Les grandes villes de l’Élam :
Kabnak    et 
 Dûr Untash
 

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Kabnak


 

Tombeau royal de Tepti-Ahar

 
   Kabnak est une des principales villes de l’Élam située dans la province du Khûzistân dans le Sud-ouest de l’Iran. Elle est identifiée au site archéologique de Haft Tappeh (ou Haft-Tepe, en Persan : هفت تپه, "les sept collines") découverts en 1908 et dont les fouilles sont toujours menées. Elle est située à une dizaine de kilomètres au Sud-est de Suse. La ville de Kabnak devint un important centre politique, sous le règne du Roi Élamite, Tepti-Ahar (ou Tapti-ahar, ?-v.1400), dernier Roi de la dynastie Kidinuide, mais Kabnak existait déjà avant cette période. Les vestiges d’un village datant du Ve millénaire furent mis au jour sur une des collines du site.
 
   Tepti-Ahar l’a considérablement agrandi et en a peut-être fait sa capitale. On a du mal à identifier le territoire sur lequel s’étendait le pouvoir des Rois de la dynastie Kidinuide : La région de Kabnak, la Susiane ou tout l’Élam ?. Les textes semblent indiquer un état de fragmentation politique dans le pays Élamite, avec notamment un autre royaume autour de Huhnur qui aurait, dans ce cas, été un rival de Kabnak.
 
   La chute de Tepti-Ahar est causée par une guerre avec le Roi de Babylone, Kurigalzu I (ou Karizalzu, 1401-1388) qui prit Kabnak et toute la Susiane, plaçant Ige-Halki sur le trône Élamite, instaurant ainsi une nouvelle dynastie dans ce royaume. Quelques spécialistes avancent que Tepti-Ahar aurait été enterré dans la ville. Après sa mort, le centre du pouvoir retourna dans l’ancienne capitale Suse. Quelques siècles plus tard, une autre ville fut construite à proximité, Dûr-Untash (ou Tchoga Zanbil ou Chogha Zanbil).
 
    Les excavations de Haft-Tappeh ont révélées un palais et un grand temple fondé par Tepti-Ahar où le Dieu Kirwashir était adoré. C’était peut-être le Dieu tutélaire de la cité car il n’est pas attesté ailleurs ni pour d’autres périodes. Sous le temple funéraire on a retrouvé un complexe funéraire souterrain destiné au Roi et à sa famille. Des ossements ont été mis au jour dans la tombe, mais il n’est pas certain qu’ils appartiennent à un membre de la royauté. Une autre grande structure retrouvée sur le site était peut-être les bases d’une ziggourat avec des cours et une suite de magasins. Le temple était décoré de plaques de bronze et de peintures murales. L’archéologie témoigne d’importantes influences Mésopotamiennes et Hourrites.
 


 

Ruines du temple du Dieu Kirwashir

   Des tablettes avec des textes administratifs appartenant au règne de Tepti-Ahar et Inshushinak-Zunkir-Nappipir (v.1445) ont également été retrouvées sur les lieux. Récemment, certaines statuettes d’argile de Déesses de la fécondité ont été également mises au jour sur le site. Au cours des fouilles des centaines d’ex-voto, fabriqués à l’aide de moulage de figurine d’argile furent trouvés. Comme nous le précise Heidemarie Koch, ils représentent surtout des femmes nues qui prennent leurs seins à pleines mains.
 

 

   Dans les magasins de la ziggourat furent mis au jour des poteries cassées et de nombreuses empreintes de sceaux qui fermaient les conteneurs et les boîtes de stockage des fournitures du sanctuaire. En outre, des milliers de tablettes d’argile furent mises au jour. Les textes qu’elles comprennent sont pour la plupart écrit Akkadien. L’analyse des tablettes d’argile et des sceaux-cylindres n’est pas encore terminée. Ce sont pour beaucoup des lettres, des textes administratifs, mais aussi des textes scolaires qui indiquent qu’une école de formation de scribes existait dans la cité.
 
   De nombreuses découvertes qui furent faites sont exposées aujourd’hui dans un petit musée sur le site, y compris les divers récipients en argile pour les enterrements qui ont été mis au jour à l’extérieur des chambres funéraires. Deux têtes fleuries et un masque peint, en argile cru, ont été trouvés dans l’atelier du sanctuaire. Ils sont maintenant exposés au musée de Suse.
 
   Le site d’Haft-Tappeh est d’une surface d’environ 1,5 km x 800 m. Il est composé de 14 monticules, le plus élevé étant de 17 m. de haut. Il fut fouillé la première fois par l’archéologue Français Jacques Jean Marie de Morgan, en 1908. Puis pour la période allant de 1965 à 1978 par une mission dirigée par l’archéologue Iranien ʻIzzat Allāh Nigāhbān. En 2002 des mesures géophysiques furent menées qui donnèrent un aperçu des structures architecturales du site. Depuis 2003, des fouilles sont menées par une équipe d’archéologues Germano-iraniens, dirigée par Behzad Mofidi Nasrabadi de l’université de Mayence. Le projet est financé par la Fondation Allemande de Recherche (DFG).

