Statuette de Roi-Prêtre
– Fin de la période d’Ourouk – Musée du Louvre |
L’histoire…….
Les Sumériens ne seraient pas d’origine Sémites (langue de type agglutinant).
Lors de leur installation, ils rencontrèrent sûrement une civilisation élaborée et solidement encrée les
Subaréens, mais leur dynamisme leur permit de s’imposer. Ils fondèrent leurs premières villes et développèrent
l’irrigation et les cultures. L’agriculture était la base de l’économie Sumérienne et les méthodes et les techniques
étaient très développées et ce bien avant le IIIe millénaire. En plus de la culture céréalière les Sumériens pratiquaient la
culture maraichère et ils avaient des vergers, des palmeraies et des potagers. La région connut aussi une importante production
de la laine et le développement de grandes industries textiles. Les lainages
d’Ur étaient très réputés. Progressivement ces cités formèrent des petits
États indépendants dirigés par un souverain (un Prêtre-Roi).
Statue d’un Roi Prêtre – Ourouk – Musée d’Iraq – Bagdad
|
La royauté semble dater de cette époque ou l’on engageait des chefs de
guerre pour diriger la population. Le terme "Lougal ou Lugal" désignait le Roi et signifiait
"Grand homme" et "Ensi" celui de Prince. De plus ce "chef politique"
qui possédait un pouvoir absolu était également un chef religieux. Comme dans la civilisation
Égyptienne il représentait le Dieu sur
terre.
Plusieurs cités-États se développèrent en parallèle :
Shuruppak (ou Shourouppak),
Éridou (ou Eridu ou Eridug ou Urudug),
Lagash (ou Al-Hiba),
Girsou (ou Girsu, Tellô aujourd’hui),
Larsa (ou Larag ou Larak),
Oumma (ou Umma ou Kissa ou kishsha),
Ourouk (ou Uruk ou Unug),
Ur (Our ou Urim) et pour
l’Akkad,
Kish (ou kiššatu) et
Nippur (ou Nibru ou Nibbur)
et bien sur la ville d’Akkad (ou Agade) qui n’a toujours pas été localisée avec précision.
Kish contrôla rapidement les voies commerciales entre Sumer et
Akkad et
Nippur fut une importante cité religieuse où résidait le Dieu Enlil (Dieu de l’air et de l’atmosphère, divinité la plus
importante du panthéon). La ville fortifiée fut entourée de remparts et était centrée sur les palais et sur le temple.
Au centre émergeait la ziggourat qui unissait le monde divin à celui des hommes.
Cette période est connue d’après la Liste Royale Sumérienne, texte écrit au XVIIIe siècle av.J.C. retrouvé près de
Nippur. Cette liste indique tous les Rois depuis l’origine.
Elle mélange aussi bien des récits légendaires que d’authentiques évènements sans qu’il soit dans certains cas possible de
distinguer les uns des autres.
C’est à Éridou, connue pour être l’une
des plus anciennes villes, que la royauté semble apparaître pour la première fois et la cité semble dominer la région.
La Liste Royale Sumérienne, reconstituée à partir de dix-huit tablettes différentes par Thorkild Jacobsen, donne
les dynasties et les noms des Rois qui ont régné sur le pays du Sumer depuis les moments les plus reculés de
Kish "où la royauté est descendue du ciel" jusqu’au
règne du Roi d’Isin,
Sin-Magir (1828-1817). Le début
de la Liste est en grande partie mythique.
Vers 2875, les Akkadiens s’emparèrent momentanément
du pays de Sumer et la royauté dominante passa à Kish.
Vers 2850 elle revint en Sumer, à Ourouk, qui groupa
le pays tout entier autour de son centre religieux. Contemporaine de Kish
et Lagash,
Oumma et Ur
s’impliquèrent dans des rivalités de territoire. Le premiers grand souverain
d’Ur connus fut : A-Kalam-Dug
(ou Akalamdug, v.2590 à v.2570 ou v.2600 à v.2580). Son nom, en Sumérien, signifie "Le Père du bon Pays".
Casque
en or trouvé dans le tombeau de Mesh-Kalam-Dug – Musée d’Irak – Bagdad
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Il fut le fils d’Our-Pabilsag (Quelques spécialistes le donnent comme le fils de
Mesh-Kalam-Dug, son successeur). Il ne figure pas sur la Liste Royale Sumérienne. Il épousa Ashusikidingira
(ou Ašusikildigira). Son tombeau (1054), également celui de son épouse, de Mesh-Kalam-Dug, ainsi que de sa cour qui l’avait
accompagné dans sa mort, fut retrouvé dans la nécropole royal entouré d’un trésor. Il contenait de nombreux objets façonnés
en or.
