Les villes de la Décapole :  
Hippos
 

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Sommaire
 

Localisation
L’histoire
L’archéologie, les fouilles
Bibliographie

 

Vue du site

 

Localisation et nom

 
  Hippos (ou Hippos Antioche, en Hébreu : סוסיתא Sussita ou Susita, en Latin : Hippom, en Grec : ‘lππος, en arabe : قلعة الحصن Qala’a al-Husun) est un site archéologique situé en Israël sur une colline surplombant la mer de Galilée, à deux km. à l’Est du lac de Tibériade. Le nom local Araméen et Hébreu est Sussita, le nom arabe Qala’a el-Husun, signifie "Forteresse des chevaux". Un autre nom qui inclue la variante orthographique Hippos est la version Latinisée du nom Grec : Hippom. Entre le IIIe siècle av.J.C et le VIIe siècle ap.J.C, la cité fut le site d’une ville Gréco-romaine membre de la Décapole, fédération des villes bénéficiant d’une autonomie à l’intérieur de la Palestine Romaine. Elle fut appelée aussi Antioche ou Antiochia Hippos. Outre la ville fortifiée elle-même, Hippos contrôlait un petit port sur le lac et un espace assez important de la campagne environnante.


 

Ruines de la cathédrale Byzantine

 
   L’endroit sur lequel est construit la ville ressemble très vaguement à la tête d’un cheval, c’est pourquoi à sa création, des colons Grecs l’ont nommé ainsi d’après le mot Grec pour le cheval, Hippos. Elle fut construite sur un plateau au pied du Golan à 350 m. au-dessus du niveau de la mer à 2 km. à l’Est de la mer de Galilée, près du moderne kibboutz Ein Gev et de l’emplacement du village arabe détruit d’An-Nuqayb. Le site est juste sur le côté Israélien dans la zone démilitarisée de l’ONU de 1949, délimitant la frontière entre la Syrie et Israël. La Catholique mystique Maria Valtorta dans sa vision, rapporte que Jésus-Christ a prêché et s’est rendu à Hippos.

 


 
Autre vue des ruines de la cathédrale

L’histoire…….

 
   Il est possible que le mont Sussita ait été occupée avant la période Hellénistique, mais la ville elle-même d’Hippos aurait été construite par les Lagides sous le règne de Ptolémée II Philadelphe (282-246), puis reconstruite par des colons Grecs, qui lui donnèrent le nom d’Antioche Hippos, probablement vers 150 av.J.C, à une époque où la Cœlé-Syrie servait de champ de bataille entre deux dynasties descendants d’anciens Généraux (ou Diadoques) d’Alexandre le Grand (336-323), les Ptolémée et les Séleucides. Il est probable que la ville, sur ce site facilement défendable dans le Nord de la Cœlé-Syrie, ait été fondée comme une forteresse frontière pour les Séleucides. Son nom complet, Hippos Antioche (En Grec : Αντιόχεια του Ίππου, en Latin : Antiocheia Hippum), reflète un fondateurs avec une consonnance plus d’origine Séleucide.
 
   Lorsque les Séleucides se rendirent maître de la Cœlé-Syrie, Hippos prospéra comme une véritable polis, une cité-État avec le contrôle de la campagne environnante. Hippos Antioche fut améliorée avec tous ce qui faisait la particularité d’une polis Grecque : Un temple, un secteur de marché et d’autres structures publiques. Les ressources en eau étant réduites cela limita l’extension de la ville. Comme les habitants dépendaient des citernes collectant l’eau de pluie, Hippos ne put jamais avoir une population très nombreuse.


 

Autre vue des ruines de la cathédrale

 
   À partir de 142, avec la révolte des Maccabées, se créa dans la région un État Juif indépendant du royaume Séleucide. Celui-ci prospéra et s’agrandit rapidement notamment sous son Roi Hasmonéen Alexandre I Jannée (103-76). Vers 80 av.J.C il mena une campagne pour la conquête d’Hippos. Selon l’historien Juif Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, 37-v.100), Alexandre I força l’ensemble de la population à se convertir au Judaïsme et être circoncis. Cependant les Hasmonéens ne gardèrent pas le contrôle de la région très longtemps, en 64/63, le Général Romain Pompée (106-48 av.J.C) prit la Cœlé-Syrie et la Judée qui devint province Romaine et libéra Hippos du contrôle Hasmonéen.
 


