Présentation
La bataille de la frontière Persane fut la deuxième bataille entre les
Mèdes et les
Perses d’Anshan.
Elle fut également la deuxième bataille après la révolte de ces derniers.
Bien qu’il n’y ait pas de victoire décisive pour les Perses,
elle est signalée comme une importante réduction du pouvoir des Mèdes en Asie du Sud.
Les spécialistes estiment qu’elle fut une victoire tactique des
Perses et une victoire
stratégique des
Mèdes.
Elle se déroula après la bataille d’Hyrba, en 551 av.J.C., sur la route entre
Ecbatane et
Pasargades, sur le côté
Persan de la frontière entre les
Mèdes et les
Perses.
Les armées, pour les Perses, furent menées
par Cyrus II le Grand (559-529), qui avait été rejoint
par son père Cambyse I (ou Kambūjiya, 600-559).
Cette grande bataille, qui dura deux jours, se situe dans le conflit mené par le Roi
d’Anshan pour apporter la liberté à la
Perse.
Comme dit plus haut, sans vainqueur elle obligea toutefois les Perses
à la retraite au Sud, afin de se préparer à lutter pour une troisième bataille qui celle-là sera décisive.
Cette bataille, parmi d’autres, est rapportée par Nicolas de
Damas (Syrien, secrétaire et professeur
d’Hérode le Grand, Ier siècle av.J.C), qui a
également mentionné la bataille d’Hyrba,
mais Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425) ne la mentionne pas.
La plupart des historiens pensent que ce n’est pas un oubli de l’auteur mais qu’il mentionna seulement les premières et dernières batailles de la guerre
de libération. La bataille à la frontière Persane est classée aujourd’hui comme la première grande bataille entre les deux puissances.
Cyrus II
réussit à échapper à l’ennemi sans reculer, ce qui lui permit ainsi de prolonger la lutte, sans une victoire complète pour le Roi
Mède,
Astyage (585-550 ou 549).
Soldats Mède et Perse en
costume traditionnel – Palais de l’Apadana, escalier Nord |
Le contexte
Comme le précisent Ilya Gershevitch et Ehsan Yarshster,
Cyrus II avait pris sa retraite dans la province à la frontière
de son royaume avec la Médie
pour se protéger d’Astyage qui après l’affront reçu à la
bataille d’Hyrba avait personnellement prit la tête d’une énorme armée pour envahir la
Perse et mater la révolte.
Charles M.Laymon nous dit que la bataille qui allait se dérouler, allait mettre en opposition la cavalerie et les chars des deux camps,
qui en grande partie furent utilisés pour l’affrontement et ne furent plus jamais utilisés à nouveau.
Cependant, d’après les textes, ce ne fut qu’une petite partie de la force d’invasion
Mèdes qui participa à la bataille, tandis que les
Perses avaient mobilisé toute leur cavalerie et leurs réserves.
Laymon nous dit qu’Astyage avait tenté dans un premier temps
de convaincre Cyrus II de se rendre, mais il changea d’avis et
préféra ne montrer aucune pitié.
Le nom de la cité où Cyrus II et son père étaient cantonnés,
n’est pas connu, néanmoins, la ville devait être d’une grande importante frontalière, puisqu’elle valait une telle protection.
Lorsque qu’Astyage arriva aux portes de la cité,
des civils Persans commencèrent à l’évacuer.
Pendant ce temps, Cyrus II et son père assemblèrent l’armée,
mais on ne sait pas exactement si Harpage (ou Harpagus),
qui l’avait aidé à prendre le trône, participa aux côtés de Cyrus II à
la bataille. Juste avant que la bataille ne commence Astyage
positionna des troupes spéciales pour attaquer les arrières Perses.
Dans le même temps, Cyrus II encouragea les
Perses à prendre les passes dans les hauteurs dans la montagne
proche et d’amener les gens des villes derrière ces positions bien fortifiées.
Astyage brûla les villes abandonnées. Il convoqua
Cyrus II lui demandant sa soumission. Le
Perse répondit au
Mède "Qu’il ne le reconnaissait pas comme Roi, qu’il n’avait pas le pouvoir
des Dieux, ce qui le contraignait à accomplir ce qui devait être fait". Sûrement avec moquerie il jouta que "Comme il lui avait
fait toutefois la gentillesse de lui laisser le choix de se rendre, il lui laissait la même chance et lui ordonnait
de ramener les Mèdes chez eux et de redonner leur liberté aux Perses qui étaient mieux sans eux".
Le déroulement
Ainsi allait débuter la bataille. Les spécialistes, comme Robert Anderson-Édouard,
estiment les forces en présence entre 120.000 à 200.000 cavaliers et 3.000 chars pour les
Mèdes et 50.000 cavaliers et 100 chars,
plus une quantité inconnue de paysans défendant les murs de la ville, pour les
Perses.
Astyage, entouré par 20.000 hommes de sa garde personnelle,
regardait les Perses se mettre en ordre de bataille.
Atradatès (Nom que donne Nicolas de Damas
au père de Cyrus II,
Cambyse I) avait l’aile droite,
le Général Oebaras (ou Oebares) l’aile gauche et
Cyrus II, entouré par ses plus braves guerriers, était au centre.
