Généralités
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Les Hourrites (ou Hurrites ou Khurrites ou Hourri ou Churri ou Hurri ou Hurriter, en
Égyptien ancien :
#rw) sont un peuple Asianique qui fonda le royaume du Hourri, d’où découlera plus
tard le Mitanni, au début du second millénaire
dans une région jouxtant le Nord de la
Mésopotamie.
De là, vers la fin du XVIIIe siècle, ils s’essaimèrent sur l’Anatolie orientale,
le Nord de la Mésopotamie et la
Syrie/Palestine.
Ils exercèrent longtemps leur domination sur les états voisins. les Hourrites étaient réputés pour le dressage des chevaux et
la conduite des chars de guerre. C’est un peuple très peu connu en raison du peu de documentation retrouvée dans leur langue.
Les seules sources en notre possession sont des inscriptions royales, quelques textes religieux et
un texte de l’Empereur Tushratta(v.1380-v.350).
Ils parlaient une langue agglutinante, qui reste encore assez occulte, différente des langues
Indo-européennes
et sémitiques (Voir ci-dessous). Ils adoptèrent l’écriture cunéiforme au contact des
Mésopotamiens lors de la période de
colonisation de ces derniers. Ils utilisaient principalement l’écriture
Akkadienne, qui était celle des relations
internationales de l’époque. On a découvert un vocabulaire
en Sumérien/Hourrite
et récemment un texte bilingue en
Hittite/ Hourrite.
On n’a pas trouvé de trace d’une activité artistique très importante, seuls quelques types de poterie leurs ont été attribuées,
assez significatives d’un type d’art particulier. Il semble que dans ce domaine aussi les Hourrites qui maîtrisaient
certaines techniques et originalités, les ont transmis à leurs occupants ou au pays qu’ils occupaient (voir
culture ci-dessous).
L’origine
L’origine ethnique du peuple Hourrite, est difficile à cerner.
Un traité sur le dressage des chevaux de char de combat cite un certain nombre de régions. Annelies Kammenhuber suggère
que le vocabulaire qui y est employé provienne de la langue Indo-iranienne, mais Manfred Mayrhofer a démontré qu’il fallait
tenir compte précisément des caractéristiques régionales qui étaient présentes. Les noms de l’aristocratie
Mitannienne, issue des Hourrites,
sont souvent justement d’origine régionale. Plus sûrement, leurs divinités montrent des racines Indo-européennes (Mitra, Varuna,
Indra etc…). Certains spécialistes, comme Georges Roux, pensent qu’ils sont liés probablement aux
Kassites,
peuple Asiatique dont l’origine est, elle aussi, encore incertaine. On lui attribue communément le fait qu’il fut soumis
par un clan Indo-européen, qui prit son nom et s’établit dans le Zagros méridional (Sans doute vers la
région de l’actuel Luristan). Ils appuient leur théorie sur le fait que la
langue Hourrite n’est ni Indo-européenne, ni Sémitique.
Un passage en Hourrite dans les
"lettres d’Amarna"
(Important recueil retrouvé dans la cité, de la correspondance des souverains
Égyptiens avec leur voisins,
généralement composée en
Akkadien, la langue diplomatique à cette époque), indique que la famille royale du
Mitanni parlait le
Hourrite, ce qui confirmerait la proposition de Roux.
On pourrait alors extrapoler leur origine car une population porteuse de noms dans
la langue Hourrite est attestée dans une large zone de la Syrie et
du Levant du Nord. Par contre cette zone est clairement à l’extérieur de celle de l’entité politique connue
de l’Assyrie
sous le nom d’Hanigalbat (le Mitanni). Rien n’indique que ces personnes devaient allégeance à
l’entité politique du Mitanni.
Depuis le XVIe siècle av.J.C, de nombreuses cités-États dans le Nord de la Syrie et du pays de
Canaan
étaient gouvernées par des Hourrites. Elles formèrent une entité plus grande politiquement, le
Mitanni, avec pour origine commune
la langue Hourrite.
