Quelques Reines importantes :
Moutemouia
 

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Sommaire
 

Ses titres
Son origine
Son histoire
Ses représentations
Sa sépulture
Sa famille
Bibliographie

 
 
{La Déesse [Mout] est dans la barque divine}

 

Ses titres

 

{Princesse héréditaire (iryt-pt) ; Épouse du Dieu (Hmt-ntr) ; Noble Dame (rpatt) ; Grande Épouse Royale (Hmt-nswt wrt) ; Dame des Deux Terres (nbt tAwy) ; La Grande Épouse Royale sa bien-aimée (Hmt-nswt wrt meryt.f) ; Grande des éloges (wr.t-hzw.t) ; Douceur d’amour (bnr.t-mrw.t) ; Maîtresse [Souveraine] de Haute et de Basse-Égypte (Hnwt-Smaw-mHw) ; Maîtresse [Souveraine] de tous les pays (Hnwt nt tAw nbw) ; Mère du Dieu (mwt-ntr) ; Mère du Roi (mwt-nswt)}.

 


 

Statue de Moutemouia située
contre la jambe du
colosse Sud des
Colosses de Memnon

Son origine

 
   Moutemouia (ou Mutemwiya ou Mutemoueya ou Moutemouiya ou Mutemwia – Mwt-m-wjA) est une Reine d’Égypte de la XVIIIe dynastie. Les avis des spécialistes sur son origine sont encore aujourd’hui très partagés. Pour beaucoup, elle fut probablement la fille de l’Empereur du Mitanni, Artatâma I (v.1410-v.1400) et d’une concubine. Cependant, comme le précise Betsy Morrell Bryan du fait qu’à aujourd’hui aucun début de preuve ne vient étayer cette théorie, elle est pour l’instant écartée. Les égyptologues la situent plus de lignée non royale (ou d’une autre branche que celle de son époux) et originaire de la ville d’Akhmîm.
 
   Il est supposé par d’autres, comme Cyril Aldred, un lien de parenté avec le notable Youya, dont la famille jouera un rôle politique prépondérant sous les règnes suivants. Ce qui lui ferait également un lien de parenté avec la Reine Tiyi I, épouse de son fils Amenhotep III. Youya porta les titres de Père Divin, Surintendant aux chevaux du Roi et Prophète de Min. Son épouse Touya (ou Tyouyou) fut Supérieure du harem de Min. On ne sait donc rien de certain concernant les origines de Moutemouia. De plus, son nom même est inconnu, car d’après quelques égyptologues, dont Claire Lalouette, elle aurait pris le nom de Moutemouia à son mariage. Agnès Cabrol identifie Moutemouia à la Reine Néfertari, une autre épouse attestée de Thoutmôsis IV.

 

Son histoire

 
   Elle fut une des épouses du Roi Thoutmôsis IV (1401-1390), sûrement après l’an 7 de son règne. Christian Leblanc, se basant sur l’âge à sa mort de Thoutmôsis IV et celui (pour lui) d’Amenhotep III à sa prise de pouvoir, propose avant le couronnement du Roi ou au plus tard en l’an 1 ?. Moutemouia, n’est mentionnée dans aucun document du règne de Thoutmôsis IV. Joyce Anne Tyldesley avance qu’elle fut la quatrième épouse et qu’elle ne sortit de son harem, où elle vivait recluse, que lorsque son fils Amenhotep III (1390-1353) prit le pouvoir. C’est sur cette constatation qu’elle pense que la Reine fut d’origine modeste, donc une épouse de moindre importance. L’égyptologues à sûrement raison car on peut voir sur un monument datant du début du règne de Thoutmôsis IV que c’est Néfertari (une autre épouse du Roi) et non Moutemouia qui est mère de l’héritier représenté derrière le Roi. Est-ce à dire que le Prince Amenhotep n’était pas encore né, mettant ainsi les deux Reines dans une position hiérarchique différente, ou c’est Agnès Cabrol qui à raison et ce sont les deux même femmes ?.
 
   Beaucoup de spécialistes avancent que Moutemouia assuma la régence d’Amenhotep III lorsqu’il monta sur le trône à l’âge de dix/douze ans. Le jeune Roi s’appuyant sans doute sur sa mère pour protéger ses intérêts. Il faut toutefois souligner qu’à aujourd’hui, aucune preuve tangible d’une régence n’existe. Plus tard son fils justifiera la relation physique de sa mère avec le Dieu Amon, et de ce fait sa naissance divine, dans un récit gravé sur les parois du temple de Louxor. Il est certain que Moutemouia a reçu beaucoup titres (Voir ci-dessus), mais celui de Grande Épouse Royale ne lui fut attribué qu’après la mort de son époux, peut-être quand elle devint Régente de son fils.


