L’histoire……
Le
Mitanni (ou Mitani ou Mittani ou Mittannis ou Ma-i-ta-ni ou Mi-ta-un-ni, en
Égyptien : Naharina
(Nhrn), en
Assyrien :
Hanigalbat ou Khanigalbat ou Ḫanilgabat, voir
Les différents noms dans
Mitanni, civilisation) n’est pas issu comme beaucoup
de royaumes et d’empires d’une région ou d’une ville
qui aurait pris la prédominance à une période de l’histoire antique, il fut la résultante de l’unification de plusieurs
petits royaumes, tous d’origine, de culture et de religion Hourrites.
Cependant il faut quand même souligner que le Mitanni originel était principalement centré autour du triangle du fleuve
Khābūr (ou Habur, actuelle Haut-Djézireh), dans l’extrême Nord-est de la Syrie, à l’Est de l’Euphrate.
Au début du XIVe siècle av.J.C ses frontières incluront aussi le Nord de la
Mésopotamie.
Les sources les plus anciennes sur l’existence du peuple Hourrite qui fut
à l’origine de la fondation de l’Empire, remontent au XXIVe siècle, avec des textes datant de l’origine de la ville
d’Ebla (Au Sud
d’Alep),
qui les mentionnent pour la première fois. Puis dans ceux de
Nuzi (ou Nuzu, aujourd’hui le site de
Yorghan Tepe, au Sud-ouest Kirkouk en Irak,), ville faisant partie du royaume
d’Arrapha
qui fut soumis au Mitanni.
Les Hourrites sont aussi mentionnés dans des textes
retrouvés à Ougarit et
dans les archives Hittites
d’Hattousa (Bogâzköy aujourd’hui). On en trouve
également une trace dans les annales de
Mari qui mentionnent des souverains
de cités-États dans le Nord de la
Mésopotamie
ayant à la fois des noms Hourrites et
Amorrites, sans doute lorsqu’ils migrèrent
vers le Sud et qu’ils formèrent des petits royaumes en Syrie, dans la vallée du fleuve Khābūr (ou Habur, l’actuelle
Haut-Djézireh) et dans le Nord de la
Mésopotamie.
(Voir l’histoire
des Hourrites). Après la chute des royaumes
Amorrites et de
Babylone, mise à sac en 1595 par le Roi
Hittite,
Moursil I (ou
Mursili, v.1620-v.1590), les Hourrites devinrent l’ethnie dominante
dans la région. Pratiquement dans le même temps, des luttes de succession chez les
Hittites et l’affaiblissement
de l’Empire Assyriens, laissèrent la
Haute-Mésopotamie sans domination
majeure, ce qui aida à la montée en puissance d’une dynastie Hourrite.
À partir de 1600/1580, tous les petits royaumes
Hourrites dans le Nord-est de la Syrie, le Nord de la
Mésopotamie et ceux du pays de
Canaan, fusionnèrent
progressivement et n’en formèrent qu’un que les textes
Assyriens appelèrent : Hanigalbat
(ou Khanigalbat), le Mitanni. Les archives des Empereurs du Mitanni nous sont inconnues et aucune source
historique de leur règne n’a été retrouvée à aujourd’hui. Pour reconstituer l’histoire du pays, les spécialistes s’appuient sur
les écrits des royaumes voisins : Les Assyriens,
les Hittites et les
Égyptiens,
dont "les lettres d’Amarna",
(Important recueil retrouvé dans la cité, de la correspondance des souverains
Égyptiens avec leur voisins,
généralement composées en Akkadien,
la langue diplomatique à cette époque). Au Mitanni originel, centré autour du
triangle du fleuve Khābūr, se joignirent rapidement certains anciens petits royaumes axés sur une grande ville, comme
Nuzi à l’Est et
Alep à l’Ouest.
Le Mitanni eut deux capitales : Taidu (ou Taite) et Wassouganni (ou Washshukanni ou Ushshukana dans les textes
Assyriens),
qui n’a jamais été découverte, mais certains spécialistes l’ont identifié au site de Tell Fahariya, qui
correspond à la ville de Sikanni à l’époque
Assyrienne.
Statue d’Idrimi (104 cm) – British Museum |
Les
souverains du Mitanni étaient souvent mentionnés comme "Roi des guerriers Hourrites" (Roi des Hommes Hurri).
Le premier dont le nom nous est connu est Kirta (v.1550 à v.1530 ou v.1500 à v.1490). Il est
attesté aujourd’hui par
la grande majorité des spécialistes pour avoir fondé la dynastie de souverains qui régna sur le Mitanni, mais
aucune inscription contemporaine de son époque n’a été trouvée. Seule une histoire épique sur une
tablette “L’épopée de Keret” ou “Légende de Keret“,
mise au jour à Ougarit,
sous forme romancée et qui met en scène le Dieu Baal et la Déesse mère Astarté, raconte l’histoire de sa vie. On ne sait donc
rien de son existence (Voire même pour certains si il a vraiment existé).
Ses deux fils vont lui succéder. Le premier fut, Shuttarna I (ou Šuttarna ou Suttarna, v.1530 à v.1510 ou
v.1490 à v.1480 ou v.1490 à v.1470). On ne connait rien non plus de sa vie. On est juste sur de son existence par un sceau
à son nom, trouvé à Alalah,
qui le dit "Fils de Kirta", reprit par
Shaushtatar I, un des ses successeurs.
Il est aussi mentionné dans des sources
Égyptiennes comme le Prince de
Naharina (Nhrn).
Son frère lui succéda.
Parattarna (ou Parrattarna
ou Barattarna ou P/Barat(t)ama,
v.1510 à v.1480 ou v.1500 à v.1470 ou v.1480 à v.1450 ou v.1470 à v.1450), fut le fils cadet de Kirta.
Quelques historiens le donnent comme le fils de Shuttarna I ?.
