Quelques  grandes  villes :
Médinet Habou
 

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Sommaire
 

Noms, localisation, organisation
Les monuments de la ville

Le migdol et le temple de Ramsès III
Le temple d’Amon
Le tempe d’Aÿ II et Horemheb
Le palais royal

Bibliographie

Temple de
Ramsès III

 

ou  Djamet  ou  Ta-Hout
Ta-Hout    T3-¡wt

 

Nom, localisation, organisation

 
   Médinet Habou (en Égyptien : Ta-Hout T3-¡wt ou Djamet, en Copte : Djeme ou Djemi, en arabe : مدينة هابو) est une cité proche de Thèbes sur la rive Ouest du Nil, en face de la ville moderne de Louxor et de son ancien temple dédié au Dieu Amon-Min. Le nom de Médinet Habou signifie "la cité d’Habou" et pourrait faire référence à un puissant et haut dignitaire, Amenhotep fils d’Hapou, qui vivait lors du règne d’Amenhotep III (1390-1353/52), son temple funéraire étant proche de celui de Ramsès III (1184-1153). Mais "Habou" pourrait tout aussi être une déformation du mot Égyptien "Hebou". De nos jours le village faisant face au temple de Ramsès III s’appelle Habou.


 

Migdol (Entrée du temple de Ramsès III)

 
   Durant l’Antiquité le site de Médinet Habou était relié au Nil par un long canal se terminant par un bassin et un quai qui ont aujourd’hui disparu. Bien que d’autres structures y soient situées, de nos jour le site doit sa réputation surtout grâce au temple des millions d’années de Ramsès III qui fut bâti à proximité d’un temple d’Amon de Djémé. C’est ce dernier qui donna son nom au lieu. À partir de Ramsès III, Médinet Habou devint le principal centre économique et administratif de Thèbes Ouest. Les ruines des monuments de Médinet Habou ont longtemps été utilisées comme carrière. Le site comprend :
Le palais royal et un lac sacré proche du temple d’Amon.
Le temple d’Amon connu aujourd’hui sous le nom de “petit temple” et près de là un nilomètre.
Le temple des Pharaons Aÿ II (1327-1323) et Horemheb (1323-1295).
Le temple de Ramsès III.
Les tombes et chapelles des Divines Adoratrices d’Amon : Aménardis I (v.740-720), Chépénoupet II (710-650) et Nitocris I (656-586).
 
   Il y avait une quantité très importante de Prêtres et de fonctionnaires Égyptiens, qui résidaient sur place, pour faire fonctionner le site et pour assurer les rites quotidiens et les nombreuses fêtes de la région au cours de l’année. Selon Pierre Grandet, il y avait environ 150 Prêtres alors que le temple avait à sa disposition plus de 60 000 ouvriers, paysans et travailleurs. À l’image de la société pharaonique, l’administration de Médinet Habou était complexe. Elle était placée sous la direction d’un Grand Intendant. Il appartenait à un conseil de direction du temple et des dépendances regroupant diverses hautes autorités. Cette administration s’occupait de prélever les taxes, de gérer le quotidien, d’assurer l’approvisionnement. De nombreux scribes s’occupaient des taches subalternes. Médinet Habou par son importance et ses fortifications devint rapidement à partir de Ramsès III le centre névralgique de tout Thèbes Ouest, au détriment du Ramesseum. ¹ Lors de l’anarchie qui suivit la fin de la XXe dynastie, le temple et son enceinte fortifiée servirent de refuge au peuple de Thèbes en lutte avec des nomades venant du désert occidental qui pillaient la région.

 

Les monuments

 
        Le migdol et le temple de Ramsès III
 
   Lorsque l’on arrive sur le site on distingue parfaitement l’aspect militaire de la première enceinte en pierre et à créneaux et cet aspect se vérifie par l’entrée massive faite de grandes tours fortifiées. Cette entrée originelle est connue sous le nom migdol (Mot Hébreu qui signifie tour, terrasse élevée), une caractéristique architecturale commune au forteresses asiatiques de l’époque. Un second migdol existait au fond du site, dans l’axe, mais il est complètement en ruine. ¹ Une fois dépassé le migdol, juste à l’intérieur de l’enceinte, on pénètre réellement dans le temple. À droite, on découvre le temple d’Amon, en face, le temple de Ramsès III (1184-1153) et à gauche se trouvent les chapelles des Divines Adoratrices d’Amon : Aménardis I (v.740-720), Chépénoupet II (710-650) et Nitocris I (ou Nitiqreti, 640-586) et Méhetenousékhet. Elles datent des XXVe dynastie (747-656) et XXVIe dynastie (664-525).