Mesh-Kalam-Dug (ou Meskalamdug ou Mes-kalam-dug, v.2570 à v.2560
ou v.2500 ou v.2436),
dont le nom en Sumérien, signifie "héros de la bonne
terre" fut le Roi suivant. Il ne figure pas non plus sur la Liste Royale
Sumérienne.
Le nom de ce "Roi" est également mentionné dans son tombeau (1054) et
celui de son "père" A-Kalam-Dug, avec le titre Lougal (Roi), cependant l’archéologue
Léonard Woolley suppose que ce tombeau n’était pas royal. Dans les objets
retrouvés dans celui-ci, comme cité plus haut, il y avait un magnifique casque
en or ayant appartenu au Roi. Il épousa Ninbanda (ou Skoubad ?) et son fils lui succéda.
Mesh-Ane-Pada
(ou Mésannépada ou Mesanepada ou Mesannepadda ou Mes-Anne-Padda, v.2560-v.2525).
Son nom, en Sumérien, signifie "héros
choisi par le Ciel", il est parfois appelé Nanne, succéda à son père Mesh-Kalam-Dug, comme attesté par une
inscription sur une perle en lapis-lazuli trouvée dans la cité de
Mari.
Sur la Liste Royale Sumérienne,
il est le premier Roi énuméré pour la Ière dynastie d’Ur.
Cette liste lui compte 80 ans de règne. Pour cette raison les spécialistes le reconnaissent comme le fondateur de cette
Ière Dynastie.
Il s’empara des cités de Kish, où il renversa le Roi
Mesalim (ou Me-Salim ou Meslim, v.2550-v.2530), de
Nippur et d’Ourouk
où il battit son Roi Lougal-Kitun (ou Lugal-Kitun ou Lougal-Kildou, v.2545-v.2510) et il étendit son pouvoir sur la
Basse-Mésopotamie. Il fit des cadeaux aux Rois de
Mari afin d’entretenir de bon rapport avec la cité. Il épousa peut-être Pu-Abi (ou Puabi "Le monde de mon
père") qui est indiquée en tant que "Reine". Pu-Abi, est connu en
Sumérien en tant que Skoubad, qui est aussi identifiée comme l’autre nom
de sa mère. Des inscriptions indiquent qu’elle était une "Nin", mot
Sumérien qui peut désigner une Reine ou une Prêtresse. Mesh-Ane-Pada ne
semble pas avoir été inhumé dans le cimetière royal. Il eut deux enfants : A-Ane-Pada et Mesh-Ki-Ang-Nanna qui lui succédèrent.
Tablette en écriture Sumérienne |
A-Ane-Pada (ou Aanapadda ou A’-anepada, v.2525 à v.2485)
essaya de poursuivre l’œuvre de son père. Il est connu principalement par des inscriptions sur des ex-voto. Il aurait
construit un temple au Dieu Ninhursag, à Tell el-Obed (Localité éponyme de la culture d’Obeïd) et un enclos pour le Dieu Enlil, à
Nippur. Il ne semble pas avoir été inhumé dans le cimetière royal.
Après sa mort la puissance d’Ur s’effrita peu à peu, sous les règnes de ses
successeurs qui vont perdre le contrôle de beaucoup de territoires, dont son frère Mesh-Ki-Ang-Nanna (ou Meskiagnunna
ou Mesh-Ki-Ang-Nanna ou Mes-ki-age-nuna ou Meskiag-Nuna “Le fils de Mesh-Ane-Pada“, v.2485 à v.2450). À partir de cette
époque, il semble que la dynastie de Lagash,
avec son Roi Our-Nanshe (ou
Ur-Nanshe) ait pris une certaine prédominance sur les autres cités et soit vite entrée en conflit avec
la ville d’Oumma et avec la Ière dynastie
d’Ur qui se termina vers 2430.
Our-Nanshe (ou Ur-Nanshe ou
Urnansche ou Ur-Nina, v.2520 ou 2494 à 2465 ou v.2490 à 2465 ou v.2480) est considéré
par beaucoup de spécialistes comme le fondateur de la dynastie de Lagash.
