Son origine
Neith-Hotep (ou Neithhotep ou Neithotep –
Nj.t htp – "Neth est aimable" ou
Neithhotepou ou Neithhotepu ou Hetepu-Neith – Nj.t htpjw –
“Neith est satisfaite”) est une Reine d’Égypte de la
Ière dynastie. Elle épousa
le Roi Narmer/Ménès (v.3040-v.2995).
Son origine reste encore très débattue entre les égyptologues. Certains
spécialistes voient avec elle un mariage diplomatique où
Narmer/Ménès après
avoir unifié par la force le pays aurait voulu consolider ses
positions en épousant la fille de son ennemi du Nord ?. Comme le précise
Joyce Anne Tyldesley,
cette théorie, très discutable, repose uniquement sur le nom de femme de cette souveraine, traduit
littéralement par "La Déesse
Neith est satisfaite" ou "Que
Neith soit apaisée",
qui ne pourrait être attribué seulement qu’à une femme du Nord.
La Déesse Neith était la Déesse qui était
honorée à Saïs, dans le Delta. Cette
Déesse entretenait des liens privilégiés avec les Reines des premières dynasties
et nombreuses furent celles qui portèrent des noms composés à partir du sien. Ce
qui fait que Neith-Hotep pourrait tout aussi bien être issue de la longue lignée régnante de
Nagada (ou Ombos).
Etiquettes d’ivoire trouvées
dans le tombeau de la Reine
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Son histoire
Certains spécialistes pensent que Neith-Hotep
serait peut-être devenue Régente durant la minorité de son fils
Horus Aha (v.2995-2974), d’autres
pour le Roi Horus Djer (274-2927).
Horus Aha est
très sûrement le fils de Narmer, mais
pour quelques égyptologues, dont
Peter Kaplony,
Hans Wolfgang HelcK et
Dietrich Wildung, il serait
Narmer lui-même.
Si Aha =
Narmer ou Némès,
alors il y a eu le règne d’un autre Roi qui est peut-être la Reine
Neith-Hotep, comme le propose les égyptologues
Werner Kaiser et
Günter Dreyer. Comme la Reine
Merneith plus tard,
Neith-Hotep pourrait donc également avoir eu un règne indépendant.
Cette idée repose sur la découverte de plusieurs impressions, dont un sceau retrouvé dans la tombe
d’Horus Aha, où le nom de la Reine apparait dans un
Sérekh, alors que normalement ceux-ci
étaient réservés, durant les premières dynasties, aux seuls dirigeants de sexe masculin.
Le problème de ce cas, c’est que contrairement à la tradition, le
Sérekh de Neith-Hotep n’est pas
surmonté du faucon Horus, mais il est orné de deux
flèches croisées symbolisant la Déesse
Neith.
Kaiser et
Dreyer ont exprimé également la supposition que le "Roi" Neith-Hotep serait le Téti de la
liste d’Abydos, dont le nom est
traditionnellement considéré comme le successeur direct de
Narmer/Ménès.
Sur la base de ses vestiges et de la taille de son tombeau certains égyptologues considèrent donc que la Reine a survécu à son
époux, et qu’elle fut Régente pour le Roi Horus Aha,
mineure et donc trop jeune pour le trône.
Kaiser et
Dreyer proposent aussi qu’elle fut régente, mais pour le Roi
Horus Djer ?.
Cette hypothèse serait soutenue par l’entrée du nom Téti dans le
papyrus de Turin, nom d’un “Roi” qui
ne règne seulement que 1 an et 45 jours. On rejoint là le Atoti proposé par
John Von Beckerath et
Michael
Höveler-Mueller qui, d’après eux, aurait succédé à
Aha.
Il faut toutefois souligner que cette thèse n’est pas universellement acceptée.
Bracelet de la Reine fait de
plaquettes d’ivoire et d’ardoise – Liverpool University Museum
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Traces et vestiges
Outre sa tombe de
Nagada on a retrouvé des
vestiges de la Reine à Helwan et à Abydos.
Cependant il faut souligner que nulle part elle est désignée comme Épouse du Roi ou Mère du Roi,
ces titres n’apparaissant que lors de la IIe dynastie.
C’est sur un couvercle en ivoire, mis au jour dans la tombe
d’Horus Djer à
Abydos, que l’on a retrouvé celui de
Consort de celui qui est aimé des Deux Dames (smAyt-mry-nbTi).