Comme on le voit le problème reste complexe et le fait est certain qu’avec les données aujourd’hui en notre possession aucune
théorie ne peut être confirmée, il convient donc de ne pas être trop affirmatif. Il est communément admis, pour l’instant, une
origine que l’on localise dans les régions situées au Sud du lac de Van, les Hourrites appartiendraient dans ce cas au même
groupe que les Ourartéens.
L’histoire….
Les sources les plus anciennes sur l’existence des Hourrites remontent au
XXIVe siècle, avec des textes de l’origine de la ville
d’Ebla (Au Sud
d’Alep),
qui les mentionnent pour la première fois. Puis dans ceux de
Nuzi (ou Nuzu, aujourd’hui le site
de Yorgan Tepe), ville faisant partie du royaume
d’Arrapha qui était soumis au
Mitanni, qui nous servent
aujourd’hui pour la compréhension de la société et de l’économie Hourrite. Ils sont aussi mentionnés dans des textes
retrouvés à Ougarit et
dans les archives Hittites
d’Hattousa (Bogâzköy aujourd’hui). On en trouve
également une trace dans les annales de
Mari qui mentionnent des souverains
de cités-États dans le Nord de la
Mésopotamie ayant à la fois des noms
Hourrites et Amorrites, sans doute
lorsqu’ils migrèrent vers le Sud et qu’ils formèrent des petits royaumes en Syrie, dans la vallée du fleuve Khābūr
(ou Habur, l’actuelle Haut Djézireh) et dans Nord de la
Mésopotamie.
On retrouve ensuite des Hourrites plus au Sud, en
Babylonie et à l’Est dans
les régions bordant le Nord de l’Élam.
Certains s’installèrent dans ce dernier à l’époque du Roi Ige-Halki (1350-1330,
dynastie des Igehalkides), ainsi que dans le dans le Zagros, ils furent alors bien loin de leur contrée originelle.
À l’Ouest, il semble qu’ils aient atteint le
Hatti. Plus tard on a retrouvé aussi le nom
de "Hourri" dans les annales de l’Empereur
d’Assyrie,
Assurbanipal (669-631 ou 626),
découvertes au début du XIXe Siècle à Ninive.
En 1891/92, furent mise au jour les "lettres
d’Amarna",
tablettes d’argile, en langue
Akkadienne, qui sont en fait les archives
diplomatiques de la correspondance des souverains
Égyptiens,
Amenhotep III (1390-1353/52) et
Amenhotep IV
avec leurs contemporains d’autres royaumes et Empires, comme l’Empereur Hourrite du
Mitanni,
Tushratta (v.1380-v.1350).
Tablette en bronze en langue Hourrite
du Roi Tish-atal – Urkesh – Musée du Louvre |
Au tout début de leur histoire,
la vallée du Khābūr devint le cœur des terres Hourrites, elle le resta pendant un millénaire. Le
premier royaume Hourrite connu émergea au cours du troisième millénaire autour de la ville
d’Urkesh
(ou Urkeš, aujourd’hui Tell Mozan), ville à l’extrême Nord de la
Mésopotamie.
Il est la preuve qu’ils cohabitèrent avec les populations
Mésopotamiennes
de langue Akkadienne,
notamment pendant l’occupation de leur territoire depuis le règne du Roi
Sargon d’Akkad (2334-2279),
jusqu’à celui de Naram-Sin (2255-2218).
Ils adoptèrent l’écriture
Akkadienne, celle en Hourrite étant
réservée aux textes religieux et certaines coutumes de leur civilisation. Le plus vieux texte Hourrite retrouvé date du début
du IIe millénaire. Il s’agit d’une tablette de commémoration d’une construction, élevée au Dieu des enfers, Nergal, du Roi
Tish-atal (ou Tischatal) d’Urkesh.
