Les Mèdes
612  à  549
 

Nous avons besoin de vous

 

Pour plus de détails voir aussi : Les Mèdes, la civilisation Anshan Ecbatane Les Perses d’Anshan

 

L’histoire…….

 

   Le royaume des Mèdes (En Persan : ماد Mad ou Māda, en Babylonien : Umman-Mand, en Grec : Μηδία  Media, en Kurde : Mâd) se constitua dans la portion Nord-ouest de l’Iran actuel, avec pour capitale Ecbatane (ou Hangmatana ou Hamadan). Dans la réalité l’origine et l’histoire des Mèdes restent assez obscures car nous ne possédons presque aucune information contemporaine et pas un seul monument ou inscription des Mèdes eux-mêmes. Jusqu’à présent, donc, les résultats des recherches ne permettent pas une définition claire de la culture Mède. Il est juste assez clair que dans le premier quart du premier millénaire avant notre ère, des nomades éleveurs parlant une sorte de langue Indo-iranienne, s’infiltrèrent dans le Zagros, s’installant parmi la population indigène.
 
   Au niveau archéologique, les chercheurs ont souvent attribué des objets aux Mèdes, simplement parce qu’ils les avaient trouvé sous la couche identifiée comme Achéménide. L’histoire de Ctésias de Cnide (Médecin Grec d’Artaxerxès II, historien de la Perse et de l’Inde, mort v.398) qui donne une liste de neuf Rois, commençant par Arbacès (ou Arbakes, 833-805), qui aurait détruit Ninive dans Années 880 av.J.C, copiée plus tard par de nombreux auteurs, n’a malheureusement aucune valeur historique. Quelques-uns des noms de souverains peuvent être dérivés des traditions locales. L’historien donne ensuite : Mandakes (805-755), Sosarmos (755-725), Artykas (725-675), Arbianes (675-653), Artaios (653-613), Artynes ​​(613-591), Artibaras (591-551) et Aspadas (ou Astyages, 551-550). La liste des dirigeants Mèdes, retenue aujourd’hui et leurs dates de règne, est établie conformément à celle d’Hérodote (Historien Grec, 484-v.425, I. 101), et celle des Chroniques Babyloniennes.


 

Bas-relief représentant des Mèdes apportant des
chevaux en tribut à Sargon II – Musée du Louvre

  
   Les Mèdes, "Peuple de la Mada", apparaissent dans l’histoire en 836/835. Des premières mentions montrent que l’Empereur Assyrien conquérant, Salmanasar III (ou Shalmaneser ou Salmanazar, 859-824) reçut à cette date l’hommage de "Amadai" dans le cadre des guerres contre des tribus du Zagros occidental. Il aurait soumis alors 36 "Rois" Mèdes, qu’il faut plutôt considérer comme des chefs tribaux. En fait les Assyriens n’auraient réussi à maîtriser que certains d’entre eux, sans jamais conquérir la Médie dans sa totalité. Preuve en est que ses successeurs entreprirent également plusieurs expéditions contre les Mèdes "Madai".
 
   À ce stade, les Mèdes étaient généralement mentionnés avec une autre tribu des steppes, les Scythes, qui semblent avoir été le groupe dominant. Les mèdes étaient divisés en plusieurs districts et villes où il apparaît qu’ils avaient déjà adopté la religion Zoroastre. Beaucoup de chercheurs pensent qu’il est probable que les Assyriens furent responsables de l’unification de ses tribus Mèdes. Leurs attaques répétées forcèrent les habitants à coopérer et à développer un leadership plus efficace.
 
   En 815, Shamshi-Adad V (ou Samsi-Addu, 824-810) prit la ville Mède de Sagbitu, dont il écrasa le chef Khanesiruka. Son successeur, Adad-Nirâri III (ou Adad-Nerari ou Adad-Nêrârî “Adad est mon aide“, 810-782) fut obligé de les combattre à six reprises. Son dernier fils, Téglath-Phalasar III (ou Tiglath-Pileser, 745-727) déporta 65.000 personnes du Zagros, sûrement en grande partie des Mèdes. Sargon II (722-705), notamment au cours de sa huitième campagne, en 715 et 713, les soumit jusqu’à "l’extrême montagne Bikni", c’est-à-dire l’Elbrouz (ou Demavend), ou le mont Alwand (Sa localisation est encore débattue), et les frontières du désert.
 