On a retrouvé plusieurs inscriptions qui mentionnent ce Roi, environ cinquante sur des tablettes d’argile, des assiettes, des
briques, des clous etc… Certaines le présentent comme un grand bâtisseur, des temples : de Nanshe ; de Gadum-Dug (Déesse
protectrice de Lagash) ; l’Ibgal (ou Ib.Gal ou (É.)IB.GAL) ; le temple de
Girsou dédié à Ningirsu ; mais aussi des remparts à
Lagash, des excavations de canaux et de la construction de statues.
Sous son règne, la ville occupa semble t-il une situation
prépondérante sur les autres cités du Sumer. Le commerce prit aussi de l’expansion en
particulier avec Dilmun (aujourd’hui le Bahreïn). Lagash, cependant, entra vite en conflit avec la ville
d’Oumma, sa grande rivale, avec qui elle se disputa la région
frontière de la Gu-Edinna et avec les derniers Rois de la première dynastie
d’Ur à qui elle prit beaucoup de leur territoire.
Le fils d’Our-Nanshe, Akurgal (v.2465 à v.2455)
lui succéda, puis les fils de celui-ci.
Relief votif perforé d’Our-Nanshe, le
représentant avec sa famille participant à la restauration du temple de Ningirsu –
Musée du Louvre |
E-Anna-Tum (ou Eannatum ou Eanatoum, v.2455 à v.2425
ou v.2445), dont le nom veut dire "Digne de l’E-Anna" (La maison du Ciel), fut l’aîné.
Il monta sur le trône de Lagash au moment ou les troupes du Roi Hadanish
de Hamazi (Iran aujourd’hui) écrasèrent l’armée d’Ur, mettant fin à la
domination de la cité. Il semble qu’il dut dans un premier temps repousser ces envahisseurs. Il mena une politique expansionniste
et affronta plusieurs coalitions comprenant l’Élam,
Kish,
Ourouk et Ur.
Il battit l’armée du Roi En-A-Kale (ou Enakalé,
v.2400-v.2370) d’Oumma, et s’empara de la ville.
Il signa finalement un traité de paix avec celui-ci, à la suite duquel pour commémorer sa victoire
E-Anna-Tum fit creuser à la frontière des deux États un canal
de démarcation sur le bord duquel il fit ériger la stèle de Mésilim dite "Stèle des Vautours".
C’est l’un des premiers documents historiques connus.
Représentation d’un soldat
Sumérien, Illustration de ©
Stéphane Lagrange
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Puis E-Anna-Tum
combattit les Élamites qui s’étaient introduit dans
la région et les chassa du Sumer.
Il prit plusieurs villes, dont Ur et
Ourouk. Au Nord, il prit
Kish dont il se proclama Lougal (Roi) et
Mari. Son
règne correspond à l’apogée de la première dynastie de
Lagash et le pays du Sumer connut alors une grande prospérité.
Malheureusement lors d’une nouvelle confrontation contre les
Élamites,
E-Anna-Tum perdit son titre de Roi de
Kish.
Il mourut sans laisser de postérité, son frère
En-Anna-Tum I (ou E-ana-tum ou Ennatoum ou Inannatum, v.2440 ou v.2425 à v.2400) lui succéda. Il fut confronté
tout de suite au soulèvement du Roi d’Oumma, En-A-Kale
(Enakale, v.2400-v.2370), qui voulut reprendre les territoires perdus. Le conflit aboutit à la défaite de
Lagash et En-Anna-Tum I fut tué au cours d’une bataille.
Le fils d’E-Anna-Tum, En-Teme-Na (ou Entemena ou En-Metena ou Enmetena,
v.2430 ou v.2400 à v.2375)
aussitôt monté sur le trône, voulut venger son père et reprit le combat. Il écrasa l’armée
d’Oumma et commémora son exploit dans une inscription gravée
sur un cône d’argile, dit "Le cône d’En-Teme-Na". Il remporta ensuite une victoire sur le Roi
d’Ourouk, Lougal-Kinise-Dudu (ou Lugal-kinishe-dudu, V.2400-v.2380)
avec lequel il signa un traité renforçant sa position politique dans le pays de Sumer. Il fut le dernier grand souverain de
Lagash. Ses successeurs ne furet pas capables de conserver leur position
de force sur la région, s’en suivit une période d’instabilité où les Prêtres prirent un grand pouvoir.
Les souverains d’Ourouk profitèrent de cette faiblesse et devinrent,
au milieu du XXIVe siècle, la plus grande puissance de la région.
