Les cités  du  Sumer  et  de  l’Akkad :
Éridou
 

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  Pour plus de détails voir aussi :   Le Sumer – L’Akkad

 

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   Éridou (ou Eridu ou Eridug ou Urudug du Sumérien : Er.i.dug, en Akkadien : irîtu "Maison construite au Lointain", en arabe : ʾirīdū إريدو), est aujourd’hui identifiée au site d’Abu Chahrayn (ou Tell Abou Shahrein ou Abu Shahrain ou Abu Schachren ou abū šahrayn تل أبو شهرين), Gouvernorat de Dhi Qar en Irak). Ce fut une ancienne cité Sumérienne située à un peu plus de 11 km. au Sud-ouest d’Ur et à 300 Km. au Sud-est de Bagdad. Éridou fut la plus méridionale des villes du Sud de la Mésopotamie. Eridu a longtemps été considérée comme la plus ancienne ville de Mésopotamie et les spécialistes discutent toujours sur le fait de savoir si c’est la plus ancienne ville du monde.
 
   Selon la mythologie Sumérienne, la cité fut fondée par le Dieu Sumérien nommé Enki (Dieu de l’artisanat, de l’intelligence et de la création), connu plus tard sous les Akkadiens et Babyloniens comme le Dieu Ea. Selon la Liste Royale Sumérienne, Éridou fut la première ville du monde, on peut y lire : "Quand la royauté des cieux est descendue, elle s’est installée à Eridu". On trouve le même type de légende pour Kish. Dans la mythologie Sumérienne, il est dit qu’elle fut une des cinq villes construites avant le déluge. Il semble qu’archéologiquement la cité soit bien la plus ancienne colonie Sumérienne. Elle aurait été fondée vers 4900, au début de la période Obeïd, à proximité du golfe Persique près de l’embouchure de l’Euphrate. À la fin de cette période, le site montre des signes de déclin de la ville, comme la détérioration des temples. 


 

Ruines d’Éridou aujourd’hui

 
   En raison de l’accumulation de limon sur la rive au cours des millénaires, les vestiges d’Éridou se trouve aujourd’hui à quelque distance du Golfe, exactement à Abou Shahrain. Au début d’Éridou, le temple d’Enki, qui date de vers 3800, était connu sous le nom de E’Abzu (ou Eabzu ou E.Ab.Zu "Maison de l’eau profonde") ou de Eengura (ou E-Engur-A "La maison de la colline du Grand Prêtre des eaux") et il était Situé à la lisière d’un marais d’eau douce, un Apsû (ou Abzu ou Engur), c’était le nom du mythe de l’océan souterrain d’eau douce, dans la mythologie Sumérienne et Akkadienne.
 
   On pensait alors que les lacs, sources, rivières, puits et autres sources d’eau douce, puisaient leur eau de l’Apsû. Cette période correspond au début du premier calendrier mondial de Nippur. La compagne d’Enki, est connue sous différents noms : Damgulnanna, Damkina, Ninki, Ninhursag, Uriash et elle avait un temple dans la cité, qui se nommait, le Esagila (ou E-Sagila "Maison de la dame sacrée"), à proximité de celui dédié à son époux. Des textes Babyloniens parlent aussi de la création d’Éridou, qui aurait été érigée par le Dieu Marduk, comme : "La première ville, la ville sainte, la demeure des délices des autres Dieux".
 
   Vers l’an 2500, au cours de la période des dynasties archaïques, peut-être de la Ière dynastie d’Ur, un grand palais fut construit à Éridou, et sous le règne du Roi, Amar-Sin (ou Amar-Sîn ou Amar-Su’en, 2046-2038, IIIe dynastie d’Ur) fut érigé une grande ziggourat et la ville devint un important centre religieux de l’Empire de cette dynastie. Dans les premiers siècles du IIe millénaire. Les souverains d’Isin, alors la puissance forte de la région, restaurèrent le temple et probablement organisèrent des fouilles car des tunnels ont été découverts dans le temple, mais on en ignore les raisons, peut-être cherchaient-il un trésor ?. Pendant le règne du Roi de Babylone, Hammourabi (1793-1750) le culte d’Enki fut déplacé de façon permanente à Ur. Mille ans plus tard, sous le règne de Nabuchodonosor II (605-562) le temple fut partiellement restauré, après quoi, il fut finalement abandonné et tomba en ruine.
 

Représentation du grand temple d’Enki

 

   Selon Gwendolyn Leick, Éridou fut formée à la confluence de trois écosystèmes distincts, qui abritèrent trois styles de vie. La plus ancienne colonie agraire semble avoir été fondée sur l’agriculture d’irrigation intensive. Son approvisionnement provenait de la culture de Samarra au Nord. Elle se caractérisait par la construction de canaux et de bâtiments en brique crue. La deuxième "civilisation", les pêcheurs-chasseurs du littoral de l’Arabie, étaient responsables d’un vaste secteur le long de la rive. Ils semblent avoir habité dans des huttes de roseaux.
 
   La troisième "civilisation", qui a contribué à l’édification d’Éridou était les pasteurs nomades avec leurs troupeaux de moutons et de chèvres qui vivaient dans des tentes, dans des zones semi-désertiques. Ces trois cultures semblent être retrouvées dans les premiers niveaux de la ville. L’implantation urbaine est centrée autour d’un nombre impressionnant de temples construits en brique cuite, dans une petite dépression qui a permis à l’eau de s’accumuler. Vers 2050 la ville aurait été désertée, il y a peu de preuves de l’occupation après cette date.
 
