Rimush (ou Rimuš ou Ouroumoush ou Alu-Usharsid ou Urumush,
2283 à 2274 ou 2279 à 2270 ou 2279 à 2269 ou 2278 à 2270 ou 2219 à 2210) succéda à son père au détriment
de son frère, qui était pourtant son aîné. Quelques
spécialistes affirment qu’ils étaient jumeaux. Il hérita du trône dans une situation politique insurrectionnelle.
Les premières années de son règne furent occupées à réprimer avec violence ces révoltes qui éclatèrent à la mort de
Sargon. Les inscriptions le concernant, rapportent
la répression sur les villes du Sumer, d’abord
Ur, qu’il ravagea et dont il captura le Roi.
Ce qui pourrait faire penser
que la ville avait retrouvé son indépendance pendant suffisamment de temps pour avoir un nouveau Souverain. Puis
Oumma, où il tua plus de 8.000 hommes. Il
combattit aussi contre Lagash,
Girsou (ou Girsu, Tellô aujourd’hui),
Adab, Kazallu (Située au Nord-ouest
d’Adab), Zabalam (Sud de
Nippur) et Nippur,
qui se soulevèrent également.
Rimush poursuivit ensuite sa campagne jusqu’à la mer inférieure (Le golfe Persique), au cours de laquelle il
fit 5.700 prisonniers. La troisième année de son règne, il conduisit une campagne en
Élam, d’où il rapporta un important butin
et également dans les hautes terres du Zagros. Il fit également une campagne contre les Rois
Sidgau (v.2290-v.2275) et Abalgamash (ou Abalgamaš, v.2275-v.2250) de
Warahshe (ou Parahsum ou
Paraḫšum, une cité-État voisine du Nord d’Élam), qu’il soumit. Mais
l’Élam reforma une coalition pour reprendre le combat.
Certains spécialistes avancent que ce fut le Roi Hishep-Ratep (ou Hišep-Ratep, v.2270 ?) qui affronta Rimush ?.
Ce dernier les bâtit et tua, selon les inscriptions, 16.212 hommes et fit 4.216 prisonniers.
Bien que le pays fut pillé, la capitale Élamite,
Awan conserva cependant son indépendance et resta une menace pour les Akkadiens jusqu’à l’époque
de leur Roi Naram-Sin
(2255-2218). Parmi les alliés des Élamites,
on trouvait les habitants de Mélukhkha (ou Meluhha, vallée de l’Indus dans les textes Mésopotamiens), de Gupin et de
Warahshe. Celle-ci est aussi
mentionnée dans les textes de
Goudéa à propos d’un bois très rare que l’on ne trouvait que là. Elle n’est pas localisée avec précision. Elle était située
soit dans le Zagros occidental, soit plus à l’Est, entre
l’Élam et la vallée de l’Indus. Quelques spécialistes
avancent sur la côte Nord du golfe Persique. Ce qui ferait que Rimush
ait poussé son incursion jusque dans l’actuel Kermân ?. Il fut assassiné par ses serviteurs.
Il est possible que son frère Manishtusu, qui lui succéda, fut impliqué dans le complot.
Manishtusu (ou Maništušu ou Man-Istusu ou
Manishtusu ou Manishtousou ou Manischtuschu, 2299 à 2284 ou 2276 à 2261 ou 2270 à 2255
ou 2269 à 2255 ou 2235 à 2220),
frère de Rimush, lui succéda après que celui-ci ait été assassiné.
On ne sait pas si Manishtusu participa à l’attentat. Des révoltes du plateau de l’Iran vont le contraindre à mener une campagne
vers Anshan et Shérikhum (Contrée sans doute
située dans la région du Fars actuel). Puis selon les textes, il fit traverser le Golfe Persique à sa flotte. De l’autre
côté de la mer, trente-deux villes du pays de Magan (Aujourd’hui Oman) se liguèrent contre lui, mais il les battit.
Il tua leurs
Rois et pilla les mines d’argent. Cette campagne reste sujette à discussion. Il semblerait plutôt que sa flotte ait fait une
incursion sur les rives de l’extrémité du Golfe Persique, soit vers le Kermân, soit vers Oman. On le crédite également de la
reconstruction du temple détruit d’Ishtar à Ninive, vers 2260,
ce qui confirmerait sa domination sur ces terres
Assyriennes. Manishtusu fut assassiné à la suite d’une conspiration.
Deux petits "monuments" de ce Roi, contenant énormément
d’inscriptions ont été retrouvés. Le premier est appelé "Monument Cruciforme", il fut mis au jour à
Sippar par Hormuzd Rassam en 1831 et se trouve aujourd’hui au
British Museum. Il est considéré comme autobiographique, sans doute
parce qu’il débute par les formules habituelles "Je suis Manishtusu le fils de Sargon, le Roi puissant de
Kish……..". En fait, l’essentiel de l’inscription est relatif à la libération par le Roi de trente-huit cités.