À Lagash, un usurpateur monta sur le trône
(voir à Lagash),
Our-Inimgina (ou
Urukagina ou Our-Uka-Gena ou Uruinimgina ou Our-Uinim-Gina ou Uru-inim-Gina, son nom à une lecture indéterminée, v.2350 à v.2340
ou 2378 à 2371). Son avènement s’effectua dans une période de troubles sociaux. Il prétendit dans des inscriptions
d’une série de six documents avoir rétablit le bon ordre dans son pays, en éliminant l’iniquité qui y régnait.
Il y étale tous les abus qui existaient et qu’il aurait réglé aussitôt monté sur le trône. Il aurait révoqué des percepteurs
d’impôts trop nombreux et trop "gourmands".
Il aurait aussi amélioré la situation des pauvres qui étaient opprimés par les riches et
il aurait débarrassé la cité des criminels. Le règne
d’Our-Inimgina, le dernier de la Ière dynastie de
Lagash, est celui pour lequel nous disposons de la plus grande quantité
d’archives cunéiformes provenant du site de Girsou (ou
Girsu, Tello aujourd’hui), capitale religieuse du royaume. Sous son règne le conflit avec
Oumma reprit et il fut marqué par une terrible défaite de ses
armées devant celles d’Oumma et son nouveau Roi,
Lougal-Zaggesi qui établit sa domination sur le
pays du Sumer. Our-Inimgina fut semble t-il un grand
bâtisseur, on n’a notamment retrouvé des traces de commémoration pour la reconstruction de
plusieurs temples, en particulier celui de Ningirsu.
Fragment de la stèle de
Mésilim, dite : "Stèle des Vautours" Représentant la victoire
du Roi E-Anna-Tum sur la ville d’Oumma – Musée du Louvre
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Lougal-Zaggesi
(ou Lugal-Zaggisi ou Lugal-Zagesi ou Lugal-Zage-Si ou Lugalzagesi, v.2375 à 2347 ou v.2340 à 2316
ou 2359 à 2335 ou 2350 à 2318 ou 2295 à 2271 ou 2294 à 2270) dont le nom veut dire "Roi qui emplit le sanctuaire",
arriva au pouvoir à Oumma. Par à sa victoire sur le Roi de
Lagash,
Our-Inimgina (ou Urukagina ou Uruinimgina, v.2350-v.2340),
il conquit, en plus de la cité de celui-ci, la ville de
Girsou (ou Girsu, Tellô aujourd’hui),
la ville sainte du royaume de Lagash, qu’il pilla et incendia.
Avec cette victoire
Lougal-Zaggesi mit fin à la
Ière dynastie de Lagash. Il conquit ensuite
Isin,
Adab et
Kish, où il renversa Our-Zababa (ou Ur-Zababa, v.2370 à 2334).
Puis il guerroya jusqu’au Golfe Persique, il prit Ourouk et
Eridou conquérant
ainsi tout le pays Sumer, réalisant la première unification des cités
Sumériennes.
Il fit des raids jusque sur la côte Syrienne et conquit d’autres territoires
sur l’Euphrate, dont celui de la
cité de Mari qui devint vassale. Il prit le titre
de "Roi de la terre des Sumers" gouvernant 50 cités dont les plus importantes furent,
Mari,
Lagash,
Nippur, Oumma bien sûr,
Ur et
Ourouk où il fonda la IIIe dynastie
(dont il sera le seul Roi d’ailleurs) et y installa sa capitale.
Les documents contemporains pour
cette période sont encore trop fragmentaires pour permettre à des chercheurs de reconstituer les événements réels
avec une grande précision.
Son pouvoir fut relativement de courte durée et son Empire disparut rapidement
avec lui. En 2316, il fut attaqué dans sa capitale, Ourouk
par Sargon le Grand
d’Akkad (2334-2279) qui détruisit les remparts de la ville et le captura
puis l’emmena dans un carcan, dans la ville sainte de Nippur contraint
d’assister à son triomphe et l’offrit en sacrifice au Dieu Enlil. Cette chute de
Lougal-Zaggesi mit fin provisoirement à la
prépondérance des cités du Sumer sur la Mésopotamie.