Le Mitanni commença sous son règne à prendre de l’importance. Comme pour ses prédécesseurs, aucun document contemporain à son
règne n’a encore été retrouvé, mais, comme le précise Michael C.Astour, son nom est mentionné dans une tablette en cunéiforme
provenant de la ville de Nuzi
(ou Nuzu) : "Lorsque le Roi est mort Barattarna et a été incinéré". Il est évoqué dans des textes
comme suzerain des villes
d’Alalah à l’Ouest et de
Nuzi à l’Est. Son règne coïncida avec
une période de déclin de l’Empire Hittite
et l’inactivité relative de l’Égypte.
Il profita de cette situation pour étendre son royaume vers l’Ouest en occupant
Alep.
Certains spécialistes pensent qu’il ne fait qu’un avec le souverain suivant
Parshatatar.
On retrouve plus d’information sur lui dans la biographie du
Roi d’Alalah,
Idrimi
(v.1490-v.1450) qui semble régner à la même période. Parattarna y est mentionné comme souverain des
Hourrites et qu’il aurait fait
d’Idrimi
son vassal. Ce dernier qui était aussi Roi
d’Alep fut
remplacé sur le trône de la ville par un Prince Mitannien. Parattarna fut peut-être le souverain Mitannien qui entra en
contact pour la première fois sur l’Euphrate avec les
Égyptiens, lors de la première
campagne de leur Roi Thoutmôsis III (1479-1425),
en l’an 22/23 de son règne. Cette proposition est faite en comparant les
chronologies des deux pays, mais il est aussi tout à fait possible que ce fut son fils, Parshatatar qui fit le premier
cette rencontre. Dans les textes Égyptiens
il n’est pas mentionné son nom, mais seulement le fait qu’il était souverain de
Naharina (Nhrn), par contre on sait que Parshatatar affronta
l’Égypte.
Parshatatar
(ou Paršatar ou Parsashatar ou Parsatatar ou Parsa(ta)tar, v.1460 à v.1440 ou v.1450 à v.1440
ou v.1470 à v.1450)
est très mal connu comparativement à différents souverains de cette période dans d’autre région. Pour certains
spécialistes il est même possible qu’il soit le même que Parattarna (ou Barattarna), qui est normalement donné
comme son père. Aucun document contemporain à son règne n’a encore été retrouvé,
mais son nom serait mentionné sur une tablette provenant
de Nuzi.
Toutes les informations le concernant nous viennent de dirigeants de pays contre qui il lutta comme
l’Égypte du Roi
Thoutmôsis III (1479-1425).
Des événements provenant de la biographie du Roi
d’Alalah,
Idrimi
(v.1490-v.1450), qui devint vassal du Mitanni, sont peut-être à porter à son crédit plutôt qu’à celui de son père.
Ce qui est sûr c’est que le Mitanni sous son règne connut un grand essor
et s’étendre aussi loin qu’Arrapha à
l’Est.
Cliquez sur un nom de ville ou de région |
Cependant, l’Empire naissant va devoir faire face aux ambitions territoriales de ses voisins, ce qui va
amener Parshatatar à se heurter aux
Égyptiens. Ces derniers, qui venaient de se délivrer des envahisseurs
Hyksôs, désiraient affirmer leurs prétentions sur les
régions contrôlées par le Mitanni. Les premiers Rois qui avaient attaqué les territoires sous domination Mitannienne étaient
Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24) et
Amenhotep I
(Aménophis I, 1525-1504), qui parvinrent jusqu’à l’Euphrate, mais n’assurèrent pas une vraie domination.
Ce fut réellement avec le Roi
Thoutmôsis III
(1479-1425) que l’Égypte
rétablit sa puissance au Proche-Orient. La première action de celui-ci, en l’an 22/23 de son règne,
à la tête de 10.000 soldats, fut faite pour écarter la menace que faisait peser une coalition fomentée par le
Mitanni, autour du Prince de Kadesh,
de 330 Princes Syriens.
Thoutmôsis III l’emporta à la
bataille de Megiddo (14/15-04-1457) où
après un siège de sept mois la reddition de la ville lui livra la
Palestine.
Parshatatar dans le même temps étendit sa domination du bord du Zagros à l’Est, jusqu’à la Méditerranée à l’Ouest et aux
monts Taurus au Nord-Ouest, englobant le
Kizzuwatna, jusqu’aux alentours de
Kadesh (ou Qadesh) et du
Hana au Sud, ainsi que sur toute la
Syrie du Nord, l’Assyrie
et le Kurdistan Irakien.
Thoutmôsis III poursuivit vers
Tyr
et brisa au cours des trois campagnes suivantes qu’il entreprit, la branche occidentale de la coalition avec la prise de
Kadesh.
La Syrie fut totalement conquise par la mer au cours de sa sixième campagne, le Mitanni perdit là ses premiers territoires.
Les ports Phéniciens se
soumirent au cours de sa septième campagne, un an plus tard. Ces guerres d’Asie débouchèrent inévitablement,
en l’an 33 de Thoutmôsis III, à une
confrontation directe avec le Mitanni de Parshatatar. L’armée
Égyptienne transporta des bateaux
fluviaux, construits à Byblos,
à travers le désert de Syrie afin de franchir la barrière constituée par l’Euphrate qui protégeait le Mitanni.
Les
Égyptiens atteignirent
Qatna à l’Est de l’Oronte, puis
franchirent le fleuve. Ils remontèrent vers le Nord, ravageant la région de
Karkemish, puis retournèrent sur l’Oronte.
Parshatatar fut cependant loin d’être vaincu, il contrôlait l’intérieur de la Syrie du Nord jusqu’au
Nuhashshe (ou Nukhashshe ou Nuhasse ou Nuhašša, région au Sud
d’Alep), ainsi
que les régions côtières du
Kizzuwatna, jusqu’au royaume d’Alalah
à l’embouchure de l’Oronte et
Thoutmôsis III, pour avoir une réelle
domination, dut encore le combattre. En l’an 35 de ce dernier (1444), Parshatatar, qui avait toujours le soutien de ses vassaux,
souleva une grande armée et engagea les
Égyptiens aux environs
Alep.
