La grande porte (Mégalé Pyle) |
Localisation
Sidé (ou Side, en
Grec :
Σίδη, “Grenadine” en Anatolien) fut une ville antique de l’Anatolie du Sud, située en
Pamphylie,
sur la côte Méditerranéenne (Sud de la Turquie). Elle se trouve à 72 Km. d’Antalya et à 4 Km. de Manavgat.
Aujourd’hui, comme dans l’antiquité, la ville est située sur une petite péninsule d’environ 400 m. de large et 1 km. de long
orientée Nord-sud. Sidé était juchée sur un promontoire, dont les parties Nord, Ouest et Sud donnaient sur la mer.
La partie orientale de la ville était protégée par une enceinte fortifiée.
Selon des tablettes mises au jour, une langue propre à la cité y fut parlée jusqu’au IIIe siècle
av.J.C. Cette langue, qui n’est pas encore entièrement déchiffrée, fait partie des langues indo-européennes.
Selon Arrien (ou Flavius Arrianus Xenophon, écrivain
Grec de l’époque Romaine, v.85-v.146),
lorsque les colons s’installèrent dans la cité ils ne parlaient pas le dialecte local.
Après un certain temps, l’influence de cette langue indigène étant si importante les nouveaux arrivants oublièrent leur
origine Grecque
et utilisèrent la langue locale.
Sidé, entre 188 et 36 av.J.C frappa sa propre monnaie, un tétradrachmes montrant la Déesse
de la victoire Niké et une couronne de
laurier (le signe de la victoire). La ville fut le berceau de Philippe de Sidé (en
Grec :
Φίλιππος ο Σιδίτης,
historien, théologien et écrivain
Grec, v.380-v.431).
Le temple d’Apollon |
L’histoire…….
Selon la tradition, Sidé fut fondée au VIIe siècle av.J.C par des réfugiés
Anatoliens après l’effondrement de l’Empire
Hittite, qui avait colonisé la région.
Selon Strabon (Géographe, historien et philosophe
Grec, v.64-23 ap.J.C) et Arrien Sidé fut
fondée par des colons Grecs de
Kymé (ou Cimé ou Cume, en Grec :
Κύμη Kume, en Latin : Cymé) en
Éolide.
Selon l’historien et Évêque, Eusèbe de Césarée (ou Eusèbe de
Pamphylie ou Eusebius Pamphili, v.265-339) la date de fondation de
la ville serait en 1405. Son port et sa position géographique en firent l’un des lieux les plus importants de
Pamphylie et
l’une des zones commerciales de la région.
La ville devint rapidement riche et attira les convoitises du royaume de
Lydie voisin, en pleine expansion
et fit partie dans la première moitié du VIe siècle de ses territoires. En 546-547, après la chute de ce dernier elle
fut la possession de l’Empire
Perse Achéménide (549-331), le nouveau maître
de la région et connut un fort développement sur le plan administratif. Puis, finalement, en 334/333 elle fut occupée par
Alexandre le Grand (336-323) qui y laissa une
petite garnison occuper la ville. Après la mort de ce dernier et du partage de son Empire, elle devint une cité Hellénistique.
D’abord sous la domination du
Macédonien,
Antigonos Monophtalmos
(“Le borgne“, en Grec :
Αντίγονος A’, 306-301). Puis de 301 à 215 sous celle des
Ptolémée
d’Égypte.
Ce fut à cette période, que Sidé connut son âge d’or grâce au commerce,
notamment grâce à celui d’esclaves, et devint un centre scientifique et culturel.
Autre vue de la grande porte (Megale Pyle) |
Avec la dernière “Guerres de Syrie” le Roi
Séleucide,
Antiochos III Mégas
("Le Grand", en
Grec : ‘Aντίoχoς Μέγας,
223-187) passa une alliance avec le Roi de
Macédoine,
Philippe V
(221-179). Par ses victoires, il s’empara de l’Empire maritime
Lagide, de toute la Syrie, de la
Palestine et de l’Asie
Mineure. Sidé, comme toute la
Pamphylie, fut intégrée à l’Empire
Séleucide.
Ce fut toutefois pour relativement peu de temps, car
Antiochos III fut battu en 191, par le Consul Romain Manius Acilius Glabrio, aux
Thermopyles.
