Autres  Royaumes  et  Villes :
La  Dacie
 

Nous avons besoin de vous

 

   La Dacie (En latin : Dacia) couvrait, dans l’antiquité, un territoire correspondant approximativement à celui de la Roumanie actuelle. Vers 2000 av.J.C, on assista à l’immigration de tribus Bastarnes (ou Germains), Scythes, Sarmates et Daces venues des steppes de la Caspienne qui formèrent un ensemble de royaumes sur la rive gauche du Danube (Dacie, Gètes, Thrace etc.). La région fut aussi peuplée, du VIIe au V siècle, de Grecs lors de la fondation de leurs colonies sur les rives de la mer Noire, comme : Apollonia (ou Sozopol), Callatis (Ouest de la mer Noire, aujourd’hui Mangalia), Histria (ou Istros), Tomis (ou Constanţa ou Constanza) etc… Et plus tard probablement un certain nombre de commerçants Romains. Ces comptoirs Grecs connurent leur apogée à l’époque Hellénistique, les produits de luxe, le vin et huile y furent échangés contre le blé, le miel, l’or et l’argent.
  


 

Buste d’un Comati


 

Buste d’un Taraboste

   Vers la fin du IVe siècle av.J.C on assista à la migration des Celtes en Transylvanie et leur influence joua un rôle aussi important que celle des Grecs et des Macédoniens. Vers 300, Dromichaetes fut le premier souverain sur des tribus Daces unifiées. Au Ier siècle, Burebista (ou Boirebista, 82-44) créa un royaume centralisé sur un grand territoire qu’il conquit lors de plusieurs campagnes. Cette politique expansionniste le fit entrer inévitablement en guerre contre les Romains, ses anciens alliés.
 
   Deux classes constituèrent l’organisation sociale du pays : La noblesse (ou Taraboste) qui avait tous les privilèges et le prolétariat (ou Comati ou Comatus) composé par les artisans, les soldats et les paysans. Chaque couche sociale avait un signe distinctif, seule la noblesse avait le droit de se couvrir la tête, alors que le prolétariat portait les cheveux longs (ou capillati).
 
   La richesse du pays était constituée : De considérables réserves d’or et d’argent provenant de la Transylvanie actuelle, de céréales grâce à une importante agriculture et enfin de l’élevage des chevaux. Les Daces commercèrent surtout avec les cités Grecques continentales et avec les colonies de la mer Noire et plus tard avec l’Empire Romain. Très tôt ils eurent leur propre monnaie (Sûrement vers le milieu du IIe siècle av.J.C).
 
   Ils parlaient une langue Indo-européenne (Un dialecte Thrace). Les Daces sont aussi réputés pour leur calendrier, qui est un des plus précis de l’antiquité, son erreur n’est que d’1heure 15 minutes par an.
 
   La religion des Daces fut largement influencée de la religion Grecque et Thrace. Il avait donc tout un panthéon de Dieux qui s’identifiait à un élément de l’environnement : Zamolxys (ou Zamolxis) était le Dieu suprême de toute la terre et était aussi le Dieu de la vie et de la mort et de l’au-delà ; Bendis était la Déesse des champs et des forets et de la Lune, lié à la magie, l’amour et la maternité ; Derzis (ou Derzelas) était le Dieu de la santé; Dabatopienos était le Dieu de la métallurgie ; Gebeleizis était le Dieu du feu, des éclairs, de la guerre et de la pluie et fut considéré comme l’équivalent du Dieu Nordique Thor ; Kotys (ou Cottyto) était la Déesse “mère” de la mythologie. Sabazius (ou Sabazios) était le Dieu des vins ; Zibelthiurdos était le Dieu de la tempête etc…

 

L’histoire …..
 

  De vers 1900 à 800 av.J.C, la période fut marquée par l’épanouissement de brillantes cultures dont celles d’Otomani (Füzesabony aujourd’hui) et de Periam-Pecica. L’importance des armes et des parures en or retrouvées révèle l’existence d’une société très aristocratique. À partir de vers 750 débuta la colonisation Grecque sur les côtes du Pont Euxin (Mer Noire), elle fut surtout l’œuvre de colons venus de Milet, d’Héraclée du Pont et de Mégare. Les cités d’Apollonia (ou Sozopol ou Soxopolis), Callatis (Mangalia aujourd’hui au VIe siècle), Dionysopolis (Baltchik aujourd’hui), Mesembria et Odessos (Varna aujourd’hui, en 560 av.J.C) furent fondées sur la côte de la Bulgarie actuelle. Celles de Tomis (Constanta aujourd’hui, au Ve siècle) et Histria (ou Istros, fin du VIIe Siècle) sur celle de la Roumanie actuelle, à l’embouchure du Danube (Ister chez les Grecs) et Tyras (Vers 600 av.J.C) à l’embouchure du Dniestr. (Voir carte Mer Noire).
 
