Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille de Mégare –
Bataille de Délion
 

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        Bataille  de  Mégare 424

 

Présentation

 
   La bataille de Mégare (ou Machē tēs Megara en Grec : Μάχη της Μέγαρα) se déroula en 424 av.J.C., durant la Guerre du Péloponnèse (431-404). Elle fut une confrontation entre la cité de Mégare, une alliée de Sparte contre Athènes et ne vit la victoire d’aucune force. Mégare (En Grec : τ Μέγαρα) fut une cité de l’Attique, capitale de la Mégaride. Elle était située à l’extrémité Est de l’isthme de Corinthe, au milieu d’une étroite plaine fertile au pied des monts Géraniens, à mi-chemin entre Corinthe et Athènes, à 2 km. du golfe Saronique, en face de l’île de Salamine. La ville antique fut le point de passage terrestre entre la Grèce centrale et le Péloponnèse. Grâce à cela la cité acquit rapidement de l’importance. Ses deux ports, l’un sur le golfe Saronique, dénommé Nisée (ou Nisaea), qui abritait l’îlot fortifié de Minoa et l’autre sur le golfe de Corinthe, Pagae (En Grec : Παγαί) en firent un centre commercial de première importance et un thème principal de discorde. En 459, les Athéniens bâtirent des longs murs qui réunissaient Mégare à son port de Nisée (ou Nisaea) un peu comme ceux qu’ils construisirent entre leur cité et le port du Pirée.
 

Le contexte

 
   L’Attique avait été assiégée quelques années plutôt par l’armée de la Ligue du Péloponnèse dirigée par le Roi de Sparte, Archidamos II (ou Arkhidamos ou Archidamus, en Grec : Aρχίδαμος B’, 469-426). L’occupation de cette région avait gardé les Athéniens coincés dans leur ville. Cependant lorsque les armées du Péloponnèse subirent quelques échecs et se retirèrent Athènes commença à attaquer. Athènes interdit l’accès de l’Attique et de ses ports aux marchands de Mégare. Elle reprochait à la cité de soutenir son adversaire Corinthe et d’accueillir les esclaves fugitifs. Mégare, comme Corinthe, firent alors appel à Sparte, qui sous la menace de voir deux de ses principales alliées quitter la Ligue du Péloponnèse, mobilisa la Ligue. Ce sont ces faits qui firent éclater en 431 la Guerre du Péloponnèse qui ne se terminera qu’en 404. Dès 431, pour sa position stratégique, point de passage terrestre entre la Grèce centrale et le Péloponnèse, Mégare fut attaquée par sa consœur de l’Attique. Lors de la première invasion avec 10.000 soldats Athéniens et de nombreux alliés, Athènes créa un fort sur l’île de Salamine, près du port de Nisée (ou Nisaea), et commença un blocus maritime.
 

   On soupçonne qu’Athènes empêcha l’approvisionnement alimentaire pour prendre le contrôle de Mégare et prévenir d’autres invasions de l’Attique par les Péloponnésiens. La population de Mégare souffrit beaucoup de cette guerre. Son territoire fut chaque année dévasté par les Athéniens. Les Mégariens avaient encore le contrôle du port de Pagae, sur le golfe de Corinthe, mais la ville restait isolée pour des approvisionnements alimentaires occidentaux, ce qui rendait impossible la fourniture nécessaire de nourriture pour les habitants et la situation devint vite désastreuse pour eux. En 429, la situation étant désespérée, pressée par l’oligarchie Mégarienne, la flotte de la Ligue du Péloponnèse, dirigée par le Général Spartiate Brasidas (En Grec : Βρασίδας, †422), attaqua le fort Athénien sur l’île de Salamine.
 
   Athènes dépêcha alors une flotte partant du port du Pirée afin de contrer l’attaque. La flotte de la Ligue perdant son effet de surprise abandonna son action d’invasion, la vétusté des navires Mégariens la rendant trop vulnérable. En 427 l’Athénien Nicias (ou Nikias, en Grec : Νικίας, homme politique et Général Athénien, v.470-413) réoccupa le port de Nisée (ou Nisaea). En 427/26, le parti pro-Spartiate de Mégare dut faire face au parti démocratique (Allié d’Athènes) de la ville. Mégare perdit la ville portuaire de Minoa, protégée par le port fortifié de Nisée (ou Nisaea) au profit d’Athènes. Cette perte fut un facteur décisif des troubles civils qui suivirent. Peu après, une émeute déclenchée par les démocrates eut lieu à Mégare.

