Les grandes batailles de l’antiquité :
Siège de Naxos –
Bataille de Ladé
 

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                Siège  de  Naxos Printemps
499

 

Présentation

 
   Le siège de Naxos (ou Náxos, en Grec : Πολιορκία της Νάξου, en Persan : محاصره ناکسوس), île Grecque de la mer Égée appartenant aux Cyclades, se déroula en 499 av.J.C. Ce fut une tentative avortée de prendre l’île de Naxos, par le Tyran de Milet, Aristagoras (En Grec : Αρισταγόρας ο Μιλήσιος  Aristagoras de Milêtos), opérant avec le soutien, et au nom de l’Empire Perse du Roi Darius I le Grand (522-486). Cette attaque devait déclencher le conflit appelé les Guerres Médiques, qui finalement durera de 499 à 479 av.J.C. Aristagoras avaient été contactés par des aristocrates exilés de l’île, qui cherchaient à la regagner.

Darius I – Bas-relief de Persépolis –
Musée National Archéologique
de Téhéran

 

 
   Voyant là une occasion de renforcer sa position dans Milet, le Tyran demanda de l’aide à son suzerain, le Roi Perse Darius I, et au Satrape de Lydie, qui gérait la région, Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I) pour conquérir Naxos. Les Perses consentir leur aide et fournirent des trirèmes sous le commandement de l’Amiral Mégabate (ou Megabates). Les habitants de Naxos furent avertis de l’attaque et fortifièrent leur île qui résista au siège quatre mois. Le corps expéditionnaire bien que dûment installé pour le siège, sans succès, à court d’argent fut contraint de retourner en Asie Mineure. Dans la foulée de cette expédition désastreuse, Aristagoras incitera l’ensemble d’Ionie à la rébellion contre Darius I. Révolte qui s’étendra à la Carie et à Chypre et qui se terminera à la bataille de Ladé, où les Perses seront définitivement vainqueur sur la flotte Ionienne. Pratiquement la seule source sur la révolte Ionienne nous est parvenue de l’historien Hérodote (Historien Grec, 484-v.425).

 

Le contexte

 
   Dans les âges sombres de la Grèce qui suivirent l’effondrement de la civilisation Mycénienne, un nombre important de Grecs émigra vers l’Asie Mineure et s’y installa, fondant des colonies. Ces colons étaient de trois groupes tribaux : les Eoliens, les Doriens et Ioniens. Ces deniers s’installèrent sur les côtes de Lydie et de Carie. Les cités d’Ionie restèrent indépendantes jusqu’à ce qu’elles fussent conquises par le Roi Lydien Crésus (561-547). Elles restèrent sa possession jusqu’à sa chute devant les armées Perses de Cyrus II le Grand (559-529). Les villes Grecques furent alors généralement dirigées par une aristocratie, ce qui inévitablement les divisa en factions ennemies.
 
   Les Perses y installèrent, pour leur parrainage, un Tyran, même si cela leur attira des conflits internes. Les Tyrans étaient confrontés à une tâche difficile, éviter le pire dans la haine de leurs concitoyens, tout en restant dans les faveurs des Perses. Près de 40 ans après la conquête Perse de l’Ionie, et sous le règne du Roi Perse, Darius I le Grand (522-486), le Tyran de Milet, Aristagoras (En Grec : Αρισταγόρας ο Μιλήσιος  Aristagoras de Milêtos) se trouva dans cette situation inconfortable. Il fut le beau-fils et le neveu d’Histiée et il prit le contrôle de Milet lorsque son beau-père fut nommé à Suse comme conseillé de Darius I.
 
   Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), lorsque Naxos se révolta, en 502, les Seigneurs Perses de l’île qui avaient été exilés, vers 500, demandèrent de l’aide à Aristagoras pour rétablir leur contrôle de l’île. Voyant une occasion de renforcer sa position dans Milet par la conquête de Naxos, celui-ci accepta dans l’hypothèse où il serait reconnu après comme dirigeant de l’île. Il demanda de l’aide à Darius I et s’allia à Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I), le Satrape de Lydie. Si Artapherne lui fournissait une armée, Aristagoras se sentait capable de conquérir l’île au nom de Darius I, et il donnerait alors à Artapherne une part du butin pour couvrir le coût de la mobilisation de l’armée. En outre, Aristagoras suggéra qu’une fois Naxos tombée, les autres îles des Cyclades allaient suivre rapidement, et il suggéra même qu’Eubée pourrait être attaquée lors de la même expédition. Artapherne donna un accord de principe et demanda la permission à Darius I de lancer l’expédition. Le Roi donna son aval et Aristagoras reçut une flotte de 200 trirèmes pour attaquer Naxos.

 

Le déroulement

 
   La flotte Perse fut réunie au printemps de 499, et navigua vers l’Ionie. Artapherne mit l’Amiral Mégabate (ou Megabates) en charge de l’expédition, et l’envoya à Milet avec l’armée Perse. Il fut rejoint par Aristagoras et les forces de Milet, puis ils embarquèrent pour Naxos. Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) nous précise qu’afin de ne pas éveiller les soupçons des Naxiens, la flotte navigua d’abord au Nord, vers l’Hellespont, puis arrivée Chios, qu’elle doubla, elle repartit vers le Sud pour Naxos.


 

Modèle reconstruit d’une galère,
utilisée par les Grecs et les Perses

Photo avant retouches : wikipedia.org

 
   L’auteur raconte que Mégabate (ou Megabates) fit l’inspection des navires et tomba sur un bateau qui n’avait pas posté de sentinelles. Il ordonna de lui amener immédiatement le Capitaine. Lorsque ce dernier arriva, il le poussa dans un des trous où passaient les rames du navire, et l’attacha la tête à l’extérieur et son corps à l’intérieur pour le punir. Lorsqu’Aristagoras apprit le traitement réservé au Capitaine, qui de plus était un de ses amis, il partit trouver Mégabate (ou Megabates) et lui demanda de reconsidérer sa décision.
 
   Celui-ci refusa d’accéder à la demande d’Aristagoras. Le Tyran sortit un couteau et libéra lui-même le Capitaine sans autorisation. Mégabate (ou Megabates) fut furieux contre Aristagoras, qui à son tour lui dit qu’il n’avait pas à s’occuper de ces questions, qu’il devait lui obéir et faire tout ce qu’il lui commandait et qu’il fallait être moins tatillon.
 
   Selon Hérodote, Mégabate (ou Megabates) le prit très mal et fut tellement en colère qu’il envoya des messagers aux Naxien pour les avertir de l’approche de la force Perse. Les historiens modernes, doutent qu’un commandant Perse ait saboté sa propre invasion, ils suggèrent plusieurs autres scenarii possibles. Il reste cependant, toujours impossible de savoir exactement comment les Naxiens prirent connaissance de l’invasion, mais sans aucun doute ils furent au courant, puisqu’ils commencèrent à faire des préparatifs de défense. Hérodote nous dit que lorsque les nouvelles arrivèrent, ils apportèrent tout le nécessaire des champs, et recueillirent suffisamment de nourriture pour survivre à un siège et renforcer leurs murs.
 
   Hérodote ne fournit pas de chiffres complets concernant les effectifs des deux camps, mais il donne une idée des forces en présences. Pour les spécialistes, de toute évidence, car ils se battaient sur leur territoire, les forces Naxiennes peuvent être comptées comme comprenant théoriquement l’ensemble de la population valide en âge de combat. L’auteur parle dans son récit de 8.000 hommes avec des boucliers, ce qui suggère qu’il y avait 8.000 hommes capables de se battre comme hoplites. Ces hommes auraient formé la forte épine dorsale de la résistance de l’île.
 