   Selon Quinte Curce (Historien Romain, Ier siècle ap.J.C), le Roi Gète d’Histria (ou Istros), Cothelas (ou Gudila, en Grec : Κοθήλας), régnait également sur une zone près de la mer Noire, entre le Nord de la Thrace et de le Danube. Son contrôle politique comprenait également l’important port d’Odessos (Varna aujourd’hui). Autour de 341/340, il ne put repousser les Scythes qui avaient envahi la Dobroudja, région du Nord-est de la Bulgarie bordée par le Danube et la Mer Noire. Vers 340/339, il conclut alors un traité avec le Roi de Macédoine, Philippe II (359-336) pour se débarrasser des envahisseurs. Le Macédonien libéra la région en battant le Roi Scythe Atéas (ou Athéas) et du même coup étendit son royaume jusqu’à l’embouche du Danube, Cothelas devenant son vassal. Cette relation fut encore renforcée l’orque la fille Cothelas, Meda devint vers 340 l’une des épouses du Roi Macédonien. Selon beaucoup de spécialistes, le tombeau de Cothelas (découvert en 1982) se trouve probablement près du village actuel de Svechtari, dans le Nord-est de la Bulgarie.
 
   Après la mort du fils et successeur de Philippe II, Alexandre le Grand (336-323) et du partage de son Empire, ses Diadoques se disputèrent la région. Un Roi Gète, Moskon, régnait à cette période sur les régions au Nord de la Dobroudja (Région du Nord-est de la Bulgarie bordée par le Danube et la Mer Noire), étant probablement en relations étroites avec les dirigeants locaux des colonies Grecques dont il avait adopté le type d’administration. Les seules preuves de son existence sont des pièces d’argent trouvés près de Tulcea, avec l’écriture Basileos Moskonos, “Basileos Moskonos”, c’est à dire le “Roi Moskon“.
 
   Vers 300, les Macédoniens entèrent en conflit avec le Roi des Gètes, Dromichaetes (ou Dromichaïtès ou Dromichaites ou Dromichete ou Dromiketes, en Grec: Δρομιχαίτης, v.300 à v.280) qui se proclama Roi des Daces et des Gètes. Peu de choses nous sont connues sur le règne de ce Roi, sa cour et son royaume. Le récit le plus détaillé est fourni par deux fragments de l’histoire de Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30). Mais ils doivent être traités avec prudence, car des différences de traductions littéraires diminuent leur valeur historique. Selon Diodore, la résidence principale de Dromichaetes était nommée Helis, traditionnellement placée au-delà du Danube, dans la plaine Roumaine, mais le royaume fut diversement situé par plusieurs auteurs, comme dans le Plateau de Moldavie. Le tombeau Gète de Cothelas à Svechtari est également censé avoir été près de l’emplacement d’Helis ?. Nous savons toutefois que le règne de Dromichaetes jouit d’une prospérité économique soutenue et de bonnes relations commerciales avec les colonies Grecques de la mer Egée et la région de la mer Noire. Les marchandises importées furent trouvés en abondance : céramiques, amphores, poterie etc…
 
   En 313, pendant la Troisième Guerre des Diadoques, les colonies Grecques de la rive occidentale de la mer Noire se révoltèrent contre le Roi de Thrace, Lysimaque (322-281), un des Diadoques d’Alexandre et chassèrent les garnisons militaires qu’il avait imposées. Lysimaque assiégea successivement Odessos (Varna aujourd’hui) et Histria (ou Istros) et les força à capituler, un traité de paix étant établie en 311. La preuve d’un nouveau conflit est bien attestée par un certain nombre d’auteurs anciens. Il fut probablement provoqué par la volonté d’expansion territoriale de Lysimaque et son désir de contrôler les riches colonies Grecques était sûrement l’enjeu. Les deux fragments de l’histoire de Diodore suggèrent deux campagnes distinctes. Au cours de la première les Gètes capturèrent Agathoclès, le fils de Lysimaque, mais le libérèrent dans l’espoir de récupérer les territoires perdus face à ce dernier.
 