Puis, les Romains furent encore vainqueurs en 190, à la
bataille de Magnésie du Sypile (aujourd’hui Manisa, Turquie) et le Roi fut
contraint de signer la
"paix
d’Apamée", qui était un partage de l’Asie Mineure
(Voir la
carte) où il dut renoncer à ses conquêtes dans cette région à l’Ouest du Taurus, au profit essentiellement du Roi de
Pergame
Eumène II (ou Eumènès, 197-159) allié des Romains.
Sidé conserva toutefois une relative indépendance et malgré toutes ces occupations,
elle réussit à devenir riche et prospère, grâce à ses navires de commerce, et un important centre culturel. Cependant,
la domination de Pergame
avait du mal à atteindre plus loin que
Pergé (ou Perga, en
Grec : Πέργη
Pérgê, en Hittite : Parcha ou Parha), laissant
l’Est de la Pamphylie dans une situation incertaine. Cela conduisit en 150 av.J.C (on trouve aussi selon les sources 158) le Roi
Attalos II Philadelphe (ou Attale, 159-138) à
construire un nouveau port dans la ville proche d’Attalia
(l’actuelle Antalya), mais Sidé avait déjà un port important ce qui nuisit un temps à son développement.
Autre vue du temple d’Apollon |
En 67, Sidé fut conquise par Pompée (106-48) et fut intégrée
dans l’Empire Romain. Elle commença alors une seconde période de prospérité au
cours de laquelle furent établies et maintenues de bonnes relations avec
l’Empire Romain et où la cité s’imprégna beaucoup de sa culture. L’Empereur
Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) réforma l’administration de l’État et plaça en 24
la Pamphylie et Sidé dans la province de Galatie gérée par
Amyntas,
Tétrarque de Trocmes et de Galatie, puis Roi de Galatie (36-25 av.J.C), mais
après sa mort elle devint le district d’une province Romaine. À cette période la ville
devint un centre commercial de l’huile d’olive. Sa population dépassa les 60.000
habitants. Cette période faste dura jusqu’au milieu du IIIe siècle ap.J.C. Il
est dit que sa grande flotte commerciale pratiquait la piraterie avec celle des
Pisidiens et
Ciliciens.
Les riches marchands payèrent des travaux publics et des
monuments à la cité ce qui fait que la plupart des ruines visibles aujourd’hui
datent de cette période de prospérité. La ville suivit ensuite l’histoire de la région et commença un long déclin. Même les murs défensifs ne pouvaient
arrêter les invasions successives des tribus des montagnes du Taurus. Les habitants, commencèrent à se convertir au
Christianisme au IVe siècle. Sidé, devint au Ve siècle centre d’archevêché et connut un sursaut de prospérité pendant les Ve et
VIe siècles. Ce développement s’arrêta avec les invasions arabes entre le VIIe siècle et IXe siècle et la cité commença son déclin.
Lors des fouilles archéologiques, furent mises au jour les traces d’un grand incendie et de plusieurs tremblements de terre.
Aussi bien les invasions arabes que les catastrophes naturelles provoquèrent le départ des habitants. Au Xe siècle la ville fut
abandonnée.
La ville et
ses monuments
Sidé possède des ruines qui sont parmi les plus remarquables d’Asie Mineure.
La partie orientale de la ville était protégée par une enceinte fortifiée qui abrite des vestiges datant du IIe siècle.
Il avait des tours de trois étages et des portes fortifiées. Les ruines les mieux préservées sont celles du complexe
théâtral, le plus grand de Pamphylie, construit sur une structure d’arches qui soutiennent les parois verticales.
Les remparts de la ville également bien conservés laissent l’entrée au site par la porte principale de la cité de
style Hellénistique, appelée Megale Pyle (Grande Porte), qui fut
construite au IIe siècle. Elle est malheureusement très endommagée. Dans son
prolongement se trouve une rue à colonnade dont les colonnes n’ont pas conservé
le marbre d’origine, sauf quelques vestiges à proximité des thermes Romains.
Dans cette même rue on trouve un établissement de bains qui fut restauré pour en
faire un musée.