Statue de Thoutmôsis III
Kunshistorisches Museum – Vienne
|
Comme d’habitude pour un souverain
Égyptien,
Thoutmôsis III se prévalut
d’une victoire totale, mais selon l’égyptologue
Donald
Bruce Redford cette affirmation est suspecte en raison, d’après lui, de la très petite quantité de prises lors
des pillage. Plus précisément, les annales de
Thoutmôsis III à Karnak indiquent qu’il n’y
eut qu’un total de dix prisonniers de guerre. En fait il aurait simplement
combattu les Mitanniens dans une passe et ces derniers auraient immobilisé son armée.
Cependant, si l’on admet que Parshatatar fut le vainqueur, celui-ci ne reçu pas le tribut des
Hittites après cette campagne, ce qui pour
Redford, semble indiquer que
l’issue de la bataille était en faveur de
Thoutmôsis III. Les campagnes suivantes du Roi
Égyptien servirent à soumettre la région
et à repousser les frontières de l’Égypte
jusqu’à l’Euphrate, arrêtant ainsi pour un temps l’expansion du Mitanni qui de plus était pressé au Nord par les
Hittites de l’Empereur
Tudhaliya I
(ou Touthalija ou Duhalijas, v.1430-v.1420). Ce dernier avait profité de la situation et reprit à Parshatatar le
Kizzuwatna et
l’Arzawa.
Le fils de Parshatatar, lui succéda.
Shaushtatar I (ou Shaushatar ou Sausatatar ou Shanshatat ou Šauštatar, v.1450 à v.1410 ou v.1440 à v.1415 ou v.1440 à v.1410) succéda à son père et dès le début de son règne il reprit sa politique de conquêtes, ne
craignant absolument pas ni les Égyptiens,
ni les Hittites.
Toutefois il choisit d’agrandir son royaume plutôt vers l’Est, vers
l’Assyrie, et non pas sur le territoire que
contrôlaient ces derniers. Il conforta son emprise sur des villes comme :
Nuzi
et Arrapha, puis il prit et mit à sac
Assur, la capitale
Assyrienne et lui imposa sa suzeraineté.
Il ramena à Wassouganni les portes en or et argent du palais royal. Ce haut fait n’est mentionné que dans
un document Hittite. Certains
spécialistes, dont Cord Kühne, pensent que la campagne de Shaushtatar I eut lieu sous le règne de Assur-Nadin-Ahhe I
(ou Aššur-nādin-ahhē, 1435-1420) qu’il remplaça par le frère de celui-ci, Enlil-Nasir II (1420-1414).
Stèle de Shaushtatar I |
Il semble que Shaushtatar I bénéficia d’une supériorité militaire grâce à
l’utilisation du chars de guerre à deux roues. Un texte, qui décrit
l’entraînement des cheveux pour la guerre, a été trouvé dans les archives de la capitale
Hittite,
Hattousa.
Shaushtatar I reconquit ensuite les terres perdues par son père. Il remporta des grandes victoires qui lui permirent
d’avoir de nombreux royaumes vassaux comme :
Alep,
Alalah,
Karkemish,
le Kizzuwatna,
le Hana
et Ougarit, entre autres.
Sur une lettre de Shaushtatar I qui a été découverte à
Arrapha,
son sceau montre des héros et des génies ailés luttant contre des lions et d’autres animaux, ainsi qu’un soleil ailé.
Ce style, avec une multitude de chiffres répartis sur l’ensemble de l’espace disponible, est considéré comme typiquement
Hourrite. Un deuxième sceau, appartenant à
Shuttarna I, mais utilisé par Shaushtatar I, retrouvé à
Alalah, montre un style
Akkadien plus traditionnel.
Cette réémergence de l’Empire du Mitanni Hourrite
va faire connaître aux Hittites
d’Arnouwanda I (ou Arnuwanda, v.1420-v.1400) une perte de territoire et un déclin temporaire.
Fort de ses réussites, n’ayant toujours pas renoncé à laissé les
Égyptiens garder le contrôle de
la Syrie méridionale qui était encore dans leur sphère d’influence, Shaushtatar I chercha à étendre le pouvoir du Mitanni plus
au Sud. Il devint donc inévitable pour lui, s’il voulait continuer son expansion, de
combattre les Égyptiens.
Le Mitannien poussa alors les Princes des villes
Phéniciennes à la révolte.
Malgré l’avantage pour le Mitanni que la
Palestine ait une importante
population Hourrite à l’époque, qui détestait les
Égyptiens, la guerre semblait difficile à
gagner. Thoutmôsis III fit prendre la voie le
long de la côte à son armée pour aller écraser la révolte de deux cités dans la plaine de l’Arka, à cette occasion le souverain
s’empara du port d’Arqata près de
Tripoli du Liban.
Puis il prit et ravagea Tunip (ou Tounip) et sans attendre il tourna ensuite son attention vers trois garnisons
Mitanniennes qui se situaient autour de la ville de
Kadesh. Cependant la forte résistance
de celles-ci poussa Thoutmôsis III à
renoncer à prendre la cité qui était pourtant un point stratégique. Cette campagne de l’an 42 du Roi, en demi-teinte,
montre les limites de la puissance
Égyptienne. Elle fut la dernière de ce Roi sur cette région.
Tablette d’argile en cunéiforme trouvée à Nagar. Elle montre
le sceau d’un dirigeant de Nuzi nommé Shaushtatar, qui écrit que ce sceau sera, à partir de maintenant,
utilisé par Tushratta – Musée de Deir ez-Zor – Syrie
|
Le fils de
Thoutmôsis III,
le Roi Amenhotep II arriva au pouvoir et voulut
préserver la domination de son pays sur la
Syrie/Palestine face
à l’expansionniste Mitanni. Il réalisa deux (ou trois) campagnes dans cette région pour maintenir les
conquêtes Égyptiennes.