   Au cours de la deuxième, Lysimaque lui-même fut fait prisonnier, puis libéré dans des conditions similaires. La campagne dans laquelle le Roi Thrace tomba en captivité des Gètes est datée par des chercheurs entre 294 et 291 av.J.C. Lysimaque avait attaqué avec des forces importantes et son offensive avait connu un certain succès au début avant de se terminer en catastrophe. Selon Polyène (Rhéteur Macédonien, IIe siècle av.J.C), Seuthès, un Général de Dromichaetes, se présenta comme un déserteur, trompa Lysimaque et le conduisit dans une embuscade. Attaquée par Dromichaetes, l’armée du Thrace fut vaincue et le Roi dut se rendre. Dromichaetes réussit à convaincre l’ensemble de ses compatriotes que la libération du Roi ennemi leur apporterait de plus grands avantages politiques que sa punition. Au printemps 291, il libéra Lysimaque, après avoir reçu la promesse de la restitution des territoires Gètes occupés par Lysimaque. Par mesure de précaution, les Gètes gardèrent des otages de haute naissance alliés au Roi Thrace, comme les Tyrans Cléarque II (306-284) et Denys (353/38-306) d’Héraclée du Pont. Lysimaque aurait aussi donné une de ses filles en mariage à Dromichaetes ?. Certains spécialistes, s’appuyant sur des écrits de l’historien Romain Justin (III siècle ap.J.C), avancent que Dromichaetes mourut dans une bataille contre ces Celtes ?.


 

Couronne de cérémonie Dace

 
   Puis pendant un peu plus de deux siècles nous manquons d’information. Les sources relatives aux Daces et aux Gètes sont très rares. Seuls quelques documents et des citations de l’historien Latin Trogue-Pompée (Ier siècle av.J.C) nous sont parvenus. Ils évoquent des guerres contre les Bastarnes, tribu de Germains installée aux bouches du Danube et contre les cités Grecques. On a connaissance d’un Roi nommé Zalmodegicus (fin du IIIe siècle). La ville d’Histria (ou Istros) aurait conclu un accord pour lui payer un tribut annuel en échange de la restitution d’otages et de certaines sources de revenus. Puis un dénommé Rubobostes (IIe siècle) à laissé quelques traces. Il est mentionné par Trogue Pompée (ou Cneius Pompeius Trogus, historien Romain, Ier siècle av.J.C) qui écrit que, pendant son règne, la puissance des Daces augmenta et qu’ils défirent les Celtes qui avaient auparavant le pouvoir dans la région. Trogue Pompée et Justin mentionnent une hausse de l’autorité Dace sous le règne du Roi Rubobostes (avant 168) qui suggère probablement la fin de la domination Celte en Transylvanie, chassés de Dacie par la montée en puissance d’une dynastie indigène. Suivit un dénommé Oroles (Première moitié du IIe siècle) qui s’opposa avec succès aux tribus Bastarnes (ou Germains) qui envahissaient le Nord des Carpates. Trogue Pompée écrit sur Oroles qu’il punissait ses soldats en les obligeant à dormir aux pieds de leurs épouses et à faire les tâches ménagères lorsqu’ils n’arrivaient pas à vaincre les envahisseurs.
  
   Vers 100 un Roi nommé Rhemaxos (IIe/Ier siècle), qui résidait sur la rive gauche du Danube, fut un protecteur des cités Grecques de la Dobroudja. Il est connu par une inscription trouvée à Histria (ou Istros) en l’honneur d’Agathoclès fils d’Antiphilos qui raconte son intervention contre Zoltès, un chef Thrace vivant au Sud du Danube. L’appartenance ethnique de Rhemaxos est discutée, pour certains spécialistes, comme Ion I.Russu, il fut un souverain Scythe. Après lui un dénommé Rholes (ou Roles, en Grec : ‘Pώλης, Ier siècle) contrôlait aussi l’actuelle Dobroudja. Il est mentionné par Dion Cassius (ou Cassius Dio Cocceianus, historien Romain, v.155-v.235). Selon l’historien il aida le Général et Proconsul Romain Marcus Licinius Crassus (115-53) à vaincre les Bastarnes (Tribu de Germains), et lorsqu’il se rendit à Rome il fut traité comme un ami et allié pour son soutien aux Romains. Toujours sur la même région à la même époque on trouve un nommé, Dapyx (Ier siècle). Dion Cassius parle de lui dans les campagnes de Marcus Licinius Crassus dans la région du Bas-Danube. Il raconte qu’un Roi de la région du centre de la Scythie Mineure (Actuelle Dobroudja) entra en guerre contre Rholes, allié aux Romains. Crassus lui vînt en aide et vaincu totalement l’armée de Dapyx.
 


 

Statue de Burebista à Orestie

   Le premier "grand" Roi dont nous ayons une bonne connaissance est Burebista (ou Boirebista ou Byrebistas ou Buruista, en Grec : Βυρεβιστα ou Βυρεβιστας ou Βοιρεβίστας, 82 à 44 ou 72 à 44 ou 70 à 44). Trois sources antiques sur ce Roi ont survécu : Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C – Geographica 7.3.5, 7.3.11 et 16.02.39), qui précise les noms Byrebistas et Boirebistas ; Jordanès (ou Jornandès, historien de langue Latine, VIe siècle ap.J.C) qui le nomme Buruista, et une inscription en marbre trouvée à Dionysopolis (aujourd’hui Baltchik en Bulgarie) qui est aujourd’hui au Musée national de Sofia, qui représente un décret d’Akornion, un citoyen de la ville qui était Conseiller en chef (en Grec : πρτοσφίλος, littéralement "Premier ami") de Burebista.
 
