Son origine, les corégences
Sésostris (ou Senoueseret ou Senusret ou Senwosret) est le IVe Roi de la
XIIe dynastie. Il est le fils
d’Amenemhat II, mais on ne connait pas le nom de sa mère.
Récemment quelques spécialistes, dont Silke Roth ont proposé que ce soit la Reine Senet.
Sans plus de preuve il convient d’être prudent sur cette proposition.
En raison du long règne de son prédécesseur, Sésostris II était probablement très vieux lorsqu’il
est devenu corégent avec son père, corégence qui semble t-il durera 2/3 ans.
Il a été suggéré, suite à la découverte d’un scarabée avec le noms des deux Rois,
que Sésostris II pourrait avoir également eu une corégence avec son fils et successeur,
Sésostris III,
mais il n’y a pas d’autre source pour confirmer cette théorie.
La principale raison de ce débat est qu’il existe très peu de vestiges de son règne.
Sésostris IIStatue en granit – Karnak
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Sa durée de Règne
Manéthon l’appelle Sesôstris et lui compte 48 ans de règne (Africanus, Eusebius). Le
Papyrus de Turin (5.23) a une lacune pour son nom et lui en compte 19 ans. Les spécialistes, sont assez
divisés sur sa durée de règne qui va de 4 ans pour certains comme,
Jürgen von
Beckerath et Stephen Quirke,
jusqu’à 20 ans pour
Aidan Marc Dodson et
Donald Bruce Redford. Dans tous les cas ils sont unanimes sur le fait que les durées de
Manéthon
et du
Papyrus de Turin sont trop longues. La plus haute date d’enregistrement pour ce Roi est sa 6e année de règne.
Elle fut trouvée sur une peinture murale de la tombe de Khnoumhotep, un Nomarque de Béni Hasan.
Cela peut bien sûr être un manque de sources, plutôt qu’une preuve d’un règne très court.
Selon Mark Stone, une 8e année de règne serait indiquée sur une stèle de grès rouge,
trouvée en Juin 1932 dans une carrière de Toshka, aujourd’hui au
musée du
Caire (JE 59485).
Son Règne
Le règne
de Sésostris II constitue une transition entre les deux parties de la
dynastie. D’un coté, il continue la politique de ses prédécesseurs. De l’autre
on perçoit le début des grandes invasions qui auront lieu dans la deuxième
moitié de la dynastie. Les relations avec l’Asie occidentale restent stables et
pacifiques. La présence d’objets Égyptiens datant de son règne sur cette région,
montre que le commerce était florissant. Sésostris II va être le pacificateur de
la Basse Nubie. Il organise quatre campagnes militaires jusqu’au pays du Kouch.
Celles de l’an 8, l’an 9 et l’an 16 lui permettent de mater définitivement les
rebelles, annexant de nouvelles terres soumises à l’Égypte. En l’an 19, il
atteint la deuxième cataracte, assurant la domination Égyptienne jusqu’à Semna.
Il construit ou rénove huit bastions. Il renforce la chaîne de forteresses entamée par
Sésostris I. Cette muraille de citadelles va protéger sur plus de dix
kilomètres, l’Empire Égyptien. Il agrandit Bouhen, crée Semna Sud (dite Kouma).
Une stèle à son nom, à Toshka, atteste de son activité dans les carrières de diorite.
Pectoral de Sithathor-Iounet –
Metropolitan Museum
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Afin de faciliter la route menant à la première cataracte, il fait désensabler
le canal du Sahel. Il fait aussi assécher et exploiter le Fayoum et le dote d’un système de
drainage et de canaux pour l’irrigation des terres. Selon
Miroslav Verner le but de son projet était de doubler la superficie des
terres cultivables dans la région. Ce projet ne sera achevé que sous
Amenemhat III. En politique intérieure, il met fin au pouvoir des Nomarques
en plaçant l’autorité du pays sous le contrôle du Vizir, responsable de trois
ministères : Le Nord, le Sud et la Tête du Sud
(Éléphantine
et la Basse Nubie).
Les hauts fonctionnaires de son règne ne sont pas bien identifiés.
On connait un dénommé Inpy qui avait la charge de Chef de la garde et selon
Detlef Franke,
il portait aussi les titres de : Membre de l’élite, Chef de tous les travaux du Roi à travers le pays.