   L’Empereur Sennachérib (705-681) fit la guerre avec le Roi d’Ellipi, un royaume situé aux alentours du Luristan, et affronta quelques groupes Mèdes. Ces derniers ont souvent combattus en même temps que d’autres peuples, comme les Mannéens et les Perses de la région du lac d’Ourmia. Après les mutineries répétées par les premiers chefs Mèdes contre le joug des Assyriens, ils finirent par collaborer enfin avec eux sous les successeurs de Sennachérib, Assarhaddon (ou Esarhaddon, 681-669) et Assurbanipal (ou Assur-Banapliou ou Assourbanipal ou Sardanapale ou Aššur-Bāni-Apli, 669-631 ou 669-626) chaque fois que ces souverains marchèrent avec leurs armées.


 

Deioclès

  
   Les Assyriens étaient, à cette époque, bien implantés en territoire Mède. Ils avaient créé trois provinces pour appuyer leur contrôle sur la région du Zagros occidental : Le Parshuash, le Kisheshin (ou Kār-Ninurta) et Kharkhar (ou Harhar ou Kār-Sharrukēn). La fin du VIIIe siècle et le début du VIIe siècle va voir la Médie s’organiser en entités politiques plus puissantes, comme le prouvent les sites archéologiques. Tout semble indiquer que les Assyriens à cette période perdirent le contrôle sur ces provinces. Ce vide politique laissa la place à l’élaboration d’un royaume Mède, qui ne fut cependant jamais mentionné dans les sources Assyriennes.
 
   Si le récit d’Hérodote peut être digne de confiance, la dynastie Mède tira son origine d’un chef Mède du Zagros, Deioclès et connue quatre Rois, le dernier étant Astyage. Malheureusement, il y a plusieurs problèmes avec cette chronologie. Tout d’abord, la liste alternative de Rois de Ctésias de Cnide. Deuxièmement, certains spécialistes identifient un “Daiaukku” (Deioclès) qui vécu à Uksatar et un “Daiaukku” qui vivait près du lac Ourmia, pas à Ecbatane. Enfin, les années de règne que donne Hérodote peuvent être tout aussi suspectes, les 4 Rois totaliseraient 150 ans de règne ?. Il n’y a aucun doute de l’existence des deux derniers Rois, qui sont d’ailleurs mentionnés dans les textes Babyloniens, mais il reste beaucoup de questions sur le genre de dirigeant que furent les premiers.
 
   Deioclès (ou Daiukku ou Dayaukku ou Daioukkou ou Deioces ou Déjocès, en Persan : دیاکو Diyako ou Dayuka ou Deyoces ou Deiokes, en Grec : Δηιόκης, 728 à 675 ou 701 à 665 ou 694 à 665) pour qui comme exposé ci-dessus beaucoup de questions se posent, à commencer par son nom, où il faut peut-être y voir deux souverains ?. Ce fut un Prince Mède qui joua un rôle important dans l’unification des Mèdes. Il fut probablement le fils de Kyaxares (ou Cyaxare), Prince des Mèdes. En 715, il fut, avec ses parents, déportés par Sargon II à Hamath (ou Hama, ville sur les rives de l’Oronte dans le centre de la Syrie). Un Roitelet nommé Daiukku semble avoir été un Gouverneur de Mannae soumis à Sargon II, avant son exil.
 
   Il ne s’agit peut-être pas du Roi Mède désigné par Hérodote, vu que les faits mentionnés ne se situent pas en pays Mède mais près du lac Ourmia. À partir de 701, Deioclès réunit en une seule nation les six tribus de Médie : Les Busae (ou Buses), les Paretaceni (ou Parétacéniens), les Struchates, les Arizanti (ou Arizantes), les Budii (ou Budiens) et les Magi (ou Magus ou Mages) et devint leur chef.
 
