Pierre gravée au nom du Roi
Melisipah II (ou Melishippak) |
Origine et généralités
Les Kassites (ou Cassite,
en Akkadien : kaššū)
furent un peuple asiatique dont l’origine est encore incertaine. Wilhelm Eilers suggère qu’il se soit installé dans le Nord du
Luristan. Walter Sommerfeld donne également une origine dans le Zagros. Louis D.Levine a suggéré une installation sur la rive
orientale du petit Zab. Julian Reade situe le royaume de Namri (ou Namar ou KUR.ZALAG ou Namar AI ou Namar-in ou KUR Namar,
à l’Est de la province de la Diyala) comme le pays des Kassites. Toutefois il
faut préciser que pour attester l’une ou l’autre des propositions les preuves archéologiques ou épigraphiques manquent.
On attribue communément au peuple Kassite le fait qu’il fut soumis par
un clan Indo-européen, qui prit son nom et s’établit dans le Zagros méridional (Sans doute vers la région de l’actuel Luristan
comme le propose Eilers). Lorsqu’Hammourabi (1792-1750)
devint Roi de Babylone (Dynastie
Amorrite), il
fut à la tête d’un Empire assez important pour attirer les jalousies des
Kassites.
Leurs premières apparitions, que l’on situe dans la région de
Sippar, remontent au Roi
Amorrite de
Babylone,
Samsu-Iluna
(ou Samsou-Ilouna, 1750-1712). À deux reprises, les Kassites tentèrent, mais en vain, de s’emparer de
Babylone, sous
les règnes de Samsu-Iluna
et de son fils, Abi-Eshuh (1711-1684).
Leur implantation en Babylonie
fut donc être
progressive. Ils s’étendirent par la suite et atteignirent, vers la fin de la dynastie
Amorrite de
Babylone,
Alalah (ou Tel Açana, Turquie) sur
l’Oronte et la région du Khābūr (ou Habur, actuel Haut-Djézireh). En 1595,
Babylone fut attaquée par le Roi des
Hittites,
Moursil I (ou Mursili,
v.1620-v.1590) qui s’allia au Roi Kassite du
Hana.
Babylone fut prise et pillée.
Moursil I mit un
terme à la dynastie Amorrite et fonda la IIe dynastie de
Babylone, qui ne dura qu’une vingtaine
d’année. Puis les
Hittites laissèrent la place aux
Kassites dans la ville, qui fondèrent une nouvelle dynastie (la IIIe de
Babylone).
Il est aussi dit que les
Hittites
ne régnèrent pas directement sur
Babylone, dans le cadre d’une alliance, ils cédèrent le pouvoir aux
Kassites en échange d’une aide pour contrer plus efficacement la menace que
représentaient les
Hourrites sur les frontières de leur Empire.
Celle-ci fut la plus longue dynastie qui régna à
Babylone.
On sait qu’elle dura jusqu’à son anéantissement par les Élamites
en 1153. Les Kassites transférèrent leur capitale, vers 1400, à Dûr Kurigalzu (ou Dour Kourigalzou près de l’actuelle Bagdad).
Babylone,
qui passa au second rang politique, retrouva quand même rapidement un rôle important et même
prospéra sous cette longue et brillante dynastie Kassite. Celle-ci y contribua en perpétuant les traditions
Babylonienne et en restaurant les temples et
les sanctuaires. On sait qu’ils étaient organisés en
tribus "Les maisons", descendantes d’un ancêtre commun. On sait que
les Kassites étaient réputés dans l’art du dressage des chevaux, ce sont sans doute eux qui ont banalisé l’animal en
Babylonie.
Ils ont également développé, en même temps que les
Hittites, l’utilisation du char.
Détail de la façade du Temple
d’Inanna construit par Karaindash I – Pergamon Museum – Berlin |
L’art Kassite
L‘art Kassite est reconnu depuis peu par les historiens.
Parmi les réalisations qu’on leur attribue on note notamment un type de
"monument" qui leur est caractéristique appelé le kudurru. C’était une stèle en pierre gravée, généralement
rectangulaire ou phallique avec sommet arrondi, utilisée comme un enregistrement de la propriété de la terre, comme un
enregistrement de l’octroi de privilèges ou un enregistrement de solution à un différend.
Les kudurru sont les seules œuvres d’art qui ont survécu de leur époque.
Des exemples sont conservés au Musée du Louvre
et au Musée national d’Irak. En fait, la dynastie Kassite, abandonnant
ses origines rugueuses, s’est distinguée en récupérant l’art et la littérature des peuples conquis et en rénovant des ruines,
dans le but très souvent de les améliorer. L’architecture fut donc reconstruite et leur emprunte est significative dans les
anciens sanctuaires Babyloniens, où ils
introduiront des innovations tels que des reliefs figuratifs des Dieux, des façades de temple d’où jaillit de l’eau etc…
Tous ces nouveaux éléments seront ensuite repris par les
Néo-babyloniens.