On sait qu’il exerça jusque sous le règne de
Sésostris III, car il
apparaît sur une stèle, sur laquelle il est nommé avec le Trésorier Iykhernofret qui était en fonction à la fin
du règne de ce Roi. Inpy fut enterré près de la
pyramide du souverain
dans une tombe monumentale en forme de mastaba, qui se compose d’une fosse à trois niches rocheuses pour le culte.
La chambre funéraire se trouve en dessous du mastaba. Son tombeau était jadis orné de reliefs,
dont, cependant, on à seulement retrouvé que des fragments, mais ceux-ci portaient
encore ses titres.
Sa sépulture
Sésostris II
construit son complexe
funéraire à El-Lahoun (En arabe اللاهون al-Lāhūn, souvent
écrit Illahoun), dans le bassin du Fayoum.
Sa pyramide se
composait d’une structure massive en briques, construite autour d’un noyau rocheux et soutenue par des murs imposants
de calcaire. Cette structure fut ensuite complétée par une enveloppe calcaire. Dans sa chambre
funéraire, découverte en 1888, furent trouvés : Son sarcophage de granit rouge, une table d’offrande et un uræus d’or.
Des statues royales datant de son règne furent découvertes à Karnak et
Memphis.
Contre la face Nord de
sa pyramide, face à la chapelle, mais dans la clôture externe,
il y avait huit mastabas, prévus comme tombeaux pour quelques Princesses et hauts dignitaires.
Dans le coin Nord-est, il y avait une petite
pyramide de Reine ou de culte.
Khenemetnéferhedjet
Musée du Louvre
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Sa famille
Les noms des épouses de Sésostris II ne sont pas connus avec certitude.
Selon les égyptologues sont proposées :
● Néferou (ou Neferet II ou Nofret II –nfrw
– "la Perfection, la beauté"), qui est donnée par
Aidan Marc Dodson et Hilton Dyan
comme une fille d’Amenemhat
II, donc dans ce cas elle serait la sœur ou demi-sœur de Sésostris II. Le Roi ayant eu
six enfants dont on ne connaît pas les mères, il est très probable que Néferou
fut la mère d’un ou plusieurs d’entre eux. Elle portait les titres:
Fille du Roi de son corps (sAT-nswt-nt-kht.f) ;
Grande (Dame) au sceptre Hetes (wrt-Hts) ;
Maîtresse [Souveraine] des Deux Terres (Hnwt t3wy).
Néferou est sûrement la mieux connue des épouses de Sésostris II, grâce à la découverte, à
Tanis dans le Delta,
de deux statues en granit noir poli, datant de la
Troisième Période Intermédiaire, grandeur nature, la représentant. Il est
évident que ce n’était pas leur emplacement initial, on suppose qu’elles
faisaient partie des pièces du temple funéraire de la Reine à El-Lahun. Elles
sont aujourd’hui exposées au
Musée du Caire. Elles montrent la Reine assise,
drapée d’une robe fourreau et coiffée d’une perruque de style Hathorique.
Néferou porte aussi un pectoral, où figure les
cartouches de son époux, et un Uræus.
● Khenemetnéferhedjet
Oueret (ou Oueret I "l’Ancienne ou l’aînée" ou Knemetnéferhedjet ou Chnumneferhedjet ou
Chenmetneferhedjet – Xnmt nfr-HDjt –
"Celle qui est unie à la Couronne Blanche (à la Parfaite)", sa sœur (ou demi-sœur), qui, selon
Aidan Marc Dodson et Hilton Dyan,
serait la mère de Sésostris III
et de Sésostris Seneb. Elle portait les titres:
Princesse héréditaire (iryt-pat) ;
Grande (Dame) au sceptre Hetes (wrt-Hts) ;
Grande de louanges (wrt-hzwt) ;
Mère du Roi (mwt-nswt) ;
Maîtresse [Souveraine] des Deux Terres (Hnwt t3wy) ;
Épouse du Roi (hmt-nswt) ;
Épouse du Roi sa bien-aimée (hmt-nsw-meryt.f)
Enfant de Ouadjet (sdjtit-w3djt),
Prêtresse de Sobek, Seigneur de Soumenou (HmT-ntr-Sbk-nb -swmnw;
Fille de Geb (S3T-fr).
