Autres royaumes et villes :
Le
Gandhâra
 

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Sommaire
 

Localisation
Les villes principales
L’art, la langue, l’écriture
La religion
L’histoire
      Chandragupta
      Bindusâra
      Ashoka 
Bibliographie

 

  Femme accroupie en terre cuite –
Gandhâra – IIe siècle av.J.C-
Victoria and Albert Museum –
Londres

 

Localisation

 
   Le Gandhâra (ou Gāndhāra ou Gandhara, en Sanskrit : गन्धार, en Ourdou : گندھارا  Gandhārā, en Persan : ویهیند Waihind) fut aussi appelé Mahajanapadas (en Sanskrit : महाजनपद, Mahājanapadas) littéralement “Grand Royaume” (de Maha, “grand” et Janapada “pied d’une tribu“, “pays“). C’est un royaume ancien de l’Afghanistan et du Nord-ouest du Pakistan actuels, centré sur les vallées de la Swât (en Sanskrit : Suvāstu) et de la Kâboul, deux affluents de l’Indus au Nord-ouest de l’Inde. Plus tard le Gandhâra inclura les parties du Nord-ouest du Pendjab, de l’Inde. Il était situé sur la route du Nord (dite Uttarapatha) et devint rapidement un centre d’activités commerciales internationales. Il était un important canal de communication avec l’Iran et l’ancienne Asie centrale. Les limites du Gandhâra ont varié à travers l’histoire. Parfois, juste la vallée de Peshawar et de Takshashîlâ (ou Taxila) sont désignées comme faisant partie du Gandhâra et parfois la vallée de la Swât y est également incluse. Le cœur du Gandhara est cependant toujours la vallée de Peshawar. 
 


 
Déesse Mère, en terre cuite
provenant de la vallée de
l’Indus – Gandhâra, Ier
siècle av.J.C- Victoria and
Albert Museum – Londres

 Les villes principales


  Le Gandhâra fut dirigé depuis les capitales et villes principales, qui étaient des centres commerciaux de premier plan entre l’Inde et l’Occident :
Pushkalavati ("La cité du lotus", Aujourd’hui Chārsadda), dans la vallée de Peshawar à 27 km de la ville. Elle est située au confluent des rivières Swât et Kâboul. Un endroit spécifique, qui est encore appelé Prang (de Prayāga), est considéré comme sacré et les habitants y viennent toujours y enterrer leurs morts. la partie la plus ancienne de la ville, dans la périphérie Nord, Bala Hisar fut fondée au VIe siècle av.J.C. Au IIe siècle ap.J.C, la rivière changea son cours et la ville fut inondée. Elle resta la capitale du Gandhâra du VIe siècle av.J.C au II siècle ap.J.C, lorsque la capitale fut déménagée à Peshawar.
 
Purushapura (“Cité de l’Homme“, Aujourd’hui Peshawar) qui était aussi connue des Grecs sous le nom de Peukalaotis. C’est la capitale des tribus Pachtounes. La ville fut un centre important de culture de la civilisation du Gandhâra autant que de pèlerinage Bouddhiste jusqu’à ce que cette religion décline dans le monde Indien.
 
Udabhandapura (Hund) sur l’Indus qui fut dans la dernière partie de l’histoire du pays la capitale.
 
Kapishî (ou Alexandrie du Caucase ou Kapiçi "ville de Kapiça", aujourd’hui Begrâm) qui était un centre culturel important. Un important sanctuaire Bouddhiste a contribué à rendre la ville comme un centre de pèlerinage jusqu’au VIIe siècle. La cité fut détruite par le Roi Achéménide, Cyrus II (559-529), puis fut restaurée par Darius I (522-486). Elle fut rebaptisée Alexandrie du Caucase après sa prise par Alexandre le Grand (336-323), puis finalement Begrâm (ou Bagram). Alexandre en la reconstruisant y établit des fortifications, des remparts renforcés de tours sur les angles. Voir Begrâm

 
Takshashîlâ (Aujourd’hui Taxila, तक्षशिला dans sa forme sanskrite, en Pâli : Takkasîlî) située dans le district actuel de Râwalpindî, dans la province Pakistanaise du Pendjab, à l’Ouest d’Islâmâbâd. La ville fut un important centre d’apprentissage du Bouddhisme du Ve au IIe siècle av.J.C, reliée à travers le passage de Khunjerab à la route de la soie et attirant ainsi des étudiants de l’ensemble du monde Bouddhiste. Darius I l’intégra à l’Empire Achéménide en 518 av.J.C. Alexandre le Grand la prit en 326 av.J.C et y créa une garnison de Macédoniens, mais les Grecs perdirent la ville en 317 av.J.C au bénéfice de Chandragupta Maurya, qui s’empara du Pendjab, et de ses successeurs, dont son petit-fils Ashoka, qui y aurait fait ses études.