   Pour la majorité des spécialistes, Burebista réalisa l’union des populations de Thraces depuis la rivière Moravie à l’Ouest, jusqu’au fleuve Bug à l’Est et des Carpates jusqu’à Dionysopolis sur le littoral. Toutefois il faut souligner que pour certains, comme Dionisie M.Pippidi, cette alliance était probablement un État faiblement (voire pas du tout) centralisé, avec une organisation militaire semblable à celle des royaumes Hellénistiques. Le degré exact de centralisation est en cours de débat, avec des archéologues qui nient l’existence d’un État comme Pippidi, parce que d’après aux les preuves archéologiques montrent bien une diversité régionale. D’autres, au contraire, comme Hadrian Daicoviciu, contestent cela et concluent qu’il y avait bien une structure politique centralisée ?. Le débat reste ouvert.
 
   Au début de son règne, le territoire de Burebista ne s’étendait pas encore jusqu’aux Cités Grecques de la mer Noire, il ne contrôlait, à cette époque, ni le Bas-Danube, ni le littoral, car le grand conquérant que fut le Roi du Pont Mithridate VI (120-63) ne mentionne pas les Daces comme des ennemis. Burebista fut assisté dans la gestion du royaume par le Grand Prêtre, Deceneus (ou Décénée ou Dicineus ou Decaineus), qui détenait des pouvoirs quasi royaux et dictait aux Daces les lois belagines. Il prendra le pouvoir sur une partie du royaume à sa mort. L’unité politique des tribus Daces terminées, Burebista prit possession de vastes territoires. La chronologie de ses conquêtes est sujet à controverses, les sources n’indiquant que ses victoires.
 
   Comme le précise Ion Horațiu Crișan, à partir de 74, au Sud du Danube, le Proconsul Romain Lucius Licinius Lucullus (Homme d’État et Général, 115-57) fut en guerre contre le Roi du Pont, Mithridate VI (120-63 – Guerres de Mithridate de 74 à 72), Lucullus remporta quelques victoires et occupa les cités Grecques des rives de la mer Noire, d’Apollonia (ou Sozopol) jusqu’au Delta du Danube. Les habitants des villes conquises demandèrent alors de l’aide à Burebista. Ce dernier défit l’armée Romaine près d’Histria (ou Istros) et intégra à son royaume les villes libérées d’Histria, Tomis, Callatis, Dionysopolis (aujourd’hui Baltchik en Bulgarie) et Apollonia.

 
   Il poursuit son avancée et conquit Mesembria, Odessos (ou Varna) et vers 50 ce sera le tour de Tyras. Puis il dirigea une deuxième offensive en direction de la Macédoine. Il franchit le Danube et progressa jusqu’à la province Romaine de Macédoine, en ravageant la péninsule Balkanique. Ensuite il se tourna contre ses voisins Celtes de l’Ouest. Il continua sa politique de conquête de nouveaux territoires et en 60/59, il attaqua et vaincu les Celtes de la tribu des Boïes (ou Celtes Boiens), qui habitaient le long du Danube moyen et dans ce qui est aujourd’hui la Slovaquie, ce qui entraîna la dislocation de la fédération de tribus dominée par ces derniers et étendit son royaume jusqu’à la Morava. Les Daces s’installèrent alors dans la partie méridionale de l’actuelle Slovaquie.
  


 

Statue de Burebista à Calarasi

   En 48, Burebista fut un allié suffisamment important pour soutenir Pompée (106-48) dans sa rivalité avec Jules César (100-44). Mais alors que César marchait sur Rome, Pompée s’enfuit, César le poursuivit et le battit à Pharsale la même année. Ayant trouvé refuge en Égypte, Pompée y fut assassiné par des hommes à la solde du Roi d’Égypte, Ptolémée XIII Philopator (51-47). César projetait alors d’envoyer des légions en représailles contre Burebista, mais, en 44, il fut assassiné et le Dace échappa à la vengeance. À peu près à la même époque Burebista mourut, lui aussi victime d’un attentat politique. Quelques spécialistes pensent que le complot fut vraisemblablement tramé par des nobles Daces, chefs de tribus évincés lors de l’unification et que Rome pourrait être le maître d’œuvre dans cet assassinat du Roi.
 