Avec le temps, les Hourrites devinrent une communauté assez puissante pour inquiéter
l’Akkad et se défaire de leur emprise.
Cependant, au début du deuxième millénaire, ils devinrent vassaux du royaume
Amorite de
Mari au Sud. Ce dernier venait de voir
l’arrivée au pouvoir du Roi Yahdun-Lim
(ou Yasdun-Lim ou Iahdun-Lim ou Yakhdun-Lim, 1815-1796) qui va prendre le contrôle d’une grande partie
de la haute Mésopotamie.
Pratiquement dans le même temps, vers 1850, les Hourrites migrèrent vers l’Ouest. Dans la vallée d’Emek Hachula
(ou Emek Achula ou Sahlu-Hula ou Chulaebene), dans le Nord de l’actuel Israël, ils fondèrent la ville d’Hatsor, qui fut la plus
grande ville de Canaan entre
le XVe et le XIIIe siècle. Vers 1725, ils se retrouvèrent aussi dans certaines parties du Nord de la Syrie, comme à
Alalah. Autour de cette ville le royaume
Amorite-Hourrite du
Yamkhad (ou Yamhad) est enregistré. Ce royaume devint peu de temps après vassal de la ville
d’Alep.
Vers 1620, les Hourrites durent lutter contre le le Roi
Hittite,
Hattousili I
(ou Hattusili ou Labarna II, v.1650-v.1620), souverain combattant qui avait franchit les monts Taurus. Il détruisit
Alalah et
conquit le Nord de la Syrie, région importante pour ses routes commerciales et l’accès aux ports
méditerranéens de
Byblos et Ougarit.
Quelques Hourrites migrèrent alors de nouveau et s’installèrent dans la région côtière d’Adana (ou Adanija ou Adaniya),
dans le royaume du Kizzuwatna,
dans le Sud de l’Anatolie. Les
Hittites furent largement influencés par
la culture Hourrite au cours de leur histoire.
Puis, après la chute des royaumes
Amorrites et de
Babylone, mise à sac en 1595 par le Roi
Hittite,
Moursil I (ou
Mursili, v.1620-v.1590), les Hourrites devinrent l’ethnie dominante dans la région. Leurs armées entreprirent des campagnes en
Palestine
et même l’Égypte
les craignait. Certains spécialistes, dont Ephraim Avigdor Speiser, assimilent
un groupe d’immigrants Hourrites Sémitiques aux Hyksôs
qui envahirent la terre des Pharaons et fondèrent une dynastie de vers 1663 à 1530
(XVe dynastie).
Pratiquement dans le même temps, des luttes de succession chez les
Hittites et l’affaiblissement
de l’Empire Assyriens, laissa la
Haute-Mésopotamie sans domination
majeure, ce qui aida à la montée en puissance d’une autre dynastie Hourrite. À partir de 1600/1580, tous les petits royaumes
Hourrites fusionnèrent progressivement et n’en formèrent qu’un que les textes
Assyriens
appelèrent :
Mitanni (ou Hanigalbat ou Khanigalbat – Voir l’article
sur le Mitanni). Les annales
Hittites
de cette période mentionnent un peuple appelé Hourri (ou Hurri), qui était situé au Nord-est de la Syrie.
Enfin les sources Égyptiennes
utilisent le terme Naharina (nhr). On sait que les villes
d’Alep et
d’Ougarit
comprirent une forte population Hourrite, ce qui confirme leur implantation dans
une grande partie de la Syrie et surtout toute la Syrie du Nord.
Char Hourrite du Mitanni –
Musée du Louvre
|
Le premier souverain Hourrite du
Mitanni dont le nom nous est connu est
Kirta (v.1500-v.1490), de lui, comme de son fils Shuttarna I (v.1490-v.1480), on ne sait rien.