Le palais Kassite le plus représentatif de leur art est celui de Dûr Kurigalzu (ou Dour Kourigalzou près de
l’actuelle Bagdad), qui a nécessité près de deux siècles de travaux avant qu’il ne soit terminée. Il se distingue du palais
Babylonien typique, comme celui de
Mari par exemple, en l’absence de la centralité des deux cours,
ainsi que dans les peintures murales représentant des fonctionnaires de la cour.
L’art sculptural Kassite produisit d’excellents
produits, comme en témoignent les vestiges de la statue monumentale en diorite représentant le Roi Kurigalzu I
(ou Karizalzu, 1401-1388), et la tête d’une lionne caractérisée par des stries géométriques
pour tracer les rides. On a retrouvé des tablettes traitants sur les animaux, les plantes et les divinités,
qui furent influencées par les mythes de la fertilité et de la fécondité.
La langue
La langue des Kassites est très mal documentée, elle
est seulement connue par quelques termes techniques. Les nombreux textes de leur époque sont en
Babylonien.
On ne dispose d’aucun texte complet en Kassite. Les plus importants sont : Un vocabulaire donnant 32 noms communs et 16 noms
de divinités avec leur équivalent en Akkadien ;
Une tablette provenant de la bibliothèque de l’Empereur
d’Assyrie,
Assurbanipal (ou Assur-Banapliou ou Assourbanipal,
669-631 ou 626) comportant une liste de noms royaux et de personnages privés avec
leur traduction en Akkadien.
Des tablettes de l’époque de la domination Kassite rédigées en
Akkadien
incluent des mots Kassites.
Le nombre de noms communs Kassites y est limité (un peu plus de 60 vocables)
et se référent principalement à des couleurs, des parties du char, des
conditions d’irrigation, des plantes. Ces listes nous
fournissent environ 200 éléments lexicaux supplémentaires pouvant être obtenus par l’analyse de plus nombreux anthroponymes,
toponymes, noms propres de chevaux et descriptions sur l’art équestre. Les scribes avaient une importance considérable
pour ce peuple. Les principales œuvres littéraires étaient des hymnes de louange aux Dieux.
Il en ressort de ce peu de matériel qui nous soit parvenu, que les Kassites parlaient une langue sans lien génétique à
toute autre langue connue.
La religion
Dans le panthéon, les divinités purement
Kassites furent : Le Dieu de la guerre Shuqamuna (ou Šuqamuna) qui avait pour parèdre Shimaliya (ou Shumalija ou Šumalija),
couple divin protecteur de la royauté. Kurigalzu I (ou Karizalzu, 1401-1388) leur consacra un immense temple à
Babylone dans lequel les derniers Rois Kassites furent
couronnés. Sakh identifiée à Shamash, Dûr et Shugab, Buriash le Dieu du temps et de l’orage, Harbe (ou Kharbe) et Kamulla et
aussi des divinités d’origine Indo-aryenne, comme Maruttash (les Marut) et Shuriyas (ou Surya, Dieu soleil).
Les Kassites adoraient aussi des divinités Mésopotamiennes traditionnelles comme, Marduk et Enlil.
Cette population avait une divination pour la magie, qui fut ensuite étendue à d’autres peuples Mésopotamiens.
L’histoire…….
Les Kassites envahirent donc pacifiquement une partie de la Mésopotamie, mais leur
histoire nous est inconnue jusqu’au XVe siècle. Si l’on s’en tient à la liste
des Rois de Babylone, leur dynastie aurait compté 36 Rois
sur 576 ans. Le premier de ceux-ci serait, Gandash (ou Gandaš ou Ga-an-du-uš ou Gan-dáš ou Ga-ad-da ou Gandasch ou
Gandiš, 1730 à 1726), qui fut Roi de Mari
et du Hana et qui
fonda la dynastie. Il eut un fils qui lui succéda, Agum I (ou Ag-gu-um ou A-gu-um, 1726
à 1715). Suivirent
sept Rois dont on ignore tout, jusqu’a Tiptakzi (v.1590 à 1570 ou 1616
à 1598) qui fut le dernier Roi de cette
dynastie.