   Burebista choisit comme capitale Argedava (ou Sargedava) localisée par Constantin Daicoviciu, sur le cours supérieur de l’Arges, près de Costeşti, aujourd’hui dans le sud-ouest de la Roumanie. Karl Georg Brandis nous dit qu’il construit la forteresse de Sarmizegethusa (ou Sarmizegetusa, près d’Újvárhely ou Varhély) qui deviendra plus tard la capitale et qu’au cœur de son Empire, dans les montagnes Orăştie (ou Hunedoara), il construisit un système de fortifications en pierre sur des terrains plus élevés. Les plus importantes sont situées dans les villages actuels de : Băniţa, Blidaru, Costeşti et Piatra Roşie.
 
   Après sa mort, le Royaume de Burebista fut divisé en quatre régions (Plus tard il sera divisé en cinq), chacune sous l’autorité d’un souverain indépendant. Dans la région centrale régna le Grand Prêtre Deceneus (ou Décénée ou Dicineus ou Decaineus, 44 à 27), qui succéda à Burebista, avec lui on note le règne de Comosicus (44 à 28) qui cumula les pouvoirs de Grand Prêtre et de Roi. Plusieurs Rois succédèrent à Burebista sur ce territoire de Transylvanie du Sud-ouest, qui seul put garder le nom de royaume de Dacie. On trouve aussi un Roi Cotiso (ou Cotison ou Koson, en Grec : Koson, vers 30) qui est mentionné par Suétone (ou Caius Suetonius Tranquillus, polygraphe et érudit Romain, v.69-v.130) qui l’appelle Roi des Gètes et Horace (ou Quintus Horatius Flaccus, poète Romain, 65-8 av.J.C) qui l’appelle le Roi des Daces.
 

D’autres Rois Gètes et Daces sont mentionnés sous le règne d’Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C), mais ils ne régnèrent que sur les tribus du Bas-Danube. La liste des souverains de ce royaume de Dacie est donc sujette à controverses. Le Roi Comosicus y est cité comme le successeur de Deceneus, alors que Cotiso, qui est mentionné comme dit plus haut dans plusieurs sources comme le Roi du Danube, en est absent. Du fait que cette liste contient un certain nombre d’erreurs, certains spécialistes pensent vraisemblable, que Comosicus ne fut qu’une seule et même personne avec Cotiso ?.

 
   Parmi les trois autres régions gouvernées par des Rois Gètes et Daces, les sources mentionnent le nom de Dicomes (vers 30) pour la partie Sud-est, qui aurait, pendant la guerre civile qui suivi la mort de César, proposé ses services à Marc Antoine (83-30 av.J.C). Cotiso aurait pour sa part, soutenu Octave (Empereur Auguste, 27 av.J.C-14 ap.J.C) et aurait même été fiancé à Julia, la fille (de 5 ans !) d’Octave. Chacun de ses Rois se considérait comme le successeur légitime de Burebista et cherchait des alliances avec les Romains espérant avoir leur aide afin de récupérer, sous leur hégémonie, les anciens territoires.
 
   En 35 av.J.C, Octave prétendant être l’héritier de César, exécuta le testament politique de ce dernier et déclara la guerre aux Daces. Lors de cette expédition sa plus grande victoire fut la prise de la cité de Siscia (ou Segesta, puis Segestica et Sisak aujourd’hui), mais la guerre s’arrêta là, Octave entamant sa lutte de pouvoir contre Marc Antoine. En 29/28 av.J.C, Licinius Crassus conquit la Dobroudja, qui fut intégrée à la province Romaine de Mésie et Rome obligea Comosicus / Cotiso à quitter les territoires situés au Sud du Danube. Puis Octave, devenu Auguste, voulut régulariser la situation politique au Nord du Danube. Il envahit la Norique (Région entre le Danube au Nord et la Rhétie à l’Ouest) et en 10 av.J.C, la Pannonie (Actuelle Hongrie) et voulut entamer la conquête de la rive gauche du Danube. Mais les Daces franchirent le fleuve et attaquèrent les Romains qui réussirent à les repousser. Auguste déclencha alors des représailles et lança une expédition dans le but d’assujettir les belligérants.

 

   Une deuxième campagne se déroula à peu près à la même époque et obligea les Daces des montagnes à s’enfuir au Nord du Danube. Les altercations avec Rome ne cessèrent pas et en 11 av.J.C, Sextius Ælius Catus battit à nouveau les Daces, il déporta une population Dace de 50.000 personnes en Mésie, en cédant leur place aux Sarmates. Il s’en suivit une période de paix de plus de trente ans pendant le règne du Roi Coryllus (28 à ? ap.J.C). Là encore les spécialistes pensent que ce Roi Dace Coryllus, mentionné dans la liste, ne fait qu’un avec un autre Roi au nom de Scorilo (ou Scorillo) cité dans d’autres sources.