Les Perses se défendirent courageusement et repoussèrent les
attaques Mèdes qui se multipliaient, tant et si bien
Astyage sur son trône criait pour
haranguer ses troupes.
Toutefois, malgré leurs efforts, les Perses furent
submergés par le nombre d’ennemis et se retranchèrent dans la ville d’où ils purent continuer le combat.
Cyrus II demanda à son Général
Oebaras (ou Oebares) d’envoyer et d’escorter les femmes et les enfants à
Pasargades, qui était un lieu plus sûr, et de revenir dans
la bataille pour le lendemain. Il dit à ses soldats : “Si nous sommes vaincus, nous devrons tous mourir, et si
cela doit être il vaut donc mieux tomber dans la victoire pour la liberté de notre pays”. À ces mots tous se remplirent de haine et de colère contre les
Mèdes et quand vint le matin et que les portes de la ville furent ouvertes,
tous sortirent avec la volonté d’en finir en vainqueur. Atradatès resta seul avec les vieillards dans la ville, dernier
recours pour défendre les murs.
Mais, tandis que Cyrus II et Oebaras (ou Oebares)
se battaient proche de la cité, Astyage envoya 100.000 hommes
qui donnant l’impression de se retirer, contournèrent l’armée
Perse et l’attaquèrent sur ces arrières. L’attaque réussit. Atradatès qui s’était porté au secours de ses frères d’arme tomba blessé aux mains des
Mèdes.
Astyage lui dit : “Vous étiez un excellent Satrape,
est-ce ainsi que vous me remerciez, vous et votre fils, pour ce que je vous ai fait ?“.
Atradatès, dans son dernier soupir répondit : “Je ne sais pas, ô Roi, quel Dieu a réveillé cette frénésie chez mon fils, ne me mettez me pas à la torture,
je vais bientôt mourir”. Astyage eu pitié de lui et dit :
“Je ne vais pas vous mettre à la torture. Je sais que si votre fils avait suivi vos conseils, il n’aurait pas fait de telles choses“.
Atradatès mourut et Astyage lui donna une sépulture honorable.
Dans le même temps, pendant ces deux jours de combat, les Perses
avaient infligé de lourdes pertes à la garde rapprochée d’Astyage
grâce à leur cavalerie. Cyrus II,
supposant que la bataille était terminée et qu’il était vainqueur, secrètement fit faire retraite au Sud au reste de ses forces armées, tandis
que son père et quelques vieillards restaient dans la ville. Lorsque Cyrus II
changea d’avis et revint se battre à nouveau, ce fut là qu’Astyage
eut ce coup de génie de prendre à revers l’ancien Roi, action qui visait aussi à prendre la ville mal gardée.
Il faut noter que les historiens, dont Muhammad Abdulkadyrovič Dandamaev, débattent aujourd’hui pour savoir si le deuxième
jour de bataille doit être considéré comme faisant partie de la bataille originelle, ou s’il devrait être considéré comme une bataille séparée ?.
Nicolas de Damas nous dit
qu’Astyage, du fait que les
Perses se retiraient vers le Sud, prit facilement la ville,
mais ce ne fut dans ce cas pas une victoire totale. Il ne laissa même pas une garnison dans la cité et partit, en vain, à la poursuite des
Perses. Il semble que ce fut même un choc psychologique pour les
Mèdes qui si lors de la
bataille d’Hyrba pensaient que les
Perses avaient eu de la chance, là, une fois encore, ils
gagnaient sur le plan tactique. Les deux armées retournèrent par la suite à leurs camps de base afin de se préparer pour le prochain combat.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
Jacob Abbott :
– Cyrus the Great, Harper & Brothers, New York, Londres, 1900.
Robert Anderson-Édouard :
– The story of extinct civilisations of the west, McClure, Phillips,
New York, 1904.
Pierre Briant :
– Histoire de l’Empire Perse : De Cyrus à Alexandre, Editions Fayard, Paris, 1996 – En Anglais, From Cyrus to
Alexander : A history of the Persian empire, Eisenbraun, Winona Lake, 2002. Hugh Chisholm :
– The encyclopædia Britannica : A dictionary of arts, sciences, literature and general information, At the University Press,
Cambridge, New York, 1910.
Muhammad Abdulkadyrovič Dandamaev :
– A political history of the Achaemenid Empire, E.J. Brill, Leiden, New York, 1989.
Ilya Gershevitch :
– The Median and Achaemenian periods, Cambridge University Press, Cambridge, 1985. Ilya Gershevitch,
Ehsan Yarshater, Richard N.Frye, John Andrew Boyle,
Peter Jackson, Laurence Lockhart, Peter Avery et Gavin Hambly :
– The Cambridge history of Iran, Cambridge University Press, Cambridge, 1968-1991.
Gérard Israël :
– Cyrus le Grand : Fondateur de l’Empire Perse, Fayard, Paris, 1987. Charles M.Laymon :
– The interpreter’s one volume commentary on the Bible : Introduction and commentary
for each book of the Bible including the Apocrypha, with general articles, Abingdon Press, Nashville, 1971.
Robert Rollinger
– Die Meder, Hubert Cancik (Hrsg.), DNP, Supplementband 1, Herrscherlisten, Stuttgart, 2005.
– The Median empire, the end of Urartu and Cyrus the Great’s Campaign in 547 BC, pp : 51-65,
Ancient West & East 7, 2008.
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