Tablette
en écriture Sumérienne |
La renaissance
Sumérienne – 2142 – 2004
La chute de l’Empire
d’Akkad en 2142, permit aux différentes cités-États
de reprendre leur indépendance et la civilisation Sumérienne connut une renaissance, notamment grâce aux villes de,
Larsa,
Isin et surtout
Lagash, où son Roi
Goudéa (ou Gudea,
2142-2122) s’illustra et domina la région. Puis
Ur, où le Roi
Our-Nammou fonda la IIIe dynastie et se proclama Roi du Sumer et de
l’Akkad. Cette dynastie
d’Ur de grands guerriers reconquit tous les territoires perdus et apporta
à la région un siècle de prospérité.
Goudéa
– Musée du Louvre |
Goudéa
(ou Gudea, 2144 à 2124 ou 2142 à 2122 ou 2141 à 2122 ou 2122 à 2102 ou 2080 à 2060) succéda à son beau-père Our-Bau en tant
qu’"Ensi" Prince/Gouverneur de
Lagash, puis se proclama Roi ("lugal").
Celui-ci avait commencé à rendre à sa Principauté sa puissance d’antan en dépit de la domination des
Goutis.
Bien qu’il ait laissé un grand nombre d’inscriptions décrivant notamment la construction du temple de Ningirsu (ou Ningirsou),
le règne de Goudéa est surtout connu pour le faste et
le très fort développement que le Roi donna à la ville.
Il aurait régné sur 216.000 sujets. Son indépendance et sa puissance sont soulignées par l’expédition militaire qu’il
entreprit contre Anshan et les
Élamites ou il triompha et offrit le butin au Dieu
Ningirsu. Le Roi engagea également de grandes réformes sociales, il annula les dettes et permit aux femmes de posséder des
terres familiales. Il fut divinisé après sa mort (Peut-être dès son vivant). En
religion, il rétablit les anciennes fondations pieuses et augmenta la plupart des offrandes rituelles.
Ce fut aussi un grand bâtisseur, il reconstruisit ou édifia une trentaine de temples et de
chapelles comme à Ur,
Nippur,
Ourouk,
Adab et Bad-Tibira (ou Tubal, non encore localisée avec certitude,
il pourrait s’agir de Tell al-Madainet). Sa plus grande réalisation fut la construction du temple de Ningirsu, à
Girsou (ou Girsu,
ou Tellô aujourd’hui). On lui connait deux épouses : Geme-Shulpae (ou Geme-šulpae) et Nin-Alla (ou Nin-alla ou Ninalla), une
des filles d’Our-Bau.
Le musée du Louvre possède une collection de statues en diorite de
Goudéa, qui révèlent combien la sculpture avait atteint la
perfection. Elles représentent le souverain dans des offices religieux. Après la période de faste
que donna Goudéa à la cité, arriva une nouvelle fois la décadence et se suivirent sur le trône quatre Rois en moins de 8 ans.
D’abords son fils, Our-Nin-Girsou (ou Ur-Ningirsu ou Urningirsu ou
Ur-Nin-Girsou, 2124 à 2119 ou 2122 à 2118 ou 2060 à 2055) qui lui succéda.
Our-Nammou (ou Urnammu ou Ur-Nammu ou Namma Ur ou Ur-Namma ou Ur-Engur ou Ur-Gur,
2113 à 2095 ou 2112 à 2095 ou 2112 à 2085 ou 2048 à 2031 ou 2047 à 2030) dont le nom veut dire "Guerrier de la
Déesse Nammou (ou Nammu)" arriva au pouvoir. Ce grand Roi fut un usurpateur, il fut Gouverneur d’Ur sous le règne du Roi
d’Ourouk,
Our-Hegal (ou Utu-Hegal, 2123-2113).
On ne sait pas de quelle manière, mais
Our-Nammou lui succéda sur le trône
d’Ourouk. La nature des relations entre Our-Hegal et
Our-Nammou est mal connue. Certains spécialistes avancent qu’ils ont pu être frères ?.
Our-Nammou – Institut oriental de Chicago
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Les événements du règne d’Our-Nammou sont assez mal documentés. Après avoir fondé la IIIe dynastie
d’Ur,
il partit en campagne et soumit la région. Il prit le titre de "Roi du
Sumer et
d’Akkad" et il se fit reconnaître de ces régions dans la ville
sainte de Nippur.
Our-Nammou gouverna ainsi sur un total de 23 cités-États.
Les principales villes étant :
Ur, Éridou,
Larsa,
Lagash, Nippur et
Ourouk. Il lança
également des campagnes dans la riche vallée du fleuve Khābūr, (ou Habur, actuel
Haut-Djézireh), dans l’extrême Nord de la Mésopotamie.