   En 20 ap.J.C, la Dacie vit l’installation, dans le bassin de la Theiss (ou Tisza), des Sarmates Iazyges, avec le soutien des Romains. En 45, sous le règne de l’Empereur Claude (41-54), les Romains étendirent la province de Mésie jusqu’aux rives de la mer Noire et s’installèrent sur la rive droite du Danube. En 68/69, profitant de la période de guerre civile que les Romains traversaient (Pendant l’année des quatre Empereurs), les Sarmates Roxolans firent des incursions répétées en territoire Romain et infligèrent de lourdes défaites aux armées Romaines, capturant même des Proconsuls.

 


 

Buste de Domitien –
Musée du Louvre

   Trois légions furent envoyées en Mésie pour surveiller le cours du Danube. Les Daces lancèrent à leur tour une offensive contre la Mésie, ils traversèrent eux aussi le Danube et ils s’emparèrent des quartiers d’hiver des légions Romaines. Selon Tacite (Historien et philosophe Romain, v.56-v.120, Histoires, Livre I, 79, livre III, 49), le Gouverneur de Mésie et le Général Romain Mucien, sous les ordres de l’Empereur Vespasien (69-79), réussirent à rétablir l’ordre et conclurent un accord avec eux. Quelques années plus tard, à la fin du règne du Roi Dace Duras (ou Duras-Diurpaneo, 68 à 87), l’Empereur Romain Domitien (81-96) refusa de continuer à verser les subsides aux Daces, prévus dans le traité passé avec Vespasien.
 
   Durant l’hiver 85/86, les Daces relancèrent l’offensive. Ils attaquèrent les Romains par surprise et dans la bataille, le Proconsul de Mésie, Caius Oppius Sabinus (ou Gaius Oppius Sabinus) fut tué. Domitien confia alors les armées, pour la contre-offensive, au Préfet du prétoire, Cornelius Fuscus (ou Cornelius Fusco). Comme le précise Suétone (ou Caius Suetonius Tranquillus, polygraphe et un érudit Romain, Ier siècle – Vie des douze Césars), celui-ci traversa le Danube avec quatre légions et gagna le territoire des Daces. Mais il tomba dans une embuscade et subit une lourde défaite à un col de montagne appelé Tapae (Largement connu sous le nom des Portes de Fer le long de ce qui est de la frontière de la Roumanie et la Serbie moderne) où il périt au combat (86).
 
   Duras était âgé et n’avait plus de force à guerroyer contre les Romains, il céda alors le pouvoir à Décébale (ou Decebalus ou Decebal ou Diurpaneus, 87 à 106) qui fut peut être le fils de Coryllus / Scorilo selon deux inscriptions. La concession de Duras du trône fut faite pacifiquement et il continua à vivre dans l’un des palais de Sarmizegethusa (ou Sarmizegetusa, près d’Újvárhely ou Varhély) tout en servant en tant que conseiller pour Décébale. En 88, un troisième chef Romain prit le commandement des légions, le Général et Gouverneur de Mésie supérieure Lucius Tettius Iulianus (ou Tettio Giuliano ou Lucio Tetio Julian). Ce dernier, traversa le Danube, probablement en face de la forteresse légionnaire de Viminacium. Il réussit, à l’automne suivant, à rejoindre la plaine de Caransebeş, en face des Portes de Fer, après une marche rendue difficile par les attaques continues des Daces. Près du défilé de Tapae, sur le territoire de Décébale, se déroula une grande bataille où les Daces furent vaincus. Iulianus, toutefois, ne marcha pas sur la capitale Sarmizegethusa. Selon Dion Cassius (ou Lucius Claudius Cassius Dio, historien Romain, v.155-v.235), il fut retenu par un stratagème de Décébale qui aurait coupé des troncs d’arbre en les habillant en soldats ce qui réussit à conduire les Romains à renoncer à avancer en territoire ennemi.
 


 

Décébale représenté sur la
Colonne de Trajan

   Cet avantage des Romains dura peu de temps car Domitien dut subir la révolte du Sénateur et Général Lucius Antonius Saturninus et la menace dans la province de Pannonie causée par les tribus Germanique des Iazyges, Quades et Marcomans qui attaquèrent à leur tour les Romains. Ne pouvant lutter sur plusieurs fronts, bien que vainqueur, les Romains furent obligés, en 89, de signer une paix provisoire avec les Daces. Décébale restitua les armes et une partie des prisonniers en échange les Romains durent payer de fortes sommes sous la forme d’un tribut. Profitant de l’alliance avec les Romains, durant les dix années qui suivirent, Décébale poussa très loin les frontières du royaume. Il s’étendit alors de la Tisza à l’Ouest, au Dniestr à l’Est et de la mer Noire au Sud, aux Carpates au Nord. Sur ce vaste territoire, le Roi assujettit un grand nombre de peuples : Des Boïes (ou Celtes Boiens), des Celtes (Anartes et Teurisques), des Coïstoboces (ou Costoboces), des Sarmates etc…
 
