La  Lydie 
L’histoire
de  vers  700  à  547/546
 

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 Pour plus de détails voir aussi :  La Lydie, la civilisation Sardes

 

   La situation géographique de la Lydie qui contrôlait les deux principales routes commerciales reliant la côte méditerranéenne à l’Est de l’Asie Mineure et le rôle économique de sa capitale Sardes, favorisa les échanges commerciaux des caravanes qui rejoignaient les villes Grecques du littoral. Ces caravanes repartaient ensuite chargées de marchandises destinées aux autres régions du centre de l’Asie Mineure, mais devaient payer des taxes et des droits de douane. Ces impôts procurèrent aux souverains de très grandes rentrées d’argent. La Lydie tira aussi richesses des métaux (Or, argent) qu’elle extrayait de la rivière Pactole (aujourd’hui Sart Çayı) et du mont Tmolos (ou Tmole). Comme les autres royaumes d’Asie Mineure, la société Lydienne fut gouvernée selon une monarchie héréditaire qui vivait à Sardes. En général, on considère que la structure du gouvernement qui fut adoptée était sur le modèle médiéval et féodal, au moins pour la période jusqu’au milieu de l’histoire Lydienne (VIe siècle). En dessous du Roi, on trouvait toute une hiérarchie de vassaux et de Princes, pour la plupart de la famille royale.
 


 

Intérieur du Gymnasium de Sardes

Les Atyades

 
   Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), La première dynastie qui régna sur la Lydie fut les Atyades (Descendant d’Atys, ou Tantalides) de vers 1580 à 1292. Le premier Roi éponyme de Méonie (ou Mäonie ou Mäonien ou Meoncia), nom qu’il donnait à la Lydie, fut Manès (ou Moeon ou Mânes ou Tmolos, en Grec : Τμλος, v.1580 à ?). Selon la mythologie Manès fut un fils de Gaïa et Zeus, on trouve aussi un fils de Tantale de Phrygie. Hérodote, dans son récit de la colonisation de la Tyrrhénie (Livre 1:94), fait de Manès l’époux, d’Omphale (ou Omphalia ou Onfalia, en Grec : Ομφάλη). Elle fut la fille de Iardano (ou Yardano) et elle succéda à son époux. Pendant son règne, elle eut comme esclave Héraclès (Connu des Lydien sous le nom Tylon). Par la suite, Omphale et Héraclès se marièrent. Selon les sources ils eurent un fils, nommé Lamo (En Grec : Λάμος) et selon d’autres Agélaos (En Grec : Αγέλαος, en sous-dialecte Ionien : Αγέλεως) ou encore Alcée (ou Alcaios ou Alkaĩos, en Grec : ‘Aλκαος, en Latin : Alcaeus) qui serait l’ancêtre d’Agron le fondateur de la dynastie des Héraclides.
 
   Toujours selon Hérodote, elle fut suivit sur le trône par Atys (ou Atis ou Atyllus ou Áttis, en Grec : ‘Aττις, ou Tantale ou Tantalos, en Grec : Τάνταλος, en Latin : Tentalus). Certaines légendes en font un fils de Zeus et Pluton et un beau-fils de Manès/Tmolus. D’autres auteurs, comme Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), en font un fils de Manès/Tmolus et Pluton. Il aurait sacrifié son fils Pélops et l’aurait offert aux Dieux lors d’un banquet. Hérodote dit que sous son règne il y eut une grande pénurie de nourriture. Ce serait à ce moment que se serait produite la guerre de Troie. Il épousa Dioné (En Grec : Διώνη), la fille de l’Atlas, qui lui donna trois enfants : Lydos (ou Broteas), Pélops et Niobé. Lydos (ou Lido ou Broteas, en Grec : Λυδός) succéda à son père. Pour certains chercheurs il fut le dernier Roi de la dynastie des Atyades. Après son règne, selon Hérodote, la Méonie fut connue sous le nom de Lydie. Toujours selon l’auteur, il serait devenu fou et aurait sauté dans le feu.
 