   La force Perse était principalement axée autour des 200 trirèmes. Il est difficile de savoir s’il y avait des navires de transport de troupes supplémentaires. L’équipement standard d’une galère était de 200 hommes dont 14 marins soldats. Dans la deuxième invasion Perse de la Grèce, chaque navire incorpora trente marins supplémentaires, et ce fut sans doute également vrai dans la première invasion lorsque l’ensemble des troupes d’invasion apparemment fut transporté dans les trirèmes. Cela suggère qu’une trirème pouvait probablement comporter un maximum de 40 à 45 marins soldats, sans être déstabilisé par le poids supplémentaire. Il y aurait eu alors à Naxos entre 8.000 et 9.000 soldats, en plus des nombreux rameurs non armés.
 
   Lorsque les Perses et leurs alliés arrivèrent à Naxos, ils furent confrontés à une ville bien fortifiée et bien approvisionnée. Hérodote ne le dit pas explicitement, mais ce fut sans doute à la capitale éponyme de l’île qu’ils accostèrent. Il fournit peu de détails sur les actions militaires qui suivirent, bien qu’il y ait une suggestion qu’il y eut un assaut initial sur la ville, qui fut repoussé. De ce fait, les Perses installèrent un siège. Cependant, au bout de quatre mois, la situation n’avait pas évolué et ils se retrouvèrent à court d’argent. Il devint alors impératif de se retirer de l’île. Démoralisés, que l’expédition si bien préparée, revienne en Asie Mineure les mains vides. Avant de partir, ils construisirent sur l’île un bastion pour les aristocrates Naxiens exilés. Cette stratégie était typique dans le monde Grec pour ceux en exil, afin de maintenir les luttes internes et leur donner une base pour la reconquête lorsque les événements seraient plus favorables.

 

Après la bataille

 
   Avec l’échec de sa tentative de conquérir Naxos, Aristagoras se trouva dans une situation désespérée. Il était incapable de rembourser Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês) des coûts de l’expédition et il avait lui-même éloigné de la famille royale Perse. Dans une tentative de se sauver de la colère des Perses, il commença à planifier une révolte des Milésiens et des autres cités d’Ionie contre leur maître Darius I (522-486) commençant ainsi la révolte Ionienne. Bien qu’Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) présente la révolte comme une conséquence des motifs personnels d’Aristagoras, il est clair que l’Ionie devait être mûre pour la rébellion de toute façon, le grief principal étant les Tyrans installés par les Perses. Après avoir embarqué toute l’Asie Mineure hellénique dans la révolte, Aristagoras se rendit compte que les Grecs auraient besoin d’autres alliés afin de lutter contre les Perses. Durant l’hiver de 499, il navigua en Grèce continentale pour essayer de recruter ces alliés. Il ne réussit malheureusement à persuader qu’Athènes et Érétrie à accepter de soutenir la rébellion. Au printemps de 498, une force Athénienne de 20 trirèmes, accompagnées par 5 d’Érétrie faisait voile pour l’Ionie. Elle fut rejointe par les forces principales Ioniennes près d’Éphèse. Le conflit que l’on appellera “la révolte Ionienne” (499-493) avait bien commencé.
 

 
       Deuxième siège de Naxos
  
   Un deuxième siège de Naxos eut lieu, en 490 av.J.C. lors de la première invasion Perse de la Grèce. La flotte Perse se déplaçait alors vers le Nord le long de la côte Ionienne vers Samos, avant brusquement de tourner à l’Ouest en mer Egée. La flotte navigua sur Naxos, afin de punir les Naxiens pour leur résistance à l’échec de l’expédition que les Perses y avaient monté une petite décennie plus tôt. L’île fut envahie et pillée. Beaucoup d’habitants fuirent vers les montagnes. Ceux que les Perses capturèrent finir en esclavage. Puis ils brûlèrent la ville et les temples de Naxiens.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Evelyn Abbott :
A history of Greece. Part I. From the earliest times to the Ionian revolt, London, 1888.
Pierre Briant :
Darius. Les Perses et l’Empire, Découvertes Gallimard, Paris, 1992.
Histoire de l’Empire Perse : De Cyrus à Alexandre, Editions Fayard, Paris, 1996 – En Anglais, From Cyrus to Alexander : A history of the Persian empire, Eisenbraun, Winona Lake, 2002.
Maria Brosius :
The Persians : An introduction, Routledge, London, New York, 2006.
Tom Holland :
Persian fire : The first world empire and the battle for the west, Doubleday, New York, 2006.
Misty Denise Joyner et Anthony J.Papalas :
The Ionian revolt, reconsidered, East Carolina University, Department of History, Greenville, 2010.
Arthur Keaveney :
The attack on Naxos : A forgotten cause of the Ionian revolt, The Classical Quarterly 38, N°1, 1988.
Lionel Scott :
Historical commentary on Herodotus, Book 6, E.J.Brill, Leiden, Boston, 2005.