Joyce Anne Tyldesley
pense que ce terme fut l’ancienne dénomination pour Épouse du Roi. Dans la tombe de ce dernier fut aussi
mis au jour deux vases inscrits au nom de Neith-Hotep. Enfin un fragment d’un vase d’albâtre avec le nom de
la Reine fut mis au jour dans les environs des tombes royales
d’Oumm el-Qaab.
Sa sépulture
La sépulture de Neith-Hotep fut retrouvée à environ 3 km
du village moderne de
Nagada (ou Ombos). La Reine y possédait une tombe en "façade de palais".
Le tombeau, d’une grande splendeur, fut découvert en 1897 par Jean-Marie Jacques de Morgan,
qui le baptisa aussitôt "le grand tombeau", mais qu’il attribua par erreur au Roi
Ménès.
L’aspect extérieur est un mastaba traditionnel de cette période, une
structure rectangulaire en briques crues. Cependant à la différence des mastabas
contemporains la tombe n’est pas construite au dessus d’un puits funéraire. Elle
fut aménagée au niveau du sol en une chambre funéraire entourée de magasins. Les
dimensions du tombeau sont de 54 m. x 27 m. et il est protégé par un épais
mur d’enceinte. La sépulture fut ensuite fouillée par Ludwig Borchardt. Bien que la tombe
fut pillée dans l’antiquité on y mit au jour : Des objets cosmétiques, des
étiquettes en ivoire, de la vaisselle et des sceaux en argile portant le nom de
Narmer,
de son fils et successeur Horus Aha,
ainsi que de la Reine elle-même. Le tombeau fut à nouveau fouillé en 1904 par
John Garstang, mais
il était déjà à l’époque énormément érodé du fait de son exposition au grand air et il disparut complètement
peu après.
Sa famille
Neith-Hotep va donner un ou deux enfants à
Narmer, les source sont encore
aujourd’hui assez incertaines :
Un fils :
▪
Horus Aha, qui va succéder à son père.
Il arrive au pouvoir à l’âge d’environ quarante ans.
Il est très certainement le fils de Narmer et de la Reine
Neith-Hotep, mais pour certains égyptologues, dont
Peter Kaplony,
Hans Wolfgang HelcK,
Dietrich Wildung,
il serait le Roi Narmer lui-même ?.
Une fille :
▪
Benerib (ou Beneryb – Bnr jb –
"Celle dont le cœur est doux"), qui fut une des épouses
d’Horus Aha, donc peut-être sa sœur.
Cette théorie est défendue par de nombreux égyptologues, dont
Walter Bryan Emery.
On a retrouvé la trace de cette Reine à Abydos,
sur des étiquettes en ivoire et des fragments de sceaux trouvés dans
la tombe d’Aha.
Un fragment d’une boîte en ivoire avec les noms de ce Roi et Benerib a également
été trouvé à Abydos. Il est
aujourd’hui au Museum of Fine Arts de Boston. Son nom fait l’objet d’une controverse,
il est aussi lu : Ima-ib ou Imaib.
Peter Kaplony
lit le nom : Ima (t)-ib. Son incertitude familial vient du fait qu’aucune
titulature n’accompagne son nom. Par conséquent, il est nécessaire de préciser
qu’elle n’était peut-être pas une fille de
Narmer et Neith-Hotep, ni même une épouse
d’Aha, mais pourrait aussi bien être
une fille de ce dernier ?. Benerib fut enterrée à
Oumm el-Qaab dans la tombe B14.
Bibliographie
Pour plus de détails sur la Reine voir les ouvrages de :
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Wolfram Grajetzki :
– Ancient Egyptian Queens : A hieroglyphic dictionary, Golden House Publications, London, 2005.
Béatrix Midant-Reynes,
Stan Hendrickx et J.Rowland :
– Egypt at its origins 2: Proceedings of theinternational conference origin of the State, Predynastic and
early dynastic Egypt, Toulouse,
OLA, Peeters, 2008.
Joyce Anne Tyldesley,
Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
– Chronicle of the Queens of Egypt : From early dynastic times to the death
of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd, Octobre 2006 et Janvier 2007 – En
Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre,
Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008.
Silke Roth :
– Die Königsmütter des Alten Ägypten von der Frühzeit bis zum Ende der 12. Dynastie,
Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 2001.
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