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Michael Edwards :
Excavations in Azerbaijan (North-western Iran), B.A.R., Oxford, 1983.
Pablo Herrero :
Tablettes administratives de Haft-Tépé, Cahiers de la Délégation Archéologique Française en Iran (DAFI), Paris, 1976.
Heidemarie Koch :
Frauen und schlangen, geheimnisvolle kultur der Elamer in alt-Iran, Philipp von Zabern, Mainz am Rhein, 2007.
Behzad Mofidi-Nasrabadi :
Archäologische untersuchungen in Haft Tappeh, Iran, pp : 225-239, Archäologische Mitteilungen aus Iran und Turan 35/36, Berlin, 2004/2004.
Behzad Mofidi-Nasrabadi, Doris Prechel et Reza Vahidzadeh :
Vorbericht der archäologischen ausgrabungen der kampagnen 2005-2007 in Haft Tappeh (Iran), Agenda-Verlag, Münster, 2010.
ʻIzzat Allāh Nigāhbān :
Excavations at Haft Tepe, University Museum of Archaeology and Anthropology, University of Pennsylvania, Philadelphia, 1991.
Daniel T.Potts :
The archaeology of Elam : Formation and transformation of an ancient Iranian state, Cambridge University Press, Cambridge, New York, Aout 1999-2004.
Heyda Seyed-Ashraf :
Elam – Eine alte kultur im Iran, Books on Demand, Norderstedt, 2008.
Francois Vallat :
Elam, pp : 301-344, E.Yarshater (édit.), Encyclopaedia Iranica, Mazda Publishers, 1998.

 

 

Dûr-Untash   ou  Tchoga  Zanbil
 


 

Porte Sud-ouest avec dans le fond la ziggourat

   Dûr-Untash (ou Dur Untaš) ou Tchoga Zanbil (ou Čoġā Zanbil ou Choqa Zanbil ou Chogha Zanbil ou Tchogha-Zanbil ou Tschogha Zanbil ou Tsoga Zambil, en Persan : چُغازَنبیل) fut une ancienne cité Élamite de la province du Khûzistân en Iran. Son nom d’origine, Dûr-Untash signifie "Forteresse de Untash". Elle est située à environ 25 kilomètres à l’Ouest de Dezful, à 45 kilomètres au Sud-est de Suse et à 230 kilomètres au Nord d’Abadan.
 
   La ville avait une surface d’environ 100 hectares et était entourée d’un mur. Elle est l’une des rares cités où il subsiste encore la Ziggourat, en dehors de certaines villes de Mésopotamie. Elle fut construite vers 1250 par le Roi Igehalkide de Suse et d’Anshan, Untash-Napirisha (ou Untash-Naparisha ou Ountash-Npirisha, v.1345-v.1305), principalement en l’honneur du grand Dieu Inshushinak et son homologue d’Anshan Naparisha. D’autres Dieux y furent aussi vénérés comme Ishme-karab et Kiririsha. Il est peu probable que de nombreuses personnes, à part les Prêtres et leurs serviteurs, n’aient jamais vécu dans cette ville car les quartiers d’habitation n’ont apparemment jamais été construits.
 
    Le complexe était protégé par trois murs concentriques qui définissaient les principaux domaines de la ville. L’enceinte avait 400 m de côté. Dans ce mur il y avait plusieurs portes, celle du Sud-ouest fit l’objet d’une restauration en Janvier 2005. Le secteur intérieur est entièrement composé d’une grande ziggourat dédiée au Dieu principal. D’après quelques spécialistes, elle ne fut pas construite sur le même plan que celles de Mésopotamie. Au lieu des terrasses superposées, on trouve ici quatre étages emboîtés verticalement. Cette méthode n’a été, à aujourd’hui, repérée nulle part ailleurs. Elle fut érigée sur un ancien temple avec des salles de stockage qui ont, semble t-il, aussi été construites par Untash-Napirisha. Elle mesure 105 m x 105 m et on estime sa hauteur à 52 m., c’est la plus ancienne ziggourat connue trouvée en Elam.


 

Maquette de la ziggourat – Rijksmuseum van
Oudheden de Leiden – Pays-Bas

 
   Les fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour des petits canaux d’adduction d’eau. Ils furent creusés profondément dans le sol et la nappe phréatique à de plus de 50 mètres de profondeur, en raison de l’emplacement du site à côté de la rivière Dez. L’eau s’écoulait dans un long canal de 50 km qui fut construit par Untash-Napirisha. Il finissait dans un grand réservoir, encore visible aujourd’hui devant le mur de la ville du Nord-ouest. Il était en conjonction avec un autre petit bassin qui servait de traitement de l’eau avant d’être introduit dans la distribution de la ville. C’est la plus ancienne station de traitement de l’eau au le monde.
 