En l’an 7 de son règne, les affrontements avec Shaushtatar I se soldèrent par une expédition contre la coalition de chefs de
la région de Takhsy (ou Tikhsy, entre l’Oronte et l’Euphrate). Sept d’entre eux furent exécutés par
Amenhotep II lui-même, à coups de massues.
En l’an 9, une nouvelle expédition lui assura une emprise sur le Mitanni, ce fut la dernière qui opposa les deux puissances,
car au cours d’une phase de planification d’attaque Shaushtatar I décéda. Son fils, lui succéda.
Artatâma I
(ou Artatama, v.1410 à v.1400 ou v.1400 à v.1375) arriva sur le trône après le règne relativement long de son père Shaushtatar I. N’ayant pas l’étoffe d’un
guerrier, ou simplement conscient de son infériorité, il chercha un allié puissant en la présence des
Égyptiens.
Il proposa alors un traité de non agression au Roi
Amenhotep II et offrit la division
pacifique des terres contestées en
Syrie/Palestine.
Une résolution pacifique du vieux conflit entre les deux royaumes aurait pu alors se transformer en une alliance politique et
militaire, mais Amenhotep II pensa qu’il
s’agissait d’une ruse de la part du Mitannien et refusa l’offre. On sait peu de chose sur Artatâma I qui n’a pas laissé
d’inscription. Selon l’interprétation moderne de rares sources disponibles, la fin de son règne fut marquée par un
grave affaiblissement de l’Empire du Mitanni qui subit l’invasion des
Hittites de Tudhaliya II (ou Touthalija
ou Duhalijas, v.1400- ?).
À cette même période, le nouveau Roi
d’Égypte,
Thoutmôsis IV (1401/00-1390)
opta pour une politique différente de son père et fut le premier souverain du
Nouvel Empire à
établir des relations amicales avec le Mitanni, l’ancien ennemi.
Thoutmôsis IV
voyait en ce traité de paix le moyen de contrecarrer l’avancée des
Hittites,
le Mitanni pouvant servir de tampon entre eux et son pays. Le traité fut scellé
par le Roi d’Égypte en épousant
Moutemouia
(ou Mutemwiya ou Mutemoueya ou Moutemouiya), peut-être une fille d’Artatâma I et d’une concubine.
Comme le précise William L.Moran, le rôle de
Thoutmôsis IV dans l’ouverture de
l’Égypte vers l’ancien rival le Mitanni,
fut documenté quelques décennies plus tard dans une lettre
d’Amarna (EA29), composée par
un autre Empereur du Mitanni, Tushratta, lettre qui fut adressée à
Amenhotep IV (ou Akhenaton, 1353/52-1338),
petit-fils de
Thoutmôsis IV. Cette
missive semble indiquer que
Thoutmôsis IV supplia (7 fois consécutives)
l’Empereur Artatâma I de lui donner une de ses filles en mariage. Attitude qui semble étrange compte tenu que c’était
l’Égypte
à l’époque qui était en position de force. Il serait donc plus logique que ce fut l’inverse, le Mitannien cherchant une alliance.
Sous le règne d’Artatâma I et celui de son fils Shuttarna II les relations entre les deux puissances vont devenir très amicales
et le Mitanni va même devenir le premier allié de
l’Égypte.
Tablette
d’argile en cunéiforme d’Alalah, citant le Roi Niqmepa et l’Empereur du
Mitanni Shaushtatar I – British Museum
|
Shuttarna II
(ou Šuttarna ou Suttarna, en Akkadien :
Su-tar-na, v.1400 à v.1385 ou v.1400 à v.1380 ou v.1400 à v.1375 ou v.1375 à
v.1357), fils d’Artatâma I, lui succéda. Il poursuivit la politique
d’alliance avec l’Égypte.
Il donna une de ses filles, Giloukhepa
(ou Gilukhipa ou Kirgipa ou Kilu-Hepa), en mariage au Roi
Amenhotep III (1390-1353)
en l’an 10 du règne de celui-ci. Ce fut le frère de la Princesse, le futur Empereur
Tushratta, qui
fut le négociateur au nom de son père pour arranger cette union. Pour cette occasion,
Amenhotep III fit faire une série spéciale de
scarabées commémoratifs de son mariage avec la Mitannienne. Il y fut enregistré que la Princesse fut escortée
par 317 femmes du palais de son père. Cependant
Giloukhepa ne fut jamais
Grande Épouse Royale
(Hmt-nswt wrt) et resta une épouse secondaire.
Shuttarna II fut reçu en personne à la cour
d’Égypte et des lettres amicales,
de l’or et de somptueux cadeaux furent échangés entre les deux États. Ces alliances avaient surtout pour but de lutter contre le
Nouvel Empire
Hittite de Tudhaliya II
(ou Touthalija ou Duhalijas, v.1400- ?), qui menaçait le Mitanni et menait des campagnes contre
le Kizzuwatna,
avec lequel il passa une alliance, l’Arzawa,
puis contre
Alep
qu’il détruisit. Malgré ces pertes importantes pour le Mitanni, la création d’un grand Empire
Hittite, ne survécut pas à Tudhaliya II.
Ses vassaux attaquèrent de tous les côtés et sa capitale
Hattousa fut prise et brûlée.
Shuttarna II reprit alors la main sur ces territoires au successeur de Tudhaliya II,
Hattousili II (ou Hattusili, ? -v.1355).
