Autres  Royaumes  et  Villes :
La  Pamphylie
 

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  Pour plus de détails voir aussi :  Aspendos Attalia Pergé Sidé

 

  Sommaire
 

Localisation et origines
La linguistique
L’histoire
Les principales villes
Bibliographie

Porte d’Hadrien –
Attalia (Antalya)

Photo avant retouches : wikimedia.org

 


 

Les ruines de la basilique Byzantine de Sillyon

Localisation  et  origines

 
   La Pamphylie (ou Panfilia, en Grec : Παμφυλία) était une petite région côtière au Sud de l’Asie Mineure, bordée à l’Ouest par la Lycie, à l’Est par la Cilicie et au Nord-nord-est par la Galatie. Baignée par la Méditerranée orientale et séparée au Nord de la Pisidie par les monts Taurus. Elle correspondait à la province moderne d’Antalya en Turquie. La région était donc de faible étendue, avec une ligne côtière de seulement 120 km. et une largeur d’environ 50 km.
 
   Le nom Grec, signifie “Terre de toutes les tribus", indiquant que l’origine des colons fut d’ethnies mélangées : Grecs, Doriens, Éoliens, etc… En fait, il est connu par tradition, que le plus ancien centre de peuplement de la région, Aspendos, était une colonie d’Argos. D’autres villes, comme Sidé, Pergé et Attalia se vantaient d’autres origines de colons. Les habitants de Sidé par exemple furent des colons Grecs de Kymé (ou Cimé ou Cume, en Grec : Κύμη  Kume, en Latin : Cymé) en Éolide. Des données linguistiques suggèrent que certains venaient également de la partie Nord de la Crète. Il est aujourd’hui attesté que les Pamphyliens étaient un mélange d’habitants autochtones et d’immigrants Grecs de toutes sortes qui arrivèrent d’Arcadie et du Péloponnèse aux alentours du XIIe siècle. L’importance de la contribution Grecque est attestée aussi bien par la tradition que par l’archéologie. Pour beaucoup de spécialistes, il ne fait aucun doute que Pamphyliens et Pisidiens étaient les mêmes personnes et la distinction entre les deux semble avoir été établie à une époque plus reculée. Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425), qui ne mentionne pas les Pisidiens, énumère les Pamphyliens entre les nations de l’Asie Mineure, tandis qu’Éphore de Cymé (ou Éphore de Cumes, orateur et historien Grec, IVe s. av.J.C) mentionne lui les deux.

 


 

Vue du site de Pergé – Les ruines de la porte
Hellénistique avec ses tours ovales

La linguistique

 
   Si l’on étudie l’ethnolinguistique, la caractéristique particulière de la Pamphylie fut sa multiplicité de races, de langues et de dialectes. Le dialecte Grecs de Pamphylie était en fait le résultat d’un large éventail d’influences linguistiques. Les principales contributions qui le constituaient furent :
Une base Dorique, que l’on retrouve sous certains aspects dans les consonnes et voyelles,
Une forte influence Chypriote résultant des colons installés dans la ville de Paphos,
Des traces importantes d’Éolien,
Des dialectes Ioniens etc…
 
   Selon des tablettes mises au jour à Sidé, une langue propre à la cité y fut parlée jusqu’au IIIe siècle av.J.C. Cette langue, qui n’est pas encore entièrement déchiffrée, fait partie des langues indo-européennes. Selon Arrien (ou Flavius Arrianus Xénophon, écrivain Grec de l’époque Romaine, v.85-v.146), lorsque les colons s’installèrent dans la cité ils ne parlaient pas le dialecte local. Après un certain temps, l’influence de cette langue indigène étant si importante les nouveaux arrivants oublièrent leur origine Grecque et utilisèrent la langue locale. Le nom Pamphylie vient du Grec : Παμφυλία, lui-même tiré de pamphylos  (πάμφυλος), littéralement “de tribus ou de races mêlées". Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) tire son étymologie d’une tribu Dorienne, Pamphyloi (Πάμφυλοι), qu’il dit avoir colonisé la région.

 


 

Théâtre d’Aspendos

L’histoire…….

 
   Les premiers établissements dans la future région de Pamphylie datent de l’ère paléolithique et selon certaines sources, à l’emplacement de la future Attalia, il y eut des habitations pour la première fois au néolithique. La région du nom de Pamphylie entre dans l’histoire dans les documents Hittites. Dans un traité entre le Roi Tudhaliya IV (ou Touthalija ou Duhalijas, 1234-1215) et son vassal, le Roi de Tarhuntassa (ou Tarhundassa, ville au Sud d’Hattousa, dont localisation exacte est encore indéterminée), au sujet de la ville de Pergé. La première mention historique des “Pamphyliens” est sous la forme d’un groupe de nations assujetties par les Rois Mermnades de Lydie, dont le dernier fut Crésus (ou Kroisos, 561-547). En 546-547, après la chute de celui-ci elle fut la possession de l’Empire Perse Achéménide (549-331), le nouveau maître de la région et connut un fort développement sur le plan administratif. Puis, finalement, en 334/333 elle fut occupée par Alexandre le Grand (336-323) qui laissa une petite garnison occuper la ville de Sidé.
 