Kudurru (Stèle) du Roi kassite
Melisipah II (ou Melishippak) – Musée du Louvre |
Vers 1570 la royauté passa à
Babylone
à Agum II (ou Agum Kakrime ou Ag-gu-um ou A-gu-um ŠI ou Agum
Maḫrû ou ša A-gu-um ra-bi-i ou Agum râbi, 1598 à 1578 ou 1592 à 1565 ou
1570 à 1521 ou 1535 à 1510) fils de
Our-Zigurumash
(ou Urzigurumash ou UR-ši-gu-ru-maš ou Urzigurumaš ou Tazzigurumash). La date et les conditions
exactes de sa prise de pouvoir nous sont inconnues. Il faut noter que certains
spécialistes avancent qu’il fut le 8e ou 9e Roi de cette dynastie. Selon un texte du VIIe siècle, retrouvé à
Ninive, qui serait
une copie d’une inscription d’Agum II, celui-ci aurait ramené les statues de culte du couple des divinités tutélaires de
Babylone,
Marduk et Zarpanitu (ou Sarpanitu), qui avaient été emportées lors du pillage de la ville.
Le texte dit qu’il les fit venir du pays des Hanéens, qui est situé sur le Moyen-Euphrate autour de
Terqa, et non pas du pays
des
Hittites qui en étaient les
voleurs comme on le lit parfois. La réalité de cet événement est malheureusement
impossible à prouver. Cet acte lui permit d’assurer sa légitimité et il se fit reconnaître comme Roi par la ville.
Il fonda la IIIe dynastie Kassite de
Babylone (ou dynastie des Rois de Mari
et du Hana). Les
circonstances exactes de cette prise de pouvoir sont encore très vagues. Les
Kassites de Mari
et du Hana vont donc dominer la ville, mais aussi semble t-il le
Pays de la Mer. Leur dynastie fut fortement imprégnée des traditions
Babylonienne.
Agum II eut un fils Burnaburiash I (ou Burna-Buriash ou
Bournabouriash ou Burna-buriaš ou Burna-Buriyåš, 1521 à 1502) qui lui succéda sur le trône. Ce dernier s’empara de la ville
d’Isin et instaura la domination
Kassite sur le pays de Sumer.
Il assura son hégémonie sur toute la Basse-Mésopotamie, qui prit le nom de Karduniash.
Cette unité ne fut rompue ni par le Sumer
au Sud ni par Akkad
au Nord pourtant puissants. Il intervint aussi
contre un Roi du
pays de la Mer, au nom d’Ulam Buriash (ou Ulamburiash ou Shar Mat TAMT), dans le Sud
Sumérien et s’empara de son
territoire pendant que ce dernier était occupé en
Élam.
Il se pourrait qu’il ait dominé aussi
Eshnunna et l’ensemble de la vallée de la Diyala.
Certaines sources (Comme la Chronique appelée Histoire Synchronique) avancent que son contrôle sur le territoire
Akkadien fut contesté par le Roi
d’Assyrie,
Puzur-Assur III (1503-1479). Il aurait finalement signé un traité de paix avec lui qui délimitait les frontières des deux royaumes.
Il eut deux enfants qui lui succédèrent : Kashtiliash III (ou Kaštiliaš, 1502 à 1483),
mais les preuves soutenant la royauté de ce fils sont plutôt circonstancielles, et Ulamburiash
(ou Ulam-buriaš ou Ulam-Buriash ou U-la-Bu-ra-ra-ia-AS ou U-lam-Bur-AS, 1483 à 1475
ou v.1450).
Le règne de celui-ci marque le moment où le royaume Kassite s’étendit à l’ensemble du Sud de la Mésopotamie.
Selon la Chronique des premiers Rois, il profita de la fuite en
Élam du Roi du
pays de la Mer, Ea-gamil (1460- ?), qui dominait le Sud de la
Babylonie, pour s’emparer de ses terres.
Par contre nous ne savons pas vraiment pourquoi et comment se passa cette fuite d’Ea-gamil, l’hypothèse
retenue par les spécialistes est qu’elle fasse suite à un conflit avec Ulamburiash. Ce dernier serait alors le premier Roi
Kassite à dominer la Babylonie entière.
Agum III (1475 à 1464) le fils de son frère lui succéda. Selon la Chronique des premiers Rois, sous son règne, le
pays de la Mer se rebella, mais cette révolte fut vite mise sous contrôle.
Il faut attendre les Rois : Karaindash I (ou Caraindash ou
Kara-indash Uruk ou Kara-indash, ? à 1401) et ses successeurs Kurigalzu I (ou Karizalzu, 1401 à 1388
ou 1390 à 1388),
Kadashman-Enlil I (1388 à 1375 ou 1388 à 1369) et Burnaburiash II
(1375 à 1347 ou 1369 à 1333), pour que l’on dispose de sources contemporaines, grâce,
à des correspondances que ces Rois échangèrent avec les Pharaons
d’Égypte.