   Le site fut étudié et fouillé la première fois par John George Taylor en 1854, puis par Reginald Campbell Thompson en 1918, puis Harry Reginald Hall pour le British Museum en 1919. Des fouilles plus complètes furent effectuées entre 1946 et 1950 par le Département des Antiquités Iraq, sous la direction de Fu’ād Safar et Seton Lloyd à partir de 1948. Les premiers villages remontent à vers 4900, puis ce sont agrandis, vers 2900, pour devenir une importante ville de roseau et de maisons en briques crues, couvrant entre 8 et 10 ha. Sur le site, dix-huit sanctuaires superposés ont été répertoriés sous les fondations de la ziggourat. Ceux des niveaux inférieurs, aux murs en briques crues, ont livré une céramique monochrome, puis une poterie du type datant de la période Obeïd (Fin du IVe millénaire). Il semble que cette ziggourat construite sous le Roi d’Ur, Amar-Sin (ou Amar-Su’en ou Amarsuen, 2046-2038) soit restée inachevée. Les fouilles archéologiques n’ont pas livré d’important matériel épigraphique, mais ont montré que la ville fut abandonnée en 600 av.J.C.

Tablette en Sumérien trouvée à Éridou

 

 
   Certains spécialistes modernes, prenant la suite de David Rohl, affirment qu’Éridou, fut le premier site de la Tour de Babel, au-lieu de beaucoup plus tard, la ville de Babylone. Ils donnent comme raisons : Les ruines de la ziggourat inachevée d’Éridou sont beaucoup plus grandes et plus âgés que les autres et semblent mieux correspondre à la description de la tour biblique de Babel. Un logogramme  du nom d’Éridou en écriture cunéiforme a été interprété "Nun.Ki" "La Puissante Place", en Sumérien, mais plus tard, le même "Nun.Ki" a été réinterprété comme la ville de Babylone.
 
   Enfin beaucoup plus tard, vers 200 av.J.C, dans la version Grecque de la liste des Rois de Berossus (ou Berossos ou Berosus écrivain et astronome Grec), on lit le nom "Babylone" à la place d’Éridou qui était inscrit dans les versions antérieures, comme le nom de la plus vieille ville où "La royauté est descendue du ciel". Faute de plus de preuve indiscutable, le débat reste ouvert…

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville et son histoire voir les ouvrages de :
 
Marco Adinolfi :
Da Dūr Šarrukīn a Eridu : Tremila anni di civiltà mesopotamica, F. Sardini, Brescia, 1978.
Mudīrīyat al-Āthār al-Qadīmah al-ʻĀmmah :
Seasonal exhibition, 1949. [The sites excavated: Tell Harmal, Eridu, Jarmo, Mattar & Nippur], Printed at the Government, Baghdad, 1949.
Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève :
Il était une fois la Mésopotamie, Gallimard, Collection Découvertes, Paris, 1993.
Jean Bottéro et Barthel Hrouda :
L’Orient ancien : Histoire et civilisations, Bordas, Paris, 1991 – En Allemand : Der Alte Orient : Geschichte und Kultur des alten Vorderasien, Orbis-Verl, München, 1991-1998.
Michael D.Danti et Richard L.Zettler :
Eridu, Sumer and its city-states, Cobblestone Pub., Peterborough, 2003.
Douglas Frayne :
The royal inscriptions of mesopotamia, Early periods, Old Babylonian period, 2003-1595 B. C v. 4, Royal Inscriptions of Mesopotamia, University of Toronto Press, Décembre 1990.
Jean-Jacques Glassner et Benjamin R.Foster :
Mesopotamian chronicles, Society of Biblical Literature, Atlanta, 2004.
Margaret Whitney Green :  
Eridu in Sumerian lliterature, University of Chicago, Dept. of Near Eastern Languages and Civilizations, Aoüt 1975.
Harry Reginald Hall :
Ur and Eridu : The British Museum excavationa of 1919, British Museum, Department of Egyptian and Assyrian Antiquities, Journal of Egyptian Archaeology 9, Egypt Exploration Society, London, 1923.
A season’s work at Ur, Al-ʻUbaid, Abu Shahrain, Eridu : and elsewhere, being an unofficial account of the British Museum archaeological mission to Babylonia, Methuen, London, 1930.
Fritz Rudolph Kraus :
Sumerer und Akkader : Ein problem der altmesopotamischen Geschichte, North-Holland Publishing Company, Amsterdam, 1970.
Gwendolyn Leick :
Mesopotamia : The invention of the city, Penguin, London, 2002.
Joan Oates :
Ur and Eridu, the Prehistory, pp : 32-50, Iraq 22, vol. 22, 1960.
Fu’ād Safar, Seton Lloyd et Muḥammad ʻAlī Muṣṭafā :
Eridu, Ministry of Culture and Information, State Organization of Antiquites and Heritage, Baghdad, 1981.
Marc Van de Mieroop :
A history of the ancient near East : ca. 3000-323…, Blackwell, Oxford, 2004 – Blackwell, Malden, 2007.
Charles Leonard Woolley : (Sir)
– The Sumerians, Clarendon Press, 1927-1929 – Norton, New York, 1965 – A.M.S. Press, New York, 1970 – Barnes & Noble, New York, 1995.

 

 
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