   Selon Hérodote, après sept ans il démissionna. Les Mèdes le supplièrent de rester et l’élurent alors Roi. Son règne dura jusqu’en 665. Deioclès construisit un palais dans la capitale, Ecbatane (ou Hangmatana), maintenant connue sous le nom de Hamadān. Le récit de son ascension au pouvoir est racontée dans le livre I de l’Histoire d’Hérodote, mais rien de tout cela n’est attesté par les sources historiques de l’époque, ni par l’archéologie. Les niveaux Mèdes d’Ecbatane n’ayant pas été fouillés nous n’avons pas non plus de renseignement de ce côté. Quelques spécialistes pensent que Deioclès fut un personnage légendaire et que l’histoire d’Hérodote relève du mythe. Certains historiens avancent que Deioclès serait mort en 656 ?.
 


 
Mède apportant une offrande
 Palais de Xerxès – Persépolis

  Phraortès I (ou Fraortes ou Fravarti ou Fravartish ou Khshathrita, en Persan : فرورتیش Fravartiš, en Mède : Frawartiš, en Élamite: Pirumartiš, en Babylonien : Parumartiš, en Grec : Frâda Φραόρτης, 675 à 633 ou 665 à 633) son fils lui succéda. L’Empereur Assyrien, Assarhaddon (ou Esarhaddon, 681-669) fit, en 676/75, une expédition dans le Zagros, qui le mena au royaume du Patusharri, au pied du mont Bikni où résidaient ceux qu’il appela les "Mèdes lointains". Deux ans plus tard, trois Rois Mèdes lui demandèrent une aide militaire : Uppis de Partakka, Zanasama de Partakka et Ramateia d’Urukazabarra. Après avoir organisé la résistance contre l’Assyrie, Phraortès I dut subir la domination des Scythes, après la défaite que ceux-ci lui infligèrent en 653. Puis afin de trouver de nouveaux appuis, il passa un traité avec Assarhaddon pour combattre l’Élam. Il aurait également soumis le Perse, Teispès (En Perse : Cišpiš, 675-640), 2e Roi (ou Chef) Achéménides des tribus Perses installées dans le Fars et organisées en un petit État du Parsumash.
 
   Certaines sources avancent que Phraortès I serait mort en combattant un souverain Assyrien, identifié à Assarhaddon. Là encore les faits ne sont pas plus attestés que ceux pour son père. Son fils lui succéda, mais selon Hérodote, le début de son règne fut précédé d’une invasion des Scythes et de leur domination sur la Médie pendant 28 ans (653-625) ou un Roi Madius (ou Madyès ou Madya, en Grec : Μάδιος) aurait régné de 633 à 625. Jusqu’à présent aucun texte ne vient confirmer ces faits. Phraortès I serait mentionné dans les sources Assyriennes sous le nom de Kaštarita. Toutefois, ce nom Kaštarita décrit l’ancienne Perse et ne représente pas un nom propre, mais le nom commun d’une zone géographique.
 
   Cyaxare (ou Ciáxares ou Oumakishtar ou Kayxosrew ou Kyaxares, en Persan : هووخشتره  Uvaxštra  Uvaxšaθra ou Uvar Kshatra ou Ouvakhshatra, en Mède : avachštra, en Grec : Κυαξαρης, en Élamite : Šattarrida, en Assyrien : Kaštarita, en Babylonien : Hašatritti, 633 à 585 ou 625 à 585), le fils de Phraortès I, succéda à son père, toutefois les spécialistes ne sont pas d’accord sur la date de sa prise de pouvoir. On trouve 633 pour les partisans d’un règne tout de suite après son père et 625 pour ceux qui comptent le règne du Roi Scythe Madius. En 633, il mit le siège devant Ninive, la capitale Assyrienne, mais il dut faire demi-tour car les Scythes se faisaient menaçant. Il fut battu par les cavaliers Scythes de Madius (ou Madyès ou Madya) au Nord du lac d’Ourmia et il fut contraint de se soumettre, d’où les différences de prise en compte de sa prise de pouvoir. Au tout début de son règne, Cyaxare semble aussi entrer en conflit avec un royaume à l’Ouest connu sous le nom de Mannae, allié à l’Assyrie. En 626/625, il reprit le dessus et il fit face à l’invasion des Scythes et d’autres tribus venus de la rive Nord de la mer Noire qui avaient envahi l’Arménie et l’Asie Mineure.


