Les âges sombres ,
les cités-États

De  vers  1200  à  vers  500
 

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Les Âges Sombres
(Période Intermédiaire)
 
Les cités-États
(Période Archaïque)
 

 

Les  âges  sombres
(Période Intermédiaire)
De  vers 1200  à  vers 700

 

   Lors de la disparition du monde Mycénien, vers 1200, les populations poussées par la pauvreté s’aventurèrent à la recherche de nouvelles terres à cultiver. Ce mouvement de population débuta donc au XIIe siècle et se poursuivit pendant quelque deux cents ans. Les nomades finirent par s’installer en Ionie (Anatolie), en Arcadie (Centre de la Grèce) et en Attique (Est de la Grèce sur la mer Égée). Parmi ces nouveaux peuples, émergea celui des Doriens, venus du Nord, ils étaient installés en Thessalie depuis 2000. Ils repeuplèrent petit à petit le Péloponnèse. Les palais utilisés furent ceux de l’époque Mycénienne et cette société agricole remplaça l’administration centralisée précédente.
 
   L’écriture se perdit, on a retrouvé aucun témoignage écrit de cette période et la population déclina doucement. Elle fut ramenée au dixième de ce quelle était aux temps de Mycènes. On qualifie cette période "d’âge sombre". On ne sait pas grand chose de cette période, mais ce qui est sûr c’est que les vestiges archéologiques de son début évoquent une récession économique et politique rapide. Partant du Péloponnèse, les Doriens se répandirent vers la Crête, les Cyclades du Sud, Rhodes, Cos, Cnide et essaimèrent en Méditerranée en renversant les Royaumes Achéens. Argos et Sparte, furent au début les principaux États Doriens, puis vers 900, Corinthe et Mégare. Athènes ne passa jamais sous le pouvoir des Doriens.

 

   Les éléments caractéristiques de la civilisation palatiale, disparurent pour laisser la place à une civilisation mal connue des historiens. Un processus s’amorça à cette époque et la Grèce passa progressivement du statut de clan, au régime de la cité-État, et de la royauté, au régime oligarchique d’une classe de propriétaires. Son économie se fonda uniquement sur le commerce maritime. On a retrouvé des tablettes de Syrie, de Mésopotamie et du Kizzuwatna (Cilicie) à Samos et Délos. À partir de la fin du VIIIe siècle, les Grecs commencèrent à commercer avec les pays du Proche Orient et ce fut probablement par leurs contacts avec les Phéniciens qu’ils empruntèrent leur écriture. En Grèce continentale des récipients Phéniciens en argent ont été mis au jour. Ils importèrent d’Ourartou des grands chaudrons et d’autres objets en métal. À partir de 750, des émigrants Grecs s’embarquèrent pour aller fonder des colonies et se dispersèrent de la mer Noire à l’Espagne.

 

   En 733, Corinthe édifia la ville de Syracuse, puis Corcyre (ou Corfou). En 706, Sparte créa la ville de Tarente. Les Eubéens fondèrent plusieurs villes dans le Sud de l’Italie, dont Cumes. Dans le même temps des colons Doriens s’installèrent sur les côtes de Thrace, d’autres accostèrent en l’Afrique du Nord et en 631, fondèrent la ville de Cyrène. Chaque colonie constituait une nouvelle cité-État qui conservait des relations commerciales avec la cité mère et dans certaines circonstances des relations militaires sous forme d’aide réciproque, la cité "mère" étant souvent la protectrice de la colonie. L’époque, bien que très perturbée, ne fut pas dépourvue de vie culturelle. Les spécialistes distinguent par exemple, deux époques dans le monde de la céramique appelées : Proto-géométrique et géométrique, la céramique de ces époques étant décorée de motifs comme des triangles, des losanges, des cercles, les demi-cercles, des chevrons etc…

 

Les  colonies  et  les  routes  commerciales  Grecques

 

 

 

Les  cités-États
(Période archaïque)
De  vers 700  à  500

 
   Ce fut une période de développement culturel et politique très rapide. Ce fut au VIIIe siècle qu’apparut l’organisation de l’État la plus caractéristique de la Grèce antique, avec les bouleversements politiques qui amènèrent aux cités-États ou Polis (ou Pólis, en Grec : πόλις  "cité", au pluriel Poleis). Quelques historiens n’accordent le titre de polis (Poleis) qu’aux organisations du VIe siècle, avec la formulation généralisée des droits et devoirs des citoyens. Ces cités-États furent diviser en deux groupes : Les cités royales et aristocratiques, qui étaient principalement Doriennes, surtout sur la Béotie et le Péloponnèse (Sparte etc…) et les cités commerçantes et “démocratiques” (Mégare, Athènes etc.).
 
