ultérieurs fut raconté par Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) et
Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125).
Ptolémée I et Ménélas (ou Ménélaos) furent défaits.
Antigonos I fut tué au combat en 301 et remplacé sur le trône de
Macédoine par
Démétrios I en 294, mais il en fut expulsé par le Roi de
Thrace Lysimaque
(322-281) et le Roi d’Épire
Pyrrhos I (ou Pyrrhus, 307-302 et 297-272).
Cette année 294, l’Égypte profita du vide politique à Chypre et
reprit l’île. Elle resta sous le contrôle Ptolémaïque jusqu’en 58 av.J.C, date
où elle devint province Romaine.
Vue du site de Cition |
Pendant la période
Égyptienne elle fut dirigée
soit par un Gouverneur issus du pays, soit érigée en royaume Ptolémaïque
mineur surtout lors des luttes de pouvoir aux IIe et Ier siècles av.J.C. L’île se forgea de solides relations commerciales avec
Athènes et
d’Alexandrie, deux des plus importants centres commerciaux de l’antiquité.
Également lors de cette période, les caractéristiques
Phéniciennes et indigènes des Chypriotes disparurent, ainsi que l’ancienne écriture
Chypro-syllabique (ou syllabaire Chypriote). Un certain nombre de villes
furent fondées à cette époque. Par exemple, Arsinoé fut fondée entre l’ancienne et la nouvelle Paphos par
Ptolémée II Philadelphe (282-246).
Le règne des Ptolémée fut rigide et les Rois exploitèrent au maximum les ressources
de l’île, en particulier le bois et le cuivre. Une grande figure contemporaine de lettres Chypriotes, le philosophe Zénon (ou Zếnôn), naquit à
Cition (ou Kition) vers 336 et fonda, en 301, la célèbre école Stoïcienne de
philosophie à Athènes, où il mourut vers 263 av.J.C.
Période Romaine
Chypre devint une province Romaine en 58 av.J.C. Cela arriva, selon
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), parce que Publius Clodius Pulcher
(92-52 av.J.C.), homme politique Romain tenait une rancune contre Ptolémée de Chypre (Roi 80-58), fils du Roi
d’Égypte
Ptolémée IX Sôter II (116-81) et de
Cléopâtre IV.
Lors de sa prise de pouvoir en 80, Ptolémée négligea la précaution d’obtenir la confirmation de sa souveraineté à Rome.
De plus, il fit l’erreur supplémentaire d’offenser Publius Clodius Pulcher, en omettant de payer une rançon pour lui lorsque ce dernier tomba
entre les mains de pirates Ciliciens.
En 58, le Sénat Romain publia une loi qui privait Ptolémée de son royaume et réduisait Chypre à une province Romaine.
Caton d’Utique (ou Marcus Porcius Cato
Uticencis ou Caton le Jeune, homme politique Romain, 95-46) fut chargé de la réalisation de ce décret, et conseilla à Ptolémée de se soumettre, lui offrant
sa sécurité personnelle et une pension généreuse. Ptolémée refusa, et, alors qu’il se préparait à résister à la puissance Romaine, cette même année il se
suicida.
Caton fut implacable dans la protection de Chypre contre des fermiers généraux rapaces qui
souhaitaient annexer les provinces. Après les guerres civiles qui mirent fin à la République Romaine, vers 34 av.J.C, Marc Antoine (83-30)
restitua l’île à la Reine d’Égypte
Cléopâtre VII Théa Philopator (51-30) et leur fille
Cléopâtre {VIII} Sélène II
qui la gardèrent peu de temps, puisqu’à la défaite de Marc Antoine à la
bataille d’Actium en
31 av.J.C., Chypre fut ré-annexée à l’Empire Romain. Dans le partage des
attributions, fait entre le Sénat et Octave, devenu l’Empereur Auguste en 27
av.J.C, l’île fut attribuée au Sénat. En 22, elle forma une province Sénatoriale. Ce fut la seule des provinces issues de l’Empire
Lagide à avoir été confiée au Sénat.
Vue du site d’Amathonte |
Elle fut divisée en quatre districts centrés autour de Paphos (ou Baf),
Salamine,
Amathonte (ou Amathus) et Lapithos (ou Lapethos ou Lapta).
Après les réformes de l’Empereur Dioclétien (284-305) de 284, elle fut placée sous le diocèse d’Orient, lui-même dépendant de la préfecture du Prétoire d’Orient.