 

Tombeau supposé de Cyaxare
Image avant retouche : Wikipedia.org

 
   En 616, il assimila à son Empire naissant l’État de Mannae battu. En 615, il fit assassiner Madius lors d’un banquet, se libérant ainsi de la domination des Scythes. Il reconstitua son armée et en 612, il se tourna vers l’Empire Assyrien. Il passa alors alliance avec le Roi de Babylone Nabopolassar (626-605), il prit Nimrud, puis il s’attaqua à Ninive, mais il échoua à sa prise d’assaut. Le 30 Mai 612 commença alors un siège de la ville qui entre le 28 Juillet et début Août fut prise et détruite. Le 7 Septembre les Mèdes se retirèrent de la ville.
 
   Le sort de l’Empereur Assyrien, Sin-Sar-Iskun (ou Sinsharishkun ou Sarakos ou Sin-Shar-Ishkun, 627-612 ou 623-612) n’est pas connu, car la section de la chronique Babylonienne dans laquelle il est mentionné lors du siège de Ninive est endommagée. A t-il survécu au siège de la cité, abdiqua t-il ou fut-il tué ?. Quoi qu’il en fut l’armée Assyrienne se retrancha à Harran (ou Carrhae ou Carrhes) et proclama Empereur un Général, Assur-Uballit II (ou Aššur-Uballit ou Ashuruballit, 612-609).
 
   En alliance avec une grande force Égyptienne du Pharaon Néchao II (610-595), l’armée du nouvel Empereur était largement en mesure de défendre Harran contre l’association Babyloniens-Mèdes. Cependant, au printemps 609, le Roi de Juda, Josias (640-609), qui s’était rallié aux Babyloniens, tenta de bloquer le passage aux troupes Égyptiennes, mais il fut tué lors du combat à Megiddo. Néchao II continua son avancée pour joindre ses forces à celles d’Assur-Uballit II, mais il ne parvint pas à repousser les Babyloniens. Il se retira alors en Syrie du Nord et laissa Assur-Uballit II à son sort, face à son puissant ennemi. L’Assyrien se réfugia dans sa ville et fut impuissant face à l’avancée de Nabopolassar et de Cyaxare, Harran fut prise et il disparut de l’histoire ce qui mit fin à l’Empire Assyrien. Il est probable qu’il fut tué lors de ce siège. Tout l’Orient célébra cet écrasement de l’Empire Assyrien.
 
    Après la victoire et le partage de cet Empire, le Roi Mède régna sur une grande partie de l’Iran, l’Assyrie et le Nord de la Mésopotamie, l’Arménie et la Cappadoce. Puis il poursuivit ses conquêtes vers l’Ouest et s’attaqua à l’Ourartou, s’emparant de sa capitale Tushpa, en 590, ce qui lui garantit la suprématie dans les montagnes au Nord de la Mésopotamie. La même année, il chercha à envahir la Lydie, qui était en pleine expansion et dont les richesses découlaient d’un commerce important. À l’issue de cinq ans de guerre sporadique (Selon Hérodote), le 28 Mai 585 (ou 601 ou 597 selon d’autres sources), après une bataille sur le fleuve Halys (aujourd’hui Kızılırmak), qui se termina rapidement car les deux camps furent effrayés par une éclipse, mais aussi du fait d’une prophétie de Thalès de Milet, selon qui, la guerre prendrait fin si la journée devenait soudainement nuit, Cyaxare conclut un traité de paix avec le Roi de Lydie, Alyatte II (610-561).