On a aussi retrouvé des inscriptions à son nom à Nagar
(ou Tell Brak), en Syrie du Nord, dans la vallée du Djaghdjagh (ou Jaghjagh l’ancien Mygdonios),
qui font supposer qu’il mena des campagnes militaires jusque dans cette région.
Il souda des alliances diplomatiques en donnant ses enfants en mariage aux Rois
des États voisins.
Bien qu’il fût un Roi de nature expansionniste, il n’essaya pas de construire un immense Empire,
tel que Sargon et ses successeurs l’avaient fait. Au lieu de cela, il se
consacra à unir les villes de Mésopotamie et conforter son hégémonie. Il ne s’installa pas à
Ourouk, il établit la nouvelle capitale à
Ur et il mit en place de nombreuses réformes. Il réorganisa et centralisa
de nouveau l’administration et la juridiction et entreprit la construction d’infrastructure importantes et de nouvelles routes
commerciales furent ouvertes.
Une de ses plus grandes réalisations fut la création d’un code de lois qui visait à assurer le
bon fonctionnement de l’économie. Our-Nammou développa
l’économie par le creusement de voies fluviales et de canaux qui améliorèrent l’irrigation et replanta des dattiers.
Il réorganisa les deux ports de la ville. Ur, dont il rehaussa les
remparts, retrouva avec lui sa splendeur d’autrefois. La ville sous son règne eut une population estimée à 30.000 habitants.
Ce fut un Roi très pieux, il restaura de nombreux temples dans le pays et permit leur bon fonctionnement en
choisissant lui-même les Grand Prêtres et les Prêtresses dans les principaux sanctuaires. Sa propre fille, Ennirgalanna,
devint Prêtresse de Nanna (Dieu-lune) à Ourouk. Il fit construire un
quartier religieux dominé par une grande ziggourat en brique cuite, appelée Étemennigurru (ou Etemenigur ou É.temen.Ni.Gùr.ru),
dédiée à Nanna (Sîn en Akkadien).
Fragment de Stèle d’Our-Nammou |
À Nippur, il fit
reconstruire le temple d’Enlil. Beaucoup de spécialistes pensent qu’il fut tué sur le champ de bataille lors d’un
affrontement contre les Goutis. On a retrouvé un poème
Sumérien, "La mort d’Our-Nammou", qui nous dit que le
Roi fit une visite aux Dieux de l’Enfer suite à sa mort sur un champ de bataille où il avait été abandonné
"comme un pot broyé" (Après avoir été abandonnée par son armée).
Shulgi
(ou Sulgi ou Šulgi ou Shoulgi, 2095 à 2047 ou 2094 à 2047 ou 2047 à 1999 ou 2030 à 1983 ou 2029 à 1982) dont le
nom veut dire "Noble jouvenceau", comme son père,
Our-Nammou, vit son règne consacré à des travaux de réfection
ou de construction des temples, en particulier à Nippur. Il
adopta le titre de “Roi des quatre nations". Il créa et améliora les voies de communication du pays. En l’an 17
de son règne, il se lança dans une période de réformes très novatrices pour parer aux faiblesses de son royaume.
Il bouleversa le système judiciaire par la création d’un code de loi (Que l’on attribue aussi à son père).
Il unifia le système des impôts dans l’Empire. Il unifia l’étalon monétaire (Mine et sicle d’argent), le système des poids et
mesures (Silà) et les calendriers des principales villes du royaume. Il réorganisa l’armée et créa une administration centralisée
efficace. Il créa un système d’écoles (edubba) qui pouvaient fournir de manière uniforme la formation des fonctionnaires et il
réforma le système d’écriture.
À partir de l’an 24 de son règne, il se lança dans des campagnes militaires qui portèrent
son Empire à son apogée. Il en effectua onze dans le Nord, pour s’assurer le contrôle de la grande route qui remontait le Tigre
vers l’Arménie. Il soumit les populations
Hourrites
du Subartu (ou Soubartou, Haut-Djézireh) jouxtant le Nord de la Mésopotamie et les
Assyriens. Puis il en fit contre
Anshan qui devint un État vassal et l’Élam
où il prit Suse.
Shulgi – Musée du Louvre |
Durant les six dernières années de son règne, il s’épuisa de campagnes militaires
en campagnes militaires. Il tenta d’arrêter la progression de la
Dynastie de Simashki
(en Élam) en mariant une de ses filles, Nialimmidashu
au Roi de Warahshe, Libanukshabash
(v.2080-v.2060) et une autre au Roi d’Anshan.