   L’oligarchie pro-Spartiate fut exilée et de nombreux exilés eurent l’autorisation par Sparte d’habiter la ville Béotienne de Platées pendant un an. Cette petite révolution ne conduisit toutefois pas Mégare à entrer dans le camp d’Athènes, mais lui laissa l’occupation du port Nisée (ou Nisaea) et de l’île de Minoa. La Béotie séparait Mégare d’Athènes avec des hautes montagnes au Nord. Les Spartiates furent ensuite en mesure d’empêcher les interactions entre les Mégariens démocrates et les Athéniens sur Minoa. Ceux exilés à Platées, commencèrent des raids au Nord en Mégaride et sur Pagae. Avec des sympathisants encore dans la ville, les oligarques pro-Spartiate retournèrent à Mégare et la démocratie s’effondra.
 
   Cependant, en 425 Athènes prit Pylos en Messénie (Bataille de Pylos, été 425) détenue par l’armée de la Ligue du Péloponnèse, qui diminua l’importance stratégique de Mégare aux yeux d’Athènes. Les armées de celle-ci avaient également pris au piège avec succès des centaines de Spartiates sur l’île de Sphactérie près de Pylos (Bataille de Sphactérie, automne 425). Les Spartiates retirèrent alors toutes leurs forces militaires de Messine et demandèrent une trêve. Des Ambassadeurs furent envoyés à Athènes sans consulter les alliés de Sparte. Athènes avait des exigences importantes et Sparte demanda de négocier en privé. Les alliés de celle-ci prirent assez mal cette mise à l’écart.

 
   Mégare avait une certaine méfiance envers les Spartiates depuis les émeutes. Les Mégariens craignaient que la ville ne redonne Nisée (ou Nisaea), qui venait à peine d’être récupéré, aux Athéniens. Pendant ce temps, dans Mégare, les démocrates et les alliés de la Ligue du Péloponnèse, anciens ennemis, complotèrent. Le leader du Parti Populaire soumit l’idée d’une nouvelle alliance en faveur d’Athènes, d’autant plus que les longs murs, qui réunissaient Mégare à son port de Nisée (ou Nisaea), empêcheraient l’armée Péloponnésienne de commettre des raids. Les rebelles prirent contact avec les Généraux Athéniens Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec : Δημοσθένης, fils de Alcisthènes, † 413) et Hippocrates (En Grec : ‘Iπποκράτης), fils d’Ariphron, v.459-424)). À Athènes la tentative de paix des Ambassadeurs Spartiates échoua et le conflit reprit.
 

Le déroulement

 
   Après ce rapprochement, les Athéniens et leurs alliés décidèrent de reprendre la cité et ils lancèrent une attaque de nuit. Le but était dans un premier temps de prendre l’île de Minoa et la route d’Éleusis, et, de là, de se rendre maître des longs murs qui réunissaient Mégare à son port de Nisée (ou Nisaea) et ainsi empêcher la garnison de la Ligue du Péloponnèse dans ce port de pouvoir intervenir. Par un stratagème sur les gardes en service, les conspirateurs ouvrirent les portes et laissèrent entrer les Athéniens. Les premiers à entrer furent des soldats de Platée et les soldats de Démosthène, puis environ 600 hoplites commandés par Hippocrates. Le plan fonctionna et la garnison de la Ligue fut effectivement isolée de la ville. Les Athéniens occupèrent immédiatement les murs et les gardes de la Ligue, dans la mesure où ils n’avaient pas été tués, fuirent vers la citadelle de Nisée (ou Nisaea).
 

   Le matin venu, les démocrates Mégariens prétendirent ne pas être au courant de ce qui s’était passé et prirent une attitude outrée que les Athéniens aient osé prendre les murs. Ils encouragèrent leurs concitoyens à ouvrir grand les portes de la ville et à attaquer les Athéniens. Afin que ces derniers les distingues des autres Mégariens qu’il fallait tuer ils leurs conseillèrent de se peindre avec de l’huile pour être facilement reconnu. Le but étant bien sûr l’inverse, que les antidémocrates se retrouvent ainsi facilement reconnaissables.
 