 

Représentation de Moutemouia
dans le temple de Louxor

 

Ses représentations

 
   D’après Betsy Morrell Bryan, les monuments de Moutemouia seraient tous contemporains du règne de Thoutmôsis IV. Aujourd’hui l’image la plus connue de cette Reine est une statue en granit noir, qui la montre dans une barque, qui fut mise au jour à Karnak et reconstituée à partir de plusieurs fragments. On peut la voir au British Museum. À l’origine elle devait être située probablement dans son temple funéraire. La statue, malheureusement brisée, présente une femme assise dans la barque, et que la Déesse Mout protège de ses ailes, devant une table d’offrande. Christian Leblanc pense que cette statue immortalise la visite de la Reine à Louxor, auprès d’Amon, pour la naissance divine de son fils. Le texte qui accompagne dit :

"Noble Dame, grande de faveurs et de charme, douce d’amour lorsqu’elle ceint le bandeau, qui empli la salle par la fragrance de son parfum, la Grande Épouse du Roi, aimée de lui, quoi qu’elle puisse dire on le fait pour elle, la souveraine du Sud et du Nord, la Mère du Dieu….. la Mère du Roi, Moutemouia”.

 
  On trouve aussi une représentation d’elle et un récit dans les scènes sur trois registres dépeignant la naissance divine d’Amenhotep III que celui-ci fit graver dans le temple de Louxor à l’Est de la deuxième antichambre. Joyce Anne Tyldesley nous précise que ces scènes seraient grossièrement copiées sur celles du temple de Deir el-Bahari. On y voit au troisième registre Moutemouia assise sur un lit orné de têtes de lion, recevant les attentions d’Amon qui s’est déguisé pour la circonstance en Thoutmôsis IV. Moutemouia, dont l’état de grossesse est visible dans le second registre, est tenue par Khnoum et Isis qui lui font respirer le souffle de la vie. Le texte qui accompagne les représentations dit :

"Après avoir transformé son propre corps [Amon] sous la forme de celui de son époux, le Roi de Haute et Basse-Égypte, Menkhéperourê [Thoutmosis IV]… Il la trouva, alors qu’elle se reposait dans la beauté de son palais. Elle se réveilla à l’odeur du parfum du Dieu et s’exclama devant lui. Il vint vers elle directement…"

 
   Toujours à Louxor, on peut la voir dans une chambre latérale du temple, à l’Ouest du sanctuaire. La souveraine est représentée, avec Amenhotep III sur le mur Nord, accomplissant un rituel devant Mout et Amon. Sur la rive occidentale de Thèbes, Moutemouia est citée dans la documentation provenant du palais de Malkata (ou Malqata ou Malqatta). On y voit son cartouche, précédé du titre Mère du Roi, sur une étiquette de jarre à vin, mais malheureusement sans aucune indication de date. Dans le Ramesseum fut mis au jour une moitié de statue en diorite qui représente la Reine assise sur un trône. De chaque côté de ses jambes sont gravés ses titres sur deux colonnes. Il faut toutefois souligner que le nom de la souveraine y fut gravé par dessus un autre nom, ce qui laisse à penser que cette statue ne fut pas la sienne originellement.


 

Barque de Moutemouia qui supportait
sa statue assise – British Museum

 
   Dans le temple dédié à Amon-Rê à Kom el-Hettan (ou Kôm el-Heittan) on sait que plusieurs statue de Moutemouia étaient en place dans l’enceinte du monument. Malheureusement il n’en subsiste plus de trace aujourd’hui, peut-être que des nouvelles fouilles sur le site permettront de les mettre au jour. Enfin parmi d’autres encore, il faut souligner, toujours sur ce site, qu’elle est avec sa fille Tiâa (ou Tiya) également montrée sur les colosses de Memnon, érigés par Amenhotep III, à côté de la jambe gauche.
 
  On a trouvé que très peu de représentations de la Reine dans les sépultures de nobles contemporains. Elle fut représentée dans la tombe TT226, à Sheikh Abd el-Gourna, d’un Scribe royal dont le nom est inconnu. Elle est montrée en compagnie de son fils dans une scène peinte sur du stuc. La Reine se tient debout derrière lui qui est assis sur son trône et lui tient l’épaule. Ce tableau reconstitué est aujourd’hui au musée de Louxor.