 

Migdol (Entrée du temple de Ramsès III)

 
   Médinet Habou est le nom communément donné au temple funéraire de Ramsès III. Mis à part sa taille et son importance architectural et artistique, le temple est probablement plus connu comme étant la source des reliefs représentants l’avènement et la défaite des Peuples de la Mer lors du règne de Ramsès III, ainsi que la victoire du Roi sur les Libyens où il montre le sacrifice des prisonniers.
 
   L’autre originalité est l’immense calendrier des fêtes gravé sur ses murs extérieurs. Il n’est pas une représentation unique dans le pays mais sûrement un des plus grand. Il fournit une longue liste de fêtes, de cérémonies se déroulant tout au long de l’année dans le temple.
 
   Chaque événement est décrit par sa date, sa durée et les offrandes que l’on doit y faire.¹ Le temple mesure environ 150 m de long, est de conception classique. Il ressemble beaucoup au temple funéraire de Ramsès II (1279-1213), le Ramesseum, dans la vallée des Rois. L’enceinte du temple, en briques crues massives, qui pourraient avoir été fortifiée, mesure environ 310 m. x 210 m. sur 18 m. de hauteur et 10,50 m d’épaisseur et contient plus de 7.000 m² des reliefs et de murs décorés.
 
   Les murs du temple sont relativement bien conservés. Selon Pierre Grandet, la construction du temple ne débuta pas immédiatement avec l’avènement de Ramsès III, mais sans doute vers l’an 5 de son règne. Il pense que ce délai peut s’expliquer par les travaux de terrassement et de creusement des fondations qui furent importants. Le plan du temple est classique, hormis la présence de trois salles hypostyles.
 


 

Décorations de la salle péristyle
du temple de Ramsès III

   Le premier pylône est impressionnant par sa longueur et ses grandes représentations de Ramsès III triomphant sur ses ennemis. Il mène dans une cour ouverte asymétrique, bordée de colonnes et de statues colossales. Cette première cour, possède des piliers osiriaques à droite, et à gauche des colonnes papyriformes à chapiteaux ouverts et non décorées. Dans cette partie du temple on peut voir une décoration essentiellement militaire. Sur la gauche, une ouverture au centre du mur servait de fenêtre lors des apparitions du Pharaon. En continuant, le second pylône mène dans une deuxième cour péristyle, dans laquelle se trouvaient autrefois des colosses royaux.
 
   L’ensemble de ces cours a conservé sa couverture ce qui a protégé les fresques et reliefs. Ainsi on peut voir des plafonds ayant encore leur couleur bleue intense et constellés d’étoiles et sur les murs des scènes religieuses et militaires en très bon état de conservation. De même la plupart des colonnes ont conservées leur pigments ce qui nous permet d’avoir une idée assez précise de l’aspect d’un temple à cette période. La seconde cour est aussi impressionnante que la première. À gauche et à droite se trouve deux colonnades.¹ C’est dans cette cour que l’on peut voir représenté le long défilé de Princes royaux qui est toujours étudié par les égyptologues à la recherche de plus précisions sur la période Ramesside.
 


 

Vue des chapelles des Divines Adoratrices d’Amon

   Puis, par une rampe d’accès on arrive, à travers un portique à colonnes, au troisième pylône qui mène sur la partie du temple la plus endommagée, cette partie ayant perdu son toit. En effet en l’an 27 av.J.C, la Thébaïde fut victime d’un séisme qui toucha la plupart des monuments de la Région. Médinet Habou a vu ses salles hypostyles s’effondrer à cette époque. Il reste cependant encore des colonnes à la stature imposante. La grande originalité de cette partie du temple est la succession de trois salles hypostyles.
 
   Au niveau de la première salle, quatre séries de pièces ou chapelles sont présentes : Une dédiée au culte de Ramsès III et de la Reine, une dédiée au Dieu Ptah et à une forme du Dieu Amon, une dédiée à Sokar et enfin une dédiée aux divinités de la triade d’Abydos (Osiris, Isis, Horus), ainsi qu’aux Dieux Thot et Oupouaout. Entre la première et la deuxième salle hypostyle, deux salles s’ouvrent qui servaient à conserver la barque sacrée de la forme d’Amon de Médinet Habou. Les deux salles hypostyles suivantes sont de petite taille et comportent huit colonnes. De part et d’autre s’ouvrent deux complexes : Un pour Osiris, un pour Rê-Horakhty.¹
 
   C’est dans cette partie que l’on peu observer des scènes montrant Ramsès III accomplir des travaux agricoles dans le monde l’au-delà. Dans la partie consacrée Rê-Horakhty, contre le mur, un escalier permettait d’accéder au toit. À gauche de cet escalier, une grande ouverture. C’est là le cœur du sanctuaire de Rê-Horakhty. On y voit Ramsès III adorant le soleil suivi de babouins saluant son lever. Puis en suivant l’allée centrale, on accède enfin à la 3e salle hypostyle. Derrière cette salle, on arrive au lieu ultime où se dressait une fausse porte et non un naos comme dans un temple ordinaire. De cette fausse porte s’ouvre à gauche et à droite toute une série de petites salles.


