Son origine
Méritrê-Hatchepsout (ou Mérytrê-Hatchepsout
ou parfois Hatchepsout-Meryet-Ra ou Hatshepsut-Meryetre – Mr.t Ra HA.t Sps.(w)t)
est une Reine d’Égypte de la
XVIIIe dynastie. Elle devient,
après la mort de la Reine
Satiâh (ou
Sitiah ou Sit-aoh ou Sit-Iah ou Sat-Iah), la
Grande Épouse Royale, du Roi
Thoutmôsis III (1479-1425), vers l’an 23 ou 24 de son règne. De noble naissance, elle
était la fille de Dame Houy (ou Hui ou Huy) qui avait de
nombreux titres : Supérieure des Recluses d’Amon, Supérieure des Recluses du temple de Rê,
Divine
Adoratrice d’Amon, Divine Adoratrice dans le Temple d’Atoum. Sa statue,
découverte à Thèbes, se trouve
aujourd’hui au British Museum (BM 1280). Elle montre Houy et les cinq enfants de Méritrê-Hatchepsout avec Iset qui est
représentée plus petite, ce qui laisse penser qu’elle fut la plus jeune. De
ces faits, Méritrê-Hatchepsout ne porta jamais les titres de :
Fille du Roi (s3T-nswt)
ou de Sœur du Roi (snt-nswt).
On ne connait pas, encore aujourd’hui, le nom de son père qui n’est étrangement
pas cité sur la statue de Dame Houy.
Méritrê-Hatchepsout représentée dans le temple de Thoutmosis III
à Médinet Habou
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Son histoire
Méritrê-Hatchepsout n’est pas liée à la Reine
Hatchepsout,
l’ancienne Pharaon d’Égypte, contrairement à ce qui a souvent été pensé où elle
était considérée comme sa fille par quelques spécialistes. Ceux-ci s’appuyaient
sur la base de deux témoignages contemporains : Celui
Ahmès-Pennekhbet, qui évoque
l’aînesse de Néferourê (La
Fille d’Hatchepsout)
et celui de Sénènmout,
"Père nourricier et Tuteur de l’Épouse du Dieu Néferourê" qui se déclare également ."Père
nourricier de l’Épouse du Dieu Hatchepsout". Cependant si ces témoignages
semblent indiscutables pour certains, ils ne sont pas déterminants pour
plusieurs spécialistes : L’aînesse de Néferourê
pourrait faire référence à son jeune demi-frère
Thoutmôsis III.
Quant au témoignage de
Sénènmout,
certains égyptologues relèvent une erreur de lecture de son titre, en la
corrigeant par : "Père nourricier de la fille de l’Épouse du Dieu
Hatchepsout",
c’est-à-dire Néferourê,
ce qui est généralement retenu aujourd’hui.
La date exacte de la mort de Méritrê-Hatchepsout n’est pas connue. Les
spécialistes pensent qu’elle dut avoir lieu durant le règne de son fils
Amenhotep II, sans qu’il soit
possible d’en préciser plus.
Christian Leblanc avance pendant les premières années de règne. Il appuie sa
théorie sur le fait que l’on a retrouvé un vase avec son
cartouche dans la tombe
de son époux, ce qui semble signifier qu’elle fût présente lors de ses
funérailles. Méritrê-Hatchepsout est connue pour avoir tenu plusieurs titres
outre celui de "
Grande Épouse Royale
(Voir ci-dessus).
Ses représentations
Méritrê-Hatchepsout est relativement bien documentée dans l’iconographie
ou les textes contemporains. On trouve plusieurs représentations d’elle dans les temples ou
constructions royales, officiant à côté du souverain :
▪ À Thèbes, la
Reine apparait dans la composition de plusieurs scènes officielles du grand
complexe religieux d’Amon-Rê.
▪ Dans le temple périptère de
Thoutmôsis III à
Médinet Habou, la Reine est montrée,
sur plusieurs murs du reposoir de la barque, debout derrière le Roi. Elle est représentée en totale tenue de Reine
avec tous ses apparats.