   En 98, l’Empereur Romain Trajan (98-117) arriva au pouvoir et engagea immédiatement une série de campagnes militaires. Lors de sa première campagne pour mettre fin à ce versement de tribut, Trajan décida d’attaquer les Daces et engagea douze légions. En l’an 100, l’armée de l’Empereur passa l’hiver en Mésie et il franchit la Danube au printemps de l’an 101. Selon les chroniques Moldaves, plus tardives et dont on ne connaît pas les sources, Trajan ne passa pas tout de suite le Danube et ce fut Décébale qui vint à sa rencontre en Mésie ?. Il fit un long siège de la capitale Sarmizegethusa et occupa une partie du royaume et en 102 les armées Romaines remportèrent une victoire décisive lors d’une nouvelle bataille à Tapae. Décébale capitula mais obtint tout de même de garder ses terres et son statut de Roi client sous protectorat Romain. Trajan, toutefois, détruisit certaines importantes forteresses de l’ennemi, laissant à la place des garnisons Romaines. Décébale fut également contraint de limiter ses armements. C’était une situation humiliante pour le Roi Dace. En 105/106, alors qu’il avait accepté les conditions de redissions, Décébale lança une contre attaque, envahissant de nouveau la Mésie. La réponse de Trajan fut immédiate et la même année il battit largement Décébale près de Sarmizegethusa.
 


 

Le suicide de Décébale sur la
Colonne de Trajan

Photo avant retouches : wikimedia.org

   Selon Dion Cassius, vaincu, il se serait suicidé en se tranchant la gorge avec un poignard recourbé, plutôt que de se constituer prisonnier. La tête et la main droite de Décébale auraient été apportées à Trajan en guise de trophées de guerre. Selon certains spécialistes, Décébale aurait eut une épouse du nom de Andrade (ou Andrada), nous ignorons le nom des enfants résultants de cette union. Décébale est considéré comme un héros national en Roumanie et a été dépeint dans de nombreuses œuvres littéraires, des films, des sculptures etc… Pour commémorer ses victoires au Nord Danube, Trajan fit ériger deux monuments : Le Tropaeum Traiani dans la ville d’Adam-Klissi (ou Adamclisi, en 109) et La Colonne Trajane de Rome, achevée en 113, où sera représenté Décébale. La colonne dépeint les moments clés de ces deux dernières guerres entre les Daces et l’Empire Romain en bas-relief sculpté. Durant les années 1990, une équipe de sculpteurs a sculpté une statue de Décébale de 40 mètres sur un affleurement rocheux près de la ville d’Orşova en Roumanie.
 
   Après la mort de Décébale, le royaume de Dacie n’exista plus, il fut incorporé à la province Romaine de Dacie, la Dacia felix (La Dacie heureuse). La Dacie "Trajane" (ou Dacie Romaine) dura jusqu’en 256. En 129, elle fut divisée en deux par l’Empereur Hadrien (117-138) : La Dacie inférieure, comprenant la région actuelle de la petite Valachie et la Dacie supérieure, comprenant la région actuelle de Transylvanie. Peu de temps après une troisième province fut crée : Porolissensis, du nom de la ville de Porolissum-Moigrad (Près de Moigrad). Cette dernière et la Dacie inférieure furent administrées par un Procurateur et la Dacie supérieure par un Légat Impérial de rang sénatorial.
 
   Vers 136, les Daces furent incorporés dans l’armée Romaine et on estime leur nombre à plus de 10.000 comme auxiliaires. L’Empereur Romain Marc Aurèle (161-169) mit en place une importante réforme administrative. Les trois Dacie furent réunies en une seule, la province des Trois Dacie (tres Daciæ), sous la direction d’un Légat de rang consulaire. La tres Daciæ prit pour capitale, Ulpia Traiana Sarmizegethusa. En 212, l’Empereur Caracalla (198-217) donna la citoyenneté Romaine à tous les hommes libres de l’Empire Romain, les Daces devinrent donc des citoyens Romains. En 256, lors du règne de l’Empereur Gallien (253-268), les Goths traversèrent les Carpates et chassèrent les Romains de Dacie, seules résistèrent quelques places fortes situées entre le Danube et le fleuve Timis.
 