 

 

        Bataille  de  Ladé

été 494

 

Présentation

 
   La Bataille de Ladé (ou Naumachia de Lades, en Grec : Ναυμαχία της Λάδης, en Persan : جنگ لاده) fut une bataille navale qui eut lieu lors de la révolte Ionienne au cours de l’été 494 av.J.C. Elle se déroula près de l’île de Ladé, au large des côtes de Milet, entre une alliance de cités Ioniennes, rejointes par Lesbos et l’Empire Perse de Darius I le Grand (522-486). Elle aboutit à une victoire décisive des Perses qui de ce fait mirent fin à la révolte. La révolte Ionienne fut déclenchée par le mécontentement des cités Grecques d’Asie Mineure contre les Tyrans nommés à leur tête pour les gouverner par la Perse.
 

  L’origine du soulèvement Ionien date de l’époque du Tyran de Milet, Aristagoras (En Grec : Αρισταγόρας ο Μιλήσιος  Aristagoras de Milêtos) dans une tentative de renforcer sa position dans sa ville, après son attaque ratée sur Naxos. (Voir : Contexte ci-dessus). Par crainte de représailles de la part des Perses il souleva toute l’Ionie contre leur maître Darius I. En 498, les Ioniens passèrent à l’offensive, soutenue par des troupes d’Athènes et d’Érétrie, prenant la capitale de Lydie, Sardes, avant de subir une grande défaite à la bataille d’Éphèse. La révolte s’étendit ensuite à la Carie et à Chypre. Trois ans de campagne Perse à travers l’Anatolie suivirent, avec aucun effet décisif.

    En 494, l’armée Perse et sa marine se regroupèrent, pour attaquer l’épicentre de la rébellion à Milet. Les Ioniens cherchèrent à défendre Milet par la mer. Leur flotte se réunit au large de l’île de Ladé, près des côtes de Milet. Les Samiens alliés des Ioniens changèrent de camps et rejoignirent les Perses, provoquant l’effondrement de la ligne de bataille Ionienne et la bataille fut perdue. Avec la défaite de Ladé, la révolte Ionienne fut définitivement éradiquée. L’année suivante, les Perses réduisirent les derniers bastions rebelles. La révolte Ionienne constitue le premier conflit majeur entre la Grèce et de la Perse, et en tant que telle constitue la première phase des Guerres Médiques (499-479). Pratiquement la seule source sur la bataille de Ladé nous est parvenue de l’historien Hérodote (Historien Grec, 484-v.425).

 
Le contexte

 
   Le contexte découle de celui pour le siège de Naxos ci-dessus. L’expédition partit au printemps de 499, à rapidement tournée à la débâcle et les Naxiens ont résistés aux attaques et au siège. L’instigateur de cette campagne, le Tyran de Milet, Aristagoras (En Grec : Αρισταγόρας ο Μιλήσιος  Aristagoras de Milêtos) se trouva alors dans une situation très délicate et désespérée vis à vis des Perses. Dans une tentative pour s’en sortir, il choisit d’inciter ses propres sujets, les Milésiens, à se révolter contre leur maître le Roi Perse Darius I le Grand (522-486), commençant ainsi la révolte Ionienne. Bien qu’Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) présente la révolte comme une conséquence des motifs personnels d’Aristagoras, il est clair que l’Ionie devait être mûre pour la rébellion de toute façon, le grief principal étant les Tyrans installés par les Perses.
 