   Selon les sources cette dynastie est plus ou moins étoffée. On trouve dans beaucoup de cas après Lydos, son fils Tantale II (ou Tantale ou Tantalos, en Grec : Τάνταλος, en Latin : Tentalus), qui épousa Clytemnestre (ou Klytaimnestra ou Klytaimestra ou Klytaim (s) Estra, en Grec : Κλυταιμ (ν) ήστρα), fille du Roi de Sparte, Tyndare et Léda. Pour certains il n’aurait pas régné sur la Lydie. Une version du mythe de Clytemnestre et Tantale dit que le Roi Agamemnon lorsqu’il rencontra Clytemnestre pour la première fois tua Tantale et son enfant, l’a viola, puis l’épousa. Enfin on trouve quelques fois un nommé Pylémène (ou Pylaemenes ou Pylæménés, v.1292), mais qui est aussi donné comme Roi de la tribu Eneti de Paphlagonie ?.
 

Les Héraclides

 
   La dynastie des Héraclides (ou Hêrakleĩdai en Grec : ‘Hρακλεδαι) est une dynastie semi-légendaire, qui usurpa le trône et établit sa capitale à Sardes. Elle comprit, selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425 – Histoires, Livre 1.7), 22 Rois pour 505 années et descendraient de la liaison entre Omphale et le héros mythique Héraclès (Connu des Lydien sous le nom Tylon). Le premier souverain et fondateur de la dynastie serait Agron (1292 à 1219 ou 1221 à ? ou 1216 à ? ou 1100 à ?). Son ascendance serait la suivante : Il serait le fils de Ninos (ou Ninus), fils de Bélus, fils de Alcée (ou Alcaios ou Alkaĩos, en Grec : ‘Aλκαος, en Latin : Alcaeus), fils d’Héraclès et Omphale. Vont lui succéder 17 Rois (on trouve aussi 18 ?) anonymes, chacun fils du précédents dont on ne sait rien. Puis arriva au pouvoir Ardys I (ou Ardus ou Ardis ou Ardyssos ou Ardysus, 797 à 761 ou 795 à 759 ou 790 à 754). Il mena des attaques sur les cités d’Ionie notamment Priène. Lui succéda son fils Alyatte I (ou Aliatte ou Alyattès, 761 à 747 ou 759 à 745 ou 754 à 740), dont on ne sait rien.
  


 

Candaule montrant sa femme
à Gygès – William Etty – 1820

   Puis son fils Mélès (ou Myrsos ou Mirso ou Myrsus, en Grec : Μήλης, 747 à 714 ou 745 à 733 ou 740 à 728) arriva sur le trône. Nicolas de Damas (Historien et philosophe de langue Grecque, Ier siècle av.J.C) rapporte que Mélès se serait exilé à Babylone durant trois ans et aurait confié pendant ce temps le pouvoir à un certain Sadyatte, fils de Cadys, pour réparer un meurtre commis dans son royaume contre Dascylos, un membre de la famille des Mermnades. Ce meurtre impie entraîna une famine dans le royaume et un oracle déclara qu’il devait être expié pour que tout redevienne normal, d’ou l’exil du Roi.
 
   Généralement on considère que son successeur fut son fils, Candaule (ou Kandaúlês, en Grec : Κανδαύλης, 735 à 718 ou 733 à 716 ou 733 à 685 ou 728 à 711 ou 714 à 687 ou 714 à 685). Certains spécialistes, comme Georges Albert Radet, le nomment Sadyatte (ou Sadyattès ou Saduatês, en Grec : Σαδυατης “Père fort“) et Hérodote, Myrsilos (ou Mursílos, en Grec : Μυρσίλος, ou Myrsil nom à consonance Hittite, Histoires Livre I, 7, 14). Ce dernier avance aussi que le père de Candaule fut un dénommé Myrsos d’où la double dénomination pour Mélès. Toutefois, Eusèbe de Césarée (ou Eusèbe Pamphile de Césarée, Prélat Grec, écrivain, théologien et apologète Chrétien, v.265-v.340), considère Myrsos comme un souverain à part entière qu’il place entre Mélès et Candaule ?.
 