On est juste certain de l’existence de ce dernier par un sceau, à son nom, repris par
Shaushtatar I,
un des ses successeurs. Le Mitanni commença à être puissant sous les
règnes suivants, ceux de Parattarna (ou Barattarna
v.1480-v.1450) évoqué dans des textes comme suzerain des villes
d’Alalah et de
Nuzi (ou Nuzu, aujourd’hui le site de
Yorgan Tepe située près du Tigre au Sud-ouest
d’Arrapha), ou de son fils
Parshatatar (ou
Paršatar, v.1450-v.1440). Le Mitanni sous le règne de ce dernier connut
un grand essor et s’étendit aussi loin
qu’Arrapha (Aujourd’hui
Kirkouk) à l’Est.
Il devint le plus puissant royaume du Proche-Orient entre 1450 et 1350. Au XVIe siècle un autre royaume
Hourrite profita également de la disparition du pouvoir à
Babylone. Celui-ci occupait la région
Nord-est du Tigre, près de la moderne Kirkouk, et se développa depuis la ville
d’Arrapha.
Les fouilles à Nuzi, proche de celle-ci,
nous ont révélées l’un des sites les plus importants pour la connaissance des Hourrites. Les Rois Hourrites comme
Ithi-Teshup (ou Ithier-Teššup), ou Ithier-Tilla, régnait sur
Arrapha, mais au XVe siècle,
ils devinrent les vassaux des Empereurs du Mitanni.
Au XIVe siècle, Arrapha fut détruite
par les Assyriens, puissance montante
de la région.
En Syrie, l’histoire des Hourrites suivit alors celle du
Mitanni. Après la chute de celui-ci, écrasé par l’armée
Assyrienne de l’Empereur
Salmanasar I (1275-1245),
une partie de sa population fut déportée et il devint la province
Assyrienne
d’Hanigalbat. Cette province fut dirigée par le Gouverneur
Assyrien, un certain Ili-Ippada, qui
était peut-être un membre de la famille royale et qui prit le titre de Roi (Sharru) du Hanigalbat. Des Hourrites
continuèrent à peupler la région du Hanigalbat pendant quelques décennies. Cependant, avec la venue des
Araméens,
les Hourrites de Syrie disparurent, assimilés par les nouveaux arrivants. Certains chercheurs, comme
Ignace Jay Gelb et Ephraim Avigdor Speiser, les assimilent aux habitants du Subartu (ou Soubartou ou Subartum, Haut-Djézireh),
peuple de nomades du Nord de la
Mésopotamie, dont ils auraient le même substrat linguistique. Au début du Ier millénaire, les tribus Hourrites de la
région du Lac de Van se regroupèrent pour lutter contre les
Assyriens et fondèrent ainsi
une nouvelle entité politique : Le royaume
d’Ourartou, qui comprendra la totalité du plateau
Arménien.
Une nouvelle histoire débutera pour eux.
Culture et société
La connaissance de la culture Hourrite s’appuie sur les fouilles archéologiques sur des sites tels que ceux de
Nuzi et
d’Alalah,
ainsi que sur des sceaux, ou tablettes en cunéiformes, provenant principalement
d’Hattousa (aujourd’hui Bogâzköy),
la capitale Hittite, dont la civilisation
fut fortement influencée par les Hourrites. Ces artéfacts nous révèlent des caractéristiques culturelles des Hourrites,
même si ils furent écrits en Akkadien.
Les sceaux sont soigneusement sculptés et présentent souvent des motifs mythologiques. Ils sont une clef pour la
compréhension de la culture Hourrite et leur histoire. Il semble que les Hourrites étaient de grands céramistes.
Leurs poteries ont généralement été trouvées en
Mésopotamie et dans les terres
à l’Ouest de l’Euphrate, elles était très appréciées dans la lointaine
Égypte, au moment du
Nouvel Empire (2022-1650).
Les archéologues distinguent deux types de poteries faites par les Hourrites. Une se caractérise par des lignes
peintes en rouge avec un motif géométrique triangulaire et des points, tandis que les articles trouvés à
Nuzi ont
des formes très distinctes, et sont peints en brun ou noir.