 

Relief de Jataka Shibi – IIe siècle ap.J.C-
Gandhâra – British Museum

 
L’art, la langue, l’écriture

 
   Le Gandhâra est célèbre pour le style d’art bouddhique qui s’y développa à partir de 50-75, connu sous le nom d’art du Gandhâra, une association Gréco-bouddhique qui est un mélange des influences Indiennes et Hellénistiques qui se sont implantées dans le pays au cours des siècles qui ont suivi l’expédition d’Alexandre le Grand (336-323). Le style du Gandhâra fleurit à partir du Ier siècle, sous la dynastie Kouchan (ou Kushan). C’est là que l’on trouve les premières représentations du Bouddha sous forme humaine, sur les pièces et en statues, alors qu’auparavant elles n’étaient que des représentations symboliques (par exemple, stupa, Dharmachakra).
 
   Ces sculptures furent des modèles pour toutes les représentations ultérieures du Bouddha. La culture Bouddhiste plus tard dans la vallée de Bamyan, qui se trouve plus au Nord dans le centre de l’Afghanistan d’aujourd’hui, avec ses grandes statues de Bouddha de 35 et 53 mètres fut largement influencée par le style du Gandhâra. Les statues datent du Ve et VIe siècle ap.J.C et furent creusées dans une falaise de grès rouge dans le style Gréco-bouddhique. Elles étaient ornées de pierres précieuses.


 

Bouddha Gandhâra –
Ier / IIe siècle –
Musée Guimet – Paris

 
   Les premiers manuscrits bouddhistes, qui sont aussi les plus anciens d’Asie du Sud découverts, furent mis au jour au Gandhâra. La plupart sont écrits sur de l’écorce de bouleau et furent trouvés dans des pots en argile étiquetés. Pāņini (ou Panini, Grammairien Sanscrit de Pushkalavati) dans sa grammaire du Sanskrit Ashtadhyayi, a mentionné la forme Védique (le Védas est un vaste corpus de textes en provenance de l’Inde ancienne) et ce qui semble être une forme du Gāndhārī. Le langage de l’époque, le Gāndhārī, descendait du Prâkrit, un dialecte Moyen-indo-aryen. L’alphabet Kharosti, dérivé de celui utilisé pour l’Araméen (La langue officielle des Achéménides), était utilisé et resta dans le Gandhâra jusqu’au IIIe ap.J.C. Les textes sont écrits de droite à gauche. Avec la domination Sassanide le Kuschāno-Gandhari s’éteint vers le IVe siècle et fut remplacé par le Mekhi. Toutefois, l’Hindko et les dialectes archaïques Pothohari, Darde (ou Dardic archaïque) et Kohistani, dérivés des Prâkrits locaux, sont toujours parlés, bien que l’Afghan Pachto soit la langue principale de la région aujourd’hui.

 


 
Statue de Bouddha vêtu
d’un manteau de style
Grec – Ier siècle av.J.C –
Musée Guimet – Paris

La religion

 
   Au niveau de la religion, le Bouddhisme du Gandhâra et des régions avoisinantes fut un mélange d’influences Indiennes, Persanes et Hellénistiques. Il fut à l’origine de la naissance du Mahayana et influença de manière importante le Bouddhisme d’Extrême-Orient. Les premiers missionnaires et traducteurs actifs en Chine, ainsi que la majorité des sutras, provenaient des régions Indo-grecques et Kouchanes. Une influence s’exerça aussi sur le Bouddhisme Tibétain par l’intermédiaire de l’école Yogacara, fondée par Asanga et Vasubandhu, deux frères Gandhârais.
 