   Selon certaines sources Candaule aurait accédé au pouvoir en épousant la Reine de Lydie Tudo (ou Toudô), fille du Roi de Mysie. Sa légende donna naissance au terme de candaulisme, pratique sexuelle dans laquelle l’homme ressent une excitation en montrant sa compagne nue ou une image de celle-ci à d’autres hommes. Candaule fut assassiné par Gygès qui lui succéda et fonda la dynastie des Mermnades. Toutefois il existe de nombreuses versions de cet événement. Platon (Philosophe Grec, 427-346 – La République, II, 359) avance une version très "féérique", il dit que Gygès était un berger qui trouva un jour une bague magique au doigt du cadavre d’un géant. Cette bague donnait le pouvoir d’invisibilité à celui qui la portait. Gygès s’en servit pour commettre l’adultère avec la femme de Candaule, puis complota avec elle pour tuer le Roi et s’empara du pouvoir. Nicolas de Damas, d’après Xanthos de Lydie, dit que Gygès était un jeune Prince devenu favori à la cour du Roi (Qu’il appelle Sadyatte). Alors qu’il fut envoyé pour escorter Tudo, l’épouse de Candaule/Sadyatte, il en tomba éperdument amoureux et tenta de la séduire. Le Roi furieux de l’inconduite de Gygès voulut le mettre à mort, mais celui-ci fut averti par une servante. Il prit les devants et gagna à la chambre du Roi où il le poignarda dans son sommeil. Il prit alors le pouvoir, conforté par l’oracle de Delphes, puis épousa Tudo.


 

Candaule et son épouse – Jean-Léon Gérôme
– 1859 – Museum of Art of Ponce – Porto Rico

 
   Enfin il y a la version d’Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) d’après Archiloque de Paros. Il raconte que Candaule trouvait sa femme plus belle que toutes les autres. Sans cesse, il vantait à Gygès, qui était un officier de sa garde personnelle, les charmes de son épouse et un jour, il l’invita à venir voir la beauté de celle-ci. Gygès refusa l’offre sacrilège mais le Roi insista. Dissimulé derrière la porte de la chambre nuptiale, Gygès assista au coucher de la Reine. Mais, au moment où il s’esquivait, la souveraine l’aperçut. Feignant de n’avoir rien remarqué et persuadée que son mari avait voulu l’humilier, elle jura de se venger. Le lendemain matin, elle convoqua Gygès et lui offrit l’alternative d’être exécuté ou de tuer Candaule, de s’emparer du trône et de l’épouser. Gygès refusa d’abord, puis, devant l’insistance de la Reine, il se résolut à tuer Candaule. La souveraine le cacha à l’endroit où il s’était dissimulé la veille et pendant la nuit il poignarda Candaule durant son sommeil. Quand il fut installé sur le trône, Gygès se heurta à des adversaires. Ceux-ci acceptèrent de soumettre le cas à l’oracle de Delphes qui confirma Gygès dans sa royauté. C’est cette version qui a donné naissance au terme de candaulisme utilisé aujourd’hui.
 
   Dans la réalité historique on en sait un peu plus aujourd’hui sur le règne de Candaule, mais qui est toutefois toujours débattue. Il est presque certain qu’à cette époque Candaule fut vassal du Roi de Phrygie, Midas III (738-695). Ce dernier, cependant, ne résista pas en 696 (on trouve aussi 679) au Roi Cimmérien, Phrygerreich, qui envahit Gordion, la capitale Phrygienne. Il saccagea et brûla la cité, tel que le rapportera beaucoup plus tard Hérodote. Midas III périt en le combattant ou se serait suicidé selon une autre version. De plus en plus d’historiens et d’archéologues ont tendance à prendre 679 comme date de la chute de Gordion. À partir de ce moment on pense que probablement Candaule fut incapable de rester au pouvoir et il fut peu après déposé par un chef militaire, Gygès. Depuis Alyatte I, les Rois Héraclides n’incarnaient plus vraiment le pouvoir. Deux autres lignées de sang royal, les Tylonides et les Mermnades prenaient de l’importance au sein de l’État et se disputaient les postes de haut rang.
 