   Après la mort de ce dernier et du partage de son Empire, elle devint une région sous domination des Rois Hellénistiques. D’abord sous la celle du Macédonien, Antigonos Monophtalmos (“Le borgne“, en Grec : Αντίγονος A’, 306-301). Puis de 301 à 215 sous celle des Ptolémée d’Égypte. Ce fut à cette période, que des villes comme Sidé connurent leur âge d’or grâce au commerce. Avec la dernière "Guerres de Syrie” le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas ("Le Grand", en Grec : ‘Aντίoχoς Μέγας, 223-187) passa une alliance avec le Roi de Macédoine, Philippe V (221-179). Par ses victoires, il s’empara de l’Empire maritime Lagide, de toute la Syrie, de la Palestine et de l’Asie Mineure. Toute la Pamphylie, fut intégrée à l’Empire Séleucide. Ce fut toutefois pour relativement peu de temps, car Antiochos III fut battu en 191, par le Consul Romain Manius Acilius Glabrio, aux Thermopyles. Puis, les Romains furent encore vainqueurs en 190, à la bataille de Magnésie du Sypile (aujourd’hui Manisa, Turquie) et le Roi fut contraint de signer la "paix d’Apamée", qui était un partage de l’Asie Mineure (Voir la carte) où il dut renoncer à ses conquêtes dans cette région à l’Ouest du Taurus, au profit essentiellement du Roi de Pergame Eumène II (ou Eumènès, 197-159) allié des Romains.


 

Vue du site de Séleucie de Pamphylie

 
   Les villes de la région conservèrent toutefois une relative indépendance car la domination de Pergame avait du mal à atteindre plus loin que Pergé (ou Perga, en Grec : Πέργη  Pérgê, en Hittite : Parcha ou Parha), laissant l’Est de la Pamphylie dans une situation incertaine. Cela conduisit en 150 av.J.C (on trouve aussi selon les sources 158) le Roi Attalos II Philadelphe (ou Attale, 159-138) à construire un nouveau port dans la ville d’Attalia (l’actuelle Antalya). Peut-être dès cette période les Pamphyliens se joignirent aux Pisidiens et Ciliciens dans actes de piraterie et Sidé devint le centre principal de ces flibustiers et du marché des esclaves. Puis la Pamphylie fut pour un court laps de temps comprise dans les États d’Amyntas, Tétrarque de Trocmes et de Galatie, puis Roi de Galatie (36-25 av.J.C).
 
   Après sa mort elle devint le district d’une province Romaine pour prendre forme, sous l’Empereur Claude (41-54), d’une province impériale avec la Lycie, la province de Lycie Pamphylie. Les Pamphyliens laissèrent à cette époque de magnifiques monuments de leur civilisation, comme à Aspendos, Pergé et Sidé. Enfin sous la réorganisation de l’Empereur Dioclétien (284-305), elle fut comprise dans le Diocèse d’Asie et la Préfecture d’Orient avec Aspendos comme capitale. Sous la domination Romaine, la Pamphylie acheva de s’helléniser et se Christianisa. Elle fournit à la flotte de l’Empire Romain d’Orient du bois et des marins. On y construisit un type particulier de navires légers et maniables, les pamphyles. Au VIIe siècle la région fut intégrée au Thème (Divisions administratives de l’Empire Byzantin) des Cibyrrhéotes (Côtes méridionales de l’Asie Mineure, en Grec : θέμα Κιβυρραιωτν), avant d’être érigé en Thème d’Irenople (ou Irinoupolis, en Grec : Ειρηνούϖολις).

 

 

Quelques personnages importants

 
   Plusieurs personnages importants qui ont marqué l’histoire furent originaires de Pamphylie :
Aeto d’Aspendos, fils d’Apollonius, commandant Ptolémaïque, fondateur vers 238 d’Arsinoé (Ville sur la côte de Cilicie entre Anemurium et Kelenderis).
Antoine I de Constantinople (ou Antoine Cassymatas ou Antoine I Kassymatas), Évêque de Sillyon (ou Sillion) puis Patriarche de Constantinople sous le nom d’Antoine I de Janvier 821 à sa mort fin 836.


