Localisation et nom
Scythopolis
(ou Beït-Shéan ou Beït Shéan ou Bethshan ou Beth-Shan ou Beth-Shéan, en Hébreu :
בית שאן, ou Beisan ou Bet šeān
ou Beit She’an, en Latin : Scythopolis, en arabe :
ب يسان Baysān ou Beesān ou Baysan, en
Grec :
Σκυθόπολις) fut une très ancienne ville du Nord-est du pays de
Canaan, au Nord d’Israël, qui joua
un rôle historiquement important en raison de sa situation géographique à la jonction de la vallée du Jourdain et la vallée de
Jezraël (ou Jezréel ou Jezrahel ou Jizreel ou Yizréel). Outre le fait de la position stratégique du lieu, celui-ci était aussi favorable au peuplement.
Colonnade dans une rue au Nord de la cité |
Au Nord du site se déverse le cours d’eau de Nahal Harod, dont l’eau fut utilisée par les habitants et dont le
lit profond formait une douve naturelle protégeant la population d’attaques venues du Nord. La partie Sud-est est délimitée par
un autre cours d’eau, Nahal Sahné, qui rejoint le Nahal Harod pour se jeter enfin dans le Jourdain. En découle un environnement
adéquat au travail de la terre.
Scythopolis est la seule ville membre de la
Décapole, fédération des villes bénéficiant d’une autonomie à l’intérieur de la Palestine Romaine, sur le côté Ouest du
Jourdain. Elle aurait fait office de capitale de la "ligue". Beït-Shéan se trouve au carrefour de nombreuses routes,
dont la plus fréquentée est celle reliant la vallée de Beït-Shéan avec les vallées Galiléennes. Son nom
semble dériver du Cananéen qui signifiait
"maison de la tranquillité".
L’histoire…….
L’emplacement de Beït-Shéan / Scythopolis à souvent été
stratégiquement important, car il se situe à la jonction de la vallée du
Jourdain et la vallée de Jezraël (ou Jezréel) et est essentiel pour contrôler l’accès de l’intérieur vers la côte,
ainsi que de Jérusalem à la Galilée. La vallée
de Beït-Shéan est l’une des 5 vallées avec celles de Harod, Jezréel, Kishon et Zvouloun, traçant un accès facile vers
l’intérieur des terres. Ces routes sont à cette époque particulièrement empruntées par les caravanes de marchands venant de la
région de Galaad (ou Gilead, chaîne de montagnes qui longent le
Jourdain sur sa rive orientale, en Jordanie) et de Mésopotamie.
De là, les convois poursuivaient leur périple jusqu’au port de
Saint-Jean-D’acre, d’où ils embarquaient vers la
Grèce, la mer Egée et
l’Égypte.
La ville fit d’abord partie des
conquêtes du Roi d’Égypte
Thoutmôsis III (1479-1425) et les vestiges
d’un centre administratif
Égyptien des XVIIIe et
XIXe dynasties ont été mis au jour. Le Pharaon
Séthi I (1294-1279) y mena ses armées lors de sa
campagne contre le Rétjénou (ou Réténou, en
Égyptien : RTnw,
le Rétjénou méridionale, couvrait la région depuis le Néguev jusqu’au Nord de l’Oronte). La Bible mentionne Beït-Shéan,
dans le Livre de Josué, comme une ville
Cananéenne. Elle est cité aussi dans le
premier livre de Samuel lorsque les
Philistins déposèrent le corps du Roi
Hébreux
Saül (1030-1010) tué au
combat, sur les murailles de la cité, construites alors au sommet du Tell.
La bible raconte aussi la conquête de la ville par le Roi des
Hébreux
David (1010-970). De grands bâtiments
administratifs construits par
Salomon (970-931) et détruits plus tard par l’Empereur
d’Assyrie,
Téglath-Phalasar III (ou
Tiglath-Pileser, 745-727) ont été découverts. Elle note aussi qu’au IXe siècle avant notre ère la cité fut prise par le
Pharaon "Sesaq" (ou Shishaq en
Hébreu :
שישק) qui est généralement identifié au Pharaon
Sheshonq I (ou Chechanq, 945-924). La cité suivit
ensuite l’histoire de la région et changea de mains au fils des envahisseurs :
Hébreux, où elle fit partie du
royaume d’Israël (931-722), puis
Assyriens, lors des conquêtes de
Téglath-Phalasar III (ou
Tiglath-Pileser, 745-727), puis
Perses Achéménides lorsque Cyrus II le Grand
(559-529) se constitua son Empire.
Le théâtre |
Les bains Est |
Elle resta
Perse jusqu’à la conquête des
Macédoniens avec
Alexandre le Grand (336-323) qui la
libérera. Ce fut au cours de cette période Hellénisée que les habitants appelèrent la ville Scythopolis,
probablement du fait de mercenaires Scythes anciens combattants qui y auraient été installés. Pour la mythologie
Grecque la ville fut fondée par le Dieu
Dionysos et elle portait auparavant le nom de Nysa, son enfant, qui y fut ensevelie. De ce fait elle fut aussi connue
sous le nom de Nysa-Scythopolis.