Il mourut victime d’une épidémie (ou assassiné). Une inscription nous a livré le nom
de son épouse principale, Geme-Su’ena et ses trois fils vont lui succéder.
Amar-Sin (ou Amar-Su’en ou Amar-Sîn
ou Amar-Sina ou Amar-Suena ou Amarsuen ou Amarsuena ou Bur-Sin, 2047 à 2038 ou 2046 à 2038
ou 1982 à 197 ou 1981 à 1973) dont
le nom veut dire "Taurillon de Sîn" fut l’aîné. Il continua l’œuvre de son père et ce fut sous ces deux Rois que
le Sumer atteint son apogée. Il réussit à agrandir
l’Empire en y annexant une partie de l’Assyrie
et en s’emparant d’Assur.
Il défendit le pays en menant une campagne dans les montagnes de
l’Élam, et deux autres contre les
Hourrites menaçants à la frontière
Nord de l’Empire.
Chaque province fut tenue de verser, par un système de redevance, un impôt partagé entre la capitale
administrative Ur et la capitale religieuse
Nippur.
Les pays vassaux versaient quant à eux un tribut sous forme d’argent ou de bétail. Malgré son organisation la IIIe dynastie
d’Ur s’effondra progressivement.
Il épousa Abi-Simti (ou Abî-Simti), sans enfants ce fut son frère lui succéda. Il faut noter que quelques spécialistes donnent
Shu-Sin comme son fils.
Shu-Sin (ou Su-Sin ou Shu-Suen ou Gimil-Sîn
ou Šu-Sin ou Schu-Suen ou Schu-Sin, 2038 à 2029 ou 2037 à 2029 ou 2036 à 2028 ou 1974 à 1962 ou 1973 à 1965 ou 1972 à 1964)
dont le nom veut dire "Celui de Sîn", deuxième fils de
Shulgi succéda à son frère. Dès son intronisation il dut faire face à des révoltes contestant son autorité au Nord.
Il défit Zabshali
(Royaume se trouvant dans la région du Zagros central). Sous son règne, se profila aussi une menace sur la frontière de l’Ouest.
Dés le début du IIIe millénaire des tributs sémites
d’Amorrites
(Que les Sumériens appelaient "mar-tu" nomades)
franchirent périodiquement l’Euphrate.
À la fin du IIIe millénaire, cette immigration se développa considérablement par l’Ouest
du pays, mettant les Sumériens sur la défensive.
Shu-Sin fit
alors renforcé le mur défensif de 275 kms de long érigé par son père. Il maria une de ses filles
à un Prince d’Anshan
et une autre au fils du Roi de Simanum (Ville près de
l’Assyrie), mais ce dernier fut chassé de son trône et
Shu-Sin vint alors en
aide au beau-père de sa fille et mata la rébellion. Il épousa Kubatum et son
frère Ibbi-Sin lui succéda. Pour lui aussi quelques spécialistes
prétendent qu’Ibbi-Sin fut son fils.
Ibbi-Sin (ou Ibbi-Sîn,
2029 à 2004 ou 2028 à 2004 ou 2027 à 2003 ou 1964 à 1940) dut à son arrivée au pouvoir lutter contre les
Hourrites (Royaumes du Hourri
et du Mitanni).
En Élam, il soumit
Suse, puis le pays
d’Anshan qui s’étaient révoltés, mais usé
par des guerres incessantes l’Empire s’effrita. Face à la faiblesse du pouvoir central les cités-États reprirent
leur indépendance. En 2027-2026, ce fut la ville
d’Eshnunna, sous l’impulsion de Ilushu-Ilia (2027- ?),
puis Suse,
Lagash et
Oumma. À la même époque les
Amorrites envahirent le Sumer, coupant les routes
entre la capitale et le reste du pays.
Les guerres provoquèrent la destruction des récoltes et la famine dans le
royaume. Ibbi-Sin envoya le Gouverneur de
Mari et
Isin,
Isbi-Erra (ou Ishbi-Erra, 2017-1985)
pour se procurer du grain à Isin, mais les
Amorrites coupèrent la route et empêchèrent le
ravitaillement. Isbi-Erra profita de cette
situation et en 2017, il proclama l’indépendance de la région et repoussa les envahisseurs
Amorrites.
Il s’empara de Nippur, de
Kish et
d’Eshnunna et avec l’aide des
Élamites il conquit les États voisins.