De nombreux spécialistes avancent que ce fut sous le règne de Shuttarna II que l’Empire Mitannien atteignit
son apogée en terme de puissance et de prospérité. Outre sa fille
Giloukhepa, Shuttarna II eut trois fils
qui lui succédèrent dans des circonstances douteuses et un quatrième,
Biria Waza, qui fut de vers 1355 à 1347, Gouverneur de la province d’Ube, dont la ville principale était
Damas et de Kumidi,
cité de Palestine qui
est identifiée aujourd’hui au site de Kamed El-Loz, dans la Bekaa-Ouest, au Liban.
La date du décès de Shuttarna II n’est pas certaine, toutefois ce qui est sûr c’est qu’en
l’an 30 du règne d’Amenhotep III (soit 1360),
il était déjà mort puisque son fils
Tushratta est nommé comme
le Lugal (souverain) dans la lettre d’Amarna
(EA17) échangée avec l’Égypte.
Amenhotep III – Musée du Louvre
|
Artashumara (ou Artaššumara ou Artassumara ou Artashshumara ou
Artassumas, v.1385 à v.1380 ou v.1380 ou v.1375 à v.1370 ou 1357 à 1354) fut le fils aîné de
Shuttarna II. Il entrera semble t-il en conflit pour le pouvoir
avec son frère. Il fut assassiné par un certain Ud-Hi (ou Oud-Hi ou Uthi). Quels étaient les objectifs de cette conspiration ?,
nous n’avons à ce jour aucune information exacte, mais nous savons qu’Ud-Hi plaça sur le trône le frère d’Artashumara, Tushratta.
Il est possible que le nouveau souverain ne fût en réalité qu’un enfant, utilisé comme prête-nom, mais ce n’est qu’une hypothèse.
Ainsi que l’est celle avancée par certains spécialistes, d’une implication de la cour
Égyptienne
d’Amenhotep III (1390-1353), qui aurait
été liée au complot. Certain historiens ne comptent pas ce souverain au règne éphémère, voire peut-être inexistant ?.
Tushratta (ou Tušratta
ou Toushratta ou Touchratta, en
Akkadien : lugal
KurḪa-ni-gal-ba-at Tu-uš-e-rat-ta,
v.1380 à v.1350 ou v.1370 à v.1350 ou 1354 à 1340), fut le deuxième fils
de Shuttarna II. Héritier mineur du trône,
il semble qu’il fut en conflit pour le pouvoir avec son frère. Il est traditionnellement
compté comme successeur du règne éphémère d’Artashumara qui aurait été assassiné
par un certain Ud-Hi (ou Oud-Hi ou Uthi). Il prit pour femme, Yuni (ou Juni),
une Princesse Égyptienne.
Elle lui donna une fille, Tadukhepa
(ou Taduhepa ou Tadoughepa ou Daduhepa ou Tanuhepa ou Tanu-Hepa ou Tanu-Ḫepa, en
Égyptien : Ta-du-pa –
TAdwpA, "L’aimée de Khepa", en
Hourrite : Tadu-Hepa
(ou Tadukhipa), en Akkadien :
Ta-du-he-pa-at), qui âgée de 12/15 ans, fut en l’an 36 de son règne une des épouses du Roi
d’Égypte
Amenhotep III (1390-1353),
puis à la mort de ce dernier elle fut l’épouse du Pharaon
Amenhotep IV (ou Akhénaton, 1353/52-1338).
Giloukhepa
(ou Gilukhipa ou Kirgipa ou Kilu-Hepa), la sœur de Tushratta, avait été aussi une des
épouses d’Amenhotep III,
mais la suite de ce mariage reste très obscure comme en témoigne des lettres
d’Amarna, dont celle EA 17.
Dans cette dernière, que l’on date de l’an 34
d’Amenhotep III, Tushratta demanda au
souverain Égyptien ce qui ce passait
avec sa sœur, y aurait-il eut un problème ?, car celui-ci lui sollicita en mariage une autre Princesse. Ce fut peu de
temps après que Tushratta envoya sa fille.
Giloukhepa ne
fut plus jamais mentionnée dans les courriers entre les deux puissances, on ignore ce qu’elle devint.
Lettre sur une tablette d’argile de Tushratta à Amenhotep III
– British Museum
|
Comme pour tous les souverains du Mitanni, les dates de règnes de cet Empereur sont
très controversées. Ce fait est encore plus vrais pour Tushratta où quelques égyptologues, dont
Hans Wolfgang Helck, partant
de l’âge qu’aurait eut la Princesse
Tadukhepa à son mariage, avancent une
nouvelle théorie. Ils pensent que
Tadukhepa
naquit pendant l’an 21 ou 25 du règne d’Amenhotep
III, soit vers 1369 ou 1365. Tushratta aurait eu à cette époque entre 11 et 15 ans, ce qui le ferait naître vers
l’an 10 à 14 du règne d’Amenhotep III,
soit vers 1380 ou 1376. Helck
prétend donc que Tushratta débuta son règne entre l’an 15 et 18, soit vers 1375 ou 1372.
Cette proposition se heurte toutefois à deux problèmes importants. Le premier se trouve dans une des
lettres d’Amarna, qui note que dans la 10e
année du règne d’Amenhotep III (1380),
c’est Tushratta qui servit de négociateur, pour son père
Shuttarna II,
auprès du souverain Égyptien pour marier
sa sœur Giloukhepa.
C’est l’année où Helck prétend
qu’il serait né ?.
Deuxièmement la chronologie des souverains
Égyptiens de la
XVIIIe dynastie, est loin, elle aussi,
de faire l’unanimité. En effet celle-ci est très contestable en raison des incertitudes sur les circonstances entourant
l’enregistrement d’un lever héliaque de l’étoile Sothis, qui sert comme point de départ à sa mise en place.
Le débat reste donc ouvert. Tushratta qui avait sûrement été utilisé au départ
comme un souverain fantoche par Ud-Hi (ou Oud-Hi ou Uthi), peut-être du fait de son jeune âge, réussit
à s’emparer du pouvoir en faisant tuer ce dernier.