    Les manuscrits Bouddhistes les plus anciens, qui sont aussi les manuscrits Indiens les plus anciens, ont été trouvés au Gandhâra. Ils sont écrits en Gāndhārī, langage dérivant du Sanskrit et noté en écriture Kharosti. C’est au Gandhâra qu’est supposé se trouver le lac Dhanakosha, lieu de naissance de Padmasambhava, fondateur du Bouddhisme Tibétain. Le BkA Brgyud (Kagyu) école du Bouddhisme Tibétain identifie le lac avec le Stupa Andan Dheri, situé à proximité du petit village de Uchh près de Chakdara dans la basse vallée de la Swât.

 

L’histoire…….

 
   Les toutes premières traces de civilisation du Gandhâra remontent à l’âge de pierre. On a retrouvé des outils en pierre et des os brûlés près de Mardân Sanghao dans la zone des grottes. Les artefacts ont environ 15 000 ans. La région montre très tôt un afflux du Sud de l’Asie centrale dans la culture de l’âge du bronze avec des relations étroites avec la Bactriane et la Margiane. Cette culture va survivre jusque vers 600 av.J.C, des éléments attestant cette période ont été découverts dans les régions montagneuses de la Swât et Dir et même à Takshashîlâ (ou Taxila). Le nom de Gandhâra est attesté dans le Rigveda (Collection d’hymnes [sūkta] sacrés de l’Inde antique composés en Sanskrit Védique – RV 1.120.1) et dans les anciennes inscriptions datant de la Perse Achéménide comme l’inscription de Béhistoun (ou Behistun).
  


 

Ruines de Takshashîlâ (ou Taxila)

   Cette dernière, qui donne la liste des 23 Satrapies du Roi Darius I (522-486), comprend le Gandhâra avec la Bactriane et Thatagush (θataguš ou Sattagydie). Dans le livre “Histoires” d’Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), le Gandhâra est cité comme une ressource importante dans la collecte de l’impôt pour Darius I. Les Gandhāris, ainsi que les Balhika (Bactriens), les Mūjavants, les Angas et les Mâgadhîs, qui sont également mentionnés dans le Atharva-Veda (Texte sacré de l’hindouisme – AV 5.22.14).
 
   Le Aitareya Brâhmana (Ensemble de textes philosophiques qui forment la base théorique de la religion Hindoue) fait référence au Roi Naganajit de Gandhâra qui était contemporain de Janaka, Roi de Videha. Le Gandhâra et ses Rois figurent en bonne place aussi, comme alliés du Kuru (Pays mythique au Nord de l’Himalaya) contre les Pândavas dans la guerre du Mahâbhârata (ou Mahābhārata). Selon les traditions de Purana (Nom d’un groupe de textes de la littérature Indienne), ce pays (Mahâ-Janapadas) fut fondé par Gandhâra (ou Gandhārā), fils d’Aruddha, un descendant de Yayāti.
 
   Les Princes de ce pays sont dit être descendants de la ligné de Druhyu, qui fut un (supposé) Roi de la période Rigvedic. Selon Vâyu-Purâna (II.36.107), le Gandhâra fut détruit par la Déesse Hindoue Pramiti (ou Kāli), à la fin du Kali Yuga (ou kaliyuga “âge de Kali” ou “âge de fer" – Quatrième et actuel âge de la cosmogonie Hindoue). Les principales villes du Gandhâra étaient Purushapura (Aujourd’hui Peshawar), Takshashîlâ (Aujourd’hui Taxila) et Pushkalavati (Aujourd’hui Chārsadda). Celle-ci resta la capitale du Gandhâra du VIe siècle av.J.C au II siècle de notre ère, lorsque la capitale fut déménagée à Peshawar. Au VIe siècle, la région va se retrouver sous l’autorité des Perses Achéménides, après que Cyrus II le Grand (559-529) ait construit son Empire, qui s’étendait de la Grèce à l’Indus.