   Dans le Nord-est de la ville on a mis au jour quatre palais, qui étaient organisés autour de cours centrales et qui furent probablement d’inspiration Kassite. Les façades étaient décorées avec des carreaux en relief colorés et des incrustations en ivoire. C’est dans la partie externe, au Sud-est de la cité sainte, que se trouvait ses palais royaux. Sous l’un d’eux on a mis au jour un complexe funéraire souterrain contenant cinq tombes royales avec les restes de corps incinérés selon une pratique proche de celle des Hittites, ou des Hourrites, mais qui n’est pas celle de la tradition Élamite. Ce qui laisse penser à certains spécialistes que la dynastie Igehalkide, d’où est issu Untash-Napirisha, pourrait avoir des origines étrangères.
 
   Le temple dédié à Inshushinak se trouvait sur le sommet de la tour. On croyait que, de ce point, le Dieu pouvait monter au ciel, ou descendre sur terre. Le temple fut probablement recouvert de tuiles vernissées et les étages supérieurs décorés avec bouton de carreaux émaillés. La zone centrale ne détient pas moins de onze temples en l’honneur des Dieux. Les spécialistes pensent qu’au départ c’est vingt-deux temples qui étaient prévu, mais le Roi mourut avant que la cité ne soit terminée et ses successeurs ont interrompu les travaux de construction.  Un temple dédié au Dieu Mésopotamien de la lumière et du feu, Nushku fut dégagé à proximité des palais, ce qui est un fait assez étonnant compte tenu que ce Dieu ne fut pas particulièrement honoré en Mésopotamie, donc pourquoi à cet endroit en Élam ?.


 

La Ziggourat

 
   Certains spécialistes spéculent, sur la base du grand nombre de temples et de sanctuaires à Dûr-Untash, qu’Untash-Napirisha aurait tenté de créer un nouveau centre religieux dans l’espoir de fédérer la religion Élamite, voire destiné à remplacer Suse en unissant les Dieux des montagnes et des plaines. Bien que la construction de la ville ait pris fin brusquement après qu’Untash-Napirisha fut décédé, le site ne fut pas abandonné, mais continua d’être occupé jusqu’à ce qu’il fut détruit, en 640, par l’Empereur Assyrien Assurbanipal (669-631).
 
   Le plus grand nombre des œuvres d’art réalisées pour la cité avaient été rapportées à Suse où elles furent retrouvées lors des fouilles. Dûr-Untash/Tchoga Zanbil fut découverte en 1935 grâce à un plan de géologues qui se trouvaient dans la région pour le pétrole. Des fouilles furent effectuées par des équipes Françaises dirigées par Roman Ghirshman principalement en 1936, 1939 et 1951 à 1962. De 1999 à 2005, de nouvelles fouilles archéologiques furent menées par Behzad Mofidi-Nasrabadi. En 1979, le site Chogha Zanbil est devenu le premier site Iranien à être inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
  
Pierre Amiet :
Marlik et Tchoga Zanbil, pp : 44-47, Revue d’Assyriologie et d’Archéologie Orientale 84, N°1, Presses universitaires de France, Paris, 1990.
Roland De Mecquenem :
Recherches à Tchogha Zembil, Mission archéologique en Iran, Presses universitaires de France, Paris, 1953.
Denise Ferembach :
Le squelette du XIIIe siècle avant notre ère de la tombe royale de Tchoga Zanbil près de Suse (Iran), Paul Geuthner, Paris, 1968.
Roman Ghirshman :
La ziggourat de Tchoga-Zanbil (Susiane), pp : 233-238, Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 98, Paris, 1954.
Tchoga Zanbil, Mémoires de la délégation archéologique en Iran, vol.I, II, III, Presses universitaires de France, Paris, 1966 à 1970.
Daniel T.Potts :
The archaeology of Elam : Formation and transformation of an ancient Iranian state, Cambridge University Press, Cambridge, New York, Aout 1999-2004.
Marguerite-Maggie Rutten et Georges Contenau :
Les documents épigraphiques de Tchogha Zembil, Mémoires de la mission archéologique en Iran 32, Presses universitaires de France, Paris, Janvier 1953.
Behzad Mofidi-Nasrabadi :
Untersuchungen zu Siedlungsstrukturen in der Peripherie von Čoġā Zanbil (Dur Untaš), AMIT 35-36, 2003-04.
Archäologische Ausgrabungen und Untersuchungen in Čoġā Zanbil, Agenda-Verlag, Münster, 2007.
Edith Porada :
Tchoga Zanbil (Dur Untash) Vol. IV. La Glyptique, MDP 42, Paris, 1970.
Marie-Joseph Stève :
Tchoga Zanbil (Dur-Untash). / Volume III, Textes élamites et accadiens de Tchoga Zanbil Paul Geuthner, Paris, 1967.
Francois Vallat :
Elam, pp : 301-344, E.Yarshater (édit.), Encyclopaedia Iranica, Mazda Publishers, 1998.

 

 

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