 

Pour plus de détails voir :  La bataille du Halys

 
   Par ce traité de paix, qui fut scellé par le mariage d’Aryenis, la fille d’Alyatte II avec le fils de Cyaxare, Astyage, le Halys fut établi comme frontière avec la Lydie. Cyaxare donna en mariage une de ses filles, Amytis I au Roi de Babylone, Nabuchodonosor II (605-562) pour affermir l’alliance avec les Chaldéens. Il réorganisa et modernisa aussi l’armée Mède sur le modèle Assyrien et Babylonien. Selon Igorʹ Mikhaĭlovich Dʹi︠a︡konov (ou Igor Diakonov), Cyaxare serait enterré dans un tombeau situé dans les montagnes de Syromedia, aujourd’hui le site de Qizkapan (ou Qyzqapan, site rupestre situé au Kurdistan Irakien). L’hymne national officiel kurde, Ey Reqîb, mentionne Cyaxare comme étant un ancêtre des Kurdes.

 

L’Empire des Mèdes  vers  585

 

 
Cliquez sur les noms de villes ou régions

 


 

Astyage apprenant qu’il a été trompé
– Louis Licherie (1629-1687)

   Astyage (ou Astyages ou Astiage, en Persan : ایشتوویگو  Ištovigu ou reštivaiga ou ri-Ištivaiga ou Rishti Vaiga ou Arshtivaïga "Celui qui brandit la lance", en Akkadien et en Mède : Ištumegu,  585 à 550 ou 549) voit son nom orthographié par Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) : Astyagês ‘Aστυάγης, par Ctésias de Cnide (Médecin Grec d’Artaxerxès II, historien de la Perse et de l’Inde, mort v.398) : Astyigas et par Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) : Aspadas. Certains spécialistes avancent qu’il ne succéda à son père que quelques mois après la bataille de Pteria qui pourtant est donnée à l’automne 547.
 
   Selon Hérodote, il aurait épousé Aryenis, une Princesse Lydienne, la fille du Roi Alyatte II (618-562 ou 610-561), afin de sceller le traité entre les deux Empires. Il eut une fille, Mandane qui épousa le Roi des Perses d’Anshan, Cambyse I (600-559) et qui fut la mère de Cyrus II le Grand (559-529) qui le renversera en 550/49. Ce dernier épousera, selon Ctésias de Cnide et Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355) une autre des filles d’Astyage, Amytis II. Cependant l’historien Christian Settipani, affirme que Cyrus II serait né d’une autre mère. On pense aujourd’hui qu’Aryenis ne fut pas la première femme d’Astyage puisque sa fille Mandane épousa Cambyse I avant 576, elle dut naitre disons, vers 590. Il semble donc inévitable de penser qu’Astyage eut une autre épouse.
 
    Le règne d’Astyage est à noter pour sa stabilité et pour sa croissance et du fait de ses alliances par une relative paix. En Médie, la religion fondée sur le Zoroastrisme ce répandit dans tout l’Empire. Dans le même temps, son beau-frère le nouveau Roi de Lydie, Crésus (ou Kroisos, 561-547), supervisait une explosion de la pensée laïque dans l’Ouest du pays, à travers les philosophes qui fréquentaient son royaume comme : Thales, Solon, Esope… Et son autre beau-frère le Roi de Babylone, Nabuchodonosor II (605-562) faisait de sa ville la plus grande métropole du monde antique.
 
   Après près de 32 années de stabilité, au cours de l’été 553, son petit fils, le Roi des Perses d’Anshan, Cyrus II le Grand, se révolta contre la tutelle des Mèdes et déclara la guerre à Astyage. Plusieurs batailles importantes eurent lieu, la bataille d’Hyrba (Hiver 552), la bataille de la frontière Persane (551) etc… Après trois années de combats, lors de la bataille de Pasargades (550), les soldats de l’armée d’Astyage se mutinèrent et se rendirent à l’ennemi. Astyage fut vaincu et Cyrus II prit et pilla la capitale Ecbatane. Astyage fut le dernier Roi des Mèdes, Cyrus II se proclamant "Roi des Mèdes et des Perses" qui furent de ce fait désormais liés. Les sources anciennes conviennent qu’Astyage fut traité avec clémence après sa capture, mais elles diffèrent dans les détails. Hérodote dit qu’il fut emprisonné pour le reste de sa vie, alors que, selon Ctésias de Cnide, il fut fait Gouverneur d’une région de Parthie et fut plus tard assassiné par un adversaire politique, Oebaras. Les circonstances réelles de la mort d’Astyage ne sont toujours pas à aujourd’hui connues, ni même la date exacte.
 