 

Premier Shatamana d’argent du Gandhara (600-500)

 
   Le Gandhâra et le Kamboja ont constitué la septième satrapie du haut Indus de l’Empire Achéménide. Lorsque ces derniers ont pris le contrôle de ce royaume, Pushkarasakti, un contemporain du Roi Bimbisara de Mâgadha, fut porté sur le trône du Gandhâra. Il engagea une lutte pour le pouvoir contre les royaumes de Pândavas et Avanti. Avec le contrôle des Perses, un système d’administration centralisée avec une bureaucratie bien organisée fut introduit dans la région. Influencés par ceux-ci, avec la possibilité d’avoir accès à des civilisations d’Asie occidentale, de grands hommes tels que Pāņini (Grammairien Indien, IVe siècle av.J.C) et Chânakya (ou Vishnugupta Chânakya ou Kautilya, conseiller et premier ministre de l’Empereur Chandragupta Maurya, v.350-283) vécurent dans ce milieu cosmopolite.

Shatamana d’argent  (500-400)

            Vers 380, l’emprise des Achéménides sur la région s’affaiblit. De nombreux petits royaumes se développèrent alors dans le Gandhâra. En 327, Alexandre le Grand (336-323) conquiert le Gandhâra et les satrapies de l’Empire Perse. Les expéditions d’Alexandre ont été enregistrées par sa cour et par des historiens comme, Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon, historien Romain, v.86-v.175) dans son Anabase et d’autres chroniqueurs de nombreux siècles après l’événement. Les compagnons d’Alexandre n’ont pas mentionné les noms de Kamboja et Gandhâra, mais plutôt une douzaine de petites unités politiques dans leurs territoires. Le Macédonien va conquérir la plupart de ces unités politiques de l’ex-Gandhâra comme, les peuples le long du Sindhu et le Kamboja Mahajanapadas. Après sa mort et le partage de son Empire, la région devint la propriété des Rois Séleucides. Ceux-ci vont devoir faire face aux volontés d’indépendances de divers peuples et Princes. Un de ceux-ci fut Chandragupta.


 
Représentation de Chandragupta

 
   Chandragupta (En Sanscrit : चन्द्रगुप्त मौर्य, en Grec : Sandrakottos Σανδρόκοττος ou Sandrokyptos Σανδρόκυπτος, En Latin : Androcottus ou Sandrocottus), né vers 340. Il régna de 321 à 298 et fut le fondateur de la dynastie des Maurya, et le premier Empereur à unifier l’Inde en un seul État. On sait peu de chose de sa naissance à sa prise de pouvoir. Il est dit avoir vécu à Takshashîlâ (ou Taxila) lorsqu’Alexandre le Grand s’empara de cette ville. Il y aurait rencontré Chânakya (ou Vishnugupta Chânakya, 350–v.275), Brâhmane et l’un des premiers penseurs politiques Indiens connus, qui serait resté son principal conseiller tout au long de sa carrière. Malgré qu’il fut l’un des monarques principaux de l’histoire Indienne, les origines de la famille de Chandragupta restent un mystère pour les historiens. Il existe plusieurs théories tenues par divers chercheurs.
 
   Le premier à le mentionner stipule que Chandragupta Maurya était un descendant des Rois illégitimes de la dynastie Nandâ du Mâgadha. Dans le drame historique Mudrarakshasa (ou Rakshasa Mudra) du IVe siècle, l’auteur Vishakha Datta, raconte cette histoire et l’ascension de Chandragupta. Un commentateur de ce travail au XVIIIe siècle expliqua que son père, appelé Mauria, était le fils illégitime du Roi Nandâ, Sarvarthasiddhi et d’une femme de caste inférieure appelée Mura. Cette théorie sur les origines du souverain semble être en accord avec les passages de l’historien Romain, Justin (III siècle ap.J.C) qui rapporte que le Roi Indien Sandrakottos, que les historiens actuels identifient avec Chandragupta, était d’origine modeste. Par ailleurs des sources Bouddhistes affirment que Chandragupta était le fils d’un chef de clan d’une famille de soignants de paons. Ensuite, il y a la théorie selon laquelle Chandragupta fut un membre de la caste Kshatriya (Classe politique et militaire) appelée Moriya. Cette hypothèse est appuyée sur le texte Mahāvamsa (Une ancienne chronique Bouddhiste sur l’histoire du Sri Lanka). Il convient de mentionner aussi les théories qui prétendent qu’il pourrait être issu de zones de l’Inde Nord-occidentale, membre d’un clan Ashvaka, qui est mentionné dans les sources Grecques comme Assakenoi.
 