Ce peuple avait aussi une excellente réputation en tant que métallurgiste. Le cuivre était échangé dans le
Sud de la Mésopotamie et les hauts
plateaux d’Anatolie. La vallée du Khābūr (ou Habur, l’actuelle Haut Djézireh,
Nord de la Mésopotamie)
avait une position centrale pour le commerce des métaux comme le cuivre, l’argent et l’étain. L’or, par contre manquait,
et les lettres d’Amarna nous informent qu’il
était acquis en Égypte.
Malheureusement, très peu d’objets en métal travaillés par les Hourrites ont survécu, à l’exception des derniers réalisés en
Ourartou. Dans l’histoire ancienne, le
Mitanni est étroitement
associés avec l’élevage des chevaux. Un texte célèbre découvert dans la capitale
Hittite,
Hattousa, traite
de l’entraînement de ces chevaux. L’homme qui en était responsable était appelé en Hourrite, Kikkouli,
il vivait au XVe siècle av.J.C. Enfin, il faut souligner, que parmi les textes Hourrites retrouvés à
Ougarit,
datant de 1800 av.J.C, on a découvert le plus ancien exemple connu de musique écrite.
Une reconstruction quasi complète d’un hymne en a été faite par Marcelle Duchesne-Guillemin. Parmi ces fragments on
trouve aussi les noms de quatre compositeurs Hourrites : Tapšihuni, Puhiya (na), Urhiya, et Ammiya.
La langue Hourrite
La langue Hourrite est une langue éteinte, c’était une langue ergative et
agglutinante. Cependant cette langue n’a aucun lien avec les langues Sémitiques, ni même avec les langues Indo-européennes.
Jusqu’à vers 1200 av.J.C elle était parlée dans une zone qui s’étendait de la Turquie orientale jusqu’au Nord de l’Irak,
approximativement la région aujourd’hui occupée par les Kurdes. Elle fut longtemps la langue officielle de l’Empire du
Mitanni, mais elle était aussi utilisée dans certaines régions de
l’Empire Hittite.
Les principaux centres étaient la capitale Wassouganni (ou Wassukanni) et les villes de Taidu
Nuzi,
Qatna,
Alalah et
Hattousa, la capitale de l’Empire
Hittite. La seule langue usitée qui eut
une relation avec le Hourrite fut celle de l’Ourartou,
une langue utilisée du début et au milieu du Ier millénaire av.J.C dans une zone située entre
le lac Sevan, le lac de Van et le lac Ourmia (ou Orumieh). La langue Hourrite n’est cependant pas, d’après Emmanuel Laroche,
l’ancêtre de l’Ourartéen. Les deux langues descendraient d’une même langue préhistorique commune, une parente des langues
Caucasiennes actuelles.
D’autres liens ont été proposés par certains spécialistes qui avancent qu’il existe une relation entre la langue
Hourrite et le Géorgien et selon Igor M.Diakonoff et Sergei A.Starostin, avec les langues Sud et Nord-caucasiennes, les langues
Kartvéliennes et les écritures Kypro-minoisches, cependant aucune preuve n’a été trouvée à ce jour pour confirmer ces propositions.
Certaines similarités ont également été constatées entre la langue Hourrite et l’Arménien, et
Thomas Schneider en trouve
une avec le Kassite.
La diversité de toutes ses familles fait qu’une reconstitution est difficile. De plus les Hourrites adoptèrent l’alphabet
cunéiforme Akkadien comme support
d’écriture et les textes Hourrites sont relativement rares. Ils utilisèrent aussi des idéogrammes
Sumériens ne permettant pas de connaître
la phonétique exacte de certains mots. Les plus anciens documents retrouvés avec des noms
de personne en Hourrite, datent de la fin du IIIe millénaire et le premier texte date du début du IIe millénaire à
l’époque du Roi Tish-atal (ou Tischatal)
d’Urkesh (ou
Urkeš, aujourd’hui Tell Mozan), dans le Nord-est de la
Mésopotamie.