   Il est à noter qu’Henri Van Effenterre, en citant le cas d’une ville, Gortyne (En Crète, située sur les bords du fleuve Léthée, au pied du mont Ida) soutient que cette dernière était déjà, dès l’âge de bronze, une cité-État et que cette organisation coexista avec la société palatiale. Le grand nombre de cités-États indépendantes fut la principale cause des guerres et de la rareté de toute action panhellénique (Volonté de réunir tous les Grecs au sein d’une même union) comme il s’en déroula lors de l’invasion Perses Achéménides. Chaque cité se distinguait par un panthéon différent, une politeia différente.
  

   Hoplite

   Les cités se construisirent lentement, par synœcisme (Communauté de maisons). Puis par l’association de plusieurs villages proches en un centre commun. Ce lieu fut très souvent dominé par une colline, qui devint vite une citadelle (ou Acropole : "t;t;t;Point le plus haut de la ville"). L’évolution fut différente selon chaque cité. Le territoire poliade était divisé en deux entités :
 
• L’astu ou asty, qui était la partie de la cité (polis) où étaient regroupés les cultes civiques et les instances politiques. En fait il s’agissait de la ville principale du territoire de la cité, avec ses édifices publics, politiques, religieux, commerciaux, ses habitations privées du centre et sa place du marché (Agora).
 
• La chôra, qui désignait la zone périphérique qui entourait la polis. C’était le plus souvent une zone rurale qui pouvait être néanmoins composé de villages (Ou petites villes qui n’avaient pas le statut de cité) et de sanctuaires. Elle réunissait aussi les pâturages, les bois, les montagnes. Des remparts marquaient la limite entre l’agglomération et la campagne.

Hoplite     

 
   Une troisième entité la paralia, n’existait que dans les cités qui se trouvaient en bordure de mer, elle comprenait la côte et le port. À l’origine la plupart des cités étaient dirigées par des grandes familles aristocratiques (Les aristoi, "les meilleurs"), qui possédaient les meilleures parts de terre, tandis que la crise agraire augmentait l’appauvrissement des paysans.
 
   Cependant au cours du VIIIe siècle cette domination fut progressivement remise en cause. Avec le développement de l’instruction, les citoyens pouvaient lire et critiquer les lois. Une classe moyenne de commerçants et d’artisans vit le jour et s’enrichit. On assista alors à la création de corps de fantassins, les hoplites, signifiant que la guerre n’était plus le privilège des nobles, ce qui accrut les tensions sociales.
 
   Dans certaines villes, les lois restreignirent le pouvoir de l’aristocratie, dans d’autres, celui-ci échoua à des Tyrans qui s’appuyèrent parfois sur des hoplites. Au début de nombreux Tyrans furent populaires parce qu’ils annulaient la dette des fermiers et procédaient à une nouvelle répartition des terres. Dans certaines cités, l’aristocratie fut remplacée par des petits groupes de riches marchands qui fondèrent des oligarchies. Pendant la période archaïque de vers 700 à 500, deux cités finirent par s’imposer dans chacun des groupes, en suivant des voies complètement différentes et devinrent de plus en plus puissantes.
• La première, Sparte était Dorienne. Elle fut dirigée par deux Rois et contrôlait la plus grande partie du Péloponnèse. Elle fut dominée par une caste guerrière, les citoyens-soldats, qui possédaient des terres et des esclaves, les Hilotes.
  

Buste de Solon

• La deuxième, Athènes était Ionienne et fut orientée vers le commerce maritime. On y vit naître la “démocratie” avec les réformes de Dracon en 621 et Solon (640-558) en 594, réformes qui furent cependant combattues. De 540 à 527, la cité fut soumise au Tyran Pisistrate (560-527), ses fils lui succédèrent et continuèrent sa politique, mais un fut tué et l’autre, en 510, obligé de s’exiler. Le nouveau dirigeant, Clisthène dota alors la ville d’institutions que beaucoup qualifient de véritablement démocratiques (Bien qu’il existait encore beaucoup de choses loin de ce que l’on estime être une démocratie aujourd’hui).
 