 

Premier Karshapana d’argent – Règne de Chandragupta

    Chandragupta Maurya utilisa le Gandhâra comme base de développement de son royaume. Sous l’influence de son ministre, profitant des guerres qui affaiblissait la dynastie Nandâ et l’invasion de l’Inde par Alexandre, il conduisit une rébellion contre l’Empire Mâgadha, dans la région du Bihar au Sud du Gange. En 321, il renversa le Roi, Maha-Padma Nandâ, qui fut le dernier représentant de la dynastie des Shaishunâga et unifia l’Inde du Nord. Chandragupta s’installa dans sa capitale Pâtaliputra, puis étendit son pouvoir sur le Nord du sous-continent Indien.
 
   Après la mort de Pôros (ou Pûru ou Por, puissant Roi Indien de Paurava entre le cours d’eau Jhelam et Ravi) qui fut battu par Alexandre en l’an 317, Chandragupta annexa son royaume sur l’Indus. Certains auteurs anciens tardifs interprétèrent la montée en puissance de Chandragupta comme une sorte de réponse à la conquête d’Alexandre et une tentative de vouloir dominer le monde occidental.
 
   Il porta ensuite son attention sur le Nord-ouest de son royaume où il repoussa les troupes Gréco-Macédoniennes restées au Pendjab après le retrait d’Alexandre. Il continua ses conquêtes en s’emparant des territoires de la rive Est de l’Indus, puis se tourna vers le Sud et soumit une grande partie de l’Inde centrale. En 305, Chandragupta retourna dans le Nord-ouest de son territoire où le Roi Séleucide, Séleucos I Nikatôr (305-280), menaçait sa frontière. Il arrêta la progression des Séleucides et repoussa même sa frontière occidentale plus à l’Ouest, la positionnant dans ce qui est aujourd’hui l’Afghanistan. En 303, en raison de la puissance des armées de Chandragupta (Il est censé avoir compté 400.000 hommes) la guerre cessa entre les deux souverains qui arrivèrent à un accord dans lequel Séleucos I échangea des territoires, les régions à l’Ouest de l’Indus, y compris le Balûchistân, contre 500 des éléphants de guerre de Chandragupta. Une alliance fut scellée par un mariage entre l’Empereur Maurya avec une fille de Séleucos I.


 

Monnaie sous Chandragupta

 
   Toutefois, il n’existe pas de documents contemporains des Indiens et de Chandragupta et presque tout ce qui nous est connu est basé sur les écrits de Mégasthènes (v.340-282), l’ambassadeur de Séleucos I à la cour des Maurya à Pâtaliputra. À la suite de cette alliance, la renommée de Chandragupta Maurya se répandit en Occident où son Empire fut reconnu comme une puissance importante. Les Ptolémée et le Satrape de Syrie envoyèrent des ambassadeurs à sa cour.
 
   Après l’unification Inde, Chandragupta et son conseiller principal Chânakya (ou Vishnugupta Chânakya ou Kautilya, v.350-283) adoptèrent une série de grandes réformes économiques et politiques. L’Empereur établit une administration centrale forte calquée sur celle de la Perse Achéménide. Toutes ses réformes figurent dans l’Arthashâstra, ancien ouvrage de politique, d’économie et de stratégie militaire écrit par Kautilya et Vișhņugupta, qui sont traditionnellement identifiés comme le Premier Ministre, Chânakya. L’Inde Maurya fut caractérisée par une structure bureaucratique efficace et très organisée avec un grand service civil. En raison de sa structure unifiée, l’Empire développa une économie forte. Le commerce intérieur et extérieur fut sous le règne de ce souverain en plein essor et l’agriculture fut très florissante. Les mouvements de réforme religieuse du Bouddhisme et du Jaïnisme devinrent de plus en plus importants.
 