 

L’agora de Pergé
Photo avant retouches : Wikimedia.org

Apollonius d’Aspendos (ou Apollonios d’Aspendos, v.150 av.J.C), fils de Koiranos, Proxène à Lappa (Crète).
Apollonius d’Aspendos (début du IIIe s. ap.J.C), poète.
Apollonius de Pergé (ou Apollonios de Perga, 262-v.190), géomètre, astronome et mathématicien. Élève d’Archimède, ce mathématicien étudia les sections coniques (cercles, ellipses, paraboles, hyperboles).
Artemidoros de Pergé (ou Artémidore de Pergé, 240-180), Proxène (Protecteur des citoyen) à Oropos.
Diodore d’Aspendos (ou Diodorus d’Aspendus, IVe siècle avant J.C), pythagoricien et philosophe.
Eustathe d’Antioche (270-337), né à Sidé, fut Évêque d’Alep, puis d’Antioche.
Menodora (IIe siècle ap.J.C), fille de Mégaclès de Sillyon, Magistrat et bienfaiteur.
Mnaséas de Sidé (fin du IIIe siècle av.J.C), fils d’Artémon, sculpteur.
Orestas d’Aspendos (ou Oreste d’Aspendos, fin IIIe début du IIe siècle av.J.C), fils d’Erimneo, Proxène à Dréros (Crète).
Philippe de Sidé (ou Philip Sidétès, 380-431), homme d’Église et historien Grec.
Probus de Sidé (ou Provos), martyr (mort 304 ap.J.C) avec Andronicus et Taraque (ou Tharacus ou Tarachos), victimes des persécutions de l’Empereur Dioclétien (284-305).
Sainte-Matrone de Pergé (fin du Ve, début du VIe s. ap.J.C), Abbesse de Constantinople.

 

Les principales villes

 
   Les principales cités de Pamphylie furent :
 
Aspendos (en Grec : σπενδος) sur la côte, près du village Balkesu (ou Belkıs), à 46 km à l’Est d’Antalya. Son grand théâtre de l’époque Romaine est l’un des mieux conservé de l’Antiquité. Il est encore utilisé pour des représentations. La ville d’Aspendos n’a pas encore été totalement excavée. Tous les bâtiments imposants datent du IIe et IIIe siècle ap.J.C, lorsque la cité était un centre important du commerce de la Pamphylie.
 

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Le théâtre Romain de Sidé

Attalia (en Turc : Antalya, en Grec : Αττάλεια Attalia ou Sattalia ou Attaleia ou Adalia) qui aujourd’hui porte le nom d’Antalya. Elle est la préfecture de la province du même nom au pied des monts Taurus. L’ancienne ville d’Attalia se situait au flanc d’une falaise abrupte en contrebas de laquelle s’abritait un port.
 
Cibyra (ou Cibira ou Kibyra, en Grec : Κίβυρα), également appelée “la petite Cibyra” pour la distinguer de Cibyra en Phrygie, aujourd’hui sur la péninsule de Karaburun, à 32 km. à l’Ouest d’Alanya.
 
Etenna (en Grec : ‘Eτεννα) identifiée à Sirt aujourd’hui, au Nord de Manavgat. Etenna est rarement mentionnée dans les sources historiques sauf en 218, lorsque la ville livra bataille avec 8.000 hoplites contre Achaïos II (ou Achaeus, 219-215), un Prince de la dynastie Séleucide qui voulait usurper le pouvoir à Antiochos III Mégas (223-187). Du IVe Siècle av.J.C au IIIe siècle ap.J.C la cité frappa sa propre monnaie. Dans l’Antiquité tardive elle fut le siège d’un Évêché.
 
Hamaxia se situe à la frontière de la Pamphylie et de la Cilicie, sur la route d’Elikesik à 12 km. au Nord-est d’Alanya.
 
Isinda (en Grec : σινδα) qui était située près du village actuel de Kisla Korkuteli. La ville était une étape importante sur la route de la Pamphylie à la Carie.
 
Korakesion, aujourd’hui Alanya (ou Alaiye) à 166 km d’Antalya. En raison de sa position stratégique naturelle sur une petite péninsule dans la mer Méditerranée à proximité des monts Taurus, Korakesion fut un bastion local pour de nombreux Empires méditerranéens : Ptolémaïque, Séleucide, Romain, Byzantin etc…
 
Kremna (en Grec : Κρμνα) à 2 km. au Sud-est de Girme aujourd’hui et à 68 km au Nord d’Antalya. Le nom de la ville signifie littéralement “falaise“. Il se trouve sur le haut d’une arête rocheuse. Dans le IIe et IIIe siècle ap.J.C, la ville connue une forte prospérité. De nombreux bâtiments publics furent construits, comme une basilique, deux théâtres, une maison de bain public et un aqueduc.
 