 

Soldats Mède et Perse en costume
traditionnel – Palais de l’Apadana,
escalier Nord

   La chute d’Astyage nous est renseignée par des sources Babyloniennes, notamment la Chronique de Nabonide et des auteurs Grecs, comme Hérodote et Ctésias de Cnide, qui en présentent différentes versions dans le déroulement des faits, même s’il est souvent mis en avant que la victoire fut uniquement du au fait qu’Astyage perdit le soutien des nobles et à la trahison d’une partie de l’armée Mède. Dans les sources Grecques la mutinerie est fomentée par Harpage (ou Harpagus), un dignitaire Mède.
 
   Celui-ci avait été chargé par Astyage, de tuer son petit-fils Cyrus II. Harpage désobéit et se contenta d’abandonner l’enfant dans un bois où il fut sauvé et élevé par un berger. Quand des années plus tard Cyrus II se fit reconnaître à Astyage, celui-ci, pour se venger de son vassal, fit égorger le fils d’ Harpage et servit ses membres à son père lors d’un festin. Harpage afin de pouvoir se venger aida Cyrus II pour son accession au trône. D’après Hérodote, Harpage communiqua son plan à Cyrus II en cachant un message dans le ventre d’un lièvre qu’il lui fit porter par l’un de ses serviteurs. Il lui proposa de soulever les Perses d’Anshan tandis que lui trahirait Astyage.
 
   Il y a surement dans cette histoire beaucoup d’imagination de la part des auteurs de l’époque, déjà du fait du châtiment qu’Astyage fit subir à Harpage. Il n’y a pas de vérification que de tels châtiments étaient infligés à l’époque. La Chronique de Nabonide ne se réfère qu’à une mutinerie sur le champ de bataille comme étant la cause du renversement d’Astyage et ne mentionne pas Harpage. Toutefois, comme Harpage était bien le commandant de l’armée d’Astyage lors de la bataille de Pasargades et comme sa famille obtint des postes élevés dans l’Empire de Cyrus II après la guerre, il est possible qu’il eut quelque chose à voir avec la mutinerie contre Astyage ?.
 

L’après Astyage

 
   Une fois Astyage renversé, Cyrus II marcha sur la Lydie, avec Harpage à ses côtés et attaqua son Roi Crésus. En 547, Harpage fut de bon conseil dans la bataille qui fut gagné par Cyrus II qui prit possession de l’Empire Lydien. Vers 544, il en confia le gouvernement à Harpage. Les conquêtes de Cyrus II continuèrent avec Babylone, qu’il prit quelques années plus tard, à l’automne 539, constituant le puissant Empire des Achéménides. La Médie devint une satrapie, mais la place des Mèdes dans cette nouvelle construction politique ne fut pas désavantageuse pour eux, car ils occupèrent un rang égal à celui des Perses et plusieurs d’entre eux furent nommés à un poste important dans l’administration de l’Empire ou dans l’armée. Certains usages et cérémonies de la cour des Mèdes furent repris par le nouveau souverain qui fit d’Ecbatane sa résidence d’été.
 

   En 522/521 une révolte Mède éclata pourtant, après que Darius I (522-486) soit monté sur le trône par la force après l’assassinat de l’usurpateur Bardiya. Un Mède, un certain Phraortès (II, ou Fravartish), qui prétendit être un descendant de Cyaxare, tenta de rétablir le royaume Mède.
 