Le second, "La pyramide de Manishtusu", fut retrouvé à
Suse et est exposé aujourd’hui au musée du Louvre.
C’est un bloc de diorite de 1,40 m. de haut recouvert sur ses quatre faces d’inscriptions. Elles
rapportent l’achat par le Roi de nombreux terrains afin de constituer un grand domaine foncier.
Huit parcelles de terrain avec un total de 3.430 hectares dans le Nord de la
Babylonie. Dans chacun de ces textes,
le souverain mentionne soit les terrains acquis, soit les denrées mises à la disposition du Dieu. On a aussi découvert
à Suse, deux bas de statue du Roi, dont l’une est
en diorite et qui sont aujourd’hui au musée du Louvre, et un buste du souverain dans la tradition
Sumérienne. On ne connaît pas le
nom de son épouse, mais il fut le père de
Naram-Sin (ou Naram-Sîn) et de Meshalim.
Naram-Sin
(ou Naram-Sîn ou Naram-Suen "Aimé de Sîn”, 2273 à 2219 ou 2255 à 2218
ou 2254 à 2218 ou 2209 à 2155 ou 2202 à 2166), succéda à son père
Manishtusu. Il fut un
grand guerrier et un bon administrateur. Une grande part de son règne se passa en campagnes militaires. Au
moment de son avènement il dut faire face à un soulèvement général de toutes les provinces de son Empire, de la
Syrie à l’Élam. Il mata avec férocité les révoltes
des villes de Kish,
Nippur et Ourouk.
Puis il pacifia un territoire allant de la Syrie à
l’Asie Mineure. Il soumit les villes
de : Mari,
Ebla et
Alep.
Au Nord, il mena également des expéditions contre Subartu (ou Soubartou ou Subartum,
Haut-Djézireh, futur pays
Hourrites), jusqu’à Urkesh (ou Urkeš
ou Tell Mozan). Il se tourna ensuite vers le Sud-est et conquit
l’Élam où il plaça un Gouverneur dans sa capitale,
Suse, puis il conquit
Awan. Il semble même que
Naram-Sin se soit enfoncé plus profondément
encore dans le plateau Iranien, presque jusqu’à la vallée de l’Indus.
Il soumit Satuni, le Roi des Loulloubis (ou Lullubi ou Lulubi, aujourd’hui le Sharazor dans les plaines du Zagros Iranien).
Il restaura l’intégrité de l’Empire et se fit proclamer "Roi des quatre nations".
Son règne vit l’arrivée d’un autre danger, les Goutis,
originaires du Zagros qui lancèrent plusieurs attaques contre leur grand voisin.
Naram-Sin fut aussi un grand bâtisseur.
Outre le palais qu’il se fit bâtir, il reconstruisit les temples.
Entre autres, celui d’Inanna à Adab, celui
de Shamash à Sippar, celui de Nanna-Suen à
Ur. À Akkad, il fit bâtir un
temple dédié à Sin et un temple pour lui-même et fit achever la construction de celui dédié à Ishtar. Il aurait encore restauré
celui d’Enlil à Nippur. Malgré l’importance et la longueur de son règne,
il ne nous est parvenu que peu de représentations de lui. La plus importante est une stèle de grès rose, de 2 m.
de hauteur sur une largeur maximale de 1,05 m. Elle se trouve aujourd’hui au musée du Louvre.
Le musée d’Istanbul possède un fragment de stèle en basalte de 55 cm. de hauteur, provenant de Pir-Hussein
(ou Pir Hüseyin, au Kurdistan Turc), où l’on voit le Roi de profil, vêtu d’une tunique et coiffé de la tiare conique entrain
de tuer des ennemis. On ne connaît pas le nom de son épouse ou de ses épouses, mais
Naram-Sin à dix enfant identifiés : dont
Sar-Kali-Sarri (ou
Shar-Kali-Sharri ou Sarkalisarri) qui lui succéda et ses filles : En-men-ana (ou Enmenana) qui fut Prêtresse de Nanna à
Ur ; Shum-Shani (ou Shumshani ou Sumšani)
qui fut Prêtresse de Shamash à
Sippar et Tutar-Napshum (ou Tuta napšum) qui fut Prêtresse d’Enlil à
Nippur.
Sceau de Sar-Kali-Sarri
|
Shar-Kali-Sharri (ou Šar-kali-šarri ou Shar-Kali-Sharri ou Sarkalisarri
ou Sharkalisharri, Schar-kali-scharri “Roi de tous les Rois“, 2218 à 2195
ou 2218 à 2193 ou 2218 à 2192 ou 2217 à 2193 ou 2165 à 2140 ou 2154 à 2129)
succéda à son père bien qu’il ait eu un frère aîné, Bin-kali-Sarri (ou Bin-kali-Sharri). Dans sa titulature,
“Fils bien-aimé d’Enlil le fort, Roi d’Akkad et des sujets d’Enlil (Roi de tous les Rois)“, il abandonna le titre de
“Dieu” inauguré par son père. Cette titulature ne fut pas le reflet de ses années de règne où il perdit une grande partie
de ses territoires.