    Après avoir embarqué toute l’Asie Mineure hellénique dans la révolte, Aristagoras se rendit compte que les Grecs auraient besoin d’autres alliés afin de lutter contre les Perses. Durant l’hiver de 499, il navigua en Grèce continentale pour essayer de recruter ces alliés. Il ne réussit malheureusement à persuader qu’Athènes et Érétrie à accepter de soutenir la rébellion. Au printemps de 498, une force Athénienne de 20 trirèmes, accompagnées par 5 d’Érétrie faisait voile pour l’Ionie. Elle fut rejointe par les forces principales Ioniennes près d’Éphèse. Le conflit que l’on appellera “la révolte Ionienne” (499-493) avait bien commencé. Cette force, guidée par les Éphésiens à travers les montagnes, atteignit Sardes, la capitale Satrapique de Lydie d’Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I).

   Les Grecs prirent les Perses à l’improviste et furent capables de s’emparer de la ville basse. Cependant celle-ci prit feu, alors, démoralisés, ils se retirèrent de la cité et commencèrent la route pour rentrer à Éphèse. Comme le précise Tom Holland, les troupes Perses les suivirent et les rattrapèrent juste avant Éphèse. Ils furent complètement mis en déroute dans la bataille qui suivit aux abords de la ville. Les Ioniens qui échappèrent à la bataille regagnèrent leurs propres villes, tandis que les Athéniens restants et Érétriens réussirent à retourner à leurs navires et a naviguer vers la Grèce. Malgré ces revers, la révolte se propagea davantage. Les Ioniens envoyèrent des hommes vers l’Hellespont et la Propontide et prirent Byzance et des villes voisines.

 
   Ils réussirent également à convaincre les Cariens et Chypre de les rejoindre dans la rébellion. Pendant les trois années qui suivirent, l’armée Perse et sa marine furent entièrement occupées par la lutte contre les rébellions en Carie et à Chypre, et l’Ionie semble avoir eu une paix fragile au cours de ces années. Aristagoras, sentant l’inconsistance de sa position en cas de contre-attaque Perse, décida d’abandonner sa position de “leader” de Milet et de la révolte et il quitta la ville. Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), qui a une vision plutôt négative de lui, suggère qu’Aristagoras tout simplement perdit son sang-froid et fuit.
 
   En 494, les forces Perses se regroupèrent et toutes les troupes terrestres disponibles furent rassemblées en une seule armée, accompagnée par une flotte fournie par : Les Chypriotes, qui avaient changé de camps, les Égyptiens, les Ciliciens et les Phéniciens. Cette immense armée se dirigea directement sur Milet, le siège de la contestation, en accordant peu d’attention aux autres places fortes, dans l’idée sans doute de tuer la révolte en son épicentre. Dans le même temps, le Général Mède Datis (En Grec : Δτις), un expert des affaires Grecques, fut dépêché en Ionie par Darius I. Il est possible qu’il fût aux commandes globales de cette offensive Perse. Lorsqu’ils eurent connaissance de cette armada qui fondait sur eux, les Ioniens réuni au Panionium (ou Paniônion, sanctuaire central et point de rassemblement de la Confédération Ionienne), décidèrent de ne pas se battre sur terre, en laissant Milet se défendre seule avec ses murailles. Au lieu de cela, ils rassemblèrent tous les navires qu’ils pouvaient, proche de l’île de Ladé, au large des côtes de Milet, afin de se battre en mer.