Les Mermnades

 
   Le premier des Mermnades dont nous ayons le nom fut le Prince de Tyrrha, Gygès (ou Guges ou Gýgês, en Grec : Γύγης, 716 à 678 ou 710 à 672 ou 708 à 680 ou 687 à 652 ou 685 à 644 ou 680 à 644 ou 668 à 644) dont comme on le voit les dates de règnes sont très loin de faire l’unanimité. Il fut le fils d’Hermnas (ou Mermnas) et il occupait les fonctions de chef militaire comme officier de la garde de Candaule. Plusieurs versions légendaires entourent sa prise de pouvoir (voir à Candaule). Quoi qu’il en fut, il prit le pouvoir en renversant (et tuant ?) Candaule. Un autre récit, le donnent fils de Daskylès et chef des mercenaires Cariens et sur l’ordre de la Reine, il assassina Candaule. Il est pratiquement sur que le changement de dynastie se passa dans la violence, les partisans des Héraclides voulant défendre leur souverain légitime, mais Gygès garda le pouvoir avec l’aide de ses mercenaires. Ce Roi restera dans les mémoires comme un grand guerrier qui aura considérablement agrandit son royaume.
 
   Dès le début de son règne, il semble qu’il profita que son ancien suzerain le Roi de Phrygie, Midas III (738-695) soit mort en combattant les Cimmériens pour annexer plusieurs cantons de la Phrygie à son royaume, selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) il essaya de prendre toutes les routes qui menaient à la mer. Toujours d’après Strabon, Gygès débuta sa première campagne en s’emparant de la côte Carienne, puis du Nord et du Sud de la Troade et de la Mysie. Il fut, semble t-il, aidé au début par les Milésiens qui établirent la colonie d’Abydos sur l’Hellespont. La guerre avec l’Ionie, proche, fut inévitable, elle ne se termina qu’en 604. Il semble que Gygès changea ensuite de politique puisque grâce à la supériorité de sa cavalerie il assiégea son ancien allié Milet et Smyrne, mais sans succès, par contre, selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), il prit Magnésie et Colophon. (Voir Carte de l’Éolide et de la Carie).
 


 

Autre vue de l’intérieur du Gymnasium de Sardes

   Gygès profita de ses succès, il continua sa progression et envahit la Lycie voisine. Il était contient que c’était le moment de profiter de l’effondrement total de la Phrygie pour étendre son territoire vers l’Est, mais il se heurta aux hordes Cimmériennes. Il passa alors alliance avec l’Empereur d’Assyrie, Assurbanipal (669-631 ou 626). Dans les annales Assyriennes, Gygès est indiqué sous le nom de "Gugu (Roi) de Liddu". Cependant rapidement, cette association devint embarrassante vis à vis des cités Grecques d’Asie Mineure encore sous l’emprise Assyrienne. Gygès se tourna alors vers l’Égypte et s’associa avec le Pharaon Psammétique I (664-610). Il l’aida à recruter des mercenaires Ioniens et Cariens pour chasser les Assyriens du Delta. Ces mercenaires participeront à la reprise de Memphis, en 656 et fonderont en Égypte la colonie Grecque de Naucratis.
 
   En 652, en Asie Mineure, les Cimmériens, aidés des Thraces, passèrent alliance avec les Cariens. Sous la conduite d’un nommé Tougdamis (ou Tugdamme ou Dugdamme, appelé Lygdamis par Strabon) ils attaquèrent Gygès. Celui-ci était affaibli par les troupes envoyées en Égypte, il fit de son mieux pour soutenir l’attaque, mais ses lanciers s’écroulèrent devant l’assaut des Barbares et Gygès subit une lourde défaite. Il fut tué dans la débâcle, sur le champ de bataille et selon George Smith, "son corps demeura sans sépulture". Les Cimmériens dévastèrent Sardes à l’exception de la citadelle, Éphèse et Magnésie du Méandre. Gygès fit de la Lydie, durant son règne une grande puissance. Il fit exploiter les richesses du sous-sol, il développa la production minière et le commerce de la laine et du cuir. Il créa une monnaie avec un cours légal en faisant frapper des pièces en électrum (faites d’or et d’argent). Beaucoup de chercheurs sur la Bible pensent que Gygès de Lydie fut la figure biblique de Gog, Prince de Magog, qui est mentionné dans le Livre d’Ézéchiel et l’Apocalypse. La culture des cités Grecques d’Ionie s’infiltra en Lydie pour effacer peu à peu les influences Hittites et Assyriennes installées avant. Gygès lança une politique extérieure qui allait durer plus d’un siècle, offrant généreusement des cadeaux aux sanctuaires de Grèce continentale. Son fils lui succéda.
 