Il reprit les relations diplomatiques avec
l’Égypte annulées après la mort
d’Artashumara (lettres d’Amarna – 17-29).
Dans sa première lettre (SR 17), il précisa qu’il envoyait le butin d’une campagne militaire contre le
Hatti à son "frère" Nimmureya
(Amenhotep III).
Dans une lettre ultérieure (EA 21) il est souligné à Tushratta que
l’ambassadeur d’Égypte
et son interprète furent très bien reçus ainsi que les riches cadeaux. Le Mitannien était donc très attentif à maintenir
de bonnes relations avec l’Égypte, dont
pourtant le pouvoir était sur déclin dans le Nord de la
Palestine. Selon l’égyptologue
Joann Fletcher
à la mort d’Amenhotep III, des dirigeants
étrangers communiquèrent leur chagrin, comme Tushratta qui disait :
"Lorsque j’ai appris que mon frère Nimmureya
(Amenhotep III) était allé à son sort,
ce jour-là, je m’assis et pleurai. Ce jour-là je ne pris aucune nourriture, je ne pris même pas pris l’eau".
Le Mitanni, à la fin du règne de Tushratta, n’eut plus une très longue histoire. Il s’écroula et perdit tous
ces territoires sous les assauts de ses anciens vassaux :
Les Assyriens,
menés par leur Roi
Assur-Uballit I (1366-1330) et surtout la dernière dynastie
Hittite,
menée par Souppilouliouma I
(1355-1322), qui par ses conquêtes territoriales créa un Empire. Au début de son règne il envahit l’Ouest de la
vallée de l’Euphrate et conquit
l’Amourrou
(Liban), Ougarit,
Alalah et
Kadesh (ou Qadesh) sur l’Oronte, il attaqua
toutes les régions de la Méditerranée et prit
Alep
qui devint vassale. Tushratta, qui n’était que faiblement soutenu par
l’Égypte, fut directement attaqué
par Souppilouliouma I qui
envahit le Mitanni et lança une campagne contre le
Kizzuwatna, qu’il annexa.
Durant cette période la nation
Hittite
fut, avec l’Égypte, l’État le plus
puissant du Proche-Orient.
Tushratta ne put réagir et dut éviter l’affrontement. Il fomenta alors des révoltes
avec les grandes cités de la région afin d’affaiblir
Souppilouliouma I. Mais celui-ci en représailles
s’attaqua aussitôt de nouveau au Mitanni et mena son armée directement au cœur de l’Hanigalbat. Il
prétendit avoir pillé la région et avoir rapporté en butin, des captifs, des bovins, des ovins et des chevaux. Tushratta fut
obligé de fuir et laissa sa capitale Wassouganni (ou Washshukanni ou Waššukanni ou Ushshukana dans les textes
Assyriens) sans défense, mais
Souppilouliouma I
ne parvint à prendre la ville. Puis, Tushratta fut assassiné par un groupe dirigé par un de ses fils, son autre fils,
Shattiwaza, l’héritier légitime du trône, prit lui aussi
la fuite.
Bas-relief
représentant des archers Assyriens – Nimrud
|
Artatâma II
(ou Artatama, v.1350 ou v.1350 à v.1335), le troisième fils de Shuttarna II,
qui prétendait lui aussi au trône, saisit l’occasion de l’assassinat de son frère Tushratta
et prit le pouvoir avec son fils Shuttarna III (v.1350 à v.1345), à Wassouganni.
Certains spécialistes avancent qu’Artatâma II ne serait pas un fils de
Shuttarna II et qu’il
serait d’une lignée rivale, peut-être même pas de la famille royale. Son règne fut éphémère, car dès sa prise de fonction
il dut faire face au souverain Assyrien,
Assur-Uballit I
(1366-1330) et celui des Hittites,
Souppilouliouma I (1355-1322).
Artatâma II et les Rois de Syrie/Palestine
sollicitèrent de l’aide auprès de leur allier l’Égypte
et son Pharaon Amenhotep IV (ou
Akhénaton, 1353/52-1338). Cependant ce dernier plus en proie à régler des problèmes religieux intérieurs,
envoya aucune aide. La correspondance entre les Rois de
Kadesh et
de l’Amourrou
avec l’Égypte conservée
dans les "lettres d’Amarna"
nous informent sur les relations diplomatiques à cette période.
Souppilouliouma I put
alors mener une campagne fructueuse contre le Mitanni. La chute de celui-ci entraîna celle de la partie Nord de la Syrie,
notamment des villes alliées de l’Égypte.
Selon de nombreux historiens, Amenhotep IV aurait
toléré l’invasion de la cité commerciale
d’Ougarit
et celle de Kadesh sans intervenir
pour les défendre. Une forte influence des
Assyriens en Mitanni semble être
la raison pour laquelle les Hittites n’eurent
pas une domination totale sur le pays. Ils s’employèrent alors à soutenir les Mitanniens
contre les Assyriens qui avaient
des vues sur les mêmes territoires qu’eux. Quelques spécialistes avancent qu’Artatâma II eut deux fils : Shuttarna III et
Shattuara I (ou Šuttarna,
v.1320-v.1300), qui furent des souverains suivants.
La fin du Mitanni
Shattiwaza (ou Shattiwazza ou Šattiwazza ou Schattiwazza, v.1350 à v.1320
ou v.1340 à v.1310)
voit la lecture de son nom très contestée. Comme le précise Hatice Gonnet, Mat(t)iwaza et Kurtiwaza sont aussi proposés. Il
fut un autre fils de Tushratta, et normalement son successeur légitime,
mais dans la débâcle qui suivit l’assassinat de son père, il fut lui aussi forcé de fuir et il se réfugia dans
un premier temps à Babylone,
en laissant le pouvoir à son "oncle"
Artatâma II et son fils
Shuttarna III. Il regagna ensuite la cour de
l’Empereur des Hittites,
Souppilouliouma I (1355-1322), qui lui accorda
l’asile et où il épousa une de ses filles, Mouwatti (ou Muwatti).