 

Le déroulement

 
   Même si les chiffres fournis par Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) sont à prendre avec précaution, ils rendent compte du rapport de force. Les Perses voulaient en finir avec Milet et concentrèrent tous leurs effectifs. Les Grecs, de leur côté, jetèrent toutes leurs dernières réserves dans une bataille qu’ils savaient décisive. Hérodote donne ces chiffres assez précis sur les forces en présences. Les villes Ioniennes furent rejointes dans cette bataille par les Eoliens de Lesbos. L’auteur énumère le nombre de navires fournit par chaque État : Chios 100 navires ; Milet 80 ; Lesbos 70 ; Samos 60 ; Téos 17 ; Priène 12 ; Erythrée 8 ; Myonte 3; Phocée 3, soit un total de 353 trières. Il donne l’ordre de la ligne de bataille Ionienne comme étant, d’Est en Ouest : MiletPrièneMyonteTéosChiosErythréePhocéeLesbosSamos. En face, toujours selon l’auteur, la flotte Perse commandée par le Général Mède Datis (En Grec : Δτις) était composée de 600 navires : Des Perses, fournit par les Phéniciens (Surtout par les cités de Tyr et Sidon), des Égyptiens, des Ciliciens et des Chypriotes, dont la propre révolte avait été récemment soumise. Hérodote ne nomme pas d’autres commandants Perses dans cette campagne.
 
   Lorsque les Perses arrivèrent au large de la côte de Ladé et apprirent le nombre de navires Ioniens, ils commencèrent à s’inquiéter et pensèrent qu’ils ne seraient peut-être pas en mesure de vaincre les Grecs, et craignaient la colère du Roi Perse Darius I le Grand (522-486) s’ils devaient échouer. Les Tyrans Ioniens qui avaient été expulsés au début de la révolte étaient présents, et selon Hérodote, ils reçurent des instructions des Perses :

“Que chacun de vous montre maintenant qu’il rendra un bon service à la maison du Roi. Que chacun de vous essaye de séparer ses propres compatriotes du reste de la puissance alliée….. Que chacun d’entre vous s’engage à ce qu’il ne leur soit fait aucun mal pour leur rébellion, et ni leurs temples, ni leurs maisons ne seront brûlés, et ils ne seront en aucune façon traités plus violemment qu’auparavant. Mais s’ils n’en font pas parti et se sont battus…. et qu’ils sont vaincus dans la bataille, ils seront réduits en esclavage. Nous ferons des eunuques de leurs garçons et leurs filles seront menées captives à Bactres…”

 
   Les Tyrans envoyèrent des messagers à leurs propres compatriotes, leur demandant de ne pas se battre, et d’abandonner la rébellion, mais les Ioniens refusèrent les offres. Chaque Tyran pensa que lui seul avait été approché et qu’il n’y avait pas eu de discussion de cette offre entre les différents contingents, de ce fait la possibilité d’une trahison semblait irréalisable. Les Ioniens toutefois tinrent des réunions pour discuter de la conduite de la bataille. Denys (ou Denys le Phocéen ou Dionysos de Phocée, en Grec : Διονύσιος ο Φωκαεύς), le Général Phocéen, offrit de former et d’entraîner la force Grecque. Il commença ainsi un programme d’entraînement intensif, menant la flotte tous les jours pour former les rameurs dans des manœuvres pour éperonner, et les marins au combat. Pendant sept jours, les Ioniens acceptèrent cette formation intense, mais étant usés à ce travail acharné, ils refusèrent d’un coup d’obéir et restèrent au repos dans le camp.

 

    Selon Hérodote, en voyant le mécontentement dans le camp Ionien et la division qui en résultait, les Samiens décidèrent d’accepter l’offre de clémence des Perses en échange de l’abandon du combat. Il faut noter que certains historiens modernes rejettent la notion de dissidence dans le camp Grec. Ils avancent qu’Hérodote, dans son compte, aurait par cette histoire cherché à excuser leur trahison. Juste après cette rébellion contre Denys, la flotte Perse se déplaça pour attaquer les Ioniens, qui naviguèrent à leur rencontre.

   La bataille qui suivit fut très confuse. Hérodote admet qu’il ne serait dire si les Ioniens furent des hommes courageux ou des lâches dans ce combat naval. Il est clair que très tôt dans la bataille, le contingent Samien hissa les voiles, comme cela avait été convenu, et fuit le champ de bataille. Cependant, 11 navires Samiens refusèrent d’abandonner leurs alliés et restèrent dans la bataille. Plus tard ils érigeront une colonne dans leur île commémorant la bravoure et le sacrifice de ces équipages.