 

L’artère principale, le Cardo

   Il fit restaurer Hippos et les autres villes de la Décapole qui obtinrent un certain degré d’autonomie. La ville frappa alors ses propres pièces de monnaie, le cachet était l’image d’un cheval en l’honneur du nom de la ville. En 37 av.J.C, le Romain Marc Antoine (83-30 av.J.C), qui avait chargé le Roi de Judée Hérode le Grand (Roi de Judée 40-37, Roi d’Israël 37-4 av.J.C) d’affaiblir les Nabatéens récompensa ce dernier de sa fidélité aux Romains. Il lui donna Gadara, Hippos, Samarie et sur le littoral les villes de : Anthédon, la ville qui allait devenir Césarée Maritima, Gaza, Jaffa (ou Joppé). Puis, à la mort d’Hérode, en 4 av.J.C, l’Empereur Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) rattacha la Hippos à la province de Syrie.
 
   En 6 ap.J.C, Hérode Archélaos (Ethnarque de Judée et de Samarie de 4 av.J.C à 6 ap.J.C), fils et successeur d’Hérode le Grand, fut destitué par l’Empereur Auguste et exilé à Vienne en Gaule. Le territoire sur lequel régnait Hérode le Grand fut divisé entre quatre de ses fils et Hippos changea une nouvelle fois de mains. Selon Flavius Josèphe, au cours de cette période Hippos, une ville païenne, était l’ennemi juré des Juifs. Toutefois, il est évident qu’elle dût avoir eu quelques résidents Juifs.
 
   Flavius Josèphe rapporte encore que, pendant la Grande révolte Juive de 66-70, les habitants d’Hippos persécutent la population Juive qui fut massacré à Césarée. Cette répression anti-juive fut suivie de la vengeance de ces derniers, ce qui provoqua de nouveaux massacres particulièrement à Scythopolis où 13.000 Juifs furent exterminés. Après cette hécatombe, les autres cités se soulevèrent.

 


 

La citerne

   Ce fut sous le règne de l’Empereur Hadrien (117-138) qu’eurent à nouveau lieu d’importants soulèvements en Judée, en particulier celui de 132-135 dirigé par Shimon bar Kokheba (ou bar Kokhba ou bar Kochba), mais les Romains matèrent cette révolte, la Judée fut ravagée et devint la colonie Ælia Capitolina, la province Romaine fut désormais appelée Palestine. Ce fut le début pour Hippos de sa plus grande période de prospérité et de croissance.
 
   La ville fut reconstruite autour du Decumanus (Axe Est-ouest dans une ville Romaine). Les rues étaient bordées de centaines de colonnes de granit rouge importé d’Égypte. Les grands frais requis pour transporter ces colonnes en Palestine et en haut de la colline sont la preuve de la richesse de la ville. Parmi les autres améliorations figurent un temple au culte de l’Empereur, un théâtre et de nouveaux murs qui renforcèrent la protection de la cité.

 
   La plus importante amélioration, toutefois, est l’aqueduc, long de 50 km., amenant de l’eau en provenance du plateau du Golan. Cette eau était stockée dans une grande citerne voûtée. Plus tard la restructuration administrative impériale sous l’Empereur Dioclétien (284-305) plaça Hippos dans la province de Palestina Secunda, qui comprenait la Galilée et le Golan. Lorsque le Christianisme devint une religion officiellement tolérée dans l’Empire Romain, la Palestine bénéficia de donations de la part des Romains pour la construction d’églises et de monastères. L’arrivée importante de pèlerins provoqua un regain des échanges commerciaux et des revenus. Ainsi, les produits autrefois de luxe devinrent accessible à toute la population.