Vers 1400 sous le règne de Kurigalzu I, les Rois Kassites abandonnèrent
Babylone pour
installer leur capitale à Dûr Kurigalzu (ou Dour Kourigalzou près de l’actuelle Bagdad). Le royaume Kassite de
Babylonie, devenu le
Karduniash, fut alors l’un des plus puissants du Proche-Orient avec
l’Assyrie, le
Mitanni, les
Hittites et l’Égypte. Suivirent
plusieurs Rois dont on sait peu de chose. Au XIVe siècle, les Rois Kassites firent face à l’émergence
d’un nouvel ennemi, l’Assyrie,
qui domina la Haute-Mésopotamie.
Représentation de Karaindash I dans un temple – Iraq Museum
|
Un de ceux-ci,
Kadashman-Enlil I (1388 à 1375 ou 1388 à 1369), est connu comme contemporain du Pharaon
Amenhotep III (1390-1353/52).
La domination de la dynastie Kassite se termina au milieu du XIIe siècle avec le règne d’Enlil-Nadin-Ahhe (ou
Enlil-Nâdin-Ahi, 1160 à 1153 ou 1160 à 1157). L’attaque de l’Empereur
d’Assyrie Assur-Dan I (1179-1133) affaiblit la dynastie
au point de la laisser sans défense devant l’invasion du Roi
d’Élam
Shutruk-Nahhunté I
(1185-1153), qui subissaient depuis des années la suzeraineté Kassite.
Les armées Élamites investirent à leur tour toute la
Babylonie.
Le dernier Roi Kassite de Mari, Enlil-Nadin-Ahhe fut emmené
captif en Élam en 1153 et tué, ainsi que les grands de
son peuple.
La dynastie Kassite laissa la place à un Prince
d’Isin, Marduk-Kabit-Ahhe (ou Marduk-Kabit-Ahêshu,
1157 à 1140 ou 1155 à 1137 ou 1153 à 1139),
qui fonda, vers 1150, ce que les historiens appellent la IIe dynastie
d’Isin (ou IVe dynastie de
Babylone). Les Kassites ne disparurent pas pour autant.
Les familles installées dans le pays continuèrent de prospérer et occupèrent souvent de hautes fonctions. Ils s’assimilèrent à
la population Mésopotamienne et prirent des noms Babyloniens.
Ils suivirent ensuite l’histoire de cette région.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur les Kassites voir les ouvrages de :
Michael C.Astour :
– The name of the ninth Kassite ruler, pp : 327–331, Journal of the American Oriental Society 106, N°2, New Haven, 1986.
Kemal Balkan :
– Studies in Babylonian feudalism of the Kassite period, Undena Publications, Malibu, 1986.
Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève :
– Il était une fois la Mésopotamie, Gallimard, Collection Découvertes, Paris, 1993.
Jean Bottéro et Barthel Hrouda :
– L’Orient ancien : Histoire et civilisations, Bordas, Paris, 1991 – En Allemand :
Der Alte Orient : Geschichte und Kultur des alten Vorderasien, Orbis-Verl, München, 1991-1998.
John A. Brinkman :
– A political History of post-Kassite, Babylonia 1158-722 BC., Analecta Orientalia 43, Rome, 1968.
– The names of the last eight Kings of the Kassite dynasty, pp : 231-246,
Zeitschrift für Assyrologie und Vorderasiatische Archäologie 59, N° 1, Walter de Gruyter GmbH & Co, 1969.
– Materials and studies for Kassite history, Oriental Institute of the University of Chicago, Chicago, 1976.
– A catalogue of cuneiform sources pertaining to specific monarchs of the Kassite dynasty,
Chicago : Ill, Oriental institute of the University of Chicago, 1976.
Theresa Howard Carter :
– Studies in Kassite history and archaeology, Bryn Mawr, 1962.
Wilhelm Eilers :
– Geographische namengebung in und um Iran, ein Überblick in Beispielen, Verlag der Bayerischen Akademie
der Wissenschaften, München, Janvier 1982. Jean-Jacques Glassner et Benjamin R.Foster :
– Mesopotamian chronicles, Society of Biblical Literature, Atlanta, 2004.
Walter Sommerfeld :
– The Kassites of ancient Mesopotamia, pp : 917-950, Civilizations of the Ancient Near East, New York, 1995.
François Thureau-Dangin :
– Notes pour servir à la chronologie de la dynastie Kassite, Imprimerie nationale, Paris, 1908.
Marc Van de Mieroop :
– A history of the ancient near East : ca. 3000-323…, Blackwell, Oxford, 2004 – Blackwell, Malden, 2007.
Leonard Woolley : Sir
– The Kassite period and the period of the Assyrian kings, Published for the Trustees of the Two Museums, London, 1965.
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