Le souverain Hittite lui promit de le
remettre sur le trône du Mitanni et il chargea son fils Piyassilis (ou Piyashshili) avec son armée d’aider le Mitannien.
Shattiwaza fort de cette nouvelle alliance, avec l’aide du Prince
Hittite,
mena ses soldats jusqu’aux abords de son royaume. D’après des sources
Hittites,
Piyassilis et Shattiwaza traversèrent l’Euphrate à
Karkemish.
Ils marchèrent ensuite contre Irridu, en plein centre du Khābūr (ou Habur, actuelle Haut-Djézireh),
entre Qattara et Taidu (ou Taite dans les textes
Assyriens), qu’ils prirent,
ainsi que Harran,
puis ils s’installèrent à Irridu. Le traité entre
Souppilouliouma I et
Shattiwaza est l’une des sources principales qui nous renseigne sur l’histoire de cette époque. Artatâma II décédé,
Shuttarna III s’installa lui, dans la capitale Wassouganni (ou Washshukanni ou Waššukanni ou Ushshukana dans les textes
Assyriens).
Durant la période de troubles qui suivit, l’Empereur
d’Assyrie,
Assur-Uballit I
(1366-1330) envahit le Royaume d’Alzi (ou
Alshe, haute vallée de l’Euphrate) et vers 1345, il marcha sur Wassouganni. Bien que Shuttarna III
fut son vassal et sous sa protection, il lui refusa l’entrée de la ville.
Assur-Uballit I
encercla alors la cité et l’assiégea. Les habitants préférant dépendre des
Hittites
plutôt que des Assyriens,
leurs anciens sujets, demandèrent de l’aide au Prince Piyassilis et Shattiwaza toujours à Irridu. Ces deux derniers
acceptèrent et tournèrent leur armée vers Wassouganni. Durant tout le trajet ils poursuivirent les
Assyriens sans jamais qu’il n’y ait
de réelles confrontations.
Ils libérèrent la ville et Shattiwaza fut rétabli sur son trône. Il devint le seul souverain du
Mitanni, mais son royaume ne se limitait plus qu’aux vallées du Khābūr et de plus, il
était sous la tutelle de Souppilouliouma I.
Pour son effort Piyassilis reçut de son père le territoire d’Ashtata (Ouest de l’Euphrate), avec comme cités principales
Karkemish,
Ekallāté et
Terqa,
villes qui appartenaient au Mitanni. Peut après son père le nommera Roi de
Karkemish :
“Et toutes les cités du pays de Karkemish, Mazuwati, Murmurik, Shipri, ……… Je les donne à mon fils”.
(Extrait du traité entre Souppilouliouma I et
Shattiwaza).
En fait, comme nous en informe Gernot Wilhelm, ce fut
l’intégralité du territoire Mitannien situé à l’Ouest de l’Euphrate qui passa sous contrôle des
Hittites et qui semble avoir été gouverné par
Piyassilis.
Trois souverains d’Assyrie ont été
nommés Adad-Nirâri. Cette stèle représente l’un d’eux. |
Shattuara I (ou Šattuara ou Šuttarna ou Shuttuara, v.1320 à v.1300
ou v.1310 à v.1270 ou v.1305 à v.1274) arriva au pouvoir à la mort de
Shattiwaza. Son origine est incertaine, certains
spécialistes pensent qu’il fut son fils, d’autres son frère, d’autres encore qu’il était le second fils d’Artatâma II ?.
Rien ne vient confirmer à aujourd’hui telle ou telle proposition. Un texte de l’Empereur
d’Assyrie,
Adad-Nirâri I (1308-1275)
raconte comment il enleva au Mitanni les pays du Tigre et du Khābūr en se proclamant "Roi de
l’univers" (sharru rabû), et au début du texte "comment le Roi Shattuara I
se rebella et commit des actes d’hostilité contre lui". Il dit avoir capturé, Shattuara I et l’avoir amené à
Assur, où il lui aurait fait
prêter allégeance. Puis
Adad-Nirâri I l’aurait autorisé à retourner au Mitanni, contre un tribut qu’il devrait verser régulièrement.
Shattuara I eut un fils qui lui succéda.
Wasashatta (ou Wasašatta ou Wasasatta, v.1300 à v.1280),
dès son arrivé au pouvoir à la mort de son père
Shattuara I, voulut se libérer de la tutelle
Assyrienne
et se rebella. N’étant pas de force face à l’armée
d’Adad-Nirâri I (1308-1275),
il demanda de l’aide aux Hittites.
Ces derniers vont le trahir en acceptant son or, sans jamais l’aider (Annales
d’Adad-Nirâri I).
Les Assyriens
écrasèrent sans peine Wasashatta et prirent la capitale Taidu (ou Taite dans les textes
Assyriens), ainsi qu’un nombre
important de villes dont : Wassouganni (ou Washshukanni ou Waššukanni ou Ushshukana dans les textes
Assyriens),
Amasakku (Sa localisation exacte est inconnue. Khaled Nashef la situe entre Al-Hasaka et Ra’s al-‘Ayn au Nord de la Syrie),
Hurra, Kahat (ou Tell Barri),
Nabula (ou Girnavaz), Shuduhu (Dont l’emplacement n’est pas identifié avec certitude),
Shuru (Elle aussi n’est pas identifiée avec certitude, peut-être la cité de Savur au Nord de Tur-‘Abdin) et
Irridu (ou Tell Bender en plein centre du Khābūr (ou Habur, actuelle Haut-Djézireh), qu’ils détruisirent totalement
et selon la légende ils auraient semé du sel dessus. La diffusion du sel sur les villes conquises symbolisait une malédiction
sur les nouvelles éventuelles habitations.
L’épouse et les enfants de Wasashatta furent emmenés avec d’autres prisonniers et un énorme
butin à Assur.