▪ Dans la tombe
(KV34)
de Thoutmôsis III, elle est représentée en
première parmi les Épouses royales et elle reçoit l’exceptionnel privilège d’être intégrée dans le cycle solaire figuré
sur les parois de la tombe.
▪ Dans le décor de la chapelle
d’Hathor à
Deir el-Bahari,
la Reine apparait dernière
Thoutmôsis III entrain de rendre hommage à la Déesse.
Elle est aussi très présente dans des inscriptions dédiées par des particuliers, notamment :
▪ Sur la statue en granit noir de
Néferperet, l’Échanson royal à la cour, retrouvée en 1904 par
Georges Legrain,
Méritrê-Hatchepsout y est qualifiée de "Maîtresse [Souveraine] des Épouses Royales"
(Hnwt nt Hmwt-nswt).
▪ À
Sheikh Abd el-Gourna, à côté de Thèbes, dans
le tombeau du Premier Prophète d’Amon, Rê (TT72), Méritrê-Hatchepsout est
représentée assise à côté de son fils d’Amenhotep II.
Thoutmosis III et sa famille dans son
tombeau KV34. Méritrê-Hatchepsout se tient debout derrière le Roi
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Sa sépulture
Méritrê-Hatchepsout devait être enterrée dans le tombeau
KV42 de la
vallée des Rois
où quatre dépôts de fondation en calcite, découverts par
Howard Carter en 1921, attestent qu’elle en fut bien la bénéficiaire.
Elizabeth Thomas pense que cette tombe fut à l’origine préparée pour un fils
de Thoutmôsis III. Cependant
beaucoup de spécialistes avancent qu’elle n’y fut probablement pas inhumée, car comme le précise
Christian Leblanc,
l’énorme sarcophage en quartzite jaune toujours en place, est incomplètement dégrossi et ne comporte pas
d’inscription ce qui prouve qu’il n’a jamais dû servir.
La tombe a accueilli finalement un haut dignitaire,
le Maire de Thèbes, Sennéfer et ses proches.
Le mystère sur le lieu d’enterrement de la souveraine reste entier puisque nous n’avons pas non plus à ce
jour retrouvé sa momie.
Toutefois on trouve quelques égyptologues pour lui attribuer une inhumation dans la tombe
KV35, avec son fils.
Ils appuient cette théorie sur la découverte par
Georges Daressy d’une canne d’apparat en tamaris, sur laquelle on peut lire
les titres et le nom de Méritrê-Hatchepsout, mais est-ce que cela est suffisant pour être
certain du lieu ?.
Sa famille
Méritrê-Hatchepsout eut entre six et
huit enfants avec
Thoutmôsis III
en fonction des spécialistes.
Deux fils :
▪
Amenhotep II qui, son demi-frère aîné Amenemhat
(ou Aménémès) étant décédé, va succéder à son père à l’âge de dix-huit ans. Il
serait né vers l’an 35 de Thoutmôsis III.
▪ Menkhéperrê, il est représenté, avec ses sœurs, sur une statue de leur grand-mère
maternelle, Dame Houy, qui est aujourd’hui au British Museum. Il est probable que certains fragments de
vase canope
trouvés dans la vallée des Reines lui appartiennent.
Entre quatre et six filles :
▪
Iset (ou Isis – Ast – "Le trône"),
elle est représentée, avec ses sœurs et Menkhéperrê, sur la statue de
leur grand-mère maternelle, Dame Houy, qui est aujourd’hui au British Museum. Selon
Aidan Marc Dodson et Dyan
Hilton, elle est représentée plus petite que ses frères et sœurs et est donc susceptible d’avoir été
la plus jeune d’entre eux.
▪ Nebetiounet (ou Nebetiunet –
nbt Jwnt – "Dame de Dendérah"), un titre de la Déesse
Hathor.
Elle est également représentée, avec ses sœurs et Menkhéperrê, sur la statue de
leur grand-mère maternelle, Dame Houy, qui est aujourd’hui au British Museum. On ne sait pratiquement rien d’elle.