Pour contrer la menace Ibbi-Sin ordonna la
construction de fortifications importantes dans les villes, comme à Ur,
mais ces efforts ne suffirent pas à arrêter les raids et à garder l’Empire unifié.
En 2009, la Mésopotamie fut coupée en deux : Ibbi-Sin
à Ur et
Isbi-Erra à
Isin.
En 2007-2006, le Roi Élamite,
Kindattu s’allia à
Suse, il traversa le Tigre et attaqua
Ur où
Ibbi-Sin s’était retranché.
Isbi-Erra vint au secours de la cité et la
sauva de l’invasion, mais en 2004, la coalition lança une nouvelle offensive et prit la ville qui fut mise à sac.
Ibbi-Sin fut fait prisonnier et exilé en
Anshan.
Il fut le dernier Roi de la dynastie.
Des chercheurs, comme James Vincent Kinnier Wilson et William H.Stiebing Jr, ont suggéré que les famines dans
l’Empire, qui ont débuté son déclin, n’étaient pas que la cause des guerres, mais aussi d’un réchauffement climatique qui
engendra une sécheresse à long terme et que même sans les guerres la IIIe dynastie d’Ur se serait effondrée.
William H.Stiebing Jr écrit, preuves à l’appui de cette affirmation :
"Les études des sédiments du golfe Persique indiquent que le débit du Tigre et l’Euphrate a été très
faible autour de 2100-2000 […] Tous ces dommages causés à l’agriculture aboutissent à des pénuries alimentaires".
À partir de cette époque la région passa sous la prédominance des
Amorrites, qui créèrent plusieurs royaumes depuis les
citées dont ils avaient le contrôle. Tous ces petits royaumes finirent eux-mêmes par tomber vers 1750, du fait de
l’invasion de la région par Hammourabi
(1792-1750), Roi de la Ière dynastie Amorrite
de Babylone.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur le Sumer voir les ouvrages de :
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– Sumer, Assur, Babylone, Musée du Petit Palais, Association française d’action artistique, Petit Palais, Paris, 1981.
Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève :
– Il était une fois la Mésopotamie, Gallimard, Collection Découvertes, Paris, 1993.
Jean Bottéro et Barthel Hrouda :
– L’Orient ancien : Histoire et civilisations, Bordas, Paris, 1991 – En Allemand :
Der Alte Orient : Geschichte und Kultur des alten Vorderasien, Orbis-Verl, München, 1991-1998.
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– Les premières civilisations, Peuples et civilisations, Volume 1, ibrairie Felix Alcan, Paris, 1926-1929-1930-1938 –
PUF, Paris 1950.
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– The architecture of Iraq in the third millennium B.C (Mesopotamia), Akademisk Forlag :eksp. DBK, 1977,
Sumer and the Sumerians, Cambridge University Press, Copenhagen, Avril 1991.
– Sumer and the Sumerians, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 1991.
Igor Diakonov :
– On the area and population of the Sumerian city-State, pp : 77–93, VDI , 1950.
Francis Joannès, Cécile Michel et Luc Bachelot :
– Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Robert Laffont, Paris, Septembre 2001.
Samuel Noah Kramer :
– L’Histoire commence à Sumer, Arthaud Éditeur, Paris, 1957 – Flammarion, Collection Champs, Paris,
Réédition oct. 1993.
– The Sumerians, Their history, Culture and Character, University of Chicago Press, Chicago, 1963.
– Le berceau de la civilisation, Time-Life international, cop.,
Paris, 1968 – New-York, Amsterdam, 1969.
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– Sumerer und Akkader : Ein problem der altmesopotamischen Geschichte, North-Holland Publishing
Company, Amsterdam, 1970.
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– Mesopotamian civilization : The Material Foundations, Cornell University Press, Ithaca, New-York,
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Willem Hendrik Philibert Römer :
– Sumerische, Königshymnender Isin-Zeit, E.J.Bill, Leyde, 1965.
Gebhard J.Selz :
– Sumerer und Akkader, geschichte, gesellschaft, kultur, C.H. Beck, München, 2005 – Beck’sche Reihe Wissen,
München, 2005.
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– Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes, Les Éditions du Cerf, Paris, 1971.
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– Ancient near eastern history and culture, Longman, New York, 2003.
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– The Sumerians, Clarendon Press, 1927-1929 – Norton, New York, 1965 – A.M.S. Press, New York, 1970 –
Barnes & Noble, New York, 1995.
Pour la bibliographie de chaque ville voir sur les pages de celles-ci.
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