Quelques  grandes  villes :
Thinis
 

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Sommaire
 

La ville, noms, localisation
La religion dans la cité
L’histoire
Bibliographie

  ou  This

 
Tjeny    *nj

 

La  ville,  noms  et  localisation

 
   Thinis (En Grec : Θίνις ou This Θίς ou Tinis ou Tis, en Égyptien : Tjeny ou Tjeni ou Tjenu “Le sublime (Lieu)“, en Copte : Tin(e)), fut la capitale du 8e nome de Haute-Égypte, le Nome de la Grande Terre (ou Reliquaire d’Osiris – tA-wr) et traditionnellement le lieu d’origine des souverains des deux premières dynasties lors de la période dite Thinite (v.3150-2647). L’emplacement exact de la ville est toujours inconnu. La grande majorité des égyptologues, dont Richard Pococke, le situe sur la rive droite de la Nil à environ 20 km au Nord d’Abydos, près de la ville de Girga (ou Girgeh ou Girgèh), ou celle proche d’El-Birbeh (ou Al-Birba) où un fragment de statue inscrite mentionnant Thinis est dit avoir été trouvé.
 
   Cependant les fouilles à cet endroit n’ont pas été concluantes et on n’a trouvé aucune preuve archéologique permettant d’être affirmatif. Le premier à localiser la ville à Girga ou El-Birbeh fut Gaston Maspero. D’autres propositions d’emplacement furent faites comme celle d’Auguste Edouard Mariette qui suggéra Kom el-Soltan (ou Kom el-Soultan ou Kôm el-Sultân ou Kôm es Sultan) également proche de Girga, celle d’Adolf Schmidt à El-Kherheh (ou El-Kherbeh), toujours dans la même région, ou celle d’Heinrich Karl Brugsch, Gaston Maspero et Johannes Dümichen, entre autres, qui soutiennent l’emplacement du village d’El-Tina (ou Tineh). Avec l’avènement de la IIIe dynastie (2647-2575), la capitale dynastique fut transférée à Memphis.  

 

La religion dans la cité

 
   Comme beaucoup de capitale de nome, Thinis fut un important centre religieux, car elle gardait la place pour le tombeau d’un Dieu. La ville avait un temple qui abritait la dernière demeure et la momie d’Anhour (ou Onouris ou Anhor), Dieu étranger de la guerre, Patron des soldats et des chasseurs, dont les épithètes incluaient “Taureau de Tinis“, qui, comme le précise Gaston Maspero, fut placé à la tête de l’Ennéade locale. Le Grand Prêtre du temple de Thinis était appelé "Chef des prophètes". Un des plus importants de ces Prophètes fut, Anhourmose, qui mourut pendant le règne de Mérenptah (1213-1203). Il rompit avec la tradition de ses prédécesseurs du Nouvel Empire (1549-1080) qui étaient enterrés à Abydos en se faisant ensevelir à Thinis.
 
   Mehyt (ou Mehit), Déesse lionne veillant à l’orée du désert et contrôlant les ouâdis débouchant sur la vallée du Nil, était également vénéré dans Thinis, et la restauration de son temple sous le règne de Mérenptah fut probablement supervisée par Anhourmose. On connait deux autres noms au poste de Chef des Prophètes d’Anhour à Thinis pendant la période Héracléopolitaine lors de la Première Période Intermédiaire (2140-2022) : Un dénommé Hagi, qui succéda à son frère aîné, également nommé Hagi et au Nouvel Empire un dénommé Parennéfer. Dans l’ancienne cosmologie religieuse égyptienne, Thinis joua un rôle en tant que lieu mythique de l’au-delà. En particulier, comme il est dit dans le Livre des Morts, pour sa signification eschatologique (discours sur la fin des temps) vue dans certains rituels.