▪ Méritamon (ou Mérytamon ou Meritamen
– Mrjt Jmn – "Aimée d’Amon"). Pour
Christian Leblanc elle serait
la cadette. Elle est représentée, avec ses sœurs et Menkhéperrê, sur la statue de
leur grand-mère maternelle, Dame Houy, qui est aujourd’hui au British Museum. Elle serait aussi en compagnie de son
Tuteur, le Surintendant du Trésor, Bénermerout, sur la statue cube de celui-ci trouvée à Karnak et aujourd’hui
au musée du Caire. La Princesse y est montrée
assise sur ses genoux. Selon
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, elle est également représentée dans la chapelle
d’Hathor, construite par son père, à
Deir el-Bahari.
Elle fut enterrée dans une tombe, sous la colonnade Nord de la première terrasse du
temple funéraire d’Hatchepsout à
Deir el-Bahari. Elle hérita du titre
d’Épouse du Dieu Amon (hmt-ntr jmn)
de sa mère. Ses autres titres furent : Fille du Roi (sAt-nswt)
et Sœur du Roi (snt-nswt).
▪ Pour certains spécialistes
Thoutmosis III et
Méritrê-Hatchepsout
eurent une deuxième fille appelée Méritamon, elle serait également représentée
sur la statue de Houy. Il y a sûrement confusion avec Baketamon, ci-dessous. On
ne sait pas laquelle de ces Princesses est représentée sur les genoux de Bénermerout.
▪ Baketamon (ou Beket – "Servante d’Amon"). Son nom est
inscrit avec le
cartouche de son père, sur un objet votif en faïence, découvert par
Henri Edouard Naville à
Deir el-Bahari,
qui est aujourd’hui au
musée de Brooklyn. Elle est également mentionnée sur un bâton de jet, qui
est aujourd’hui au Brooklyn Museum, ayant appartenu à un de ses serviteurs, un certain, Amenmosé (ou Amenmès),
et probablement sur un scarabée qui est aujourd’hui au British Museum. Selon
Dodson et
Hilton, il est possible qu’elle soit la Princesse debout derrière sa sœur Méritamon dans la chapelle
d’Hathor à
Deir el-Bahari.
Pour d’autres elle fut de mère inconnue et ne serait pas une fille de
Méritrê-Hatchepsout ?.
▪ On attribue aussi quelques fois à Méritrê-Hatchepsout la maternité de la Reine
Tiâa I, l’épouse
d’Amenhotep II. Cette proposition est loin
de faire l’unanimité.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la Reine voir les ouvrages de :
Betsy M.Bryan :
– Administration in the reign of Thutmose III, chapter 3 in Cline, pp. 69-122,
Thutmose III : A New Biography, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2006.
Eric Cline et
David O’Connor :
– Thutmose III : A new biography, The University of Michigan Press, Mars 2006.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Michel Gitton :
– Les divines épouses de la XVIIIe dynastie, Centre de recherches
d’histoire ancienne, Annales littéraires de l’université de Besançon, Les Belles-Lettres, Paris, 1984 et 1989.
Jean-Claude Goyon et Mohamed A.El-Bialy :
– Les Reines et Princesses de la XVIIIe dynastie a Thèbes-Ouest, Atelier national de reproduction des thèses,
Lille, 2005.
Wolfram Grajetzki :
– Ancient Egyptian Queens : A hieroglyphic dictionary, Golden House Publications, London, 2005.
Christian Leblanc :
– Reines du Nil au Nouvel Empire, Bibliothèque des introuvables, Juillet 2010.
Gay Robins :
– Meritamun, daughter of Ahmose, and Meritamun, daughter of Thutmose III, pp
: 78-87,
GM 56, Göttingen, 1982.
– Women in ancient Egypt, Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1993.
Joyce Anne Tyldesley,
Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
– Chronicle of the queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd,
Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre,
Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008 – En Allemand, Die königinnen des alten Ägypten :
Von den frühen dynastien bis zum tod Kleopatras, Koehler + Amelang Gmbh, Février 2008.
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