   En 298, Chandragupta abdiqua, une tradition veut qu’il se soit rendu dans le Karnataka (Au Sud de l’Inde) pour se faire moine Jaina (Le Jaïnisme était une religion d’importance à cette époque) à Shravana-Belgola (ou Shravanabelagola, située à quelque 75 km au Nord de la ville de Mysoreet) et qu’il mît fin à ses jours en commettant le suicide rituel par inanition (épuisement et jeûne jusqu’à la mort). Chandragupta laissa à son fils un Empire qui s’étendait à l’Est, du Bengale et de l’Assam (État du Nord de l’Inde), à l’Afghanistan au Balûchistân et au Sud-est l’Iran à l’Ouest, au Cachemire et au Népal dans le Nord, et au plateau du Deccan dans le Sud (Grand plateau de l’Inde, qui composent la majeure partie du Sud du pays). Ce fut le plus grand Empire jamais vu dans l’histoire Indienne. Chandragupta joua un rôle crucial dans le façonnement de l’identité nationale de l’Inde moderne, et fut encensé comme un souverain modèle.


 

Karshapana d’argent – Règne de Bindusâra

 
   Chandragupta épousa Maharani Durdhâra (morte en 320). Selon les textes du Jaïnisme, elle lui donna un fils, vers 320, Bindusâra, qui succéda à son père. Selon une légende mentionnée dans les textes Jaïn, son époux prenait tous les jours des petites doses de poison pour se construire une immunité contre les tentatives d’empoisonnement possibles de ses ennemis. Un jour, Chandragupta partagea sa nourriture contenant la petite dose de poison avec Durdhâra qui était enceinte.
 
   L’Impératrice, qui n’était pas à l’abri de celui-ci s’effondra morte en quelques minutes. Chânakya entra dans la chambre au moment même où elle s’effondrait, et afin de sauver l’enfant dans l’utérus, il ouvra immédiatement le ventre de l’Impératrice et prit le bébé, mais une goutte de poison avait déjà atteint l’enfant et touché sa tête. C’est pour cette raison qu’il eut une tâche bleuâtre permanente sur son front, un bindu. Ainsi, le nouveau-né fut nommé "Bindusâra“.
 
   Bindusâra, naquit vers 320. Il régna de 298 à 274 (On trouve aussi 272 ou 268). Il succéda à son père, Chandragupta, héritant vers l’âge de 22 ans d’un Empire gigantesque. Le Gandhâra resta une partie de l’Empire Maurya pendant environ un siècle et demi. Bindusâra était surnommé Devanampriya (ou Deva-nampriya), son nom originel était Simhanesa d’après le Rajâvalikhata, un ouvrage Jaïna. Il est connu des Grecs et Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) le nomme Allitrochadès ou Amitrochates, de l’Indien Amitraghata, qui signifie "Tueur d’ennemis", son titre honorifique. Il fut également été appelé Ajatashatru “Homme sans ennemis” en Sanskrit.


 

Autre Karshapana d’argent – Règne de Bindusâra

 
   Il étendit son Empire au cours de son règne, vers le Sud, le pays Dravidien, intégrant ce que nous connaissons aujourd’hui comme le Karnataka (Avant 1973, connu comme l’État de Mysore), dominant ainsi la plus grande partie de la péninsule Indienne, qu’il nomme le pays entre les deux mers. La vie de Bindusâra n’est pas aussi documentée que celle de son père, ou de son fils Ashoka. Il ne fut pas un conquérant, mais plutôt un organisateur de l’Empire légué par son père qu’il n’étendit pas véritablement, mais qu’il transmit à son fils très consolidé de l’intérieur. Chânakya fut le premier ministre au cours de son règne, comme il l’avait été durant celui de son père.
 
   Bindusâra connut deux révoltes de Takshashîlâ (ou Taxila), la première causée par la mauvaise gouvernance de son fils aîné, Susima. La raison de la deuxième révolte est inconnue, peut-être une manœuvre de Susima pour mettre en difficulté son frère Ashoka, le fils favori. Bindusâra mourut après y avoir envoyé Ashoka qui mâta le soulèvement sans difficulté. De nombreux Ambassadeurs visitèrent sa cour durant son règne, en particulier le Grec Deimachos (ou Deimaque), envoyé par le Roi Séleucide, Antiochos I Sôter (280-261) et Dionysos, l’Ambassadeur du Roi d’Égypte, Ptolémée II Philadelphe (282-246), preuve des bonnes relations avec le monde Hellénistique. À la différence de son père, il suivit la philosophie Âjîvika, athée et anti-Brahmanique.
 