Monnaie du Roi Ardys II

 

   Ardys II (ou Ardus ou Ardis ou Ardyssos ou Ardysus, 682 à 633 ou 678 à 629 ou 671 à 624 ou 652 à 621 ou 652 à 615 ou 644 à 637 ou 644 à 625 ou 644 à 615 ou 643 à 624) monta sur le trône. Il reprit la politique première de son père et demanda assistance à l’Assyrie. Ceux-ci acceptèrent de l’aider à débarrasser le territoire des Cimmériens. Vers 640, leur Roi Tougdamis (ou Tugdamme ou Dugdamme, appelé Lygdamis par Strabon) fut battu et tué dans les gorges du Taurus par des Généraux d’Assurbanipal (669-631 ou 626). Ardys II récupéra alors la plus grande partie du territoire perdu et projeta de l’agrandir. Il entreprit des expéditions contre les Ioniens de Milet, puis il s’empara de l’acropole fortifiée de Priène. Le royaume qui s’étendait alors jusqu’au Halys était très riche et les influences Grecques et orientales s’y mêlaient.
 

   À la mort d’Ardys II son fils Sadyatte (ou Sadyatte II si l’on donne ce nom à Candaule, ou Sadyattès, en Grec : Σαδυατης “Père fort", 637 à 618 ou 629 à 617 ou 625 à 613 ou 625 à 600 ou 624 à 610 ou 623 à 613 ou 629 à 621 ou 621 à 609 ou 615 à 610) monta sur le trône. Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) dit qu’Ardys régna 49 ans et son fils 12 ans et Eusèbe lui donne 37 années, ce qui alimente un peu plus la controverse sur la datation de ces deux derniers Rois. Sadyatte entama une guerre contre Milet, qui durera 12 ans et que son fils (ou frère pour certains spécialistes) finira. Il écrasa par deux fois l’infanterie Milésienne dans les basses plaines du Méandre, mais sans prendre la cité. En ce qui concerne son épouse et sa succession on trouve deux versions en fonction des spécialistes. La première, il épousa sa sœur (Dont le nom n’est pas connu) et son fils lui succéda. La deuxième, il épousa une Princesse de Mysie, et mit ce pays sous domination Lydienne, mais leurs enfants furent évincés du trône par son frère Alyatte II.
 
   Alyatte II (ou Aliatte ou Alyattès, 621 à 560 ou 619 à 560 ou 618 à 562 ou 617 à 560 ou 613 à 556 ou 611 à 556 ou 610 à 561 ou 609 à 619 ou 605 à 561 ou 600 à 560), fils (ou frère pour certains spécialistes) de Sadyatte, devint le nouveau souverain. À son arrivé au pouvoir, il hérita de la guerre que menait son prédécesseur contre la cité de Milet. Ne pouvant prendre la ville, il essaya de la réduire à la famine, mais sa stratégie échoua. Il décida alors de mettre fin à cette guerre, en 604, par un traité d’alliance avec l’aide de l’oracle de Delphes et du Tyran de Corinthe, Périandre (627-587). Les conditions précises sont inconnues, mais Milet resta indépendante et les Lydiens offrirent de reconstruire un des temples de la cité. Que gagna Alyatte II dans cette affaire reste un mystère ?, mais il dut sûrement en tirer quelques profits, car il n’avait pas grande raison d’arrêter la guerre dont les campagnes annuelles avaient été faciles et dans l’ensemble n’étaient pas très onéreuses. Peut-être qu’il reçut en échange une concession commerciale, ou une alliance militaire, ou ce fut peut-être tout simplement un besoin d’assurer sa frontière ?. Quels que soient les termes précis du traité, ils ont sûrement contenté le Roi puisqu’Alyatte II envoya de grandes offrandes à l’oracle de Delphes en remerciement.
 