   Au moment crucial, le complot fut découvert par les Oligarques et les portes restèrent fermées. Les Athéniens qui avaient fait mouvement toute la nuit, avec 4.000 hoplites et 600 cavaliers par la route d’Éleusis se retrouvèrent dans une impasse devant Mégare. Lorsqu’ils se rendirent compte que le plan n’avait pas fonctionné ils se retournèrent sur la garnison du port de Nisée (ou Nisaea) et bloquèrent rapidement la route. Les Spartiates réfugiés dans la citadelle, sans réserve de nourriture et sous la menace d’être trahi par les Mégariens, perdirent tout espoir du salut et se rendirent aux Athéniens le jour suivant.

   Pendant ce temps, cependant, le Commandant Spartiate Brasidas, qui avait campé avec une armée à Corinthe, s’approchait de la cité avec une force presque aussi grande que celle des Athéniens. Pas d’accord et indécis, les Mégariens refusèrent d’admettre qu’une menace approchait. Le lendemain matin, Brasidas arriva pourtant par le Nord avec une armée, dont 600 cavaliers Béotiens. La cavalerie Béotienne surprit les hoplites Attiques et les repoussa vers la côte. La cavalerie Athénienne attaqua alors les Béotiens sous les murs de Mégare pour porter secours à leur infanterie. Elle tua le chef de la cavalerie Béotienne mais ne parvint pas à prendre un avantage décisif. Les Oligarques ouvrirent alors les portes à Brasidas et leurs alliés.
 
   Celui-ci avec 2.200 hoplites de Corinthe, 600 de Sicyone et 400 de Phlionte plus les Béotiens et les combattants de Mégare se retrouva en supériorité numérique. De plus les Athéniens alignés le long des longs murs de Mégare et Nisée (ou Nisaea) eurent peur des tireurs sur les remparts. Les Généraux Athéniens finalement décidèrent d’abandonner les premiers, satisfaits du maigre résultat. Ils refusèrent le combat avec les Péloponnésiens et ordonnèrent une retraite derrière les murs de Nisée (ou Nisaea).

 
   Cette bataille se termina donc sans vainqueur, contrairement à ce que l’on peut lire des fois, chacun reprenant ces positions et possessions de départ, mais où de nombreux Mégariens périrent. Les chefs des démocrates Mégariens de la conspiration s’enfuirent et les autres s’efforcèrent d’affirmer leur allégeance avec un serment de réconciliation pour sauver leur vie. Selon Thucydide (Historien Grec, 484-v.425), lorsque, cependant, peu de temps après, la ville fut gérée par une aristocratie stricte, une centaine d’hommes furent condamnés à mort et exécutés. Les longs murs furent repris par les Mégariens à l’hiver 424/23 et détruits pour étouffer la tentation latente d’un nouveau changement de camp de certains. Cependant Nisée (ou NIsaea) resta sous contrôle de l’Attique jusqu’en 409 où il fut perdu par un coup de main de Mégare. Mégare fut endommagée de façon permanente par ce conflit et même après la guerre, ne retrouva jamais son ancienne importance.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
  
Peter Connolly :
Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Hans Rupprecht Goette :
Athens, Attica, and the Megarid : An archaeological guide, Routledge, London, New York, 2001.
Donald Kagan :
The outbreak of the Peloponnesian war, Cornell University Press, New York, 1994.
The Peloponnesian war, Viking, New York, 2003-2004.
Ronald P.Legon :
Megara, the political history of a Greek city-state to 336 B.C., Cornell University Press, Ithaca, 1981.
Kent F.Moors :
Plato’s battle of Megara : Rep. 368A, pp : 493-500, The Southern Journal of Philosophy 17, N°4, Décembre 1979.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.