La province de Chypre fut à partir de cette période dépendante du pouvoir impérial qui
siégeait à Constantinople, même si sa particularité fut reconnue en 431
avec la constitution d’une église autocéphale.
La Pax Romana (de paix romaine) ne fut que deux fois perturbée à Chypre en trois siècles d’occupation Romaine.
La première interruption grave survint en 115/116 ap.J.C, lors d’une révolte des Juifs. Leur chef était Artémion, un Juif avec un nom Hellénisé, comme c’était
la pratique de l’époque. L’île subit de lourdes pertes dans cette guerre. On estime que 240.000 Grecs et Romains civils furent tués. Bien que ce nombre
est peut-être exagéré, il y avait peu ou pas de troupes Romaines stationnées sur l’île pour réprimer l’insurrection et les rebelles firent des ravages.
Après que des forces furent envoyées à Chypre et le soulèvement réprimé, une loi fut adoptée qu’aucun Juif
ne serait autorisé à pénétrer le sol Cyprien,
même en cas de naufrage. La deuxième fut deux siècles plus tard en 333/334, lorsque le Magister Pecoris Camelorum
(Maître des moutons et des chameaux), Calocaerus se révolta contre Constantin I le Grand (305-337).
Constantin I envoya son demi-frère, le Censeur Flavius Dalmatius, pour mater la rébellion qui prit fin avec l’arrivée des troupes et la mort de Calocaerus
à Tarse, en
Cilicie.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur Chypre voir les ouvrages de :
Achilleus K.Aimilianidēs :
– Histoire de Chypre, Presses universitaires de France, Paris, 1962-1963.
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
– Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Tønnes Bekker-Nielsen :
– The roads of ancient Cyprus, Museum Tusculanum Press, University of Copenhagen, Copenhagen, 2004.
Walter Burkert :
– The orientalizing revolution : Near eastern influence on Greek culture in the early archaic age, Harvard University Press, Cambridge, 1992.
Stanley Casson :
– Chypre dans l’antiquité, Payot, Paris, 1939.
– Ancient Cyprus; its art and archaeology, Greenwood Press, Westport, 1970.
Annie Caubet, Vassos Karageorghis et Marguerite Yon :
– Les antiquités de Chypre : Âge du bronze, Ministère de la culture, Editions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1981.
–Porphyrios Dikaios :
– Les cultes préhistoriques dans l’ile de Chypre, Paul Geuthner, Paris, 1932.
– La? civilisation néolithique dans l’ile de Chypre, Paul Geuthner, Paris, 1936.
Gordon Home :
– Cyprus then and now, J.M. Dent, London, 1960.
Vassos Karageorghis :
– Les anciens Chypriotes : Entre Orient et Occident, A. Colin, Paris, 1991.
– Early Cyprus – Crossroad of the Mediterranean, The Paul Getty Museum, Los Angeles, 2002.
Vassos Karageorghis et Antoine Hermary :
– Chypre, au cœur des civilisations méditerranéennes, Editions Faton, Dijon, 1995.
Justin Leidwanger :
– Two late Roman wrecks from southern Cyprus, International Journal of Nautical Archaeology 36, N°2, September 2007.
Francine Lelièvre et Michel Lambert :
– Chypre antique : 8000 ans de civilisation, Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, Montréal, 1996.
Miles Lewis :
– Cyprus, Miles Lewis, Victoria, Melbourne, 2014.
Evangéline Markou :
– L’or des rois de Chypre : Numismatique et histoire à l’époque classique, Research Center for Greek and Roman Antiquity,
National Hellenic Research Foundation, Athènes, 2011.
Olivier Masson :
– Recherches sur les Phéniciens à Chypre, Droz, Geneève, Paris, 1972.
Edgar J.Peltenburg :
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Proceedings of a conference at Somerville College, Oxford, 29 May 1999, S. Kingsley and M. Decker, Oxford, Oxbow Books, 2001.
Patrick Schollmeyer :
– Das antike Zypern, Philipp von Zabern, Mainz, 2009.
Veronica Tatton-Brown :
– Cyprus BC, 7000 years of history, British Museum Publications, London, 1979.
– Ancient Cyprus, British Museum Press, London, 1997.
Frieda Vandenabeele et Kristine de Mulder :
– Chypre : 8000 ans de civilisations entre trois continents : Musée royal de Mariemont, 26 mars-29 août 1982,
Musée royal de Mariemont, Morlanwelz, 1982.
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