   Puis le souverain se tourna vers d’autres cités moins fortes et prit Smyrne, il réussit là où son grand-père Gygès avait échoué. Même si une attaque ultérieure sur Clazomènes échoua, les Lydiens contrôlaient maintenant deux ports important, Colophon et Smyrne et exerçaient une certaine influence sur Milet. Cela signifiait qu’ils contrôlaient les rivières Méandre, Caystre (ou Caÿstros ou Caïstre ou Caystrus) et Hermus et étaient aussi maîtres de la Troade. À l’Est, Alyatte II conquit l’ancienne capitale Phrygienne, Gordion et y construisit une forteresse. L’expansion de Lydie avait maintenant atteint le centre de l’Anatolie et il en résulta de nouvelles complications. Par exemple, les Cimmériens, qui avaient déjà par le passé renversé la Phrygie, étaient encore actifs. Alyatte II fut crédité d’une victoire sur ce peuple de nomades, mais certains spécialistes pensent qu’il est possible que cette victoire remarquable ne fut peut-être pas aussi spectaculaire qu’il y sembla aux contemporains. Après leurs premières incursions, les nomades s’installèrent et devinrent moins agressifs. Il est possible que ces Cimmériens étaient entre-temps devenus sédentaires et qu’Alyatte II se vanta qu’il avait vaincu un ennemi dangereux.

Statère d’Alyatte II ou de Crésus

 

 
   Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425), Alyatte II établit sa suzeraineté jusque sur la rive gauche de l’Halys et chercha alors à étendre son royaume vers l’Est mais se heurta à ses puissants voisins les Mèdes qui détenaient la région. Le Roi des Mèdes, Cyaxare (633-585), avec l’aide du Général Chaldéen, Nabopolassar (626-605), venait d’écraser l’Assyrie (Voir Perse) et les deux alliés avaient divisé l’Empire qui avait autrefois uni l’ensemble du Proche-Orient et Cyaxare avait hérité des terres d’Asie centrale. Ainsi, le Roi des Mèdes entra dans l’Est de l’Anatolie par l’Arménie, il envahit la Cappadoce et s’inquiétait maintenant de la monté en puissance de la Lydie.
 
   Toujours selon Hérodote, en 590, un incident diplomatique dans lequel certains Scythes étaient impliqués, fit que Cyaxare entra en conflit avec elle. Hérodote poursuit, qu’à l’issue de cinq ans de guerre sporadique, Cyaxare passa un traité de paix avec Alyatte II. Ils étaient sur le point de se livrer bataille sur le fleuve Halys lorsqu’une éclipse de soleil, prédite par Thalès de Milet, effraya les deux armées et les détermina à faire la paix. La date de cette éclipse a été calculé par la NASA au 28 Mai 585 (mais on trouve aussi ou 601 ou 597 ?). Le traité fut scellé par le mariage d’Aryenis (ou Arienis), la fille d’Alyatte II, avec le Roi des Mèdes suivant, Astyage (585-550/49) et le Halys fut choisit comme frontière entre la Lydie et la Médie.

 

Pour plus de détails voir :  La bataille du Halys

 
   En 575, Alyatte II s’attaqua à la Carie et en 566 il détruisit Smyrne. Dans l’ancienne capitale Phrygienne, Gordion il lança un vaste programme de construction. Il prit ensuite Colophon et passa une alliance avec Éphèse. Alyatte II fut très populaire parmi les Lydiens et à sa mort ils lui firent construire un tombeau près de Sardes, d’un diamètre de 355 m. et d’une hauteur de 69 m. Il se compose d’une base de grosses pierres sur laquelle se dresse une colline de terre de 1.115 m. de circonférence à sa base, dépassant le périmètre de la pyramide Khoufou (ou Khéops, 2551-2528). À la base de la colline se trouvent un certain nombre galeries menant à une chambre funéraire centrale. Cependant, cette dernière fut trouvée vide, à part quelques objets en albâtre et diverses céramiques. Ludwig Peter Spiegelthal qui excava le tombeau en 1854 détermina que plusieurs des galeries furent creusées déjà dans l’Antiquité par des pilleurs de tombe.
 
   Alyatte II eut au moins deux épouses. Une Princesse de Carie dont on ne connait pas le nom qui donna naissance à sa fille Aryenis (ou Arienis) et à son fils et successeur Crésus, et une femme Grecque, dont le nom est également inconnu, qui fut la mère d’un fils du nom de Pantaléon (ou Panteleímon, en Grec : Παντελεήμων). Lorsque Alyatte II mourut, il n’est pas vraiment clair qui devait lui succéder et beaucoup de spécialistes pensent qu’il y eut un début de guerre civile entre Crésus et Pantaléon.