 

Autre vue des décorations du plafond
dans le temple de Ramsès III

 
   Le temple de Ramsès III devint le temple dynastique, le Roi y fit figurer sa descendance et il est probable qu’il servit au culte funéraire des successeurs du souverain. Lors de l’anarchie qui suivit la fin de la XXe dynastie, le temple et son enceinte fortifiée servirent de refuge au peuple de Thèbes en lutte avec des nomades venant du désert occidental qui pillaient la région. À la Basse époque (656-332) le temple continua de fonctionner et les tombes des Divines Adoratrices d’Amon furent aménagées à l’intérieur de son enceinte. Lors de la période Ptolémaïque (305-30) qui suivit, le site fut peu à peu transformé en ville, dont l’enceinte principale occupait le centre.
 
   Durant la période Copte une église fut construite à l’intérieur de la structure du temple, dans la seconde cour. Certaines des sculptures de la façade principale du temple et des dessins sur les colonnes, furent modifiés et remplacés par des sculptures Coptes. À la fin de l’antiquité, avec l’invasion des arabes, le site fut comme beaucoup, peu à peu abandonné et recouvert par des monticules de débris.
 
   Le site fut découvert par Auguste Edouard Mariette en 1859 et l’excavation initiale du temple eut lieu de façon sporadique entre cette date et 1899, sous les auspices du Service des antiquités Égyptiennes. Au cours de cette période, le temple principal fut dégagé. Mariette dégagea des constructions urbaines en briques crues ainsi qu’un grand nombre de bâtiments de la période Copte. Georges Daressy poursuivit le travail et le site fut rendu accessible aux visiteurs. En 1912, des fouilles financées par Théodore Davis furent organisées dans le palais de Ramsès III. L’excavation et la conservation du temple fut facilitée en partie par le département des Études épigraphiques de l’Université de Chicago (Oriental Institute), presque sans interruption depuis 1924. Entre 1927 et 1936, l’Oriental Institute, sous la direction de James Henry Breasted, fit un relevé complet du site au cours de six campagnes successives.

 

Intérieur du temple d’Amon

Le temple d’Amon

 
   Le temple d’Amon (ou Djeser Set), longuement restauré et dont certains salles demeurent closes, se situait juste à gauche de l’entrée du temple funéraire de Ramsès III (1184-1153), non loin du palais royal. Le cœur date de la XVIIIe dynastie et fut construit sous le règne de la Reine Hatchepsout (1479-1457) et du Roi Thoutmôsis III (1479-1425). Il a subi de nombreuses transformations et modifications au fil des années, en partie au cours des XXe, XXVe, XXVIe, XXIXe et XXXe dynasties et de la période Gréco-romaine qui suivit.
 
   Il fut régulièrement agrandi en particulier par les Pharaons Taharqa (690-664), Achôris (393-380) et Nectanébo I (380-362). Le plan du temple est typique du Nouvel Empire (1549-1080). On visite essentiellement le déambulatoire entourant le sanctuaire et l’extérieur du monument. Sous le règne de Ptolémée VIII Évergète II Tryphon (144-116), devant la colonnade de Nectanébo I, un nouveau pylône fut érigé. À l’époque Romaine, une nouvelle cour et un portique, terminèrent l’accès au temple d’Amon.

 


 

Déambulatoire de la
chapelle d’Aménardis I

Le temple d’Aÿ II et d’Horemheb

 
   Le temple des Pharaons Aÿ II (1327-1323) et Horemheb (1323-1295) est situé juste au Nord du temple funéraire de Ramsès III (1184-1153), près d’un petit temple d’Amon érigé par la Reine Hatchepsout (1479-1457) et remanié sous Thoutmôsis III (1479-1425). Il est malheureusement dans un état déplorable de conservation, détruit par le temps et les invasions successives. Ce temple funéraire était consacré à Toutânkhamon, sur un emplacement choisi par le jeune Roi, dont les travaux se poursuivront après sa mort.
 