   Athènes prospéra rapidement grâce au commerce et à ses mines d’argent. Dans le même temps, le monde Grec s’étendit sur le littoral Asiatique de la mer Égée et de l’Hellespont (Asie Mineure) où se développèrent de florissantes cités comme : Éphèse, Halicarnasse, Milet ou bien Sardes en Lydie. Les Grecs y diffusèrent leur propre culture et au fur et à mesure glorifièrent leur civilisation. Ils considéraient tous ceux qui ne parlaient pas leur langue comme des "Barbares". (Le rejet de l’autre étant loin d’être démocratique).

Bouclier d’Hoplite

 

 
   Cette Grèce très riche attirera un ennemi qui avait déjà conquis la Mésopotamie et bientôt l’Égypte, les Perses Achéménides. Les Poleis perdirent beaucoup de leur force avec la disparition de leur indépendance, après les conquêtes Macédoniennes, notamment celles de Philippe II (359-336) et de son fils Alexandre le Grand (336-323) et l’émergence des royaumes hellénistiques à la fin du IVe siècle av.J.C.
 
   Claire Préaux dit que la cité Grecque est morte à Chéronée, en 338, lorsque Philippe II y remporta la victoire sur la coalition de cités Grecques. Par contre Richard Billows prétend que la période hellénistique constitua une période centrale dans la vie des cités. Le débat reste ouvert…
 
   Le principal changement se mesure en fait dans la politique extérieure des cités qui dans ce cas perdirent une large part de leur autonomie. Par opposition, elles gagnèrent en sophistication dans la gestion des affaires internes, dans la culture, la vie civique et les aménagements urbains.

 

Bibliographie


   Pour d’autres détails sur les cités-États voir les ouvrages de :
 
Moché Amit :
Great and small poleis : A study in the relations between the great powers and the small cities in ancient Greece, Revue d’Etudes Latines, Latomus, Bruxelles, Janvier 1973.
Pierre Brulé :
La cité Grecque à l’époque classique, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 1995.
Ida Calabi :
Ricerche sui rapporti tra le poleis, Nuova Italia, Firenze, 1953.
Paul Demont :
La cité Grecque archaïque et classique et l’idéal de tranquillité, Belles Lettres, Paris, 1990.
François De Polignac :
La naissance de la cité grecque : Cultes, espace et société, VIIIe-VIIe siècles, La Découverte, Paris, 1995.
Henri Francotte :
La polis grecque. Recherches sur la formation et l’organisation des cités, des ligues et des confédérations dans la Grèce ancienne, F. Schöningh, Paderborn, Janvier 1907.
Gustave Glotz :
La cité Grecque, A. Michel, Paris, 1968.
Volker Grieb :
Hellenistische demokratie : Politische organisation und struktur in freien griechischen poleis nach Alexander dem Grossen, Steiner, Stuttgart, Janvier 2008.
Mogens Herman Hansen et Thomas Heine Nielsen :
An inventory of archaic and classical poleis, Oxford University Press, Oxford, New York, 2004.
Mogens Herman Hansen :
Stad en staat : De antiek-Griekse poleis en andere stadstaatculturen, Amsterdam University Press, Salomé, Amsterdam, 2006.
Polis : Une introduction à la cité grecque, Belles lettres, Paris, 2008.
Lilian Hamilton Jeffery :
Archaic Greece : the city-states, c. 700-500 B.C, E. Benn, London, Tonbridge, 1976 – Martin’s Press, New York, 1976.
Raoul Lonis :
La cité dans le monde grec, structures, fonctionnement, contradictions, Nathan Université, 2e édition, 2000.
Claude Mossé :
Les institutions Grecques à l’époque classique, A. Colin, Paris, 2008.
Thomas Heine Nielsen :
Arkadia and its poleis in the archaic and classical periods, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 2002.
Henri Van Effenterre :
La cité; grecque : Des origines à la défaite de Marathon, Hachette, Paris, 1985.
Elisabeth Charlotte Welskopf :
Hellenische Poleis; Krise, Wandlung, Wirkung, Akademie-Verlag, Berlin, 1974.

 

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