On ne sait pas ce que devint Wasashatta, mais il est probable qu’il se soit échappé car il n’est pas mentionné
dans les prisonniers. Certains spécialistes pensent qu’il serait resté le souverain d’un petit État du Mitanni, appelé
Shupria (ou Shubria ou Arme-Shupria). Ce petit royaume nous est connu à partir de sources
Assyriennes.
Il était situé en Arménie, au Sud-ouest du lac de Van,
en bordure de l’Ourartou.
Bien qu’Adad-Nirâri I
ait conquis le cœur du Mitanni entre le Balikh et le fleuve Khābūr (ou Habur, actuelle Haut-Djézireh),
il ne semble pas avoir traversé l’Euphrate, et
Karkemish continua de faire
partie de l’Empire Hittite.
Wasashatta eut un fils, Shattuara II qui lui succède.
Shattuara II (ou Šattuara ou Šuttarna
ou Shuttuara, v.1280 à v.1270 ou v.1280 à 1267 ou v.1265 à v.1260), comme son père
(ou son oncle selon certains spécialistes), Wasashatta, voulut
se libérer des Assyriens. Il se révolta
avec l’aide des Hittites et des
nomades Ahlamu (ou Aḫlamû "vagabonds"
ou Akhlamû-Araméens
ou Ablamu-Arameens).
Son armée avait été bien préparée et il lui avait donné l’ordre de ne pas affronter directement les
Assyriens,
mais d’occuper tous les cols et les points d’eau, de sorte que l’armée
Assyrienne
souffre de la soif au cours de son avance. Cependant la coalition fut malheureusement écrasée par l’armée
Assyrienne
de l’Empereur Salmanasar I
(1275-1245). Des inscriptions de celui-ci mentionnent :
"Qu’il aurait tué 14.400 hommes et que les survivants furent rendus aveugles
et renvoyés au Mitanni (?), que 9 temples fortifiés et 180 villes furent détruits
et transformés
en tas de ruines. Salmanasar abattit comme des moutons les armées des hittites et de leurs alliés Ahlamu".
Ce qui est sûr c’est que les villes de Taidu (ou Taite dans les textes
Assyriens) et Irridu, en plein centre
du Khābūr (ou Habur, actuelle Haut-Djézireh), entre Qattara et Taidu, furent prises,
de même que toute la région entre les monts Kashiari (ou Kaššiari ou Kaschiari ou Kašiari ou Tur Abdin) sur les contreforts
Sud-ouest du Zagros et Eluhat, et celle située entre les forteresse de Sudu et Harranu et
Karkemish sur l’Euphrate.
Avec ses victoires,
Salmanasar I put imposer sa domination jusqu’à cette dernière ce qui mit fin au royaume du Mitanni.
Une autre inscription mentionne la construction d’un temple dédié au Dieu Adad à
Kahat
(ou Tell Barri), qui dut, de ce fait, avoir été occupée un temps assez long.
Quelques historiens prétendent qu’un certain Jiar, fils de Shattuara II aurait régné ?,
mais nous n’avons, à ce jour, pas de trace de ce dernier.
Le Mitanni, province Assyrienne
Suite
aux victoires de
Salmanasar I une partie de la population du Mitanni fut déportée à
Assur,
asservit au travaux forcés. Il devint la "province
Assyrienne d’Hanigalbat".
Cette province fut dirigée par le Grand-vizir
Assyrien,
un certain Ili-Ippada, qui était peut-être un membre de la famille royale et
qui prendra le titre de Roi (Sharru) du Hanigalbat.
Des documents administratifs mentionnent l’orge attribué "aux hommes déracinés", déportés du Mitanni.
Par exemple, Méli-Sah, le Gouverneur de la ville de Nahur, qui est identifiée au site de Tell Fekheriyeh,
près de Tell Halaf (Aujourd’hui en Syrie du Nord), reçut l’orge qui fut distribué aux personnes déportées de Shuduhu
"en tant que semences, aliments pour leurs bœufs et pour eux-mêmes". Afin de protéger la province, les
Assyriens
construisirent une ligne de fortifications à la frontière avec les
Hittites sur la rivière Balikh.
Ili-Ippada résidait dans le centre administratif
Assyrien
construit à Tell Sabi Abyad, au Nord-est de la Syrie, dans la vallée du Balikh.
Pendant cette période, les Assyriens
bénéficièrent d’un contrôle non seulement politique et militaire, mais aussi commercial car, par exemple, sous
Salmanasar I on a retrouvé
aucun document privé de transaction portant un nom Hourrite.
Sous l’Empereur
Assyrien,
Toukoulti-Ninourta I
(ou Tukulti-Ninurta, 1245-1208) de nombreuses déportations eurent à nouveau lieu dans l’Est de
l’Hanigalbat, semble t-il pour servir de main d’œuvre à la construction d’un nouveau palais à
Assur.
Comme les inscriptions royales parlent d’une invasion du Hanigalbat par un souverain
Hittite,
il se peut qu’il y ait eu une nouvelle rébellion, qui fut sévèrement matée. Tell Sabi Abyad, siège du gouvernement
fut abandonné entre 1200 et 1150. Sous l’Empereur
Assyrien, Assur-Nirâri III (1204-1198),
puis vers 1100, sous l’Empereur
Téglath-Phalasar I
(1116-1077), les annales cunéiformes
Assyriennes
mentionnent les attaques sur le Haut-Euphrate d’un ennemi que les
Assyriens appellèrent les Mosques
(Mushki ou Moushkis ou Mushku, les
Phrygiens et d’autres tribus dont les
Gasgas (ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske).
L’Hanigalbat fut envahi et ne revint plus jamais dans l’Empire
Assyrien,
il devint par la suite totalement
Araméen et la langue
Hourrite se perdit petit à petit.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur l’histoire du Mitanni voir les ouvrages de :
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