Il passa sa vie en luttes permanentes contre les envahisseurs étrangers. L’Empire fut considérablement
affaibli par les attaques des peuples du Zagros, les Loulloubis (ou Lullubi ou Lulubi, aujourd’hui le Sharazor dans les plaines
du Zagros Iranien) et les Goutis.
Sar-Kali-Sarri conduisit deux campagnes contre ces derniers, qui pillaient les plaines du Tigre.
Il réussit à capturer le Roi Goutis
Sarlagab (ou Sarlag, 2198-v.2193) mettant temporairement un terme à leurs saccages. À l’Ouest, les
Amorrites, contenus par les conquêtes de
Naram-Sin, se révoltèrent, mais il réussit à
les repousser. De nombreuses régions et cités profitèrent de cette faiblesse et prirent leur indépendance, comme celle
de Mari. Les
Élamites mirent le siège devant Akshak
(ou Aksak ou Akashak, Mésopotamie du Nord), au Nord d’Akkad.
Ils furent repoussés par Sar-Kali-Sarri mais cela n’empêche pas
Puzur-Inshushinak (ou
Kutik-In-Shushinak), qui était Gouverneur de Suse,
de se déclarer “Puissant Roi d’Awan” et “Maître des Quatre Régions“, qui était le titre que s’était attribué
Naram-Sin. Selon Elisabeth Meier Tetlow,
Shar-Kali-Sharri épousa Tuta-Shar-Ibbish (ou Tutasharlibish) dont il eut un fils, Dudu qui sera Roi (2189-2168).
Il fut incapable d’empêcher la chute de l’Empire d’Akkad et traditionnellement on considère sa mort comme sa fin.
Il fut tué lors d’une révolution de palais. Le pays dans l’anarchie, tomba
aux mains des
Goutis.
Après Shar-Kali-Sharri d’autres souverains montèrent sur le trône d’Akkad (également Roi du Gutium) on en dénombre
quatre en 4 ans : Irgigi (ou Igigi ou Igigis, 2195 à 2193), Imi (v.2193), Shulme (ou Šulme ou Su-Mum ou Na-Num ou
Yarlagash, v.2193 à 2189), Elulumesh (ou Ilulu ou Silulumesh), ont-ils gouvernés ensemble comme le pensent quelques
spécialistes ?. Ce qui est sûr c’est que leur pouvoir fut très faible, ils durent composer avec
les Rois des autres états de Basse-Mésopotamie qui reprirent leur indépendance comme à
Ourouk ou
Lagash.
Sceau de Sar-Kali-Sarri |
Ce fut avec les deux Rois suivants, le fils de Sar-Kali-Sarri et de son
épouse Tuta-Shar-Ibbish, Dudu (2193 à 2175 ou 2189 à 2168 ou 2189 à 2169) et le fils de
celui-ci Shu-Turul (ou Shu-Durul, 2168 à 2154) qu’il y eut semble t-il un peu plus de stabilité dans le pays,
bien qu’il fut aux mains des Goutis, puisque ces souverains
régnèrent plus de 20 ans. Le royaume d’Akkad perdit la plupart des territoires qu’avaient conquis les premiers souverains
de la dynastie, notamment du fait de la prise d’indépendance de plusieurs cités. Dudu ne
gouverna plus que la cité d’Akkad et ses alentours. Ce Roi est connu par
plusieurs inscriptions commémorant ses offrandes faites à des divinités.
Sous Shu-Turul, la capitale, Akkad, déménagea à
Ourouk. Son règne n’est connu et attesté
lui aussi que par quelques inscriptions commémorant des offrandes faites à des divinités.
Il fut le dernier Roi d’Akkad selon la “Liste Royale
Sumérienne“. La chute de l’Empire d’Akkad permit aux différentes
cités-États de reprendre leur indépendance et la civilisation
Sumérienne connut une renaissance, notamment grâce aux
villes de Larsa,
Isin,
Ourouk où
Our-Hegal (ou Utuḫengal
ou Utu-Hegal, 2123-2113) fonda la Ve dynastie et surtout
Lagash où son Roi
Goudéa (ou Gudea) s’illustra
et domina la région. Puis Ur où le Roi
Our-Nammou (2112-2095)
fonda la IIIe dynastie d’Ur
et se proclama Roi du Sumer
et de l’Akkad. Cette dynastie d’Ur
de grands guerriers reconquit tous les territoires perdus et apporta à la région un siècle de prospérité.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
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