On ne sait pas si le Hourrite, comme langue parlée, continua d’exister après vers 1200 av.J.C.
Le Dieu Teshub
|
La religion
Du fait de la forte imbrication des civilisations au Proche-Orient, les mêmes
divinités furent souvent vénérées par plusieurs peuples, qui leur attribuaient des noms différents. Lorsqu’une civilisation
en dominait une autre, son panthéon venait souvent se mêler, voir se substituer, à celui du peuple
conquis. C’est le phénomène du syncrétisme. Dans cet ordre d’idée, les Hourrites ont emprunté des divinités aux
Sumériens et aux
Akkadiens, et ils ont eux mêmes,
par la suite, influencé les religions Anatoliennes, dont celle des
Hittites. Pour les mythes, il en fut de même.
Ceux des Hourrites sont d’ailleurs connus grâce à leur traduction en
Hittite.
La religion Hourrite fut donc très proche des bases de celle que l’on trouve en
Asie Mineure.
Les Dieux Hourrites ne semblent pas avoir eu de temples particuliers avec leurs Prêtes, dans le style de ceux de la religion
Mésopotamienne ou de la religion
Égyptienne.
Par contre, certains centres de culte importants ont été identifiés comme à : Kummanni (ou Kummeni,
"Le sanctuaire"), la capitale du
Kizzuwatna et le centre cultuel
rupestre de Yazilikaya, au pays Hatti,
où une représentation du panthéon Hittite
donne aux divinités leur nom Hourrite écrit en
Hittite.
Harran (ou Carrhae ou Carrhes), au Sud-est de la
Turquie actuelle, capitale du royaume de Kummuhu (Commagène),
sera plus tardivement un centre religieux pour le Dieu lune Kushukh
(ou Kushuh ou Kušuh) et la Déesse Shaushka (ou Šawuška ou Shawushka, Šauska) avait un temple important à
Ninive,
où la ville fut un temps sous la domination Hourrite. Un temple dédié à Nergal fut construit à
Urkesh à la fin du IIIe millénaire.
Le
panthéon
Le Dieu principal du panthéon fut Teshub (ou Teššup).
Il était le Dieu de l’Orage, de la guerre et des phénomènes climatiques comme, le vent, la foudre, le tonnerre, qui sont ses
armes. On peut le comparer à Adad en
Mésopotamie, à Addu chez les Amorrites,
à Baal (ou Ba’al) en pays de
Canaan, à Tarhou (ou Tarhunta, mais aussi sous le nom de Teshub) chez les
Hittites et à Teisheba (ou Tesheba) en
Ourartou. Teshub deviendra la divinité principale en
Syrie et en Anatolie au Bronze Récent. Il fut souvent représenté comme un taureau, qui était un symbole de fertilité, ou
montré sur un char tiré par des taureaux. Il était vénéré notamment à
Alep,
où il est assimilé à Addu, à Kummanni (ou Kummeni, "Le sanctuaire"), la
capitale du Kizzuwatna,
mais aussi à Arrapha et au sanctuaire
rupestre Hittite de Yazilikaya.
Teshub avait pour Parèdre (Du
Grec : πάρεδρος / páredros,
signifiant "qui est assis à côté de" et s’emploie pour qualifier une
divinité associée dans le culte à un Dieu plus important), la Déesse Hebat (ou Chepat ou Hépatou Hepit).