   Il forma une nouvelle armée Mède appuyée notamment par des Hyrcaniens (Région du Sud-est de la mer Caspienne, ancienne province Mède), mais il fut défait par un Général Perses. Il fut capturé et exécuté à Ecbatane. Une autre grande rébellion des Mèdes survint en 409, sous le règne de Darius II (423-404), qui est racontée par Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355 – Les Helléniques 2, 19), mais elle fut de courte durée et fut rapidement matée.
 
   Le pays Mède resta calme durant le reste de l’Empire Achéménide, à part une tribu du Nord, les Cadusii, qui resteront toujours rebelles et qui justifieront l’envoi de plusieurs expéditions de la part des Rois Achéménides. Le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323) s’empara de la Médie au cours de l’été 330.


 
Un Mède dans un rituel religieux

   En 328, il nomma Satrape du Nord un ancien Général de Darius III (336-330), appelé Atropatès (ou Atrupat). Ce dernier dirigeait le contingent Mède de l’armée Perse à la bataille de Gaugamèles et s’était rallié par la suite à Alexandre. Sa fille se maria, en 324, à Perdiccas (Régent de Macédoine, 323-321).
 
   À la mort d’Alexandre le Grand la Médie fut divisée en deux régions, la petite et la grande Médie. La petite Médie du Nord, ne fut que de moindre importance pour les Diadoques d’Alexandre, ils la laissent à Atropatès. Elle devint la Médie Atropatène (Futur Azerbaïdjan) qu’il parvint à rendre autonome du pouvoir Séleucide. La capitale de ce royaume se trouvait à Gazaca (Identifiée au site de Laylan) découvert sur la rivière Araz par les archéologues, en Avril 2005.
 
    En 220, après plusieurs décennies d’indépendance, malgré une armée forte (Surtout la cavalerie) le Roi Artabanzanes dut conclure un traité de vassalité avec le Roi Séleucide Antiochos III Mégas (215-187). La Médie du Sud, avec Ecbatane, fut alors une région stratégique car elle contrôlait les routes entre les parties occidentales et orientales de l’Empire.

 
   Dans le partage elle fut donnée au Macédonien Peithon (ou Pithon, en Grec : Πείθω, v.355-316). Après avoir été un temps dominée par Antigonos I Monophtalmos ("Le borgne", 306-301) elle fut par la suite, vers 310, la possession du Roi Séleucide Séleucos I Nikatôr (305-280). Plusieurs villes nouvelles y furent fondées par les souverains Séleucides et l’ancienne Rhagae fut renommée Europa. En 220, un Satrape local, Molon, se révolta contre le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas qui le défit. Entre 163 et 160, ce fut un autre Satrape, Timarque, qui se révolta contre Démétrios I Sôter (162-150) et réussit à prendre le pouvoir en Babylonie, avant d’être finalement lui aussi soumis. Vers 150, la révolte du Roi Parthe Arsacide Mithridate I (Arsace VI – 171-138) fit perdre les deux Médie aux Séleucides.
 
   Par la suite la Médie fut conquise par le Roi d’Arménie, Tigrane II (95-54). Après plusieurs décennies de luttes, le pouvoir des Rois Arsacides fut finalement assuré en Médie, en dépit de nouvelles attaques de la part de Scythes et Tokhariens (Habitants du bassin du Tarim, actuelle province du Xinjiang au Turkestan oriental). Les Parthes réorganisèrent la région administrativement et la ville de Rhagae/Europa fut renommée Arsacia. Par la suite les Romains tentèrent des conquêtes, mais n’eurent jamais d’emprise sur ces régions qui en 224 ap.J.C passèrent sous la tutelle du Roi Perse Sassanide Ardachêr I (ou Ardashir, 224-241) qui détrôna le dernier Roi Parthe. À cette époque, la plus ancienne des tribus Aryennes de l’Iran perdit son caractère et fusionna en un seul peuple, les Iraniens. La relance du Zoroastrisme, les déportations partout dans le monde par les Sassanides, achevèrent les derniers Mèdes.
 

Pour la bibliographie voir à :
Les Mèdes, civilisation Bibliographie

 

 

   Copyright © Antikforever.com