 

La citerne

 
   Le Christianisme s’implanta lentement à Hippos. Il n’y a pas de preuve d’une présence Chrétienne avant 300. En revanche, on a trouvé à l’extérieur des murs de la ville, une tombe païenne d’un homme nommé Hermès, datant de cette période Byzantine, ce qui montre que le paganisme resta vivace tardivement dans la région. Mais peu à peu, la ville se Christianisa, devenant ainsi le siège d’un évêché vers 359. Un Évêque, Pierre d’Hippos, est répertorié en 359 et 362 dans les dossiers de l’église qui nous sont parvenus. Les ruines de cinq églises de la période Byzantine ont été identifiées sur le site. La Palestine Byzantine déclina jusqu’au début du VIe siècle. L’invasion par les Perses Sassanides 614, la peste et les tremblements de terre compliquèrent la vie dans la région.
 
   La conquête de la Syrie par les musulmans commença sous le califat omeyyade. Ils envahirent la Palestine vers 635, à Hippos les nouveaux dirigeants arabes permirent aux citoyens de conserver la pratique du Christianisme. Toutefois, la population et l’économie continuèrent de baisser. Hippos, comme d’autres villes de la région, fut en grande partie détruite par un séisme en Janvier 748 et la ville fut abandonnée de façon permanente.

 

Les fouilles
 


 

Le temple Hellénistique

   L’explorateur Allemand Gottlieb Schumacher fut le premier à s’intéresser au site d’Hippos, en 1885, bien qu’il pensait alors a tort que les ruines étaient celles de la ville de Gamala (ou Gamla ou El-Ahdab, sur le plateau du Golan), un site habité depuis le début de l’âge du bronze, devenue la capitale du Golan Juif. Les premières fouilles furent effectuées par l’archéologue Israélien Claire Epstein entre 1951 et 1955. Elle mirent au jour la principale église Byzantine qui avait probablement été le siège de l’épiscopat d’Hippos.
 
   Après ses fouilles, les forces de défense Israéliennes se servirent du mont Hippos aux mêmes fins que les Grecs anciens, comme une forteresse et base de défense contre la Syrie, jusqu’à ce que le Golan soit annexé après la guerre des Six Jours. De nouvelles fouilles commencèrent en 2000 sous la direction du professeur Arthur Segal de l’Université de Haïfa. Les fouilles, qui devaient se poursuivre jusqu’en 2009, ont porté sur six sites dans la ville : Les portes de la ville Romaine, son forum Romain, les deux églises Byzantines, le petit temple de culte impérial, un grand temple Hellénistique et ses dépendances, le temple Grec où l’on aurait adoré une Déesse Nabatéenne, Dushara. À l’époque Byzantine, le temple fut détruit et une église Chrétienne fut construite sur le même site.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Bellarmino Bagatti :
Hippos-Susita, an ancient episcopal see, pp : 59-66, Ancient Christian Villages of Galilee, Franciscan Printing Press, Jérusalem, 2001.
Mark Alan Chancey et Adam Porter :
The archaeology of Roman Palestine, pp : 164-198, Near Eastern Archaeology 64, N°4, Atlanta, Décembre 2001.
Claire Epstein :
Hippos (Sussita), The New Encyclopedia of Archaeological Excavations in the Holy Land, Vol. 2, Editions Ephraim Stern, Israel Exploration Society & Carta, Jérusalem, 1993.
Thomas S.Parker :
The Byzantine Period : An Empire’s new holy land, pp : 134-171, Near Eastern Archaeology 62, N°3, Atlanta, Septembre 1999.
Mayer Rosenberger :
City coins of Palestine. 3, Hippos-Sussita, Neapolis, Nicopolis … Tiberias : The Rosenberger Israel collection, City coins of Palestine 3, M. Rosenberger, Jérusalem, 1972-1977.
Kenneth W.Russell :
The Earthquake chronology of Palestine and northwest Arabia from the 2nd through the mid-8th century A.D., pp : 37-53, BASOR 260, Baltimore, 1982.
Arthur Segal :
Hippos (Sussita) excavation project, de saison 1 à 10, Zinman Institute of Archaeology, University of Haifa, Haifa, 2001 à 2009.
Vassilios Tzaferis :
Sussita Awaits the Spade, Biblical Archaeology Review 16, Issue 5, Septembre/Octobre 1990.

 

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