Elle fut la Déesse du Soleil. Hebat était d’origine Syrienne et on peut aussi la trouver sous les noms :
Hepatu ou Hepa et à l’époque Hellénistique Hipta (En
Carie et en Lydie). Elle est identifiée à la Déesse
Arinna chez les Hittites, où elle est souvent
appelée "Reine du Ciel", à Huba en
Ourartou, à Inanna chez les
Sumériens, à Ishtar chez les
Assyriens et les
Babyloniens et
enfin d’une certaine manière à Cybèle chez les
Phrygiens. Son animal était le lion, elle était
d’ailleurs souvent représentée assise sur lui. Elle avait les mêmes lieux de culte que Teshub. Ces deux divinités eurent un fils,
Sharruma (ou Sarma ou Šarruma ou Sar-ru-um-ma ou LUGAL-ma, tsama) qui sera pris comme divinité protectrice
par l’Empereur des
Hittites, Tudhaliya IV
(1234-1215). Ces principaux lieux de culte furent Uda et Kummanni. Dans le cortège des Dieux
Hittites représentés à
Yazilikaya, il se tient derrière sa mère sur un léopard. Sur le relief rupestre de Hanyeri, il est présenté sous la forme d’un
taureau.
Le Dieu Sharruma et le Roi Hittite Tudhaliya IV |
Les autres divinités Hourrites importantes étaient : Astabis, le Dieu de la Guerre. Il était identifié
à Zababa (ou Zamama) chez les
Hittites, à Ninourta (ou Ninurta) chez les
Akkadiens. Dans le Sud de la
Mésopotamie, Zababa était
le Dieu tutélaire de la ville de
Kish ; Hesui le Dieu
de la chasse (et également de la guerre), identifié aussi au Dieu Zababa des
Mésopotamiens ; Ishara la Déesse de l’écriture et des serments.
Dans les traditions Sémitiques et Hourrites, Ishara est aussi une Déesse de l’amour, souvent identifiée comme Hebat
à Ishtar chez les
Assyriens et les
Babyloniens. Son culte a été d’une importance considérable à
Ebla ; Kumarbi
(ou Kummarbi ou Kummurwe) le Dieu de la Nature, fils d’Anu, et le père des Dieux, donc père de Teshub.
Il est en partie identifié à Dagon chez les populations Sémitiques du Nord-Ouest, comme les
Amorrites,
les habitants d’Ebla,
d’Ougarit, ou les
Philistins.
Son lieu de résidence, tel qu’il est décrit dans la mythologie, était la ville
d’Urkesh ;
Kushukh (ou Kushuh ou Kušuh), le Dieu de la Lune, apparenté au Dieu
Hittite Arman et au Dieu
Mésopotamien
Utu/Shamash. Il fut représenté avec des ailes et un casque avec un croissant. Il ne joua qu’un rôle mineur dans
les mythes Hourrites. Il sera vénéré tardivement à
Harran (ou Carrhae
ou Carrhes) ; Shaushka (ou Šawuška ou Shawushka ou Šauska), la Déesse de la guérison et de l’amour, qui avait elle aussi une
fonction semblable à la Déesse
Mésopotamienne, Ishtar. Elle était également représentée sur un lion, mais contrairement à Hebat, souvent ailé.
Elle avait un temple important à
Ninive ;
Shimegi, le Dieu du soleil, chez les
Hittites il fut assimilé au Dieu soleil du Ciel, à Shiwini en
Ourartou. Il fut représenté vêtu comme un Roi. Enfin il y avait un Dieu dont nous ne connaissons le nom qu’en
Babylonien, Nergal, son nom en Hourrite étant jusqu’à lors inconnu. C’était une divinité du monde souterrain.
Les mythes
Les
mythes Hourrite se résument principalement en théogonies, tels que le Cycle de Kumarbi, (la Théogonie Hourrite).
On y retrouve la plupart des grands Dieux du Proche-Orient. Ils nous sont connus par des textes en
Hittite retrouvés en état très fragmentaire,
dans leur capitale à Hattousa.
Les textes décrivent l’ascension à la royauté divine, comment dans un premier temps la royauté du Ciel est
passée entre plusieurs Dieux par périodes de 9 ans. On arrive à Alala, qui se fit détrôner par Anu et
envoyer dans l’au-delà. Neuf ans plus tard, ce fut au tour d’Anu de laisser sa place à Kumarbi, et rejoignit le Ciel.