   Il n’en reste aujourd’hui que les fondations et son plan est difficilement repérable à l’œil nu, il faut prendre de la hauteur pour pouvoir le distinguer. Certains artéfacts firent croire un temps qu’Aÿ II usurpa ce monument, mais les dépôts des fondations contredisent cette théorie. Otto J.Schaden, note que ces dépôts portent pourtant uniquement le nom d’Aÿ II. Les Statues colossales représentant Toutânkhamon et marquées au nom d’Aÿ II ont contribuées à l’idée d’usurpation. Ce sera finalement Horemheb qui usurpera le tout et l’agrandira considérablement.

 

Le palais royal

 
   Un autre intérêt du site est le palais royal qui est l’un des mieux préservés et des plus complets du Nouvel Empire (1549-1080). Le temple de Ramsès III et les lieux dédiés aux dépenses économiques et administratives étaient isolés du reste du site par une enceinte dont il ne reste que les arases (Pierres servants à mettre un mur de niveau). Elle entourait le temple. Le palais royal se situe à l’intérieur de l’enceinte. Il y avait donc deux niveaux d’enceinte, la grande avec le migdol et cette enceinte intérieure. Les archéologues ont pu retrouver l’architecture du palais royal et une partie de la décoration qui est aujourd’hui visible au musée Égyptien du Caire. À sa construction le palais était d’assez petite taille mais, au fil des temps, il fut considérablement agrandi et plusieurs salles d’eau existaient pour le Roi et certains membres de la cour. Il y avait une grande salle du trône pour les audiences publiques et une plus petite pour celles plus intimes.¹


 

Vue des ruines
du Palais Royal
Vue de la fenêtre des
apparitions de
Ramsès III
Autre vue d’une des
chapelles des Divines Adoratrices
Vue de la décoration du temple de Ramsès III Vue de la colonnade de
la première cour du
temple de Ramsès III
Autre vue du Migdol

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
 
Dieter Arnold :
Die tempel Ägyptens : Götterwohnungen, Baudenkmäler, Kultstätten, Artemis & Winkler, Zürich, 1992 – Bechtermunz, Décembre 1996.
Lexikon der ägyptischen baukunst, Artemis & Winkler, Zürich 1997 – Albatros Im Patmos Verlag, Novembre 2000.
Giacomo Cavillier :
Migdol : Ricerche su modelli di architettura militare di età ramesside (Medinet Habu), Archaeopress, Oxford, 2008.
Barbara Cifola : Ramses III and the Sea Peoples : A structural analysis of the Medinet Habu Inscriptions, pp : 275-306, Orientalia, 1988.
Georges Daressy :
Notice explicative des ruines de Médinet Habou, With a plans, Imprimerie Nationale, Le Caire, 1897.
Inscriptions de la chapelle d’Ameniritis à Médinet Habou, É.Bouillon, Paris, 1901.
Detlef Franke :
Theben und Memphis : Metropolen im alten Ägypten, University Heidelberg Forschungsprojekt / Arbeitsgemeinschaft. Einzelpersonen, Ägyptologie (Sondersammelgebiet) 2000 – Metropolen in Ägypten, 2003.
Pierre Grandet :
Ramsès III, histoire d’un règne, Collection : Bibliothèque de l’Egypte ancienne, Pygmalion, Paris, 1993 et Juillet 1997.
Uvo Hölscher :
The temples of the Eighteenth Dynasty, excavations of Medinet Habu 2, OIP 41. University of Chicago press, 1939.
The mortuary temple of Ramses III, excavations of Medinet Habu 3, OIP 54. University of Chicago press, 1941.
The mortuary temple of Ramses III, excavations of Medinet Habu 4, OIP 55. University of Chicago press, 1951.
Harold Hayden Nelson :
Medinet Habu, University of Chicago Oriental Institute publications, v. 8-9, University of Chicago Press, Chicago, 1930 – 2009.
Siegfried Schott :
Wall scenes from the mortuary chapel of the Mayor Paser at Medinet Habu, Collection : Study in Ancient Oriental Civilization, University of Chicago Press, Décembre 1957.
Keith C.Seele:
Ramesses VI and the Medinet Habu Procession of the Princes, pp : 184-204, JNES 19, N°3, Chicago, Juillet 1960.
Rainer Stadelmann :
Das Grab im Tempelhof, der Typus des Königsgrabes in der Spätzeit, pp : 111-123, MDAIK 27, Verlag Philipp von Zabern, Le Caire, Mainz, 1971-1972.
 
¹ – D’après l’article de François Tonic, pp.24-28, Toutânkhamon Magazine N°41, Octobre/Novembre 2008.
 
    Voir beaucoup de photos sur le site :  Medinet Habou  (Wikipédia de.)

 

 

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