 
   En voyant les Samiens quitter leurs voisins sur l’aile Ouest, les navires de Lesbos prirent également la fuite. De ce fait l’ensemble de la ligne de bataille Ionienne de l’aile Ouest s’effondra rapidement. D’autres contingents Ioniens également prirent la fuite et la situation devint désespérée. Seule la grande marine de Chios tint bon, peut-être accompagnée de quelques autres navires. Ils se battirent vaillamment, mais leurs pertes furent énormes et finalement les navires restants retournèrent à Chios, mettant ainsi fin à la bataille. Hérodote dit que les pertes de chaque côté furent de 246 navires pour l’alliance Grecque et seulement 57 navires pour les Perses.
 

Après la bataille

 
   Avec la défaite de la flotte Ionienne, ce fut la fin de la révolte. Milet, la genèse de celle-ci, fut investie et étroitement surveillée par les Perses. Ils utilisèrent tous les moyens en leur possession pour capturer les deniers rebelles de la cité, qu’ils rasèrent. Selon Hérodote, la plupart des hommes furent tués et les femmes et les enfants réduits à l’esclavage. Les preuves archéologiques justifient partiellement ces faits. Elles montrent des signes généralisés de destruction et l’abandon d’une grande partie de la ville à la suite de Ladé. Cependant, il faut noter, que certains Milésiens restèrent (ou retournèrent rapidement) à Milet, bien que la ville ne retrouva jamais son ancienne grandeur. Les Perses prirent une partie des villes et des terres côtières qui appartenaient à Milet pour eux-mêmes et donnèrent le reste du territoire aux Cariens de Pédase (ou Pếdasos, en Grec : Πήδασος, en Latin Pedasus, ville de Troade). Les Milésiens captifs furent traduits devant le Roi Perse Darius I (522-486) à Suse, qui les installa sur la côte du Golfe Persique, près de l’embouchure du Tigre.
 
   Beaucoup d’habitants de Samos furent consternés par les actions de leurs Généraux lors de la bataille de Ladé et ils accueillirent des Milésiens qui avaient échappé aux Perses. Samos fut épargnée de la destruction par les Perses en raison de la défection de certains Samiens pendant la bataille. Pendant ce temps, Denys de Phocée s’allia à la Sicile et créa une flotte de pirates, s’enrichissant en pillant les navires Carthaginois. La plupart des cités de Carie se rendirent aux Perses au lendemain de Ladé, bien que certains bastions durent être capturés par la force. La flotte Perse et son armée hiverna à Milet, avant de partir en 493 pour enfin éteindre les dernières braises de la révolte. Toute l’Asie Mineure retourna fermement sous la domination Perse.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Evelyn Abbott :
A history of Greece. Part I. From the earliest times to the Ionian revolt, London, 1888.
Pierre Briant :
Darius. Les Perses et l’Empire, Découvertes Gallimard, Paris, 1992.
Histoire de l’Empire Perse : De Cyrus à Alexandre, Editions Fayard, Paris, 1996 – En Anglais, From Cyrus to Alexander : A history of the Persian empire, Eisenbraun, Winona Lake, 2002.
Maria Brosius :
The Persians : An introduction, Routledge, London, New York, 2006.
John V.A.Fine et Rogers D.Spotswood :
The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1983.
Alan M.Greaves :
The land of Ionia : Society and economy in the archaic period, Wiley-Blackwell, Malden, Chichester, 2010.
Tom Holland :
Persian fire : The first world empire and the battle for the west, Doubleday, New York, 2006.
Misty Denise Joyner et Anthony J.Papalas :
The Ionian revolt, reconsidered, East Carolina University, Department of History, Greenville, 2010. 
John Linton Myres :
The battle of Lade 494 B.C, Oxford, 1954.
Jesse Russell :
Battle of lade, Book On Demand Ltd, 2013.
Lionel Scott :
Historical commentary on Herodotus, Book 6, E.J.Brill, Leiden, Boston, 2005.

 

 

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