Pergé (ou Perga, en Grec : Πέργη  Pérgê, en Hittite : Parcha ou Parha) est située à 14 km. à l’intérieur de la côte et à 16 km. au Nord-est d’Antalya sur le site d’Aksu. Elle était avec Sidé la ville la plus importante de Pamphylie et en fut la capitale. Des traces de la colonisation du site remonteraient au début du chalcolithique (IVe millénaire).
 
Séleucie de Pamphylie (ou Lyrbe ?, en Grec : Σελεύκεια) dont le site a été identifié à environ 23 km au Nord de l’actuelle côte, cependant, des recherches récentes suggèrent que ce seraient plutôt les ruines de la ville de Lybre (en Grec : Λύρβη) et non pas celles de Séleucie, qui pourrait se situer 15 km à l’Ouest de Sidé. Sans plus amples preuves le débat reste ouvert.
 
Sidé (ou Side, en Grec : Σίδη, “Grenadine” en Anatolien) qui se trouve à 72 Km. d’Antalya et à 4 Km. de Manavgat. Aujourd’hui, comme dans l’antiquité, la ville est située sur une petite péninsule d’environ 400 m. de large et 1 km. de long orientée Nord-sud. Sidé était juchée sur un promontoire, dont les parties Nord, Ouest et Sud donnaient sur la mer. La partie orientale de la ville était protégée par une enceinte fortifiée.
 
Sillyon (ou Sillion, en Grec : Σίλλυον ou Syllaion Συλλαον ou Sylleion Σύλλειον) était une importante ville-forteresse perchée à plus de 213 m. Elle se situe à 15 km. de la mer, à 12 km. de Pergé et à 27 km. à l’Est d’Antalya. Elle fut l’une des cinq plus grandes villes de Pamphylie.
 
Syedra (en Grec : Σύεδρα), à la frontière de la Pamphylie, se situe à 18 km. au Sud-est d’Alanya et à 24 km. au Nord-ouest de Sélinonte, aujourd’hui identifiée au site d’Asar Tepe. Cette cité fut mentionnée dans la littérature aussi bien comme une vile de Pamphylie que de Cilicie.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la région voir les ouvrages de :
 
Atila Akan et Sabri Aydal :
Aspendos et Pergé : Guide archéologique des villes antiques de la Pamphylie, Seçil Ofset, Antalya, 1987-1988.
Gaetano Arena :
Città di Panfilia e Pisidia sotto il dominio romano : Continuità strutturali e cambiamenti funzionali Ed. del prisma, Catania, 2005.
Hartwin Brandt :
Geschichte und wirtschaft Pamphyliens und Pisidiens im altertum, Habelt, Bonn, 1992.
Hartwin Brandt et Frank Kolb :
Lycia et Pamphylia. Eine römische provinz im südwesten kleinasiens, Philip von Zabern, Mainz, 2005.
Claude Brixhe :
Le dialecteGrec de Pamphylie : Documents et grammaire, A. Maisonneuve, Paris, 1976.
Kayhan Dörtlük :
Antalya : Lycie, Pisidie, Pamphylie : Guide des cités antiques, Keskin Color, Istanbul, 1989 – Keskin Color Kartpostalcilik Ltd., Istanbul, 1991.
John D.Grainger :
The cities of Pamphylia, Oxbow Books, cop., Oxford, Oakville, 2009.
Klaus Grewe :
Die römische wasserleitung nach Side (Türkei), pp : 192–203, Antike Welt 25, Heft 2, 1994.
Hansgerd Hellenkemper et Friedrich Hild :
Lykien und Pamphylien, Verlag der österreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, 2004.
Jale Inan :
Toroslar’da bir antik kent : Lyrbe ? – Seleukeia ?, Arkeoloji ve Sanat Yayinları, Istanbul. 1998.
Karl Lanckoroński et Eugen Adolf Hermann Petersen :
Les villes de la Pamphylie et de la Pisidie, Librairie de Firmin-Didot et cie., Paris, 1890-1893.
Alexis Porcher :
Anatolie néolithique, Louvite, Hittite, Perse, Grecque : Carie, Lycie, Pamphylie, Cilicie, Editions Faton, Dijon, 2002.
Bernard Rémy :
L’évolution administrative de l’Anatolie aux trois premiers siècles de notre ère, Boccard, Paris, 1986.
Louis Robert :
Inscriptions grecques de Sidé en Pamphylie : (époque impériale et Bas-empire), Revue de philologie, de littérature et d’histoire anciennes 15, Janvier 1958.
Hans Rott et Karl Michel :
Kleinasiatische denkmäler aus Pisidien, Pamphylien, Kappadokien und Lykien, Dieterich, Leipzig, 1908 – T. Weicher, Leipzig, 1908.

 

 
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