 

Limite  du  royaume  de  Lydie  sous  Crésus


 

 
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   Crésus (ou Croesus ou Kroisos, en Grec : Κροσος, en Persan : قارون  Qârun, 562 à 546 ou 561 à 547 ou 560 à 547 ou 560 à 546 ou 560 à 541 ou 555 à 541), le fils d’Alyatte II, lui succéda à l’âge de 35 ans, dans les meilleures conditions possible. Il récupéra un royaume riche et puissant qui marque l’apogée de la Lydie. Bien que semblant déjà tout avoir Crésus chercha à encore agrandir son Empire. Mais plus que par les armes, ce fut par la diplomatie qu’il s’attira les faveurs des cités Grecques. Tour à tour, Éphèse, Priène, Milet, Halicarnasse et toutes les cités de la confédération Ionienne, et en général celles de la côte, reconnurent la suprématie de l’État Lydien. Tout en entretenant de bonnes relations avec ces citées, Crésus leur imposa quand même certaines conditions, comme l’obligation de détruire leurs fortifications, le paiement d’un impôt qui dans certains cas fut assez lourd, la fourniture de contingents militaires, etc…


 

Monnaie créditée à Crésus


   Très riche grâce à ses mines d’or, d’argent et de cuivre, le Roi manifesta en retour envers les cités Grecques une grande générosité. Il contribua à la reconstruction du temple d’Artémis à Éphèse et fit des offrandes au temple de Delphes, entre autres. En Grèce continentale, Crésus passa des accords avec Athènes, Corinthe, Delphes, mais surtout avec Sparte avec qui il signa un pacte d’alliance militaire. Crésus resta fidèle au traité de 585, signé par son père, le Halys fut toujours la frontière avec les Mèdes et il entretint de bonnes relations avec son beau-frère le Roi Astyage (585-550/49). Enfin, il passa des accords commerciaux avec l’Égypte du Pharaon Amasis (570-526). Toute cette sécurité dans sa politique extérieure, lui permit de terminer la conquête de l’Anatolie, dont tous les peuples, à l’exception de la Cilicie (ex Kizzuwatna) et d’une partie de la Lycie, lui furent définitivement soumis.
 
   Ses conquêtes territoriales terminées, Crésus s’inquiéta de la monté en puissance de son nouveau turbulent voisin, en la personne du Roi Perse, Cyrus II le Grand (559-529). Celui-ci, qui était Roi d’Anshan (558-549), en 555 s’était révolté contre son grand-père Astyage et en 550/49, l’avait fait prisonnier, après la prise d’Ecbatane et avait pris le titre de "Roi des Mèdes et des Perses". Maître de la Perse, de la Médie, de l’Assyrie, de l’Ourartou, Cyrus II se tournait maintenant vers le riche plateau Anatolien. Il ne voulait pas attaquer la Lydie, en vertu du traité signé par les Mèdes et scellé par le mariage de son grand-père Astyage avec Aryenis, la fille d’Alyatte II.
 
   Il isola alors le royaume, le coupant de ses alliés éventuels, les Babyloniens et les Égyptiens et il obtint pacifiquement la vassalité de la Cilicie. Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) Crésus partit alors avec son armée pour la Cappadoce, afin d’ajouter ce pays à son royaume et peut-être par désir de venger son beau-frère Astyage. Il fut encouragé dans son action par une prophétie de l’oracle de Delphes, qui avait prédit que s’il faisait la guerre aux Perses un grand royaume s’effondrerait et il lui conseillait de trouver des alliés. Vers 547, Crésus, aidé du Pharaon Égyptien, Amasis (570-526) et des Grecs, notamment Sparte avec qui il noua un traité d’alliance militaire, entra en conflit avec le Roi Perse. En Septembre 547, il franchit le Halys et s’empara de la forteresse Perse de Pteria (ou Teiria pu Ptérie). La bataille de Pteria fut une impasse, les deux parties accusèrent de lourdes pertes.