 

Sarmizegethusa – Le grand sanctuaire

   Entre 270 et 275, l’Empereur Aurélien (269-275) pour faire face à la pression barbare, retira toutes les légions et installa des colons Romains en Mésie, où il créa la province de Dacie Aurélienne. Cette dernière fut ensuite divisée en deux : La Dacie Ripuaire, avec pour capitale Ratiaria (Près d’Arčar, en Bosnie-Herzégovine) et la Dacie Méditerranéenne, avec pour capitale Serdica (ou Sardica, Sofia aujourd’hui en Bulgarie). Sous le règne de l’Empereur Dioclétien (284-305), l’actuelle Dobroudja devint la province de Scythie mineure. Le co-Empereur Romain d’Orient Galère (305-311) fut originaire de Dacie, du Nord du Danube. De 271 à 381, les Daces du Nord du Danube, sous l’emprise des tribus Carpes, formèrent les Carpo-Daces. La Dacie fut la première des provinces Romaines à prendre son indépendance.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la Dacie voir les ouvrages de :
 
Dumitru Berciu :
Romania before Burebista, Thames & Hudson, Londres, 1967.
Daco-Romania. Archaeologia Mundi, Heyne, München, 1981.
Lucian Boia :
History and Myth in Romanian Consciousness, Central European University Press, Budapest, 2001.
Karl Georg Brandis :
Burébista, pp : 261-264, Pauly Realencyclopädie de l’archéologie classique (RE). Supplément Volume I, Stuttgart, 1903.
Ion Horațiu Crișan :
Burebista and his time, Editura Academiei Republicii Socialiste Romania, Bucarest, 1978.
Karl Christ :
Geschichte der römischen Kaiserzeit, C.H. Beck Verlag, München, 1988-1995.
Constantin Daicoviciu :
La civilisation dace et sa place dans la culture de la région balkanique, Bucarest, 1962.
La Dacie libre et la Dacie romaine, Editions didactiques et pédagogiques, Bucarest, 1964.
Hadrian Daicoviciu :
Dacii, Editura Științifică, Bucarest, 1965 – Editura enciclopedică română, Bucarest, 1972.
Portrete dacice : Dromichaites, Burebista, Deceneu, Decebal, Editura Militară, Bucarest, 1984 – En Français, Portraits daciques : (Dromichaïtès, Burebista, Décénée, Décébale), Editura Militară, Bucarest, 1987.
Peter Delev :
Lysimachus, the Getae, and Archaeology, pp : 384–401, The Classical Quarterly 50 (2), 2000.
Ralph Field Hoddinott :
The Thracians, Thames and Hudson, Londres, 1981.
Mihail Kogălniceanu :
Histoire de la Dacie, B. Behr, Berlin, 1854.
Johannes Kramer :
Dakoi, Dakia, pp : 277–280, Der Neue Pauly 3, Metzler, Stuttgart, 1997.
Liviu Mărghitan :
Decebal, Editura Militară, Bucarest, 1978.
Harry Mountain :
The Celtic Encyclopedia, Universal Publishers, Parkland, 1998.
Maria Munteanu-Barbulescu :
Die Daker. Archäologie in Rumänien. Katalog zur Ausstellung im Römisch-Germanischen Museum vom 8. Juli bis 15. Sept. 1980, Historische Museen der Stadt Köln, Philipp von Zabern, Mainz am Rhein, 1980.
Ioana A.Oltean :
Dacia, landscape, colonisation, romanisation, Routledge, New York, London, 2007.
Emil Poenaru :
Burebista, Consiliul Culturii si̧ Educati̧ei Socialiste, Institutul de cercetări etnologice si̧ dialectologice, Bucarest, 1978.
Constantin C.Petolescu :
Les cultes orientaux dans la Dacie méridionale, E.J. Brill, Leiden, 1976.
La religion dans l’armée romaine de Dacie, Editions de l’Académie Roumaine, Bucarest, 2004.
Dionisie M.Pippidi :
Dicţionar de istorie veche a României : (paleolitic – sec. X) , Editura ştiinţifică şi enciclopedică, Bucharest, 1976.
Valeriu Șotropa :
Le droit Romain en Dacie, Amsterdam : J.C. Gieben, 1990.
Alexandre Simon Stefan :
Les guerres Daciques de Domitien et de Trajan : Architecture militaire, topographie, images et histoire, École Française de Rome,‎ 2005.
Karl Strobel :
Kaiser Trajan. Eine Epoche der Weltgeschichte, Verlag Friedrich Pustet, Regensburg, 2010.
Dimitrie Tudor et Virginia Barbu :
Nouvelles recherches archéologiques dans la citadelle byzantine de Sucidava en Dacie, Edizion Academiei republicii socialiste românia, Bucarest, 1975.
Peter Wilcox et Gerry Embleton Embleton :
Rome’s enemies : Germanics and Dacians Osprey, London, 1982 – 2004.

 

 
 
Pour voir correctement les traductions des noms en Grec ancien,
vous pouvez télécharger et installer la police de caractère jointe.
  Copyright © Antikforever.com