   Bindusâra épousa Dharma et eut deux enfants, Susima et Ashoka, qui furent nommés Vice-rois de Takshashîlâ (ou Taxila) et Uyyain (ou Ujjain ou Ujain ou Uyain ou Uyyainí ouo Avanti ou Avanti Pur), une ville dans l’État du Madhya Pradesh, dans le Nord-ouest de l’Inde. On estime qu’au moment de la mort Bindusâra commença une guerre de succession qui probablement dura quatre ans. Ces faits sont décrit par les sources Bouddhistes, indiquant qu’Ashoka, qui était le fils aîné, sortit victorieux de ce conflit. Malgré cette instabilité initiale, le fils de Bindusâra poursuivit ses travaux et réussira à étendre le territoire de l’Empire Maurya.


 

Statue d’Ashoka

 
   Ashoka (ou Ashoka le Grand ou Ashoka Vardhana ou Asoka ou Açoka ou Açôka ou Ashokavardhāna, en Devanāgarī : अशोक Aśokah), le petit-fils de Chandragupta, qui naquit à Pataliputra (ou Patna) en 304. Il régna de 274 (On trouve aussi 272 ou 268) à 232. Il fut l’un des plus grands dirigeants Indiens. Il régna sur la majeure partie du sous-continent Indien, de l’actuel Afghanistan jusqu’au Bengale et aussi loin vers le Sud que l’actuelle Mysore. Les inscriptions existantes se référant généralement à lui donnent son titre impérial en Prâkrit : Devanampiya Piyadassi (देवानांप्रिय प्रियदर्शी, en Sanskrit Devānāmpriya Priyadarśi “Aimé des Dieux” et “Doux regard“). À l’instar de son grand-père, Ashoka aurait également commencé sa carrière comme Gouverneur du Gandhâra. Après un début de règne très autoritaire et frappé d’horreur, Ashoka est saisi de remords suite à sa conquête sanglante du Kālinga, sur la côte est de l’Inde et il changea complètement de politique.
 
   Il chercha désormais à suivre l’Ahimsa (Maintenir et propager la paix, la non-violence, la compassion, le végétarisme). Plus tard, il devint Bouddhiste et permit de promouvoir cette religion dans son Empire. Il construisit de nombreux stupas dans le Gandhâra. Il fit rénover les routes principales, fit ériger une quantité impressionnante de stèles et bâtiments, dont des hôpitaux pour animaux et fit adopter une écriture, le brāhmī, dont dérivent les écritures modernes.
 
   Ashoka eut quatre épouses : Maharani Kaurwaki (ou Karuvaki, en Oriya : Karubaki, en Sanscrit : Charuvaki) qui fut la mère du Prince Tivala (ou Tivara) ; Rani Padmavati, qui naquit en 280 et qui fut la mère de Kunâla (ou Kunal), qui succéda à son père  ; Asandhimitra, également connu sous le nom Dévi, qui fut la première femme  la plus aimée d’Ashoka et son Impératrice consort, à son palais de Uyyain (ou Ujjain). Elle lui donna un fils : Mahinda (En Sanscrit : Mahendra) et une fille : Sanghamitta (En sanskrit : Sanghmitra) et enfin, Rani Tishyaraksha (ou Tishyarakshita ou Tissarakka ou Tissarakbha) qui mourut en 238. Ce fut la plus jeune et la dernière épouse de l’Empereur. Les historiens aujourd’hui pensent qu’elle ne fut pas une épouse, mais simplement une concubine. On croit que Tishyaraksha était la femme de chambre d’Asandhimitra.
 