 

 

          Bataille  de  Délion Nov. 424

 

Présentation

 
   La bataille de Délion (ou Delium ou Machē tēs Delian, en Grec : Μάχη της Δηλίου) se déroula en Novembre 424 av.J.C., durant la Guerre du Péloponnèse (431-404). Elle eut lieu à proximité de la petite ville Béotienne de Délion (ou Delium) située non loin de la frontière avec l’Attique et dans laquelle se trouvait un sanctuaire dédié à Apollon. Elle fut une confrontation entre Athènes et les Thébains et fut la conséquence d’une invasion Athénienne mal coordonnée, pour tenter d’établir une tête de pont en Béotie, afin d’y instaurer la démocratie et à laquelle s’ajouta une traîtrise. Elle se solda par la défaite des Athéniens face aux Thébains, puis indirectement par la perte de leurs alliés du Nord de la Grèce qui amena à la paix de Nicias au printemps 421 av.J.C..
 

Le contexte

 
   En 424 av.J.C. les Généraux les Généraux Athéniens Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec : Δημοσθένης, fils de Alcisthènes, † 413) et Hippocrates (En Grec : ‘Iπποκράτης), fils d’Ariphron, v.459-424) prévirent d’envahir la Béotie alliée de Sparte. Durant l’été de cette même année ils projetèrent une opération d’envergure dans la région, afin d’y instaurer dans les cités des démocraties. Leur plan comportait plusieurs points. Une Invasion par la terre dans le but de prendre Délion (ou Delium) et en faire un poste avancé fortifié. Une invasion par la mer pour occuper Siphes (ou Siphae), une ville sur la côte Nord du golfe de Corinthe, proche de Thespies (ou Thespiai). L’idée était de soulever la ville et celle de Chéronée (Cité de Béotie, entre la Phocide et l’Attique) contre l’autorité en place grâce à des partisans infiltrés. Toutefois, afin d’être sûr du succès de ce plan, les trois opérations devaient avoir lieu en même temps.
 
   Le commandement de la partie maritime de l’opération fut confié à Démosthène tandis qu’Hippocrates dirigea la phase terrestre. Durant l’été, de retour de Mégaride, Démosthène navigua avec 40 navires vers Naupacte, sur la côte septentrionale du golfe de Corinthe (Aujourd’hui Lépante), qui était base navale Athénienne qui contrôlait l’entrée du golfe. Le but était d’y lever des forces. Puis il fit route vers le pays des Agréens (ou Agaréniens) près du golfe d’Ambracie (ou Ambrǎcǐa l’actuelle Arta à l’Ouest de la Grèce) afin de s’en faire des alliés et y rassembler là aussi des renforts. L’hiver approchant, Démosthène navigua ensuite vers Siphes (ou Siphae), mais sa flotte fut trop rapide et il arriva devant la cité beaucoup trop tôt, Hippocrates n’ayant pas encore atteint Délion (ou Delium). De plus, ses plans furent trahis par un Phocidien nommé Nicomaque, ce qui permit aux Béotiens d’occuper Siphes (ou Siphae) et Chéronée par l’envoi de troupes avant le début des opérations Athéniennes.
 
   Tout le projet était largement compromis. Siphes (ou Siphae) et Chéronée étaient occupées par des troupes Béotiennes au plus fort de leurs moyens puisqu’Hippocrates n’avait pas encore envahi la Béotie. Les partisans des Athéniens qui devaient soulever la région, durent se résigner et ne purent livrer comme cela avait été prévu les cités. Démosthène ne pouvait pas attaquer et il fut forcé de se retirer. Peu de temps après, à l’hiver, Hippocrates avec une armée Athénienne arriva enfin à Délion (ou Delium) où il installa son armée et commença à fortifier le temple de la vile, mais les forces Béotiennes avaient déjà quitté Siphes (ou Siphae) et marchaient sur lui. Durant cinq jours il utilisa l’armée pour que ses fortifications soient le plus complètes possible. Il fit creuser un fossé autour du sanctuaire et du temple et fit élever un rempart fait d’un remblai de terre mêlée de pierres, briques et branches et surmonté de pieux. L’opération presque terminée il laissa sur place une garnison et renvoya à Athènes le reste de son armée. Une partie s’arrêta non loin de Délion (ou Delium) pour l’attendre car il s’était attardé au sanctuaire pour parachever les fortifications et organiser la garde.
 