Après la mort d’Alexandre
et du partage de son Empire, Beït-Shéan est mentionnée dans des sources écrites des IIIe et IIe siècle av.J.C décrivant les
guerres entre les Ptolémée
d’Égypte et les
Séleucides qui se disputèrent la région. Puis dans le
cadre de la révolte des Maccabées (ou Macchabées)
qui en fin de compte détruisit la cité au IIe siècle. Elle resta sous la coupole des
Hasmonéens jusqu’en 64/63 av.J.C. À cette
date, le Général Romain Pompée (106-48 av.J.C) prit la Cœlé-Syrie et la
Judée qui devinrent province Romaine et il
libéra Scythopolis de l’emprise des
Hasmonéens. Pompée décida de la restaurer, comme pour les autres cités de la
Décapole. Grâce à cela, la fortune de la cité s’améliora
rapidement ce qui permit une construction à une plus grande échelle de monuments.
La "Pax Romana" fut favorable à la ville, comme en témoigne son haut niveau de planification
urbaine et de construction. Sont construit à cette époque : Un vaste théâtre Romain, très bien conservé ainsi
qu’un hippodrome, un cardo et d’autres marques de l’influence Romaine. Du mont Gilboa, à 7 km. de distance, étaient amenés des
blocs de basalte noir ainsi que de l’eau par aqueduc. Bon nombre des bâtiments de Scythopolis furent endommagées dans le
tremblement de terre en 363. En 409 ap.J.C la cité devint la capitale du district Nord de la Palestina Secunda, qui
comprenait la Galilée et le Golan. Au cours du IVe au VIIe siècle Byzantin, Beït-Shéan fut principalement Chrétienne,
comme en témoigne le grand nombre d’églises, mais une synagogue de Juifs Samaritains demeura et est indiquée comme une
communauté établie.
Façade des magasins de ";Sylvanus" |
Le temple païen au cœur de la ville fut détruit, mais le nympheum et les thermes
Romains furent restaurés. Beaucoup d’inscriptions dédicatoires indiquent les préférences pour les dons à des
édifices religieux. De nombreuses mosaïques colorées de cette époque, comme celle mettant en vedette le zodiaque dans le
monastère de Sainte Marie, ou celui de la Chambre des Leontius "synagogue Juive", ont été préservées. Cette
dernière est unique dans le sens ou elle ne traite pas d’image d’humain ou de fleurs ou d’animaux, mais de motifs
géométriques.
La décoration des villas fut elle aussi très élaborée, notamment au VIe siècle. À cette époque la ville
atteignit 40.000 habitants qui se propageaient au delà des murs de la cité. Après la conquête arabe du VIIe siècle où ces
derniers battirent, en 635/634, les forces Byzantines à Fahil près de
Pella, la ville devint une cité Omeyyades et fut renommée Baysān (ou Beisan ou Beesān ou Baysan,
ب يسان). Le jour de la victoire est venu à être connu en arabe comme
"Youm Beisan" ou "le jour de Beisan".
La cité fut détruite par le terrible tremblement de terre de Janvier 748 et perdit beaucoup de sa population et de son
importance régionale.
Le colisée
La mosaïque en forme de Sigma |
Vue sur la voie Palladius
|
Un petit groupe d’habitants tenta d’y rester, mais les vestiges de cette période sont
inexistants. Le voyageur Suisse-allemand Johann Ludwig Burkhart décrivit Baysān en 1812 comme : "Un village avec 70
à 80 maisons, dont les habitants sont dans un état lamentable."
Archéologie, fouilles
Au début
des années 1900, bien que toujours un petit village, Beisan était connue pour son abondance en eau, ses sols fertiles et sa
production d’olives, raisins, figues, amandes, abricots et pommes. L’Université de Pennsylvanie a effectué des fouilles à
Beït-Shéan de 1921 à 1933. Ils ont découvert des strates archéologiques, s’étalant de l’âge du bronze à
l’époque des Croisés et de nombreux vestiges de la période
Égyptienne, dont la plupart sont conservés
au Musée Rockefeller de Jérusalem.
On y trouve, entre autres, une stèle de basalte haute de 2 m. érigée en l’honneur du Pharaon
Séthi I (1294-1279) qui sauva la ville des ennemis et
une grande statue de Ramsès III (1184-1153), et
d’autres vestiges sont au Museum de l’Université de Philadelphie aux États-Unis. Les fouilles sur le site sont toujours en cours
et ne révèlent pas moins de 18 villes anciennes successives. L’ancienne Beït-Shéan est l’un des plus impressionnants sites
Romains et Byzantins d’Israël, mais il attire relativement peu de touristes en raison de son emplacement légèrement au large
des principaux itinéraires touristiques.
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