Arriva ensuite à la naissance de Teshub, mais la partie suivante du récit est manquante, il est cependant admis
que Teshub détrôna Kumarbi. L’origine des récits reste discutée, bien qu’elle soit incontestablement Hourrite.
Le cycle de Kumarbi est constitué de cinq récits, appelés aujourd’hui par les spécialistes : "chants" :
Le Chant de la Royauté du Ciel ou Chant de Kumarbi ; le Chant de Lamma ; le Chant de l’Argent personnifié ;
le Chant de Hedammou et le Chant d’Ullikummi (ou Ullikumi) qui nous raconte que Kumarbi, avide de revanche,
créa un géant de pierre, Ullikummi. Teshub se lança à l’attaque contre lui avec l’aide de 70 Dieux, mais il fut
vaincu et dut céder son trône à Kumarbi. La fin est en lacune, mais il est certain que Teshub récupéra son trône.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur les Hourrites voir les ouvrages de :
Georges Contenau :
– La civilisation des Hittites et des Hourrites du Mitanni, Éditeur inconnu, 1934 – Éditions d’Aujourd’hui, 1983.
Igor M.Diakonoff et Sergei A.Starostin :
– Hurro-Urartian as an eastern Caucasian language, Münchner Studien zur
Sprachwissenschaft, Beiheft 12, Kitzinger, München, 1986.
Marcelle Duchesne-Guillemin :
– Sur la restitution de la musique hourrite, pp. 5-26, Revue De Musicologie 66, N°1, 1980.
– A Hurrian musical score from Ugarit: The discovery of Mesopotamian music,
Sources from the ancient near east, vol. 2, fasc. 2, CA: Undena Publications, Malibu, 1984.
Jacques Freu :
– Histoire du Mitanni, L’Harmattan, collection Kubaba, Paris, 2003.
Ignace Jay Gelb :
– Hurrians and Subarians, Studies in Ancient Oriental Civilization No. 22, Chicago: University of Chicago Press, 1944.
Christian Girbal :
– Zur grammatik des Mittani-Hurritischen, pp. 93-101, Zeitschrift für Assyriologie und Vorderasiatische Archäologie,
De Gruyter, Berlin, 1990.
Volkert Haas :
– Hurritische und luwische Riten aus Kizzuwatna, Butzon & Bercker, Kevelaer, 1974.
Joost Hazenbos :
– Hurritisch und Urartäisch, sprachen des alten Orients, Hrsg,
von Michael P. Streck, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 2005.
Istituto italiano per gli studi filosofici :
– La civiltà dei Hurriti, G. Macchiaroli, Napoli, 2000.
Annelies Kammenhuber :
– Die arier im vorderen Orient, Carl Winter Universistatverlag, Heidelberg, 1968.
Emmanuel Laroche :
– Notes sur le panthéon Hourrite de Ras Shamra, pp. 148-150,
JAOS 88,
N°1, New Haven, Janvier/Mars 1968.
– Glossaire de la langue hourrite, Editions Klincksieck, Paris, 1980.
Manfred Mayrhofer :
– Die Arier im vorderen Orient, ein mythos?, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, 1974.
Martha A. Morrison :
– The eastern archives of Nuzi. Excavations at Nuzi 9/2, Studies on the
civilization and culture of Nuzi and the Hurrians, Bd. 4, Eisenbrauns, Winona Lake, 1993.
Ephraim Avigdor Speiser :
– The Hurrians and their connections with the Habiru and the Hyksos,
American Schools of Oriental Research, J.H.Hurst Co., Baltimore, 1933.
– Introduction to Hurrian, American schools of Oriental research under the Jane
Dows Nies publication fund, New Haven, 1941.
– Hurrians and Subarians, American schools of Oriental research under the Jane
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