● Khnoumit (ou Khenemet ou Khnumet ou Khnemet), qui
est donnée par quelques spécialistes, dont
Aidan Marc Dodson
et Hilton Dyan, comme une de ses sœurs, est-ce la même ?. Khnoumit fut enterrée dans le
complexe funéraire
d’Amenemhat II, mais on connait aussi
une sépulture, à El-Lahun (ou Illahoun), datant de cette période, où une Khnoumit fut enterrée avec
Sithathor-Iounet (ou Sathathor Younet)
qui fut peut-être sa fille et sa sœur Ita-Oueret. On ne lui a identifié qu’un titre :
Fille du Roi, Unie à la couronne blanche (S3T-nswt Xnmt-nfr-HDjt).
● Ita-Oueret (ou Itaweret), qui est donnée par quelques spécialistes, dont
Aidan Marc Dodson
et Hilton Dyan, comme une de ses sœurs, est-ce la même ?. Ita-Oueret fut enterrée dans le
complexe funéraire
d’Amenemhat
II, mais on connait aussi une sépulture, à El-Lahun (ou Illahoun), datant de cette période, où une Ita-Ouret
fut enterrée avec
Sithathor-Iounet (ou
Sathathor Younet) qui fut peut-être sa fille.
● Hent, qui n’est citée que par très peu de sources.
Sésostris II a six enfants qui lui sont attribués dont on ignore les mères :
▪ Deux fils :
Sésostris III
qui lui succède et Sésostris Seneb.
▪ Quatre filles :
Sithathor-Iounet (ou Sithathor
Younet) ; Hatchepsout ; Nofret (?) et Itakaiet (ou Ita-Kayt),
pour cette dernière il y a peut-être confusion car une Princesse de ce nom est aussi donnée comme une sœur de
Sésostris II.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
Gae Callender :
– The Middle Kingdom Renaissance (c.2055–1650 BC), pp : 137–171, The
Oxford History of Ancient Egypt, Oxford University Press, 2000.
Peter A.Clayton :
– Chronicle of the Pharaohs : The reign-by-reign
record of the rulers and dynasties of ancient Egypt, Thames and Hudson, New York, 1994, 1996, Novembre 2006
et janvier 2007 – American University in Cairo Press, Le Caire, 2006 – En Français, Avec
Florence Maruéjol,
Chronique des pharaons : L’histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l’Égypte ancienne,
Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Christina Girod :
– Sesostris II, World History : Ancient and Medieval Eras, 1999.
Wolfram Grajetzki :
– The Middle Kingdom of Ancient Egypt : History,Archaeology and Society, Duckworth, London, 2006.
– Court officials of the Egyptian Middle Kingdom, Duckworth, London, 2009.
Miriam Lichtheim :
–Ancient Egyptian Literature : Old and the Middle Kingdoms v. 1,
University of California press, California, 1973, et Mars 2006.
William Joseph Murnane :
– Ancient Egyptian Coregencies, Studies in Ancient Oriental Civilization
40, The Oriental Institute of the University of Chicago, 1977.
Joyce Anne Tyldesley,
Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
– Chronicle of the queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd,
Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre,
Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008 – En Allemand, Die königinnen des alten Ägypten :
Von den frühen dynastien bis zum tod Kleopatras, Koehler + Amelang Gmbh, Février 2008.
Michel Valloggia :
– Les vizirs des XIe et XIIe dynasties, pp : 123-134,
BIFAO 74, Le Caire, Janvier 1974.
Jürgen Von Beckerath :
– Zur Begründung der 12. Dynastie durch Ammenemes I, pp. 4–10,
Zeitschrift für ägyptische Sprache und Altertumskunde 92, 1965.
– Chronologic des pharaonischen Ägypten : Die zeitbestimmung der ägyptischen geschichte von der Vorzeit
bis 332 v. Chr., Münchener Universitäts schriften,
MÄS 46,
Philipp von Zabern, Mainz, Janvier 1997.
– Handbuch der ägyptischen königsnamen,
MÄS 20,
Deutscher Kunstverlag, München, Janvier 1984 –
MÄS 49,
Philipp von Zabern Mainz, Janvier 1999.
Dietrich Wildung :
– L’âge d’or de l’Égypte : Le moyen empire, New York University Press, 1977 et
PUF, Paris, Novembre 1984.
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