  Pour plus de détails sur le Roi voir : Ashoka   Wikipedia.En

 
   Après le règne d’Ashoka l’Empire se désagrégea et l’unité Indienne fut perdue. Cette faiblesse profita à l’Empire naissant des Rois Indo-grecs de Bactriane qui s’étaient détachés des Séleucides et qui s’emparèrent du Gandhâra. Autour de 185 environ, le Roi de Bactriane, Démétrios I (200-171) envahit et conquit entièrement le Gandhâra et le Pendjab. Le Sud de l’Afghanistan fut absorbé par Démétrios I en 180. Plus tard, les guerres entre les différents groupes de Grecs de Bactriane aboutirent à l’indépendance du Gandhâra. Ménandre I (En Sanskrit : Milinda, 160-135) fut le plus célèbre Roi de ce nouveau royaume. Il régna de Takshashîlâ (ou Taxila) et plus tard de Sagala (ou Sialkot). Il reconstruisit Takshashîlâ et Pushkalavati. Il devint Bouddhiste et on a des traces, dans le livre Milindapañha, de ses discussions avec le grand philosophe Bouddhiste, Nāgasena. À sa mort en 140, les Kouchans (ou Kushans) d’Asie centrale envahirent la Bactriane Grecque et mirent fin à ce royaume. Vers 30 av.J.C ils prirent possession d’une partie du Gandhâra qu’ils gardèrent au moins jusqu’au IIIe siècle ap.J.C.

Drachme d’argent – Période d’Ashoka

 
   Vers 80 av.J.C, les Sakas, repoussés par leurs cousins Parthes d’Iran, emménagèrent dans le Gandhâra et d’autres parties du Pakistan et de l’Ouest de l’Inde. Le plus célèbre Roi des Sakas, Maues, s’établit lui-même dans le Gandhâra. En 90 av.J.C, les Parthes prirent le contrôle de l’Est de l’Iran et vers 50 av.J.C mirent un terme aux derniers vestiges du règne des Grecs en Afghanistan. Vers 7 av.J.C une dynastie Indo-parthe réussit à prendre le contrôle du Gandhâra. Les Parthes continuèrent d’appliquer les traditions artistiques Grecques. Le début de l’art du Gandhâra Gréco-bouddhique est daté de 50-75.  
 
   Des liens entre Rome et le royaume des Indo-parthe existent. Il y a des preuves archéologiques que des techniques de construction furent transmises entre les deux royaumes. La dynastie Parthe chuta vers 75 dans cette région au profit d’un autre groupe d’Asie centrale, les Kouchans, connus sous le nom de Yuezhi ou Yueh-Chih, déplacés de Chine en l’Asie centrale, puis en Bactriane où ils étaient depuis un siècle. Autour de 75, les Kouchans sous la direction de Kadphisès I (ou Kujula Kadphisès 丘就却 K’iu-tsiu-k’io, 30-80 ap.J.C) prirent le contrôle de Gandhâra et d’autres parties de ce qui est maintenant le Pakistan.
 
   La période Kouchan est considérée comme la Période d’or du Gandhâra. La vallée de Peshawar et de Takshashîlâ (ou Taxila) est jonchée de ruines de monastères et de stupas datant de cette période. L’art du Gandhâra fleurit et produisit quelques-unes des meilleures pièces de la sculpture Indienne. La civilisation du Gandhâra atteint son apogée sous le règne du grand Roi Kouchan Kanishka I (128-152 ou 127-147). Les villes de Takshashîlâ (ou Taxila), Sirsukh et Peshawar furent reconstruites. Peshawar devint la capitale d’un grand Empire qui s’étendait du Bengale à l’Asie centrale. Kanishka I fut un grand mécène de la foi Bouddhiste qui s’étendit à l’Asie centrale et à l’Extrême-Orient à travers la Bactriane et la Sogdiane.


 

Monnaie de Kanishka I

 
   Grâce à Kanishka I, le Gandhâra devint une Terre Sainte du Bouddhisme et attira même des pèlerins Chinois. D’énormes statues du Bouddha furent érigées dans les monastères et gravées dans les collines. Kanishka I construisit également une grande tour à Peshawar. Cette tour a été signalée par Fa-Hsian, Sun Yun-et-Hsuan Tsang. Cette structure fut détruite et reconstruite plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle soit finalement détruite par Mahmud de Ghazni au XIe siècle. Après Kanishka I, l’Empire commença à perdre des territoires à l’Est.
 
   À l’Ouest, le Gandhâra tomba sous la domination des Perses Sassanides, l’État successeur des Parthes, et devinrent leurs vassaux de 241 à 450, date où il disparurent avec l’invasion des Shvetahûna (ou Huns blancs) qui ravagèrent le royaume et s’y installèrent sous leurs Rois, Toramana (mort en 502) et Mihiragula (502-530).

 

Bibliographie
 

  Pour d’autres détails sur le Gandhâra voir les ouvrages de :
 
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