 

Crésus sur le bûcher –
Musée du Louvre

 
   Lorsque Cyrus II apprit la violation du traité par les Lydiens, le prétexte fut trop beau, il contre-attaqua et remonta le cours de l’Euphrate. Il proposa à Crésus de devenir Satrape de Lydie, autrement dit d’accepter la domination Perse, mais se heurta au refus de se soumettre du Roi. Après plusieurs échecs militaires, Cyrus II s’empara d’Harran et affronta la cavalerie Lydienne. Celle-ci fut désemparée par les chameaux de l’armée Perse et Cyrus II défit la coalition Lydienne à la bataille de Thymbrée. Crésus, qui ne s’avoua pas vaincu, fit marche arrière. L’hiver étant venu, il démobilisa son armée et espérait pouvoir profiter de la mauvaise saison pour mettre sur pied une armée encore plus puissante. Malheureusement pour lui, Cyrus II lança son offensive en plein hiver.
 
   Après de nombreuses batailles, il finit par forcer Crésus à se réfugier dans sa capitale Sardes qui tomba après quatorze jours de siège, le Roi fut fait prisonnier et envoyé à Ecbatane. Cyrus II laissa la vie sauve à Crésus, lui attribuant les revenus d’une ville de la côte pour maintenir son train de vie. Une légende entoure la capture de Crésus. Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425), Crésus prisonnier fut placé sur un grand bûcher sur ordre de Cyrus II, qui voulait voir si ce Roi comme il était prétendu avait des forces surnaturelles qui le sauveraient du bûcher. Cyrus II mit le feu et Crésus invoqua Apollon. Le ciel qui jusque-là était paisible, s’assombrit soudain et la pluie et le vent vinrent éteindre les flammes. Cyrus II fut ensuite convaincu de la bonté de Crésus et le nomma comme son conseiller. L’oracle de Delphes ne s’était pas trompé, une grande puissance était tombée, mais cette erreur de jugement de Crésus entraîna la chute du royaume de Lydie qui devint une province Perse rattachée à la IIIe satrapie de l’Empire Achéménides. Un de ses Satrapes les plus connus fut Autophradatès.
 
   Autophradatès fut Satrape de Lydie vers 333. Il est probable que cet Autophradatès soit le Satrape qui  participa à la révolte de son homologue de Cappadoce, Datamès (ou Datames ou Datame, 385-362) avant de se rallier au Roi Perse Artaxerxès II Mnémon (404-359). Puis sous le règne de son successeur il participa à la répression de la révolte du Satrape Artabaze, en 354. Au début de 333, il succéda à Memnon de Rhodes à la tête des troupes et surtout de la flotte, en lutte contre la Macédoine en mer Égée, conjointement avec Pharnabaze, le Satrape de Phrygie et de l’Hellespont, bien que celui-ci semble avoir eut la primauté. Ils s’emparèrent de Mytilène après des négociations avec les habitants et y rétablirent un Tyran, Diogène, assisté d’une garnison commandée par un Rhodien, Lycomède. Puis Ténédos, alliée d’Alexandre le Grand (336-323) fut prise tandis que s’ouvrit des négociations avec le Roi de Sparte Agis III (338-331) pour un éventuel soutien en cas de révolte de la Grèce. Agis III reçut de la part des deux Satrapes de larges sommes d’argent et cadeaux.
 
   Chios fut soumise et Autophradatès, s’installa provisoirement à Halicarnasse et se préparait à débarquer dans le Péloponnèse quand survinrent les nouvelles de la bataille d’Issos (Novembre 333). Progressivement la flotte Perse, surtout composée de Phéniciens, se délita au fur et à mesure qu’Alexandre le Grand s’emparait de la côte Phénicienne. Chios se révolta et Pharnabaze y fut fait prisonnier. Les Tyrans installés par les deux Satrapes furent renversés. Il semble qu’Autophradatès, comme beaucoup de notables Perses, se soit rallié à Alexandre le Grand car Arrien (ou Flavius Arrianus Xénophon, historien Romain, v.95-v.175) le mentionne comme Satrape lors de l’expédition du Roi en Asie centrale.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la Lydie voir les ouvrages de :
 
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Les civilisations anatoliennes, PUF, Paris, 1998.
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