   Dans le même temps, les forces Béotiennes en provenance de Siphes (ou Siphae) qui avaient pris la route, arrivèrent à Tanagra (ou Tánagra, cité de Béotie, non loin de Platée) et y rassemblèrent d’autres forces venues de toute la Béotie. Les Béotiens étaient prêts à défier Hippocrates, mais lorsqu’ils virent qu’une grande partie des Athéniens quittaient la région pour rentrer en Attique, beaucoup d’entre eux pensèrent qu’il était inutile d’attaquer. Pagondas de Thèbes (En Grec : Παγώνδας, fils d’Aeolidas, Général et homme d’État), le Commandant des forces Béotiennes, les exhorta de changer d’avis et de profiter de cette occasion et attaquer, car de toute façon, ils savaient que les Athéniens finiraient par revenir et pour utiliser Délion (ou Delium) comme base pour de nouvelles invasions.

 

Le déroulement

 
   Ayant enfin convaincu les autres Généraux, Pagondas de Thèbes (En Grec : Παγώνδας, fils d’Aeolidas, Général et homme d’État) déplaça immédiatement l’armée Béotienne jusqu’à une position proche des troupes Athéniennes. Il l’atteignit dans l’après-midi et déploya l’armée en ligne de combat, cachée des Athéniens par une colline. Les Béotiens alignaient : 7.000 hoplites, qui composaient l’aile droite des Thébains et des peuples associés, 1.000 cavaliers, 500 peltastes et 10.000 hommes de troupes légères qui prolongèrent les ailes. Le centre fut occupé par les troupes en provenance d’Haliarte, Coronée, Côpes (ou Copiae) et des cités voisines et à l’aile gauche se placèrent les combattants de Thespies (ou Thespiai), Tanagra et Orchomène. Les troupes de Thèbes se placèrent sur une profondeur de 25 rangs qui était inhabituelle (8 normalement) et qui resta la marque de leur phalange. Elles furent ensuite rejointes par les Locriens. Thucydide (Historien Grec, 484-v.425) nous dit que ces contingents, très importants, représentaient environ les 2/3 des forces de la Béotie.
 
   Hippocrates (En Grec : ‘Iπποκράτης, fils d’Ariphron, Général et homme d’État Athénien, v.459-424) apprenant l’approche des Thébains, ordonna à ses hoplites de prendre leurs positions de combat et rejoignit peu après la force Athénienne principale, laissant sur place 300 cavaliers pour garder le fort de Délion (ou Delium) et éventuellement intervenir lors du combat. Malheureusement pour lui, il ne pourra se servir de cette réserve qui dès le début sera arrêtée par des troupes Thébaines placées à proximité du sanctuaire qui la bloquèrent dans le fort. Les Athéniens avaient environ le même nombre d’hoplites, 7.000 alignés sur huit rangs, et de cavalerie, qui flanquaient les ailes, que les Thébains, mais ils avaient moins de troupes légère. Les adversaires s’avancèrent pour la confrontation, mais la présence de torrents sur les côtés bloqua les ailes de chaque armée et seuls les centres entrèrent en contact. Les lignes centrales vécurent les combats les plus violents.
 
   En raison de cette asymétrie dans le déploiement toute l’aile droite Thébaine se retrouva être rapidement presque victorieuse, mais aussi à cause de leur déploiement sur 25 rangs qui enfonça les lignes d’hoplites Athéniennes. Comme Thucydide le rapporte, à l’inverse, la moitié gauche du front Béotien fut enfoncée et certains contingents, en particulier celui de Thespies (ou Thespiai), durent lutter vaillamment car leurs voisins reculaient. La ligne Athénienne victorieuse provoqua la confusion et encercla et massacra les Thébains. Ce déploiement unique des Thébains explique le déroulement ultérieur et la progression de la bataille. Pagondas, voyant son aile gauche en difficulté, fit passer à l’abri des regards deux escadrons de cavalerie derrière la colline afin d’appuyer ce côté. Leur apparition soudaine sur la ligne de crête dérouta l’aile victorieuse Athénienne qui prit peur, pensant qu’une autre armée marchait sur eux. Ils reculèrent, mais la panique fut telle que certains des hoplites Athéniens se battirent et se tuèrent les uns les autres, prenant leurs compatriotes pour l’ennemi. Ce fut le premier incident documenté de ce genre de l’histoire.
 