 

Sa sépulture

 
   La date de la mort de Moutemouia est inconnue, mais elle a sûrement vécu assez longtemps pendant le règne de son fils compte tenu de sa présence sur les colosses de Memnon, mais aussi d’une mention sur une étiquette d’une fiole de vin du palais de Malkata (ou Malqata ou Malqatta) d’Amenhotep III à Thèbes. Christian Leblanc avance qu’elle resta près de lui pendant une bonne dizaine d’années. L’emplacement de sa tombe est toujours inconnu, ainsi que celui de sa momie. Cependant on suppose qu’elle fut enterrée à Thèbes dans la vallée des Reines.


 

L’union d’Amon et de Moutemouia
– Temple de Louxor

 

Sa famille

 
   Moutemouia eut six ou sept enfants avec Thoutmôsis IV :
 
 Cinq ou six fils :

Amenhotep III qui succéda à son père à l’âge de dix/douze ans, Moutemouia assurant peut-être la régence.
Amenemhat qui est représenté dans la tombe TT64, à Sheikh Abd el-Gourna, qui fut celle de sa nourrice Hekerneheh (ou Heqaerneheh). Selon Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, il mourut jeune et fut enterré dans le tombeau de son père, KV43, dans la vallée des Rois, avec une de ses sœurs (ou demi-sœurs), Tanoutamon (ou Tente-Amon), où on retrouva sa momie et ses vases canopes.
Âakhéperourê.
Ahmose.
Maiherpéra (ou Maïherpra).
Saatoum (ou Siatum) dont certains spécialistes affirment qu’il fut le fils de la Reine Iaret (ou Varet ou Jaret ou Ouadjet). Son existence est connue d’une inscription trouvée sur la momie de sa fille, Nebetâh (ou Nebetia).

 
  Une fille :

Tiâa (ou Tiya ou Tyâa – TjAA). Des vases canopes, qui probablement lui appartiennent, furent mis au jour dans la vallée des Reines. Elle mourut sous le règne de son frère Amenhotep III. Sa sépulture d’origine n’est pas connue. Sa momie fut inhumée de nouveau au cours de la XXIe dynastie dans la nécropole de Sheikh Abd el-Gourna, avec les momies de plusieurs autres Princesses royales : Aménémopet (ou Imenemipet ou Amenemipet) et Phyihia (ou Petepihou), qui sont probablement ses demi-sœurs, ses nièces Nebetâh (ou Nebetia) et Henouttaneb (ou Henutiunu) et des Princesses aux noms de : Tataou, Méritptah, Sithori et Ouiay. Sa momie portait une identification avec le titre de "Fille du Roi Menkhéperourê (Thoutmôsis IV)". Le tombeau fut découvert en 1857. Elle est surtout connue par des "étiquettes funéraires" découvertes par Alexander Henry Rhind dans la nécropole Thébaine. Son nom est également attesté dans le Fayoum où sa nourrice, une dénommée Dame Meryt, épouse de Sobekhotep, le Gouverneur de la région, exerçait une importante fonction au sein du harem.  
 

Bibliographie

 
   Pour plus d’autres détails sur la Reine voir les ouvrages de :
 
Betsy Morrell Bryan :
The reign of Thutmose IV, University Microfilms, Ann Arbor : 1984 – Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1991.
Christelle Gautron et Jean-Claude Goyon :
Position et influence des mères, épouses et filles royales de l’avènement d’Amenhotep III au règne d’Horemheb, Langues, histoire et civilisations des mondes anciens. Egyptologie, Université Lumière, Lyon 2, 2003.
Michel Gitton :
Les divines épouses de la XVIIIe dynastie, Centre de recherches d’histoire ancienne, Annales littéraires de l’université de Besançon, Les Belles-Lettres, Paris, 1984 et 1989.
Jean-Claude Goyon et Mohamed A.El-Bialy :
Les Reines et Princesses de la XVIIIe dynastie a Thèbes-Ouest, Atelier national de reproduction des thèses, Lille, 2005.
Rolf Gundlach :
Mutemwia, Lexikon der Ägyptologie. Bd. 4, Otto Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 1982.
Christian Leblanc :
Reines du Nil au Nouvel Empire, Bibliothèque des introuvables, Juillet 2010.
Alexander Pridik :
Wer war Mutemwija ? : Untersuchungen zur geschichte der 18. Dynastie, K.Mattiesens Buchdruckerei, Dorpat, 1932.
Joyce Anne Tyldesley, Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
Chronicle of the Queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd, Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre, Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008.

 

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