 

L’histoire…

 
   L’histoire de Thinis est fortement liée à celle de l’Égypte de la période dite Thinite (v.3150-2647), lorsque qu’elle était la capitale des premières dynasties, voire même dès la dynastie O (v.3250/3200-v.3050/3040) et le règne du Roi Scorpion I (v.3170). Des égyptologues avancent une possible occupation dans la première moitié du IVe millénaire à Abydos qui on le sait laissa sa place de capitale politique à Thinis. L’emplacement exacte de la ville est, à ce jour, inconnu, mais la cité est toutefois bien attestée par les auteurs anciens, dont l’historien Manéthon, qui la cite comme le centre de la “confédération Thinite“, une confédération tribale dont le chef, Narmer (ou Ménès, v.3050/40-v.2995), unifia le pays et en fut le premier Roi.
 
   Ce souverain et ces prédécesseurs, au fil des siècles, ont conquis le pays qui était réduit à trois États principaux : Thinis, Nagada (ou Ombos) et Nekhen (ou Hiérakonpolis). Étant prise en sandwich entre Thinis et Nekhen, Nagada fut la première à tomber. Thinis conquit alors Basse-Égypte. Les relations entre les deux villes restantes sont incertaines, mais ces deux États vont fusionner et la famille royale au pouvoir à Thinis va régner sur toute l’Égypte. La ville va jouir de son pouvoir assez longtemps, puisque ce fut seulement à la fin de la IIe dynastie (2828-2647), soit près de quatre siècle après la prise de pouvoir de Narmer, que Thinis commença à décliner du fait de l’importance de la IIIe dynastie (2647-2575), qui prit Memphis pour capitale.
 

   Elle gardera toutefois une certaine influence régionale comme d’autres ville en forte croissance, comme Héracléopolis et Thèbes, au cours de la Ve dynastie (2575-2465). À cette époque, Kathryn A.Bard nous dit qu’elle fut le siège probable de la surveillance de la région et devint la capitale éponyme du 8e nome de Haute-Égypte, le Nome de la Grande Terre (ou Reliquaire d’Osiris – tA-wr) et le siège de son Nomarque. Cet effacement à la position de ville de second rang dura jusqu’à la fin de la VIe dynastie (2321-2150), période, où le pays traversa un grand bouleversement politique, que l’on appelle, Première Période Intermédiaire (2140-2022).
 
   À cette époque, sa situation à la frontière entre les dynasties concurrentes que furent celles d’Héracléopolis et de Thèbes et sa proximité avec quelques oasis d’importance militaire, assura à Thinis une certaine prépondérance qu’elle garda toute la période.
 
   William James Hamblin nous dit que durant les guerres qui ravageaient le pays à cette époque, Ânkhtyfy, Nomarque de Hiérakonpolis, dans le 3e nome de Haute-Égypte, sous les règnes de Néferkarê VII (v.2130, IXe dynastie) et Antef I (2130-2118, XIe dynastie), conclu une alliance avec le Nomarque d’Éléphantine (Abou à l’époque) pour aller combattre les Thébains (Ouaset à l’époque) et Coptos (Qift à l’époque). Il demanda alors la reconnaissance de sa suzeraineté à Thinis, et bien que les murs de sa cité, comme il le précise dans son autobiographie, le rendaient capable que d’une démonstration de force, il semble avoir acheté la neutralité de Thinis avec du grain. Si cette affirmation est réelle cela voudrait dire que la cité possédait ses propres forces armées ?.

   Après la mort d’Ânkhtyfy, Thinis fut la ville la plus septentrionale à tomber sous l’emprise d’Antef II (2118-2069), Roi Thébain de la XIe dynastie. Le long règne de ce souverain se résume à une guerre ininterrompue avec les Rois Héracléopolitains, Khéty II (IXe dynastie) et Mérikarê II (Xe dynastie) dans le but de consolider son territoire. Les deux ennemis s’affrontèrent régulièrement dans la région d’Abydos et perdirent et gagnèrent tour à tour la ville de Thinis. Antef II finit par élargir son royaume : Au Sud jusqu’à Éléphantine, la frontière traditionnelle de l’Égypte ancienne, qu’il fortifia et au Nord jusqu’à Thinis. Puis, toujours W.J.Hamblin nous dit que la progression au Nord des armées de Thèbes fut interrompue sous le règne d’Antef III (XIe dynastie, 2069-2061) par Khety III, Roi Héracléopolitain de la IXe dynastie, dans une bataille à Thinis. Mais Antef III reprit la ville et Khety III fut obligé de signer une trêve.
 