Il présente des statues et
sarcophages de l’époque Romaine. La rue principale mène à la place de l’agora,
qui occupe un espace d’environ 95 m. x 90 m. Le Nymphée de Sidé (ou Nymphaion,
grotte avec une fontaine dédiée aux nymphes), était une grotte
avec une source publique de conception élaborée. Il fut aussi construit un aqueduc qui acheminait l’eau jusqu’à la cité, arrivant
par le Nord-est et qui est encore bien conservé. Enfin proche du site s’en trouve un autre pratiquement inconnu, qui s’étend
dans le massif du Taurus, à environ 15 km. au Nord-est de Sidé. Ce fut un camp Romain construit par Marc Antoine (83-30 av.J.C)
pour protéger la ville de Sidé. Il couvrait une superficie d’environ 500 hectares. Le site fut fouillé pour la première fois en
1880, puis de façon régulière entre 1947 et 1966 par des archéologues de l’Université d’Istanbul
Les temples
Selon certaines sources, Sidé aurait possédé jusqu’à six temples. Celui
près de l’agora fut utilisé par les pirates comme marché aux esclaves.
À l’Ouest de la cité, près du port et accessible par deux rues à colonnades corinthiennes partiellement conservées, se trouve
les vestiges d’un temple périptère dédié à Apollon, construit au IIe siècle et restauré en partie, dont les dimensions sont
16,37 m. x 29,50 m. Un autre temple dédié à Athéna, lui aussi périptère, est plus grand, 17.65 m. x 35 m., et date probablement
de la même époque. Il est presque complètement en ruine et n’a de conservé que les bases des colonnes.
Le théâtree
Le théâtre
Romain qui se trouve à l’Ouest de l’agora est en très bon état. Il fut également utilisé pour des combats de gladiateurs. Il est
entouré par des voûtes massives qui datent du milieu du IIe siècle. Il avait un mur autour de l’orchestre, de 2,5 m. pour la
protection des spectateurs. Les spécialistes pensent qu’il avait une capacité entre 15.000 et 20.000 personnes. Au cours du
temps il subit des glissements de terrain et les murs de scène se sont effondrés. La scène et l’avant-scène sont pleines de blocs
de pierre. Au cours de la période Byzantine (Ve-VIe siècles) il fut transformé en église en plein air avec deux chapelles. Au
Sud-est du théâtre il y avait un marché rectangulaire (88,50 m. x 69,20 m.) entouré par une colonnade ionique de 7 m. de large.
À l’Est de ce marché, à côté des murs, fut érigée à proximité des remparts une petite basilique Byzantine et un baptistère
datant du Ve ou du VIe siècle.
Bibliographie
Pour d’autres
détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
Kayhan Dörtlük et Hayriye Buyan :
– Side ; Aspendos ; Perge ; Sillyon ; Seleukia ; Manavgat ; Selge, Keskin, Istanbul, 2000.
Klaus Grewe :
– Die römische wasserleitung nach Side (Türkei), pp : 192–203, Antike Welt 25, Heft 2, 1994.
Karl Lanckoroński et Eugen Adolf Hermann Petersen :
– Les villes de la Pamphylie et de la Pisidie, Librairie de Firmin-Didot et cie., Paris, 1890-1893.
Arif Müfid Mansel :
– Die ruinen von Side, De Gruyter, Berlin, 1963.
– Side : 1947-1966 yılları kazıları ve araştırmalarının sonuçları,
Türk Tarih Kurumu Basımevi, Ankara, 1978.
Johannes Nollé :
– Side im altertum : Geschichte und zeugnisse. Bd 1, Geographie, Geschichte, Testimonia,
griechische und lateinische inschriften (1-4), R. Habelt, Bonn, 1993.
– Side im altertum : Geschichte und zeugnisse. Bd. 2, Griechische und lateinische Inschriften (5-16),
Papyri, Inschriften in sidetischer schrift und Sprache…, R. Habelt, Bonn, 2001.
Guy Rachet :
– Dictionnaire de l’archéologie, Sidé, Collection Bouquins, Robert Laffont, Paris, 1994.
Louis Robert :
– Inscriptions grecques de Sidé en Pamphylie : (époque impériale et Bas-empire),
Revue de philologie, de littérature et d’histoire anciennes 15, Janvier 1958.
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