   Une grande partie réussit à fuir, imitée par le reste de l’armée, vers Délion (ou Delium), Oropos (Ville portuaire de l’Attique située à la frontière de la Béotie) ou le Parnès (ou Párnês ou Párnitha, massif montagneux au Nord de l’Attique). Cependant, la cavalerie Béotienne, appuyée par celle de Locride qui venait d’arriver sur le champ de bataille, se lança à la suite des fuyards et en massacra un grand nombre. Heureusement, avec la tombée de la nuit, la majorité de ceux-ci en réchappèrent. Pendant ce temps, l’aile droite Béotienne fut également définitivement victorieuse, et les Athéniens du centre lorsqu’ils virent leurs deux ailes battues, s’enfuirent également. Selon certains auteurs Hippocrates trouva la mort lors des combats au côté de près de 1.000 de ses soldats. Les Béotiens, quant à eux, perdirent près de 500 hoplites. Les morts des autres corps de troupe ne sont pas répertoriés.

 

Après la bataille

 
   Le lendemain de la bataille, les troupes Athéniennes ayant trouvé refuge à Délion (ou Delium) ou Oropos embarquèrent et retournèrent par mer en Attique, laissant une garnison dans ces postes. Les Béotiens, quant à eux, laissèrent un poste de garde sur le lieu de la bataille avant de retourner à Tanagra, mais envoyèrent un officier aux Athéniens dans le fort de Délion (ou Delium) leur annonçant qu’ils ne pouvaient rester là, car ils offensaient une terre sacrée Béotienne. Ils violaient le sanctuaire, lieu sacré, en le fortifiant et en utilisant pour un usage courant son eau réservé aux ablutions rituelles. Les Athéniens répondirent concernant le sanctuaire, que puisqu’ils occupaient les lieux, c’était donc leur territoire et pour la question de l’eau, que c’était les circonstances qui leur dictaient cet usage et que c’était eux les Béotiens les responsables de ces circonstances. La réponse Béotienne fut du même ordre et les pourparlers restèrent sans issue.
 

    Pendant deux semaines, il n’y eut aucune action, mais les troupes Béotiennes reçurent un renfort de 2.000 hoplites Corinthiens, d’archers et frondeurs venus du golfe Maliaque, ainsi qu’une garnison Péloponnésienne en provenance de Nisée (ou Nisaea) un des deux port de Mégare. Ils se décidèrent alors à attaquer le camp retranché Athénien dans le sanctuaire.
 
   Après plusieurs assauts infructueux, les Béotiens construisirent un étrange dispositif qui, selon la description de Thucydide (Historien Grec, 484-v.425) semble être une sorte de lance-flammes, et utilisèrent cette arme pour projeter des flammes et des débris incandescents vers les remparts faits en partie en bois et ainsi mettre le feu à Délion (ou Délium) pour chasser les Athéniens. Le fort fut pris 17 jours après la bataille, 200 défenseurs furent tués, mais le gros des troupes parvint à embarquer et à s’échapper.

  Après que Délion (ou (ou (ou (ou Delium) fut reprise, les Béotiens rendirent leurs morts aux Athéniens sans condition. Juste après, Démosthène (ou Dêmosthénês, en Grec : Δημοσθένης, fils d’Alcisthènes, Général et homme d’État Athéniens, † 413) et ses forces arrivèrent finalement, mais son arrivée était inutile. Il tenta un débarquement à Sicyone, mais il fut repoussé et poursuivi sur mer où il subit quelques pertes. Le grand projet Athénien qui visait à placer en Béotie un régime démocratique, se solda par un échec complet, et ça dû au fait d’une trahison qui empêcha le soulèvement des cités, d’une mauvaise coordination des différentes troupes qui ruina les possibilités de succès de la campagne terrestre. Cette bataille mit également en évidence la faiblesse de la phalange Athénienne et elle montra en plus d’une nouvelle technologie (sorte de lance-flammes), une nouvelle tactique de combat, dont Pagondas fit usage pour la premières fois. Ces nouveautés seront dans le siècle suivant exploitées dans d’autres batailles plus célèbres des troupes Thébaines.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
  
Peter Connolly :
Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Victor Davis Hanson :
Ripples of battle : How wars of the past still determine how we fight, how we live, and how we think, Doubleday, New York, 2003.
Donald Kagan :
The outbreak of the Peloponnesian war, Cornell University Press, New York, 1994.
The Peloponnesian war, Viking, New York, 2003-2004.  
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.

 

 

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