   Avec le Moyen Empire (2022-1650), lorsque Thèbes prit le dessus sous le règne de Montouhotep II (2061-2010/09) et sa campagne de réunification, Thinis se révolta, toujours d’après Hamblin peut-être à l’instigation des Héracléopolitains et certainement avec le soutien d’une armée sous le commandement du Nomarque d’Assiout. Cependant elle fut matée par le Roi Thébain et redevint un temps une ville de second rang tout en restant capitale de son nome. Comme la première fois, ce fut grâce aux troubles dans le pays que Thinis reprit de l’importance. Au cours de la Deuxième Période Intermédiaire (v.1650-1550 / 1549), la ville connut une telle autonomie que Kim Steven Bardrum Ryholt propose qu’après l’effondrement de la XIIIe dynastie (v.1783-v.1625) une dynastie locale exista qui devrait être appelé la "dynastie Thinite".

 
   Ryholt pense même que le siège royal était probablement à Thinis, toujours capitale du nome. Toutefois, son territoire ne semblerait pas s’étendre au-delà des frontières du nome Thinite. Cependant la prédominance de la cité fut d’assez courte durée puisque l’on sait qu’au milieu de la période avec le contrôle du pays par les Hyksôs la ville commença à décliner et cette situation dura jusqu’à la fin du Nouvel Empire (1549-1080). La baisse constante de la cité semble s’être arrêtée brièvement lors de la XVIIIe dynastie (1549-1295), lorsque Thinis fut appréciée pour sa situation géographique proche de divers oasis et, selon Betsy M.Bryan, une importance militaire possible.
 
   Le poste de Maire de Thinis fut occupé par plusieurs notables du Nouvel Empire comme : Satepihou, qui selon B.M.Bryan participa à la construction d’un obélisque de la Reine Hatchepsout (1479-1457) ; Le Héraut Antef, qui fut un membre indispensable de la maison royale et le compagnon de voyage de Thoutmosis III (1479-1425) et Min qui fut le Précepteur du Prince Amenhotep III (1390-1353/52). Néanmoins, Thinis diminua jusqu’à devenir une cité de peu d’importance. Beaucoup plus tard, à la période Romaine, la ville perdit même son statut de capitale et centre administratif du nome, au profit de la ville de Ptolémaïs, une des trois grandes cités Grecques de l’Égypte, peut-être même, selon Laurens E.Tacoma, dès la fondation de cette ville par Ptolémée I (305-282). En raison de son patrimoine antique, La ville resta tout au long de l’histoire du pays un important centre religieux, qui abritait le tombeau et la momie de la divinité régionale, Anhour (ou Onouris ou Anhor).

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
 
Kathryn A.Bard :
Old Kingdom, overview, Encyclopedia of the archaeology of ancient Egypt, Routledge, London, 1999 – Taylor & Francis Ltd., Hoboken, 1999.
Betsy M.Bryan :
Administration in the reign of Thutmose III, Thutmose III : A new biography, The University of Michigan Press, Ann Arbor, 2006.
William James Hamblin :
Warfare in the ancient Near East to c. 1600 BC., Routledge, London, New York, 2006.
Hans Wolfgang Helck :
Thinis, Lexikon der Ägyptologie. Band 6 : Stele – Zypresse, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1986.
Gaston Maspero :
– History of Egypt, Chaldæa, Syria, Babylonia, and Assyria, Grolier Society, London, 1903 – A.H. Sayce, Septembre 2006.
Johannes Renger :
Thinis, Der Neue Pauly (DNP). Band 12/1, Metzler, Stuttgart, 2002.
Kim Steven Bardrum Ryholt :
The political situation in Egypt during the second intermediate period, Museum Tusculanum Press, Février 1998.
Michel Valloggia :
This sur la route des oasis, pp : 185-190, Supplément BIFAO 81, Le Caire, Janvier 1981.

 

 

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